André Gorz allait-il aux putes ? | Le Club de Mediapart
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La prostitution crée de la valeur d’usage : « Le service rendu ne peut être obtenu par le client en aussi peu de temps, en qualité et quantité égales, de partenaires non rémunérés. » (p.234).
Là où le bât blesse pour la prostitution, c’est qu’elle s’exerce dans la sphère privée. Elle est un échange marchand « entre personnes privées se posant chacune dans sa singularité et se déroule dans la sphère privée ». (p.234) Le travail des prostituées est « destiné à des personnes particulières en vertu d’un lien personnel privé ».(p.224)
C’est une critique fondamentale chez Gorz (trop longue à détailler ici avec précision) car il considère tout travail comme un moyen de s’émanciper de l’enfermement dans la sphère privée, comme un moyen d’accession à la sphère publique, siège de « l’existence juridique de citoyens » (p.224), qui confère à l’individu « une réalité sociale publique » (p.225).
La prostitution n’entre donc pas dans la sphère économique à cause de son cantonnement à la sphère privée.
Avec les mêmes arguments, il est également très critique pour considérer les « travaux de serviteurs » (hommes et femmes de ménage, chauffeurs personnels, etc.) comme du « travail » (lire p.227).
Pas très classe, le vocabulaire familier pour parler des personnes qui se prostituent, mais ce point d’un travail dans la sphère publique est intéressant. Coïncidence, les inspecteurs du travail ne peuvent aussi intervenir que dans la sphère privée, ce qui les empêche d’intervenir dans le travail domestique et le travail du sexe. Les deux étant des services à la personne de classe dominante, et n’appartenant pas au registre de l’aide nécessaire (personnes âgées ou handicapées, enfants), on peut imaginer qu’une société digne est une société où les personnes qui le peuvent sont invitées à se branler et à nettoyer leurs chiottes toutes seules.
#prostitution #travail