[EDITO] Notre Dame des Landes : l’inacceptable interdiction de la presse

/notre-dame-des-landes-l-inaceptable-int

  • Notre Dame des Landes : l’inacceptable interdiction de la presse
    http://www.rennestv.fr/catalogue/info-1/notre-dame-des-landes-l-inaceptable-interdiction-de-la-presse.html
    L’"édito" d’un micro site de presse, RennesTV.fr fait état de tensions entre militant-e-s à NDDL et journalistes. Il est intéressant parce qu’il reprend un certain nombre des paradoxes de ces relations : à la fois le besoin de « couverture » médiatique pour un mouvement social, la difficulté à cadrer les journalistes (ce qu’ils peuvent faire ou voir sur un lieu militant), la capacité très rapide de cette profession à s’indigner et à faire corps, etc. (dans le même temps, aucun édito indigné n’a été publié face à l’interdiction faite à la presse hier de se rendre sur les lieux d’affrontements).

    Stratégiquement, c’est une erreur fondamentale parce que les médias répandent bien mieux la parole et les actions des militants que les auto-médias, car ils s’ouvrent à une audience plus importante et diversifiée que ne le font les structures spécialisées comme indymedia, le juralibertaire ou bellaciao. Sur le plan humain, c’est dégueulasse. Il y a parmi ces journalistes des gens qui s’intéressent vraiment à ce qu’il se passe à NDDL, et répondre à leur intérêt par un bracelet jaune, c’est dégradant et humiliant. Historiquement c’est une honte, parce que le marquage jaune, les insultes et les crachats, c’est une méthode de fascistes qui a justement été combattue par les résistants et les partisans dont voudraient s’inspirer les maquisards du bocage, aujourd’hui.

    #journalisme #presse #medias_alternatifs

    • Le plus intéressant dans l’article se trouve pour une fois dans la trentaine de commentaires (impossibles à afficher chez moi sans mettre le « style de la page » sur « Aucun »).

      Deux points rapides parmi d’autres qui mériteraient plus de discussions :
      – Faire un point Godwin direct en évoquant un bracelet jaune, c’est très limite :

      le marquage jaune (…) c’est une méthode de fascistes qui a justement été combattue par les résistants et les partisans

      Le journaliste de RennesTV s’est retrouvé face à un problème récurrent dans tous les mouvements sociaux : la tentative de répondre collectivement à la question de la médiatisation d’un mouvement et d’arriver à contrôler un minimum l’image qui en est donnée. Les règles ou interdictions sont, de toute façon, toujours très mal vécues par les reporters, même quand ils sont « sympathisants ». Cette tension ne peut pas se résoudre : la volonté de savoir d’un côté comme le besoin de contrôler son image de l’autre seront toujours là ; mais on peut espérer de la part des journalistes sympathisants (comme se présente l’auteur de cet article) qu’ils la comprennent et acceptent les limites posées par les gens sur lesquels ils viennent faire un reportage.

      – Il est difficile dans le contexte actuel de la presse de demander aux gens de ne pas généraliser :

      tous les journalistes ne font pas le même métier, et tous les médias ne sont pas à mettre dans le même panier

      alors qu’il n’existe pas – ou très peu – de dénonciation par des journalistes des pratiques des autres médias ou de leurs confrères, que les critiques sont maintenues hors champ, et que la solidarité de la corporation est l’une des choses les mieux partagées par les journalistes. Où sont les articles dénonçant la fabrication d’une grosse intox (qui rappelait la série télé « Engrenages » d’ailleurs) de prétendus barbares qui auraient hésité à cramer un vigile dans sa voiture ?

      On peut demander aux militants de se questionner sur leurs pratiques, ou même sur leur stratégie sur le front de l’information, le boulot ne manque pas.

      Mais il serait temps que les journalistes fassent aussi le ménage dans une corporation dont ils ne cessent de se réclamer, ou imaginent un moyen clair de se distinguer de pratiques intolérables. Il faudra sinon qu’ils acceptent de continuer à payer les pots cassés d’un système de production de l’information dont ils vivent (et leur faisant bénéficier de nombreux avantages symboliques), qui est loin de produire l’information dont nous avons besoin collectivement.

      Bienveillance et compréhension intime des mouvements sociaux, réflexion sur l’information dont nous avons besoin pour changer le monde : deux axes qui permettraient d’engager un dialogue entre celles et ceux qui – journalistes ou pas – sont critiques du monde tel qu’il est et du système médiatique qui le soutient. Un travail à mener parallèlement à la conquête d’une véritable autonomie des acteurs des mouvements sociaux dans l’expression large et massive de leurs paroles et de leurs informations.

    • Sur cette question de l’hostilité : « Brouillard lacrymogène en forêt profonde » par un photographe de l’AFP.
      http://blogs.afp.com/makingof/?post/2012/11/25/Brouillard-lacrymogène-en-forêt-profonde

      les gendarmes se replient vers leurs fourgons (…). On s’efforce de ne pas traîner sur place après leur départ.
      On parle beaucoup de l’hostilité des opposants à Notre-Dame-des-Landes envers la presse. Il est vrai que le mouvement s’est beaucoup durci. On passe la journée à se faire insulter. On se fait traiter de presse bourgeoise, de complices du pouvoir… On nous jette parfois des pierres. C’est très tendu. Il devient de plus en plus difficile de couvrir les manifestations à la fois du côté des opposants et de celui des forces de l’ordre.

    • Toujours dans le même style
      Notre-Dame-des-Landes : des opposants veulent limiter l’accès de la presse à 30 mn par jour
      http://www.lexpress.fr/actualite/societe/notre-dame-des-landes-des-opposants-veulent-limiter-l-acces-de-la-presse-a-

      Un groupe d’opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique installés dans les « nouvelles cabanes », devenues le lieu symbolique de leur lutte, ont indiqué mardi à l’AFP que la presse ne serait dorénavant autorisée à y accéder que trente minutes par jour.

    • Et aussi
      Journaliste, dégage !
      http://xaviermalafosse.wordpress.com/2012/11/27/journaliste-degage/#more-428

      Les jours se suivent et se ressemblent à Notre-Dame-des-Landes : les gardes mobiles harcèlent les « Occupants » de la ZAD, et une minorité de zadistes harcèle les journalistes. Cette minorité, certes minoritaire, n’en est pas moins résolument pénible et menaçante à l’égard de la presse. Ou d’autres, d’ailleurs. Un camarade me racontait comment son organisation libertaire s’était faite sortir manu militari d’un cortège, car aucune récupération ne serait tolérée ! J’ai pourtant le sentiment que l’opposition au projet d’aéroport est discrètement récupérée par quelques illuminés. Ou des provocateurs infiltrés. Mais passons…

    • Notre-Dame-des-Landes : l’hostilité envers les journalistes prospère dans le bocage http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/notre-dame-des-landes-l-hostilite-envers-les-journalistes-prospere-dans-le-
      Dépêche AFP sur le sujet.

      Latente chez certains des premiers opposants au projet d’aéroport nantais, l’hostilité envers les journalistes, exposés à des insultes, agressions ou dégradations de matériel, jusqu’ici limitées, a explosé ces dernières semaines à Notre-Dame-des-Landes.