Erreur 404

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  • Coronavirus : près de 500 000 emplois supprimés en France au premier trimestre
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/11/coronavirus-pres-de-500-000-emplois-supprimes-en-france-au-premier-trimestre

    Fin mars, l’emploi salarié a atteint « son plus bas niveau depuis 2017 », selon l’Insee. Cette baisse est due à la chute historique de l’emploi intérimaire (− 40,4 %) sous l’effet du confinement.

    Le premier trimestre 2020 a vu la suppression de 497 400 emplois dans le secteur privé, soit une baisse de 2,5 %, provoquée par un effondrement de 40 % de l’intérim sous l’effet du confinement, selon l’estimation définitive de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), publiée jeudi 11 juin.
    En un an, le recul est de 1,6 % (− 317 200 emplois). A la fin de mars, l’emploi salarié a retrouvé « son plus bas niveau depuis le quatrième trimestre 2017 », selon l’Insee. Cette estimation est encore plus mauvaise que celle provisoire publiée le 7 mai qui avait fait état de 453 800 emplois détruits sur le trimestre. Si l’on ajoute le recul de la fonction publique, qui perd 4 900 emplois (− 0,1 %), l’emploi salarié a reculé au total de 502 400 unités pendant le trimestre.

    Cette baisse est due au recul historique de l’emploi intérimaire (− 40,4 %, soit − 318 100 intérimaires, après − 2 900 au trimestre précédent). Par comparaison, lors de la crise économique de 2008-2009, l’emploi intérimaire avait baissé de 13,9 % au quatrième trimestre 2008 puis de 13 % au premier trimestre 2009.

    [...] La baisse concerne tous les secteurs, mais elle est plus forte dans la construction (− 60,5 %) et l’industrie (− 40,7 %) que dans le tertiaire (− 31 %). Hors intérim, les services marchands se replient tout de même fortement : − 1,3 % soit − 150 300 emplois.

    [...] Mercredi, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a dit s’attendre à ce que la crise économique entraîne la suppression de « 800 000 emplois » , soit « 2,8 % de l’emploi total » .

    #emploi #crise #crise_sociale #chômage #chômeurs #intérim #intérimaires #licenciements

  • Amazon suspend l’utilisation de sa reconnaissance faciale par la police pendant un an
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/11/amazon-suspend-l-utilisation-de-sa-reconnaissance-faciale-par-la-police-pend


    Un manifestant porte un masque dénonçant la reconnaissance faciale, à Londres, le 16 mai.
    KIRSTY WIGGLESWORTH / AP

    La société basée à Seattle n’a pas dit pourquoi, mais les manifestations après la mort de George Floyd ont attiré l’attention sur l’injustice raciale aux Etats-Unis et sur la façon dont la police utilise la technologie pour suivre les personnes.

    Amazon a annoncé, mercredi 10 juin, interdire pendant un an à la police d’utiliser son logiciel de reconnaissance faciale Rekognition, dans un contexte de manifestations contre les violences policières et le racisme aux Etats-Unis depuis deux semaines.

    « Nous prônons des régulations plus strictes des gouvernements sur le recours éthique aux technologies de reconnaissance faciale, et le Congrès semble prêt à relever le défi », a indiqué le géant du commerce en ligne dans un communiqué.

    Risque de cibler les minorités
    L’annonce d’Amazon intervient un jour après qu’IBM a annoncé se retirer du secteur de la reconnaissance faciale – cette entreprise étant préoccupée par la façon dont la technologie peut être utilisée pour la surveillance de masse et le profilage racial.

  • Les liaisons aériennes avec l’outre-mer bientôt rétablies
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/10/les-liaisons-aeriennes-avec-l-outre-mer-bientot-retablies_6042368_3234.html

    Pour tous les territoires concernés, les passagers sont invités à réaliser, dans les soixante-douze heures précédant le vol, un test RT-PCR de détection du virus. Ils doivent s’adresser à leur médecin, qui leur prescrira le test – remboursé par la Sécurité sociale – sur présentation de leur billet ou d’une réservation. A l’arrivée, les passagers présentant un test négatif bénéficieront d’une procédure accélérée de traitement à l’aéroport et effectueront sept jours de quarantaine, au lieu de deux semaines, suivis d’un nouveau test RT-PCR. Pour les personnes n’ayant pas effectué de test préalable, les mesures actuellement en cours restent applicables. « Un bilan de cette expérimentation sera réalisé avant le 22 juin, indique Mme Girardin. Nous sommes dans une logique de vigilance responsable. Le premier ministre a dit que les Français pourraient aller dans les territoires ultramarins cet été. C’est ce à quoi nous nous préparons. » L’enjeu est considérable. Durant les vacances d’été, les déplacements de métropole vers les départements d’outre-mer sont majoritairement composés d’affinitaires, qui souhaitent pouvoir retrouver leur famille.

    #Covid-19#migrant#migration#france#territoireultramarin#sante#testTRPCR#quarataine#migrationinterne

  • « Cela fait deux mois que notre employeur ne nous paye pas » : dans le Golfe, le cauchemar des ouvriers d’Altrad
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/05/dans-le-golfe-le-cauchemar-des-ouvriers-d-altrad_6041858_3234.html

    L’employeur de ces ouvriers en colère est l’entreprise AMB-Hertel, une filiale émiratie de la multinationale française Altrad, champion de l’échafaudage, sis à Montpellier. Le groupe, qui compte 15 000 employés dans le Golfe, est dirigé par son fondateur, Mohed Altrad, 31e fortune française, candidat à la mairie de Montpellier, qui vient d’obtenir, pour le second tour (le 28 juin), le soutien d’écologistes et de militants de gauche locaux.

    Un grand bravo donc aux deux candidates soutenues par les Insoumis de Montpellier, qui viennent de s’allier avec le « champion de l’échafaudage ».

  • Levées de fonds record pour les start-up de la santé numérique
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/05/levees-de-fonds-record-pour-les-start-up-de-la-sante-numerique_6041865_3234.

    Entre janvier et mars 2020, les « healthtech » ont levé, dans le monde, un total de 8,2 milliards de dollars, en hausse de 76 % par rapport au premier trimestre 2019, selon Preqin.

    Si la pandémie de Covid-19 a rendu les acteurs du capital-investissement plus frileux, certaines jeunes pousses de la santé semblent presque étonnées quand on leur demande si elles ont peiné à lever des fonds dans cette période. « Cela a été très vite » , assure Thomas Clozel, le cofondateur d’Owkin, qui a annoncé, le 7 mai, avoir réuni 25 millions de dollars (22,2 millions d’euros), auprès de Bpifrance, de Cathay Innovation et de la Mutuelle d’assurances du corps de santé français.

    « On a signé à distance. C’était même plus simple » , déclare Jean-Charles Samuelian, PDG d’Alan, qui a collecté, le 19 avril, 50 millions d’euros auprès du singapourien Temasek, notamment : « Depuis, nous sommes contactés régulièrement par des investisseurs qui nous proposent de nous soutenir. »

    Point commun de ces deux pépites du numérique ? Elles sont montées au front dans la lutte contre le Covid-19. « La pandémie a confirmé la valeur de notre technologie, qui facilite la recherche collaborative, en analysant les données des hôpitaux sans se les approprier » , explique M. Clozel. Quant à Alan, une plate-forme d’accès aux soins centrée sur une assurance santé en ligne, elle a ajouté, « en quelques jours, des fonctionnalités – dont un vérificateur de symptômes – qui ont été très utilisés par [leurs] membres » , précise M. Samuelian.

