• #Kimberly_Jones sur les révoltes aux Etats-Unis après la mort de #George_Floyd

    “When they say: ’Why do you burn down the community, why do you burn down your own neighborhood?’. It’s not ours! We don’t own anything. There is a social contract that we all have, whether you steal or I steal, then the person who has the authority comes in and they fix the situation. But the person who fixes the situation is killing us! So the social contract is broken. And if the social contract is broken what a fuck do I give a shit about burning a fucking football hall of fame, about burning the fucking Target? You broke the contract. When you kill us in the street and you give a fuck. You broke the contract for 400 years, we played your game and built your wealth.”

    https://twitter.com/Djame_/status/1674345275786240002

    https://www.youtube.com/watch?v=3QV3iOBcgjo

    #contrat_social #USA #Etats-Unis

    In the meantime, en France :
    Pourquoi les #services_publics sont pris pour #cible
    https://seenthis.net/messages/1008149

    • Vous avez dit « Contrat social » ?

      Le « Contrat social » n’est pas une vaine appellation car il voudrait que l’on fasse société en concédant de façon tacite à l’Etat la mise de notre liberté individuelle au service de la Liberté collective et du Bien commun par l’acceptation de la Constitution, des Lois et de la collecte des Impôts.

      En échange, l’Etat s’engage à respecter la Déclaration des droits de l’Homme, la Constitution, les Lois, le Parlement... Il doit aussi garantir la sûreté des personnes, les libertés individuelles et l’équité entre citoyens. Enfin, l’Etat doit défendre le bien et l’avenir collectif avant les biens individuels.

      Que devient le Contrat social, lorsque l’Etat et/ou ses représentants élus ou non bafouent la Constitution, les Lois, le Parlement ou détournent l’impôt du bien commun vers le bien particulier ?

      Que devient le Contrat social, lorsque l’Etat défend les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt et de l’avenir collectif ?

      Que devient le Contrat social, lorsque l’Etat tolère, cautionne, organise la discrimination des citoyens selon leur origine sexuelle, ethnique, sociale, religieuse ?

      Que devient le Contrat social, lorsque l’Etat empêche les libertés individuelles comme celles de s’exprimer, circuler, manifester ou grèver ?

      Que devient le Contrat social, lorsque son bras armé (Police ou Armée) dépositaire pour lui de la « violence légitime » harcèle, emprisonne, mutile ou tue des citoyens sans motif « légitime » ?

      https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/010723/vous-avez-dit-contrat-social

    • Le chantage aux parents est un abus de pouvoir !
      https://diacritik.com/2023/07/02/le-chantage-aux-parents-est-un-abus-de-pouvoir

      Il y a eu des paroles prudentes des politiques car il y a eu des images, glaçantes. Impossible de mentir, de répéter des éléments de langage, de détourner l’attention. Nos regards sont braqués sur une réalité épouvantable. Nahel, un jeune homme de 17 ans, un enfant, est mort une arme policière sur la tempe pour « refus d’obtempérer ». Pourquoi ne s’est-il pas arrêté ? Peut-être moins parce qu’il conduisait sans permis que parce qu’il a eu peur pour sa vie. Et si telle a été sa pensée, il a eu raison de s’y fier. Cédric Chouviat s’était arrêté ; on connaît la conséquence. Et il y a tous les autres, des morts sans deuil possible. Il est déjà impossible de se représenter l’absence d’un être cher mort dans un accident (au sens étymologique de « ce qui arrive par hasard ») alors dans un contexte de contrôle routier, quand on sait la responsabilité politique d’une action policière volontairement meurtrière, on imagine la sidération de la mère de Nahel, dont ils ont brisé les lendemains et le cœur. On sait que c’est une balle qui a tué, que la balle a atteint le corps de l’enfant parce qu’elle a été propulsée par la gâchette dont le doigt posé dessus appartient à un homme qui avait le pouvoir de ne pas en faire usage. La mort de Nahel aurait pu ne pas être, c’est ce qui la rend si insupportable, révoltante.

      Donc ceux qui subissent quotidiennement en silence depuis trop longtemps sortent, explosent tout et, si saccager un Conforama ou voler un jogging de marque a peu à voir avec la réparation morale, ça représente une expression de la révolte, hier encore contenue mais bouillante. Car il faut dire la colère, immense, et rarement la colère est raisonnable, mesurée, tempérée. Ça explose tout. Même des écoles, des bibliothèques, des commerces artisanaux. Des lieux essentiels parce qu’au service des autres, précieux parce que de plus en plus rares. Des lieux où des gens inoffensifs échangent chaque jour leur force de travail contre un salaire qui permet de s’offrir une vie correcte. Cela pourrait être dit par les politiques quand ils dénoncent une forme de violence. Violence qu’ils ne peuvent par ailleurs pas ignorer, puisqu’elle bout depuis longtemps sous le couvercle remuant sur lequel ils sont assis. Pas un mot, donc. Pas une pensée pour une vraie belle société bien ordonnée et partagée par tous. Retour aux éléments de langage droitiers qui en « appellent à la responsabilité des parents ». Désigner des responsables et procéder au chantage (amendes voire risque d’emprisonnement, stage de responsabilisation, TIG etc), voilà leur méthode. C’est à ces politiques qu’il faudrait proposer un stage de responsabilisation.

      J’ai enseigné dix ans dont cinq en banlieue parisienne. Je n’y ai rencontré que des parents d’élèves responsables et des enseignants qui faisaient avec les moyens que l’État donne à ses collèges et lycées c’est-à-dire des moyens du bord, des moyens de clochard. Les élèves savaient très bien que les places dans cette société verrouillée sont chères. Ils savaient très bien qu’il n’y en avait pas pour tout le monde, qu’ils étaient servis les derniers, en témoignait l’état délabré de leur établissement construit il y avait à peine dix ans mais déjà vétuste tant les matériaux utilisés étaient de pacotille. Notre excellence pédagogique et notre écoute n’y changeaient rien. C’était dans le fond une bonne nouvelle, une preuve que ces enfants étaient des citoyens parfaitement lucides, plus éclairés que les politiques en poste.

