• Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 26 novembre 2014.
    http://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r2403.asp

    M. Patrick Mennucci. Grâce au travail de l’État, de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et d’associations, nous savons que, sur un panel de 120 familles dont les enfants sont partis faire le djihad avec le Daech, 70 % sont athées et 80 % n’ont aucun lien, récents ou lointains, avec l’immigration. Le plus souvent, les candidats au départ sont des enfants de professeurs, de fonctionnaires, d’avocats, parfois des jeunes issus de quartiers populaires ; en aucun cas, on ne peut dire que la majorité de ceux qui partent pour le djihad sont des binationaux. Sur les 650 appels qu’a reçus le numéro vert ces six derniers mois – autrement dit depuis sa création – 55 % émanent de familles de culture arabo-musulmanes, 45 % de familles d’autres cultures et d’autres religions.

    Les députés UMP se sont rendu compte qu’ils étaient allés un peu vite en besogne en découvrant que bon nombre de ces jeunes partis en Syrie ou ailleurs étaient de purs Français ; je crois pouvoir affirmer que, pour 99 % d’entre eux, sinon 100 %, ils ne sont pas concernés par votre proposition de loi. Votre création de crime d’indignité nationale punie de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende serait tout à fait inopérante, parce qu’inapplicable.

    Enfin, la réforme proposée ne cherche qu’à hystériser l’opinion publique : il n’est qu’à voir la réaction de l’extrême droite dans cette salle… Elle rappelle fortement un débat lancé par M. Jean-François Copé sur le voile intégral ou les questions de M. Nicolas Sarkozy sur la nationalité. Il s’agit de sujets qui ne concernent qu’une très petite minorité, mais qui ont une forte propension à polariser le débat public. Les enjeux sont présentés de façon simpliste et sous le seul angle répressif. Il n’y a aucune volonté d’apporter une réponse à ce phénomène de radicalisation qui pousse de jeunes Français à participer au djihad.