proposition de loi visant à réduire le coût du foncier et à augmenter l’offre de logements accessibles aux Français

/ppl19-163.html

  • La dernière saloperie du gouvernement Macron, sous la forme d’une proposition de loi de Jean-Luc Lagleize (député Modem) vise à saccager le droit de l’immobilier. Elle a été adoptée par l’Assemblée nationale le 28/11/19 et devrait passer au Sénat dans le premier trimestre 2020.

    Le tout, comme il se doit avec Macron, emballé dans de nobles motifs…

    PROPOSITION DE LOI n°2326 visant à réduire le coût du foncier et à augmenter l’offre de logements accessibles aux Français
    http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion2336.asp

    – l’article 1 supprime l’obligation de passer par une vente aux enchères pour la vente de biens fonciers publics afin d’enrayer la spirale continue d’augmentation des prix et donc de privilégier le gré à gré (no comment …)

    – les articles 2 et 3 dissocient la propriété du sol (le foncier) de celle des immeubles (le bâti) pour faire baisser le coût d’accession à la propriété et, accessoirement (?) d’ouvrir aux financiers un gigantesque accès à une rente foncière aux rendements certainement supérieurs aux rendements des placements financiers actuels. Création donc d’une nouvelle rente foncière. Il est parfaitement évident que la restriction de cette forme de propriété aux collectivités territoriales n’est qu’un moyen temporaire de créer la brèche dans le droit traditionnel de propriété.

    – l’article 4 permet de transférer l’obligation de dépolluer incombant normalement au vendeur à un machin plus ou moins public.

    – l’article 5 permet de contourner l’avis obligatoire des domaines en recourant à un nouvel ordre d’experts agréés.

    – l’article 6 explose toutes les règles d’urbanisme en rendant automatique le non respect des contraintes des PLU : densité, hauteur maximale, création de stationnement, marge de recul par rapport aux limites de propriété… et interdit de plus aux maires d’imposer d’autres contraintes spécifiques (en résumé, dans les zones en tension, le promoteur a le droit de faire n’importe quoi)

    – l’article 7 encadre (?) tout ça par des Observatoires fonciers locaux qui devront obligatoirement présenter un compte-rendu annuel aux conseils municipaux (on ne sait d’où sortiraient ces OFL ni d’ailleurs avec quels moyens ils pourraient fonctionner). Sachant que l’exposé des motifs constate benoîtement que là où une obligation similaire existe, elle n’est malheureusement pas souvent appliqué[e] en pratique, les bilans étant rarement effectués, ni transmis au représentant de l’État.

    – le tout financé pour l’État par une nouvelle taxe sur le tabac et cigarettes, à charge pour lui de répercuter aux collectivités locales (art. 8)

    • Capital a consacré deux articles au sujet, l’un avant le vote (le 6/11/19), limite critique (dès le titre, interrogatif)

      Immobilier : le droit de propriété bientôt remis en cause ? - Capital.fr
      https://www.capital.fr/economie-politique/immobilier-le-droit-de-propriete-bientot-remis-en-cause-1354656

      Une proposition de loi qui devrait être avancée par un député de la majorité pourrait modifier profondément la notion de propriété.

      C’est un énorme changement que propose Jean-Luc Lagleize, député du Modem. Renforcer le pouvoir des élus locaux pour limiter les prix du logement, moyennant certains affaiblissements du droit de propriété : c’est la philosophie d’ensemble de son rapport, dont plusieurs mesures ont des chances d’être traduites dans la loi. En son cœur, figure une proposition qui modifierait profondément la notion de propriété : elle permettrait, dans certaines zones, de distinguer la possession d’un terrain, qui serait publique, et celle du logement bâti dessus, laissée au propriétaire. (on appréciera tout particulièrement la justification « morale » de limiter la cupidité humaine par l’auteur de la proposition…-