      Je me souviens d’une enfant de 13 ans qui venait en classe le cartable vide – et peut-être le ventre aussi. Mes encouragements, mes tentatives de dialogue la laissaient indifférente. En tant que professeure principale, j’avais la charge de proposer un rendez-vous à ses parents. Je rencontrai la mère à qui j’expliquais la situation de la fille, les dangers de la déscolarisation. Je peux aisément me rappeler mes mots, auxquels je crois et tiens toujours même si je n’enseigne plus, ayant démissionné en partie pour les raisons évoquées ici. La place d’une enfant de 13 ans est à l’école parce que rien d’autre ne compte à cet âge que d’apprendre et de découvrir le monde grâce au savoir (j’avais utilisée une formulation moins pompeuse). Et je me souviens m’être détestée ensuite en disant à cette mère : à 13 ans, on se croit en capacité de vivre comme un adulte mais la réalité c’est que ces élèves sont des bébés, ils ont besoin que leurs parents les encouragent à croire à l’école et en eux-mêmes avant tout. Je me suis détestée dans cette posture que je trouvais prétentieuse mais que je n’avais pu réfréner, lancée dans un discours de prévention que je croyais utile. Après quoi, la maman s’est mise à raconter. La vie seule avec sa fille, le frigo vide la moitié du mois, les retards de facture, les crédits, ses absences au domicile parce qu’elle n’avait pas eu d’autre choix que d’acheter une licence de taxi et de travailler la nuit pour espérer des jours meilleurs pour elle et sa fille. Elle avait un regard coupable quand j’étais sans voix devant cette leçon de vie de maman responsable. Elle rêvait de jours meilleurs pour elles, je lui promettais que les enseignants veilleraient sur son enfant. Lors du conseil de classe, j’exposai la situation du parent pour expliquer celle de l’élève. La direction proposait un rendez-vous avec l’assistante sociale. Mais l’on ne soutenait personne sérieusement avec un demi-poste d’assistante sociale, présente une demi-journée par semaine et sans moyens à disposition. Notre collège, comme tous les autres de la région compartimentés au-delà du périphérique, était fréquenté par des centaines d’enfants dont les parents responsables se démenaient comme ils pouvaient pour parer à l’urgence du quotidien, qui n’attend pas. Ils pouvaient être absents, oui, pour certains. Pas irresponsables.

      Si les politiques veulent exiger des parents qu’ils soient plus présents, qu’ils prennent leurs responsabilités pour permettre que le travail paye, que l’école n’ait plus pour fonction de reproduire les inégalités sociales, que joindre un service public ne soit plus un calvaire, que trouver un médecin ne soit pas impossible, qu’habiter en banlieue ne se résume pas un logement en carton, que postuler à un emploi ne soit pas l’occasion d’une discrimination ou une humiliation de plus, que descendre dans la rue ne soit pas un risque pour sa vie. Quand les politiques auront pris ces responsabilités-là, ils n’auront nul besoin de recourir au chantage, une méthode illégale, réservée aux escrocs.

  • Réforme des retraites : vers une nouvelle épidémie de mutilations ? | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/250323/reforme-des-retraites-vers-une-nouvelle-epidemie-de-mutilations

    Depuis une semaine, les blessés tombent sous les coups de matraque mais aussi sous ceux des LBD et des grenades. A Besançon, des dérives ont aussi été constatées avec un gazage intensif du centre-ville à la sortie des écoles et l’usage de grenades de désencerclement au-dessus d’une foule d’adolescents (vidéo). Allons-nous attendre d’autres drames pour réagir ?

    avec un chapelet de renvoi à des vidéos récentes

  • Adresse aux français pour stopper la mise à mort de nos Hôpitaux Publics.
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/051122/adresse-aux-francais-pour-stopper-la-mise-mort-de-nos-hopitaux-publi

    Vous, français, françaises, êtes loin de connaître l’état réel de vos hôpitaux et de savoir les drames humains qui s’y déroulent chaque jour. Dresser un état des lieux de la situation sur le terrain pour susciter une réelle prise de conscience de la gravité est un préalable à un sursaut citoyen pour ne pas accepter l’agonie de notre système de Santé.

    ... Car il n’est pas normal qu’un patient porteur d’une énorme hernie discale, et qui s’est vu refuser l’admission aux urgences d’un hôpital de la Région après appel du 112, finisse par arriver sur la table d’opération à 5h du matin après un délai de 42h. Ceci a eu pour conséquence pour lui d’avoir une paralysie des membres inférieurs et de la vessie, des séquelles l’obligeant aux auto-sondages urinaires et à marcher avec deux cannes. On imagine aussi aisément la perte de qualité de vie, les difficultés psychologiques et corporelles pouvant être associées (trouble érectile) et les complications sociales (perte d’emploi, difficulté à se déplacer) qui peuvent en découler.

    Il n’est pas normal qu’un homme d’âge moyen qui fait un coma brutal sur son lieu de travail (BTP) par rupture d’anévrisme n’arrive sur la table opératoire pour l’évacuation de l’hémorragie cérébrale et la sécurisation de son anévrisme qu’au bout de 9h de délai, après un passage par le chaos des urgences, quand on sait que le centre référent est à 1h de voiture… Nous avons fait notre maximum pour lui, avec un résultat opératoire excellent, mais des suites malheureusement dramatiques en raison d’un délai de compression cérébrale responsable d’une ischémie complète de son hémisphère gauche et d’une survie impossible sans séquelles neurologiques majeures et dépendance physique / psychique totale.

    Il n’est pas normal que dans un CHU comme Dijon, une personne âgée décède récemment, de malnutrition, de déshydratation et d’alitement, en attendant une opération bénigne pour fracture du péroné reportée jour après jour aux calendes grecques. Il nous arrive également dans notre CHU de reporter de plusieurs jours certains gestes en apparence bénins pour des problèmes d’accès aux salles opératoires. La semaine passée, j’ai dû reporter, pour réduction supplémentaire des vacations opératoires, une patiente souffrant d’une névralgie cervico-brachiale sur hernie cervicale et qui ne pouvait faire autrement que mettre son bras au-dessus de sa tête pour se soulager de la douleur. Cela s’est fait à la dernière minute en raison d’une décision unilatérale de la Direction qui n’avait pas été transmise aux équipes de chirurgie. J’ai dû m’excuser auprès de la patiente et ravaler ma colère de subir une situation que je n’avais pas encore une fois créée.

    Il n’est pas non plus normal que dans un EHPAD de la Région, les soignants qualifiés soient remplacés par des contractuels non formés qui ont des pratiques totalement déviantes sur nos aînés : refus de mise au fauteuil, erreur d’administration de médicaments, utilisation de détergent pour le sol pour la réalisation des toilettes intimes… situation similaire rencontrée dans certaines crèches françaises il y a peu, où une employée a administré un détergent à un bébé qui pleurait trop souvent…

    Tout cela est bien A-N-O-R-M-A-L. Et la fréquence avec laquelle surviennent ce que l’on pourrait appeler « dysfonctionnements » est réellement inquiétant. Tout cela se traduit maintenant pour vous et vos proches de façon brutale en perte de chance, perte de qualité de vie, handicaps, séquelles voire décès. Nous soignants qui faisons tout sur le terrain pour maintenir à bout de bras le système hospitalier sommes épuisés de nous battre seuls, tels des Don Quichottes, contre un système qui nous broie...

