À la conférence des évêques de France, le père Lorenzo Prencipe dirige depuis 2013 le service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes. Il livre un regard très critique sur les politiques françaises et européennes. Et en appelle à des réponses réelles.
Comment comprenez-vous l’appel lancé par le pape ? À qui s’adresse-t-il ? Aux croyants ou aux gouvernants ?
Le pape a invité les institutions chrétiennes et catholiques à accueillir des « rescapés ». C’est le terme qu’il a utilisé. Il n’a jamais utilisé le terme de « migrants », ni de « réfugiés », parce que ce ne sont pas encore des réfugiés. Un rescapé, c’est quelqu’un qui fuit. Et pour le pape, les deux raisons qui justifient cette fuite, ce sont la guerre et la faim. Il introduit donc une distorsion, remet en discussion ce que nous considérons comme le droit d’asile.
Pour les médias, ce sont des « migrants », des « clandestins », des « potentiels réfugiés » : tout un mélange de termes qu’on utilise pour décrire une même réalité humaine, à savoir des personnes qui fuient des situations inhumaines. En raison de bombes, de situations de famine, de sécheresse ou de sous-développement.