« BientĂŽt 1an que je ne cesse de parler de mon pote Juan-Paolo Delevoye 😂 Comment vous dire quand je vois que toute la presse decide enfin de se pencher sur son cas et que le #DelevoyeGate est en TT La tĂ©nacitĂ© ça paye ! DĂ©gageons les avec leur rĂ©forme des retraites đŸ”„đŸ”„â€Š https://t.co/DOFV8vZJXi »

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  • Transparence : Jean-Paul Delevoye dĂ©clare finalement treize mandats et regrette « une erreur », Samuel Laurent et Anne Michel
    ▻https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/12/14/transparence-jean-paul-delevoye-declare-finalement-treize-mandats-et-regrett

    « Le Monde » a pu consulter la nouvelle dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts rĂ©digĂ©e par le haut-commissaire aux retraites, qui revoit Ă  la hausse les salaires reçus.

    Treize mandats au total, dont onze toujours actifs, contre seulement trois initialement dĂ©clarĂ©s, et des salaires rĂ©visĂ©s Ă  la hausse
. Le Monde a pu consulter la nouvelle version de la dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts envoyĂ©e dans la soirĂ©e du vendredi 13 dĂ©cembre par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire aux retraites, Ă  la Haute autoritĂ© pour la transparence de la vie publique (HATVP).

    M. Delevoye, « ministre des retraites » du gouvernement d’Edouard Philippe depuis septembre, est dans la tourmente depuis qu’une premiĂšre version de sa dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts, mise en ligne samedi 7 dĂ©cembre par la HATVP, a fait apparaĂźtre une sĂ©rie d’omissions et de points problĂ©matiques.

    Depuis 2013, la loi oblige tout ministre Ă  indiquer Ă  l’autoritĂ© garante de la probitĂ© des responsables publics, d’une part, sa situation patrimoniale, et d’autre part, ses responsabilitĂ©s prĂ©sentes et passĂ©es, si celles-ci sont susceptibles de prĂ©senter un risque de conflits d’intĂ©rĂȘts et d’influencer sa prise de dĂ©cisions futures.

    « Quand je suis devenu Haut commissaire au gouvernement, j’ai Ă©tĂ© extrĂȘmement attentif Ă  ma dĂ©claration de patrimoine et ayant toujours considĂ©rĂ© que le dĂ©claratif devait ĂȘtre contrĂŽlĂ© par des personnes assermentĂ©es, j’ai fait appel Ă  un expert-comptable , explique Jean-Paul Delevoye dans un entretien accordĂ© au Monde, samedi 14 dĂ©cembre. J’avoue ne pas avoir portĂ© la mĂȘme attention Ă  ma dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts, sans doute parce que j’avais le sentiment de pas avoir de conflits d’intĂ©rĂȘts et parce que j’étais obnubilĂ© par ma dĂ©claration de patrimoine. »

    Dans sa dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts rectifiĂ©e tout juste transmise Ă  la HATVP, l’artisan du projet de rĂ©forme des retraites voulu par le gouvernement s’emploie Ă  corriger les manquements et problĂšmes rĂ©vĂ©lĂ©s depuis lundi 9 dĂ©cembre dans sa dĂ©claration initiale : en rĂ©sumĂ©, plusieurs mandats bĂ©nĂ©voles susceptibles de gĂ©nĂ©rer des conflits d’intĂ©rĂȘts avaient Ă©tĂ© omis, comme l’avaient rĂ©vĂ©lĂ© tour Ă  tour Le Parisien, Capital et Le Monde ; la case « activitĂ©s professionnelles rĂ©munĂ©rĂ©es » actuelles ou exercĂ©es au cours des cinq annĂ©es prĂ©cĂ©dentes comportait aussi des omissions.

    Surtout, la mention d’une fonction de prĂ©sident d’honneur d’un think tank (Parallaxe) adossĂ© Ă  un groupe d’enseignement supĂ©rieur et de formation (IGS), maintenue aprĂšs son entrĂ©e au gouvernement en septembre, rĂ©vĂ©lait un problĂšme : le ministre avait Ă©tĂ© payĂ© pendant environ trois mois pour une fonction annexe, un fait interdit par la Constitution. L’article 23 proscrit en effet « tout emploi public ou toute activitĂ© professionnelle » aux membres du gouvernement durant leur mandat.