  • L’éthique médicale malade du Covid-19 ? Vers une banalisation du mal
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/210122/l-ethique-medicale-malade-du-covid-19-vers-une-banalisation-du-mal

    Plus de deux ans maintenant que nous sommes baignés dans cette pandémie du Covid19 qui a lourdement impacté la vie et la santé des français, nos structures de soins, notre organisation sociale, notre accès à l’éducation et à la culture, et enfin notre économie. Lors de cette cinquième vague, nous assistons aussi à un nouvel effet collatéral de la pandémie : l’effritement de notre éthique médicale...

    ... Quelle ne fut pas alors ma stupéfaction de voir passer ce mois de janvier 2022 sur le fil tweeter de cette même Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR) la proposition de participer à une étude en ligne (Philotest) promue par le CHU de Caen et portant sur le tri des malades à l’entrée en réanimation… dans le contexte actuel, j’avoue que d’emblée j’étais inquiet de ce que j’allais pouvoir y trouver. Ce que j’y ai lu dépassait en fait l’entendement et marquait la déviance d’une triste époque.


    En réalité, en filigrane, cette étude est l’application de la philosophie expérimentale et des théories utilitaristes à la médecine d’urgence en période de pandémie de Covid 19, où la polémique soulève de façon illégitime la question de réanimer ou pas les patients en fonction de leur statut vaccinal. Elle n’est pas non plus sans rappeler d’autres études menées pour la validation des algorithmes décisionnels des voitures autonomes en cas d’obstacle avec plusieurs piétons : choisir d’écraser la maman à la poussette, le vieillard ou le SDF…

    Comment peut-on résumer en un simple « jeu-vidéo à cliquer » (quand une simulation par jeu de rôle impliquerait de se mettre dans la complexité d’une situation réelle) la gravité de la décision médicale de « réanimer ou ne pas réanimer » un patient, dans sa dimension humaine et humaniste, sur des paramètres aussi simplistes ou subjectifs (comme parfois l’est la quantification de l’espérance de vie) et en introduisant des critères de jugement moral qui n’ont rien à faire dans ce type de situation.

    De plus, comment se fait-il qu’une étude requérant un minimum de compétence éthique, psychologique et médicale puisse être proposée à des non-médecins ? N’a-t-on pas l’impression, comme l’air du temps nous y habitue, d’assister à un conditionnement « sous contrainte » de l’opinion collective, puisque dans ce protocole, les choix sont forcés par l’impossibilité de choisir un tirage au sort (qui dans certains cas serait la moins mauvaise attitude éthique) et aboutissent invariablement, comme une prophétie auto-réalisatrice, à valider l’intention des concepteurs ou le pire côté de l’humanité, à savoir : sacrifier le jardinier, le non-vacciné, le patient qui a refusé le traitement de sa maladie, le plus âgé, le patient désocialisé, le handicapé ou le sexe minoritaire… ? Sans parler des limites méthodologiques, on se demande comment les comités d’éthique du CHU de Caen et de la SFAR ont pu valider une étude dont les préceptes rappellent les pages les plus noires de l’histoire du XXè siècle…

    Sortir du mal

    À une époque où la tentation est grande de lâcher la rampe de la rigueur de l’éthique et de la déontologie, nous médecins, devons nous ressaisir et nous réunir autour des principes immémoriaux et fondamentaux qui fondent l’humanisme de la Médecine, tournée vers le soin des malades sans distinction d’origine, d’opinion, de croyance, de niveau social, de handicap ou de situation familiale.

    Nous médecins devons résister aux sirènes de la gouvernance libérale pour qui la vie humaine n’a de valeur que dans sa dimension utilitaire et qui voudrait nous présenter des boucs-émissaires faciles de la pandémie de Covid 19 qui s’abat à nouveau sur notre pays, alors que nos structures de santé ont été laissées à l’abandon depuis plus de trente ans, expliquant pour partie le découragement des équipes soignantes et nos difficultés à gérer un afflux supplémentaire de patients dans nos hôpitaux.

  • Santé : enjeu majeur de la Présidentielle 2022. Un comparatif des programmes
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/060122/sante-enjeu-majeur-de-la-presidentielle-2022-un-comparatif-des-progr

    Un compte-rendu pas mal fichu des programmes connues des prétendant⋅es en regard des revendications des soignants (une sélection de 40, ce qui est déjà pas mal).

    Pour celleux qui préfèrent prendre une décision sur les programmes que sur les gueulantes des candidat⋅es, peu importe qui :)

    La Santé est une des priorités des français pour la Présidentielle 2022. Quels sont les candidats en phase avec nos attentes ? Afin de vous aider à y voir plus clair, 17 programmes ont été comparés et classés par rapport à 40 revendications de soignants et d’associations. A ce jour, un seul programme fait la course en tête, quand certains ne présentent encore aucune proposition sur la Santé.

    #élection_présidentielle #présidentielle #santé #programme

  • 55 organisations contre la « sécurité globale »
    https://www.laquadrature.net/2020/11/12/55-organisations-contre-la-securite-globale

    Nous signons aux côtés de 54 organisations la lettre ci-dessous pour nous opposer à la loi de sécurité globale. Si vous êtes une association partageant notre combat, écrivez-nous à contact@laquadrature.net pour signer la lettre (mettez…

    #Censure #Surveillance

    • Ma préférée : @cy_altern

      Madame la Députée, Monsieur le député,

      Je vous écris pour vous demander solennellement de ne pas ratifier le Projet de Loi sur la Sécurité Globale porté par le Ministre Darmanin et le député Jean-Michel Fauvergue, ancien directeur du RAID.

      Ce projet répressif vise à mettre en place en France tout un ensemble de lois propres aux États policiers et qui vont, de fait, porter atteinte de façon durable à nos libertés et à nos droits fondamentaux de s’exprimer, de manifester ou de témoigner de toute forme de répression étatique sur la population par le biais de sa Police ou de son Armée. Il est clair ici, que par le biais des deux personnages cités plus haut, la Police a écrit elle-même les règles qui définiront ses pouvoirs. Vous avez en tant que député de la République française, une grande responsabilité face à l’histoire.

      En validant ces lois, vous permettriez de facto l’instauration d’un Etat Autoritaire en France où la liberté de s’indigner et d’exprimer son désaccord pour faire évoluer notre société serait réprimée dans la rue, dans les camions de police et dans les salles des commissariats dans l’invisibilité la plus totale et sans la garantie d’obtenir justice en cas d’usage disproportionné ou illégal de la force publique.

      En validant ces lois, vous permettriez, de façon parallèle, l’organisation d’une surveillance généralisée des citoyens alors même que les citoyens ne pourront eux-mêmes plus mettre en place la moindre stratégie démocratique de contrôle sur la Police et les institutions du pays.

      En validant ces lois, vous permettriez le renforcement d’une approche confrontationnelle dans la gestion des manifestations populaires ou syndicales, approche qui n’aboutira qu’à une augmentation des fractures, des colères et, par voie de conséquence, à de la conflictualité dans notre pays qui a tant d’autres besoins en cette période d’apaisement.

