Erreur 404

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  • Malgré les interdictions, de nouvelles actions contre les violences policières attendues samedi en France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/06/malgre-les-interdictions-de-nouvelles-actions-contre-les-violences-policiere


    Manifestation contre les violences policières à Strasbourg, le 5 juin. FREDERICK FLORIN / AFP

    A Strasbourg, Rouen, Clermont-Ferrand… ils étaient déjà plusieurs milliers à manifester, vendredi soir, pour rendre hommage à George Floyd et dire non au racisme.

    Laissez-nous respirer ! Manifestons-nous partout en France !
    https://paris-luttes.info/laissez-nous-respirer-manifestons-14076

    https://paris-luttes.info/local/cache-vignettes/L825xH1071/arton14076-c8614.jpg?1591284533

    Des rv dans plusieurs villes

    #police #violences_policières #manifestations #interdiction_de_manifester

  • Féminicides : « La logique patriarcale la plus pure se loge au cœur de l’intime », Lorraine de Foucher
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/03/feminicides-la-logique-patriarcale-la-plus-pure-se-loge-au-c-ur-de-l-intime_

    ENTRETIEN Les féminicides sont devenus un phénomène sociétal et un fait politique, explique la philosophe et professeure de science politique Camille Froidevaux-Metterie.

    Camille Froidevaux-Metterie est venue au féminisme par la maternité, percutée par la difficulté à gérer sa vie familiale avec un premier enfant et son poste à l’université. Depuis, elle a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet et se définit comme une philosophe féministe. Elle est professeure de science politique et chargée de la mission égalité-diversité à l’université de Reims Champagne-Ardenne.

    L’année 2019 a vu l’installation du mot « féminicide » dans les médias et sur la place publique. Comment s’inscrit-il dans l’histoire des idées féministes ?

    C’est la suite logique du mouvement #metoo, lequel s’inscrit lui-même dans une dynamique un peu antérieure que j’ai appelée la bataille de l’intime.

    Au début des années 2010, on observe la reviviscence d’un certain nombre de combats reliés entre eux par le fil rouge de l’intime. Que ce soit autour de la question des règles, de l’exploration des organes génitaux et du plaisir, ou sur le terrain des violences faites aux femmes, on assiste à une intense réactivation des questions corporelles qui indique que le féminisme vit là son « tournant génital » [pffff, ndc] .

    #metoo n’a pas été une explosion isolée dans le ciel féministe, c’est une expression parmi d’autres de ce retour aux fondamentaux rendue possible par une nouvelle génération de féministes. Dans la période fondatrice des années 1970, le corps des femmes comme lieu par excellence de la domination masculine est au cœur de tous les combats, la bataille de la procréation débouchant sur la conquête des droits contraceptifs. Mais il est ensuite recouvert par d’autres causes.

    Lesquelles ?

    Dans les années 1980, les femmes investissent massivement le monde professionnel, elles engagent alors la bataille du travail, celle de l’égalité salariale et du plafond de verre. La féminisation de la société ébranle son socle patriarcal et débouche, dans les années 1990, sur la bataille de la famille dont on élargit les modalités (pacs et loi sur l’adoption).

    Cela nous conduit aux années 2000, où s’enclenche la bataille du genre, soit la lutte contre l’enfermement des individus dans des rôles genrés. Et puis, à l’orée des années 2010, on s’aperçoit un peu soudainement que le domaine de l’intime était resté hors de la prise féministe. C’est ce que va faire ressortir le scandale des féminicides.

    Le crime conjugal a toujours existé, ça n’est pas un phénomène nouveau. Pourquoi est-il redécouvert, sous ce nouveau nom de « féminicide » ?

    Tout s’est passé comme si les femmes avaient dû payer leur émancipation sociale du prix de leur aliénation privée. Libres et émancipées dans la société, du moins sur le plan des principes, elles ont dû demeurer des corps « à disposition ».

    La psychanalyste Joan Riviere a développé dans les années 1920 cette idée intéressante selon laquelle les femmes qui s’accomplissent socialement doivent continuer de donner aux hommes le gage qu’elles sont toujours bien des femmes.

    C’est la « féminité-mascarade » par laquelle une femme dissimule derrière les critères de la féminité accomplie la position masculine qu’elle a pu conquérir dans le monde du travail. Les féminicides constituent en quelque sorte le paroxysme de cette logique par laquelle les hommes dénient aux femmes la liberté conquise.

    Il y a souvent cette formule dans les manifestations : « le silence tue ». Quel est le rôle de la honte dans la survenue d’un féminicide ?

    La philosophe américaine Sandra Lee Bartky a théorisé le fait que la honte était structurellement féminine. Elle la définit comme un sentiment permanent d’inadéquation par lequel les femmes se sentent imparfaites, inférieures ou diminuées, ce qui permet aux mécanismes de la domination masculine de perdurer.

    Par de nombreux vecteurs de socialisation, les filles intériorisent un ensemble d’attitudes et d’opinions négatives vis-à-vis d’elles-mêmes. J’ai par exemple pu observer dans mon enquête sur les seins des femmes comment les adolescentes étaient très tôt insatisfaites de leur apparence.

    La honte devient ainsi un véritable mode d’être-au-monde féminin qui fait le lit de la violence conjugale et des féminicides. On connaît bien ce phénomène de l’inversion de culpabilité : les femmes battues pensent que c’est de leur faute, elles n’ont pas bien préparé le repas ou elles n’étaient pas habillées comme il fallait. Ayant intériorisé la norme de leur infériorité, elles se rendent responsables de la violence qu’elles subissent selon une logique aberrante mais difficile à ébranler.

    Pourquoi ces hommes utilisent-ils la violence conjugale ? Pourquoi mettent-ils en place un contrôle sur leurs compagnes ?

    On peut considérer la violence conjugale comme une tentative pour récupérer par la force quelque chose que l’on ne possède pas. L’homme violent s’efforce d’imposer sa volonté en annihilant celle de sa compagne. Mais il s’aperçoit que, s’il tient sa chair, il ne peut jamais tenir ni sa subjectivité ni sa liberté, il sait que cela lui échappera toujours. D’où une spirale de violence qui peut aller jusqu’au meurtre. Cette entreprise de contrôle absolu témoigne d’une impossibilité à reconnaître l’altérité et l’humanité même de l’autre. Ce que cela révèle, c’est la dimension systémique du patriarcat.

    Les violences familiales sont des violences héritées, elles s’inscrivent dans la longue histoire de la hiérarchie sexuée du monde. Depuis les origines antiques, les femmes ont été définies au regard de leur fonction procréatrice et assignées pour cela au foyer. Ce schéma a survécu au tournant de la modernité politique. Chez Rousseau, par exemple, la famille patriarcale est la condition de la société démocratique.

    C’est ce socle traditionnel qui a été ébranlé dans les années 1970, quand les féministes se sont battues pour démontrer que la sphère domestique était le lieu originel de la domination masculine, entreprenant de débarrasser les femmes de la conjugalité et de la maternité obligatoires pour qu’elles deviennent enfin des sujets de droits.

    « C’était sa chose » : de nombreux proches de victimes ont utilisé cette expression pour décrire la relation conjugale à l’œuvre avant le féminicide, qu’en pensez-vous ?

    Dans ces couples, la femme est au summum de sa condition objectivée, un objet appropriable et possédé. Or un objet, on le transforme, on le façonne, c’est malléable : on peut repeindre une chaise comme on peut la casser.

    Les victimes meurent sous les coups pour avoir été réduites à la condition de corps « à disposition ». C’est le propre des féminicides que de réactiver la définition fonctionnaliste qui fait des femmes des corps sexuels, maternels et domestiques, toujours au service des hommes.

    L’ONU englobe dans les « atteintes faites aux femmes » les féminicides, les crimes d’honneur ou les viols de guerre. Quel est votre regard sur cette analogie ?

    L’analogie fonctionne car tous ces crimes sont motivés par des ressorts patriarcaux profonds, ils renvoient à la même représentation de l’infériorité et de la soumission des femmes. La permanence de la hiérarchie sexuée au sein de nos sociétés prétendument égalitaires est scandaleuse. Elle nous rappelle douloureusement que la logique patriarcale la plus pure se loge au cœur de l’intime.

    Que pensez-vous de l’idée selon laquelle les violents conjugaux établissent ce que l’on pourrait qualifier de « dictature domestique » au sein du foyer ?

    En science politique, il existe des critères pour mesurer le glissement d’une démocratie vers un régime autoritaire. Le premier d’entre eux, c’est l’atteinte à la liberté d’expression, parce qu’elle signale une volonté dictatoriale de restreindre la pluralité des opinions. Dans ces couples, le violent conjugal se comporte comme un leader autoritaire : il punit par la violence la parole critique, voire toute parole.

    Au sein d’un couple préféminicide, comme dans une dictature, il n’y a pas de véritable relation, la domination fonctionne à sens unique, elle est arbitraire. A contrario, dans une démocratie, le lien entre dirigeants et citoyens est circulaire, c’est un lien où le vote et l’obéissance volontaire légitiment les détenteurs du pouvoir.

    Le féminicide n’est plus intime, il est devenu un phénomène sociétal. Pourrait-il même être un fait politique ?

