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  • Les tensions entre la #Suisse et le #Sri_Lanka atteignent leur paroxysme

    Un profond désaccord provoque une crise entre la Suisse et le Sri Lanka. Une employée de l’ambassade helvétique de Colombo, traumatisée après un enlèvement, a été interrogée pendant plus de 20 heures par la justice locale et se trouve toujours en détention.

    Un drame s’est joué le 25 novembre à l’ambassade de Suisse à Colombo. Mais les autorités sri lankaises et helvétiques ne sont pas d’accord sur la façon dont il s’est déroulé.

    D’après le département suisse des Affaires étrangères (https://www.eda.admin.ch/eda/fr/dfae/dfae/aktuell/news.html/content/eda/fr/meta/news/2019/12/2/77350), une employée de l’ambassade a été enlevée et menacée par des inconnus durant deux heures, afin qu’elle dévoile des informations diplomatiques sensibles. Le DFAE considère l’incident comme « très grave et constituant une attaque inacceptable contre l’une de ses missions diplomatiques et ses employés ». Berne a convoqué l’ambassadeur du Sri Lanka en Suisse.

    Pourquoi une telle attaque ?
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    Des médias suisses et sri lankais ont lié cette affaire à la fuite d’un fonctionnaire de haut-rang.

    D’après le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung, l’officier de police Nishantha Silva aurait quitté le Sri Lanka le 24 novembre. Il avait auparavant mené des investigations sur le président Gotabaya Rajapaksa, élu huit jours plus tôt. Par crainte de représailles, l’officier aurait fui à Genève où il aurait demandé l’asile.

    Que s’est-il vraiment passé ?
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    Les événements restent peu clairs. L’employée aurait été arrêtée dans la rue contre sa volonté et contrainte de monter dans un véhicule où elle aurait été menacée par des inconnus pour révéler des informations, a déclaré l’ambassade de Colombo. Des médias affirment que les agresseurs voulaient en savoir plus sur les Sri Lankais ayant déposé une demande d’asile en Suisse. Traumatisée, l’employée n’aurait pas été en mesure de signaler l’incident. Le DFAE a indiqué qu’elle ne pouvait pour l’instant pas être entendue par la police pour des raisons médicales.

    Pourquoi la situation s’est-elle envenimée ?
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    Le Sri Lanka a mis la pression sur la Suisse :

    Le 1er décembre, le ministère sri lankais des Affaires étrangères affirme qu’il doute de la version des faits donnée par l’employée.
    Le 3 décembre, il interdit à l’employée de quitter le pays et l’appelle à faire une déclaration sur son enlèvement auprès de la police.
    L’ambassade suisse présente un certificat médical.
    Le 8 décembre, un premier entretien se déroule malgré tout. Il durera 8 heures.
    Le 9 décembre, a lieu un deuxième entretien durant 6 heures. Un examen médical est effectué pour déterminer si l’employée a subi des violences physiques lors de son enlèvement. L’interdiction de quitter le pays est prolongée jusqu’au 12 décembre.
    Le 10 décembre se tient un nouvel entretien. Les médias locaux rapportent que les questions intensives des autorités ont conduit l’employée à contredire certaines de ses déclarations précédentes.
    L’employée a été convoquée à nouveau ce 12 décembre pour un entretien et son interdiction de quitter le pays a été prolongée au 17 décembre.

    Que se cache-t-il derrière cette affaire ?
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    Il faut préciser que l’enquête sur l’attaque de l’employée a été confiée au Département sri lankais des investigations criminelles, qui est aussi responsable de l’enquête sur la fuite de l’officier de police.

    L’affaire fait sensation au Sri Lanka et est utilisée à des fins politiques : des proches du président affirment que l’enlèvement a été mis en scène pour détourner l’attention de l’évasion de l’officier de police. Mais surtout pour discréditer le nouveau gouvernement au niveau international. En fait, ces politiciens accusent la Suisse et en particulier l’ambassadeur à Colombo de mener une campagne contre le nouveau gouvernement sri lankais.
    Gotabaya Rajapaksa est le frère de l’ancien président Mahinda Rajapaksa. Selon Thomas Guterson, correspondant de la radio-télévision suisse alémanique SRF en Asie du Sud-Est, « Mahinda a dirigé le pays comme une entreprise familiale entre 2005 et 2015, tous les postes importants étaient occupés par ses frères. Aujourd’hui, il est de retour en tant que frère du nouveau président élu. Des souvenirs se réveillent chez les minorités : les Rajapaksa ont mis fin de façon sanglante à la guerre civile avec les Tigres tamouls en 2009 — des milliers de civils tamouls ont perdu la vie. Gotabaya était à ce moment-là chef militaire. »

