L’odyssée chaotique d’Evo Morales pour s’exiler au Mexique, révélatrice des tensions latino-américaines

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  • L’odyssée chaotique d’Evo Morales pour s’exiler au Mexique, révélatrice des tensions latino-américaines
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    L’ancien président bolivien Evo Morales accueilli par le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard, le 12 novembre à Mexico.
    EDGARD GARRIDO / REUTERS

    La confusion ambiante explique sans doute pourquoi l’équipage mexicain apprend, en plein vol, que sa permission d’atterrissage en Bolivie lui est subitement retirée, l’obligeant à retourner à Lima. Le commandant des forces aériennes boliviennes finit par donner son autorisation. « Cela en dit long sur qui contrôle le pays », a commenté M. Ebrard [, chef de la diplomatie mexicaine].

    Monté à bord de l’appareil, M. Morales reste cloué au sol bolivien : les autorités péruviennes refusent d’autoriser l’avion à faire le plein à Lima. « Ce fut le moment le plus tendu, a confié M. Ebrard. Ses sympathisants étaient autour de l’aéroport et les forces armées de Bolivie à l’intérieur. Il a fallu trouver un plan B. »

    Le salut de l’ancien chef d’Etat, au pouvoir durant plus de treize ans, viendra du Paraguay voisin, où l’avion se ravitaille finalement en carburant. Mais sa volonté de traverser la Bolivie est vite remise en cause par la volte-face des autorités boliviennes, qui refusent le survol de leur territoire. M. Ebrard appelle alors au secours le gouvernement brésilien. Les diplomates d’Itamaraty, le ministère des affaires étrangères brésilien, acceptent que l’avion longe sa frontière avec la Bolivie. L’Equateur se décide ensuite à le laisser passer pour rejoindre les eaux internationales jusqu’à Mexico.

    « Un voyage à travers la politique latino-américaine », a résumé Marcelo Ebrard, qui s’est bien gardé de lister explicitement les gouvernements conservateurs, alignés sur la position américaine. Le président Donald Trump a en effet applaudi l’initiative de l’armée bolivienne d’exiger le départ de M. Morales, le considérant comme « un signal fort aux régimes illégitimes du Venezuela et du Nicaragua ». Ces derniers, alliés de M. Morales, ont dénoncé un « coup d’Etat ».

    L’expression est aussi employée par Mexico, qui a souligné le rôle clé joué par le président élu argentin, Alberto Fernandez, dont l’entrée en fonction est prévue le 10 décembre. C’est lui qui a persuadé le gouvernement paraguayen d’autoriser l’escale sur son sol, permettant que M. Morales s’envole pour Mexico. Une division régionale ressentie lors de la réunion de l’Organisation des Etats américains (OEA) qui s’est tenue, mardi, à Washington.

    Le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, a en effet soutenu qu’il y avait bien eu « un coup d’Etat en Bolivie », mais qu’il « s’est produit le 20 octobre, quand une fraude électorale a été commise avec pour conséquence la victoire de l’ex-président Evo Morales au premier tour ». « Nous nous demandons quelles sont vos priorités », lui a rétorqué l’ambassadrice du Mexique devant l’OEA, Luz Elena Bolaños.