IHEAL CREDA - 📣📣 Pas de retraites, pas de rentrĂ©e 📣📣 📌...

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  • Fil de discussion sur les actions de rĂ©sistance (au-delĂ  des simples motions de contestation de la loi, qui affluent tous les jours de partout de France) Ă  la #Loi_de_programmation_pluriannuelle_de_la_recherche (#LPPR)...

    #résistance #CEPN #LPPR #réforme #ESR #enseignement_supérieur #recherche #université

    voir aussi la liste de documents sur la rĂ©forme de la #Loi_de_programmation_pluriannuelle_de_la_recherche (LPPR) :
    â–șhttps://seenthis.net/messages/819491

    • Faire tĂąche d’huile et oeuvre utile chez les chercheurs : dix revues en #grĂšve illimitĂ©e

      En trois jours, plus de dix comitĂ©s de rĂ©daction de revues acadĂ©miques importantes dans le monde de la recherche en sciences humaines et sociales ont annoncĂ© qu’ils se mettaient en grĂšve pour rejoindre, soutenir et amplifier le mouvement social. Mais que signifie une revue en grĂšve ?

      C’est GenĂšses qui a tirĂ© en premier. Le 6 janvier, la revue interdisciplinaire de sciences humaines et sociales annonçait qu’elle Ă©tait “en grĂšve”. Dans ce message de son comitĂ© de rĂ©daction, la publication trimestrielle crĂ©Ă©e en 1990 par des chercheurs comme GĂ©rard Noiriel ou Michel OfferlĂ© dĂ©taillait :

      Le 6 janvier 2020, le mouvement social en France entame son 33e jour de grĂšve. Contrairement Ă  ce que veut faire croire le gouvernement, ce mouvement ne concerne pas la seule conservation de rĂ©gimes spĂ©ciaux ou de privilĂšges corporatistes spĂ©cifiques. Il s’agit de dĂ©fendre non seulement un systĂšme de protection sociale, mais aussi des valeurs telles que la solidaritĂ©, l’idĂ©e de service public, l’indĂ©pendance de la recherche (et, au-delĂ , la possibilitĂ© de dĂ©crire rationnellement le monde), face Ă  la lente destruction des conditions de production du savoir et Ă  sa marchandisation qui menace l’accĂšs de tou.tes aux connaissances. En soutien et en participation aux luttes en cours, le comitĂ© de rĂ©daction de GenĂšses a dĂ©cidĂ© de se mettre en grĂšve : Ă  partir de maintenant et jusqu’à nouvel ordre, le comitĂ© n’examinera aucun article et aucune proposition de dossier.

      Depuis, ce sont au moins neuf autres revues de sciences humaines et sociales qui, de mĂȘme, on fait savoir qu’elles Ă©taient elles aussi en grĂšve (mais peut-ĂȘtre davantage, n’hĂ©sitez pas nous Ă©crire : depuis la publication de cet article, Cultures et conflits et Socio-logos ont par exemple annoncĂ© leur avoir emboĂźtĂ© le pas) :

      Politix
      Politiques de communication
      Critique internationale
      Participations
      Tracés
      Genre, sexualité et société
      La Nouvelle Revue du Travail
      Actes de la recherche en sciences sociales
      Sociétés contemporaines

      La plupart de ces titres ne vous sont peut-ĂȘtre pas familiers. Il ne s’agit pas de fanzines gauchistes produits sur un coin de table, mais de publications reconnues, lĂ©gitimes et parfois centrales parmi la production acadĂ©mique, et ce depuis prĂšs d’un demi-siĂšcle pour certaines : la crĂ©ation de "Actes” remonte Ă  1975, sous la houlette du sociologue Pierre Bourdieu et avec le soutien de la Maison des sciences de l’homme qui densifiait alors sa vocation de structuration de la recherche.

      Une revue universitaire en grĂšve paraĂźt incongru ? Les temporalitĂ©s de ces revues semblent a priori bien loin du tempo d’une mobilisation sociale : la plupart voient souvent s’écouler plusieurs trimestres entre une proposition d’article ou l’idĂ©e d’un dossier thĂ©matique, la rĂ©ception des papiers, plusieurs passes et repasses en comitĂ© de lecture (de plus en plus, sous le sceau de l’anonymat), des allers-retours avec leurs auteurs, pour enfin partir Ă  l’impression et, finalement, rejoindre les bibliothĂšques universitaires ou voyager via le portail numĂ©rique Cairn ou la plateforme en ligne OpenEdition. C’est notamment, couplĂ© Ă  la place qui se fait rare, ce qui explique que bien des recensions acadĂ©miques d’ouvrages se retrouvent finalement publiĂ©es trĂšs Ă  distance de la sortie d’un livre - et de son calendrier mĂ©diatique.

      Huile de coude et caisses de grĂšve

      Et puis, une revue a certes un comitĂ© Ă©ditorial (une grosse quinzaine de personnes souvent, parfois un peu plus) et des financements pour continuer Ă  paraĂźtre dans un contexte de plus en plus tendu pour la recherche, mais personne n’est strictement payĂ© en tant que salariĂ© de GenĂšses ou Politix, parmi ceux qui ont rĂ©digĂ© l’annonce de la grĂšve. Quelques mauvais esprits pourraient mĂȘme siffler qu’annoncer qu’on est en grĂšve en tant que membre d’une revue alors qu’on ne se dĂ©clare pas forcĂ©ment, ou pas toujours ni tout le temps, grĂ©viste sur son lieu de travail, n’est pas sans quelque bĂ©nĂ©fice secondaire : la vertu de l’affichage politique sans qu’il en coĂ»te un prix personnel trop faramineux.

      Pour autant, mĂȘme sans piquet de grĂšve ou retenues sur salaires, la grĂšve des revues se veut un geste fort aussi dans la mesure oĂč il entend faire parler de la mobilisation contre le gouvernement, et lui donner quelques balles neuves. Ainsi, elle vise Ă©galement Ă  rendre plus visible l’étendue d’un mouvement social dont ces observateurs de la sociĂ©tĂ© qualifiĂ©s estiment qu’il est en partie nĂ©gligĂ©, minimisĂ©.

      Ainsi, comme les avocats, les hĂŽpitaux, le port de Marseille ou encore 70% des Ă©coles maternelles et Ă©lĂ©mentaires en Ile-de-France le 9 janvier, certains dĂ©partements universitaires se sont mis en grĂšve gĂ©nĂ©rale et reconductible sans trouver grand Ă©cho (c’est le cas de laboratoires, ou par exemple du dĂ©partement de science politique Ă  Paris 1 Sorbonne depuis une AG du 7 janvier). Idem pour des sĂ©minaires de recherche qui dĂ©programment leurs sĂ©ances depuis dĂ©cembre, ou mĂȘme de cohortes d’étudiants qui votent Ă  la majoritĂ© la fin des cours et des examens, et font valoir auprĂšs de leurs directions des Ă©tudes qu’ils veulent pouvoir participer au mouvement social sans pour autant ĂȘtre pĂ©nalisĂ©s. Le tout s’inscrit dans le cadre d’une motion votĂ©e le 14 dĂ©cembre 2019 par la "coordination nationale des facs et labos en luttes", et articule souvent une action "solidaire de la grĂšve et de la mobilisation nationale contre les rĂ©forme des retraites et de l’assurance-chĂŽmage" Ă  "la dĂ©fense du service public de l’enseignement et de la recherche (menacĂ© par la prochaine "Loi de programmation pluriannuelle de la recherche")."

      Au-delĂ  de la profession de foi qui compte, et de l’effet de loupe sur le mouvement, l’engagement n’est pas cosmĂ©tique :

      certains appels listent des caisses de grĂšve en ligne que les chercheurs s’engagent Ă  abonder en tant que membre du comitĂ© de rĂ©daction
      l’arrĂȘt de l’activitĂ© Ă©ditoriale est bien rĂ©el car, de fait, les papiers ne seront plus examinĂ©s (une revue en reçoit beaucoup plus qu’elle n’en publie), et des chercheurs ne seront pas publiĂ©s comme prĂ©vu (mais plus tard).

      Toutefois, comme souvent en grĂšve, cela ne signifie pas que tous ces chercheurs cessent de travailler tout court, ou qu’ils dĂ©sertent leur lieu de travail. PlutĂŽt qu’ils entendent faire nombre en se dĂ©clarant grĂ©vistes, et que le tout puisse fĂ©conder autre chose. D’ailleurs, GenĂšses annonce la prĂ©paration d’un numĂ©ro spĂ©cial “En grĂšve”, qui doit remplacer celui prĂ©vu pour ce dĂ©but d’annĂ©e 2020, et Politix prĂ©cise dans son annonce : “Nous nous engageons et appelons Ă  soutenir toutes les actions locales et manifestations nationales, Ă  participer aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales interprofessionnelles et Ă  celles du mouvement des "Facs et labos en lutte", Ă  contribuer aux caisses de grĂšve, pour intensifier et Ă©largir la mobilisation, Ă  travailler avec les camarades des autres revues (GenĂšses, SociĂ©tĂ©s contemporaines, Actes de la recherche en sciences sociales, etc.) en vue d’interventions communes.” Quant Ă  Actes de la recherche en sciences sociales, la revue annonçait explicitement "se mettre au service de la grĂšve" Ă  compter du 8 janvier.

      Sur une liste de diffusion dans le monde acadĂ©mique, un chercheur a pris au mot son comitĂ© de rĂ©daction. Alors que publier dans la prestigieuse revue de sociologie reste un Graal (et un sĂ©same) pour bien des chercheurs en quĂȘte de reconnaissance, il leur a dit "Chiche !" - ou en substance : "Et si vous alliez plus loin et laissiez plutĂŽt faire le sommaire du prochain numĂ©ro aux prĂ©caires de la recherche et autres chercheurs sans poste ?” Aujourd’hui, l’entrĂ©e d’un chercheur dans la carriĂšre acadĂ©mique, puis ensuite sa trajectoire, sont crucialement liĂ©es au nombre de ses publications. Et notamment dans ces revues Ă  comitĂ© de lecture.

      â–șhttps://www.franceculture.fr/societe/faire-tache-dhuile-et-oeuvre-utile-chez-les-chercheurs-dix-revues-en-g
      #revues #revues_scientifiques

    • #Appel solennel aux enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs, chercheuses et chercheurs titulaires de la fonction publique.

      Nous, jeunes chercheuses et chercheurs prĂ©caires, docteures et docteurs sans poste, doctorantes et doctorants appelons les enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs titulaires de la fonction publique Ă  rĂ©agir Ă  la situation dramatique de l’emploi dans le service public d’enseignement supĂ©rieur et de recherche.

      Appel solennel aux enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs, chercheuses et chercheurs titulaires de la fonction publique.

      Nous, jeunes chercheuses et chercheurs prĂ©caires, docteures et docteurs sans poste, doctorantes et doctorants appelons les enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs titulaires de la fonction publique Ă  rĂ©agir Ă  la situation dramatique de l’emploi dans le service public d’enseignement supĂ©rieur et de recherche.

      On ne compte plus les postes de titulaires gelĂ©s, voire supprimĂ©s, Ă  l’universitĂ© et au CNRS, alors que les exigences auxquelles les jeunes chercheuses et chercheurs doivent se soumettre et les cohortes d’étudiant-e-s n’ont jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ©es. Nous demander toujours plus, pour nous en donner toujours moins, pour nous priver toujours plus d’emplois stables permettant de nous projeter et nous protĂ©ger a minima dans nos vies, mais Ă©galement dans notre travail : cela n’est plus possible. Cette situation n’engendre pas seulement de la frustration : elle casse, elle humilie, elle dĂ©truit trop de personnes.

      Les titulaires en charge des recrutements ne savent plus quoi dire aux candidates et candidats, tellement elles et ils se sentent dĂ©semparé·e·s, si ce n’est qu’"il manque des postes", que la « situation est difficile »... Elles et ils ne souhaitent pas nous dĂ©courager, tant elles et ils savent les efforts que nous avons dĂ» nĂ©cessairement fournir pour ne serait-ce qu’espĂ©rer nous faire une place dans ce milieu. Elles et ils voient Ă©galement que la compĂ©tition entre chercheuses et chercheurs s’est substituĂ©e, pour le pire, Ă  leur dĂ©sir de collaboration collĂ©giale.

      Elles et ils savent enfin que le systĂšme d’enseignement supĂ©rieur et de recherche dĂ©pend fondamentalement des prĂ©caires pour tenir. Et Ă  effectifs d’étudiantes et Ă©tudiants constants, si ce n’est plus Ă©levĂ©s (comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© annoncĂ© pour l’annĂ©e prochaine), nous savons toutes et tous ce que le gel et la suppression de poste systĂ©matiques signifient en termes de situation de l’emploi : encore plus de prĂ©caires et de prĂ©caritĂ© qu’auparavant, un manque croissant d’encadrement des Ă©tudiantes et Ă©tudiants, si ce n’est mĂȘme un rĂ©el abandon de ces dernier·e·s (inscrites et inscrits par ailleurs de plus en plus systĂ©matiquement en contrĂŽle terminal, ou mĂȘme en enseignement Ă  distance, lorsque les capacitĂ©s d’accueil sont insuffisantes), et des burn outs de plus en plus frĂ©quents chez les enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs titulaires, contraint.e.s d’accepter des sur-services parfois dĂ©lirants et de gĂ©rer elles-mĂȘmes et eux-mĂȘmes administrativement la prĂ©caritĂ© dans leur universitĂ©.

      Si toutes et tous les titulaires ne sont pas touché·e·s de maniĂšre Ă©gale dans leurs conditions de travail personnelles, en revanche, nous ne pouvons croire qu’elles et ils se rĂ©jouissent du sort actuel des jeunes chercheuses et chercheurs ou de leurs Ă©tudiantes et Ă©tudiants.

      Des modes d’action existent pour se faire entendre, rĂ©clamer et obtenir ce qui est dĂ» au service public de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche :
      - refuser d’assurer des sur-services
      - refuser de recruter des enseignantes et enseignants vacataires au sein de son unitĂ© d’enseignement
      - se prononcer et voter dans les diffĂ©rents conseils d’UFR et centraux contre tout gel ou toute suppression de poste et pour l’embauche de titulaires enseignants et administratifs (les personnels administratifs souffrant Ă©galement de cette prĂ©carisation Ă  tous niveaux)
      - se mettre en grĂšve administrative et retenir les notes

      Les difficultés pour se mobiliser existent, elles ne sont cependant pas insurmontables.