    « Le Covid-19 donne un vrai coup d’accélérateur »

    « Certains secteurs peinent à collecter des capitaux depuis le début de la pandémie, mais ce n’est pas le cas en santé numérique , confirme Anne-Charlotte Rivière, associée du cabinet d’avocats Dechert. En ce moment, je travaille sur trois levées de fonds dans ce domaine, de 50 millions d’euros chacune. C’est une taille qui, il y a quatre ans encore, aurait été considérée comme exceptionnelle. »

    Entre janvier et mars 2020, les « healthtech » – ces jeunes pousses qui vont de la télémédecine aux applications pour diabétiques en passant par les logiciels de gestion du personnel pour les hôpitaux – ont levé, dans le monde, un total de 8,2 milliards de dollars, en hausse de 76 % par rapport au premier trimestre 2019, selon le fournisseur de données Preqin. « Le montant le plus élevé jamais atteint sur un trimestre. » « Les fonds spécialisés sur la tech se méfiaient du secteur de la santé, car il s’agit d’une activité très réglementée, loin de leurs réseaux habituels, avec la nécessité de conserver longtemps leur investissement. Mais ils veulent tous y investir désormais » , analyse Alain Decombe, qui dirige le bureau de Paris de Dechert.

    L’intérêt pour ce segment de la santé – dont le champion français est Doctolib – « n’est pas récent, mais le Covid-19 donne un vrai coup d’accélérateur. Les relations entre le patient et son médecin, entre le praticien et le monde de la santé sont en train de changer » , souligne Antoine Papiernik, président de la société de gestion Sofinnova Partners. « La pandémie a permis de convaincre des patients et des professionnels de santé. En trois mois, on a fait plus de progrès qu’en trois ans », abonde Valéry Huot, responsable du capital innovation chez LBO France.

    « Un des domaines les moins numérisés »

    Des consultations de dermatologues par visioconférences à la télésurveillance des malades du cancer, certaines habitudes prises ces deux derniers mois ne se perdront pas. « Le désengorgement des hôpitaux passera par un suivi des malades à domicile, s’appuyant sur une analyse des données permettant une médecine préventive » , plaide Yann Fleureau, cofondateur de CardioLogs, qui améliore le diagnostic cardiaque grâce à l’intelligence artificielle et au « big data ». En mai, la jeune pousse a lancé une étude sur la surveillance cardiovasculaire des malades du Covid-19 en lien avec une montre connectée. « Cela nous a valu des marques d’intérêt de plusieurs fonds d’investissement » , ajoute son promoteur.

    Que ce soient la recherche, les essais cliniques, l’anatomopathologie ou l’administration des hôpitaux, le champ des améliorations possibles apparaît immense. « Malgré tous les progrès médicaux, la santé reste un des domaines les moins numérisés. Mais, comme le patient n’est pas habitué à débourser de l’argent pour se faire soigner, cela complique l’équation économique. Les start-up doivent trouver un produit ou un service pour lequel les médecins, les assureurs ou des laboratoires pharmaceutiques sont prêts à payer » , prévient M. Huot.

    La promesse d’un « plan massif d’investissement » dans le cadre du Ségur de la santé lancé par le gouvernement suscite beaucoup d’espoir. « La pandémie a permis d’accélérer l’adoption de bon nombre d’innovations en santé quand tous les acteurs de la chaîne se sont mobilisés au-delà de leurs intérêts particuliers, espérons que cette tendance soit durable » , conclut M. Fleureau.

    #économie #santé #healthtech #données_de_santé

  • Compétitivité, retraites, Etat : Emmanuel Macron choisit le risque , Cécile Cornudet, Les Echos
    https://www.lesechos.fr/politique-societe/emmanuel-macron-president/exclusif-competitivite-retraites-etat-emmanuel-macron-choisit-le-risque-120

    La crise sanitaire s’éloignant, le chef de l’Etat prépare une nouvelle étape pour le pays, qu’il présentera début juillet. Il n’y aura pas de tournant social, commence-t-il à diffuser.

    La première pierre de l’édifice est à peine posée. Emmanuel Macron veut consulter, associer, et trouver grâce aux présidents des Assemblées deux ou trois mesures qui feront consensus dans le pays. Il veut prendre le temps de réfléchir avant de dévoiler, début juillet, les contours d’une nouvelle étape pour le pays et la définition d’un nouvel « en même temps », entre « reconstruction » et « vivre ensemble ».

    Mais une chose est sûre : il veut prendre des risques, du moins sur le volet « reconstruction ». S’exposer et oser, puisque tel est sa marque de fabrique.  » Je ne suis pas du genre à regarder la Seine », dit-il souvent. Et tant pis s’il y a un vrai « paradoxe à prendre plus de risques encore pour parachever ce qui a été fait », alors que les crises se sont enchaînées et que ses marges de manoeuvre se sont réduites.

    De virage social, il ne saurait être question (ce n’est pas à la hauteur, estime-t-il), de reprendre le fil du quinquennat comme si rien ne s’était passé non plus (le confinement et le choc économique ont créé des traumatismes). Emmanuel Macron veut bâtir du nouveau sur ce qui a été fait, sans renier ses réformes, y compris celle des retraites qu’il voudrait reprendre en partie, et sans renoncer à ses priorités économiques que sont l’amélioration de la compétitivité et la politique de l’offre.

    La France a tenu le choc dans la crise du Covid parce qu’elle était forte d’avoir maintenu le cap après les « gilets jaunes », analyse-t-il. Les Français ont mesuré leur attachement à l’indépendance du pays sur les secteurs stratégiques. Or ce n’est pas une réorientation de la mondialisation qui permettrait au pays d’être souverain, défend-il, mais sa puissance. Souveraineté et compétitivité sont dans son esprit intimement liés.

    Priorité à l’emploi, soutien aux entreprises et baisses d’impôts plus que hausse générale des salaires, poursuite de la modernisation du pays : le chef de l’Etat repense sa méthode (« Une réforme n’a pas besoin d’être brutale » ), mais pas son orientation. Sa « réinvention » prend la forme d’une accélération, comme après les « gilets jaunes ». [#réforme_des_retraites, ndc]

    Le mandat dans le mandat

    De l’observation attentive du pays pendant la crise, il retient notamment deux choses : la résilience des Français, mais aussi la défiance qui les anime. Paris contre province, peuple contre élites, et même élus contre Etat puisque les partis traditionnels ont fait cette « faute lourde » , analyse-t-il, de confondre combat politique et remise en cause de « l’Etat qui fait Nation ». Les fractures sont multiples et pour les contrer, il commence à voir le chemin : il faut que les citoyens adhèrent aux décisions, « faire circuler les énergies » [Qi gong, CAC 40 et cocaïne, ndc] et rééquilibrer les pouvoirs.

    A deux ans de l’élection présidentielle, il serait ainsi prêt à rouvrir le chantier éruptif de la réforme de l’Etat. [...]

    #politique_de_l'offre #réforme_de_l'État

    • Gouverner c’est prévoir

      L’Elysée revoit tous ses procédures de sécurité en perspective d’un automne marqué par des manifestations, en particulier des Gilets jaunes, a-t-on appris auprès d’une source militaire. « Le confinement avait permis de commencer cet review des procédures ».

      Un salarié du Figaro
      https://twitter.com/Malbrunot/status/1269191757029310465

      Je sais pas quel gendarme de la sécu du Palais s’est épanché au comptoir, mais ressortir là les Gilets jaunes (et pas les Sans culottes ?) quand tout le « social » est à risque, c’est tout au plus donner un exemple pour motiver la sécu du Palais, mi-dire que que ce qui inquiète leur chef relève de compositions éventuelles aussi logiques et imprévisibles que le furent les GJ.

      Casse-tête : ne pas surligner la fragilité, façon bunkérisation élyséenne de l’automne hiver 2018/2019 ; ne pas redoubler la coupure (pas mur de grilles de 3 kms comme Trump en a fait ériger un autour de la Maison Blanche) ; faire classique en abandonnant la position (la sortie dérobée ou souterraine, à la Retailleau) est coûteux et à n’utiliser qu’en derrière extrémité ; ne pas se réfugier à Versailles ou Baden Baden.
      Un casse-tête qui demande pas mal de « procédures à roder » et que l’emploi sur la zone des gaz incapacitants (blindés de la gendarmerie) peut contribuer à résoudre.