    Oui, car le féminicide marque le déni fait aux femmes de leur statut de sujet de droits et remet en cause les soubassements mêmes de notre démocratie. Ces meurtres font abstraction de la rupture féministe qui a permis aux femmes de devenir libres et égales. Ils sont moyenâgeux au sens propre du terme : ils manifestent la rémanence de la condition patriarcale qui fait des femmes des corps à disposition.

    Il y a environ 150 femmes tuées par an, mais il suffirait de trois voire d’une seule pour que cela soit un scandale. Aussi longtemps que des femmes mourront parce qu’elles sont des femmes, on restera dans le mirage de l’égalité. La démocratie garantit la protection vis-à-vis de l’arbitraire ; dès lors que celui-ci menace quelques-uns de ses membres, c’est tout l’édifice et le sens même de la vie démocratique qui sont menacés.

    Pourquoi certains hommes ont-ils du mal à s’approprier le sujet des féminicides ?

    C’est très compliqué pour eux. Je travaille à la réalisation d’un documentaire qui tente de saisir ce que le féminisme a fait aux hommes depuis 1970. Pour les cinq générations d’hommes que nous rencontrons, cela implique de se poser la question de savoir s’ils ont été irrespectueux, dominants ou violents envers les femmes au cours de leur vie.

    Les réactions sont typiques, on les voit à l’image se tortiller sur leur siège, gigoter, être gênés. Je crois que c’est difficile pour un homme de penser ses privilèges hérités et de renoncer aux bénéfices de la domination. Il n’a en fait aucun intérêt à cela, il a même tout à y perdre. Fort heureusement, certains l’acceptent et contribuent à faire avancer l’égalité.

    Que disent les féminicides de notre vision de l’amour ?

    Ils disent ce que l’amour n’est pas : il n’est pas la possession, il n’est pas la propriété. Le couple repose sur un accord consenti entre deux personnes libres, accord qui peut être rompu par l’une des deux parties dès qu’elle le souhaite. L’amour n’est ni un acquis ni une certitude, c’est un espace dans lequel il faut accepter de douter et d’être fragilisé.

    Le violent conjugal ne parvient pas à penser l’amour en dehors de la prise, il veut contrôler la volonté de l’autre. Mais les sentiments ne sont pas appropriables, on ne peut pas obliger quelqu’un à vous aimer.

    #féminicides #patriarcat #intime

  • What a wonderful world : Le Conseil constitutionnel consacre aux ordonnances une valeur législative, Patrick Roger
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/05/le-conseil-constitutionnel-consacre-aux-ordonnances-une-valeur-legislative_6

    Dans une décision, la haute juridiction confère aux ordonnances une valeur législative, ce qui crée un débat entre [...] constitutionnalistes.

    C’est une décision inédite qu’a prise, le 28 mai, le Conseil constitutionnel, saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (#QPC). La haute juridiction devait se prononcer sur un article introduit par voie d’ordonnance au sujet de l’installation d’éoliennes. La décision du Conseil constitutionnel introduit l’idée qu’une ordonnance pourrait avoir force de loi bien qu’elle n’ait pas respecté le délai d’habilitation. Ce qui crée depuis quelques jours un débat entre constitutionnalistes : cela ne renforce-t-il pas les pouvoirs de l’exécutif vis-à-vis du Parlement ?

    Défini par l’article 38 de la Constitution, le dispositif des ordonnances permet au gouvernement de prendre, dans des conditions encadrées, et surtout dans un délai limité, des mesures qui sont du domaine de la loi. Cependant, précise la Constitution, si elles entrent en vigueur dès leur publication, elles « deviennent caduques si le projet de loi de ratification n’est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la loi d’habilitation » . Le même article de la Constitution indique que, à l’expiration du délai prévu par la loi d’habilitation, « les ordonnances ne peuvent plus être modifiées que par la loi dans les matières qui sont du domaine législatif » . La révision constitutionnelle du 21 juillet 2008, pour limiter le risque de « ratification implicite » , a rajouté qu’ « elles ne peuvent être ratifiées que de manière expresse » . Une mention qui tenait à renforcer les droits du Parlement [à parler, ndc]. Si le gouvernement ne soumet pas à ratification les lois d’habilitation à procéder par ordonnance, celles-ci deviennent caduques.

    C’est en ce sens que la décision du Conseil constitutionnel prend un sens « inédit ». Il déduit, quant à lui, que, passé l’expiration du délai d’habilitation, les dispositions contenues dans l’ordonnance « doivent être considérées comme des dispositions législatives » . Branle-bas de combat dans le Landerneau juridique. Au premier regard, il semble que le Conseil constitutionnel ait voulu parer à une urgence. Tant sur le plan juridique qu’économique. La remise en cause de l’ordonnance du 5 août 2013 sur les éoliennes, comme il le dit lui-même, « aurait des conséquences manifestement excessives » . Il pourrait en résulter une multitude de contentieux, susceptibles de mettre à mal bon nombre de contrats en cours. Or une question demeure : depuis la révision constitutionnelle, combien de lois d’habilitation n’ont pas été soumises à ratification ? Il en va de celle du 5 août 2013 concernant le code de l’environnement. Mais combien d’autres ?

    « Un truc bizarre »

    Doit-on dès lors les considérer comme ayant valeur législative ? C’est ce que dit la décision du Conseil constitutionnel. « Le Conseil sait qu’il a fait un truc bizarre, et c’est pour ça qu’il veut marquer le coup, remarque Anne Levade, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Il n’a pas l’air de faire le cas qu’il n’y a pas eu de ratification expresse. Or, sur ce texte, manifestement, il y a eu un loupé. Du coup, le Conseil constitutionnel revalide une situation qui avait cours avant 2008. Il neutralise la dernière phrase de l’alinéa 2 de l’article 38 de la Constitution [« elles ne peuvent être ratifiées que de manière expresse »]. »

    « C’est une décision importante. Elle change la physionomie du contentieux des ordonnances » , admet le Conseil constitutionnel. Dans la situation antérieure, le Conseil d’Etat pouvait être saisi par la voie directe, mais, passé la ratification, l’ordonnance ne pouvait être contestée. Le Conseil reconnaissant que l’ordonnance a bien une valeur législative, il ouvre aussi une voie de recours. Autrement dit, il ne peut y avoir une lecture unique de cette décision du Conseil constitutionnel, qui est loin de mettre un terme au très ancien débat sur la nature hybride des ordonnances – de nature législative ou réglementaire ? – qui agite les constitutionnalistes.

    « En conférant aux ordonnances non ratifiées après le délai d’habilitation une valeur législative, le Conseil constitutionnel remet en cause, d’une certaine manière, le sens de la ratification par le Parlement, estime Julien Padovani, enseignant-chercheur en droit public à l’université d’Aix-Marseille, dans un article de blog. C’est une bombe à retardement avec de multiples enjeux. » Cette décision du Conseil constitutionnel, si elle peut écarter dans l’immédiat bon nombre de recours en suspens, continuera à alimenter le débat.

    #conseil_constitutionnel #droit #assemblée_nationale #loi #ordonnance #gouverner_par_ordonnance #nucléaire, l’autre nom de leurs #éoliennes #pouvoir_exécutif

    • On peut pas faire le nucléaire (enfin les « fermes éoliennes ») sans un centralisme fort, on peut pas faire Stop Covid sans un État fort, on peut pas gouverner des ingouvernables sans un État fort. Dans la Constitution de la Véme, l’A.N n’est qu’une chambre d’enregistrement, autant réduire le bruit. D’autant quil ne légitime même plus le régime, « coûts de transaction » élevé, rendement nul.

      Fausse questions, euphémisation, politesse bourgeoise (pas dire ce qui fâche, si ce n’est d’un dessin ou de propos cités, de ci de là, puisqu’il faut un peu de matière, contradictoire, et pas juste « équilibrée »), c’est la manière d’écrire de Le Monde, @odilon, comme avec le chapo « débat entre constitutionnalistes » (à lire « travaille et tais toi », regarde Netflix, comme tu veux mais laisse nous tranquilles, il y a des pros compétents pour ces histoires).

      Dans le cas du nucléaire c’est d’autant plus important que c’est la seule voie de sortie pour une industrie automobile hexagonale en chute libre : pour construire ici, reconquérir des parts de marché (la ouature rapporte plus rien à la balance du commerce extérieur, au contraire, elle coûte, en soutien à l’industrie, aux emplois, etc), on prévoie d’essayer de se lancer dans la partie la plus centrale et potentiellement la plus rentable de la ouature électrique : les batteries et de faire des électriques plus abordables (des Twingo, par exemple) que celles pour lesquelles le gouvernement vient de décider d’une prime à l’achat de 8000 (huit mille) euros, car on va pas pouvoir encourager la demande solvable à ce tarif là, faut inventer la ford T du XXème, une électrique populaire.

      #coup_d'État_permanent

  • Didier Lallement interdit deux rassemblements prévus samedi à Paris contre les violences policières
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/05/didier-lallement-interdit-deux-rassemblements-prevus-samedi-a-paris-contre-l

    « Outre les troubles à l’ordre public que ces rassemblements peuvent générer, à l’instar des incidents et violences commis lors de celui du 2 juin dernier, les risques sanitaires qu’ils [les deux rassemblements] pourraient provoquer restent importants », a écrit la préfecture de police dans un communiqué. Le 2 juin, une manifestation qui avait été interdite a rassemblé au moins 20~000 personnes à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré, un jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation.