      Nous appelons les syndicats de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche Ă  nous soutenir activement, Ă  diffuser cet appel auprĂšs des titulaires de l’ESR, et Ă  organiser dĂšs Ă  prĂ©sent au sein des universitĂ©s des rĂ©unions pour discuter des modes d’action Ă  entreprendre, et apporter une rĂ©ponse cohĂ©rente et solidaire.

      Les titulaires voulant par ailleurs manifester individuellement leur soutien et leur dĂ©sir d’agir face Ă  cette situation peuvent Ă©galement nous contacter directement Ă  l’adresse suivante : appeldesprecaires@gmail.com

      Ils peuvent Ă©galement contacter les collectifs de jeunes prĂ©caires signataires de cet appel :

      Collectifs signataires :
      – CJC (ConfĂ©dĂ©ration des Jeunes Chercheurs)
      – ANCMSP (Association Nationale des Candidat·e·s aux mĂ©tiers de la science politique)
      – Collectif DICENSUS (DĂ©fense et Information des Chercheur·es et Enseignant·es Non-Statutaires de l’UniversitĂ© de Strasbourg)
      – Collectif Marcel Mauss (Collectif Marcel Mauss des jeunes chercheurs en sciences sociales de Bordeaux)
      – Collectif Doctoral de Sorbonne UniversitĂ© (Association des doctorants et doctorantes de la FacultĂ© des Lettres)
      – Association MobDoc de Paris 1 - PanthĂ©on Sorbonne (L’Association des Doctorant·e·s Mobilisé·e·s pour l’UniversitĂ©)
      – Collectif vacataires Celsa Paris-Sorbonne
      – Collectif des prĂ©caires de l’universitĂ© de Poitiers
      – Collectif les 68+ de Nanterre
      – Collectif Convacs de l’universitĂ© de Strasbourg
      – Collectif des Doctorant.e.s et Non Titulaires de l’universitĂ© Lyon 2

      Premiers syndicats signataires :
      – Section locale du Snesup universitĂ© Paris Nanterre
      – Section locale du SNESUP-FSU universitĂ© de Strasbourg
      – Section locale de Sud Éducation de l’universitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne
      – Section locale du Snesup-FSU de l’universitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne
      – Le SNESUP-FSU de l’universitĂ© de Lille

      ▻http://www.sociologuesdusuperieur.org/article/appel-solennel-aux-enseignantes-chercheuses-et-enseignants-c

    • Par ce mail, nous souhaitons rĂ©capituler les RDV et les ressources dont vous aurez besoin pour la mobilisation contre la rĂ©forme des retraites et contre la LPPR.

      Nous vivons depuis le 5 dĂ©cembre un mouvement de grĂšve interprofessionnel inĂ©dit, le plus long dans les transports depuis Mai 1968. Le gouvernement est pour l’instant dĂ©terminĂ© Ă  ne pas lĂącher sa contre-rĂ©forme, mais les grĂ©vistes sont tout aussi dĂ©terminĂ©s Ă  continuer.

      Depuis la rentrĂ©e, les dĂ©clarations de grĂšve se multiplient dans notre secteur : les revues (â–șhttps://www.franceculture.fr/societe/faire-tache-dhuile-et-oeuvre-utile-chez-les-chercheurs-dix-revues-en-g, les labos, les UFR, les sĂ©minaires, etc. font savoir qu’ils entrent dans la bataille. Cela est d’autant plus logique que nous sommes directement attaquĂ©s : la LPPR qui sera discutĂ©e dĂšs fin janvier est annoncĂ© dans le projet de loi sur les retraites, une maniĂšre de graver dans le marbre la destruction de l’UniversitĂ©, de la recherche et de nos statuts Ă  venir.

      Depuis le 2 dĂ©cembre, nous sommes plusieurs centaines de collĂšgues Ă  agir pour la coordination de ce mouvement sur les facs et labos. Nous avons dĂ©jĂ  fait deux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales de coordination de 200 collĂšgues et sur Paris, nous avons construit des cortĂšges des facs et labos de plus d’un millier de personnes lors des manifestations. Nous avons Ă©tĂ© interpeller Frederique Vidal (▻https://universiteouverte.org/2019/12/13/lanr-et-f-vidal-parlent-dinnovation-et-de-notre-avenir-devant-des) mais aussi la ConfĂ©rence des PrĂ©sident d’UniversitĂ© Ă  l’AssemblĂ©e Nationale (▻https://universiteouverte.org/2019/12/19/les-chercheur%C2%B7ses-a-lassemblee) et nous avons fait une inauguration populaire du Campus Condorcet (▻https://universiteouverte.org/2019/12/20/inauguration-populaire-du-campus-condorcet.

      Dans le cadre de l’organisation d’Etats-gĂ©nĂ©raux de lutte qui auront lieu en RĂ©gion Parisienne les 1 et 2 fĂ©vrier, nous renforçons ce travail de mise en commun et nous commençons une campagne de rappel des labos/dĂ©partement en grĂšve.

      Pour se mettre en contact :
      – Vous pouvez rejoindre la liste mail ▻https://framalistes.org/sympa/info/mobilisationemploiesr
      – Vous pouvez rejoindre le groupe Telegram en installant l’application sur votre tĂ©lĂ©phone t.me/mobilisationESR
      – En PJ un document qui dresse un Ă©tat de la mobilisation, telle que nous avons pu la recenser avec tous les mails envoyĂ© depuis la rentrĂ©e. C’est partiel mais ça donne une idĂ©e.

      Pour vous informer / trouver des ressources pour vos AG :
      – Nous mettons en ligne du matĂ©riel sur le site UniversitĂ© ouverte : notamment des exemples de tracts (▻https://universiteouverte.org/2019/12/22/materiel-militant), des powerpoint et des arguments (â–șhttps://universiteouverte.org/loi-pluriannuelle-de-programmation-de-la-recherche), et la motion de la derniĂšre AG du 14 dĂ©cembre (â–șhttps://universiteouverte.org/2019/12/16/motion-de-lassemblee-generale-nationale-de-coordination-des-facs-.
      – Sauvons l’UniversitĂ© a sorti des analyses de la LPPR ici.
      – Les analyses du collectif nos retraites sur la rĂ©forme.

      Pour les RDV Nationaux de ce mois-ci // CHAQUE FACS/UFR/LABO EN LUTTE EST INVITÉS A ENVOYER AU MOINS UNE DELEGATION //
      – Une AG nationale de coordination des facs et des labos en lutte ce samedi 18 janvier Ă  l’UniversitĂ© Paris Diderot (▻https://www.facebook.com/events/1390865447751770).
      – Des Etats-gĂ©nĂ©raux des facs et des labos en lutte le week-end du 1 et du 2 fĂ©vrier en rĂ©gion parisienne. Vous trouverez l’appel ici, Ă  prĂ©senter dans toutes vos AG (▻https://universiteouvertedotorg.files.wordpress.com/2020/01/contre-la-casse-du-service-public-de-lesr.pdf) !

      Mail reçu le 13.01.2020

    • 📣 Pas de retraites, pas de rentrĂ©e 📣

      Motion de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’IHEAL du 13 janvier 2020 :

      L’assemblĂ©e des enseignant·es, des Ă©tudiant·es et du personnel administratif de l’Institut des hautes Ă©tudes de l’AmĂ©rique latine (IHEAL) de l’UniversitĂ© Sorbonne Nouvelle – Paris 3 dĂ©cide de suspendre le dĂ©but du second semestre de l’annĂ©e universitaire en cours. Cet arrĂȘt des activitĂ©s est accompagnĂ©e d’une mobilisation active dans l’espace public et d’une rĂ©flexion collective dans le cadre d’une universitĂ© populaire du Campus Condorcet. Cette dĂ©cision est prise en protestation contre les projets gouvernementaux de rĂ©forme des retraites et de rĂ©forme universitaire proposĂ©e dans la dite Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Ces deux projets s’inscrivent en continuitĂ© de la destruction du systĂšme de protection sociale, du service public et de l’État social que nous dĂ©fendons comme garanties d’une sociĂ©tĂ© intĂ©grĂ©e et dĂ©mocratique. Tout comme la rĂ©forme de l’assurance chĂŽmage, ces deux initiatives ne feront qu’augmenter la prĂ©caritĂ© et la souffrance dĂ©jĂ  vĂ©cues Ă  l’universitĂ© comme ailleurs. L’IHEAL se rend ainsi solidaire de toutes les luttes syndicales (transports, hĂŽpitaux, Ă©ducation, travailleur·ses de l’industrie, des services et du commerce) ainsi que d’autres mouvements sociaux (gilets jaunes, mouvements de quartiers, sans papiers
) mobilisĂ©es depuis plusieurs semaines et mois en dĂ©fense d’un modĂšle de sociĂ©tĂ© plus juste, solidaire et dĂ©mocratique. L’IHEAL s’inscrit ainsi dans le mouvement de nombreuses instances de l’enseignement et de la recherche, et invite les autres collectifs Ă  se joindre Ă  la mobilisation. Nous demandons le retrait du projet de rĂ©forme du systĂšme des retraites, nous demandons l’arrĂȘt du projet de LPPR et nous exigeons que l’universitĂ© demeure considĂ©rĂ©e comme un service public dont l’accĂšs doit ĂȘtre gratuit, universel et financĂ© par l’État.

      ▻https://www.facebook.com/IHEALCREDA/photos/a.584492084954611/3483709778366146/?type=3&theater

    • DĂ©cision dĂ©partement gĂ©o : rĂ©tention des notes et report de la rentrĂ©e

      Face Ă  la gravitĂ© des propositions de la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche, le dĂ©partement de gĂ©ographie de l’#UniversitĂ©_de_Tours, rĂ©uni en assemblĂ©e extraordinaire le vendredi 10 janvier 2020, s’oppose aux rĂ©formes en cours et dĂ©cide :

      1) - la rétention sine die des notes du premier semestre

      2) - le report de la rentrĂ©e d’une semaine a minima, avec accueil des Ă©tudiants le lundi 13 janvier Ă  partir de 8h pour expliquer notre position.

      #rétention_des_notes

      Reçu par email via la mailing-list Geotamtam, le 10.01.2020

    • Site temporairement retirĂ© (sic) Ă  l’initiative des organisateur.rice.s et animateur.rice.s du site du CEPN et du sĂ©minaire « Atelier d’économie politique »

      Bonjour Ă  toutes et tous,

      Les organisateur.rice.s et animateur.rice.s du site du CEPN et du sĂ©minaire « Atelier d’économie politique » soutiennent et participent activement aux mobilisations en cours et invitent l’ensemble du personnel Ă  les rejoindre en se mettant en grĂšve !

      Comme vous le savez la mobilisation contre la rĂ©forme des retraites se poursuit et celle contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche commence. Ces deux rĂ©formes vont avoir pour consĂ©quences directes la fragilisation et la rĂ©duction drastique de nos pensions pour la premiĂšre et d’institutionnaliser la prĂ©caritĂ© de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses (la suppression du statut de MCF, disparition progressive des agents administratifs titulaires, etc.) pour la seconde. Ces attaques viennent s’ajouter Ă  une longue sĂ©rie depuis la LRU notamment, Ă  un contexte trĂšs dĂ©gradĂ© Ă  l’UniversitĂ© Sorbonne (banlieue) Paris Nord par une insuffisance de ses moyens, et par la structuration de nos disciplines (extinction du pluralisme).

      Notre UnitĂ© Mixte de Recherche est ainsi particuliĂšrement touchĂ©e. La bonne volontĂ© et la motivation des un.e.s et des autres ne peuvent plus pallier les trop nombreuses dĂ©faillances et l’absence de soutien de nos instituions. Il nous est impossible de continuer physiquement et psychologiquement comme si de rien n’était. Les prĂ©caires et les titulaires prĂ©carisĂ©.e.s de l’ESR en ont assez ! Nous ne pouvons plus, nous ne voulons plus !

      Dans ces conditions nous dĂ©cidons les diverses modalitĂ©s suivantes : de soutenir financiĂšrement et physiquement la grĂšve en cours (caisses de grĂšve) et de nous mettre en grĂšve totalement ou partiellement.

      Cela se traduit dans le cas prĂ©sent par la suspension, Ă  l’image de l’initiative d’Open edition, des activitĂ©s du site du CEPN et de certains des sĂ©minaires du CEPN qui nous le rappelons sont assurĂ©s de maniĂšre bĂ©nĂ©vole et essentiellement par des prĂ©caires alors mĂȘme que les activitĂ©s de communications n’ont jamais Ă©tĂ© aussi sollicitĂ©es ou centrales (circulation des savoirs, Ă©valuations, carriĂšres individuelles, changement de nom, etc.).

      ConformĂ©ment Ă  la motion de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale du 14 dĂ©cembre Ă  Bagnolet de la coordination nationale des facs et labos en lutte, nous appelons l’ensemble de nos collĂšgues notamment titulaires Ă  se mobiliser (puisque leur statut le leur permet amplement, appel) contre ces casses du systĂšme de retraite et de l’ESR et pour construire des lendemains qui chantent !

      Restons mobilisĂ©s.e.s jusqu’au retrait !

      ▻https://cepn.univ-paris13.fr

    • Une action discrĂšte enfin pour les parents d’élĂšves que sont certain.e.s. Écrire au premier ministre (par mail : ▻https://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre et/ou par courrier au Cabinet du premier ministre, 57 rue de Varenne, 75700 Paris) une lettre d’honnĂȘtes gens et de belles familles de France.

      ModĂšle de lettre :

      Objet : pour le retour Ă  la tranquillitĂ© dans les Ă©coles

      Monsieur le Premier Ministre,

      À l’évidence, le projet de loi sur les retraites ne rencontre pas le consensus espĂ©rĂ© par le gouvernement. Le mouvement de grĂšve dans les Ă©coles complique grandement la vie quotidienne des parents, des enfants et de la communautĂ© Ă©ducative, jusqu’à rendre la situation trĂšs prĂ©occupante pour nombre de familles sans moyens de garde. C’est pour cela que nous, parents de l’école maternelle (ou primaire, ou autre) XX Ă  YY, en appelons au reprĂ©sentant de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral que vous vous devez d’ĂȘtre.