    • Le nombre de retraités ne baisse pas assez : Retraites : un déficit de près de 30 milliards d’euros attendu en 2020
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/12/retraites-un-deficit-de-pres-de-30-milliards-d-euros-attendu-en-2020_6042590

      Une « estimation provisoire » du Conseil d’orientation des retraites anticipe une aggravation du déficit, déjà actuellement de 25,2 milliards d’euros. Par Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières

      Les comptes du système de retraite sont sévèrement affectés par la crise liée au Covid-19. En 2020, ils pourraient afficher un déficit de 29,4 milliards d’euros, soit 1,5 % du produit intérieur brut (PIB), selon des données diffusées, jeudi 11 juin, par le Conseil d’orientation des retraites (#COR).

      Il s’agit d’une « estimation provisoire » , susceptible d’être revue ultérieurement, car elle repose sur des hypothèses incertaines. Mais ce chiffrage s’avère, quoi qu’il en soit, plus élevé que les précédentes projections réalisées en novembre 2019 : celles-ci tablaient alors sur un solde négatif de 4,2 milliards pour 2020. En sept mois, les différents régimes de pension, pris dans leur globalité, auraient donc vu leurs perspectives financières se dégrader de 25,2 milliards d’euros.

      Pour éloquentes qu’elles soient, ces données n’ont rien d’étonnant, car elles convergent avec les tendances relevées dans d’autres champs de notre Etat-providence – l’assurance-chômage, par exemple. Il y a toutefois une singularité, s’agissant des caisses de retraite : les dépenses n’augmentent pas, contrairement au dispositif d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Elles sont même très légèrement orientées à la baisse (environ – 500 millions d’euros, par rapport aux calculs effectués en novembre 2019). Une évolution imputable à l’ « excès de mortalité » que l’on observe surtout chez les personnes de plus de 65 ans : l’épidémie pourrait, in fine , se traduire par une baisse de 0,15 % du nombre de retraités, avec, comme corollaire, l’arrêt des pensions octroyées aux individus décédés, et donc des dépenses en moins.

      C’est sur les recettes que l’incidence de la récession est la plus marquée. Comme le rappelle le COR, des « pans entiers de l’économie » ont été mis à l’arrêt, durant la période de confinement, et plusieurs centaines de milliers de personnes, très majoritairement en CDD et en intérim, dans un premier temps, ont perdu leur emploi. Une flambée du chômage qui risque de se poursuivre durant les mois à venir. La « masse des rémunérations totales » versées en 2020 pourrait, par voie de conséquence, baisser de 8,5 % : or, c’est principalement sur elle que sont assises les ressources du système de retraite. Cette contraction des rentrées d’argent est accentuée par les reports et les exonérations de cotisations aux entreprises, afin de soulager leur trésorerie.

      Progression de la pension moyenne nette

      Sans surprise, l’impact de la crise est très puissant pour les régimes du secteur privé : leurs recettes vont s’affaisser en raison de l’attrition du volume des salaires versés. Le trou dans la caisse en 2020 pourrait atteindre 27,2 milliards d’euros, soit presque 11,5 fois plus que dans les projections présentées en novembre 2019 par le COR. En revanche, les comptes des régimes spéciaux (RATP, SNCF…) et ceux de la fonction publique ne devraient quasiment pas être touchés par la crise.

      Enfin, les retraités semblent relativement épargnés par les turbulences actuelles, puisque la « pension moyenne nette » progresserait de 1,2 % entre 2019 et 2020 ; à l’inverse, la masse des rémunérations allouées aux personnes en activité fléchirait (– 5,3 %). Du coup, le niveau de vie des retraités, déjà supérieur « à celui de l’ensemble de la population » , s’élèverait encore, passant de 105 % à 110 % en 2020. Le prochain rapport annuel du COR, initialement prévu pour juin, sera peut-être publié en novembre, « si la situation le permet » – c’est-à-dire à condition qu’il y ait moins d’inconnues sur le contexte sanitaire et économique.

      #retraites #retraités #vieux

  • La Chine veut imposer un bonus-malus sanitaire aux compagnies aériennes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/05/la-chine-veut-imposer-un-bonus-malus-sanitaire-aux-compagnies-aeriennes_6041

    Selon l’Administration chinoise de l’aviation civile, environ 25 000 personnes entraient, chaque jour, en Chine, par voie aérienne avant la crise. Ce nombre, actuellement ramené à environ 3 000, pourrait être porté à 4 700 personnes par jour. Mais les conditions sont draconiennes. Chaque compagnie n’aura droit qu’à une liaison hebdomadaire. « Toutes vont demander Shanghaï », pronostique un diplomate. Surtout, la Chine introduit un système de bonus-malus par compagnie. Si aucun passager n’est testé positif au Covid-19 durant trois semaines d’affilée, la compagnie va être autorisée à effectuer une seconde liaison hebdomadaire. En revanche, si cinq cas positifs sont décelés, la compagnie est suspendue pendant une semaine. Une suspension portée à quatre semaines si dix passagers sont décelés positifs.Autre précision importante : depuis la fin de mars, la Chine n’autorise plus les étrangers à entrer sur son territoire, à l’exception des diplomates et des hommes d’affaires dont la présence est jugée indispensable à la Chine. Par ailleurs, ils sont actuellement soumis, à leur retour, à une quarantaine, pouvant actuellement aller jusqu’à trois semaines à Pékin, à leurs frais, dans un hôtel choisi par les autorités chinoises. Et le prix des vols est prohibitif. Comme la Chine n’a pas annoncé de changement à l’égard des étrangers, ce sont principalement les étudiants chinois, actuellement bloqués à l’étranger, qui pourraient profiter de l’ouverture annoncée jeudi par Pékin.

    #covid-19#migrant#migration#circulation#liaisons-aériennes#bonus-malus-sanitaire#quarantaine#tests#Chine#santé

  • Précarité énergétique : une hausse historique des interventions des fournisseurs d’énergie pour facture impayée
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/04/precarite-energetique-une-hausse-historique-des-interventions-des-fournisseu

    En 2019, le médiateur national de l’énergie a observé une hausse historique du nombre de foyers dans l’incapacité de régulariser leurs factures d’électricité. Près de 672 400 interventions pour des impayés ont été comptabilisées, contre 572 440 en 2018. Une croissance importante qui inquiète l’autorité publique. « Cette information est un indicateur sur les difficultés que rencontrent nos concitoyens » , insiste Olivier Challan Belval, médiateur national de l’énergie.

    Une augmentation d’autant plus préoccupante qu’elle a été relevée avant la crise économique causée par le ralentissement de l’activité pendant la période de confinement. « On peut légitimement penser que les personnes en précarité seront plus nombreuses en 2020 à cause des conséquences de la crise sur le revenu des ménages » , souligne Frédérique Feriaud, directrice des services du médiateur national de l’énergie.
    [...] Dans le baromètre Energie-info réalisé en 2019 par le cabinet Market Audit, près d’un tiers des Français interrogées confie restreindre leur consommation de chauffage pendant l’hiver, ce qui les fait souffrir du froid.

    Des aides possibles

    La fragilité des foyers disposant de faibles ressources financières est une cause certaine de la précarité énergétique. Mais la mauvaise isolation des bâtiments est identifiée par l’autorité comme l’une des principales raisons du gonflement des dépenses énergétiques. « Lutter contre les passoires thermiques permettrait de réduire la consommation d’énergie des occupants de logements très mal isolés, signale Frédérique Feriaud. L’obligation de travaux pour y remédier imposée aux bailleurs serait une mesure très efficace » .

    #précarité #précarité_énergétique

  • Pétrole : les banques françaises engluées dans le schiste américain
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/13/petrole-les-banques-francaises-engluees-dans-le-schiste-americain_6039530_32

    Certaines des plus grandes banques françaises se sont-elles fait piéger par la bulle du gaz et du pétrole de schiste ? Selon les données colligées par un rapport des ONG Reclaim Finance et Les Amis de la Terre, publié mercredi 13 mai, les quatre principaux établissements de l’Hexagone ont accordé 24 milliards de dollars (22,1 milliards d’euros) de financement à l’industrie du schiste nord-américain entre 2016 et 2019.

