• #Kristina_Harrison : Dossier trans : L’auto-déclaration de genre met en danger les femmes

    Kristina Harrison, salariée du National Health Service, est une personne transsexuelle qui a subi des opérations chirurgicales et subit toujours un traitement hormonal afin d’être considérée comme une personne du sexe opposé à son sexe de naissance. Elle est également militante et défend l’idée que le passage d’un système de reconnaissance légale fondée sur un diagnostic médical à un système fondé sur une simple déclaration de la personne concernée aurait des conséquences désastreuses sur des jeunes gens vulnérables, sur les mesures spécifiques aux femmes et par ailleurs nuirait également aux personnes trans.

    Le gouvernement conservateur au pouvoir au Royaume-Uni, malgré des tergiversations de façade, a démontré une intention ferme quant à la refonte du Gender Recognition Act (GRA) de 2004. Il bénéficie du soutien du parti travailliste et d’un mouvement transgenriste qui a désormais pignon sur rue. Ce mouvement est imprégné de ce qui est largement vu comme une idéologie de genre intolérante et même extrémiste. Ce n’est pas sans raison que femmes et personnes transsexuelles en nombre croissant ont exprimé leurs inquiétudes. Si la nouvelle mouture du GRA est adoptée, le terme « transgenre », ainsi que les termes « homme trans » et « femme trans » seront désormais des termes vagues désignant toute personne biologiquement femelle qui s’identifie comme étant un homme, ou l’inverse.

    Les personnes trans peuvent être des hommes qui s’identifient comme femmes mais veulent conserver un corps d’homme, des personnes « gender fluid » (qui s’identifient comme femmes certains jours et hommes d’autres jours), ou encore ceux que nous appelions auparavant des travestis, en particulier des hommes qui ont un fétiche sexuel dirigé vers les vêtements et les attributs physiques féminins.

    (Un slogan placardé dans le XIe arrondissement, à Paris. Les « TERFS », c’est quiconque met en doute qu’un homme est une femme s’il prétend en être une.)

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.economist.com/open-future/2018/07/03/a-system-of-gender-self-identification-would-put-women-at-risk
    #transactivisme #agresseurs_sexuels #intimidation_des_féministes #chasse_aux_sorcières #antiféminisme #violences_masculines

    • Nous sommes nombreuses à insister sur le fait que les femmes sont avant tout un groupe défini par un sexe biologique et une socialisation spécifique. Le sexe est une réalité, c’est même ce qui est au fondement de l’espèce humaine.

      Lien vers

      Fleur Furieuse - Féminisme radical et abolitionniste : Tribune : les « femmes trans » sont-elles des femmes ?
      https://fleurfurieuse.blogspot.com/2020/02/tribune-les-femmes-trans-sont-elles-des.html

      Selon les féministes radicales et matérialistes, les femmes sont tout d’abord des êtres humains femelles. Elles ont un double chromosome X et, sauf malformation ou anomalie, elles ont un appareil génital qui permet la gestation et l’accouchement d’un enfant.

      Les caractéristiques physiques liés à la procréation correspondent au sexe biologique, notion distincte de celle de « genre », qui désigne une construction sociale, et plus exactement un système d’oppression qui organise l’humanité en deux groupes, l’un dominant et exploitant l’autre.

      Cette exploitation des femmes est intrinsèquement liée à leur biologie. Dans nos sociétés, les petites filles sont éduquées différemment des petits garçons ; en raison de leur sexe de fille.

      Être une femme n’est pas un ressenti. Cela correspond à une réalité physiologique très spécifique et à un vécu social tout aussi spécifique. Tout cela est réel.

      Moui... Il y a une certaine confusion dans les deux textes (surtout le deuxième) entre corps sexué et socialisation genrée. Les deux sont mis ensemble alors que l’expérience des femmes et des hommes trans montrent qu’on peut bien avoir une socialisation genrée sans le sexe qui va avec, lequel est d’ailleurs assez complexe à définir : utérus, certes, chromosome (il y a d’ailleurs des hommes cis XX), sexe hormonal, caractères physiologiques secondaires, etc. Pas non plus parce qu’on dit qu’on est un homme ou une femme. Mais parce qu’on est perçu·e comme homme ou femme et qu’on subit les injonctions qui vont avec. En ce sens, l’auto-identification est une disposition complètement individualiste qui récuse l’option j’ai une identité de genre > je l’exprime > elle est reconnue par les autres et passe direct à j’ai une identité de genre > je m’en fous du regard des autres mais je veux qu’elle soit reconnue et que la société s’organise autour de mon auto-identification, quand bien même elle constituerait un fait social bien moins consistant que les violences subies par les femmes et toutes les dispositions prises pour les mettre vaguement à l’abri.