      Afin de restaurer la concorde et la tranquillité, il est désormais temps de retirer le projet de loi sur les retraites.

      Dans l’espoir que nous pourrons ĂȘtre entendus, nous vous assurons, Monsieur le Premier Ministre, de nos sentiments respectueux.

      #lettre

    • #RĂ©sistance_fĂ©ministe Ă  la rĂ©forme des retraites

      Le vendredi 10 janvier 2020, Ă  l’appel des Ă©tudiant-es, nous nous sommes rĂ©uni-es en AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale Ă©quipe pĂ©dagogique et Ă©tudiant-es M1 et M2 du Master Genre EgalitĂ© et Politiques Sociales, de l’UniversitĂ© de Toulouse II Jean-JaurĂšs Mirail.
      Dans le contexte d’attaque renouvelĂ©e du modĂšle social, nous avons choisi de renforcer la mobilisation commune contre la rĂ©forme des retraites. Nous actons cette urgence.
      Nous ne pouvons continuer d’étudier ou enseigner quotidiennement les systĂšmes d’oppressions et les effets dĂ©sastreux des rĂ©formes nĂ©o libĂ©rales, tout en laissant faire le cours normal des choses.
      Nous sommes inspirĂ©-es par l’initiative du Master Nouvelles Économies Sociales.
      Comme beaucoup, nous n’en pouvons plus de constater que les « #minoritĂ©s », qui sont la majoritĂ© des ĂȘtres humains ! vivent et finissent leur vie dans la #pauvretĂ©. Nous Ă©tudions et analysons au quotidien les mĂ©canismes de ce systĂšme qui permet et renforce des #injustices croisĂ©es
 Au profit et au service de qui, de quoi ?
      Nous avons dĂ©cidĂ© de prendre part Ă  la mobilisation, de diverses maniĂšres : exercer notre droit de grĂšve, diffuser des analyses fĂ©ministes des impacts de la rĂ©forme, produire du matĂ©riel militant, organiser des AG, participer aux manifestations unitaires, rĂ©diger une tribune

      Nous appelons les travailleur-euses, les enseignant-es - chercheur-euses, les Ă©tudiant-es, notamment en Ă©tudes genre, en sciences humaines et sociales, en travail social... Ă  renforcer les mobilisations et Ă  mĂ©diatiser leur engagement en faveur d’une lutte sociale commune.
      L’équipe Ă©tudiante, enseignante et administrative du Master GEPS
      Vous pouvez nous retrouver, en salle GS116 du bĂątiment Olympe de Gouges, pour rĂ©flĂ©chir, nous organiser et lutter ensemble ! Pour nous contacter : mgeps2020@protonmail.com

      ▻https://www.facebook.com/gepsenlutte
      #féminisme

    • Je suis invitĂ©e mardi par le master NES, justement. J’ai pris mes billets mais sans certitude sur la tenue de mon intervention. Je dirais : on la fait quand mĂȘme, ouvrez les portes pour en faire une #universitĂ©_populaire ! (Enfin, comme on fait les universitĂ©s populaires aujourd’hui.)

      Paris 7 Diderot fait ça et merci, le programme n’est pas toujours en ligne que sur
      ▻https://www.facebook.com/univpopdiderot
      ▻https://paris.demosphere.net/rv/76573

    • #Motion de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale nationale de coordination des facs et labos en lutte rĂ©unie le 14 dĂ©cembre 2019 Ă  Bagnolet
      –-> en lien avec la nouvelle #LPPR (#loi_de_programmation_pluriannuelle_de_la_recherche)

      L’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale nationale de coordination des facs et labos en lutte rĂ©unie le 14 dĂ©cembre 2019 Ă  Bagnolet a rassemblĂ© des Ă©tudiant·es, des enseignant·es-chercheur·ses, enseignant·es, chercheur·ses, personnels ingĂ©nieur·es, administratifs, techniques, sociaux et de santĂ© et des bibliothĂšques (BIATSS), venu·es de plusieurs Ă©tablissements.

      L’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale constate que la rĂ©forme des retraites n’est qu’un aspect des politiques nĂ©olibĂ©rales mises en place par les gouvernements successifs depuis une trentaine d’annĂ©es. La #violence de ces politiques qui empĂȘchent de travailler sereinement, de se nourrir correctement, de se loger dignement ; la violence de ces politiques qui tuent, appelle une mobilisation plus dĂ©terminĂ©e. Il est urgent de prendre conscience de la situation actuelle et de sortir de nos routines. La rĂ©forme des retraites ne peut ĂȘtre isolĂ©e des autres rĂ©formes passĂ©es ou en cours, celle de l’assurance chĂŽmage, celles qui touchent l’éducation nationale et l’enseignement supĂ©rieur (loi ORE et #Parcoursup, #RĂ©forme_Blanquer, augmentation des #frais_d’inscription Ă  l’universitĂ©, notamment pour les Ă©tudiant·es Ă©tranger·es extra-europĂ©en·nes, rĂ©forme du recrutement et de la formation des enseignants du second degrĂ©, #LPPR
).

      Ces diffĂ©rentes rĂ©formes contribuent Ă  la #prĂ©carisation croissante de tou·tes, y compris dans l’#ESR : Ă©tudiant·es français·es et Ă©trangĂšr·es surtout, enseignant·es-chercheur·ses, enseignant·es, chercheur·ses, personnels BIATSS.

      La prĂ©paration de la Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche, loin d’apporter des Ă©lĂ©ments pour lutter efficacement contre la prĂ©caritĂ© et la #surcharge_de_travail des personnels des facs et des labos, annonce une destruction des derniĂšres garanties sur les #conditions_de_travail, en particulier des enseignant·es-chercheur·ses : modulation de service obligatoire, non paiement des heures complĂ©mentaires (fin des 192h de service), CDI-chantier, titularisations encore plus rares et tardives (#tenure_track). La LPPR c’est aussi l’aggravation de l’#UniversitĂ©_Ă _deux_vitesses, pĂ©nalisant la plupart des Ă©tudiant·es et des personnels : quelques universitĂ©s d’#excellence trĂšs bien financĂ©es, avec des statuts dĂ©rogatoires et des primes, et des Ă©tudiants d’origine favorisĂ©e d’un cĂŽtĂ© ; un systĂšme universitaire dĂ©laissĂ©, limitĂ© au niveau licence pour l’essentiel, avec des personnels toujours plus prĂ©caires, sans moyens pour mener de la recherche, pour la majoritĂ© des Ă©tudiants et Ă©tudiantes d’origine sociale populaire ou intermĂ©diaire.

      Notre lutte s’inscrit dans la dĂ©fense du principe de solidaritĂ© et des services publics. Elle vise Ă  dĂ©fendre l’universitĂ© comme lieu ouvert Ă  tout·es. Pour une universitĂ© critique des politiques nĂ©olibĂ©rales en son sein et dans l’ensemble de la sociĂ©tĂ©. Pour une recherche et un enseignement libres et indĂ©pendants des intĂ©rĂȘts du marchĂ©. CrĂ©ons des lieux et des outils pour produire des savoirs qui nous Ă©mancipent ! L’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale appelle Ă  amplifier les luttes localement et au niveau national, pour Ă©tendre la mobilisation au sein de l’ESR et pour faire converger tou·tes celles et ceux qui luttent.

      REVENDICATIONS

      Pour un service public de l’enseignement et de la recherche de qualitĂ©, l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du 2 dĂ©cembre proposait les revendications suivantes :

      – Pour une universitĂ© gratuite et accessible Ă  toutes et tous et une recherche scientifique publique au service de toutes et tous.

      – Pour la titularisation de tout·es les prĂ©caires qui remplissent des fonctions pĂ©rennes au sein de l’ESR, quel que soit leur statut (doctorant·es, postdoctorant·es, contractuel·les, vacataires
) et pour un plan de recrutement massif de titulaires Ă  la hauteur de l’augmentation du nombre d’étudiant·es et des besoins publics de recherche, en accord avec la plateforme de 2016 des prĂ©caires de l’ESR, Ă  laquelle le mouvement souscrit.

      – Pour la contractualisation des vacations, la mensualisation des paiements, le respect de la lĂ©gislation en vigueur et pour une vĂ©ritable revalorisation des rĂ©munĂ©rations.

      – Pour la crĂ©ation massive de postes pĂ©rennes Ă  la hauteur de la mission de service public que nous assurons. Contre la casse du statut de fonctionnaire (refus des CDI-chantier, des tenure track qui ouvrent la voie Ă  la remise en cause des statuts de MCF et de CR) ; contre la dĂ©rĂ©gulation des carriĂšres ; pour la revalorisation du point d’indice ; contre la modulation des services des enseignant·es-chercheur·ses, pour la rĂ©duction du temps de travail de l’ensemble des personnels de l’ESR.

      – Pour la suppression de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et des autres outils de management nĂ©olibĂ©ral de l’universitĂ© et de la recherche.

      – Contre l’imposition du modĂšle de l’entreprise privĂ©e Ă  l’ESR (et la concurrence gĂ©nĂ©ralisĂ©e et dĂ©loyale qui creuse les inĂ©galitĂ©s existantes et la prĂ©carisation de tous les personnels).

      – Pour la mise en place de moyens effectifs de lutte contre toutes les discriminations.

      – Pour la crĂ©ation de postes pour les candidat·es injustement dĂ©classé·es aux concours CNRS des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, dont la situation illustre l’étendue de la prĂ©caritĂ© dans les mĂ©tiers de la recherche, les tentatives d’imposer un pouvoir gestionnaire discrĂ©tionnaire au dĂ©triment de l’évaluation par les pairs et l’importance des discriminations subies tout au long des carriĂšres dans l’ESR.

      – Pour une vĂ©ritable dĂ©mocratie universitaire, contre l’augmentation du pouvoir gestionnaire des directions des universitĂ©s et des Ă©tablissements de recherche (refus du contournement des instances nationales d’évaluation par les pairs – CNU, ComitĂ© national du CNRS).

      – Pour des mesures efficaces de lutte contre la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante (revalorisation des bourses Ă  court terme, crĂ©ation d’un salaire Ă©tudiant Ă  moyen terme, crĂ©ation de logements Ă©tudiants salubres et Ă  faible loyer, amĂ©lioration de l’accĂšs Ă  la mĂ©decine universitaire).

      – Pour la rĂ©intĂ©gration des services sous-traitĂ©s au sein de l’ESR (entretien, sĂ©curitĂ©, restauration, accueil, services sociaux et de santĂ©).

      L’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale nationale de coordination des facs et labos en lutte du 14 dĂ©cembre a votĂ© ces revendications, et ajoutĂ© les suivantes :

      – Pour la rĂ©ouverture des sites universitaires fermĂ©s autoritairement depuis le 5 dĂ©cembre.

      – Pour la suppression du statut d’agent temporaire vacataire.

      – Pour la suppression de la ConfĂ©rence des prĂ©sidents d’universitĂ© (CPU).

      – Contre l’augmentation du temps de travail des BIATSS et ITA.

      – Pour la dĂ©mission d’Antoine Petit, PDG du CNRS, et de FrĂ©dĂ©rique Vidal, ministre de l’ESR.

      ACTIONS

      Depuis le dĂ©but du mois de dĂ©cembre, des luttes sont en cours partout en France. L’AG appelle Ă  poursuivre les luttes localement et au niveau national, pour amplifier la mobilisation au sein de l’ESR et pour renforcer la solidaritĂ© avec tou·tes celles et ceux qui luttent.

      Lors de l’AG, ont Ă©tĂ© adoptĂ©es au consensus les actions suivantes :

      – Rendez-vous universitĂ©s/recherche Ă  quelques centaines de mĂštres de la manifestation mardi 17/12, pour se coordonner ensuite avec les collĂšgues de l’Éducation nationale : Ă  Paris, rendez-vous au jardin May Picqueray Ă  12h30 (94 bd Richard Lenoir, Paris 11e) avant de rejoindre ensuite le cortĂšge commun IdF de la maternelle Ă  la fac.

      – Se joindre aux mobilisations interprofessionnelles et à tous les secteurs en lutte.

      – Occuper des lieux dans les universitĂ©s pour les ouvrir Ă  toutes les luttes en cours.

      – Demander des comptes aux prĂ©sident·es d’universitĂ© et mettre en cause la responsabilitĂ© de la ConfĂ©rence des prĂ©sident·es d’universitĂ©.

      – Reporter ou annuler les Ă©vĂšnements scientifiques pendant la durĂ©e de la grĂšve.

      – Rejoindre la grĂšve suivant diverses modalitĂ©s en cette pĂ©riode d’examen (validation universelle/grĂšve des examens/grĂšve des corrections/rĂ©tention des notes) qui devront ĂȘtre coordonnĂ©es.

      – Suspendre immĂ©diatement le recrutement de vacataires en urgence pour le prochain semestre.

      A Ă©tĂ© adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© des prĂ©sent·es le calendrier suivant :

      – Se joindre Ă  la mobilisation du 11 janvier 2020 « Blanquer Vidal, il faut les sortir ».

      – Organiser un Ă©vĂ©nement propre Ă  l’ESR Ă  la mi-janvier 2020.

      – Organiser des États gĂ©nĂ©raux de l’ESR les 1 et 2 fĂ©vrier 2020.

      – Construire un ultimatum pour la mi-fĂ©vrier : Ă  cette date, on arrĂȘte tout si on n’obtient pas satisfaction.

      Établissements reprĂ©sentĂ©s : universitĂ© d’Angers, universitĂ© de Bordeaux, universitĂ© de Bourgogne, Campus Condorcet, Cnam, UPEC, EHESS, ENS Ulm, ENS Jourdan, INSPE Paris, Lille, UPEM, MusĂ©um d’histoire naturelle, universitĂ© Paris Nanterre, universitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne, Paris 3, universitĂ© Paris-Descartes, universitĂ© Paris Diderot, universitĂ© Paris 8, universitĂ© Paris 13, universitĂ© Paris-Saclay, universitĂ© Paris Sud, universitĂ© de Poitiers, centre CNRS Pouchet, universitĂ© de Rennes 2, Sorbonne UniversitĂ©, universitĂ© de Tours, avec la participation de collĂšgues enseignant·es Ă©galement en BTS.