    #extractivisme #finance

  • Armement : la Belgique, premier client export de la France
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/02/armement-la-belgique-premier-client-export-de-la-france_6041541_3234.html

    La baisse des commandes du Moyen-Orient est compensée par une politique volontariste en Europe. Sur fond de tensions géopolitiques et de repli des nations, que la crise du Covid-19 devrait encore intensifier, le monde s’arme. La France, troisième exportateur mondial de matériel militaire avec 8 % de parts de marché, y trouve un avantage, même si la compétition n’a jamais été aussi rude. Selon le rapport annuel remis, lundi 1er juin, au Parlement, et rendu public mardi 2 juin, les exportations de (...)

    #surveillance #frontières #bénéfices #militaire #Thalès #MBDA #Dassault #Airbus

  • Le Maroc se rêve en hub industriel aux portes de l’Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/02/le-maroc-se-reve-en-hub-industriel-aux-portes-de-l-europe_6041509_3234.html

    Dans le même temps, ses ingénieurs en aéronautique se sont lancés dans la production de 500 respirateurs artificiels « Made in Morocco ». « Des respirateurs haut de gamme, précise fièrement Karim Cheikh, président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (Gimas). Nous avons mis les compétences de l’aéronautique au service de la production de matériel médical en un temps record. Cela montre l’agilité industrielle dont dispose le Maroc, qui a fait beaucoup de progrès en recherche et développement, et qui se tourne désormais vers une industrie 4.0 et une production décarbonée. » En deux mois, une vingtaine de demandes de brevet d’invention dans le domaine de la santé et des nouvelles technologies permettant de lutter contre le Covid-19 ont été déposées.

    #Covid-19#circulations#production-industrielle#recherche#matériel-médical#recherche#migrant#migration#Maroc#Europe

  • Facebook accusé de jouer le jeu de Trump contre Twitter
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/29/facebook-accuse-de-jouer-le-jeu-de-trump-contre-twitter_6041221_3234.html

    Les principaux réseaux sociaux peinent à établir une ligne commune face aux outrances du président des Etats-Unis. Mark Zuckerberg s’attendait probablement à susciter des réactions en se démarquant de Twitter en pleine polémique avec Donald Trump. « Nous avons une politique différente. J’ai simplement la conviction que Facebook ne devrait pas être l’arbitre de la vérité de ce que les gens disent sur Internet », a-t-il objecté sur la chaîne Fox News, jeudi 28 mai, après que le réseau concurrent a, pour la (...)

    #Facebook #Twitter #manipulation #élections #censure #SocialNetwork

    • Alors que plus de 8 millions de salariés ont été placés en chômage partiel en avril, certains affirment avoir tout de même travaillé, en toute illégalité.

      Près d’un mois après, la colère ne retombe toujours pas pour Stéphane. Salarié dans un grand groupe de services en région toulousaine, il se souvient encore de cet appel reçu « le 28 avril à 18 h 30 » par son « n + 2 » . S’il est en télétravail depuis le début du confinement, instauré à la mi-mars pour tenter de freiner l’épidémie due au coronavirus, il ne compte pas ses heures. Projets, formations, ateliers… « Je travaillais même plus qu’en temps normal » , assure-t-il.
      Pourtant, en cette fin avril, son « n + 2 » lui apprend qu’il allait être mis au chômage partiel et que cette mesure était même rétroactive au 1er avril. « Tout le travail que j’ai fait pour le groupe, c’est l’Etat et le contribuable qui l’ont payé » , raconte-t-il, amer. Et alors qu’il devait débuter une mission début mai, « ils sont allés dire à mon futur client que j’avais demandé à être mis au chômage partiel pour garder mes enfants, et que donc je ne pourrai pas travailler. Ce qui est faux » . Le « coup de grâce » pour Stéphane.

      Il essaye de protester, en faisant part de ses doutes quant au bien-fondé et à la légalité de cette mesure. « On me rétorque : “Si ça te pose un cas de conscience, libre à toi de rester…” , avec un sourire ironique. J’étais très énervé, ils ont fait ça dans mon dos. »

      Plus de 8 millions de salariés en chômage partiel

      Le chômage partiel existait déjà avant la crise, mais il a été assoupli par le gouvernement pour prévenir les licenciements massifs : les sociétés qui voient leur activité baisser ou les entreprises contraintes de fermer peuvent y recourir. Leurs employés perçoivent alors une indemnité correspondant, en moyenne, à 84 % de leur salaire net, financée par l’Etat et l’Unédic. Et si l’employeur le souhaite, libre à lui de compenser la différence et d’assurer, ainsi, le maintien de la paye à son niveau habituel.
      En avril, plus de 8 millions de salariés étaient au chômage partiel, selon les derniers chiffres du ministère du travail. Depuis mars, ce sont plus d’un million d’entreprises qui ont sollicité une autorisation d’activité partielle.

      Mais combien ont tenté de profiter de la situation ? Selon une étude du cabinet Technologia, menée entre avril et mai auprès de 2 600 élus du personnel, « 24 % des employés en chômage partiel total auraient été amenés à poursuivre leur activité à la demande de l’employeur » . Et plus de 50 % des personnes interrogées considèrent que « des demandes d’activité interdites ont eu lieu »
      .
      Si la ministre du travail, Muriel Pénicaud, expliquait début avril privilégier « la confiance a priori et les contrôles a posteriori » envers les entreprises, elle a annoncé il y a quelques jours un renforcement des contrôles de la part des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), afin de détecter des fraudes. Ainsi le ministère faisait-il savoir, dans un communiqué diffusé à la mi-mai :
      « La mise en activité partielle de salariés auxquels il est demandé parallèlement de (télé) travailler, ou des demandes de remboursement intentionnellement majorées par rapport au montant des salaires effectivement payés figurent parmi les principales fraudes identifiées par l’administration. »

      « C’était du chantage »

      C’est ce à quoi est confrontée Pauline, employée dans une petite agence de communication en région parisienne. Quelques jours après l’annonce par le gouvernement de l’assouplissement du dispositif, elle est informée par sa direction qu’elle est placée en chômage partiel à 50 %, « de façon assez vague, et sans plus de précision sur les horaires à respecter » . Alors elle s’organise avec ses collègues et décide de ne travailler que les après-midi, « entre 14 heures et 18 heures » . Mais très vite, les horaires débordent :
      « On recevait des demandes de la direction à longueur de journée. Ils nous envoyaient des e-mails avec en objet des “urgent” ou des points d’exclamation. Il fallait être très réactif. Parfois, la veille, ils nous demandaient de travailler le lendemain matin plutôt que l’après-midi, ce qu’on faisait. Mais après on avait des réunions à 14 heures, à 16 heures… »

      Or dans cette petite entreprise, sans délégué syndical ni direction des ressources humaines, il n’est pas évident de se faire entendre. « On a tenté d’alerter, mais ils sont restés sourds, explique-t-elle. Ils nous disaient : “Nous aussi on est stressés, on travaille beaucoup, mais c’est indispensable pour la société.” C’était du chantage. » Et à la fin du mois d’avril, Pauline s’aperçoit que son salaire net a baissé de quelques dizaines d’euros, son employeur n’ayant pas souhaité payer la différence malgré le travail réalisé à temps plein.