    Pourquoi la Suisse est-elle dans le viseur du nouveau gouvernement ?
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    Lors de ses sessions à Genève, le Conseil des droits de l’homme revient régulièrement sur la situation au Sri Lanka, notamment pour tenter de faire la lumière sur les crimes commis par les frères Rajapaksa contre la communauté tamoule. Le gouvernement sri lankais considère ce procédé comme une campagne de l’Occident contre son pays.

    Pendant des décennies, la Suisse a été un pays d’accueil privilégié pour les réfugiés tamouls, dont la communauté s’élève aujourd’hui à environ 50’000 personnes. Le Secrétariat d’État aux migrations a repris les renvois vers le Sri Lanka et a expulsé de force une trentaine de personnes depuis le début de l’année, d’après les chiffres de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés. L’OSAR appelle d’ailleurs le gouvernement suisse à stopper immédiatement les renvois, car la situation des personnes critiques envers le gouvernement sri lankais s’est fortement dégradée depuis l’élection du nouveau président.

    https://www.swissinfo.ch/fre/politique/diplomatie_les-tensions-entre-la-suisse-et-le-sri-lanka-atteignent-leur-paroxysme/45431146
    #renvois #expulsions #asile #migrations #réfugiés #enlèvement #ambassade

    • Stop aux renvois vers le Sri Lanka

      Depuis que #Gotabaya_Rajapaksa a remporté mi-novembre l’élection présidentielle au Sri Lanka, la situation pour les personnes critiques à l’égard du gouvernement s’est considérablement dégradée.

      L’inspecteur de police sri-lankais de haut rang Nishanta Silva, qui dirigeait les enquêtes contre la famille Rajapaksa concernant des accusations de corruption et des violations des droits humains, a fui le pays après avoir reçu des menaces de mort. Il a dû déposé entre-temps une demande d’asile en Suisse. Après sa fuite, la télévision nationale a diffusé des photographies d’autres fonctionnaires de police chargés de l’enquête, les qualifiant de « corrompus » et de « traîtres ».

      Moins de dix jours après l’élection de Rajapaksa, une employée de l’ambassade de Suisse à Colombo a été enlevée par des inconnus et apparemment contrainte à divulguer des informations sur le départ de Silva et d’autres personnes requérantes d’asile se trouvant en Suisse.

      Depuis l’entrée en fonction de Rajapaksa, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a reçu de nombreuses informations faisant état de menaces à l’encontre d’activistes critiques et de journalistes.

      L’OSAR se dit très préoccupée par cette évolution. Elle estime qu’il faut partir du principe que les personnes qui se sont montrées critiques envers la famille Rajapaksa sont actuellement en danger au Sri Lanka. On peut également s’attendre à ce que les autorités renforcent à nouveau leur offensive contre les anciens Tigres tamouls présumés.

      Depuis le début de l’année 2019 et jusqu’à fin octobre, les autorités suisses ont renvoyé de force 27 personnes vers le Sri Lanka. Vu la situation actuelle, l’OSAR estime qu’aucun renvoi vers le Sri Lanka ne doit être effectué. Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) doit procéder à une analyse précise de la situation actuelle et adapter en conséquence sa pratique en matière d’asile. La Suisse a également signé avec le Sri Lanka en 2018 une déclaration d’intention relative à un partenariat migratoire. Selon un rapport du Conseil fédéral, un partenariat migratoire implique une bonne gouvernance. Or, dans la situation actuelle, celle-ci est plus que jamais remise en question.

      En raison de cette évolution, l’OSAR demande :

      Une nouvelle analyse de la situation par le SEM ainsi qu’une adaptation de la pratique en matière d’asile qui tienne entièrement compte de la nouvelle situation.
      Un arrêt immédiat des renvois vers le Sri Lanka jusqu’à nouvel ordre.
      De suspendre le partenariat migratoire et de vérifier si les conditions sont toujours réunies.

      https://www.osar.ch/news/archives/2019/new-page-1.html