      La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à laquelle est attachée notre Nation et notre Constitution, ne promeut pas la « sécurité » mais la « sûreté », un état où le danger n’existerait plus, les membres de la société auraient la garantie de leurs libertés et de leur bien-être physique, moral, social et où les "gardiens de la paix" seraient à leur service. Le droit de résistance à l’oppression en fait partie.

      Article 2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

      En vous remerciant pour votre lecture attentive,

      Veuillez agréer Madame la députée, Monsieur le député l’expression de ma considération républicaine.


      https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/111120/securite-ou-surete-une-lettre-aux-deputes-francais-stoploisecuritegl

    • Monsieur le député / Madame la députée,

      Je me permets de vous écrire en amont de l’examen par l’Assemblée nationale de la proposition de loi «  Sécurité globale  », dont certaines dispositions suscite des inquiétudes au regard du respect des obligations de la France en matière de droit international relatif aux droits humains.

      Nous sommes particulièrement inquiets des restrictions au droit de diffuser des images de la police, alors qu’en même temps, est mis en place un cadre très large pour autoriser la police à filmer les citoyens, sans garanties stricte de respect des droits humains.

      Ainsi, l’article 24 de la proposition de loi prévoit de sanctionner très lourdement (jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende) le fait de diffuser des vidéos dans lesquelles des policiers ou des gendarmes seraient identifiables « dans le but qu’il soit porté atteinte à [leur] intégrité physique ou psychique ».

      Dans les faits, cette disposition ouvre la voie à des interprétations divergentes et arbitraires, notamment la notion d’intégrité psychique. Si elle est adoptée, elle entravera le travail des journalistes et la possibilité pour les citoyens d’apporter des preuves de violations des droits humains. Avec une telle disposition disparaît la possibilité de faire des vidéos en direct, par peur de la sanction, qui s’ajoute au risque de censure par les plateformes de réseaux sociaux. Ceci constituera un risque majeur pour la liberté d’informer, corollaire essentiel du droit à la liberté d’expression.

      Toute restriction au droit de diffuser des images des forces de l’ordre doit poursuivre un objectif légitime (sécurité nationale, ordre public, droits d’autres personnes) et être strictement nécessaire et proportionnée. Si, dans certaines situations particulières, l’interdiction de filmer et diffuser peut être légitime, par exemple lors d’une opération anti-terroriste, les entraves à la liberté d’informer contenues dans ce projet de loi conduiront à ce que des violations des droits humains ne soient pas documentées. Ceci pourrait contribuer à une culture de l’impunité qui porte finalement atteinte à l’image des forces de l’ordre et contribue à saper lien de confiance nécessaire entre les forces de l’ordre et la population.

      La proposition de loi « Sécurité globale » élargit également la possibilité pour la police d’avoir recours aux caméras piétons (article 21) ou aux caméras « aéroportées », notamment les drones équipés de caméras (article 22).

      Amnesty international recommande la plus grande prudence sur le port par les forces de l’ordre de caméras piétons : il faut prendre en compte les risques pour les droits fondamentaux, en particulier le droit à la vie privée, le droit à la dignité des personnes filmées et le droit à la liberté de réunion pacifique.

      L’article 21 de cette proposition de loi ouvre la possibilité de recourir aux caméras piétons « pour l’information du public », sans précisions sur la façon dont le droit à la vie privée des personnes filmées sera préservé dans le cas où ces images seraient diffusées publiquement. Il permettrait également aux agents d’accéder directement aux enregistrements, ce qui leur était interdit jusque-là. Ceci pourrait s’avérer problématique en cas d’enquête sur des pratiques illégales par les forces de l’ordre. Par ailleurs, si ces caméras peuvent avoir l’intérêt de réduire le recours à la force, les enregistrements peuvent aussi être biaisés et sélectifs si le choix de les démarrer ou de les arrêter revient à l’agent.

      L’article 22 ouvre aussi la possibilité pour les autorités de recourir aux caméras aéroportées – notamment les drones équipés de caméras – dans pratiquement tous les contextes, y compris celui des manifestations. L’information systématique du public, n’est pas garantie puisqu’il est prévu que les autorités puissent s’en passer « lorsque les circonstances l’interdisent », un motif vague permettant une large interprétation.

      Le fait de risquer d’être filmé peut dissuader des personnes de participer à des rassemblements pacifiques, notamment si elles craignent des poursuites ultérieures pour le simple fait d’y avoir participé. Ce qui pourrait être le cas en France, où Amnesty International a documenté des situations où des manifestants rassemblés pour défendre les droits des soignants, par exemple, ont reçu des amendes après avoir été identifiés par des caméras de surveillance. Ils ont été sanctionnés pour participation à une manifestation interdite, alors même que cette interdiction prise par le gouvernement a ensuite été jugée illégale car disproportionnée.

      En l’état, la proposition de loi ouvre la possibilité d’être filmé par les forces de l’ordre dans pratiquement tout l’espace public. Les rapporteurs voudraient même faciliter la transmission aux autorités des vidéos des immeubles d’habitation.

      Rien dans la proposition de loi actuelle ne garantit que les images captées par les autorités ne feront pas in fine l’objet d’un traitement par des logiciels de reconnaissance faciale, une technologie en plein développement. En droit international, toute utilisation de systèmes qui permettraient une surveillance indiscriminée, voire de masse, tant par les organismes d’Etat que par les acteurs du secteur privé, doit être prohibé. Or, dans cette proposition de loi qui prévoit que les autorités pourront très largement filmer les personnes dans l’espace public, des amendements ont déjà été déposés pour introduire la reconnaissance faciale. Ceci porterait une atteinte disproportionnée au respect du droit à la vie privée. Je vous demande donc d’écarter explicitement la possibilité d’y recourir.

      Compte tenu de ces menaces sur les droits fondamentaux, je vous demande de soutenir les amendements visant à :

      La suppression de l’article 24 qui restreint la possibilité de filmer la police

      La suppression de l’article 21 sur les caméras individuelles, ou a minima des amendements afin :

      – De garantir la protection du droit à la vie privée des personnes filmées,

      – D’ajouter un objectif de baisse du recours à la force par les forces de l’ordre,

      – D’exclure l’accès direct des agents à leurs enregistrements (comme c’est le cas dans la législation actuelle)

      La modification de l’article 22 pour  :

      – Préciser les objectifs de l’usage de caméras aéroportées et une liste limitative des cas où ces caméras peuvent être utilisées, en justifiant de la nécessité et proportionnalité au regard des objectifs et moyens de contrôle existants. Compte tenu des menaces sur le droit de manifester, les critères doivent être particulièrement élevés pour autoriser le déploiement de caméras aéroportées dans ce contexte. Un simple trouble à l’ordre public ne saurait suffire, d’autant plus que la simple non-déclaration d’une manifestation a pu, encore récemment, être considéré par les autorités françaises comme un risque à l’ordre public.