      « On craint tous pour nos emplois »

      « C’est difficile pour un salarié de s’opposer , regrette Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière (FO), chargé de l’emploi et des retraites. En plus, avec le télétravail, il se retrouve souvent isolé, sans les collègues autour, donc c’est encore plus compliqué. Et certains ne savent même pas dans quelle situation ils sont. Ils ne découvrent qu’à la fin du mois qu’ils ont été placés en chômage partiel. »

      Frédéric, chargé de la relation client dans une entreprise du secteur du tourisme en région parisienne, s’était, lui, porté volontaire pour travailler malgré son chômage partiel total. Deux heures tous les matins, en avril, pour « dépanner les collègues » . Mais, comme dans le cas de Pauline, très vite la situation évolue. « On me demande aussi de travailler l’après-midi. C’était des SMS, des messages WhatsApp, des e-mails…, explique-t-il. On m’alertait sur mon téléphone sur tel ou tel sujet urgent. Je devais me connecter trois ou quatre fois par jour. » Et la « bienveillance » du début disparaît. Alors qu’il passe à 10 % d’activité en avril, il informe sa direction qu’il ne pourra pas faire plus, du fait de la garde de ses enfants :
      « On m’a répondu : “C’est dur pour tout le monde, il faut le faire.” Avec nos collègues, on en parle, on se dit qu’on devrait moins se connecter, moins travailler, ne pas être aussi réactifs. Mais personne ne le fait, parce qu’on pense à notre poste. On est dans une situation compliquée, on craint tous pour nos emplois après cette crise. C’est une sorte de compétition qui s’est installée. »

      Et si, pour la plupart des salariés interrogés, la perte financière est minime, tous ressentent une « faute morale » et un « cas de conscience » d’être payés par l’Etat alors qu’ils poursuivent leur travail. « C’est quand même gênant de recevoir cette aide, explique Pauline. Ça donne l’impression qu’ils se sont servis de nous pour faire des économies. »

      « Il faut que de vrais contrôles soient mis en place, plaide Michel Beaugas. Il ne faut pas qu’il y ait une ou deux sanctions pour l’exemple. Aujourd’hui, avec les e-mails, les messages… il y a moyen de savoir si le chômage partiel a été respecté ou pas. »

      « J’ai gardé toutes les preuves »

      Tous ont d’ailleurs pris soin d’enregistrer et de faire des captures d’écran des messages reçus et des appels passés de la part de leur direction. Pour se protéger, au cas où… Stéphane explique ainsi :
      « J’ai gardé toutes les preuves, c’est l’avantage du télétravail. Tous les jours je recevais 30 à 40 e-mails alors que je suis censé être en chômage partiel. On nous demandait de tout justifier par Skype, par message, de ce qu’on avait fait, et de ce qu’on était en train de faire, donc j’ai tout gardé là aussi. »

      Frédéric, lui, compte bien s’en servir si son emploi venait à être supprimé au cours des prochains mois, pour « négocier de meilleures conditions de départ en les menaçant d’aller aux prud’hommes ». « Ça ne me ressemble pas, mais j’ai atteint un niveau de défiance », poursuit-il.

      Et tous évoquent une « cassure » entre leur entreprise, leur direction et eux. Alors que Pauline est toujours au chômage partiel, « sans savoir jusqu’à quand » , cet épisode « l’a dégoûtée ». « Je réfléchis à partir » , assène-t-elle. C’est aussi le cas de Stéphane, qui a récemment mis à jour son CV sur LinkedIn et s’est mis « en recherche active » : « Je ne crois plus dans ce groupe, qui abuse de l’Etat et de la solidarité. Cette crise et ce confinement ont finalement été un révélateur de son management. Je n’ai plus confiance en eux. »
      * Tous les prénoms ont été modifiés.

      #emploi_gratuit #employeurs #chômage_partiel

  • Chômage partiel : l’Etat ne prendra plus en charge que 60 % du brut | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/exclusif-chomage-partiel-letat-ne-prendra-plus-en-charge-que-60-du-brut-120

    A compter du 1er juin, l’Etat et l’Unédic ne prendront plus en charge que 60 %, et non plus 70 %, de la rémunération brute des salariés au chômage partiel. L’employeur devra supporter un reste à charge d’un peu moins de 15 %.

    Le gouvernement a tranché sur l’une des mesures les plus scrutées par le monde économique en cette période de déconfinement progressif : à compter du 1er juin et sauf pour les entreprises toujours fermées par mesure sanitaire, l’Etat et l’Unédic ne prendront plus à leur charge 70 %, mais 60 %, de la rémunération brute des salariés placés en chômage partiel, a-t-on appris de sources concordantes. Pas de changement, en revanche, sur le plafond des rémunérations couvertes, qui reste à 4,5 fois le SMIC. Pas de changement non plus pour les rémunérations au SMIC ou en dessous qui restent remboursées à l’employeur à 100 %.

    #paywall #chômage #chômage_partiel

    • Chômage partiel : on sait enfin à combien l’Etat l’indemnisera à partir de juin
      https://www.capital.fr/votre-carriere/chomage-partiel-les-nouvelles-regles-dindemnisation-auxquelles-sattendre-a-p

      A partir du 1er juin, la prise en charge financière du chômage partiel par l’Etat va baisser. Les #entreprises devront prendre à leur charge une partie de l’indemnisation des salariés en chômage partiel, pour la maintenir à 70% de leur #salaire brut. Mais tous les secteurs ne seront pas concernés.

      8,6 millions. C’est le nombre de salariés effectivement placés en chômage partiel à fin avril. Mais ce nombre devrait baisser dans les prochains jours, et pas seulement en raison de la fin du confinement depuis le 11 mai. En effet, à partir du 1er juin, l’Etat compte revoir sa copie en termes de prise en charge financière du chômage partiel. Le but étant d’inciter les entreprises à reprendre leur activité progressivement. “On aura un taux de prise en charge de l’Etat un peu moins important pour l’entreprise”, avait annoncé, dès le 29 avril, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, au micro de France Info.

      Pour rappel, actuellement, un salarié en chômage partiel est indemnisé à hauteur de 70% de son salaire brut au minimum (100% s’il est payé au Smic). Cette indemnisation est intégralement prise en charge par l’Etat et par l’Unédic, dans la limite de 4,5 Smic. A partir du 1er juin, l’Etat compte donc baisser cette prise en charge, à 85% (et non plus 100%) de l’indemnité versée aux salariés au chômage partiel. Mais bonne nouvelle pour les salariés : malgré cette baisse de la prise en charge par l’Etat, ils devront continuer à être indemnisés à hauteur de 70% de leur salaire brut (100% s’ils sont rémunérés au Smic).

      Cela signifie donc qu’il y aura un reste à charge obligatoire de 15% pour l’#employeur. Les entreprises ayant recours au dispositif à partir du 1er juin se feront ainsi rembourser l’équivalent de 60% des rémunérations brutes des salariés placés en chômage partiel touchant plus que le Smic, au lieu de 70% actuellement.

      Certains secteurs profiteront toujours du taux plein

      Mais que certains employeurs se rassurent, cette baisse de la prise en charge du chômage partiel par l’Etat ne concernera pas tous les domaines d’activité. Le ministère du Travail a d’ailleurs prévu, dans le cadre du projet de loi présenté jeudi 7 mai en Conseil des ministres et encore en cours d’examen au Parlement, de pouvoir adapter les règles du chômage partiel en fonction des secteurs. “Conformément aux engagements pris dans le cadre du comité interministériel du Tourisme du 14 mai dernier, les secteurs faisant l’objet de restrictions législatives ou réglementaires particulières en raison de la crise sanitaire, continueront à bénéficier d’une prise en charge à 100%” , indique le ministère du Travail dans un communiqué de presse envoyé ce lundi 25 mai.

      “Tout ce qui est #hôtellerie, #restauration, bars, événementiel, une bonne partie du secteur culturel... Tous les secteurs qui ne peuvent pas opérer par décision administrative continueront à pouvoir bénéficier du chômage partiel pour leurs salariés à taux plein”, avait déjà assuré Muriel Pénicaud, lundi 4 mai, sur BFMTV. Reste à savoir pendant combien de temps ils pourront encore profiter de cette prise en charge à 100%. Un décret à venir doit préciser le cadre de cette mesure.

    • Chômage partiel : polémique autour d’une réduction progressive du dispositif
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/19/chomage-partiel-polemique-autour-d-une-reduction-progressive-du-dispositif_6

      Le gouvernement veut baisser les conditions d’indemnisation, mais les entreprises y sont hostiles.

