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  • 2012 11 26

    Bonsoir,

    Le dernier article d’Ibrahim Al-Amin, l’éditorialiste du quotidien Al-Akhbar a été publié le vendredi 23 novembre 2012, sur son site en langue anglaise .
    <a href="http://english.al-akhbar.com/content/new-hamas-challenges-resistance">Le nouveau Hamas : les défis de la résistance [palestinienne]</a>

    Al-Amin s’interroge sur les conséquences du dernier cessez-le-feu conclu entre le Hamas et l’Etat d’Israël. Si l’ensemble des sympathisants de la cause palestinienne ne tarissent pas d’éloges sur la fermeté du peuple et de la résistance de Gaza, les derniers développements survenus suite au cessez-le-feu doivent attirer l’attention sur les faits suivants :

    -L’administration américaine tente de renforcer l’axe sunnite dans le monde arabe contre l’axe chiite. L’ennemi est l’Iran chiite et les alliés arabes parrainés par l’Iran que sont le Hezbollah et le régime syrien. L’alliance sunnite se compose de l’Egypte et des Frères musulmans, de l’Arabie Saoudite, de la Turquie, de l’Autorité palestinienne et des émirats du Golfe ; la Jordanie étant hors jeu.Le Hamas devra choisir entre l’Iran et l’Egypte. Si l’Iran fournit les missiles et de l’argent, l’Egypte offrira l’immunité contre les attaques israéliennes, la souveraineté sur Gaza, et une porte ouverte sur le monde.

    Cette perspective est-elle fondée ?

    –La réalité, c’est qu’il y a des indications que cette perspectives doit être prise au sérieux. Nous devons prendre en compte que l’attitude des arabes vis-à-vis de la cause palestinienne et de la résistance sont en mutation. Il doit être relevé par les sympathisants de la résistance palestinienne par exemple, qu’aucune capitale arabe n’ait vue une manifestation suffisamment importante en solidarité avec la Bande de Gaza. En outre, la couverture médiatique des plus puissants médias arabes n’avait pas atteint l’ampleur de la précédente agression israélienne.

    –Il y avait aussi une querelle véhémente entre les partisans des deux camps : d’une part l’axe Iran-Syrie-Hezbollah qui cherchait une reconnaissance publique de son rôle par la résistance palestinienne, et d’autre part les dirigeants [politiques] du Hamas qui l’évitait délibérément de le mentionner.

    Cela mène à une impasse. Toute personne qui croit que la bataille avec Israël va unifier tout le monde se trompe - comme ceux qui pensaient que les guerres israéliennes allait faire baisser l’intérêt des affrontements en Syrie.

    L’accord du Hamas d’une trêve à long terme signifie que le Hamas annonce un arrêt des opérations de résistance pendant une période de temps indéterminée, mais seulement pour être épargnée par les maux de l’ennemi des supposés amis.L’accors servirait quant à lui à renforcer les infrastructures de la résistance et à la préparation d’une confrontation future dans le cadre d’assurer la libération totale de l’occupation. Pour que cette stratégie réussisse, il faudrait un véritable accord avec tous, ou du moins les principales factions de la résistance palestinienne.

    Il y a aussi d’autres options à prendre en compte. Celles-ci, malheureusement, ont été mises en avant par tous les acteurs, ils comprennent les points suivants :

    –Tout d’abord, l’accord obtenu par le Hamas d’« un cessez-le-feu est en ligne avec l’évolution de la position politique des Frères musulmans à plus grande échelle dans la région. Cela voudrait dire que le Hamas a accepté non seulement d’intégrer la sphère des Frères musulmans dans le monde entier, mais également, sous son propre nom, de s’engager à ses théories et ses tactiques.

    La priorité actuelle des Frères musulmans au Proche et moyen-Orien est de consolider sa mainmise sur le pouvoir, et en repoussant toutes les autres questions. Le discours de la résistance depuis la victoire a été centrée sur son engagement à la cause de la résistance à tous égards, mais cette priorité n’est pas partagée par l’Egypte, la Turquie et l’Arabie saoudite, qui cherchent à consolider leur pouvoir.

    –Une seconde option serait que les membres de l’axe Turquie-Egypte-monarchies du Golfe se mettent à rapidement inonder le Hamas et le peuple de Gaza de son amour et de son affection sous la forme d’aide à la reconstruction.En contrepartie, le Hamas s’engagerait à ne pas donner un prétexte à intervenir comme nous fûmes habitués à ce schéma au Liban

    –Troisièmement, si le Hamas devait choisir l’option précédente, il ferait face à un problème interne. Des efforts devront être faits pour couper les ailes du mouvement "djihadiste actuel » qui, lui, ne souhaite pas voir d’autres priorités passer avant la résistance Le Hamas serait également se trouver face à Djihad islamique et les autres factions de la résistance moins efficaces, y compris les brigades des martyrs d’Al-Aqsa du Fatah, le Front Populaire pour la Libération de la Palestine, et d’autres.

    Dans le cas d’une telle confrontation, le Hamas aurait à recourir à de sévères mesures pour affirmer son contrôle et remplir ses obligations à l’égard des Frères musulmans. Cela, malheureusement, nous mettrait sur le bord d’une nouvelle guerre civile palestinienne.