      Participation de syndicalistes de la FERC CGT, du SNCS-FSU, du SNESUP, du SNTRS, de Sud Éducation, de Sud Recherche EPST et de membres de Sauvons l’UniversitĂ© et UniversitĂ© Ouverte.

      #université #enseignement_supérieur #réforme #recherche #France #résistance #néolibéralisme #service_public #inégalités #concurrence

      Reçu via email le 16.12.2019

      Disponible ici aussi :
      â–șhttps://universiteouverte.org/2019/12/16/motion-de-lassemblee-generale-nationale-de-coordination-des-facs-

    • #OpenEdition et l’Enseignement supĂ©rieur et la recherche (ESR) en lutte : continuons Ă  « faire tache d’huile » !

      La parole est Ă  la section SUD ESR Ă  Open Édition. Elle revient sur l’action de blocage des sites internet que le laboratoire public « Open Édition » hĂ©berge
 et qui voient passer 6 millions de visiteurs chaque mois. Excusez du peu !

      OpenEdition (unitĂ© de service et de recherche 2004) dĂ©veloppe, depuis 1999, des plateformes d’édition et de communication numĂ©riques de la recherche en sciences humaines et sociales. Le 17 dĂ©cembre 2019, dans le cadre du prĂ©avis de grĂšve interprofessionnelle demandant le retrait du projet de rĂ©forme des retraites, une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du personnel a votĂ©, Ă  une trĂšs large majoritĂ©, le blocage des sites hĂ©bergĂ©s sur les quatre plateformes OpenEdition Books, OpenEdition Journals, HypothĂšses et Calenda, ainsi que de tous ses services. Ce blocage Ă©tait accompagnĂ© d’une redirection automatique vers un texte, traduit en six langues, de soutien aux travailleuses et travailleurs des secteurs privĂ© et public en lutte.

      La conclusion du communiquĂ© Ă©tait la suivante :

      “Aujourd’hui, 54 assistant·e·s-ingĂ©nieur·e·s et ingĂ©nieur·e·s travaillent quotidiennement Ă  la mise en ligne et Ă  la diffusion de plus de 530 revues, 9 000 livres, prĂšs de 3 200 carnets de recherche, Ă  l’annonce de 43 525 Ă©vĂšnements et Ă  la formation de 250 personnes Ă  nos outils chaque annĂ©e. Ces missions de diffusion et de mise Ă  disposition de la connaissance auprĂšs de toutes et tous viennent en appui au monde de la recherche et sont assurĂ©es pour moitiĂ© par des personnes contractuelles.

      AncrĂ©es dans une rĂ©alitĂ© sociale, les plateformes numĂ©riques reposent essentiellement sur un travail quotidien d’hommes et de femmes. C’est en ce sens que nous nous inquiĂ©tons lĂ©gitimement du maintien et du dĂ©veloppement de nos structures dans de bonnes conditions, tout autant pour ceux qui y travaillent que pour ceux qui les consultent dont Ă©tudiants, chercheurs, demandeurs d’emploi, retraitĂ©s
”

      Voir : Les personnels d’OpenEdition en lutte contre la rĂ©forme des retraites
      sur academia.hypotheses.org

      Suite Ă  cette action de blocage, une partie du personnel d’OpenEdition souhaite rester mobilisĂ©e. De nouvelles actions sont Ă  penser avec nos collĂšgues de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche mais aussi avec ceux du secteur du numĂ©rique et de l’édition. C’est dans cette perspective qu’un blog a Ă©tĂ© a Ă©tĂ© ouvert sur Mediapart motivĂ© « par le besoin d’échanger et de partager des expĂ©riences et des idĂ©es nouvelles avec celles et ceux qui pensent le monde du numĂ©rique dans toute sa matĂ©rialitĂ© et ses rapports aux rĂ©alitĂ©s Ă©cologiques, Ă©conomiques et sociales. C’est en ce sens que nous essayons aujourd’hui d’inventer de nouvelles formes de contestations qui puissent ĂȘtre visibles et justes. Ce blog est aussi un espace pour nous poser la question de comment continuer Ă  nous opposer Ă  cette rĂ©forme des retraites en tant que travailleurs du web ».

      Voir : Pourquoi ouvrir un blog sur Mediapart ?
      par les invisibles de l’USR

      Dans un billet plus complet, on peut y lire les raisons du blocage :

      “Les six millions de visiteurs uniques par mois, la dimension internationale et la portĂ©e symbolique (auprĂšs du monde de la recherche et au-delĂ ) des plateformes d’OpenEdition, associĂ©s Ă  notre invisibilitĂ©, nous ont convaincus d’utiliser cet outil numĂ©rique (celui que nous dĂ©veloppons et maintenons au quotidien) comme une caisse de rĂ©sonance et un levier pour donner de la visibilitĂ© Ă  notre engagement”.

      Voir : Une nouvelle place de grĂšve ? Retour sur un blocage numĂ©rique

      Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, d’autres initiatives ont Ă©tĂ© prises ailleurs dans l’ESR, comme la motion de l’AG du 7 janvier de l’UFR 11 de science politique de l’universitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne, actant leur entrĂ©e dans une grĂšve gĂ©nĂ©rale et reconductible jusqu’au retrait de la rĂ©forme. Ou encore celle de l’unitĂ© mixte de recherche (UMR) CERAPS Ă  Lille. De plus, fait rarissime, une douzaine de revues acadĂ©miques de sciences sociales, dont certaines diffusĂ©es sur OpenEdition ont annoncĂ© se mettre en grĂšve gĂ©nĂ©rale. Une partie d’entre elles se sont aussi solidarisĂ©es avec le blocage des plateformes d’OpenEdition.

      Voir : Faire tache d’huile et Ɠuvre utile chez les chercheurs : dix revues en grĂšve illimitĂ©e
      sur le site de France Culture

      Le 13 janvier, le site du Centre d’Economie de l’UniversitĂ© Parsi 13 (CEPN) a Ă©galement Ă©tĂ© rendu inaccessible et affiche un texte se rĂ©fĂ©rant Ă  l’action d’OpenEdition du 17 dĂ©cembre, pour le retrait de la rĂ©forme des retraites et contre le projet de loi pluriannuelle de la recherche, voir copie d’écran :

      En tant que syndicalistes, mais aussi employé·e·s d’OpenEdition, nous nous associons pleinement Ă  toutes les initiatives prises par nos collĂšgues. Nous sommes persuadé·e·s que c’est en alliant actions visibles (numĂ©riques et physiques), convergence entre enseignant·e·s-chercheurs·euses, « fonctions supports » (personnels BIATSS, ITA), Ă©tudiant·e·s, et en gĂ©nĂ©ralisant la grĂšve pour tendre vers la grĂšve reconductible partout que nous parviendrons Ă  faire plier le gouvernement ! Convergeons aussi avec les autres secteurs mobilisĂ©s de l’Éducation Nationale, de la SNCF, des transports et des raffineries pour crĂ©er les conditions d’un rĂ©el « tous et toutes ensemble » ! Contre cette rĂ©forme inique et pour l’amĂ©lioration – par le haut – de notre systĂšme de retraite par rĂ©partition ainsi que des conditions de travail de toutes et tous, secteur public comme secteur privĂ© !

      Texte de SUD Recherche EPST OpenEdition

      https://www.solidaires13.org/openedition-et-lenseignement-superieur-et-la-recherche-esr-en-lutte-co

    • Aux cĂŽtĂ©s de laboratoires, dĂ©partements, UFR chaque jour plus nombreux, 45 #revues scientifiques, principalement en sciences humaines et sociales, rejoignent la mobilisation contre la rĂ©forme des retraites et la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR). Le vendredi 17 janvier 2020, 127 membres de comitĂ©s de rĂ©daction se sont rĂ©uni.e.s pour organiser la poursuite du mouvement et l’interruption du cours normal de la production scientifique. Plus d’une dizaine de revues sont dĂ©jĂ  en grĂšve. Deux motions ont Ă©tĂ© votĂ©es en soutien Ă  tous les travailleur.se.s qui participent Ă  la fabrication des revues et Ă  la diffusion des articles en ligne. Plusieurs actions auront lieu la semaine prochaine, dont la publication d’une tribune commune et une prĂ©sence collective visible dans le cortĂšge « Enseignement SupĂ©rieur et Recherche » (ESR) du 24 janvier. Elles seront prolongĂ©es par d’autres types d’intervention par lesquelles les revues entendent se mettre au service du mouvement social et dĂ©fendre un vĂ©ritable service public d’enseignement supĂ©rieur et de recherche.

      Reçu via email le 20.01.2020

      Page internet sur le site de UniversitĂ© ouverte - Facs et labos en luttes : https://universiteouverte.org/2020/01/19/revues-en-lutte

    • Facs et labos en lutte : un #concert exceptionnel

      Pas de sĂ©minaire “Fight the power” dans le contexte actuel de grĂšve, mais toujours du hip-hop ! Alors que la mobilisation de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche (ESR) est de plus en plus large, le comitĂ© de mobilisation des facs et labos en lutte, l’UniversitĂ© Ouverte et l’UniversitĂ© populaire de Paris Diderot ont organisĂ© un concert exceptionnel vendredi dernier.

      RĂ©uni.es pour mener la lutte en musique, une chorale militante, un Piki Blind Test de Tomas & Pierre, le rappeur Edouard Kissifrott, La Fanfare Invisible
 et un plateau exceptionnel de rappeuses : Fanny Polly, Ekloz, Nayra, LorĂ©a et Billie Brelok. DĂ©couvertes pour certain.es, artistes confirmĂ©es et apprĂ©ciĂ©es pour d’autres, une prĂ©sentation rapide n’est pas superflue.

      https://surunsonrap.hypotheses.org/4435
      #musique

    • En soutien aux personnels d’#OpenEdition : notre lutte doit ĂȘtre aussi numĂ©rique

      Le 16 dĂ©cembre 2019, les employĂ©s·es d’OpenEdition rĂ©uni·es en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ont votĂ© le blocage pour 24h des plateformes qu’elles et ils maintiennent et animent dans le cadre de la journĂ©e interprofessionnelle du 17 dĂ©cembre 2019 contre la rĂ©forme des retraites.

      Nous, travailleur·es de l’enseignement supĂ©rieurs et de la recherche, avons dĂ©couvert cette initiative avec enthousiasme.

      Dans le contexte d’une rĂ©forme des retraites qui accroĂźt les inĂ©galitĂ©s et d’une loi de programmation pluriannuelle de la recherche qui poursuit le travail de dĂ©mantĂšlement des statuts de la recherche publique, mais aussi d’un mouvement plus vaste et plus ancien de prĂ©carisation constante des conditions de travail dans l’enseignement supĂ©rieur et la recherche (ESR) dont Parcoursup et la mise en place de frais d’inscription Ă  l’universitĂ© publique, la question des modalitĂ©s de rĂ©sistances et de lutte des travailleurs de l’ESR se pose avec une acuitĂ© croissante.

      L’initiative des personnels d’OpenEdition et leurs prises de position rĂ©pondent en partie Ă  ces interrogations, tout en reprĂ©sentant une participation de poids Ă  la mobilisation en cours. Il ne s’agit de rien de moins que de la rĂ©appropriation d’un outil de travail par les agents qui en sont le plus souvent invisibilisĂ©s, derriĂšre une novlangue numĂ©rique qui veut nous faire croire Ă  une production immatĂ©rielle, hors sol et sans travailleur·es.

      L’économie numĂ©rique des savoirs est un lieu privilĂ©giĂ© d’appropriation et d’exploitation par le systĂšme capitaliste de notre travail de production et de diffusion de connaissances. Les conflits rĂ©currents avec les multinationales marchandes de l’édition scientifique qui s’accaparent des savoirs publics nous le rappellent. Il est donc nĂ©cessaire que cette Ă©conomie numĂ©rique devienne aussi un terrain de lutte sociale, tout comme le sont les universitĂ©s, les transports, etc.

      Nous avons Ă©galement dĂ©couvert que l’action lĂ©gitime des employé·es d’OpenEdition s’est attirĂ©e les foudres des tutelles de leur laboratoire, qui sont bien souvent aussi nos propres tutelles. Suite au blocage de 24h des plateformes d’OpenEdition, ces tutelles ont convoquĂ© l’ensemble des responsables de services du laboratoire pour un « recadrage administratif ». De surcroĂźt, les travailleur·es d’OpenEdition se sont vu·es interdire l’usage d’un moyen de communication qu’elles et ils font exister au quotidien (▻http://leo.hypotheses.org) pour informer les usagers de leur action (finalement rendue publique sur Academia) ! Nous y voyons une entrave Ă  la libertĂ© d’expression salariale et syndicale.

      En tant qu’usagers d’OpenEdition (OpenEdition Journals, Calenda, HypothĂšses, Books
), mais aussi en tant que contributrices et contributeurs directs ou indirects Ă  ces outils de travail qui sont aussi les nĂŽtres, en tant que membres des rĂ©dactions des revues, gestionnaires de listes d’information, carnetier·es, autrices et auteurs de livres et d’articles scientifiques, organisatrices, organisateurs et participant·es Ă  des Ă©vĂ©nements scientifiques, membres de comitĂ©s scientifiques
, nous soutenons l’action des travailleuses et travailleurs d’OpenEdition et nous tenons Ă  leurs cĂŽtĂ©s dans la lutte.

      https://academia.hypotheses.org/8135

    • Lettre des revues aux membres de la section 23 du CNU (2019-2023)

      Le Conseil National des UniversitĂ©s, dans sa section 23, instance collĂ©giale de pairs et, pour une large part, Ă©lue par des pairs, s’est renouvelĂ© pour la mandature 2019-2023 Ă  l’occasion d’une Ă©lection dont le scrutin s’est tenu entre le 26 aoĂ»t et le 14 octobre 2019. Il se prononce notamment sur des mesures relatives Ă  la qualification et Ă  la carriĂšre des professeurs des universitĂ©s et des maĂźtres de confĂ©rences avec, de ce fait, un rĂŽle central dans la dĂ©finition de la valeur acadĂ©mique des travaux et des parcours des enseignants-chercheurs en gĂ©ographie. Dans le cadre de la campagne pour ces Ă©lections, et pour participer Ă  un dĂ©bat constructif sur le fonctionnement de cette instance importante, des revues de gĂ©ographie, ou de sciences sociales largement ouvertes aux gĂ©ographes, souhaitent porter un certain nombre de points Ă  l’attention des membres de la section 23 ainsi que de l’ensemble des collĂšgues.

