Hannah Gadsby : Nanette | Netflix Official Site

/80233611

  • Je me souviens de Gabriel Matzneff
    https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/120120/je-me-souviens-de-gabriel-matzneff

    6 janvier 2020. Je parle au téléphone avec V., mon amie d’enfance, pour nous souhaiter la bonne année. Après avoir échangé des nouvelles de nos familles respectives, je lui demande si elle se souvient de G.M., dont tout le monde parle aujourd’hui. « Oui je me souviens, s’exclame-t-elle. Je m’en souviens comme si c’était hier. » Source : Le blog d’Élise Thiébaut

    • C’est un très beau texte, très bien écrit

      ces individus, qui n’hésitent pas à raconter comment ils sodomisent les enfants mais qui s’offusquent quand on leur dit qu’ils les enculent

      et dans lequel elle se livre avec une belle franchise...

      Comme Bernard Pivot, nos pères ne disaient pas « les femmes », mais « les minettes ». Ils faisaient des blagues graveleuses à table qui étaient censées nous amuser, alors qu’elles n’avaient pour but que de nous humilier. Ils nous photographiaient à moitié nues et montraient les clichés à leurs copains qui bavaient. Ils nous demandaient si on s’était déjà caressées, si on baisait, si on aimait ça. Ils fumaient des joints et nous jetaient la fumée au visage. Puis ils nous demandaient le numéro de téléphone d’une de nos copines qui leur avait « tapé dans l’œil ».

      Dans « Mes bien chères sœurs », Chloé Delaume parle avec justesse de la beauferie masculine triomphante de ces années-là : le cocorico show, les coco girls… Sous couvert de libération sexuelle, la fameuse séduction à la française allait nous pousser dans la lumière comme des animaux de cirque, pour mieux nous domestiquer. Allez, danse !

      Un jour, un de ses copains m’a mis la main au cul lors d’un dîner en me disant : « Allez, ma chérie, va débarrasser ». Je l’ai fusillé du regard et je suis partie dans la cuisine sous les éclats de rire moqueurs. Quand je suis revenue, avec une grande cuvette d’eau froide, personne n’a compris ce qui se passait, jusqu’à ce que je la lui renverse sur la tête. Plus tard, mon père m’a expliqué que son copain blaguait seulement, et que les mecs qui faisaient ça étaient « en manque d’affection ». Je pleurais encore de rage et je lui ai dit : « Leur affection n’est pas dans ma culotte ».

      J’avais 13 ans, lui 33. Il était peintre et m’avait fait une cour intense durant les quelques jours de notre séjour, sous les yeux de ma mère qui désapprouvait en silence, sans oser s’interposer. Ne croyez pas que nos mères étaient aussi libérées qu’on le disait.

      Nous avons grandi et vécu dans un monde où l’on nous disait que c’était ça, la réalité : disparaître au profit de l’œuvre d’un nihiliste imbu de lui-même, être la proie d’un écrivain dandy qui note en passant, dans un poème, les plaintes des enfants dont il a acheté le corps aux lointaines Philippines. Et voir des féministes comme Simone de Beauvoir, Françoise d’Eaubonne, Christiane Rochefort signer une pétition de soutien à trois hommes emprisonnés pour avoir eu des relations sexuelles avec des garçons de 13 et 14 ans, pendant que la psychanalyste pour enfants Françoise Dolto déclarait dans la revue Choisir que les petites filles étaient libres de refuser l’inceste.

      Les années 1980... la « libération sexuelle » sans plus aucune revendication politique, comme un simple abus de pouvoir.

      Liens vers https://www.nouvelobs.com/culture/20191230.OBS22900/c-est-ca-un-adulte-par-sophie-fontanel.html
      https://www.netflix.com/title/80233611

    • bon texte certes, mais encore une fois, il ne s’agit pas que d’une époque. j’aurais apprécié que l’auteure mette ce « temps-là » en perspective ; ne serait-ce que pour le porno et la cyber pédocriminalité, aujourd’hui c’est trois fois pire.