      – Préciser les cas dans lesquels le public ne serait pas informé du fait qu’il est filmé et cette absence d’information doit être exclue dans le cas des manifestations.

      Que ce soit pour les caméras individuelles ou les caméras aéroportées, le traitement des images par des logiciels de reconnaissance faciale doit être exclu

      Je vous remercie d’avance de l’intérêt que vous porterez à ma démarche et espère que vous porterez mes recommandations pour un meilleur respect des droits humains. Je vous prie d’agréer, Monsieur le député/Madame la députée, l’expression de ma meilleure considération.

    • Ma préférée :

      Madame la Députée, Monsieur le député,

      Je vous écris pour vous demander solennellement de ne pas ratifier le Projet de Loi sur la Sécurité Globale porté par le Ministre Darmanin et le député Jean-Michel Fauvergue, ancien directeur du RAID.

      Ce projet répressif vise à mettre en place en France tout un ensemble de lois propres aux États policiers et qui vont, de fait, porter atteinte de façon durable à nos libertés et à nos droits fondamentaux de s’exprimer, de manifester ou de témoigner de toute forme de répression étatique sur la population par le biais de sa Police ou de son Armée. Il est clair ici, que par le biais des deux personnages cités plus haut, la Police a écrit elle-même les règles qui définiront ses pouvoirs. Vous avez en tant que député de la République française, une grande responsabilité face à l’histoire.

      En validant ces lois, vous permettriez de facto l’instauration d’un Etat Autoritaire en France où la liberté de s’indigner et d’exprimer son désaccord pour faire évoluer notre société serait réprimée dans la rue, dans les camions de police et dans les salles des commissariats dans l’invisibilité la plus totale et sans la garantie d’obtenir justice en cas d’usage disproportionné ou illégal de la force publique.

      En validant ces lois, vous permettriez, de façon parallèle, l’organisation d’une surveillance généralisée des citoyens alors même que les citoyens ne pourront eux-mêmes plus mettre en place la moindre stratégie démocratique de contrôle sur la Police et les institutions du pays.

      En validant ces lois, vous permettriez le renforcement d’une approche confrontationnelle dans la gestion des manifestations populaires ou syndicales, approche qui n’aboutira qu’à une augmentation des fractures, des colères et, par voie de conséquence, à de la conflictualité dans notre pays qui a tant d’autres besoins en cette période d’apaisement.

      La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à laquelle est attachée notre Nation et notre Constitution, ne promeut pas la « sécurité » mais la « sûreté », un état où le danger n’existerait plus, les membres de la société auraient la garantie de leurs libertés et de leur bien-être physique, moral, social et où les "gardiens de la paix" seraient à leur service. Le droit de résistance à l’oppression en fait partie.

      Article 2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

      En vous remerciant pour votre lecture attentive,

      Veuillez agréer Madame la députée, Monsieur le député l’expression de ma considération républicaine.

      https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/111120/securite-ou-surete-une-lettre-aux-deputes-francais-stoploisecuritegl

  • ❌ Selon Macron, les problèmes de l’#hôpital ne sont pas liés au manque de moyens mais à l’organisation.

    Le problème, ce sont les conseillers en organisation qui ont organisé le manque de moyens.

    https://twitter.com/Poulin2012/status/1313871136334241799

    Une organisation gérée depuis des années par des cabinets de conseil (McKinsey, Strategy&, BCG, Roland Berger, Parthenon, Bain, Eurogroup etc) qui ont organisé la casse de l’hopital de service public pour en faire un secteur dépendant des logiques marchandes du secteur privé.

    Rassurez-vous, ce sont les mêmes qui gèrent le déconfinement, les tests, et l’organisation du Ségur de la santé.

    La logique de néomanagement public à l’oeuvre dans la santé est responsable de toutes les défaillances actuelles. Ce sont les responsables de la faillite du service public, qui sont toujours à la manœuvre, continuant la logique de restriction budgétaire, de profit et de flux.

    Les gouvernements passent, mais les vrais pilotes de la casse de l’hôpital public restent les mêmes, petit florilège des réformes idiotes pondues par ces grands stratèges.

    2005 : tarification à l’activité pour un alignement faussé avec le privé car le public garde les pathologies les plus lourdes.

    2009 : La loi "Hôpital, Patients, Santé, Territoires" portée par Roselyne Bachelot, "révolution managériale" qui créé les ARS et impose une logique de rationnement.

    2012 : Marisol Touraine lance son « Pacte de confiance pour l’hôpital », qui revient sur les réformes passée en créant plus de confusion.

    2019 : LREM lance #masanté2022, modifiant les statuts des hôpitaux de proximité et en créant le Projet Territorial de Santé (PTS) sans donner plus de moyens aux hôpitaux en faillite

    Avec un déficit de 650 millions d’euros en 2018 contre 470 millions en 2016, les hôpitaux français ont besoin d’argent, pas de consultants en organisation, n’en déplaise au banquier d’affaire qui squatte à l’Élysée depuis 2017.

    Petits exemples de fiches créées pour piloter l’efficience des établissements de santé. C’est indigent. Vous êtes prévenus :

    https://threadreaderapp.com/thread/1313871136334241799.html

    • La coupe est plus que pleine : un Président qui a encensé les soignants et qui, maintenant, « démasque » son idéologie et son mépris en disant qu’ils sont le problème par leur manque d’organisation et un Gouvernement qui poursuit sa quête du Graal, à savoir : privatiser la santé. Appel vidéo pour une prise de conscience avant qu’il ne soit trop tard.

      https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/111020/alerte-privatisation-des-urgences-vers-la-privatisation-globale-de-n

    • Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour « Libération », il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus.

      Pendant trente-six ans, j’ai fait de la médecine générale. Depuis le mois de mars, je fais des actes de médecine générale. Comme lorsque je réalise des consultations le dimanche sur un point de garde fixe. Et ça n’a rien à voir. Pendant trente-six ans, chaque consultation s’est inscrite dans un continuum. A l’issue de chacune d’elles, au-delà de la prise en charge de l’affection du moment, j’ai essayé d’assumer le suivi global du patient sur le long terme : programmer des examens complémentaires, archiver des résultats, suivre l’évolution de telle ou telle pathologie, demander un avis spécialisé, réaliser des examens de prévention.