    Et aïe donc.

  • Le Défenseur des droits appelle à une « traçabilité des contrôles d’identité »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/04/le-defenseur-des-droits-appelle-a-une-tracabilite-des-controles-d-identite_6

    Face aux manifestations contre les violences policières en France, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, appelle dans un entretien à l’Agence France-Presse à « arrêter la polémique » et restaurer la confiance entre police et population grâce à une « traçabilité des contrôles d’identité » , dont la faisabilité a été démontrée pendant le confinement.

    « Les comparaisons entre la France et les Etats-Unis sont difficiles. (…) Il faut arrêter de tout mélanger » , a déclaré Jacques Toubon, jeudi 4 juin, au moment où la mort de George Floyd et les rebondissements de l’affaire Adama Traoré poussent une partie de la jeunesse à descendre dans la rue.

    [...] « Construire de la confiance, c’est notamment lorsqu’une faute a été commise, le reconnaître » , abonde M. Toubon. Pour cela, il « appelle à un arrêt de la polémique » et relance l’idée d’une « vraie discussion sur la traçabilité des contrôles d’identité ».

    Promis en 2012 par l’ancien président François Hollande pour lutter contre les contrôles au faciès, le système d’un « récépissé » remis par les forces de l’ordre n’a jamais été concrétisé et « n’est pas la panacée » , selon le Défenseur des droits. Il recommande plutôt « une forme de traçabilité » , et rappelle que les contrôles au faciès sont une « réalité sociologique » en France. En 2017, l’institution avait montré dans une étude que les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont 20 fois plus de chance d’être contrôlés que les autres.

    « La transparence est possible et elle est à la fois au bénéfice de ceux qui sont contrôlés et des policiers » , plaide M. Toubon. Pendant le confinement décidé pour endiguer la pandémie due au nouveau coronavirus, le ministère de l’intérieur a d’ailleurs « publié les statistiques des contrôles des attestations de sortie » et quantifié combien « ont fait l’objet de difficultés, de contestations, etc. » , note le Défenseur des droits.

    « C’était possible, ça n’a posé aucun problème à la police et à la gendarmerie. (…) Donc je pense qu’on peut le faire pour tous les contrôles d’identité. » Cela nécessite « simplement une modification du code de procédure pénale » , pour préciser « que le contrôle ne peut pas être discriminatoire, en application de la jurisprudence de la Cour de cassation » .

    #police #contrôles_de_police #contrôles_d'identité #contrôles_au_faciès #racisme

  • Les sacrifiés de la sucrerie de Toury, Florence Aubenas
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/03/les-sacrifies-de-la-sucrerie-de-toury_6041561_3224.html


    MALIK NEJMI / VU POUR « LE MONDE »

    Les 128 salariés de cette usine d’Eure-et-Loir ont beaucoup travaillé pendant le confinement, notamment en produisant de l’alcool pour les gels hydroalcooliques. Mais cela n’empêchera pas la fermeture du site et leur licenciement le 30 juin.

    Ça commence comme Le Déserteur , l’hymne antimilitariste de Boris Vian : « Monsieur le président, je vous fais une lettre… » Kévin Rabouin, 31 ans, ne le connaissait pas quand il a écrit à Emmanuel Macron, en rentrant de l’usine, une nuit d’avril, à l’heure des séries sur Netflix. D’ailleurs, M. Rabouin ne s’insurge pas contre « l’effort de guerre » : il la jouerait plutôt à l’inverse, une cantate – sans rime ni musique – pour ceux qui ont œuvré jusqu’au bout, en plein coronavirus. « Monsieur le président, (…) Dans cette conjoncture exceptionnelle de pandémie, mes collègues et moi travaillons. Nous travaillons car, comme mentionné sur l’attestation de notre employeur, nous sommes “indispensables”. Nous fabriquons du sucre pour donner à manger aux Français et de l’alcool pour les produits d’entretien et le gel hydroalcoolique. Nous travaillons le jour, la nuit, dimanche et fériés, nous participons à cet “effort de guerre” en prenant des risques pour notre santé. »

    La phrase suivante tombe comme un couperet, mais sans une plainte : « Nous sommes dévoués malgré notre licenciement le 30 juin. » A cette date, et tandis qu’Emmanuel Macron multiplie les déclarations sur la nécessité de reconstruire « l’indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française », le glas sonnera pour la sucrerie de Toury, en Eure-et-Loir. Et Kévin, Flèche, Mathieu, Benjamin, Julien, Nénesse et les 128 salariés rejoindront cette nouvelle catégorie de Français, tout juste nés de la crise sanitaire : les travailleurs à la fois « indispensables » et « virés ».

    « Combien de temps il nous reste avant la fermeture ? » , lance Flèche. Ils sont une poignée d’ouvriers à boire des bières chez Kévin Rabouin, petit rite de déconfinement dans l’ombre verte des grands arbres. Aucun n’a le courage de répondre. On entend juste M. Rabouin lui-même batailler avec les saucisses et le barbecue. Marché mondial, restructuration, fusion. L’histoire est banale, eux-mêmes le disent, ils ont vu fermer tant d’usines, y compris des sucreries. Mais pour être sincères, ils ne pensaient pas que ça leur arriverait, à eux. L’autre jour, dans un bureau de l’usine, Mathieu, 30 ans, est tombé par hasard « sur le numéro de téléphone d’un gros ponte » . Une question lui brûlait les lèvres, il aurait voulu appeler : « Pourquoi nous ? On est des bons, pourtant. »

    Sucrerie petite mais performante

    Mathieu revoit l’émotion de sa mère le jour où il a été embauché : « Ça y est, tu as réussi ta vie. » A Toury, 2 900 habitants, il fallait voir le respect quand un employé de la sucrerie venait demander un emprunt à l’agence du Crédit mutuel. « Pour toi, pas la peine de prendre l’assurance perte d’emploi » , glissait le conseiller. L’usine fumait depuis cent quarante-cinq ans. Elle fumerait encore après eux. Une institution. Tous les jeunes voulaient y entrer, même ceux qui jouaient les caïds.

    Autour, la terre de Beauce dévore l’horizon jusqu’au ciel, un paradis agricole, avec des éoliennes plus hautes que les cathédrales, et l’A 19, surnommée « l’autoroute à betteraves », qui défile devant les cinq sucreries au sud de Paris. Trois d’entre elles appartiennent à Cristal Union, numéro 2 français, dont celle de Toury, acquise en 2011. A l’époque, la stratégie du groupe est de devenir le plus gros possible : les quotas européens pour la betterave doivent être supprimés en 2017 et ouvrir la concurrence sur le marché international. Evidemment, Toury n’est pas le Brésil, maître du monde sucrier avec ses plantations de canne. Mais Cristal Union, jusque-là basée dans l’est de la France, compte faire baisser ses prix de revient en multipliant les sites et en allongeant la durée d’exploitation.

    Au moment de son rachat, la sucrerie de Toury est « en bon état et avec des bénéfices » , se souvient Marcel Jolu, alors directeur général. Ici, on broie 10 000 tonnes de betteraves par jour, une petite structure même à l’échelle nationale, où certaines en font deux fois plus. Mais ses performances la classent parmi les meilleures du pays. En plus de la fabrication du sucre, Toury distille du bioéthanol et de l’alcool, recherché par les laboratoires pharmaceutiques et les parfumeurs de la « Cosmetic Valley », de Chartres à Orléans.

    Tous les salariés se souviennent du premier geste de Cristal Union : faire disparaître le buste d’Arthur Lambert, le fondateur. Le symbole ne trompe pas : la sucrerie vient de basculer d’un fonctionnement resté familial à celui d’un groupe agro-industriel, à la tête d’une dizaine d’usines. Voitures de fonction, va-et-vient de cadres parachutés. Un nouveau management est mis en place. « C’était notre usine et ils voulaient nous apprendre à faire du sucre » , dit Kévin Rabouin. Lui, c’est un garçon du coin, cool, pas le genre à s’exciter et qui vote du bout des doigts, surtout pour faire plaisir à ses parents.

    Les cours plongent

    En général, appartenir à un groupe permet des économies de fonctionnement. Ici, ça semble marcher à l’inverse. Les travaux et l’entretien ne sont plus réalisés en interne, mais facturés par des entreprises extérieures. Tout achat doit désormais transiter par la centrale de Cristal Union. Avec stupeur, Kamal, magasinier, voit les prix des fournitures bondir. Le manche à balai passe de 3 à 32 euros, le raccord d’eau de 4,60 à 65 euros. « Quand on disait : “C’est trop cher”, on nous répondait : “Qu’est-ce que ça peut te faire ? C’est toi qui paies ? On va vous booster, vous serez une usine pilote.” » Une déviation routière à 600 000 euros est financée par le département et la commune quand Cristal Union décide de remodeler son site.

    Mais lors de la suppression des quotas européens, rien ne se passe comme prévu : le cours du sucre s’effondre face à une surproduction mondiale. En France, la sécheresse puis de nouvelles règles sur les insecticides ont, en plus, plombé la récolte. Le 19 avril 2019, à Toury, les salariés sont appelés à se rassembler sur le parking. Il est 9 heures, un peu plus peut-être. L’annonce tombe dans la stupeur générale : fermeture définitive dans un an. L’usine est cataloguée « vieillissante » , notamment après une panne qui l’a handicapée quinze jours en 2018.