      Le gouvernement a commencé à préparer les esprits depuis fin avril : le dispositif du chômage partiel, massivement déployé durant la crise sanitaire pour éviter des licenciements en cascade, va être moins généreux à partir du 1er juin. Ce mécanisme, sollicité – potentiellement – pour plus de 12 millions de personnes, assure un niveau de prise en charge très élevé par l’Etat et par l’assurance-chômage : les travailleurs du privé, qui en bénéficient, touchent 70 % de leur salaire brut (100 %, pour ceux qui sont au smic) – la somme étant intégralement remboursée aux employeurs dans la limite de 4,5 smic. L’exécutif veut revoir ces paramètres, le but étant d’« encourager les entreprises à reprendre l’activité ».

      Selon un dirigeant patronal, « l’Etat ne couvrirait plus désormais que 60 % du salaire brut, mais toujours 100 %, pour les personnes au smic ». « Ils veulent faire des économies et sont persuadés qu’il y a des boîtes qui se complaisent dans le chômage partiel, confie cette même source. La nouvelle formule durerait pendant l’été mais en septembre, on ne sait pas ce qu’ils comptent faire. » Combien coûte le dispositif ? Plusieurs estimations ont été avancées, Bercy évoquant 24 milliards d’euros à la mi-avril. Des chiffrages incertains, car on ne connaît pas encore le nombre d’individus effectivement indemnisés.

      Entreprises de proximité
      Quoi qu’il en soit, les organisations d’employeurs sont hostiles à l’idée que l’Etat réduise la voilure. Ce serait « une erreur majeure » d’accroître la contribution des entreprises, à partir du 1er juin, parce qu’elles « tourneront encore à un rythme faible », a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, dans un entretien au Monde (nos éditions datées du 14 mai). Son mouvement aimerait qu’un « dispositif complémentaire de longue durée » voit le jour à la rentrée, en s’inspirant de celui instauré en Allemagne lors de la crise de 2008-2009. « Il faut de la cohérence dans la politique gouvernementale : les entreprises doivent continuer à être accompagnées, sinon on aura payé pour rien », renchérit Alain Griset, le numéro un de l’Union des entreprises de proximité.
      Une analyse assez largement partagée par les syndicats. « La meilleure solution, ce n’est ni de réduire drastiquement ni brutalement [ce mécanisme] car les difficultés d’emploi vont être fortes », affirme Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT insiste cependant sur la nécessité de « contrôler les entreprises pour éviter les effets d’aubaine ». Pour lui, « hors de question » d’amputer la somme allouée aux salariés. S’agissant des employeurs, l’aide apportée par la collectivité peut, selon M. Berger, être modulée selon les secteurs professionnels. « Si on arrête le chômage partiel, le risque est grand que ça se transforme en chômage tout court », résume Michel Beaugas (FO).

      « Après le temps du bazooka pendant le confinement, il faut maintenant faire de la dentelle », Emmanuel Jessua, directeur des études à l’institut d’études économiques Rexecode
      De nombreux économistes pensent, peu ou prou, la même chose. Mettre fin à cette mesure « pour des raisons budgétaires constituerait une très mauvaise décision », assure Philippe Martin, professeur à Sciences Po : « Il s’agit d’un investissement, rentable, dans la conservation des compétences. Une personne en chômage partiel permet de préserver environ 0,2 emploi. » Mais des « aménagements à la marge doivent être étudiés », enchaîne-t-il, afin d’inciter les employeurs à remettre leurs salariés en activité.

      Plusieurs options existent, selon lui : mettre à contribution les entreprises, à hauteur de 10 % de la somme versée aux salariés – mais avec la possibilité de payer dans un an. « Pour les secteurs les plus touchés, il est aussi possible d’envisager que les entreprises gardent temporairement une partie – par exemple 10 % – du chômage partiel, quand elles réembauchent, pour inciter aussi à la reprise », poursuit M. Martin. Enfin, à ses yeux, la prise en charge de la rémunération par la collectivité devrait être plafonnée à 3 smic – et non pas 4,5 smic, comme aujourd’hui : « Ce plafond est trop élevé. »

      Il faut « du cas par cas », plaide Emmanuel Jessua, directeur des études à l’institut d’études économiques Rexecode. « Après le temps du bazooka pendant le confinement, il faut maintenant faire de la dentelle, explique-t-il. L’intervention publique doit être plus ciblée car tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Dans le tourisme, l’aéronautique ou les secteurs qui sont toujours concernés par une fermeture administrative, il va falloir que ce soit assez progressif. »
      Pour Christine Erhel, directrice du Centre d’études de l’emploi et du travail, « il paraît raisonnable de maintenir ce dispositif au-delà de la période de déconfinement, en laissant des marges de manœuvre aux entreprises pour décider du moment où elles cessent d’y avoir recours ». Il s’agit, d’après elle, de « choix qu’il convient de relier à la négociation collective, de manière à les inscrire dans une stratégie de reprise d’activité, discutée avec les élus du personnel ».

      Utilité de scruter les organes de la classe dominante, le 18 mai (article publié le 19/5), L’imMonde donnait avec une longueur d’avance le scénario de la réduction du coût du chômage partiel annoncé une semaine plus tard.

    • Les multiples questions du chômage partiel après le déconfinement (19 mai 2020, maj le 25 mai)
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/19/deconfinement-les-multiples-questions-du-chomage-partiel_6040116_3234.html

      Quelque 12,4 millions de salariés sont concernés et s’interrogent sur leurs obligations ou leurs conditions de rémunération.


      COLCANOPA

      L’assouplissement du chômage partiel est l’une des premières mesures mises en place au début de la crise du Covid-19 pour éviter que les entreprises à l’arrêt procèdent à des licenciements massifs. Plus de 1 million d’entre elles, représentant 12,4 millions de salariés, a demandé à en bénéficier. Mais la reprise doit conduire à une sortie du dispositif comme l’a rappelé lundi 18 mai le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire.
      Le chômage partiel « c’est une situation d’urgence », a souligné le ministre de l’économie, « mais maintenir 100 % de prise en charge du chômage partiel pour les entreprises par l’Etat, ce n’est pas une situation souhaitable sur le long terme ». Le gouvernement planche donc sur une révision de ces conditions afin de pousser les entreprises à reprendre à l’activité. D’ici là, quelles sont modalités du chômage partiel ? Qui est encore éligible ? Quelles sont les obligations du salarié ? Quelles sont les conditions de rémunération ?

      Qui est éligible ?

      Tout le monde n’est pas éligible. Un salarié qui ne retournerait pas au travail par crainte de prendre les transports en commun, peut rester en télétravail, mais ne peut pas être au chômage partiel. « Le recours au dispositif n’est pas une décision individuelle. C’est une demande de l’employeur, qui ne peut pas avoir recours au chômage partiel pour des raisons de sécurité sanitaire » , précise un porte-parole du ministère du travail.
      Le dispositif dit d’activité partielle existait avant le Covid-19 dans des conditions relativement strictes et continuera pour faire face aux aléas conjoncturels des entreprises. La loi d’état d’urgence sanitaire du 23 mars a permis au gouvernement de l’étendre à de nouvelles catégories de bénéficiaires et, surtout, d’adapter « de manière temporaire » le régime social applicable aux indemnités.

      C’est ce cadre provisoire qui, dans la loi, peut être maintenu jusqu’au 31 décembre, mais qui va changer pour certains à partir du 1er juin. D’ici là, trois types de salariés de droit privé peuvent bénéficier du chômage partiel : ceux qui sont empêchés de travailler par les circonstances exceptionnelles du Covid-19, parce que leur entreprise a fermé partiellement ou totalement. A savoir les entreprises dont la fermeture a été décidée par le gouvernement (centres commerciaux, restaurants, etc.), celles dont l’activité a été contrainte par des problèmes d’approvisionnement et de conjoncture et, enfin, celles qui ne pouvaient pas assurer la protection des salariés (gestes barrières, télétravail).

      Deuxième catégorie éligible, celle des salariés dits « vulnérables » ou qui partagent le domicile d’une personne vulnérable, telle que définie dans le décret du 5 mai. A savoir, les femmes enceintes au dernier trimestre de la grossesse, les salariés d’au moins 65 ans, et les malades catégorisés par le Haut Conseil à la santé publique : ceux qui ont des antécédents cardiovasculaires, les malades de cancer évolutif sous traitement, ou avec un diabète non équilibré, une cirrhose au stade B, un déficit immunitaire, les obèses, etc. Depuis le 1er mai, le salarié « vulnérable » doit remettre à son employeur un #certificat_d’isolement que lui aura donné son médecin de ville. C’est l’employeur qui se charge de la déclaration d’activité partielle.

