• Hydrogène renouvelable : la Bretagne veut doper sa filière
    https://www.latribune.fr/regions/bretagne/hydrogene-renouvelable-la-bretagne-veut-doper-sa-filiere-833687.html


    Le catamaran Energy Observer, propulsé aux énergies renouvelables, poursuivra sa route jusqu’en 2022.
    Crédits : Jérémy Bidon/Energy Observer Developments

    Cent quatre-vingt-dix acteurs engagés dans des projets de production et d’usage d’hydrogène vert ont été identifiés en Bretagne. Pour accompagner cette filière, la Région émettra une feuille de route courant 2020.

    En juillet dernier, Energy Observer, le premier navire à hydrogène décarboné (pas issu du pétrole ou du gaz naturel), mis au point à Saint-Malo, a lancé sa filiale, Energy Observer Developments. Objectif : déployer de l’hydrogène propre sur l’ensemble du territoire, en particulier maritime, et recruter à terme 200 techniciens et ingénieurs.

    Outre l’odyssée pour le futur que le navire accomplira jusqu’en 2022, ce projet positionne Energy Observer parmi les 190 acteurs recensés sur le territoire breton. Dévoilée en octobre par la Région Bretagne, son agence économique Bretagne Développement Innovation (BDI) ainsi que l’Ademe, une étude établit les potentiels bretons de production et d’usage de l’hydrogène « vert » à l’horizon 2050.

    Localement, des écosystèmes associant territoire, infrastructures et usages se mettent en place. Dans le cadre de sa Breizh COP, la Région souhaiterait donc structurer cette filière afin de développer l’hydrogène renouvelable pour sa transition énergétique. En matière de transports notamment. « En Europe, la Bretagne est l’une des rares régions en mesure de bâtir une véritable filière, analyse André Crocq,...

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    • Hydrogène. « Un potentiel énorme en Bretagne » - Hydrogène : le pétrole vert de la Bretagne - LeTelegramme.fr
      https://www.letelegramme.fr/dossiers/hydrogene-le-petrole-vert-de-la-bretagne/hydrogene-un-potentiel-enorme-en-bretagne-27-10-2019-12419190.php

      Christophe Le Visage, expert en énergies marines et membre d’ERH2 Bretagne, estime que la Bretagne possède un potentiel énorme de production d’hydrogène à partir d‘éolien flottant.

      Quelle est l’ampleur d’un tel potentiel ?
      Il faut d’abord préciser que les énergies marines sont une réponse potentielle à tous les besoins énergétiques de l’humanité. L’océan est, en effet, le plus gros capteur solaire du monde, ce qui génère des vagues, des courants, du vent et de la chaleur, soit une énergie faramineuse et inépuisable, représentant chaque jour plus de 2 000 fois nos besoins. De par sa surface maritime et sa situation à la pointe occidentale, la Bretagne recèle un potentiel supérieur à ses besoins, l’un des plus importants d’Europe, avec notamment de vastes zones ventées que l’on pourrait exploiter à 40-50 kilomètres au large des Côtes-d’Armor, du Finistère-sud ou du Morbihan.

      De quelle façon ?
      L’hydrolien est compliqué et son potentiel limité. On ne sait pas encore domestiquer la houle ni les vagues. La chaleur est sous les tropiques… À court terme, la valorisation des énergies marines passe donc essentiellement par la production électrique par l’éolien flottant. Transformée en hydrogène, qui présente l’énorme avantage de pouvoir être stocké, cette énergie pourrait même, dans le futur, alimenter directement des bateaux fonctionnant avec des piles à combustible à partir de plateformes de production en mer. En effet, le transport maritime vise à long terme le « zéro émission », et l’hydrogène est une option sérieuse. Dans les dix-vingt ans, la Bretagne pourrait ainsi devenir une grosse station-service en hydrogène pour les navires de passage.

      Quels sont ou pourraient être les freins ?
      Techniquement, on sait faire, qu’il s’agisse d’éolien ou d’hydrogène. Le partage de l’espace maritime, notamment avec les pêcheurs, n’est pas un problème insoluble. En revanche, le frein pourrait être politique. Il faudra, en effet, une stratégie ambitieuse si l’on veut développer les énergies renouvelables, et notamment une filière hydrogène. Car cela pourrait remettre en cause le système français actuel de production et de distribution centralisées d’électricité et de gaz. C’est une vraie révolution, un changement de paradigme qui impose un débat de fond sur la mobilité et les énergies au lieu de décisions prises sans vrai débat, comme c’est trop souvent le cas en la matière.

    • Hydrogène. Le « pétrole vert » de la Bretagne - Hydrogène : le pétrole vert de la Bretagne - LeTelegramme.fr
      https://www.letelegramme.fr/dossiers/hydrogene-le-petrole-vert-de-la-bretagne/hydrogene-le-petrole-vert-de-la-bretagne-27-10-2019-12419183.php


      Jo Brohan, président de Morbihan Énergies, est un partisans convaincu de l’hydrogène.L’auto à pile à combustible hydrogène du syndicat a parcouru 30 000 km en deux ans.
      Photo Hervé Queillé

      C’est parti. Américains, Japonais, Chinois et… Français, tous se lancent dans l’hydrogène « vert » puisqu’il faut de l’électricité pour le produire. Forte de son énorme potentiel en énergies marines renouvelables, la Bretagne pourrait devenir l’un des producteurs mondiaux d’hydrogène « écolo ». Pour Morbihan Énergies, c’est même déjà une réalité.
      « Je roule avec le soleil du Morbihan et je ne rejette que de l’eau ». Ce joyeux slogan, affiché sur une Hyundai à hydrogène, témoigne à la fois de l’engagement et de la méthode douce choisie par le syndicat départemental d’énergies du Morbihan pour promouvoir cette énergie écologique. Écologique, « à condition qu’on le fabrique à partir d’énergies renouvelables », souligne, avec conviction, Jo Brohan, président de Morbihan Énergies.

