• Immolation d’un étudiant : la stratégie du choc. Et les sinistres connards qui en sont responsables.
    https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/11/choc-universite-immolation.html
    https://seenthis.net/messages/810911#message810999

    Plus rien ne semble collectivement possible si nous sommes collectivement incapables d’autre chose que de temporaires indignations quand un étudiant s’immole par le feu pour dénoncer la précarité étudiante alors qu’un gouvernement d’immondes connards a baissé les APL, a accru la sélection et la misère étudiante, et ne semble capable que de s’indigner qu’un portail du Ministère ait été maltraité.

    C’est cela la stratégie du choc. Coup après coup. Fabriquer l’aliénation, le renoncement, la résignation. Mais cette bande d’immenses et d’immondes connards (et connasses) ont gagné. Il n’y aura rien après l’immolation par le feu d’un étudiant de 22 ans en France au 21ème siècle. Rien. Une vague mesurette. Un vague discours. De vagues promesses. Et peut-être même pas. Peut-être même rien de tout cela. Et tout continuera. La précarité étudiante continuera d’augmenter. Les universités continueront de se délabrer. On se pignolera entre dominés pour voir qui a la plus grosse capacité de concurrencer les autres. « C’est moi qui ai le plus gros Idex », « c’est moi qui suis une université d’excellence ». Et devant les grilles du CROUS, devant les grilles de l’université, devant nos amphis, devant nous, juste devant nous tous, un étudiant s’immolera par le feu. Et nous aurons perdu car nous aurons construit ce monde sur notre résignation commode, sur nos ambitions imbéciles et sur nos renoncements collectifs. Nous n’avons plus aucune excuse. Plus aucune. Même plus celle d’en permanence nous en chercher.

    • Clément Viktorovitch pointe l’indécence à refuser de voir la motivation politique de cette immolation.
      https://www.youtube.com/watch?v=d_h9Ya70W3Y

      article de France Info qui rappelle quelques chiffres et quelques réalités sur le précarité, la pauvreté et la détresse étudiante : https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/precarite-etudiante-de-quoi-parle-t-on_3699589.html

      1 étudiant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. En France. Au 21ème siècle. Dans « l’économie de la connaissance » et dans toutes nos universités « d’excellence ».
      1 étudiant sur 2 n’a pas assez d’argent pour couvrir ses besoins. En France. Au 21ème siècle. Dans « l’économie de la connaissance » et dans toutes nos universités « d’excellence ».
      1 étudiant sur 2 travaille et dans 13% des cas cette activité (mal) rémunérée est « concurrente des études ». En France. Au 21ème siècle. Dans « l’économie de la connaissance » et dans toutes nos universités « d’excellence ».
      Plus d’1 étudiant sur 10 renonce à voir un médecin pour des raisons financières. En France. Au 21ème siècle. Dans « l’économie de la connaissance » et dans toutes nos universités « d’excellence ».

  • Être jeune sous Macron donne envie de mourir - FRUSTRATION
    https://www.frustrationlarevue.fr/etre-jeune-sous-macron-donne-envie-de-mourir

    Il y a deux #jeunesses dans ce pays : la jeunesse dorée et « dynamique » que célèbrent les journalistes et les politiciens, cette jeunesse qui crée des start up avec l’argent de papa, qui « brise les codes » des milieux branchés, qui pousse dehors les cinquantenaires dans les grandes entreprises, qui parle le bullshit english à merveille et prend l’avion plusieurs fois par an pour New York, Berlin ou Bangkok, tout en partageant de grandes leçons d’écologie sur Twitter. Et il y a l’autre jeunesse : les enfants de la classe laborieuse, à qui l’on fait des leçons de « mérite » et « d’effort » depuis l’école primaire mais à qui l’on fermera les portes des prépas d’été privés qui font réussir les concours des grandes écoles publiques, et celle des écoles de commerce, pour un simple motif de fric. Cette jeunesse à qui l’on conseillera dès la seconde se « se professionnaliser » tout en fermant les lycées pro et les IUT. La jeunesse de la classe laborieuse ira donc se casser les dents sur les bancs de l’université, où des cours leur seront dispensés dans des amphis bondés par des chargés de cours blasés et précarisés, censés leur dire que plus tard ça ira mieux et que s’ils bossent bien, peut-être, eux aussi pourront briller dans le miroir que la société bourgeoise leur tend pour mieux les expulser.

