Pour « sauver la planète », l’industrie tue les campagnes

/Pour-sauver-la-planete-l-industrie-tue-

  • Pour « sauver la planète », l’industrie tue les campagnes

    « Au nom de la transition énergétique, les campagnes
    s’industrialisent à grande vitesse. L’autrice de cette tribune raconte
    la métamorphose de la Haute-Marne, autrefois vivante et dorénavant
    colonisée par les éoliennes, les méthaniseurs, les plantations de
    biomasse…

    (…)

    À 200 m de la maison, deux fermes, « normales » il y a peu,
    incarcèrent désormais douze mois sur douze quelques centaines de
    vaches sous les tôles. Ventilateurs, tanks à lait, robots de traite,
    engins qui désilent, mélangent, transportent, paillent, distribuent,
    curent, et retransportent. Les bruits de moteur sont incessants.
    Vaches à méthane ou vaches à lait, toutes ont le même sort, les
    riverains aussi !

    Marie, une riveraine, est à bout, sur sa petite route de campagne.
    Sept jours sur sept, les tracteurs passent pour alimenter le
    méthaniseur voisin en fumier collecté dans un rayon de 60 km, les prés ont été retournés pour planter le maïs qui servira à nourrir le
    méthaniseur et les vaches prisonnières qui fournissent la manne. La
    paille aussi voyage. Sous la canicule, les vaches enfermées hurlent,
    tapent nuit et jour dans la ferraille qui les enferme, l’ensilage pue.

    Où aller ? Au fond des bois ? Quels bois ? Ceux qui n’ont pas encore
    été rasés sont dépouillés depuis qu’on ne parle plus de forêts, mais
    de biomasse. De mes fenêtres, je vois clair au travers des collines.
    Plus de sous-bois, des champs de troncs. Le long des chemins, les
    arbres trop jeunes, condamnés à ne pas devenir des chênes centenaires, s’alignent, en attendant d’être déchiquetés avec beaucoup d’énergie, recollés en pellets, voire transformés en carburant ! Il y a quelque temps, un bûcheron s’inquiétait : « Dans dix ans, il n’y aura plus rien ! » Sur les photos aériennes, une bande boisée au bord des routes, pour tromper le peuple, mais c’est une coquille vide. Dix ans, c’était optimiste. Qui ose encore signer les pétitions contre la déforestation de la forêt amazonienne ? Le poumon vert de la France, ça ne compte pas ? (…)

    https://reporterre.net/Pour-sauver-la-planete-l-industrie-tue-les-campagnes