Eliane Viennot : « La langue d’autrefois est bien moins sexiste qu’aujourd’hui » 1/2 | Entre les lignes entre les mots
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Récemment, j’ai vu que Montesquieu avait écrit dans les Lettres Persanes : « les femmes ont été motrices de cette lutte ». Alors, pourquoi dit-on que « la France est moteur de ceci ou cela » ? Non, « la France est motrice ». Si Montesquieu utilise ce mot, pourquoi ne l’utiliserions-nous pas ?
Par ailleurs, je travaille depuis 20 ans sur l’Histoire des relations de pouvoir entre les sexes, et je me suis rendue compte que l’Europe a connu une véritable guerre intellectuelle sur la place des femmes dans notre société… guerre dont la France a été l’initiatrice. Cette « querelle des femmes » a commencé à monter vers les XIII-XIVème siècles, après la création des universités (strictement masculines). Cela a engendré des débats sur la place des femmes dans l’éducation, la famille, la politique etc. Mais on ne se dispute pas sur la langue avant le début du XVIIème siècle. Et ensuite cette querelle s’envenime, parce que la masculinisation de la langue s’accentue. Je traite de cette question dans mes livres d’histoire, mais je n’avais pas du tout prévu d’écrire un ouvrage sur ce sujet, c’est une éditrice me l’a proposé. Comme le sujet a rencontré un fort écho parmi les féministes, j’ai approfondi le sujet et deux autres livres ont vu le jour. C’est un domaine sur lequel je travaille énormément aujourd’hui.