    Représentant CGT, Frédéric Rebyffé prévient le syndicat. Personne ne réagit vraiment au siège, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Aucun permanent national ne se déplace non plus lors de la manifestation à travers la ville, pas même « la Commerciale », comme on surnomme celle qui descend chaque année collecter les cotisations, une cinquantaine en tout. « On n’est peut être pas assez nombreux pour eux » , rigole Stéphane, un syndiqué. A l’automne, une délégation de parlementaires et d’élus locaux monte plaider la cause de l’usine auprès du ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume. « Ce qui intéresse Cristal Union ? Le fric, le fric, le fric » , martèle Philippe Vigier, député (UDI) d’Eure-et-Loir. En sortant de la réunion, Jean-Louis Baudron, président de la communauté de communes Cœur de Beauce, demande au ministre : « Vous croyez que ça va changer quelque chose ? » . Et l’autre : « Non. »

    A contre-courant de l’histoire

    La décision serait-elle la même, aujourd’hui, à Toury ? « Beaucoup ne le pensent pas, l’usine aurait toute sa place maintenant » , dit Laurent Leclercq, maire de la ville, lui aussi salarié de Cristal Union sur un autre site. La fermeture semble même aller à contre-courant de l’histoire. La crise sanitaire a fait exploser le chômage, révélé les fragilités et les dépendances françaises dans des secteurs essentiels. Partout, la demande d’alcool pharmaceutique bat des records, elle progresse en bioéthanol : une station-service est d’ailleurs en train de se monter à Toury. Ici comme ailleurs, on s’est enflammé pour le « made in France » et les circuits courts. Un fabricant local de pâtes fait un malheur, les asperges se sont arrachées chez les producteurs. Dans la cour de sa ferme, Eric Delorme, 50 ans, a installé un drive pour vendre ses pommes de terre. Ses champs sont à 6 km de la sucrerie, où la famille livre ses betteraves depuis trois générations. Mais au moment du rachat par Cristal Union, Eric Delorme a dû débourser 100 000 euros pour rester fournisseur : le groupe fonctionne en effet sur un modèle coopératif, auquel les planteurs doivent adhérer moyennant un droit d’entrée et une prise de participation. En échange, des garanties leur avaient été données pour la période redoutée d’après la suppression des quotas. Le groupe s’engageait à acheter les récoltes à un prix-pivot fixé d’avance : 27 euros la tonne sur trois ans, à partir de 2017.

    « Au début, on ne savait pas trop, mais on avait confiance : un agriculteur de la Marne est à la tête du groupe » , dit M. Delorme. Avec l’effondrement du cours mondial, la tonne sera, en réalité, payée 22 euros en 2018 et 2019. « Je suis beauceron : j’avais donné ma parole, eux la leur. Ils nous ont menés en bateau. On aime la betterave, la passion nous sauve. Sinon, toute la culture serait déjà partie à l’étranger. » En France, premier producteur européen, quatre sucreries viennent de fermer sur un total de 26. Trois groupes internationaux se les partagent, à l’exception de deux indépendants. Aujourd’hui, ce sont eux qui rémunèrent le mieux les agriculteurs, jusqu’à 25 % de plus.

    En apprenant la fermeture, les ouvriers ont d’abord pensé bloquer Toury. Kévin Rabouin se souvient des discussions dans les bâtiments, dans une ambiance électrique, au milieu des dirigeants qui répétaient : « Votre boîte est pourrie, la retaper coûterait trop cher. » La grève ? Les équipes n’arrivent pas à s’y résoudre. Elles veulent « vivre à fond » la dernière « campagne » , des mois de travail intense, jour et nuit, hors du temps, où les betteraves fraîches sont écrasées, à mesure du ramassage. Regarder encore une fois la fumée de l’usine remplacer les nuages. Respirer son odeur avec délice, si redoutée pourtant des visiteurs. « On s’est dit : “Notre sucrerie, elle est belle. C’est eux qui ne savent pas la faire tourner. On va leur montrer de quoi on est capable.” » , raconte Kévin Rabouin. Aux chefs qui donnent un ordre, Albin, 30 ans, s’entend soudain répondre : « Retourne dans ton bureau. L’usine, elle est à nous. » Bientôt, les ouvriers travaillent en roue libre, maîtres à bord. « On est redevenu ce qu’on était avant, on a retrouvé notre fierté. »

    « Travailleurs indispensables »

    L’année précédente, il avait fallu treize jours pour sortir le premier kilo de sucre. Cette fois, trente-six heures ont suffi. Record battu, objectifs dépassés. « On a demandé le palmarès du rendement, boîte par boîte : ils ont refusé de nous le donner » , assure Stéphane, syndiqué CGT. A la fin, tous les téléphones se sont levés dans la cour pour filmer les cheminées qui s’éteignaient une à une. Les yeux se brouillent, les mains tremblent. « Cette histoire, ça va encore finir en “gilets jaunes” » , lâche quelqu’un.

    Le « monde d’après », Frédéric Rebyffé, le représentant CGT, en a surtout entendu parler à la télé. Il n’est pas sûr d’y croire, « un discours d’homme politique » , selon lui. L’élection présidentielle de 2002 lui revient à l’esprit, le FN au second tour et les banderoles qui proclamaient « Plus jamais ça ». Avec le recul, il trouve que « rien n’a bougé, sauf en pire. Pas un gouvernant ne changera nos vies : chacun doit le faire soi-même ».

    Les dernières semaines, seule la distillerie travaillait encore pendant le confinement, tout entière tournée vers la fabrication du gel hydroalcoolique. « On est fier d’avoir décroché l’agrément “travailleurs indispensables” » , poursuit Kévin Rabouin. Un matin, sur la table du petit déjeuner, sa compagne a trouvé la lettre adressée à Emmanuel Macron. Il a fallu qu’elle arrive au bout pour réaliser que c’est Kévin qui la signait, lui qui n’écrit jamais. Le président, lui, n’a pas répondu.

    #travail #ouvriers

  • Mort d’Adama Traoré : une nouvelle contre-expertise met en cause les gendarmes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/02/nouvelle-contre-expertise-independante-dans-l-affaire-adama-traore-le-plaqua

    Dans ce document daté du 2 juin, que Le Monde a pu consulter, l’expert, professeur spécialiste des maladies systémiques, dont la sarcoïdose (une maladie inflammatoire avancée par certaines expertises comme étant l’une des causes possibles d’une défaillance cardiaque de la victime), conclut que le « décès fait suite à un syndrome asphyxique. Le syndrome asphyxique fait suite à un œdème cardiogénique. L’œdème cardiogénique fait suite à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral. Le plaquage ventral a entraîné “la mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position”. Aucune autre cause de décès n’est identifiée. » « L’œdème cardiogénique n’est que la conséquence de l’asphyxie et non la cause », est-il précisé. « Ce rapport démonte point par point l’expertise de la semaine dernière et désigne le plaquage ventral comme ayant causé la mort d’Adama Traoré », se félicite Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille.

    – Le type est vivant
    – un flic s’assied sur lui (technique qui a donné naissance au slogan « i can’t breathe » depuis… 2014)
    – quand les flics le livrent aux pompiers, il est mort.

    Et ça fait depuis 2016 qu’on a besoin de multiplier les expertises et les contre-expertises pour vérifier que, de fois, il ne serait pas décédé de mort naturelle.

  • Immigration : Les traversées de la Manche en canot se multiplient
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/29/immigration-les-traversees-de-la-manche-en-canot-se-multiplient_6041168_3224

    Calais, 27 mai. Dans la zone Industrielle des Dunes. Des ronds sont dessinés sur le sol indiquant l’endroit où les personnes migrantes doivent se mettre pour faire la queue lors de distributions de vêtements (un mètre de distance entre chaque rond). En attendant l’arrivée de l’association pour la distribution, des personnes migrantes ont indiqué leur place en mettant un signe distinctif dans les ronds (chaque rond correspond à une personne).
    Calais, 27 mai. Dans la zone Industrielle des Dunes. Des ronds sont dessinés sur le sol indiquant l’endroit où les personnes migrantes doivent se mettre pour faire la queue lors de distributions de vêtements (un mètre de distance entre chaque rond). En attendant l’arrivée de l’association pour la distribution, des personnes migrantes ont indiqué leur place en mettant un signe distinctif dans les ronds (chaque rond correspond à une personne). AIMEE THIRION / DIVERGENCE POUR LE MONDE

    #Covid-19#migrant#migration#France#GrandeBretagne#Calais#passage#confinement#santé

  • Déminage, diluer la responsabilité pénale : Le ministère de la justice veut limiter les emballements de sortie de crise , Jean-Baptiste Jacquin et Simon Piel
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/28/le-ministere-de-la-justice-veut-limiter-les-emballements-de-sortie-de-crise_

    La chancellerie s’inquiète de mises en cause excessives de la responsabilité des maires et demande aux parquets d’éviter une reprise de la hausse du nombre de détenus.