      Pour accĂ©der Ă  la qualification aux fonctions de maĂźtre de confĂ©rences, de professeur et bĂ©nĂ©ficier d’avancements de grade, le fait d’avoir publiĂ© dans des revues dites « classĂ©es » est devenu un critĂšre central voire dĂ©cisif. La liste des revues dites « qualifiantes » n’est pour le moment pas totalement stable. Elle dĂ©pend largement d’un classement effectuĂ© en 2013 par l’AERES (ancĂȘtre de l’HCERES), dont on peut rappeler qu’elle n’est pas une instance collĂ©giale Ă©lue par des pairs. Un certain nombre de revues avaient d’ailleurs fait le choix de refuser d’y ĂȘtre classĂ©es. C’est pourtant cette liste qui continue Ă  faire foi, alors qu’elle ne rend que partiellement compte de la rĂ©alitĂ© de la recherche en gĂ©ographie et qu’elle ne garantit pas la qualitĂ© du travail Ă©ditorial effectuĂ© dans les revues rĂ©fĂ©rencĂ©es. D’autres listes, comme celles de l’Institute for Scientific Information (ISI) et de Scopus, sont Ă©galement utilisĂ©es : leurs classements n’étant pas Ă©quivalents (ils sont souvent confus, incomplets, voire contradictoires), elles brouillent encore davantage le processus d’évaluation.

      Par consĂ©quent, l’ensemble des revues signataires de cette lettre ouverte demandent que les revues, fonctionnant par Ă©valuation des pairs en double aveugle et possĂ©dant un comitĂ© de lecture/rĂ©daction, soient considĂ©rĂ©es comme « qualifiantes » et plus gĂ©nĂ©ralement reconnues comme contribuant au sĂ©rieux et Ă  la qualitĂ© de la production scientifique dans notre discipline. Ce critĂšre doit primer sur celui d’un rĂ©fĂ©rencement dans les listes de l’HCERES ou d’autres instances.

      Par ailleurs, le critĂšre de publications « de niveau clairement international » pour la qualification aux fonctions de professeur des universitĂ©s porte Ă  confusion. Le critĂšre implicite est la publication dans des revues de langue anglaise. Toutefois, de nombreuses revues anglophones sont de mauvaise qualitĂ©, certaines pouvant mĂȘme ĂȘtre qualifiĂ©es de prĂ©datrices. De plus, le français reste une langue Ă©normĂ©ment parlĂ©e Ă  travers le monde : les pays de la francophonie permettent ainsi aux revues de langue française d’avoir un rayonnement international. De mĂȘme, les publications dans des revues Ă©trangĂšres non-anglophones souffrent d’un manque de reconnaissance car ces revues sont mal connues par la communautĂ© scientifique non spĂ©cialiste du pays considĂ©rĂ©. Il convient Ă©galement de prendre en considĂ©ration les articles publiĂ©s dans des revues francophones mais traduits en langue Ă©trangĂšre (anglais ou autre) qui permettent d’élargir leur lectorat.

      Il n’y a ici pas de solution simple mais il semble important qu’une rĂ©flexion puisse Ă©merger Ă  ce sujet entre les membres de la nouvelle section 23 du CNU. Dans cette perspective, l’ensemble des revues signataires de cette lettre ouverte souhaitent un Ă©largissement des critĂšres de dĂ©finition des publications « de niveau international » (au-delĂ  de la seule publication dans une revue anglophone) dans l’évaluation des dossiers des enseignants-chercheurs.

      Premiers signataires :

      1) Ambiances

      2) Annales de la Recherche Urbaine

      3) Bulletin de l’Association de gĂ©ographes français (BAGF)

      4) Belgeo

      5) Bulletin de la Société Géographique de LiÚge (BSGL)

      6) Cahiers Agricultures

      7) Cahiers balkaniques

      8) Cahiers des Amériques Latines

      9) Les Cahiers d’EMAM – Etudes sur le Monde arabe et la MĂ©diterranĂ©e

      10) Cahiers d’études africaines

      11) Cahiers de géographie du Québec

      12) Les Cahiers scientifiques du transport

      13) Carnets de géographes

      14) Confins. Revue franco-brésilienne de géographie

      15) Développement durable et Territoires (économie, géographie, politique, droit, sociologie)

      16) EchoGĂ©o

      17) Espaces et sociétés

      18) Espace, Populations, Sociétés

      19) Etudes rurales

      20) Genre, sexualités et sociétés (GSS)

      21) GĂ©ographie Économie SociĂ©tĂ©

      22) GĂ©ographie et cultures

      23) L’information gĂ©ographique

      24) Justice spatiale / Spatial Justice (JSSJ)

      25) Karstologia

      26) MĂ©tropoles

      27) Mondes du tourisme. Revue pluridisciplinaire de recherche

      28) Norois. Environnement, aménagement, société

      29) Physio-GĂ©o. GĂ©ographie Physique et Environnement

      30) Projets de paysage

      31) Revue d’Economie RĂ©gionale et Urbaine (RERU)

      32) Revue d’études comparatives Est-Ouest

      33) Revue Européenne des Migrations Internationales (REMI)

      34) Revue francophone sur la santé et les territoires

      Message reçu par email, le 22.01.2020

    • #PrĂ©caires de l’ESR : communiquĂ© de l’AG d’Ile-de-France

      CommuniquĂ© de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale Ile-de-France des prĂ©caires de l’Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche du 11 janvier 2020.

      Nous, personnels prĂ©caires de divers Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur de la rĂ©gion parisienne (Paris 1, Paris 3, Paris 7, Paris 8, Paris Nanterre, Paris 13, UniversitĂ© de Marne-la-VallĂ©e, UniversitĂ© d’Evry, EHESS, ENS), rĂ©uni⋅es en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale ce samedi 11 janvier 2020 Ă  Paris, nous dĂ©clarons en grĂšve. Nous rĂ©affirmons ainsi notre statut de travailleur⋅euses et rappelons que sans nous et notre travail, trop souvent invisibilisĂ© ou non rĂ©munĂ©rĂ©, les facs et les labos ne sont pas en mesure de fonctionner.

      Suite Ă  l’appel solennel des prĂ©caires diffusĂ© pour la premiĂšre fois Ă  l’étĂ© 2019 et dans l’urgence de la mobilisation historique en cours pour sauver notre systĂšme de retraite, nous nous engageons plus que jamais cette semaine Ă  prendre part Ă  la lutte. Nos collectifs de prĂ©caires ESR dĂ©jĂ  existants (Mobdoc Ă  Paris 1, CECPN Ă  Nanterre) se joignent aux nouveaux groupes de prĂ©caires ESR en cours d’organisation dans les autres universitĂ©s participantes pour rĂ©activer une AG Île-de-France des prĂ©caires de l’ESR.

      Dans ce contexte de destruction du service public de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche, de casse de toutes les protections sociales (retraites, chĂŽmage
), nous refusons de participer plus longtemps aux faux-semblants. Nous refusons de continuer Ă  jouer les petites mains faisant tourner un enseignement supĂ©rieur au bord de l’effondrement, les petites mains d’un monde acadĂ©mique s’orientant vers une logique de mise en concurrence gĂ©nĂ©ralisĂ©e et d’évaluation Ă  tout prix, dont l’absurditĂ© s’illustre dans la tenue actuelle d’examens Ă  marche forcĂ©e. Nous refusons l’exploitation dont nous sommes victimes aujourd’hui comme nous refuserons demain d’exploiter quiconque. Nous mettrons tout en oeuvre pour rendre notre mobilisation visible et durable. Ainsi nous signifions Ă  nos collĂšgues, Ă  nos Ă©tudiant⋅es et au reste de la sociĂ©tĂ©, que l’universitĂ© publique et la recherche Ă©mancipĂ©es des intĂ©rĂȘts privĂ©s ne peuvent exister sans nous.

      Nous appelons les personnels titulaires, et les prĂ©caires qui le peuvent, de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche Ă  se mettre en grĂšve et Ă  participer activement Ă  la gĂ©nĂ©ralisation de celle-ci. Les actions symboliques, trĂšs suivies lors des prĂ©cĂ©dents mouvements sociaux Ă  l’universitĂ©, ont dĂ©montrĂ© leur inefficacitĂ©. Être en grĂšve signifie :

      ne plus donner cours,
      refuser d’organiser les partiels ou de noter des Ă©valuations,
      empĂȘcher la remontĂ©e des notes si celles-ci sont dĂ©jĂ  mises,
      interrompre l’activitĂ© des revues scientifiques,
      annuler les événements scientifiques,
      repousser les deadlines des appels Ă  communication ou Ă  contribution et des candidatures Ă  des post-docs,
      annuler les déplacements professionnels.
      refuser de recruter des vacataires et exiger à la place des contrats de travail en bonne et due forme (contrats doctoraux, ATER) pour les doctorant⋅es et des postes de MCF pour les docteur⋅es
      cesser toute activité de recherche (terrain, expériences, traitement de données, écriture
) afin de pouvoir participer activement à la mobilisation.

      Nous soulignons que les personnels titulaires qui ne cessent pas vĂ©ritablement toute activitĂ©, freinent la grĂšve des enseignant·es-chercheur.euses contractuel·les, des BIATSS et des Ă©tudiant·es, qui se trouvent obligĂ©â‹…es d’effectuer le travail qui leur est donnĂ© par les enseignant⋅es et chercheur⋅euses titulaires.

      Nous appelons tous⋅tes les prĂ©caires de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche Ă  rejoindre la lutte, qu’iels soient vacataires, doctorant⋅es, contractuel⋅les ou stagiaires, qu’iels soient affectĂ©â‹…es Ă  des missions techniques, d’ingĂ©nierie, d’administration, des bibliothĂšques, des services sociaux et de santĂ© universitaires, d’enseignement, de recherche, et quelle que soit leur discipline, qu’iels relĂšvent des formations dites professionnalisantes comme de recherche, des sciences dites humaines et sociales comme de celles dites expĂ©rimentales, qu’iels soient Ă  l’universitĂ©, en IUT, en Institut de travail social, etc.
      Il y va de notre systĂšme de retraite, de notre avenir professionnel et de celui de l’universitĂ© publique. Soyons Ă  la hauteur de l’enjeu de cette grĂšve !

      https://universiteouverte.org/2020/01/15/precaires-de-lesr-ag-ile-de-france

    • OpenEdition en lutte en appelle Ă  ses contributrices et contributeurs !

      Ce texte est un appel aux revues, Ă©diteurs, carnetiers, organisateurs d’évĂ©nements scientifiques, contributrices et contributeurs d’OpenEdition Ă  prendre part Ă  la lutte contre la rĂ©forme des retraite et la LPPR par le blocage et l’occupation de leurs sites et contenus ! Ce texte est aussi l’histoire d’une action avortĂ©e et des moyens de lutte que nous devons inventer ensemble.

      OpenEdition en lutte contre la réforme des retraites et la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR)

      Le 20 janvier 2020, l’assemblĂ©e des personnels d’OpenEdition a votĂ© la dĂ©claration de l’unitĂ© en lutte aux cĂŽtĂ©s des travailleurs et travailleuses du secteur privĂ© et public mobilisé·es. (30 votes exprimĂ©s dont 29 oui et un non)

      Aujourd’hui, nous, les personnels d’OpenEdition en lutte, appelons les comitĂ©s de rĂ©daction des revues, les Ă©diteurs et Ă©ditrices, les carnetier·es et les organisateurs et organisatrices d’évĂ©nements scientifiques Ă  demander publiquement Ă  OpenEdition la mise en place de pop-up, de banniĂšres,... sur les pages publiant leurs contenus (site de revues, carnets, Ă©vĂ©nements Calenda, livres).

      De mĂȘme nous enjoignons tous les membres de l’enseignement supĂ©rieur, de l’édition scientifique, des humanitĂ©s numĂ©riques, les laboratoires et les universitĂ©s en lutte Ă  faire circuler cette demande.

      Vous pouvez faire cette demande via twitter (@OpenEditionActu, @hypothesesorg, @calendaSHS) contact@openedition.org, la liste des carnetiers, calenda@openedition.org et les canaux de contacts que vous utilisez habituellement avec les Ă©quipes d’OpenEdition.

      Un pop up pour toutes et tous ! Ou l’histoire une action avortĂ©e...

      Pourquoi cet appel ?

      Le 22 janvier les personnels d’OpenEdition ont votĂ© la mise en place d’une fenĂȘtre modale (ou pop up) sur l’ensemble des plateformes Ă  compter du 24 janvier. Cette action aurait Ă©tĂ© une rĂ©ponse Ă  l’appel au blocage numĂ©rique lancĂ© par des travailleuses et travailleurs de ce secteur.

      L’objectif Ă©tait – en occupant nos outils de travail – d’afficher notre soutien au mouvement de lutte contre la rĂ©forme des retraites, notre opposition Ă  la loi de programmation annuelle de la recherche telle qu’elle se prĂ©sente aujourd’hui, et plus largement Ă  la prĂ©carisation de l’emploi dans tous les secteurs d’activitĂ©s.

      Cependant, le 23 janvier 2020, la direction d’OpenEdition lors d’une rĂ©union d’information du personnel organisĂ©e par ses soins a considĂ©rĂ© que le personnel d’OpenEdition ne devait pas faire d’ingĂ©rence sur les espaces Ă©ditoriaux des carnetiers, des revues et des Ă©diteurs de livres et ne devait pas s’en servir comme moyen de mobilisation. Selon les membres de cette direction un pop-up ne rĂ©pond pas Ă  ces critĂšres et ne peut donc pas ĂȘtre mise en Ɠuvre Ă  moins d’ĂȘtre explicitement demandĂ© par les revues et Ă©diteurs eux-mĂȘmes.