      Depuis mars, je travaille au jour le jour, sans réelle visibilité. Pendant de nombreuses semaines, les patients ont été confinés chez eux, et pendant plus longtemps encore ils n’ont pu accéder aux soins de seconde ligne chez les spécialistes ou à l’hôpital. Ils rechignaient à se rendre dans les laboratoires d’analyse médicale par crainte des files d’attente et d’une contamination. Les plus âgés dépérissaient. Les examens programmés de longue date, les interventions chirurgicales non urgentes étaient déprogrammées, repoussées, parfois à plusieurs reprises. Et au cabinet, entre la mise en place de téléconsultations pour faire face au flux des demandes et la diminution de nombre de créneaux de consultations présentielles afin d’assurer la sécurité et la décontamination, les délais se sont allongés et ont rendu le suivi plus difficile.

      Depuis mars, j’avais l’impression de gérer l’urgence du moment, mais j’espérais qu’après l’été j’aurais la possibilité de reprendre une activité inscrite dans la durée. C’est la raison pour laquelle pendant la période estivale j’ai refusé de baisser la garde, la raison pour laquelle avec des confrères et consœurs raisonnablement inquiets nous avons milité pour demander la mise en place de mesures dont la finalité était clairement exprimée : « Donnons-nous toutes les chances d’éviter une deuxième vague ! » A chaque intervention, nous avons été taxés d’alarmisme par une bande hétéroclite de négationnistes du Covid. Nous étions des Cassandre, voire des ayatollah, parce que faire l’hélicobite au Hellfest nous semblait prématuré.

      Pourtant nous savions que l’été brasserait les populations sur l’ensemble du territoire, nous pressentions qu’après un printemps de restrictions chacun voudrait enfin souffler et « oublier » un peu le coronavirus. C’est pourquoi, au lieu d’en appeler à la responsabilité individuelle comme si la population devait être traitée comme des enfants incapables, nous avons tenté d’alerter les pouvoirs publics, sur la nécessité de prendre des décisions collectives dont la plus importante fut d’instaurer le port du masque en lieu clos, puis au travail parce qu’Emmanuel Macron avait feint d’imaginer que le virus se comportait différemment dans une supérette que dans un open-space. Il fallut encore revenir à la charge pour l’amener à réduire le délai de la mise en place de cette première mesure, de quinze jours à deux jours. Il fallut batailler encore pour tenter d’obtenir un protocole sanitaire cohérent à l’école, dans l’un des seuls pays au monde où les enfants n’étaient pas vecteurs d’infection avant 11 ans. Il fallut insister encore pour qu’enfin la nécessité d’aérer les lieux clos soit admise et médiatisée.

      La situation actuelle est la résultante de chacun de nos choix collectifs et individuels.

      Les choix d’un exécutif n’ayant pas la crédibilité nécessaire pour prendre des mesures fortes, du fait de ses mensonges originels, du fait de sa gestion calamiteuse de la pénurie, du fait de sa tendance à pointer du doigt la responsabilité des individus sans faire pression sur les employeurs pour privilégier le télétravail. Du fait de la satisfaction béate de ministres fustigeant le comportement négligent de jeunes qu’ils n’hésitent pas à entasser dans des amphithéâtres bondés.

      Les choix de certains médias ayant constamment privilégié des guignols de plateau « rassuristes », ou négationnistes, spécialistes autoproclamés d’une maladie qu’ils n’ont jamais eu à prendre en charge. Un jour, il leur faudra nous expliquer pourquoi un spécialiste de la physiologie du sport et un astrophysicien ont été considérés comme oracles de la fin de l’épidémie, et pourquoi on a continué à les inviter sur les plateaux tandis que les « réa » se remplissaient à nouveau de Covid, que les hôpitaux passaient en plan blanc, que les congés des hospitaliers étaient annulés. Un jour…

      En attendant, le travail a repris, et la situation ne s’est pas améliorée. Elle s’est même dégradée courant septembre parce que là où en mars nous n’avions pas de possibilité de tester les patients, nous nous sommes retrouvés dans une situation pire encore, celle de devoir expliquer aux patients qu’alors que l’exécutif vantait la capacité de tests de la France, en pratique les délais d’obtention de rendez-vous puis de résultats rendaient le testing problématique voire inutile. S’est ajoutée à cela la première vague de rhinoviroses, de nez qui coulent, de fébricules. Covid, pas Covid, tester, pas tester, isoler, pas isoler ? Comment ferons-nous face à la période hivernale dans ces conditions ?

      Aujourd’hui, grâce à l’initiative d’un confrère, nous avons mis en place localement des unités fonctionnelles de prélèvement, permettant à plusieurs petits groupes de médecins de diriger un nombre restreint de patients symptomatiques vers des cabinets infirmiers participants pour obtenir des résultats de PCR en moins de vingt-quatre heures et réussir à isoler les positifs afin de tenter de bloquer les chaînes de contamination.

      La seule bonne nouvelle est que là où les Covid du printemps passaient fréquemment par une phase de gêne respiratoire préoccupante, la majorité des Covid d’automne que je vois sont peu symptomatiques. Je passe plus de temps à gérer avec eux la paperasse administrative qu’à me préoccuper de leur saturation en oxygène. Non pas que le virus ait muté ou soit devenu moins virulent, comme le martelait Didier Raoult dix jours avant d’affirmer exactement le contraire tandis que les hôpitaux de Marseille quémandaient des renforts, mais probablement parce que le respect même imparfait des mesures barrière, le port de masques généralisé, diminue l’inoculum viral dans nombre de contaminations. Mais à la différence de la première vague, l’ensemble du territoire est touché. D’où l’importance en médecine de ne pas uniquement se référer à son expérience personnelle, mais de l’intégrer dans une vision globale, ce dont semblent incapables certains mandarins, apparemment. Je ne vois pas de Covid graves, et pourtant les hôpitaux en sont pleins.

      Nous sommes début octobre, et je ne peux que constater que 2020 aura été une année perdue pour mes patients, en médecine générale. Les programmes de dépistage ont été à l’arrêt de nombreux mois, les examens radiologiques, scanners, IRM, les fibroscopies, ont été stoppés, et il est matériellement impossible de rattraper intégralement ce retard. Il en va de même pour certaines interventions chirurgicales, d’autant que les hôpitaux, tout en ayant conscience de la nécessité de maintenir cette fois-ci l’activité non-Covid, sont confrontés à l’épuisement du personnel et à la fuite des soignants. Les médailles ne suffisent pas, ne suffisent plus. Il n’y a pas de soignants magiques.

      Nous allons vers des semaines très difficiles, avec une vague que nous tentons d’aplatir mais qui va probablement rester sur un plateau élevé du fait du retard de mise en œuvre de mesures plus restrictives, du fait des petits arrangements locaux de politiques chauvins, et de la pusillanimité d’un exécutif qui a un temps été tenté par la théorie de l’immunité collective, alors que comme me le dit un spécialiste de santé publique : « L’immunité collective est un concept de vaccinologie, ça n’a jamais été une stratégie de contrôle épidémique. » Du fait aussi de l’incompétence de certains ministres lunaires, parmi lesquels Jean-Michel « nous sommes préparés à tout » Blanquer, et Frédérique « rien ne nous dit que les contaminations se fassent au sein des universités » Vidal.