      Enfin, derniers salariés éligibles au dispositif « pour toute la durée de leur isolement » : les parents empêchés de travailler car leur enfant de zéro à 16 ans ou handicapé est maintenu à domicile. Ce qui ne les empêche pas de profiter des week-ends depuis le déconfinement. Le chômage partiel n’interdit pas de se déplacer dans la limite autorisée des 100 kilomètres à vol d’oiseau.

      Garde d’enfants et chômage partiel

      La préoccupation des parents depuis le 11 mai reste la garde d’enfants. De nombreuses écoles sont encore fermées ou n’acceptent que les enfants prioritaires, afin de respecter les règles de distanciation dans les établissements (15 élèves par classe). La semaine de la reprise seuls 24 % des enfants scolarisés en Ile-de-France avaient pu revenir, selon le recteur de Paris. En région, quelques écoles ont déjà refermé leurs portes, alors qu’elles venaient de les ouvrir le 11 mai.
      Que deviennent les salariés parents de jeunes enfants sans école ou sans crèche ? « Ils peuvent être au chômage partiel pendant tout le mois de mai, en donnant à leur employeur une attestation sur l’honneur, dont le modèle est téléchargeable sur le site du ministère du travail. Un bilan d’étape sera fait sur la réouverture des écoles à la fin du mois » , répond le ministère du travail. Les parents vont devoir garder leurs nerfs pour résister à cette gestion de très court terme. Les conditions sont les mêmes pour les enfants en crèche. « Et seul un parent sur deux peut bénéficier du dispositif “garde d’enfants” », précise le ministère. Il est toutefois possible de fractionner : par exemple, 2 jours pour la mère, 3 jours pour le père, au moins jusqu’au 31 mai. De même que si l’école est ouverte mais que les parents ne veulent pas y envoyer leur(s) enfant(s), ils ne sont pas éligibles au chômage partiel pour « garde d’enfant ».

      Quelle rémunération ?

      Depuis le début de la crise, l’Etat prend en charge 84 % (70 % du salaire brut) de l’indemnisation du chômage partiel ; l’allocation versée au salarié doit être au moins égale au smic et est, elle, plafonnée à 4,5 smic. Concrètement, les salariés au smic conservent donc l’intégralité de leur rémunération et la baisse de salaire pour les autres est de 14 %. Ce dispositif est maintenu jusqu’au 31 mai, mais il est destiné à évoluer à compter du 1er juin, afin d’alléger le coût pour l’Etat et inciter les employeurs à reprendre l’activité. Les discussions sont en cours entre le ministère du travail et les organisations patronales pour définir les nouvelles modalités de prise en charge. Mais rien n’empêchera les entreprises qui le souhaitent de compenser en totalité ou en partie le manque à gagner les salariés.

      Peut-on cumuler chômage partiel et travail ?

      Mettre à profit la période de chômage partiel pour travailler, pourquoi pas, pour son propre compte est toujours possible. En revanche, pas question de le faire pour son employeur, ne serait-ce que quelques heures par semaine. « Quand il y a du chômage partiel et que les salariés travaillent, c’est du travail illégal », a rappelé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 7 avril devant le Sénat. L’entreprise encourt alors de lourdes sanctions. Le salarié est donc entièrement en droit de refuser une demande émanant de l’employeur, même s’il s’agit de travailler depuis son domicile, et ce refus ne peut en aucun cas lui être reproché. Les salariés et les représentants du personnel sont invités à signaler aux services du ministère sur le territoire (Direccte) tout manquement à cette règle.

      Pour autant, le chômage partiel n’est pas synonyme de vacances. Le contrat de travail n’est pas rompu, le lien de subordination existe toujours entre l’employeur et le salarié. Celui-ci doit donc rester disponible pour reprendre son poste dès que le besoin s’en fera ressentir, l’employeur n’ayant aucune contrainte en termes de préavis. MIeux vaut donc ne pas partir à l’autre bout de la France − d’autant que les déplacements de plus de 100 kilomètres sont toujours prohibés !

    • Mettre à profit la période de chômage partiel pour travailler, pourquoi pas, pour son propre compte est toujours possible. En revanche, pas question de le faire pour son employeur, ne serait-ce que quelques heures par semaine. « Quand il y a du chômage partiel et que les salariés travaillent, c’est du travail illégal », a rappelé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 7 avril devant le Sénat. L’entreprise encourt alors de lourdes sanctions.

      Faut-il le rappeler ?

  • « Je ne veux plus télétravailler », « Franchement, j’en ai ma dose » : les dégâts du télétravail, Anne Rodier
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/23/je-ne-veux-plus-teletravailler-franchement-j-en-ai-ma-dose-les-degats-du-tel

    Sentiment d’abandon, surcharge cognitive, management toxique aggravé, perte de repères, la généralisation du travail à distance mal préparée augmente les risques psychosociaux.

    Le télétravail ne fait pas que des heureux. La généralisation du travail à distance a fait chuter la motivation des salariés. « Du jamais-vu depuis cinq ans » , indique l’étude WorkAnyWhere réalisée en avril auprès de 6 500 salariés, publiée jeudi 7 mai. « Nous sommes tous débordés, franchement en surchauffe, on passe la journée à régler les questions immédiates, je dois me bloquer des plages dans mon planning pour pouvoir réfléchir » , témoigne Amélie, cadre supérieure dans une PME de recherche et développement.

    « Là où tout se réglait par des interactions de quelques minutes en présentiel, ça prend actuellement des proportions énormes en temps, et en énergie. Habituellement, on règle plein de choses en se montrant les documents, les prototypes. A distance, ça nécessite de s’envoyer un premier mail pour dire qu’on veut se voir. On n’a pas du tout la culture du mail, tout se réglait à l’oral. C’est beaucoup plus long à l’écrit : il y a plusieurs allers-retours, des incompréhensions et des conflits, qu’il ne faut pas laisser perdurer, pour éviter les dégâts irréversibles. Il faut une heure là où ça prenait cinq minutes. Et dès qu’on doit interagir à plus que deux, il faut prendre rendez-vous. C’est une charge mentale supplémentaire très importante. »

    Pour beaucoup de salariés, le télétravail est devenu synonyme de tensions, de stress, de burn-out. Au bout de deux mois, il y a déjà un phénomène d’usure. Le nombre de lignes d’écoute de psychologues mises à disposition des salariés a doublé, indique Eric Goata, directeur général délégué du cabinet Eleas, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux : « Les salariés parlent d’abandon, de solitude, de surcharge cognitive liée au trop grand nombre d’informations à traiter, de surcharge de travail, d’un sentiment d’être surveillé à l’excès par les managers, des difficultés à coopérer avec les collègues et de l’impossibilité de concilier vie privée-vie professionnelle ».

    Pour François-Xavier, responsable technique projet dans un grand groupe, qui s’exprime sous couvert de l’anonymat, « avec le télétravail, les comportements toxiques sont devenus nocifs. Les managers qui ont besoin de contrôle permanent pour se rassurer, au bureau on passait simplement les voir, mais à distance, c’est plus compliqué à gérer. Aujourd’hui, j’ai dénombré 28 mails du même responsable. Derrière un écran, on est un peu en mode tout-puissant. On n’a pas forcément conscience que ça pèse sur le moral du salarié de se sentir épié tout le temps »

    Les mécanismes de coopération sont altérés en télétravail

    Le contrôle du travail est de la responsabilité du manager, mais à distance, cela exige de la confiance réciproque et l’autonomie du salarié, qui ne sont pas acquises d’avance. « Ça passe par du reporting, qui crée aussi de la défiance et, à l’excès, génère perte d’estime de soi et culpabilité. Ceux qui ne savent pas travailler seuls, privés du soutien de leurs collègues, peuvent prendre du retard. Ils se mettent à douter de leurs capacités avec un sentiment d’abandon. Tandis que du côté du manager, une absence de réponse ou une réponse tardive peut être interprétée comme du désengagement. Mais appeler tous les matins pour savoir ce qui a été fait est nuisible » , explique M. Goata. Les mécanismes de coopération sont altérés en télétravail.