      Cette position prise par la direction n’a pas pu ĂȘtre discutĂ©e durant cette rĂ©union d’information. En effet, dĂšs la premiĂšre minute, on nous a expliquĂ© que nous pourrions « participer Ă  un temps d’expression, il ne s’agit pas d’une discussion : nous ne rĂ©pondrons pas aux questions, ce n’est pas le but de cette rĂ©union » et qu’ils et elles prendrons note de nos remarques et que « celles-ci pourront contribuer Ă  nourrir l’ordre du jour et les discussions qui auront lieu lors de la prochaine rĂ©union du conseil d’unitĂ© »

      Une partie des personnels, considĂ©rant que ce cadre sans dĂ©bat n’était pas acceptable a alors quittĂ© la salle.

      Producteurs de contenus et diffuseurs ensemble !

      La position de la direction interroge profondĂ©ment sur l’espace de libertĂ© qu’il est possible de porter au sein du numĂ©rique. Les personnels de la plateforme OpenEdition, en tant qu’hĂ©bergeurs et diffuseurs, ne peuvent donc porter aucune manifestation collective sur leur outil de travail. Seuls les producteurs de contenus en auraient le droit. À l’image de ce que nous disions lors de notre prĂ©cĂ©dent billet, que signifie alors faire grĂšve dans le numĂ©rique ? À nous, tous ensemble, de l’inventer !

      Nous remercions vivement les signataires de la motion « En soutien aux personnels d’OpenEdition : notre lutte doit aussi ĂȘtre numĂ©rique ! » et toutes celles et ceux qui nous ont exprimĂ© leur soutien, peu importe la suite du mouvement, cette solidaritĂ© ne sera jamais perdue !

      Elles sont en grĂšve ! Rejoignez-les !

      Voici la liste des 36 revues (sur 533) diffusĂ©s sur OpenEdition Journals qui ont mis en place ou sont sur le point de mettre en place leur soutien aux mouvements sociaux et/ou aux actions d’OpenEdition.

      La revue Zilzel hĂ©bergĂ©e sur Cairn a trĂšs courageusement suspendu sa commercialisation : https://www.cairn.info/revue-zilsel-2017-2.htm

      ▻https://journals.openedition.org/ahrf

      ▻https://journals.openedition.org/emam

      ▻https://journals.openedition.org/etudesafricaines

      ▻https://journals.openedition.org/chrhc

      https://journals.openedition.org/com

      https://journals.openedition.org/clo

      ▻http://journals.openedition.org/cal

      ▻http://journals.openedition.org/cdg

      ▻http://journals.openedition.org/champpenal

      ▻http://journals.openedition.org/clio

      https://journals.openedition.org/coma

      ▻http://journals.openedition.org/conflits

      ▻https://journals.openedition.org/genrehistoire

      ▻http://journals.openedition.org/gss

      ▻https://journals.openedition.org/geocarrefour

      https://journals.openedition.org/imagesrevues

      ▻https://journals.openedition.org/itineraires

      ▻https://journals.openedition.org/jda

      ▻http://journals.openedition.org/metropoles

      ▻https://journals.openedition.org/netcom

      ▻http://journals.openedition.org/nrt

      http://journals.openedition.org/nuevomundo

      https://journals.openedition.org/paysage/index.html

      https://journals.openedition.org/rdlc

      ▻http://journals.openedition.org/rh19

      https://journals.openedition.org/revss

      ▻http://journals.openedition.org/remi

      https://journals.openedition.org/samaj

      ▻http://journals.openedition.org/socio-logos

      ▻http://journals.openedition.org/sdt

      https://journals.openedition.org/temporalites

      ▻https://journals.openedition.org/terrain

      ▻http://journals.openedition.org/traces

      https://journals.openedition.org/transposition

      https://journals.openedition.org/trema

      ▻http://journals.openedition.org/volume

      https://blogs.mediapart.fr/les-invisibles-de-lusr-2004/blog/240120/openedition-en-lutte-en-appelle-ses-contributrices-et-contributeurs

    • Mobilisation dans les labos : les raisons de la colĂšre

      La prochaine loi de programmation sur la recherche met les facs et les laboratoires de recherche en Ă©bullition. Financement, emploi, innovation : Mediapart balaye les sujets qui fĂąchent.

      Au moins, chercheurs et gouvernement sont d’accord sur un constat : la recherche française dĂ©croche (dĂ©sormais au 7e rang mondial pour le nombre de publications scientifiques) ; les rĂ©munĂ©rations ne sont pas Ă  la hauteur ; il faut donc augmenter le financement de la recherche publique. La ministre FrĂ©dĂ©rique Vidal vient d’ailleurs d’annoncer une revalorisation des salaires des jeunes chercheurs. Mais cette promesse ne suffira pas Ă  calmer les personnels mobilisĂ©s contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), initialement annoncĂ©e pour fĂ©vrier, toujours en cours de rĂ©daction.

      Des propositions publiĂ©es fin septembre, Ă©laborĂ©es par trois groupes de travail nommĂ©s par le gouvernement (financement, emploi et innovation), ont depuis mis le secteur en Ă©bullition. Parmi les sujets d’inquiĂ©tude : le renforcement du financement par projet et de la recherche sur des temps courts, des changements dans l’évaluation, l’arrivĂ©e de nouvelles formes de contrats de travail Ă  l’amĂ©ricaine


      Si la ministre s’entretient bien avec les syndicats, ces derniers n’ont pas Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  participer aux groupes de travail, sinon au travers une consultation en ligne ouverte par le ministĂšre en mai dernier. Au total, 679 contributions ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es, bien moins que les 9 000 rĂ©ponses aux questionnaires lancĂ©s en parallĂšle par les « sociĂ©tĂ©s savantes », auxquels ont rĂ©pondu chercheurs (employĂ©s par les organismes de recherche) et enseignants-chercheurs (employĂ©s par les universitĂ©s).

      Dans les trois groupes, ce sont plutĂŽt des personnalitĂ©s scientifiques qui ont siĂ©gĂ©, directeurs d’universitĂ© ou d’organisme de recherche, voire des dĂ©putĂ©s. « La communautĂ© de l’ESR [enseignement supĂ©rieur et recherche] n’y est pas reprĂ©sentĂ©e, ce ne sont que des gens extrĂȘmement haut placĂ©s », regrette Julien Gossa, maĂźtre de confĂ©rences en informatique Ă  l’universitĂ© de Strasbourg et auteur du blog sur EducPros Docs en stock.

      Lui dĂ©plore que les recommandations des sociĂ©tĂ©s savantes – dont les sociĂ©tĂ©s françaises des diffĂ©rentes disciplines – n’aient pas Ă©tĂ© reprises, telle la nĂ©cessitĂ© de « redonner du temps », notamment en allĂ©geant le service d’enseignement et en limitant « le gaspillage des ressources et le temps de recherche Ă  Ă©crire des projets ». CĂŽtĂ© financement, les sociĂ©tĂ©s savantes recommandent l’augmentation des dotations de base des laboratoires et aussi du taux de projets financĂ©s par l’Agence nationale de la recherche (ANR), l’établissement dĂ©diĂ©.

      De leur cĂŽtĂ©, les rapporteurs du groupe de travail sur le financement prĂ©conisent, entre autres, de « donner aux organismes et aux universitĂ©s les moyens de dĂ©velopper une politique scientifique de niveau mondial » avec une subvention abondĂ©e « sur la base de leur performance », afin de « de rĂ©partir davantage de crĂ©dits compĂ©titifs ».

      On retrouve aussi la notion de compĂ©tition dans les mots d’Antoine Petit, PDG du CNRS. Dans une tribune publiĂ©e fin novembre dans Les Échos, il a souhaitĂ© « une loi ambitieuse, inĂ©galitaire – oui, inĂ©galitaire, une loi vertueuse et darwinienne ». Il n’en fallait pas moins pour qu’un collectif de 16 chercheurs lui rĂ©ponde dans Le Monde que « le darwinisme social appliquĂ© Ă  la recherche est une absurditĂ© ». Parmi eux, Pierre-Henri Gouyon, enseignant-chercheur en gĂ©nĂ©tique, rattachĂ© au MusĂ©um national d’histoire naturelle.

      Ce spĂ©cialiste de l’évolution rappelle que « Darwin lui-mĂȘme Ă©tait opposĂ© absolument Ă  l’idĂ©e de la compĂ©tition entre les humains ». Le gĂ©nĂ©ticien d’ajouter que « la thĂ©orie darwinienne de l’évolution montre Ă  quel point les phĂ©nomĂšnes de coopĂ©ration ont Ă©tĂ© importants dans l’évolution ».

      Plus rĂ©cemment, un autre collectif de plus de 500 chercheurs a signĂ© une autre tribune – elles se sont multipliĂ©es depuis les propos d’Antoine Petit – contre cette vision compĂ©titive, dĂ©fendant une recherche publique attachĂ©e au collectif.

      Pour doper la compĂ©tition, le gouvernement souhaite adosser le financement aux rĂ©sultats, passant par des changements en matiĂšre d’évaluation. Cette derniĂšre est dĂ©jĂ  trĂšs prĂ©sente dans la recherche et menĂ©e en partie par les pairs, dans des instances telles que le Conseil national des universitĂ©s ou les comitĂ©s Ă©ditoriaux des revues.

      Le groupe de travail « financement » propose en effet de lier l’attribution des moyens aux rĂ©sultats en fonction de critĂšres dĂ©finis par l’universitĂ© et/ou l’organisme de recherche. Cette feuille de route inquiĂšte, notamment en ce qui concerne le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supĂ©rieur (HCERES), autoritĂ© administrative indĂ©pendante crĂ©Ă©e en 2013 et chargĂ©e d’évaluer structures et formations.

      Alors que ses missions devraient ĂȘtre renforcĂ©es par la loi de programmation, il n’y a plus personne Ă  la tĂȘte du HCERES depuis plus d’un mois. Parce que le nom de Thierry Coulhon circule (c’est l’actuel conseiller ESR d’Emmanuel Macron), plus de 5 000 personnes ont dĂ©posĂ© une candidature collective pour protester et « dĂ©fendre l’autonomie de la recherche et des formations », candidature encadrĂ©e par le collectif RogueESR.

      PlutĂŽt composĂ© de chercheurs, celui-ci a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© trĂšs actif en 2018 face Ă  l’annonce de l’ouverture de seulement 250 postes au concours CNRS en 2019, contre 300 en 2017 et 400 en 2010.

      Pour RogueESR, qui vient de se rĂ©activer, le pilotage de la recherche fait aussi des remous. ContactĂ© par Mediapart, Julien*, physicien au CNRS basĂ© Ă  Toulouse, prĂ©cise – au nom du collectif –, qu’il n’y a rien de nouveau et que le systĂšme est menacĂ© depuis une quinzaine d’annĂ©es. Le physicien rapproche cette situation de celle de l’hĂŽpital, avec « des gens dĂ©connectĂ©s des rĂ©alitĂ©s du terrain qui vont arbitrer en observant un certain nombre de critĂšres », dont la bibliomĂ©trie, soit la mesure quantitative et qualitative de la production scientifique.

      Le collectif RogueESR s’oppose aussi au dĂ©veloppement du financement par projet. « Ce mode de fonctionnement, avec une mise en compĂ©tition des chercheurs, contribue Ă  une forme de perte de libertĂ© et de prise de pouvoir de ces structures de management que sont le HCERES et l’ANR. C’est assez dramatique », juge-t-il.

      Contre le financement par projet et pour l’égalitĂ© du financement des unitĂ©s de recherche, les reprĂ©sentants des syndicats Sud Recherche EPST et Sud Éducation ont Ă©voquĂ© ce point avec FrĂ©dĂ©rique Vidal, qui les a reçus le 15 janvier. ContactĂ©, le ministĂšre n’a pas donnĂ© suite Ă  notre sollicitation.

      Christine Buisson, directrice de recherche au site lyonnais de l’universitĂ© Gustave-Eiffel, n’est pas satisfaite des rĂ©ponses de la ministre sur leur revendication de financements rĂ©currents. Tout comme StĂ©phan Bernard, ingĂ©nieur d’études Ă  l’Inrae Ă  Clermont-Ferrand, pour qui « dire que ce sera plus facile de dĂ©crocher un projet ANR n’est pas un argument recevable ».

      Les deux syndicalistes ont aussi abordĂ© la question de la prĂ©caritĂ© et des rĂ©munĂ©rations. FrĂ©dĂ©rique Vidal vient d’annoncer le dĂ©blocage de 118 millions d’euros pour la revalorisation des carriĂšres, dont 26 millions pour les jeunes chercheurs. « Tout chargĂ© de recherche et tout maĂźtre de confĂ©rences sera recrutĂ© Ă  au moins 2 Smic, contre 1,3 Ă  1,4 Smic aujourd’hui », a-t-elle dĂ©clarĂ© lors de ces vƓux le 21 janvier, perturbĂ©s par les opposants Ă  la LPPR. La revalorisation figure dans le projet de rĂ©forme des retraites et doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dans le cadre de la loi de programmation.

      S’agissant de l’emploi scientifique, les personnels de recherche se mobilisent aussi contre la prĂ©carisation des mĂ©tiers, avec le dĂ©veloppement du « contrat Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e de mission scientifique », autrement dit, le “CDI de chantier”, dĂ©jĂ  permis par la rĂ©forme de la fonction publique de 2019. La nouveautĂ© rĂ©side dans les tenure tracks, ou chaires d’excellence junior, soit un dispositif de recrutement en CDD de 5 Ă  7 ans par les universitĂ©s, sans passer par la case concours, qui pourrait dĂ©boucher sur un poste de professeur.
      « Licornes » françaises trop rares

      InterrogĂ© par Mediapart, Philippe Berta, dĂ©putĂ© MoDem, un des rapporteurs du groupe de travail sur l’emploi, prĂ©cise que l’idĂ©e est de dĂ©tecter le plus tĂŽt possible les jeunes chercheurs, peu de temps aprĂšs leur thĂšse, et de leur proposer un contrat. « C’est une façon de garder les jeunes chercheurs, plutĂŽt que de les voir aller grossir les laboratoires Ă  l’étranger, prĂ©cise l’élu de la majoritĂ©, lui-mĂȘme enseignant-chercheur en gĂ©nĂ©tique. On sait que dans nos mĂ©tiers, c’est Ă  ce moment-lĂ  que les jeunes sont les plus productifs. »

      Le collectif RogueESR s’inquiĂšte, lui, de cette « mise en Ɠuvre de carriĂšres dĂ©pareillĂ©es ». Julien*, le physicien prĂ©citĂ©, voit plutĂŽt la crĂ©ation des tenure tracks comme des chemins parallĂšles, « dans lesquels on embaucherait des gens qui seraient mieux payĂ©s, qui feraient moins d’enseignement ».