      Je pense que c’est l’auto-identification le problème, pas la #transidentité et voilà pourquoi je vous remercie, @tradfem, de publier ce texte (alors que par ailleurs vous avez tendance à genrer au masculin toutes les femmes trans, post-op ou jamais-op, féministes ou violeurs se prétendant femmes, ce qui me semble une grave erreur au regard de ce qu’est le genre et de la capacité à faire des alliances aussi précieuses que celles à faire avec les personnes trans elles-mêmes).

      Pour revenir sur le deuxième texte, le féminisme matérialiste se focalise sur le caractère social de cette identité et « Fleur furieuse » tire un peu facilement la couverture à elle, d’une manière très confuse. En tant que rédac chef, j’aurais refusé un tel article parce qu’il est incohérent. Mais si j’ai bien compris c’est un billet de blog et elle a été censurée pour « transphobie ». Pas d’accord avec son propos mais la censure dont elle fait l’objet est inacceptable et exprime bien ce que Harrison raconte de ce débat : accusations de folie haineuse envoyées à la volée, intimidation et censure. Et ça commence juste en France !

    • Je converse pas mal avec des jeunes femmes qui bloquent toute discussion dès qu’elles ont posé l’étiquette TERF sur ma personne, et non pas sur mes propos, c’est assez déprimant.
      Du coup, par souci de diplomatie et parce que je les aime bien, je fais marche arrière en disant que je suis ignorante de ce qui s’annonce, et je leur demande de m’expliquer ce qu’elles souhaitent défendre, et si c’est vraiment le rapport politique des femmes dans le monde qui les intéresse.

    • @touti, et ça marche ? Elles arrivent à l’expliquer ?

      Je vois moi aussi pas mal de jeunes femmes à fond, qui prennent toute divergence d’avec leur violence ou leurs arguments pour une position trans-exclusive (non, pas forcément), qui réduisent le débat à une lutte générationnelle, façon une vague chasse l’autre alors qu’il y a aussi des quadras et des quinquas qui connaissent bien leurs classiques queer (quel âge ont les mecs trans Preciado, Bourcier et #Jack_Halberstam, hum ?) qu’il y a aussi plein de jeunes femmes féministes matérialistes qui ne sont pas dans leurs trips queer, un peu écartelées entre la volonté de ne pas exclure et un peu de bon sens et qui doivent être très intimidées par cette nouvelle doxa (voir l’expression qui fleurit, y compris pour des événements culturels, de « TERF pas bienvenues »).

      J’ai envie de dire à ces meufs queer (ou hétérotes complexées) que c’est trop la classe féministe, d’en remettre une couche sur les hiérarchies patriarcales en gerbant sur des femmes qui sont considérées comme périmées. Et ce que me disent mes copines quinquas qui essaient de militer dans un cadre ouvert et bienveillant avec ces jeunes meufs, c’est que le niveau frôle les pâquerettes.

      Bref !

  • Une série intéressante dans le magazine où on ne l’attendait pas...
    https://www.economist.com/transgender

    La contribution d’une lesbienne noire :

    The gender-identity movement undermines lesbians - Open Future
    https://www.economist.com/open-future/2018/07/03/the-gender-identity-movement-undermines-lesbians

    In this current wave of “free to me” gender politics, any man with a penis can claim to be a female and expect entrance into female-segregated spaces, such as locker rooms, sports teams or colleges, without question. But don’t twist it; the generosity does not flow in both directions. Just ask the women who crashed the party at the male lido in Hampstead Heath in London in May: they were promptly escorted out by the police. Lesbian identity is now being dubbed as exclusionary or transphobic. You’re damn right it’s exclusive: lesbians have a right to say no to the phallus, no matter how it’s concealed or revealed. Imagine if white folks ran around claiming they were black or demanded access to our affinity spaces. They would be called deluded racist fools!