    Pour Laure, la situation est plus dramatique. Contractuelle de la fonction publique, elle était en situation de harcèlement moral avant la généralisation du télétravail. Tout s’est aggravé depuis. Elle reçoit des demandes urgentes le matin, mais les dossiers nécessaires pour les traiter n’arrivent que le soir. Personne n’en sait rien, sauf elle et l’auteur des mails. Ses questions restent sans réponse, en visioconférence, elle se sent ignorée. « On démolit plus facilement à distance, les garde-fous que représente le regard des autres ne sont plus là. Mais ce qui est pernicieux, c’est que je n’ai pas plus envie de les retrouver physiquement » , confie-t-elle. Les personnes en fragilité psychologique sont dans une situation délicate car « le télétravail peut jouer un rôle d’amplification important » , confirme M. Goata.

    « J’ai arrêté de compter mes heures, je suis proche du burn-out »

    Les entreprises qui se sont donné les moyens de suivre leurs salariés de près à travers des enquêtes régulières ont rapidement constaté des dégâts. « Au début, on n’avait pas les mêmes retours, lors des points hebdomadaires, au niveau de la direction et au niveau des managers de proximité. On a mis en place une enquête directement auprès des salariés qui a remonté des cas isolés de personnes en souffrance, débordées, qui n’avaient pas le temps de déjeuner, reconnaissant des efforts de la part de l’entreprise mais les jugeant insuffisants. Chaque manager reçoit désormais les résultats de l’enquête pour répondre à l’inquiétude soulevée en tout anonymat » , raconte Caroline Arquié, DRH du groupe SGS France, une entreprise de certification de 2 800 salariés dont 25 % en télétravail.

    Dans une démarche similaire, le cabinet d’audit Mazars a désigné des référents « seniors » pour prendre le pouls des jeunes collaborateurs en télétravail qui pourraient souffrir du manque d’encadrement. « Plus les salariés sont jeunes, plus ils ont besoin d’être cadrés, d’être guidés. En télétravail, ils ont l’impression d’apprendre moins qu’avant. La relation avec le manager manque de spontanéité et de fréquence » , explique Célica Thellier, cofondatrice de ChooseMyCompany, l’entreprise d’analyse de données qui a réalisé l’étude WorkAnyWhere.
    Yann, jeune trentenaire, salarié d’une entreprise de service prestataire d’une grande administration, confirme : « J’ai un collègue plus âgé que moi, qui est un peu notre chef informel. Mais depuis qu’on est à distance, je n’arrive pas à gérer notre communication. Je ne sais pas comment le contacter, je n’ose pas l’appeler. Alors que je suis connecté de 8 heures à 19 h 30, je n’ai dû lui parler que trois fois. Il ne voit plus ce que je fais, alors que c’est lui qui me permet d’avancer dans le travail. Pendant ce temps, dans les mêmes délais, de nouveaux objectifs s’ajoutent sans cesse. Et c’est comme ça depuis deux mois, j’ai un peu de mal. J’ai arrêté de compter mes heures, mais je suis proche du burn-out. »

    Selon une étude, 42 % des salariés s’estiment moins reconnus

    Le télétravail pose aux salariés la question de la reconnaissance de leur performance individuelle. Dans l’étude WorkAnyWhere, 42 % se disent moins reconnus. D’une part parce que des salariés deviennent invisibles, parce que récemment arrivés ou trop discrets dans la communication collective, ils finissent par être oubliés dans l’attribution des missions. D’autre part, parce que certains profitent du travail à distance pour s’approprier la valeur créée par les autres.
    Etant donné le taux de satisfaction des télétravailleurs – plutôt élevé dans les enquêtes d’opinion, jusqu’à 80 % dans la récente enquête Kantar –, ce mode de travail n’est cependant pas rejeté par les salariés. « Un ou deux jours par semaine, c’était bien. Mais là, franchement, j’en ai ma dose » , résume François-Xavier. La généralisation du télétravail s’est faite dans une impréparation et un manque de moyens matériels qui restent à régulariser pour devenir durable. Avant le Covid-19, seul un quart des télétravailleurs étaient couverts par un accord collectif.

    #travail #télétravail

  • Après Google, Facebook s’attaque avec Shops à Amazon
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/20/apres-google-facebook-s-attaque-avec-shops-a-amazon_6040248_3234.html

    Les entreprises pourront présenter et vendre leurs produits sur Facebook et Instagram. Facebook et Google tentent de rattraper leur retard sur le leader de l’e-commerce. Facebook cherche à saisir l’occasion du confinement pour tenter de se développer dans l’e-commerce. « La crise actuelle nous fait vivre et consommer davantage en ligne et cela va continuer ensuite à plus long terme », a déclaré Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, pour justifier le lancement de Shops, mardi 19 mai. Cette (...)

    #Amazon #Facebook #Instagram #Messenger #WhatsApp #smartphone #domination #consommation (...)

    ##lutte

  • Caméras, agents « sentinelles », traçage Wi-Fi… Comment la SNCF contrôle à distance le déconfinement
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/15/cameras-agents-sentinelles-tracage-wi-fi-comment-la-sncf-controle-a-distance

    Le PC voyageurs est la « tour de contrôle » de la complexe mise en place des règles de distanciation physique dans les gares et les trains de la SNCF. 16 h 34, l’heure où les travailleurs commencent à rentrer chez eux. Nous sommes jeudi 14 mai, quatrième jour du déconfinement. Serge Wolf, directeur exploitation et sécurité de la SNCF, bombardé directeur du tout nouveau PC voyageurs, fait le point sur la situation. Ils sont quatre dans la petite salle du bel immeuble qui abrite, près de la gare de (...)

    #SNCF #CCTV #smartphone #WiFi #vidéo-surveillance #COVID-19 #santé #surveillance # (...)

    ##santé ##_ ##CNIL

  • Aérien : en Chine, une restructuration à prévoir sous la houlette de l’Etat
    Le premier test n’est pas concluant. Les vacances du 1er mai, premiers congés depuis que la pandémie de Covid-19 est sous contrôle sur l’essentiel du territoire, n’ont pas été celles de la reprise pour le tourisme et les transports en Chine. Pendant ces cinq jours de vacances, les Chinois ont dépensé 47,6 milliards de yuans (6,2 milliards d’euros), contre 117,7 milliards pour la même période en 2019, soit une chute de 60 %, d’après le ministère de la culture et du tourisme. Ils ont moins voyagé et privilégié les séjours à proximité de leur résidence. Une catastrophe pour le secteur de l’aviation, qui peinera à se relever de la crise due au Covid-19. Des concentrations sont à prévoir, estiment les experts du secteur.

    Au premier trimestre, le secteur aérien a perdu 33,6 milliards de yuans, d’après le régulateur de cette industrie. Fin avril, selon les derniers chiffres disponibles, le trafic aérien était encore inférieur de 33 % en comparaison à l’année dernière, après un plus bas à − 71 % atteint le 24 février. Les vols internationaux sont quasiment suspendus depuis le 28 mars pour limiter le nombre de cas importés de l’étranger. Quant aux vols domestiques, ils peinent à faire le plein. Le 1er mai, à l’aéroport de Hongqiao, le second de Shanghaï, on ne croisait que des moins de 40 ans, sans enfants. Et pour cause, les personnes plus âgées, vulnérables, continuent à éviter de voyager. Les écoles, qui ont rouvert fin avril, avec des conditions très strictes, demandent aux couples avec enfants de rester chez eux pendant les vacances.
    #Covid-19#migrant#migration#Chine#frontière#voyage
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/15/aerien-en-chine-une-restructuration-a-prevoir-sous-la-houlette-de-l-etat_603