La liberté très « surveillée » de la presse d’Afrique francophone, par Frédéric Mantelin (Les blogs du Diplo, 12 décembre 2019)

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  • La liberté très « surveillée » de la presse d’Afrique francophone, par Frédéric Mantelin (Les blogs du Diplo, 12 décembre 2019)
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    En avril 2019, dans une note consacrée à la « liberté de la presse en Afrique subsaharienne publiée en marge de son classement annuel pour l’année 2018, RSF dressait un constat volontairement alarmiste : « l’Afrique subsaharienne n’échappe pas à la nouvelle dégradation mondiale de la liberté de la presse. La haine des journalistes, les attaques contre les reporters d’investigation, la censure, notamment sur Internet et les réseaux sociaux, les pressions économiques et judiciaires contribuent à affaiblir la production d’une information libre, indépendante et de qualité ». Résultat, 22 pays sur 48 au sud du Sahara étaient alors classés en rouge (situation difficile) ou en noir (situation très grave) sur les 180 pays scrutés par l’organisation. Parmi la trentaine d’États que compte l’Afrique francophone, « la situation est très hétérogène entre des pays comme le Sénégal (49e) et le Burkina Faso (36e) où la liberté d’informer s’est solidement installée ces dernières années, des pays comme la Côte d’Ivoire (71e) ou le Togo (76e) où elle est fortement dépendante du climat sociopolitique, et des pays où elle est très régulièrement malmenée », souligne Arnaud Froger, responsable Afrique à RSF.

    De nombreux États d’Afrique francophone font ainsi figure de lanternes rouges du classement : Djibouti (classé 173e dans le monde après l’Arabie Saoudite et avant la Syrie), la Guinée Équatoriale (165e), le Burundi (159e), la RDC (154e, après la Biélorussie et avant le Rwanda), la République centrafricaine (145e), l’Algérie (141e, entre l’Inde et le Pakistan), le Maroc (135e) ou encore le Cameroun (131e, entre la Jordanie et Oman). Dans tous ces pays, derrière des vitrines d’États de droit (procédures et institutions de justice, signature de conventions internationales, lois sur la liberté d’expression, etc.) se cachent des pratiques d’arrestations arbitraires, de gardes à vue et de détentions prolongées qui constituent, ici comme ailleurs sur le continent, les atteintes les plus saillantes à la liberté de la presse. Mais certains pouvoirs usent d’autres armes pour cadenasser et « surveiller » l’information au sens large : menaces, violences et intimidations de journalistes et de blogueurs, réseaux sociaux perturbés, Internet coupé, suspensions de médias, pressions économiques…

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