    –Quatrième option : le Hamas, s’il devait rejoindre l’axe Egypte-Turquie-Arabie-Qatar-Frères musulmans, sera amené à durcir sa ligne sur la crise syrienne. Plutôt que de critiquer les politiques du régime syrien, on pourrait s’attendre à entendre des dénonciations fortes du régime. On peut aussi entendre les dirigeants du Hamas gueule contre l’Iran et le Hezbollah que certains de ses hauts fonctionnaires ont fait.De même à l’égard de l ’Iran et du Hezbollah comme certains de leurs cadres dirigeants l’ont déjà fait

    Le danger ici - qui doit être évité -, c’est précisément le service que les États-Unis veulent obtenir de cet axe. Ils mettront la pression sur l’Egypte, la Turquie et les pays du Golfe pour forcer le Hamas à assumer cette tâche de délégitimer toute implication non-palestinienne dans la résistance. Ce serait destiné à forcer l’axe Iran-Syrie-Hezbollah à se retirer, le réduisant à une alliance confessionnelle étroite, autrement dit,le « front chiite ».

    Le problème n’est pas seulement qu’il y a des personnes qui soutiennent ces options. Le problème qui va se poser et prendre de l’importante est que si les opinions majoritaires en Palestine et en Egypte ne donnent pas un soutien suffisamment fort pour qu’une identité nationale indépendante s’affirme, elle nécessite de ne pas adhérer à un axe parrainé par les américains.

    La guerre de Gaza doit être intégrée dans une vision plus globale. L’agression israélienne de Gaza avait aussi une autre portée.

    Sur le plan stratégique : La rencontre entre Obama et Poutine qui a eu lieu dans le cadre du G20 à Los Cabos au Mexique avait permis de tracer les lignes rouges à ne pas franchir pour chacune des grandes puissances. Globalement, ils étaient d’accord que la solution en Syrie devrait être politique, une solution s’inspirant de l’accord de Taëf de 1990 qui avait mis fin à la guerre civile libanaise. Autrement dit, chaque confession aurait sa part de l’Etat : la présidence à un alaouite, la présidence du Conseil à un musulman sunnite, etc.

    Le problème fondamental qui demeure est le suivant : Sous quelle influence dominante sera la nouvelle Syrie ? Sera-t-elle toujours alignée à l’axe Moscou-Téhéran-Pékin ou bien connaîtra-t-elle une inflexion de sa politique étrangère. C’est cette question qui n’est toujours pas tranchée. En réalité, la situation actuelle arrange bien les Occidentaux : la Syrie est en train de sombrer jour après jour de sorte que l’Etat syrien s’effondre et avec lui ses prérogatives.

    Les lignes rouges seraient les suivantes : Poutine ne veut pas que la Turquie s’implique encore plus militairement afin qu’elle n’ait pas de rôle significatif dans les négociations. L’appel d’Erdogan à installer des missiles Patriot de l’OTAN est évidemment pour Poutine un franchissement de cette ligne et la Russie ne manquera pas de réagir. La seconde ligne rouge, c’est l’interdiction d’accorder à la rébellion syrienne des armes sophistiquées, autrement dit pas de « saut qualitatif » dans l’armement qui pourrait changer le rapport de forces sur le terrain. C’est pour ces raisons que les Américains n’avaient pas donné leur feu vert pour des missiles sol-air.

    Selon Nasser Qandil, ancien député libanais et allié du régime syrien, le projet russo-chinois pour la région serait une formule qui consisterait à former une fédération entre la Syrie et l’Irak. Sur le volet politique, cette formule engloberait la Turquie post-Erdogan et l’Iran : ces deux derniers pays apporteraient leur poids économique et militaire dont l’un des objectifs serait de régler la question kurde pacifiquement en leur reconnaissant leur spécificité culturelle et une autonomie politique dans le cadre de cette union.Sur le volet économique : rendre la Mer Méditerranée accessible au pétrole et gaz iranien et irakien via le territoire syrien et relier les gazoducs russes à la Mer rouge à travers la Turquie, la Syrie et la Jordanie.

    Cela fait de la Turquie une cause majeure de confrontation entre les Russes et le Chinois et les Américains et leurs alliés : l’acheminement et le « partage » des ressources énergétiques de la région. L’émergence de cette Union (Irak-Syrie-Turquie-Iran) en ferait une puissance régionale qui constituerait un danger pour l’Etat d’Israël.

    Sur le plan militaire : La mise en échec de l’armée israélienne à Gaza a sérieusement montré les limites de puissance israélienne : il semble qu’elle ne soit plus capable de remporter une victoire militaire nette mais seulement de détruire ce qu’elle fait « remarquablement bien ». Il semble que l’armée israélienne ne soit plus en mesure d’être un outil militaire au service de l’Occident suffisamment efficace pour porter un arrêt à ce projet. La démission d’Ehud Barak, ministre de la Défense de l’Etat d’Israël montre combien le coup de Gaza a été rude.

    La récente création de la Coalition de l’opposition syrienne à Doha n’a pas été reconnu par les rebelles islamistes syriens. Cette force militaire sur le terrain dont le projet s’apparente à ceux des Talibans a saboté quelque peu le projet américain de fournir un armement plus sophistiqué (saut qualitatif).

    En conclusion, le conflit en Syrie n’est pas prêt de voir une solution politique dans les prochaines semaines. Rendez-vous début 2013, en attendant de voir qui seront les nouvelles têtes de l’administration américaine aux affaires étrangères, à la Défense et à la Sécurité nationale.