      Tout comme Eli Haddad, chercheur Ă  l’Ehess, membre de l’association Sauvons l’universitĂ©, fondĂ©e en 2008, qui craint que ce nouveau statut n’entraĂźne la disparition du corps des maĂźtres de confĂ©rences. À ses yeux, tous ces changements vont Ă  l’encontre du statut des enseignants-chercheurs français, « fonctionnaires d’État avec la libertĂ© de poursuivre la recherche Ă  l’abri des pressions des pouvoirs ».

      Si la fusion des corps des maĂźtres de confĂ©rences et des professeurs est Ă©voquĂ©e dans les rapports, FrĂ©dĂ©rique Vidal a prĂ©cisĂ© qu’il n’en Ă©tait pas question. Autre changement pour les jeunes enseignants-chercheurs, l’allĂšgement du service d’enseignement, aujourd’hui fixĂ© Ă  192 heures par an, pour « amĂ©liorer l’entrĂ©e dans la carriĂšre ». Elie Haddad, de Sauvons l’universitĂ©, redoute que ce cadre ne saute et que la rĂ©partition des heures d’enseignement ne passe entre les mains des services RH et des prĂ©sidents d’universitĂ©.

      Marie, maĂźtresse de confĂ©rences en sociologie dans une universitĂ© de l’ouest de la France, estime que ces propositions reprĂ©sentent une dĂ©rĂ©gulation du temps de travail. « Il va falloir avoir de bonnes publications et de bons contrats pour avoir le droit de faire de la recherche », dĂ©sespĂšre cette membre active de la coordination nationale des Facs et labos en lutte, qui regroupe des personnels d’une cinquantaine d’établissements et se veut reprĂ©sentative de l’ensemble des mĂ©tiers et statuts de la recherche.

      Marie est trĂšs active dans l’organisation des manifestations. « J’ai un poste d’enseignant-chercheur mais on me demande de faire plus d’administratif au dĂ©triment de la recherche, dit-elle. On ne sait pas comment on va continuer, nos conditions de travail sont en jeu. » Cette enseignante-chercheuse qui a des responsabilitĂ©s au sein d’une licence n’oublie pas de mentionner les prĂ©caires de l’enseignement Ă  l’universitĂ©, ces vacataires « payĂ©s deux fois par an, qui sont de plus en plus des docteurs sans postes ».

      L’insertion professionnelle des docteurs est aussi Ă©voquĂ©e dans le dernier rapport, dĂ©diĂ© Ă  la recherche partenariale et Ă  l’innovation. Les auteurs veulent amĂ©liorer les dĂ©bouchĂ©s pour les docteurs dans le privĂ©. C’est tout l’objet de PhDTalent, entreprise qui propose des profils aux entreprises et aux institutions. Pour Florian Andrianiazy, son directeur gĂ©nĂ©ral, « c’est une bonne nouvelle que le gouvernement s’intĂ©resse Ă  la recherche », sans se prononcer davantage en l’absence de texte de loi.

      Une chose est sĂ»re : il perçoit d’un bon Ɠil la valorisation du doctorat auprĂšs des entreprises. « Il y a de moins en moins de postes dans les EPST [Ă©tablissement public Ă  caractĂšre scientifique et technologique – ndlr] et les universitĂ©s, alors que 15 000 docteurs sont diplĂŽmĂ©s chaque annĂ©e », rappelle Florian Andrianiazy.

      Les rapporteurs illustrent le dĂ©crochage rapide de la France en citant le top 100 du classement Forbes Global 2000 (trois entreprises françaises en 2018, contre dix en 2006) et aussi les six licornes françaises – startups dont la valorisation est supĂ©rieure au milliard, telles Blablacar ou Doctolib – parmi les 375 dans le monde.
      Leur solution ? « CrĂ©er des leaders mondiaux d’origine française fondĂ©s sur des dĂ©couvertes issues de la recherche publique » en renforçant notamment la mobilitĂ© entre les secteurs public et privĂ©. « On sent bien une vocation Ă  adosser la recherche scientifique Ă  une certaine forme d’objectif, de rentabilitĂ©, en termes de transfert vers le monde Ă©conomique, estime Julien, de RogueESR. C’est de plus en plus prĂ©gnant. »

      Pour lui, les allers-retours entre le public et le privĂ© ne sont pas forcĂ©ment une mauvaise chose, mais il ne faut pas que le monde privĂ© dicte au public quels sont les objectifs de recherche. Le physicien insiste : « C’est absolument fondamental que cette autonomie persiste et qu’on puisse ainsi vraiment explorer le monde, qu’il soit historique, social, scientifique, dans sa totalitĂ©. En tout cas, qu’il n’y ait pas de frontiĂšres Ă  s’attaquer Ă  des problĂšmes profonds [
], sans savoir oĂč l’on va, ce que ça va nous rapporter, ou si on va pouvoir publier. »

      Tous les collectifs interrogĂ©s attendent le texte avec impatience. Ils pointent du doigt le calendrier flou de cette loi promise au dĂ©part pour fĂ©vrier et s’inquiĂštent du passage par ordonnances. Tous dĂ©plorent Ă©galement que les rapporteurs n’analysent pas la situation au regard des rĂ©formes structurelles de la recherche de ces 15 derniĂšres annĂ©es.

      Pour Bruno Andreotti, enseignant-chercheur en physique Ă  l’universitĂ© de Paris, « tout ce qui arrive est dans le rapport Éducation et croissance d’Aghion et Cohen » remis en 2004. On y retrouve l’idĂ©e qu’il faut se rapprocher du systĂšme amĂ©ricain, qui concentre les moyens sur quelques Ă©tablissements, et procĂ©der Ă  une politique d’excellence. Pour cet enseignant-chercheur membre du groupe Jean-Pierre Vernant, qui rĂ©unit « 59 universitaires proches de la gauche de gouvernement », la dĂ©rĂ©gulation des statuts et le recrutement sous tutelle bureaucratique sont en train d’assĂ©cher la biodiversitĂ© de la recherche.

      ▻https://www.mediapart.fr/journal/france/230120/mobilisation-dans-les-labos-les-raisons-de-la-colere?onglet=full

    • Petits cƓurs, flash mob, candidatures multiples, grĂšve des revues... la recherche trouve de nouveaux modes d’action

      En lutte Ă  la fois contre la rĂ©forme des retraites et la future loi de programmation pluriannuelle, le monde de la recherche s’efforce de se faire entendre.

      Le chercheur Samuel Hayat a ajoutĂ© des petits cƓurs sur l’enveloppe destinĂ©e Ă  porter sa candidature au Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supĂ©rieur (HCERES). Histoire de se distinguer de la masse mais aussi de souligner avec autodĂ©rision le caractĂšre symbolique de cette entreprise de conquĂȘte. Car tous les candidats savent qu’ils n’ont absolument aucune chance de remporter ce siĂšge.

      MalgrĂ© tout, le 21 janvier, une centaine de chercheurs se sont rendus au ministĂšre de l’enseignement supĂ©rieur, coiffĂ©s de leur toque, pour dĂ©poser les courriers dans lesquels ils se proposent de prĂ©sider le HCERES, sans chef depuis un mois. PrĂšs de 5 000 universitaires les ont imitĂ©s, dans l’espoir de « faire dĂ©railler la machine bureaucratique » et de montrer leur opposition Ă  la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche.

      Si elle Ă©tait votĂ©e, le HCERES, en tant qu’autoritĂ© administrative, aurait un pouvoir dĂ©cuplĂ© d’évaluation des laboratoires de recherche, craignent les chercheurs mobilisĂ©s. Cet organisme revĂȘt une importance particuliĂšre, car le conseiller enseignement supĂ©rieur et recherche d’Emmanuel Macron, Thierry Coulhon, serait en pole position pour en dĂ©crocher la prĂ©sidence. « Cette candidature collective dĂ©nonce ce nouveau pouvoir de contrĂŽle », explique Samuel Hayat, chercheur au CNRS et membre du comitĂ© de mobilisation.

      Le monde de la recherche est en Ă©bullition. Comme le raconte ce billet de blog du journaliste Sylvestre Huet, une tribune dans Les Échos le 26 novembre d’Antoine Petit, le prĂ©sident du CNRS, a inquiĂ©tĂ© : il y dĂ©fend « une loi ambitieuse, inĂ©galitaire – oui, inĂ©galitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, Ă©quipes, laboratoires, Ă©tablissements les plus performants Ă  l’échelle internationale, une loi qui mobilise les Ă©nergies ». Les chercheurs ont donc une double raison de se mobiliser. La rĂ©forme des retraites a Ă©tĂ© le premier catalyseur de la colĂšre. Puis la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), et les inquiĂ©tudes qu’elle gĂ©nĂšre, s’est greffĂ©e Ă  la protestation initiale.

      Depuis plusieurs semaines, un mouvement social traverse la France. Les grĂ©vistes, tous corps de mĂ©tiers confondus, mobilisĂ©s contre la rĂ©forme des retraites multiplient les happenings, les danses et chants symboliques pour protester dans la joie et se donner du courage. Des cĂ©rĂ©monies de vƓux, des dĂ©placements ministĂ©riels ou des sorties prĂ©sidentielles ont Ă©tĂ© perturbĂ©s. Il devient de plus en plus difficile aux membres de la majoritĂ© d’échapper Ă  ces comitĂ©s d’accueil d’un nouveau genre. Ces sĂ©quences sont capturĂ©es pour ĂȘtre reprises par la presse et devenir virales sur les rĂ©seaux sociaux. On ne compte plus les professions qui dansent le Lac des cygnes, tutus inclus, comme ces enseignants du lycĂ©e Joliot-Curie de Nanterre, ou qui se lancent dans un haka protestataire, comme les avocats du barreau de la Seine-Saint-Denis. D’autres prĂ©fĂšrent lancer leur robe d’avocat, leur blouse ou leur code du travail (lire l’article de Mathilde Goanec sur le sujet).

      Pour le monde de la recherche, l’équation est complexe. Quel outil de travail peut-il brandir pour en faire le symbole de sa lutte ? Comment ĂȘtre efficace et audible dans le bruit ambiant ? Certains ont organisĂ© des universitĂ©s populaires, des dĂ©ambulations dans le Quartier latin Ă  Paris, quartier symbolique s’il en est. Des motions sont votĂ©es dans diffĂ©rents dĂ©partements et universitĂ©s (voir le dĂ©compte sur le site Sauvons l’universitĂ©). Reste alors Ă  trouver un moyen de matĂ©rialiser la grĂšve et d’attirer, si possible, l’attention pour faire exister le mouvement. La perturbation des vƓux de FrĂ©dĂ©rique Vidal, la ministre de l’enseignement supĂ©rieur, a Ă©tĂ© relayĂ©e sur BFMTV, souligne Samuel Hayat : « Ce n’est pas rien pour nous. »

      Mais cela ne suffit pas. Les chercheurs mobilisĂ©s espĂšrent parvenir Ă  casser les habitudes trop ancrĂ©es. Samuel Hayat le reconnaĂźt aisĂ©ment, trop longtemps la lutte des universitaires s’est cantonnĂ©e Ă  un triptyque devenu inefficace : un texte est Ă©crit et publiĂ© dans la presse, une pĂ©tition est lancĂ©e et certains se joignent aux manifestations. Impossible de rendre populaire une lutte ainsi, tant elle apparaĂźt dĂ©connectĂ©e du rĂ©el. Aujourd’hui, rien de tout cela. « Les gens s’amusent et sont combatifs, c’est une mobilisation qui va durer et qui peut gagner. La preuve : la ministre a Ă©tĂ© obligĂ©e de recevoir les syndicats. On les met sous pression », veut croire Samuel Hayat.

      C’est grĂące, croit-il, Ă  un changement, salutaire selon lui, de stratĂ©gie. « On a appelĂ© Ă  manifester, en dehors de la mobilisation dans les universitĂ©s et en dehors des syndicats. On a aussi fait le choix de manifester dans le cortĂšge de tĂȘte. On entre ainsi en rupture avec les modes traditionnels de lutte assez sages. » Ou perdants. En 2009, les chercheurs opposĂ©s Ă  la loi d’autonomie des universitĂ©s (LRU) se relayaient pour une ronde infinie des obstinĂ©s. Cette marche sans fin avait pour but de porter hors les murs les revendications du mouvement universitaire.
      Une grÚve inédite des revues

      Cette lutte perdue a laissĂ© des traces profondes et a pu rĂ©frĂ©ner les vellĂ©itĂ©s de mobilisation ultĂ©rieures. Anne Bory, maĂźtre de confĂ©rences en sociologie Ă  Lille et membre du comitĂ© de rĂ©daction Actes de la recherche en sciences sociales, le concĂšde mais espĂšre que les choses sont en train d’évoluer. « Depuis la LRU, il a Ă©tĂ© compliquĂ© de dĂ©construire le dĂ©couragement. Mais, aujourd’hui, les gens ne veulent plus ĂȘtre dĂ©couragĂ©s. »

      Dix ans plus tard, la configuration a changĂ©, veut croire Samuel Hayat. « LĂ , on a un coup d’avance. Le mouvement de 2007-2009 contre l’autonomie des universitĂ©s a eu lieu aprĂšs le vote de la loi, juste lors de la mise en place des dĂ©crets d’application. LĂ , on se mobilise avant. »

      Johanna SimĂ©ant, professeure des universitĂ©s en science politique Ă  l’École normale supĂ©rieure et membre du comitĂ© de rĂ©daction de la revue GenĂšses, abonde en ce sens. Elle considĂšre en effet que depuis trop longtemps, les revendications de la communautĂ© universitaire ne sont pas Ă©coutĂ©es et encore moins entendues, et qu’il est temps d’y remĂ©dier. « On oscille entre le mĂ©pris de toute la technostructure qui s’est dĂ©veloppĂ©e et les leçons dispensĂ©es par ces hommes quinquagĂ©naires qui nous expliquent comment on doit chercher. Il est temps pour nous de rĂ©affirmer nos valeurs et expliquer ce en quoi on croit, et surtout dire Ă  quel point ce projet est toxique pour nous. »

      Johanna SimĂ©ant Ă©tait invitĂ©e Ă  la cĂ©rĂ©monie des vƓux de FrĂ©dĂ©rique Vidal au titre de rĂ©cipiendaire de la mĂ©daille d’argent du CNRS. La prise de parole de la ministre a Ă©tĂ© perturbĂ©e et un doctorant blessĂ© par les forces de l’ordre. Johanna SimĂ©ant a pris la parole pour, entre autres, dire ceci : « Madame la ministre, la communautĂ© scientifique ne veut pas de cette Ă©niĂšme soi-disant “rĂ©forme” dont nous ne savons que trop qu’elle porte le darwinisme, la concurrence toxique, la bureaucratie de l’évaluation permanente et de la soumission de projets. De la soumission tout court. »
      La chercheuse tenait Ă  ce que son titre soit utile. En tant que personne titulaire d’une production scientifique validĂ©e et reconnue par ses pairs, elle espĂšre contribuer Ă  diffuser l’idĂ©e que ce mouvement n’est pas guidĂ© par des « doctorants excitĂ©s » mais par une partie de la communautĂ© universitaire bien dĂ©cidĂ©e Ă  reprendre la main sur son destin.