    Onze mandats bénévoles
    Que nous apprend cette dĂ©claration rectifiĂ©e ? D’abord que l’ancien ministre de la fonction publique sous le gouvernement Raffarin, chiraquien historique, a multipliĂ© les fonctions bĂ©nĂ©voles depuis 2015. « J’avais mis un terme Ă  toutes mes activitĂ©s publiques aprĂšs mon dĂ©part du Conseil Ă©conomique social et environnemental en 2015 et j’ai donc acceptĂ© un certain nombre de missions conformes Ă  mes convictions et mes engagements, notamment dans le domaine social pour la formation des jeunes, l’insertion sociale et la lutte contre la prĂ©caritĂ© » , explique M. Delevoye.

    Sur le total de treize mandats dĂ©clarĂ©s, onze sont bĂ©nĂ©voles et n’avaient pour la plupart pas Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©es jusqu’ici. Parmi ceux-ci, son poste de prĂ©sident de l’Observatoire rĂ©gional de la commande publique des Hauts-de-France, rĂ©vĂ©lĂ© samedi matin dans nos colonnes. Jean-Paul Delevoye figure aussi au conseil d’administration de deux associations de « Civic tech », un mouvement qui veut utiliser la technologie pour amĂ©liorer la dĂ©mocratie : « DĂ©mocratie ouverte », une association qui cherche « Ă  rendre notre dĂ©mocratie plus transparente, participative et collaborative ». Il siĂšge aussi au conseil d’administration d’une structure similaire, Parlements & Citoyens, en tant que « personnalitĂ© qualifiĂ© ».

    Son entourage prĂ©cise que ce sont deux structures qu’il a connues et accompagnĂ©es lorsqu’il prĂ©sidait le Conseil Ă©conomique, social et environnemental (Cese). Les deux associations ont pour point commun d’avoir comme cofondateur Cyril Lage, l’un des artisans de la plateforme du Grand DĂ©bat lancĂ© par Emmanuel Macron au travers de sa start-up, « Cap Collectif », qui a conçu et gĂ©rĂ© la plateforme Ă©lectronique du Grand DĂ©bat.

    Le haut-Commissaire aux retraites est aussi administrateur et membre du comitĂ© exĂ©cutif de la Fondation La Source, crĂ©Ă©e par le peintre et sculpteur GĂ©rard Garouste et qui dispense des ateliers d’éveil artistique Ă  destination d’un jeune public. M. Delevoye figure Ă©galement au comitĂ© stratĂ©gique de la FĂ©dĂ©ration française des diabĂ©tiques, dont il est « ambassadeur » depuis des annĂ©es. Le haut-commissaire aux retraites mentionne par ailleurs un ancien mandat, clos depuis octobre 2017, au conseil d’administration de la fondation du crĂ©dit agricole Nord de France, qui finance des actions caritatives et sociales. Enfin cet amateur de musique classique prĂ©side deux associations : l’Association des orchestres nationaux de France et Chartreuse de Neuville (mentionnĂ©e dans sa premiĂšre dĂ©claration), elle aussi active en matiĂšre de formation et d’insertion sociale.

    « J’ai fait ces omissions car pour moi, c’était de l’ordre de l’engagement social » , se justifie Jean-Paul Delevoye. InterrogĂ© sur d’éventuelles prestations payĂ©es dans ce cadre bĂ©nĂ©vole, il affirme n’avoir « jamais donnĂ© de confĂ©rences rĂ©munĂ©rĂ©es dans le cadre de ces fonctions ». « Je m’y suis toujours refusĂ©, ajoute-t-il, j’ai eu de rĂ©centes propositions que j’ai refusĂ© car justement j’étais payĂ© par l’Etat. »

    Rémunérations en hausse
    Au chapitre de ses activitĂ©s rĂ©munĂ©rĂ©es actuelles ou exercĂ©es dans les cinq ans avant la dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts, que la loi oblige Ă©galement Ă  dĂ©clarer, le ministre des retraites donne des prĂ©cisions sur les sommes perçues au titre des deux mandats dĂ©jĂ  citĂ©s dans sa premiĂšre dĂ©claration : un ancien poste de « conseiller du dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral » du groupe d’enseignement supĂ©rieur privĂ© IGS, et le fameux mandat de prĂ©sident du think tank Parallaxe, Ă©galement rattachĂ© au groupe IGS. C’est cette fonction, commencĂ©e en janvier 2018 et maintenue malgrĂ© sa nomination au gouvernement, qui est au cƓur de l’affaire actuelle, parce qu’interdite par la Constitution.