    Et celles de deux femmes trans :

    Trans rights will be durable only if campaigners respect women’s concerns - Open Future
    https://www.economist.com/open-future/2018/07/13/trans-rights-will-be-durable-only-if-campaigners-respect-womens-concerns

    We are not going to get very far unless it is acknowledged that women and girls, as a sex, are vulnerable to males, who are on average bigger, stronger, more assertive and more violent. It is women’s experience of sexism and misogyny, and their struggle against them, not bigotry, that overwhelmingly motivates opposition to the trans movement’s current agenda. Women are concerned with their own protections from abuse, violence, discrimination and their right to single-sex provision enshrined in the Equality Act (2010), not with needlessly making life hard for trans people. Quite the contrary: many women opposed to gender self-identification are also deeply concerned about the lives, well-being and rights of trans friends, colleagues and family members.

    I’m not arguing that trans women per se are any particular danger to women. There is little evidence to suggest that. However, I am horrified by the number of trans women threatening extreme, misogynistic violence. I see, almost daily, violent threats on social media aimed at women demonised as TERFs (trans-exclusionary radical feminists).

    Trans and feminist rights have been falsely cast in opposition - Open Future
    https://www.economist.com/open-future/2018/07/13/trans-and-feminist-rights-have-been-falsely-cast-in-opposition

    I am deeply saddened that in recent years there has been renewed antagonism from a section of feminism towards trans people, and especially towards trans women. The small number of feminists loudly opposing changes to the Gender Recognition Act (which would merely make the administrative process of gender recognition less bureaucratic) are using a simplistic reading of biology that negates the natural diversities of physical sex characteristics and disregards the realities of trans people’s lives. While anti-trans viewpoints are a minority position within feminism, they are championed by several high-profile writers, many of whom reinforce the extremely offensive trope of the trans woman as a man in drag who is a danger to women.

    C’est faux, que le GRA « would merely make the administrative process of gender recognition less bureaucratic » : c’est le cas de la nouvelle procédure française mais les nouvelles procédures dans les autres pays sont entièrement basées sur l’auto-définition et sur la vision très personnelle que des personnes peuvent avoir de ce que c’est d’être une femme ou un homme avant de s’être effectivement engagé·es dans un parcours trans (sans compter que c’est un critère très vulnérable à la mauvaise foi). Des féministes qui sont inclusives des femmes ou des personnes trans mais opposées à l’auto-définition sont caricaturées comme trans-exclusives ou essentialistes.
    #transidentité

    • Trans rights should not come at the cost of women’s fragile gains - Open Future
      https://www.economist.com/open-future/2018/07/05/trans-rights-should-not-come-at-the-cost-of-womens-fragile-gains

      Trans people face substantial injustices, most significantly violence (perpetrated, like all violence, largely by men) and discrimination. The process of applying for a gender-recognition certificate is intrusive and burdensome for many, and there are frustrating waiting lists for medical transition, which are compounded when doctors appear unsympathetic or obstructive. Yet rather than confront male violence or lobby the medical system, the focus of trans activism has overwhelmingly been the feminist movement, spaces and services designed for women, and the meaning of the word “woman”.

      It is notable that Cancer Research UK did not test its “inclusive” approach with a male-specific cancer. Its campaign messages about prostate and testicular cancer address “men”, rather than “everyone with a prostate” or “everyone with testicles”. (Addressing “people with a cervix” is, of course, only inclusive of people who know they have a cervix. Many women do not have that detailed knowledge of their internal anatomy. And those who speak English as a second language may well not know the word.)

      In “I Am Leo”, a Children’s BBC documentary about a trans boy (an adolescent natal female), Leo’s mother explains that she knew her child was not a girl when Leo rejected traditionally feminine toys and insisted on having short hair. This naturalisation of stereotypes is compounded by the programme-makers’ decision to illustrate the trans experience with a cartoon of pink (feminine) brains in blue bodies, and blue (masculine) brains in pink bodies. Hormones (pink for oestrogen, blue for testosterone) are shown being showered on the bodies to make them match the brain. Whatever the intent, or the probably more complex story of Leo’s transition, the programme served a very fixed idea of masculinity and femininity to its young audience.

      Pips Bunce, a director at Credit Suisse and a natal male, who has been celebrated for championing gender fluidity in the workplace, presents as Pippa on “female” days, in heels, dress and long blonde wig, and Philip on “male” days, in flat masculine shoes and a suit. Sex is reduced to stereotyped clothing. (Also: what a challenge for Credit Suisse’s reporting of the gender pay gap! Should Philip/Pippa be counted in with men or women depending on how he/she is presenting on the day of the survey?