    Alors que le pays se déconfine dans des conditions parfois tendues comme dans les établissements scolaires, le ministère de la justice demande aux procureurs de faire attention aux conditions d’engagement de la responsabilité des maires. « Leur action ne doit pas être paralysée par le risque de voir leur responsabilité pénale engagée dans des conditions excessives » , écrit la directrice des affaires criminelles et des grâces, Catherine Pignon, dans un courriel adressé le 19 mai à l’ensemble des procureurs généraux et des procureurs de la République.

    Il ne s’agit pas pour autant de déclarer l’impunité des édiles. Ce texte rappelle les dispositions de la loi Fauchon de 2000 au sujet des infractions non intentionnelles, qui s’appliqueraient en cas de contamination par le Covid-19 sur les lieux dont le maire, ou d’ailleurs un chef d’entreprise, a la responsabilité.

    « Message subliminal »

    La missive de la chancellerie a été lue de différentes façons. « Ce rappel est bienvenu car le contentieux des infractions non intentionnelles est extrêmement technique, il faut savoir ce que l’on recherche juridiquement pour caractériser une faute avant de se lancer dans une enquête » , réagit Marie-Suzanne Le Quéau, procureure générale d’Aix-en-Provence. « Ce mail rappelle les textes et ne dit rien de nouveau, mais fait passer un message subliminal aux magistrats » , objecte Katia Dubreuil, présidente du Syndicat de la magistrature. Mme Pignon termine son courriel en appelant l’ « attention sur la nécessaire analyse approfondie des situations, c’est-à-dire du contexte très particulier dans lequel ont été prises les décisions, afin de pouvoir caractériser l’existence d’une faute d’imprudence ou de négligence de la part des décideurs » .

    Beaucoup plus directive est la circulaire diffusée le lendemain par la ministre de la justice sur un autre sujet de préoccupation de cette phase de sortie de crise sanitaire, la crainte d’une remontée rapide du nombre de détenus. Nicole Belloubet souhaite que les juridictions s’emparent au plus vite de la nouvelle échelle des peines entrée en vigueur en plein confinement, le 24 mars. La réforme de la justice du 23 mars 2019 prévoyait notamment l’interdiction des peines de prison inférieures à un mois, le principe d’un aménagement pour les peines jusqu’à six mois, et le développement de nouvelles peines autonomes comme le stage, le travail d’intérêt général et la détention à domicile sous bracelet électronique.

    « Il est essentiel que l’augmentation de l’activité juridictionnelle se conjugue avec une politique volontariste de régulation carcérale » , lit-on dans cette circulaire du 20 mai cosignée par Mme Pignon et Stéphane Bredin, le directeur de l’administration pénitentiaire. Le souci d’éviter tout rebond de l’épidémie en prison est évoqué et la baisse historique du nombre de détenus à 58 926 (–13 500 en dix semaines) est mentionnée comme une occasion à saisir.

    Expérimenter et identifier

    Mais le changement de culture que cette réforme impose aux juges correctionnels et aux magistrats du parquet sera progressif. Par exemple, dans le ressort de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, il a été décidé que la nouvelle peine de détention à domicile sous surveillance électronique sera promue par les parquets de Draguignan et d’Aix, tandis que le travail d’intérêt général sera une priorité à Marseille. Ces priorités, fixées en accord avec les services pénitentiaires d’insertion et de probation locaux, devraient permettre d’expérimenter et d’identifier clairement les processus propres à chaque dispositif afin d’en diffuser les bonnes pratiques, mais pas avant 2021.

    Un outil a été développé afin que chaque chef de juridiction ait désormais accès sur l’intranet du ministère aux données quotidiennes sur le nombre des détenus des établissements pénitentiaires de son département. Cet outil donne par exemple, en fonction des durées d’incarcération, le nombre des personnes éligibles aux différents aménagements de fin de peine comme la libération sous contrainte ou la libération conditionnelle.

    Mme Belloubet s’est toujours dite opposée à l’idée d’un numerus clausus qui interdirait de dépasser la capacité d’une prison. En revanche cet « outil de pilotage » devrait faciliter le recours par les juridictions au mandat de dépôt à effet différé qui permet aux services d’exécution des peines de fixer une date ultérieure pour l’incarcération d’une personne condamnée.

    Par ailleurs, pour éviter un effet boule de neige avec le stock de peines de prison dont la mise à exécution a été suspendue pendant le confinement, la chancellerie demande aux parquets de les réexaminer. La circulaire demande notamment de leur appliquer la nouvelle échelle des peines (pas de peine inférieure à un mois et aménagement jusqu’à six mois), même si elles ont été prononcées avant l’entrée en vigueur de la loi. De même, pour éviter l’engorgement des cabinets des juges de l’application des peines et apurer le stock des peines en attente d’aménagement, le ministère plaide pour des conversions de peine et des aménagements, « y compris hors débat contradictoire » . De mémoire de procureurs, rarement la chancellerie avait préconisé des mesures aussi volontaristes.

    Autant que faire se peut, ce que l’on promet aux édiles, on le donne aussi aux employeurs, aux institutions et à l’État central.

    #responsabilité_pénale #prison

  • Droit d’asile : la reprise des audience avec un juge unique critiquée
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/27/droit-d-asile-la-reprise-des-audience-avec-un-juge-unique-critiquee_6040909_

    Emoi à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Au sein de la plus grande juridiction administrative − plus de 66 000 décisions rendues en 2019 −, l’état d’urgence sanitaire engendre un système au rabais, selon plusieurs associations d’avocats et de défense des demandeurs d’asile ainsi que les syndicats des agents de la Cour.Chargée d’examiner les recours des demandeurs d’asile dont la demande de protection a été rejetée en première instance, la CNDA devait reprendre la tenue d’audiences mercredi 27 mai, après plus de deux mois de suspension de son activité en raison de la crise sanitaire. Mais les conditions de cette reprise, prévues par l’ordonnance du gouvernement du 13 mai, sèment le trouble. Elles prévoient que pendant la période d’état d’urgence sanitaire − prorogé jusqu’au 10 juillet −, la CNDA pourra statuer sur tous les dossiers en audience de juge unique. En outre, les possibilités de recourir à la vidéo-audience sont élargies.

    #Covid-19#Migrant#migration#France#demandeur-d'asile#CNDA#santé#état-d'urgence#crise-sanitaire

  • La Cour de cassation dénonce [sic] la prolongation des détentions provisoires sans juge
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/26/la-cour-de-cassation-denonce-la-prolongation-des-detentions-provisoires-sans

    La haute juridiction saisit le Conseil constitutionnel des dispositions en vigueur pendant l’état d’urgence sanitaire et fait en sorte que les détenus concernés ne soient pas tous libérés d’office.

    La décision de la plus haute juridiction du pays était attendue par tous les magistrats des tribunaux et cours d’appel et les avocats qui se sont déchirés depuis deux mois au sujet de la prolongation des détentions provisoires pendant l’état d’urgence sanitaire. Et par la ministre de la justice, Nicole Belloubet, qui a défendu bec et ongles ces dispositions très contestées.

    Par deux arrêts rendus mardi 26 mai, la #Cour_de_cassation juge que l’article 16 de l’ordonnance du 25 mars, prise par le gouvernement dans le cadre de l’habilitation donnée par la loi du 23 mars instaurant l’#état_d’urgence_sanitaire, n’est pas conforme à l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme. Elle transmet, par ailleurs, au Conseil constitutionnel deux questions prioritaires de constitutionnalité (#QPC) sur ces dispositions. Un sérieux revers pour la garde des sceaux.

    Cet article 16 a été écrit dans l’urgence pour éviter que des prévenus soient libérés pour des raisons de procédure, parce que des juridictions auraient été empêchées par le confinement de statuer dans les délais légaux sur leur maintien en détention. Il prévoyait la prolongation de plein droit des délais maximums de détention provisoire pour des durées de deux à six mois selon les cas.

    Manque de clarté

    Le ministère de la justice avait précisé dans une circulaire que cette disposition dérogatoire au droit commun s’appliquait de façon automatique et sans débat devant le juge des libertés et de la détention (#JLD) à tous les titres de détention arrivant à échéance pendant la durée de l’état d’urgence sanitaire.

    Mais les JLD et les chambres de l’instruction des cours d’appel avaient eu des interprétations divergentes de l’ordonnance du 25 mars. Certains ont estimé qu’elle ne privait pas les détenus d’un débat contradictoire devant un juge avant prolongation de son incarcération au cours d’une information judiciaire ou en attendant un procès.
    La Cour de cassation reconnaît que l’article 16 manquait de clarté et « soulevait une difficulté majeure d’interprétation, suscitant des divergences d’analyse par les différentes juridictions » , mais elle tranche aujourd’hui ce débat. « L’article 16 s’interprète comme prolongeant, sans intervention judiciaire, pour les durées qu’il prévoit, tout titre de détention venant à expiration, mais à une seule reprise au cours de chaque procédure » , écrivent les hauts magistrats.
    Néanmoins, la Cour casse les deux arrêts des cours d’appel de Paris et de Grenoble qui lui étaient soumis. L’avocate Claire Waquet avait dénoncé à l’audience du 19 mai « un abandon de pouvoir très grave » , dans le fait que ces juridictions s’étaient réunies… pour décider de ne pas statuer. La juridiction suprême leur rétorque qu’il leur appartenait de statuer sur la nécessité du maintien en détention de ces personnes qui sollicitaient leur mise en liberté.