    Cette nouvelle dĂ©claration revoit Ă  la hausse les sommes perçues : M. Delevoye dĂ©clare 78 408 euros net au titre de son contrat de conseiller pour IGS en 2017, contre 40 000 euros net dans sa premiĂšre version. Ce total de 78 408 euros net reprĂ©sente une rĂ©munĂ©ration mensuelle de la part d’IGS de 6 500 euros net cette annĂ©e-lĂ . De mĂȘme, le salaire de son poste de prĂ©sident d’honneur du think tank Parallaxe, qu’il a cumulĂ© durant trois mois avec son portefeuille de ministre, est revu Ă  la hausse. Selon la nouvelle dĂ©claration, le mandat Ă©tait rĂ©munĂ©rĂ© 73 338 euros net en 2018 et 62 216 en 2019. Des sommes lĂ  encore en hausse par rapport Ă  la premiĂšre dĂ©claration, qui Ă©voquait 64 420 euros en 2018 et autant en 2019.

    Au passage, cette dĂ©claration rectifiĂ©e dĂ©voile une information restĂ©e confidentielle jusqu’ici : M. Delevoye Ă©tait rĂ©munĂ©rĂ© 74 526 euros net en 2018 comme Haut commissaire Ă  la rĂ©forme des retraites, le poste qu’il occupait avant son entrĂ©e au gouvernement comme Haut commissaire aux retraites. Si on ajoute cette somme Ă  son salaire de prĂ©sident de think tank, l’ensemble des rĂ©munĂ©rations perçues par M. Delevoye en 2018 excĂšde les 12 000 euros de revenus mensuels cumulĂ©s.

    « Je m’étais refusĂ© Ă  crĂ©er ma sociĂ©tĂ© de conseil, je n’aimais pas cela, je prĂ©fĂ©rais m’engager aux cĂŽtĂ©s d’associations dotĂ©es d’une solide colonne vertĂ©brale », explique au Monde M. Delevoye. « La preuve de ma bonne foi est que j’avais mis dans ma dĂ©claration d’intĂ©rĂȘts initiale, en toute transparence, cette fonction de prĂ©sident d’honneur de Parallaxe et la rĂ©munĂ©ration associĂ©e. Je n’avais rien Ă  cacher et on ne m’avait prĂ©venu que cela posait problĂšme. ».

    Dans l’entretien qu’il a accordĂ© au Monde, M. Delevoye assure avoir appris par la presse qu’il n’avait pas le droit de cumuler son portefeuille et la prĂ©sidence rĂ©munĂ©rĂ©e d’un think tank. Cette incompatibilitĂ© constitutionnelle ne lui avait, affirme-t-il, jamais Ă©tĂ© signifiĂ©e, ni par le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du gouvernement (SGG), ni par la HATVP. C’est en effet mardi 10 dĂ©cembre seulement, au lendemain des rĂ©vĂ©lations de la presse, que la lettre portant les demandes de prĂ©cisions de la HATVP lui est parvenue. Une chronologie qui a de quoi interroger. L’usage veut en effet que les dĂ©clarations d’intĂ©rĂȘt ou de patrimoine ne soient publiĂ©es qu’aprĂšs un dialogue a Ă©tĂ© engagĂ© entre le dĂ©clarant et l’autoritĂ© administrative de contrĂŽle. Pour sa part, le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du gouvernement est censĂ© disposer d’une copie de la dĂ©claration d’intĂ©rĂȘt une fois transmise Ă  la Haute autoritĂ©, et est donc susceptible de repĂ©rer d’éventuelles anomalies.

    M. Delevoye ne s’en prend toutefois qu’à lui-mĂȘme. « Je n’en veux Ă  personne sauf Ă  moi. Quand je fais une erreur, je l’assume. J’ai suffisamment dit que personne n’était au-dessus des lois pour ne m’appliquer ce principe Ă  moi-mĂȘme. Cela dit, j’étais de bonne foi et me dis que cet Ă©pisode aurait peut-ĂȘtre pu ĂȘtre Ă©vitĂ© si quelqu’un m’avait mis en garde. J’aurais immĂ©diatement rectifiĂ© ma situation. Les choses auraient Ă©tĂ© diffĂ©rentes si j’avais Ă©tĂ© alertĂ©. C’est ce que je me dis quand je regarde le prix que je paye sur le plan personnel et politique aussi. »

    Samedi, le haut-commissaire a reçu le soutien du premier ministre : « Je pense que la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale » , a assurĂ© au Parisien Edouard Philippe. Au Monde, M. Delevoye assure vouloir poursuivre sa mission : « Je ne m’accroche pas Ă  mon poste mais j’ai rĂ©parĂ© mon erreur et j’aimerais continuer Ă  dĂ©fendre et soutenir ce projet dans le souci du dialogue social et dans une dĂ©marche d’apaisement de notre sociĂ©tĂ©. » Toutefois il concĂšde : « J’ai fait passer des messages et si mon erreur devait desservir la cause pour laquelle je me bats, ce projet de rĂ©forme des retraites auquel je crois et auquel je tiens, alors j’en tirerais les consĂ©quences ».