Au dépôt de bus d’Ivry, « c’est devenu une drogue de venir sur le piquet »

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  • Au dépôt de bus d’Ivry, « c’est devenu une drogue de venir sur le piquet »
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    Il est 4h45 quand nous arrivons sur le piquet du dépôt de bus d’Ivry, en grève depuis le 5 décembre. Une soixantaine d’agents grévistes sont là pour tenir le piquet, discuter et préparer cette semaine, qui, de l’avis de tous et toutes, sera « décisive ». Petit à petit, le piquet s’installe et les grévistes reprennent leur droit sur : un brasero s’allume, à grand renfort de palettes et de sapins de Noël abandonnés, qui s’embrasent dans la nuit froide de ce début de mois de janvier. Sur les 171 bus prévus pour le 07 janvier, seuls 60 sortiront. Depuis le 31 décembre, les relations entre la direction et les grévistes sont plus tendues que jamais : alors que tous les grévistes des dépôts du sud de Paris avaient été appelés à bloquer le centre, la direction avait autorisé les forces de l’ordre à entrer dans le dépôt, n’hésitant pas à dégoupiller leurs grenades lacrymogènes, asphyxiant les grévistes. 62 agents s’étaient alors mis en droit de retrait face aux violences policières contre leurs collègues. Même à 5 heures du matin, la tension est palpable entre les salariés et leur direction locale : chaque fois que le DRH ou la directrice passent en plein milieu du dépôt, les conversations s’arrêtent, et les regards se concentrent sur eux.

    « Pour l’avenir de nos enfants »
    Ici, la grève est tout sauf corporatiste : pour tous, il s’agit de défendre l’avenir de ses enfants. Qu’ils aient la trentaine ou qu’ils soient proche de la retraite c’est contre un modèle de société et pour l’avenir des prochaines générations qu’ils ont décidé de se battre ; c’est le cas de JP, 53 ans, à la régie depuis 1995 : « la retraite c’est dans cinq ans. Je ne suis pas concerné, mais j’ai deux gamins quand même : un qui a 23 et l’autre qui a 6 ans. Je pars du principe qu’il faut se battre pour ses enfants, explique-t-il, après avoir évoqué l’expérience de son père dans le comité de grève de Luxeuil-les-Bains en mai 68. Je suis arrivé sur le marché du travail avec des acquis, que j’ai eu grâce à mes grands-parents et mes parents, je veux que mes enfants aient les mêmes ». Quel monde allons-nous leur laisser ? s’inquiètent les grévistes, pour lesquels la question du projet de société de Macron dépasse de loin le seul sujet des retraites.

    #grève #solidarité #transport