• Réforme des retraites : la contestation durcit dans les raffineries
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    La raffinerie de Lavéra, à Martigues (Bouches-du-Rhône), le 23 décembre.
    CHRISTOPHE SIMON / AFP

    Lundi 23 décembre, à 5 heures du matin, la raffinerie Petroineos de Lavéra à Martigues (Bouches-du-Rhône) a commencé à être mise à l’arrêt par ses salariés en grève. Avec une capacité de traitement annuel de dix millions de tonnes de pétrole brut, ce site de raffinage est le plus important du sud du pays, alimentant aussi l’Espagne, l’Italie et, par des pipelines, le nord de l’Europe.

    Plus tard dans la journée, une assemblée générale des salariés, réunie au sein du site Total de Grandpuits (Seine-et-Marne), qui traite cinq millions de tonnes de brut par an, a décidé de continuer à bloquer les livraisons de carburant. Une action qui pourrait conduire à la fermeture du site d’ici à quelques jours, selon Total, qui relativise d’emblée : la surcapacité du raffinage en Europe permettrait d’alimenter le territoire français même avec deux, voire trois raffineries bloquées. 

    « Cinq raffineries », sur huit, ont rejoint le mouvement de contestation sociale contre la réforme des retraites, assure Eric Sellini, qui représente la CGT au sein du groupe Total. En dehors de Grandpuits et de Lavéra, il s’agit, dans la plupart des cas, de réduire la production et de tenter de bloquer la livraison du carburant raffiné.

    Les deux arrêts constituent un degré supplémentaire franchi par la CGT dans le rapport de force qu’elle instaure avec le gouvernement. Si le syndicat parvient à bloquer l’ensemble des raffineries de France, l’activité du pays pourrait être substantiellement perturbée. Et que dire des vacanciers qui risquent de paniquer à l’idée de ne pas avoir d’essence pour rentrer chez eux ?

    C’est d’ailleurs la seule chose qui inquiète aujourd’hui l’entourage de la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, lequel évoque « comme toujours, le risque que les automobilistes fassent des pleins de précaution, qui peuvent créer des tensions à la pompe ». Pour le reste, il n’y a « aucune inquiétude de notre côté », assure le cabinet de Mme Borne : « Il y a beaucoup d’intox sur ce sujet », confie l’un de ses membres. « Sept raffineries sur sept [en métropole] » sont toujours en activité, développe-t-il. « Six sur sept » expédient leurs carburants vers les 200 dépôts du pays, et « seuls deux dépôts n’expédient pas vers les stations-service ». Mais, à ce stade, « plus de 97 % des stations-service ne manquent d’aucun produit majeur ».