    • Quand les étudiants de la jeunesse dorée sont parfois payés pour étudier, comme à l’Ecole Normale Supérieure ou Polytechnique, les étudiants de la jeunesse esseulée doivent travailler pour espérer un jour bosser. Le mépris de leurs enseignants n’a alors d’égal que celui des services débordés de l’université ou du CROUS, qui leur coupera les aides et les vivres à la moindre déclaration erronée. « Devenez étudiant-entrepreneur ! »

      Ce passage fait remonter un souvenir pas si ancien sur la promotion de la prostitution à Bruxelles :

      https://www.courrierinternational.com/article/belgique-sur-les-campus-une-campagne-publicitaire-invite-les-

      Ce qui me paraît le plus important à pointer, c’est que la prostitution étudiante s’appuie sur la précarisation grandissante des étudiants. Si l’on veut réellement endiguer cette prostitution, il ne suffit pas d’empêcher que la publicité arrive aux étudiants, il faut faire en sorte qu’elle ne soit pas pertinente et il faut lutter contre la précarité !” (Renaud Maes, sociologue)

      Autre développement ici même :
      https://plus.lesoir.be/116093/article/2017-09-25/comment-un-site-de-rencontre-fait-de-la-prostitution-estudiantine-son-cr

      Reste que ces entreprises sont difficilement attaquables, comme l’explique Renaud Maes, docteur en sociologie, l’unique chercheur à avoir mené une enquête sur la prostitution étudiante en Belgique. « Ces firmes ont généralement des avocats très calés. Elles trouveront toujours des canaux d’action. Elles sont par ailleurs très hypocrites : elles nient généralement qu’il s’agit de prostitution et interdisent par exemple des discussions liées à la tarification sur leur plateforme… Tout en sachant très bien que ces discussions se font hors ligne. Ils ont parfaitement conscience des types de jeunes qu’ils recrutent – à savoir des étudiant(e)s en difficulté financière ou en rupture avec leurs parents – et de l’impact que cela peut avoir. »

      Elle est pas belle la vie (en Néo-Libéralie) ?

    • Immolation d’un étudiant : la stratégie du choc. Et les sinistres connards qui en sont responsables.

      Dans un monde normal on aurait espéré que ce geste aboutisse au moins à une forme de trêve. Que nous cessions d’être collectivement d’immenses connards et connasses et que nous nous regroupions pour réfléchir. Pour prendre le temps. Pour laisser la douleur et la colère jaillir. Pour mettre des mots sur l’indicible. En France au 21ème siècle un étudiant de 22 ans s’est immolé par le feu parce qu’il était pauvre, précaire, et qu’il n’avait plus droit à aucune aide. Dans un monde normal on aurait espéré que ce geste aboutisse au moins à une forme de trêve. Comme à chaque basculement dans l’horreur. Comme à chaque effet de sidération qui saisit une société toute entière. Le mois de Novembre semble hélas propice à ce genre de sidération. Mais là, rien. Juste rien.

      La ministre Frédérique Vidal a fait une rapide visite au CROUS de Lyon, le vendredi du drame, pour « assurer la communauté universitaire de son soutien ». Ella a aussi exprimé son « soutien » à la famille de cet homme de 22 ans qui s’est immolé par le feu. Et elle s’est barrée. Au Groenland je crois. Ou en Antarctique, je ne sais plus. Pour un voyage bien sûr aussi légitime qu’important. Quand on est ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur on ne va pas non plus trop modifier son agenda sous prétexte qu’un étudiant de 22 ans s’est immolé par le feu pour dénoncer la précarité dont tous les étudiants sont aujourd’hui victimes. Vous êtes une sinistre et cynique connasse madame la ministre Vidal.

      Sur Twitter, la ministre Frédérique Vidal a, depuis le Groenland ou l’antarctique, dénoncé « avec la plus grande fermeté » les actes de dégradation commis par les manifestants réunis devant le CROUS de Lyon en hommage à leur camarade toujours actuellement entre la vie et la mort. Car l’important quand un étudiant s’immole par le feu en France au 21ème siècle c’est de bien rappeler à ses camarades étudiants que l’important c’est l’ordre public et qu’il ne faut pas dégrader des biens matériels. Foutez-vous le feu si vous voulez, immolez-vous, mais ayez l’amabilité de bien nettoyer après et pensez à être à l’heure en amphi. Il faut noter que le fil Twitter de la ministre Vidal est parfaitement exempt du moindre Tweet sur un étudiant qui s’est immolé par le feu en France au 21ème siècle. Vous êtes une sinistre et cynique connasse madame la ministre Vidal...

      https://www.affordance.info/mon_weblog/2019/11/choc-universite-immolation.html