      En catastrophe, un mois trop tard, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, sermonne : « Ceux qui peuvent télétravailler doivent le faire », comme si le salarié avait moyen de prendre cette décision seul. Nous sommes mi-octobre. En tant que soignant de ville, je ne reçois plus aucun équipement de protection. Depuis un mois et demi, les patients atteints de pathologies cardiaques ou respiratoires, et nombre d’autres, sont exclus du dispositif de protection des personnes vulnérables. En prime, je ne peux plus leur prescrire de masques. Olivier Véran ment en affirmant que les médecins peuvent arrêter ces patients, et le gouvernement qui a pris cette décision s’emmure dans le déni. Jean-Michel Blanquer et Jean Castex ont cassé le thermomètre pour ne pas fermer de classes, laissant l’épidémie se propager sous le radar en milieu scolaire. Et le Conseil d’Etat tranche que les prisons n’ont pas à fournir de masques ou de tests aux détenus…

      A l’époque du sida, nous avions fait collectivement le constat que le virus profitait de nos failles, du refoulement sexuel, de la précarité, de l’homophobie, pour diffuser dans la société. Trente-six ans plus tard, rien n’a changé. Et je ne suis plus médecin généraliste, pas au sens où je l’entendais. Je suis juste un des types qui écopent au fond de la cale.

      Christian Lehmann médecin et écrivain

  • Dans l’œil du cyclone - Carnet de pandémie poétique | Laurent Thines

    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/300320/dans-l-oeil-du-cyclone-carnet-de-pandemie-poetique

    En fin de semaine, l’inquiétude est là : la réanimation est occupée à 80%... il en faudra peu pour arriver à saturation. Ici, au sein de la tour Minjoz, on entend les bourrasques se rapprocher. On sait qu’à la frontière alsacienne, l’hôpital Nord-Franche-Comté a déjà sa réanimation remplie. Il n’y a maintenant plus aucun doute que la tempête s’abattra sur nous dans quelques jours.

    Pour nous, soignants, les vendredis sectionnent nos épuisements hebdomadaires entre le corps et l’esprit – enfin, pour ceux qui ne travaillent pas les week-ends - et si le corps est au repos, l’esprit n’en reste pas moins obnubilé. Population déjà à moitié exsangue sous la succion continue de la bête à rentabilité, vingt ans de gestion néolibérale de l’hôpital auront eu raison de son épanouissement professionnel et parfois même de sa passion.

    Comment rentrer chez soi heureux et fier du travail bien fait, du service rendu quand on a passé la journée à courir, à gérer les pénuries, à ne pas pouvoir prendre le juste temps d’humanité avec les patients. Comment ne pas se sentir maltraitants et nous-mêmes maltraités à la fois par l’opinion, qui ne nous a pas soutenus et maintenant nous applaudit tous les soirs, mais aussi par l’administration qui voit en nous des fonctionnaires nonchalants à contrôler, à surveiller, à manager, à motiver, à perfectionner, à rentabiliser : « planqués » pour certains, « nantis » pour d’autres, « rois de l’absentéisme » pour beaucoup…

    Mais qui parlera de la pénibilité des aides-soignantes qui à cinquante ans font de l’arthrose aux cervicales et aux épaules ou des hernies discales lombaires, qui parlera des agents de soins hospitaliers qu’on considère parfois moins que des balayeurs de rue alors que leur travail d’hygiène est fondamental pour prévenir les infections nosocomiales, qui parlera des infirmières « à 1000€ » qui sont rappelés sur leurs temps de repos ou qui ne peuvent même plus prendre une semaine complète de vacances en famille à Noël… et qu’on envoie réquisitionner à leur domicile par la maréchaussée quand elles sont en grève pour défendre la qualité des soins et leurs conditions de travail …

    La fin de semaine venue, nos résidus de volonté expirent aux fils électriques courant la route des retours. La voiture nous raccompagne machinalement comme une complice funeste. Croisements, virages, ronds-points. Tourniquets absurdes du quotidien. Qu’espérer de ce week-end avant cette autre semaine terrible pour beaucoup. Cette pandémie virale ne pouvait pas plus mal tomber. Personnels épuisés, raréfiés, ignorés et méprisés depuis plusieurs mois par le gouvernement et les administrations de la Santé. Les priorités étaient ailleurs. Mais on pouvait prédire qu’un jour ce système trouverait ses limites.

    Face à l’imprévoyance, face à l’incurie, face à la mise en danger d’autrui et face au cynisme, se déploie à présent en nous, en petites volutes sombres, une colère sournoise qui infuse ensuite dans nos veines puis s’agglutine dans nos pensées, comme la promesse d’un orage d’été. Les nuits sont rudes… on y pense et ça tournoie là-haut de façon infernale dans nos cervelles, comme un cauchemar à ciel ouvert. On sait bien qu’on n’y échappera pas à cette tempête épidémique. Pourtant, on y croit encore, je veux dire, que l’on va pouvoir la maitriser.

    D’ailleurs, malgré les pénuries de matériel de protection (masques, surblouses, solution hydro-alcoolique), malgré le manque de personnel, malgré le manque de lits, malgré le fait que de nombreux soignants soient déjà atteints par le virus, nous sommes parvenus, tous ensemble, à résister au premier coup de boutoir de l’ouragan venu du Grand Est. C’était la semaine passée. La première vague de patients a débarqué dans les services et les réanimations. Et tout est encore sous contrôle, au prix de réorganisations gigantesques ayant permis de libérer suffisamment de places pour absorber l’afflux de malades fauchés par le Covid.

    Autres motifs d’espoir : des solidarités incroyables émergent entre nous soignants, qui nous étions habitués à gérer le rationnement des uns au profit des autres et à accepter l’austérité, enfermés au sein de nos pôles hospitaliers devenus des espaces de cannibalisme coutumier. Même si les vieux réflexes sont toujours en embuscade, cette maladie émergente a réussi le tour de force de nous réunir, tous comme un seul, autour de notre cœur de métier : sauver des vies.

    La quantité de patients lourds arrivant simultanément en réanimation aggrave considérablement la charge de travail des équipes, en particulier les soins de « nursing » : laver et panser les corps, éviter les escarres aux points d’appui, limiter les complications de l’alitement prolongé. Les patients « Covid + » intubés sont de plus souvent atteints de Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu qui nécessite de recourir au décubitus ventral (mise sur le ventre) une grande partie de la nuit (16h) afin d’optimiser le recrutement des alvéoles pulmonaires et d’améliorer l’oxygénation du sang : une procédure délicate (risque d’extubation, d’escarre, d’arrachage de perfusion) mais vitale qui, selon certaines études, pourrait diviser la mortalité par deux. C’est énorme ! Problème majeur : il faut 4 à 5 personnes pour retourner un malade. Simple quand vous en avez 2 ou 3 en réanimation. Mais que faire quand vous avez à faire 40, 60, 80 retournements… et qu’il faut (habillage / déshabillage de protection, retournement, vérifications avant / après) 20 à 30 minutes par patient, 5h par jour pour 5 patients, matin (décubitus dorsal) et soir (décubitus ventral) compris. Cette activité routinière devient alors une charge insurmontable pouvant mettre les équipes à genou.