      « Nous ne devons plus laisser la seule loi de l’offre et de la demande, conjuguée à la cupidité humaine traditionnelle, créer une bulle d’enrichissement de quelques-uns », a affirmé Jean-Luc Lagleize (Modem), dans ce rapport qu’il a remis mercredi au gouvernement. Il défend un « changement fondamental de paradigme sur le droit de propriété », pilier des droits de l’Homme de 1789 et sujet par essence sensible dans un pays dont plus de la moitié des ménages sont propriétaires.

      le deuxième, juste après le vote, le 28/11/19, limite dithyrambique (proposition de loi innovante)

      Immobilier : la loi Lagleize qui réinvente le « droit de propriété » passe le cap de l’Assemblée - Capital.fr
      https://www.capital.fr/immobilier/immobilier-la-loi-lagleize-qui-reinvente-le-droit-de-propriete-passe-le-cap-

      Les députés ont adopté ce jeudi une proposition de loi innovante dont certaines dispositions pourraient bien permettre de faire baisser les prix de l’immobilier.

      Ce mardi Capital présentait dans le détail une proposition de loi innovante à l’ambition claire : faire baisser les prix du logement en France. Deux jours plus tard, c’est fait : l’Assemblée nationale a adopté le texte du député MoDem Jean-Luc Lagleize... tout en renvoyant à des ordonnances une des principales dispositions qui vise à généraliser un « nouveau droit de propriété », en permettant de posséder les murs mais pas le terrain. Le texte, qui entend « redonner du souffle au budget des Français » sur le logement, selon son rapporteur, a été adopté en première lecture par 80 voix et 10 abstentions, dans le cadre d’une journée consacrée aux propositions MoDem. De son côté, le ministre du Logement Julien Denormandie a salué un texte « extrêmement important ».

      Dans le détail, l’une des dispositions les plus innovantes du texte consiste donc à généraliser à l’ensemble des logements un « troisième droit de propriété », en plus de la propriété classique foncière et celle par démembrement (nue-propriété et usufruit), en dissociant le bâti du foncier. Un particulier pourrait ainsi être propriétaire des murs de son logement mais pas du terrain sur lequel il est bâti. La mesure, qui permettrait d’acquérir des logements neufs entre 20 et 40% moins cher, a été renvoyée à des ordonnances à l’initiative du gouvernement et avec l’aval du rapporteur, ce qu’ont déploré plusieurs élus d’opposition.
      […]
      Parmi les autre mesures de la proposition MoDem, figure la suppression à compter de 2021 des ventes aux enchères lors des cessions de foncier par l’État ou les collectivités, au motif qu’elles ont un impact « délétère » sur les prix. A l’initiative de LREM, elle a été limitée aux zones tendues, Julien Denormandie vantant déjà un changement majeur avec « l’arrêt du tout-adjudication ».

    • Autant je suis d’accord avec ton analyse de l’article 1 (mais ça va plus loin, en supprimant la commission qui doit autoriser la vente des fonds des institutions publiques, on ouvre la porte au bradage des biens publics). Autant je suis plus réservé sur ton analyse du 2.
      Séparer le foncier du bâti est la base des « community land trust » avec effectivement cet objectif d’empêcher la spéculation.
      Le « droit de propriété » actuel est basé sur une approche binaire (j’ai le droit de revendre, donc je suis propriétaire de tous les autres droits, ou je ne suis pas propriétaire). Or les gens qui travaillent sur les communs préfèrent parler d’un « faisceau de droits » pour définir des usages plus que des propriété.
      Bien évidemment, la question n’est jamais celle des projets abstraits, mais de la confiance que l’on peut porter à leur mise en œuvre... et celle-ci est aujourd’hui complètement absente. Mais cela ne doit pas nous conduire à ne pas penser indépendamment les prémisse et la loi elle-même.

    • Le texte adopté par l’Assemblée est fortement modifié, surtout dans la forme de sa rédaction, détaillant par exemple la mise en place des OFL.

      Mais aussi sur le fond : disparaissent l’article 6 qui ratatinait le droit de l’urbanisme, remplacé par une phrase complétant un article existant dont j’ai du mal à voir l’intérêt et l’article 8 qui instaurait une nouvelle contribution par une augmentation de la taxe sur la consommation de tabac.

      http://www.senat.fr/leg/ppl19-163.html