    Ce n’est pas la fin de la discussion, pour autant. Loin s’en faut ! L’institution du quai de l’Horloge juge que cette disposition telle qu’elle est interprétée pose un problème de conformité à la Constitution. En tout cas, elle décide de transmettre au Conseil constitutionnel les deux QPC sur la loi d’habilitation et sur l’ordonnance, soulevées à l’audience du 19 mai, en les reformulant ainsi : « Une prolongation de plein droit de toute détention sans intervention du juge, est-[elle] contraire à l’article 66 de la Constitution ? » Selon cet article de la Loi fondamentale, « nul ne peut être arbitrairement détenu. L’autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe dans les conditions prévues par la loi. »

    Hélène Farge, l’autre avocate ayant plaidé les pourvois, estime ces arrêts « extrêmement intéressants sur le plan institutionnel dans la mesure où les juges judiciaires réinvestissent pleinement leur terrain de la protection de la liberté individuelle » . Mais elle regrette néanmoins l’interprétation faite de l’article 16. « Dès lors qu’il était flou, la Cour devait l’interpréter de façon conforme à la Constitution plutôt que d’en retenir une lecture différente puis questionner sa constitutionnalité. »

    « Garantie contre l’arbitraire »

    La Cour de cassation va plus loin. Sans attendre la réponse du Conseil constitutionnel, elle prend soin de réaffirmer qu’il résulte de l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme que « lorsque la loi prévoit, au-delà de la durée initiale qu’elle détermine pour chaque titre concerné, la prolongation d’une mesure de détention provisoire, l’intervention du juge judiciaire est nécessaire comme garantie contre l’arbitraire » . La Cour estime ainsi que les dispositions prises par le gouvernement sur les prolongations des détentions provisoires violent les textes, à moins qu’un juge n’examine rapidement la situation des détenus concernés.

    En interprétant la loi, la haute juridiction fait le droit. Elle précise ainsi que les personnes en détention provisoire dans des dossiers criminels devront voir leur situation examinée avant trois mois par un juge des libertés. Un délai ramené à un mois en matière délictuelle. « A défaut d’un tel contrôle exercé selon les modalités et dans le délai précisés ci-dessus, l’intéressé doit être immédiatement remis en liberté » , ajoute la Cour de cassation.

    Ces délais de réexamen ont été introduits par le Parlement dans la loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire du 11 mai. Des dispositions qui permettaient de valider après coup par une clause de revoyure les détentions prolongées sans juge pendant les deux mois du confinement. Mais, là aussi, le juge judiciaire marque son territoire en ne faisant pas de référence rétroactive à cette nouvelle loi. La Cour de cassation énonce ses propres réserves d’interprétation.

    Par cette décision très technique et subtile, la chambre criminelle fait ainsi en sorte que toutes les personnes dont la détention provisoire dans une affaire criminelle a été prolongée sans débat entre le 25 mars et le 11 mai ne soient pas libérées d’office du jour au lendemain. Il suffit qu’un juge statue sur leur cas dans les trois mois.

    En revanche, pour les détentions provisoires dans des affaires correctionnelles, le délai d’un mois est extrêmement court. Un nombre significatif de détenus devraient sans doute bénéficier dans les prochains jours d’une mise en liberté d’office. Le ministère de la justice n’est pas en mesure pour le moment d’estimer le nombre de personnes concernées. Certains juges d’instruction se montraient mardi soir inquiets pour les informations judiciaires en cours.

    #justice #prison #détention_provisoire #principe_du_contradictoire #jurisprudence

  • Bataille sur le montant de la prime promise dans les Ehpad du groupe Korian
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/26/bataille-sur-le-montant-de-la-prime-promise-dans-les-ehpad-du-groupe-korian_

    Alors qu’une grève a été lancée lundi au sein du groupe, la direction promet 1 500 euros à tous ses salariés, mais intègre dans cette somme celle déjà promise par l’Etat.

    Une prime peut en cacher une autre. Lundi 25 mai, jour de l’ouverture du « Ségur de la santé », une grève a été lancée au sein du groupe Korian, à l’appel de la CGT, FO et SUD, pour obtenir le versement d’une prime maison, en plus d’une autre promise par l’Etat, en reconnaissance des efforts des salariés durant la crise sanitaire due au Covid. En réponse au mouvement, la direction du groupe a promis de verser 1 500 euros à l’ensemble de ses 24 000 salariés en juillet. Un montant supérieur de 500 euros à celui promis, le 27 avril, par la directrice générale du groupe, Sophie Boissard.

    Selon les grévistes, cependant, le « compte n’y est pas » encore. Ils demandent que la prime maison s’ajoute intégralement à celle promise par le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, le 7 mai, pas seulement qu’elle la complète. « On ne veut pas seulement des remerciements symboliques, on veut les deux primes » , confie Cynthia Mouyombo qui a manifesté lundi avec une trentaine de salariés devant l’établissement Korian Les Merlettes à Sarcelles (Val-d’Oise).

    M. Véran s’était engagé, début mai, à verser une prime à « tous les personnels de tous les Ehpad de France, quel que soit leur statut » . Le montant promis est de 1 500 euros dans les quarante départements classés en rouge « où l’épidémie aura été la plus forte » . Il n’est en revanche que de 1 000 euros dans ceux classés en vert. Cette prime doit être entièrement financée par l’Assurance-maladie.

    « Pas satisfaits »

    « Nous proposons une prime majorée et élargie à tout le personnel. Mais il n’a jamais été question d’accorder deux primes. On attend le décret du gouvernement pour connaître les conditions exactes de l’octroi de la prime de l’Etat » , explique ainsi la directrice des ressources humaines de #Korian, Nadège Plou. Le mécanisme est toutefois déjà arrêté : Korian abondera la prime pour les salariés qui travaillent dans les zones vertes. En Ehpad, ils pourront obtenir jusqu’à 500 euros de l’entreprise. En clinique, ils pourraient se voir attribuer jusqu’à 1 000 euros, puisque la prime Véran pourrait être de 500 euros seulement, explique Mme Plou.

    « On n’est pas satisfaits du tour de passe-passe , déplore Albert Papadacci, délégué syndical central CGT au sein de l’entreprise. Korian ne va pas verser 1 500 euros aux 24 000 salariés, comme il le prétend. Il va donner à la moitié d’entre eux, ceux qui travaillent dans la zone verte, entre 500 et 1 000 euros. Si la direction avait versé fin avril la prime que nous réclamions depuis le 20 mars, nous aurions pu la cumuler avec celle de Véran. » Selon le syndicaliste, « la direction de Korian a souhaité que le gouvernement prenne un engagement financier pour pouvoir ensuite communiquer sur l’affichage d’une prime égale pour tous en se contentant de compléter le montant ».

    « On veut bien saluer les 1 500 euros promis lundi, mais Korian se rembourse sur la prime Véran » , regrette également Isabelle Jallais, déléguée générale centrale FO et infirmière dans un Ehpad à Fondettes, près de Tours.

    Les trois syndicats ont prévu de maintenir la pression sur la direction, qui promet la poursuite de négociations salariales avec les partenaires sociaux. Korian n’est pas le seul à avoir arrêté ce montage. Autre grand groupe commercial, Orpéa attend la publication du décret du gouvernement pour communiquer sur la prime complémentaire qu’il consentira à ses salariés. L’Etat a provisionné 506 millions d’euros au total pour les primes aux salariés des Ehpad qui seront versées en juillet. Que l’Assurance-maladie soit mise à contribution pour les personnels du privé comme pour ceux du public est une première.

    Des métastases de l’utilisation du chômage partiel au profit des employeurs, comme c’est étrange.

    #argent_public #Ehpad #grève #prime (et pas) #salaire...

  • Coronavirus : après 10 jours de contact tracing, les enquêteurs de l’Assurance-maladie ne voient pas arriver de rebond
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/23/coronavirus-apres-10-jours-de-contact-tracing-les-enqueteurs-de-l-assurance-

    Déployées le 13 mai, les « brigades d’anges gardiens », chargés d’identifier les personnes positives au Covid-19 et leurs contacts, ont eu à traiter bien moins de dossiers que prévu. Le signe que l’épidémie ralentit ou bien que les personnes infectées sont très difficiles à « attraper ».

    Le ministre de la santé les a surnommées les « brigades d’anges gardiens ». Depuis le 13 mai et la publication du décret encadrant ce dispositif, les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) « tracent » toutes les personnes positives au Covid-19 et celles ayant été en contact avec elles. Pour remonter les chaînes de contaminations et ainsi tenter de les casser, 6 500 agents ont été mobilisés sur tout le territoire 7 jours sur 7.

    Le démarrage a été étonnamment calme. Vendredi 22 mai au matin, l’Assurance-maladie comptait 5 500 patients « zéro » et un peu moins de 14 000 personnes contacts dans son fichier national. « Nous sommes bien en dessous de ce qui était anticipé », constate Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance-maladie, en rappelant que 1 800 à 4 000 cas quotidiens étaient attendus. « Il y a deux hypothèses : soit l’épidémie ralentit vraiment, soit les personnes qui présentent des symptômes évocateurs du Covid ne vont pas chez leur médecin et ne se font pas dépister », explique-t-il.