      Issu des énergies renouvelables
      Il y a six ans, le syndicat commence par financer l’installation de bornes de recharge électrique dans 200 communes. « Il fallait rassurer les gens, qu’ils aient l’assurance de ne pas tomber en panne sèche en pleine campagne », insiste Jo Brohan. La création de trois stations-service de gaz naturel (à Vannes, bientôt Pontivy puis Lorient) répond, elle, à la volonté de favoriser les livraisons en centre-ville en réduisant les émissions de particules. Quant à l’hydrogène, « on se demandait que faire du surplus d’électricité produit par la toiture de notre siège, explique le président de Morbihan Énergies. La solution était de la stocker en fabriquant de l’hydrogène ». Un électrolyseur est donc installé sur le site vannetais en 2017.

      L’hydrogène produit alimente ainsi la Hyundai acquise par le syndicat. L’auto a déjà parcouru 30 000 kilomètres pour sensibiliser entreprises, collectivités et particuliers. « On la prête dès qu’on peut ». L’essai est convaincant : l’auto est aussi silencieuse et performante qu’un véhicule électrique animé par des batteries mais offre les avantages d’être rechargeable en cinq minutes, d’avoir une autonomie moyenne de 500 kilomètres et de n’avoir qu’une seule batterie tampon. D’où un gain de poids et un impact écologique moindre.

      Une station-service à Vannes
      Mais cette auto n’est qu’une vitrine, un premier pas vers un usage généralisé de l’hydrogène « vert ». Morbihan Énergies va créer une station-service à Vannes, en partenariat avec Michelin, qui a une usine toute proche, et Engie. « Le manufacturier a besoin d’hydrogène dans son process de fabrication. Plutôt que d‘en faire venir par camions des raffineries, comme aujourd’hui, autant le produire sur place de façon verte et également d’en faire profiter les automobilistes ».

      Car les automobilistes pourront bénéficier d’aides à l’achat de véhicules grâce au label « Territoire d’hydrogène », octroyé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Ce qui permet aussi l’octroi de subventions pour la création d’unités de production. Le syndicat travaille, en effet, avec des industriels, des entreprises, des collectivités et des chercheurs sur de petites unités de fabrication d’hydrogène à partir de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes. Des ombrières sur les parkings pourraient ainsi alimenter en hydrogène la ligne ferroviaire Auray-Quiberon. À plus long terme, l’ambition est d’assurer les liaisons entre les îles du golfe du Morbihan avec des bateaux à hydrogène.

      Territoire d’innovation
      Mais, aussi prometteur que soit ce combustible, cette transition énergétique ne passera que par l’adhésion de la population, assure le président de Morbihan Énergies. « Par exemple, l’éolien a mauvaise presse. Mais si on démontre qu’on est autonome au bénéfice du territoire et que ce n’est pas pour faire du fric, ce sera différent. Tout est affaire de pédagogie ». Il en faudra aussi pour convaincre que l’hydrogène n’est pas dangereux. Pas plus, en tout cas, que les millions de véhicules qui roulent tous les jours avec une « bombe » à bord : le réservoir d’essence ou de gazole.

      Quoi qu’il en soit, le syndicat va bénéficier de moyens supplémentaires pour remplir sa mission de « passeur » d’hydrogène. Il vient d’être retenu par le gouvernement comme l’un des 24 territoires d’innovation, un programme de 150 millions d’euros de subventions et de 300 millions d’investissements.

      Un plan breton hydrogène 2030
      Plus spécifiquement, l’ex-ministre Nicolas Hulot a lancé un plan national hydrogène en juin 2018 (†) . Objectif : 10 % d’hydrogène français à partir d’énergies renouvelables pour 2023. La Région Bretagne, de son côté, vient de mettre à l’étude un plan hydrogène 2030. Des initiatives que salue Bruno Mansuy, président d’ERH2 Bretagne, cluster associant chercheurs et entreprises pour la promotion et le développement de l’hydrogène et des piles à combustibles. « Depuis dix ans, nous sensibilisons politiques et industriels bretons à l’hydrogène et cela semble porter ses fruits. Nous espérons que de nombreux projets voient le jour d’ici peu ».
      En tout cas, dès la fin 2020, à Vannes, on pourra remplir son réservoir d’hydrogène breton vert. Le début d’une révolution énergétique qui dépasse le domaine des mobilités : « L’intérêt principal, à terme, est que l’Europe s’affranchisse des produits pétroliers et gaziers importés en produisant de l’hydrogène à partir d’énergies renouvelables sur son territoire », souligne Bruno Mansuy.

      (†) Des programmes européens existent depuis 2002.