    Qu’à cela ne tienne. Accompagné d’une réanimatrice, de la responsable des kinés, de cadres, de secrétaires, d’attachés de recherche clinique, de médecins et d’infirmières anesthésistes motivées, nous avons monté de toute pièce une Dream Team pour retourner les patients en réanimation : la TEAM_DV (comme décubitus ventral). En une semaine, un appel à volontariat a été passé auquel plus de 100 chirurgiens séniors/juniors et 50 élèves/titulaires kinés ont répondu. Ils seront accompagnés d’infirmières de bloc opératoire, d’anesthésistes-réanimateurs et d’infirmières de réanimation. Pour les préparer à cette procédure de retournement, des ateliers de simulation sur mannequins réalistes ont été organisés auprès de 250 soignants en à peine 4 jours. Nos équipes sont maintenant prêtes à prendre en charge 40, 60, 80 patients s’il le faut, ce qui mobiliserait au pic épidémique 16 équipes ou encore 64 personnes supplémentaires par jour 7j/7 : une véritable armée de « retourneurs »… Quelle émotion de voir tant de dynamisme et d’abnégation, quand on sait les risques pour chacun d’être contaminé et peut-être de mettre sa propre vie en danger…

    Vendredi, les douze premiers patients ont été mis sur le ventre…combien d’autres suivront ? Nous ne sommes pas dupes. Les mathématiques épidémiologiques sont impitoyables et en fin de semaine, l’inquiétude est là : la réanimation est occupée à 80%... il en faudra peu pour arriver à saturation. Ici, au sein de la tour Minjoz, les choses évoluent vite. On entend les bourrasques se rapprocher. On sait qu’à la frontière alsacienne, l’hôpital Nord-Franche-Comté a déjà sa réanimation remplie. Il n’y a maintenant plus aucun doute que la tempête s’abattra sur nous dans quelques jours.

    Hier, samedi, la météo était pourtant digne d’un superbe printemps. Juste assez pour passer quelques moments précieux à jouer avec les enfants au soleil, presque insouciant, dans le jardin, nous qui avons la chance d’en avoir un. Mais, aujourd’hui dimanche, comme un mauvais présage, le ciel s’est déjà chargé de nuages sombres, l’air s’est refroidi et d’improbables tourbillons de neige se sont affalés sur la campagne bisontine. On aurait dit que la Nature avait compris et que les arbres fruitiers en fleur pleuraient alentour leurs pétales blancs.

    Message pour plus tard : se souvenir de l’hôpital public après la tempête

    Pour conclure un poème.

    Dans l’œil du cyclone

    Ils sont tombés

    dans nos bras

    les uns après les autres

    les uns

    par dessus les autres

    du Nord au Sud

    d’Est en Ouest

    dominos

    livides

    abattus

    par les vents tourbillonnants

    de la pandémie

    Ici

    dans l’œil du cyclone

    rien n’est plus prévisible

    Hier c’était la grande l’embellie

    et aujourd’hui déjà

    comme un présage funeste

    la tornade arrache

    au ciel noir des flocons

    essoufflés

    qui meurent comme des pétales

    autour des cerisiers en fleur

  • Avant le BIG-ONE - Prémices d’une catastrophe sanitaire
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/190320/avant-le-big-one-premices-d-une-catastrophe-sanitaire

    Pourtant, ce mercredi 18 mars 2020, alors que la France est confinée, ici, entre les murs aseptisés de l’hôpital, tout est calme encore. Ou presque : 18 des 20 patients de soins intensifs sont oxygéno-dépendants maintenant et risquent de relever sous peu de la réanimation… La mer recule avec un calme qui vous glace jusqu’aux os. Un calme d’avant la déferlante. Inéluctable.

    • Non rien n’est calme, ni à la ville, ni à l’hôpital ni sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Tout d’abord, avec l’extension de l’épidémie chaque jour, l’impréparation de cette crise devient de plus en plus flagrante : impossibilités de tester les cas suspects, ce qui permettrait de les isoler, manque de matériel basique, en particulier pénurie de masques de protection pour les patients et les soignants – avec des médecins libéraux désemparés. Pourtant, en 2009, face au risque d’épidémie H5N1, 1 milliard de masques anti-projections, destinés aux malades, 900 millions de masques de protection, dits « FFP2 » avaient été acquis. Que sont-ils devenus ?

    • 1 milliard de masques anti-projections, destinés aux malades, 900 millions de masques de protection, dits « FFP2 » avaient été acquis. Que sont-ils devenus ?

      Ils sont passés par la case « poubelle » car ce matériel est soumis à une date de péremption. Comme les stocks ont été drastiquement réduits par les crapules qui se sont succédées pour soit-disant nous « gouverner », et bien, on en est là : une gestion « lean » des services publics. Et la #cagade qui va (bien) avec ...

      #Gilles_de_la_Tourette

  • Lu (heurs) dans la nuit bientôt blanche :

    Ici on suffoque !
    (ou chronique désespérée d’une petite mort banale sur le bitume)

    Pour Cedric Chouviat, paroles et poèmes de Laurent Thines, « apprenti poète, artisan neurochirurgien » : https://blogs.mediapart.fr/laurent-thines/blog/080120/ici-suffoque-ou-chronique-desesperee-d-une-petite-mort-banale-sur-le

    Voilà. On sait maintenant. Il est mort. Le cerveau était devenu trop bleu aussi. Bleu foncé, comme le coeur sous la veste du policier qui a déteint dessus en l’étouffant de son anoxygénation d’inhumanité.

    Croisé chez l’autre bleu, l’oiseau :
    https://twitter.com/LaurentThines/status/1214624286629072896

    https://pbs.twimg.com/media/ENs2VcnXUAEasmN?format=jpg

    https://pbs.twimg.com/media/ENs2VczWsAEMYeB?format=jpg

    #poesie #bleu_a_l'ame #violences_policieres #maintien_de_l'ordre #Cedric_Chouviat #morts_de_la_police

    • J’ai rarement autant galéré que cette fois-ci pour publier cher @seenthis : près d’une minute + un bug + une autre minute pour un doublon final que j’ai galéré à virer à cause d’un autre bug, fréquent, de la modification d’articles.
      Je te le dis parce que ça m’éloigne de toi ces galères techniques. Bon je fini toujours par revenir hein, car tu me manques assez vite, mais voilà quoi...