• La Macronie croit au père Noël - Débats - LeTelegramme.fr
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    « Nous avons besoin de syndicats forts », souligne Gilles Le Gendre, chef des députés LREM.
    Photo EPA

    Est-ce parce que Noël approche qu’ils ont envie de croire aux miracles ? Les ténors de la Macronie vous expliquent, ces jours-ci, que de cette épreuve de force sur la réforme des retraites pourrait, in fine, sortir « une refondation de la démocratie sociale dans notre pays ». Vous avez bien lu. Ils veulent croire que les partenaires sociaux et l’exécutif vont être forcés d’écrire main dans la main, non seulement une loi de compromis, mais une nouvelle page de l’histoire de leurs relations. Rien de moins.

    Gilles Legendre, le président du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale, fait partie de ceux, nombreux, qui vous assurent, la main sur le cœur : « En dehors de son intérêt en elle-même, cette réforme des retraites porte un timide espoir que nous puissions nous servir de ce moment et de cette crise pour fonder ou refonder les bases d’une démocratie sociale, enfin mature et vivante dans notre pays, qui nous manque cruellement. Nous avons besoin de syndicats forts ». Peut-être. Mais lesdits syndicats, même les plus réformistes d’entre eux, étaient loin d’être aussi lyriques, jeudi en fin de journée, à leur sortie de Matignon. Certes, ils relevaient les gestes du gouvernement, mais c’était pour mieux en demander d’autres. De quoi escagasser un ami du Premier ministre, qui s’emporte devant nous : « Il ne faut pas s’y tromper, on n’est pas à l’aube d’un renouveau de la démocratie sociale, mais au crépuscule de cette démocratie sociale ! » Et l’ami d’Édouard Philippe de confier, sous le sceau de l’anonymat, qu’il en a « ras le bol des génuflexions devant les syndicalistes auxquelles Emmanuel Macron consent depuis les gilets jaunes ». Notre interlocuteur préférait le temps où le même Emmanuel Macron affirmait : « Je souhaite un syndicalisme moins politique. On a besoin de corps intermédiaires mais à la bonne place ». Ça, c’était pendant la campagne présidentielle. Désormais, en ce moment crucial de l’acte II du quinquennat, le chef de l’État met beaucoup d’énergie à louer les mérites du dialogue social et de la négociation. Et toute la Macronie est priée de faire pareil. Y compris Édouard Philippe.

  • En Inde, l’arme de la coupure d’internet contre les manifs - Monde - LeTelegramme.fr
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    De jeunes manifestants qui réclament le déblocage d’internet.
    Photo EPA

    Pour limiter les manifestations contre une nouvelle loi controversée sur la citoyenneté, jugée discriminatoire pour les musulmans, l’Inde n’hésite pas à couper internet plusieurs heures.

    Grâce à l’accès à internet le moins cher au monde, les jeunes Indiens sont d’avides utilisateurs de réseaux sociaux. Mais lorsque ces derniers servent à organiser des manifestations, le gouvernement débranche la prise. Démocratie la plus peuplée du monde, l’Inde a aussi l’honneur douteux d’être le pays de la planète qui coupe le plus fréquemment internet à sa population.

    Vendredi, l’internet mobile était encore suspendu en de nombreux endroits du pays de 1,3 milliard d’habitants.

    Fait exceptionnel pour la capitale, les opérateurs téléphoniques ont dû interrompre leurs services plusieurs heures, jeudi matin, en divers endroits de New Delhi sur injonction du gouvernement. Au Cachemire indien, sept millions de personnes sont, elles, totalement privées d’internet depuis plus de quatre mois !

    En 2019, l’Inde a procédé à au moins 101 coupures d’internet, selon un décompte d’un site spécialisé. Car pour les manifestants indiens, particulièrement les jeunes, très présents dans les cortèges de ces derniers jours, les réseaux sociaux sont un porte-voix privilégié pour battre le rappel.

    « Nous utilisons la technologie pour amplifier notre message via des tweets, images, mots-dièse sur Twitter, Facebook, Instagram, WhatsApp et même Telegram pour appeler les gens à sortir en nombre pour manifester », explique Suvarna Salve, étudiante à Bombay. « Nous communiquons sur les réseaux sociaux avec des mots-dièse communs pour les garder dans le haut des tendances en Inde », dit-elle, racontant être inspirée par les méthodes des contestataires à Hong Kong.

    Mohammed Javed, 23 ans, a ainsi entendu parler des manifestations sur les réseaux sociaux. Jeudi après-midi, pour la première fois de sa vie, cet habitant de Bombay s’est rendu à une manifestation. « Lorsque j’ai vu mes amis partager des vidéos sur ce sujet sur TikTok et Instagram, j’ai senti que je devais être là », a-t-il raconté.

    Les coupures d’internet face aux mouvements de contestation ont valu à l’Inde d’être encensée par la presse étatique chinoise ! Les actions des autorités indiennes montrent « que couper l’internet dans une situation d’urgence devrait être une pratique normale pour les pays souverains », estimait cette semaine un éditorial du Quotidien du Peuple, principal organe de presse du parti communiste chinois.

    Pour le défenseur des libertés numériques indien Nikhil Pahwa, ce « compliment de la Chine met de fait l’Inde dans la même catégorie qu’un État autoritaire ». « Cela indique clairement que les protestations démocratiques sont réprimées dans ce pays », estime-t-il.