    Dans la Somme, la cellule est composée à ce jour de 50 collaborateurs, déployés sur le site du Centre de prévention et d’examens de santé, à Amiens. L’équipe a été calibrée pour rappeler chaque jour une trentaine de patients « zéro » avec chacun une vingtaine de cas contacts en moyenne. Soit entre 500 et 600 personnes à joindre quotidiennement.

    Dans les faits, sur les plates-formes, les sonneries de téléphone interrompent peu le calme ambiant, le dispositif apparaît aujourd’hui surdimensionné. « On est en dessous de la dizaine de nouveaux cas positifs par jour. On a moins de patients zéro que prévu et surtout beaucoup moins de cas contacts que prévu – en moyenne 2 ou 3 », précise Jean-Charles Gillet, directeur de la CPAM de la Somme. Entre le 13 et le 21 mai, 49 patients zéro ont été traités et 95 cas contacts associés : « Ce n’est pas illogique puisqu’on sort du confinement. Pour le moment, pour l’essentiel, les cas contacts, c’est la cellule familiale. On aura plutôt une vraie tendance dans la semaine qui vient. »

    Le nom du malade n’est communiqué qu’avec son accord

    Tous les « patients zéro » – c’est-à-dire tous ceux dont le diagnostic de Covid-19 a été validé par un test virologique – sont rappelés par les enquêteurs de l’Assurance-maladie. Les généralistes ont au préalable enregistré leur dossier dans un fichier informatique baptisé « Contact Covid », et établi une première liste de contacts familiaux.

    Les équipes de l’Assurance-maladie la complètent avec les contacts amicaux et professionnels avec qui le patient a eu un échange suffisamment long et rapproché depuis quarante-huit heures avant l’apparition des symptômes (ou à compter de 7 jours avant le test s’il est asymptomatique). Autant de personnes qu’il faut ensuite appeler dans les 24 heures pour leur expliquer qu’elles ont peut-être été contaminées, les inviter à se confiner et à se faire tester gratuitement, qu’elles présentent ou non des symptômes.

    Le nom de la personne malade à l’origine du contact n’est communiqué aux cas contacts qu’avec son accord explicite. « Il y a quelques refus, mais c’est marginal. Les patients zéro nous appellent de façon très constructive. Et les cas contacts sont en général déjà plus ou moins au courant de l’identité de la personne contaminée », assure Eric Lachat, copilote du dispositif à la CPAM de la Somme.

    Lors des entretiens téléphoniques, les « enquêteurs » suivent un « script » destiné à faciliter la prise de contact. Outre les recommandations sanitaires – les personnes contacts peuvent aller retirer gratuitement des masques chirurgicaux en pharmacie –, « on s’assure que l’isolement est possible en toute sécurité, qu’ils n’ont pas besoin d’une tierce personne pour les courses. Si ça n’est pas le cas, on peut les orienter vers notre service social. Et s’ils veulent parler à un médecin ou ont besoin d’un arrêt de travail, on leur passe notre service médical, c’est traité dans la journée », précise Marie Prevost, conseillère à la CPAM de la Somme.

    Au 19 mai, 46 « clusters » détectés

    Depuis le début du déconfinement, environ 50 000 tests sont réalisés chaque jour, soit moitié moins que ce qui avait été annoncé par le ministère de la santé. Tous les résultats sont consignés dans un second fichier baptisé Sidep – pour « service intégré de dépistage et de prévention » –, où sont consignés les résultats des tests et analysés par les Agences régionales de santé (ARS). Au 19 mai, elles avaient détecté 46 « clusters », soit des chaînes de contamination de trois personnes ou plus, hors de la cellule familiale, en majorité liées à la fréquentation d’un lieu collectif.

    Tous les jours, le service médical de l’Assurance-maladie regarde dans Sidep, département par département, si les personnes dont le test est positif ont bien une fiche correspondante dans Contact Covid, signe que la « boucle est bouclée ». Si aucune fiche n’a été créée, le médecin qui a prescrit le test, ou le patient lui-même sont rappelés. « Cela nous permet de sécuriser le contact tracing », souligne Nicolas Revel.

    Pour les personnes qui n’auraient pas de médecin traitant, un numéro sera mis en service la semaine prochaine pour les mettre en relation avec un généraliste près de chez eux. « Mais la vraie difficulté est de faire comprendre aux gens que même un vague symptôme doit être un signal d’alerte », insiste-t-il.

    Hôtel réquisitionné

    En Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus touchés par l’épidémie de Covid-19, les modélisations prévoyaient entre 90 et 130 nouveaux cas au 11 mai. Le bilan est bien inférieur avec seulement 800 enquêtes réalisées depuis la mise en place du contact tracing. Les enquêtes téléphoniques sont depuis jeudi complétées par une approche de terrain : une équipe s’est rendue dans le quartier du Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois pour proposer à tous ceux qui auraient « un doute » une consultation avec un médecin et un dépistage. « Cinquante-cinq tests ont été réalisés pour cette première journée », se félicite Aurélie Combas-Richard, directrice de la CPAM du 93, en précisant que ce dispositif piloté par l’ARS serait étendu à d’autres communes de Seine-Saint-Denis.

    L’accent a aussi été mis sur l’accompagnement des personnes qui ne seraient pas en mesure de s’isoler à leur domicile. « Nous avons eu le cas d’un malade qui dormait dans sa voiture afin de ne pas contaminer sa famille, relate Aurélie Combas-Richard. Nous avons transféré son appel à la cellule isolement de la préfecture afin qu’une solution d’hébergement lui soit proposée. » L’hôtel B & B de la Courneuve, qui compte 100 chambres, a ainsi été réquisitionné pour accueillir les malades ou leur famille pendant la période de quarantaine.

    Lors de l’annonce du dispositif, certains généralistes avaient émis des réserves, craignant une violation du secret médical alors que le Covid-19 n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, comme par exemple la tuberculose ou la rougeole. La semaine précédant sa mise en œuvre, la CPAM de la Somme a appelé un par un tous ceux du département pour les rassurer sur ce point et le leur détailler les contours.

    « Certains au début étaient plutôt réfractaires, mais en prenant le temps d’expliquer, ils se sont rendu compte que la démarche était bénéfique pour tout le monde, témoigne Karine Claisse, déléguée de l’Assurance-maladie à Amiens. On peut aussi rassurer les patients car on n’a aucune donnée médicale à notre niveau, on doit juste savoir s’il a effectué le test et si oui, s’il est positif ou négatif. Même si on vient tous d’horizons différents, on est soumis au secret professionnel et médical déjà à la base. »

  • Coronavirus : les étranges fluctuations du nombre de morts en Ehpad
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/22/coronavirus-les-etranges-fluctuations-du-nombre-de-morts-en-ehpad_6040423_32

    Entre le 17 et le 19 mai, le bilan de la direction générale de la santé pour les Ehpad a fortement augmenté, puis diminué de 342 décès. En cause, une mauvaise case dans un formulaire.

    Léger froncement de sourcils, dimanche 17 mai, à la lecture du bilan quotidien de la direction générale de la santé (DGS). En vingt-quatre heures, apprenait-on ce jour-là, 483 décès liés au Covid-19 étaient venus gonfler le funèbre total de l’épidémie pour le porter à 28 108. Voilà un mois que l’on n’avait pas déploré si lourd bilan journalier.
    Sur ces 483 décès supplémentaires, 429 avaient été enregistrés dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad). La redoutée deuxième vague était-elle en train d’arriver, frappant de plein fouet nos aînés ? Nouveau froncement de sourcils deux jours plus tard : mardi 19 mai, le nombre de morts en Ehpad passait de 10 650 à 10 308. Soit 342 « résurrections » en vingt-quatre heures.

    « Il s’agit certainement d’un ajustement des données précédemment fournies par les établissements », suppose la DGS, qui renvoie vers Santé publique France (SPF), puisque c’est SPF qui reçoit, avant de les transmettre à la DGS, les données des Ehpad du pays, lesquels signalent chaque jour avec un formulaire en ligne les décès liés au Covid-19 survenus chez eux.

    « Le − 342 de mardi est lié au + 429 du dimanche précédent, ces fluctuations sont dues à une erreur de saisie de la part d’un groupe d’Ehpad en Ile-de-France », explique-t-on à SPF, qui renvoie à son tour vers l’agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARS-IDF), puisque cette dernière, cas unique, possède son propre système de suivi des décès en Ehpad et transmet à SPF les données qu’elle reçoit des 702 établissements franciliens.

    Le mauvais champ du formulaire
    Il arrive parfois qu’un établissement se trompe, ajoute involontairement un zéro ou renseigne le mauvais champ du formulaire. « Un très gros groupe d’Ehpad nous a annoncé beaucoup trop de morts dimanche », confirme l’ARS-IDF. Le plus gros, en l’occurrence, Korian, chez qui six personnes sont mobilisées pour centraliser les données de quelque 300 établissements et les envoyer à SPF (pour le national) ou à l’ARS-IDF (pour l’Ile-de-France).
    Samedi 16 mai, le préposé au formulaire a entré le même nombre (425) dans deux cases différentes du portail de l’ARS-IDF. Une première fois dans la case qui correspond au nombre de salariés présentant les symptômes du Covid-19 dans les établissements Korian d’Ile-de-France depuis le début de l’épidémie – ils sont bien 425. Une seconde fois, par erreur, dans la case « décès à domicile » qu’il n’y avait pas lieu de remplir. Il a bien été indiqué, dans la case adéquate, que deux décès supplémentaires, et non 425, étaient à déplorer en vingt-quatre heures. C’est le mauvais nombre, […]

    #paywall

    et donc, parce que c’est automatisé, il n’y aurait pas de contrôle de validité ou de cohérence ? À quoi servent les bean counters de l’ARS ?

