Le mythe des « 42 régimes spéciaux »

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    D’abord, parce qu’il n’existe pas autant de régimes spéciaux. Relayer ce nombre farfelu n’aide pas à riposter aux arguments du pouvoir sur la nécessaire « simplification » de notre système de retraite. Ensuite, et surtout, cette posture défensive nous fait manquer l’objectif central de la réforme. C’est qu’il ne s’agit pas tant d’unifier le système de retraite que d’attaquer ce que les régimes spéciaux et le régime général (lequel concerne l’ensemble des salarié·e·s du privé) ont en commun : la retraite construite comme une continuation du salaire. Ceci pour la remplacer par une retraite conçue comme revenu différé, dont on fait croire qu’elle serait le fruit des cotisations passées des retraité·e·s.

    Soyons clairs : notre pro­pos n’est pas de plai­der pour l’abandon de la défense des régimes spé­ciaux (déjà bien dimi­nués par les réformes pré­cé­dentes), mais plu­tôt de renouer avec une ambi­tion cen­te­naire de la CGT : uni­fier la Sécurité sociale. Donc la classe des tra­vailleurs et des tra­vailleuses. Donc, ce fai­sant, faire bloc face au patro­nat — qui ne cherche qu’à remettre la main sur ces institutions13. Cette uni­fi­ca­tion a échoué en 1946, lors de la créa­tion du régime géné­ral (les régimes spé­ciaux ne devaient conti­nuer à exis­ter que pro­vi­soi­re­ment pour ensuite rejoindre ce régime unique, mais en conser­vant leurs acquis14), mais il est plus que temps de la remettre à l’ordre du jour. Il n’est, de nos jours, plus aucun sens à batailler pour le sta­tu quo. L’intégration de la tota­li­té des régimes exis­tants dans le régime géné­ral peut deve­nir une pers­pec­tive mobi­li­sa­trice pour un mou­ve­ment social qui se contente de se battre contre, réforme après réforme.

    (Ewelina Karpowiak)

    Cette uni­fi­ca­tion par le haut cou­pe­rait l’herbe sous le pied à ceux qui dépeignent la mobi­li­sa­tion comme une défense de privilégié·e·s immo­bi­listes qui ne tiennent qu’à leurs avan­tages cor­po­ra­tistes. La lutte des salarié·e·s rat­ta­chés à un régime spé­cial n’en trou­ve­rait que plus de légi­ti­mi­té par­mi le reste de la popu­la­tion : il s’agirait enfin de se battre ensemble pour l’extension à toutes et tous des avan­cées res­tantes dans les régimes « spé­ciaux ».

    #retraites