  • L’inquiétante montée des loyers impayés en France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/22/impayes-de-loyers-les-difficiles-arbitrages-du-gouvernement_6040376_3224.htm

    La France n’a pas créé de fonds d’urgence pendant la crise sanitaire, ni instauré de moratoire sur les loyers, comme certains voisins.

    Les signaux d’alerte sur les difficultés de paiement des loyers d’habitation, dans le secteur privé comme dans le social, se multiplient. La ligne de téléphone « SOS Loyers impayés » des agences départementales d’information sur le logement a, en avril, reçu près de 4 000 appels – soit deux fois plus qu’en janvier – et 63 % d’entre eux concernaient la situation économique des locataires. En Seine-Saint-Denis, par exemple, deux tiers des appelants étaient des locataires du parc privé.

    A la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), dont les adhérents gèrent 1,4 million de logements locatifs dans la France entière, l’inquiétude monte dans un quart des départements. Mais quatre sont plus touchés que les autres : les Bouches-du-Rhône, singulièrement Marseille, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et le Nord. Les incidents de paiement y dépassent 10 % et vont jusqu’à 20 % ou 25 % des loyers appelés. « Je ne parlerais pas d’impayés, plutôt de retards même si certains signes laissent craindre plus grave », analyse Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim.

    Dans le seul secteur social, le taux d’impayés est passé de 4 %, en temps ordinaire, à 4,8 % en avril, selon Marianne Louis, secrétaire générale de l’Union sociale pour l’habitat, qui regroupe les 600 organismes HLM à la tête de 4,5 millions de logements. « Et ce sont tout de même 200 millions d’euros de moins dans nos caisses, déplore-t-elle. Nous pouvons gérer la situation avec des mesures internes de report, de lissage, mais si cela devient structurel, durable, nous ne savons pas y remédier et l’Etat devra nous aider, par exemple en revalorisant les Aides personnalisées au logement [APL], sous-indexées ces dernières années. »

    Chômage de longue durée

    La Fédération des associations et des acteurs pour la promotion et l’insertion par le logement (Fapil), qui accueille et accompagne, dans le parc privé, en pension ou en foyer, 35 000 ménages en difficulté a, elle, constaté que sur un échantillon de près de 8 000 logements, les incidents de paiement augmentaient, en avril, de près de 49 % par rapport au mois précédent. « Nous avons été étonnés de cette hausse spectaculaire dans la mesure où la moitié de nos locataires sont aux minima sociaux et nous pensions qu’ils ne subiraient pas de baisse de ressources, explique Sébastien Cuny, délégué général de la Fapil. Mais la hausse de leurs dépenses, la perte des petits boulots, l’absence de pourboires, expliquent cette aggravation », détaille M. Cuny.
    Tous les bailleurs redoutent, en juin ou juillet, un basculement vers le chômage de longue durée d’une bonne part des 8 millions de salariés actuellement en chômage partiel et que, parmi les 3 millions de travailleurs indépendants, beaucoup ne retrouvent pas un niveau d’activité et de ressources suffisant, sans oublier le sort des 256 000 intermittents du spectacle. Les enjeux économiques sont de taille puisque les locataires de France, tous secteurs confondus, versent 60 milliards d’euros de loyers et qu’un taux d’impayés qui passerait de 2 % à 4 % signifierait 1,2 milliard d’euros de recette annuelle en moins pour les bailleurs.

    Le gouvernement ne veut pas, pour le moment, envisager de moratoire sur les loyers comme certains voisins européens le pratiquent. A Lisbonne, par exemple, 24 000 ménages ont vu leurs loyers d’avril à juin suspendus, et un délai accordé jusqu’au 1er janvier 2022 pour les rembourser sans frais ni pénalité. En Allemagne, les propriétaires ne peuvent pas lancer de procédure d’expulsion à l’encontre d’un locataire qui n’aurait pas honoré sa quittance entre le 1er avril et le 30 juin et qui bénéficie d’un délai de deux ans, jusqu’au 30 juin 2022, pour la rembourser.

    Pour le moment, la seule mesure mise en œuvre par le gouvernement français est la prolongation de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet, qui suspend donc l’exécution des expulsions déjà ordonnées par la justice mais n’empêche pas les bailleurs de réclamer leurs loyers et de lancer des procédures qui pourraient aboutir à des vagues d’expulsions futures.

    Crainte d’un « effet d’aubaine massif »

    « Il faut absolument créer un fonds national d’aide à la quittance », réclament, en chœur, Sébastien Cuny et Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre qui observe que « pour 2,7 millions de ménages, le loyer pèse plus de 35 % de leurs revenus, leur laissant, pour vivre, moins de 650 euros par mois et par unité de consommation ».

    Julien Denormandie, ministre du logement, a suggéré que les locataires à la recherche d’une aide frappent à la porte des Fonds de solidarité logement (FSL), dans chaque département ou dans les grandes intercommunalités, globalement dotés de 350 millions d’euros et qui subissent, depuis 2015, une baisse constante de la contribution de l’Etat. « Les FSL sont d’ores et déjà sous-dotés, difficiles à mobiliser, hétérogènes d’un département à l’autre et pas du tout dimensionnés à une hausse des impayés, constate M. Domergue. Pour éviter la spirale de l’endettement et de l’expulsion, pourquoi ne pas attribuer des aides individualisées durant quelques mois ? », suggère-t-il.

    Pour trouver les 200 à 500 millions d’euros nécessaires, les idées ne manquent pas, comme solliciter Action Logement (le 1 % logement des entreprises) qui pourrait, par exemple, débloquer une aide d’environ 150 euros par ménage et par mois, pendant trois mois, ou accorder des prêts à hauteur de 3 000 euros pour traiter les cas les plus urgents… Mais, jusqu’ici, Bercy et Matignon s’y refusent, craignant « un effet d’aubaine massif ». Autre idée : mobiliser les dépôts de garantie des locataires, soit 4 milliards d’euros dans le secteur privé, 1,7 milliard d’euros dans le public, et les regrouper dans un fonds éventuellement géré par la Caisse des dépôts et consignations.
    A plus long terme et selon une suggestion du député du Val-d’Oise (Ecologie Démocratie Solidarité, ex-La République en marche), Aurélien Taché, pourrait être rendue obligatoire une assurance de loyers impayés.

    #logement #loyers

  • « On nous a dit qu’il n’y avait plus de frontières en Europe, mais on nous a trompés »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/20/on-nous-a-dit-qu-il-n-y-avait-plus-de-frontieres-en-europe-mais-on-nous-a-tr

    Un Espagnol revient d’une consultation chez le dentiste, en France. Derrière lui, un peintre en bâtiment − qui travaille depuis six ans sur des chantiers dans les Pyrénées-Atlantiques − rentre chez lui. Passe aussi Maria, en scooter. La jeune fille est scolarisée dans un lycée privé de Saint-Jean-de-Luz. « Mon père est français et vit à Hendaye, dit-elle. Mais ma mère, espagnole, vit à Irun. » Sofia, 28 ans et enceinte de sept mois, vit à Hendaye mais sa grossesse est suivie de l’autre côté. S’avancent encore Sara et Anthony, à bord de leur camionnette. Le couple habite un village de Navarre. Lui est français, elle est espagnole mais travaille dans un Ehpad à Saint-Jean-de-Luz.

    #Covid-19#migrant#migration#travailleurs-frontaliers#résidents#crise-sanitaire#confinement#santé#circulation#bassin-de-vie

  • Le Conseil d’Etat impose la levée de l’interdiction totale des célébrations religieuses dans les lieux de culte (Le Monde.fr)
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/17251-le-conseil-d-etat-impose-la-levee-de-l-interdiction-totale-des-cele

    La juridiction administrative a jugé qu’elle était « disproportionnée » en période de déconfinement et réclame « des mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires ».

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/19/le-conseil-d-etat-impose-la-levee-de-l-interdiction-totale-des-celebrations-

    Information complémentaire :

    Crashdebug.fr : Une messe célébrée en « drive in » à Châlons-en-Champagne, une première en France (Le Figaro.fr)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • « Derrière la fracture numérique pour les étudiants, ce n’est rien d’autre que la ségrégation sociale »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/18/derriere-la-fracture-numerique-pour-les-etudiants-ce-n-est-rien-d-autre-que-

    C’est avant tout la démonstration de l’efficacité incroyable du service public. A l’hôpital, bien sûr, mais aussi à l’université, qui ne s’est jamais arrêtée. Le fait d’être un opérateur public nous a permis de jouer notre rôle. On voit à quel point cela est précieux en entendant nos collègues britanniques qui demandent une aide de l’Etat de plusieurs milliards d’euros, sous peine de ne pouvoir rouvrir leurs portes.