      La candidature collective au HCERES s’inscrit dans cette droite ligne de lutte. « On en a marre de jouer en dĂ©fense et de rĂ©agir seulement, dĂ©crypte encore Johanna SimĂ©ant. Nous sommes dans un mouvement de rĂ©affirmation collective, oĂč on ne fait pas que pleurer sur le service public en train d’ĂȘtre dĂ©truit sous nos yeux. On joue quelque chose d’important, on dĂ©nonce la dĂ©gradation de nos conditions de production intellectuelle. »

      Le 6 janvier, GenĂšses, la revue interdisciplinaire de sciences humaines et sociales, a impulsĂ© un mouvement inĂ©dit de grĂšve des revues scientifiques. Pour expliquer la grĂšve, la revue proclame sur son site : « Il s’agit de dĂ©fendre non seulement un systĂšme de protection sociale, mais aussi des valeurs telles que la solidaritĂ©, l’idĂ©e de service public, l’indĂ©pendance de la recherche (et, au-delĂ , la possibilitĂ© de dĂ©crire rationnellement le monde), face Ă  la lente destruction des conditions de production du savoir et Ă  sa marchandisation qui menace l’accĂšs de tou·te·s aux connaissances. »

      Le comitĂ© de rĂ©daction de GenĂšses ne traitera plus de propositions d’article ou de dossiers jusqu’à nouvel ordre. Une dizaine de revues de sciences humaines et sociales ont annoncĂ© faire de mĂȘme.

      Anne Bory, maĂźtre de confĂ©rences en sociologie Ă  Lille et membre du comitĂ© de rĂ©daction d’Actes de la recherche en sciences sociales, explique que cette forme d’action a rĂ©pondu Ă  plusieurs prĂ©occupations. La premiĂšre Ă©tant de libĂ©rer du temps pour ceux qui alimentent ces revues. « On souhaite le ralentissement du cours normal du travail pour nous permettre de tenir des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales dans nos facs, aller assister aux AG interprofessionnelles, fournir aussi des outils d’analyse et de connaissance utiles au mouvement. Il nous faut lever le pied pour mobiliser, tout simplement. »

      Sans compter que les revues revĂȘtent un intĂ©rĂȘt particulier, car les publications sont utilisĂ©es pour Ă©valuer les chercheurs, ce qui pourrait aller s’amplifiant avec ce projet de loi.

      Johanna SimĂ©ant explique que l’utilisation du mot « grĂšve » Ă  GenĂšses est volontaire pour signifier que ces chercheurs suspendent cette activitĂ©. Tant pis s’il s’agit d’une des facettes « les plus plaisantes du mĂ©tier », poursuit-elle.

      Il est indispensable Ă  ses yeux, dans cette pĂ©riode charniĂšre, de montrer le fonctionnement de la science de maniĂšre concrĂšte et de visibiliser ainsi « l’écosystĂšme de la recherche ». Dans le cas prĂ©cis des revues, cela consiste pour les membres des comitĂ©s de rĂ©daction Ă  relire et amender les articles d’autres chercheurs, bĂ©nĂ©volement et sur leur temps personnel. L’universitaire raconte encore vouloir dĂ©noncer la dĂ©gradation des conditions de travail dans ces revues, oĂč il est de plus en plus rare de trouver des secrĂ©taires de rĂ©daction Ă  temps plein.

      Anne Bory identifie un risque important avec une rĂ©forme qui renforcerait l’évaluation des chercheurs. « Ce projet de loi va mettre les revues au cƓur d’un systĂšme d’évaluation et de sanction. Il y aura forcĂ©ment une course Ă  l’échalote de la publication avec une moindre qualitĂ© des articles et surtout une fragilisation complĂšte de leurs conditions de production. » Samuel Hayat partage cette crainte : « On va nous faire endosser un rĂŽle de DRH. On ne veut pas que ce travail des revues devienne un instrument darwininien, un instrument d’un systĂšme de sĂ©lection. »

      Open Ă©ditions, la plateforme publique d’édition de revues scientifiques, a Ă©tĂ© bloquĂ©e 24 heures le 16 dĂ©cembre. La page d’accueil prĂ©sentait un texte qui expliquait les raisons de la grĂšve. Anne Bory juge qu’il s’agit d’une bonne maniĂšre d’inciter ceux qui ne se mobilisent pas Ă  la faire notamment chez les Ă©tudiants qui utilisent ce site. « C’est une modalitĂ© parmi d’autres, une façon de reprendre la main sur ce qu’on nous impose. On revendique aussi du temps pour rĂ©flĂ©chir. » Ce qui reste leur raison d’ĂȘtre.

      ▻https://www.mediapart.fr/journal/france/230120/petits-coeurs-flash-mob-candidatures-multiples-greve-des-revues-la-recherc

    • LPPR : les chercheurs aussi descendent dans la rue
      La future loi de programmation pluriannuelle de la recherche et le dossier des retraites inquiĂštent la communautĂ© scientifique, dont les membres se joignent dorĂ©navant aux manifestations, Ă  l’instar de celle du 24 janvier.

      Un investissement trĂšs attendu, enfin « Ă  la hauteur » pour la recherche française : c’est la promesse de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), en cours de prĂ©paration. C’est pourtant contre ce texte que montent dĂ©sormais des contestations dans une partie de la communautĂ© universitaire.

      Jusque-lĂ , le mouvement contre la rĂ©forme des retraites, dans laquelle les personnels de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche sont prĂ©sentĂ©s comme des « perdants », au mĂȘme titre que les enseignants du secondaire, n’avait eu que peu d’écho dans le monde universitaire et estudiantin. Une sĂ©rie de mesures de « compensations » a Ă©tĂ© promise par le gouvernement pour assurer un niveau de pension Ă©quivalent.

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/01/27/lppr-les-chercheurs-aussi-descendent-dans-la-rue_6027419_1650684.html

    • Les #revues_scientifiques fragilisĂ©es par les projets de loi

      Pour marquer leur opposition Ă  la rĂ©forme des retraites et au projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), prĂšs de 70 revues ont dĂ©cidĂ©, par-delĂ  leurs diffĂ©rences de disciplines, de se constituer en collectif, et elles s’alarment, dans une tribune au « Monde », de l’afflaiblissement du service public de la recherche.

      Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, plusieurs dizaines de revues de sciences humaines et sociales se dĂ©clarent les unes « en lutte », les autres « en grĂšve . En soutien et en participation au mouvement social en cours, leurs comitĂ©s de rĂ©daction protestent Ă  la fois contre le projet visant les retraites et contre les projets actuellement en circulation de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Cette mobilisation est inĂ©dite. Par bien des aspects, aussi, elle est incongrue : que peut bien vouloir dire, pour une revue, « se mobiliser », se dire « en lutte », « se mettre en grĂšve » ?

      En perturbant ou en interrompant leur activitĂ©, en refusant de se tenir Ă  distance de ce qui se joue dans la communautĂ© scientifique autant que dans le monde social, ces revues souhaitent mettre en avant aussi bien ce qui les fait que celles et ceux qui les font. Car leur travail intellectuel et Ă©ditorial, la production et le partage des savoirs qu’elles assurent sont eux aussi menacĂ©s par les projets de lois actuels, qui vont contribuer Ă  la fragilisation toujours plus forte du service public.

      L’existence de nos revues relĂšve d’une Ă©conomie de la connaissance efficace. Ce sont des scientifiques, dont une partie consĂ©quente sont des agents publics, qui Ă©valuent les textes, les discutent, les amendent ou les rejettent, pour finalement publier les travaux susceptibles de contribuer Ă  la connaissance collective. Ces travaux bĂ©nĂ©ficient ensuite du travail de mise en forme, rĂ©alisĂ© par des professionnels formĂ©s aux mĂ©tiers de la do cumentation et de l’édition qui ont des statuts variĂ©s, du fonctionnariat au CDD. Enfin, ce sont surtout les bibliothĂšques universitaires, organismes publics, qui achĂštent les revues Ă  l’unitĂ© ou en bouquets par des plates-formes numĂ©riques. Cette offre en ligne, gratuite pour les Ă©tudiants, permet une diffusion hors du champ universitaire : les journalistes ainsi que les enseignants, les associations, les Ă©lus, les citoyens bĂ©nĂ©ficient d’un apport substantiel de connaissances fiables et renouvelĂ©es.

      Si cette Ă©conomie de la connaissance assure l’enrichissement du savoir, elle rapporte toutefois peu en termes financiers. Elle est en effet adossĂ©e Ă  une infrastructure invisible, celle du service public de la recherche.

      C’est ce service public qui garantit des personnels formĂ©s, qualifiĂ©s et stables de secrĂ©tariat de rĂ©daction.

      C’est ce service public qui offre des rĂ©seaux ou des maisons d’édition, pour la numĂ©risation, l’archivage ou la promotion des articles.

      C’est ce service public qui permet l’existence de revues scientifiques numĂ©riques de qualitĂ© en accĂšs ouvert et entiĂšrement gratuites.

      C’est ce service public, enfin, qui, malgrĂ© la lente dĂ©gradation des conditions de travail des enseignants-chercheurs statutaires et la prĂ©carisation des jeunes chercheurs, continue de leur offrir le temps nĂ©cessaire pour siĂ©ger aux comitĂ©s de rĂ©daction, pour concevoir les dossiers, lire, Ă©valuer et discuter les articles proposĂ©s. Mais in fine, les revenus produits par les revues ne servent pas Ă  rĂ©munĂ©rer les scientifiques qui les font vivre, ou encore les travailleurs et travailleuses qui les fabriquent. Ces quelques revenus reviennent en effet aux sociĂ©tĂ©s qui Ă©ditent, et plus encore qui diffusent ces revues au sein d’un secteur Ă©ditorial fragile sauf Ă  avoir recours Ă  des dispositifs d’accĂšs ouvert, que quelques revues ont lancĂ© ces derniĂšres annĂ©es et qui demandent Ă  ĂȘtre renforcĂ©s pour diffuser encore plus largement les savoirs scientifiques.

      La LPPR, telle qu’annoncĂ©e, promet de saper les fondements de cette triple Ă©conomie, financiĂšre, scientifique et humaine, des revues. Elle frappe de plein fouet les personnels dits de soutien Ă  la recherche, qui sont justement ceux qui permettent aux revues d’exister en tant qu’objets, en tant que produits manufacturĂ©s (mĂȘme en ligne, mĂȘme dans l’espace virtuel, un article est mis en page et montĂ©). Elle prĂ©carise ces personnels, substituant Ă  l’emploi pĂ©renne des contrats dits « de chantier », qui obligeront les revues, collectifs comme on l’a vu fragiles, Ă  Ă©puiser leurs forces pour soumettre des dossiers Ă  des Ă©valuations tatillonnes et solliciter le droit de bĂ©nĂ©ficier de quelques heures du contrat de travail d’un travailleur de l’édition.

      Promouvant une recherche par projets assortie Ă  des contrats de recherche de durĂ©e limitĂ©e, diminuant drastiquement les recrutements de chercheurs titulaires, cette loi fragilise de façon dramatique les jeunes chercheurs en quĂȘte de poste, qui sont celles et ceux qui contribuent massivement Ă  la production d’articles scientifiques et au renouvellement dynamique des connaissances. La concentration de l’argent public sur d’obscurs « grands dĂ©fis sociĂ©taux » tend Ă  un mouvement malthusien de la production scientifique et Ă  l’élimination « darwiniste », pour re prendre les termes funestes du prĂ©sident du CNRS, des revues qui ne rĂ©pondent pas de prime abord Ă  ces « grands dĂ©fis . Ce faisant, elle contribue Ă  affaiblir le pluralisme et l’indĂ©pendance de la recherche publique.

      Qu’elles se mettent en grĂšve ou se dĂ©clarent en lutte, qu’elles fassent paraĂźtre un numĂ©ro blanc ou publient des textes sur les rĂ©formes actuelles et Ă  venir, les revues montrent d’un coup l’envers du dĂ©cor et tout ce qui rend possible la production et la diffusion d’un savoir Ă  la fois indĂ©pendant (notamment des mannes industrielles), fiable (car discutĂ© par des scientifiques de haut niveau) et neuf (c’est ce savoir qui est Ă  la base des futurs manuels universitaires, puis scolaires).

      Nos revues ne doivent leur existence qu’au service public de la recherche. Voir l’une et l’autre simultanĂ©ment menacĂ©s est au jourd’hui ce qui nous amĂšne, collectif des revues en lutte, Ă  nous opposer aux projets de rĂ©forme en cours avec la plus grande fermetĂ©.

      Pour le collectif des revues en lutte : Sylvie Tissot (Actes de la recherche en sciences sociales) ; Caroline Ibos (Les Cahiers du genre) ; Anne Jollet (Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique) ;Fabrice Ripoll (Carnets de gĂ©ographes) ; Clyde Plumauzille (CLIO. Femmes, genre, histoire) ; Laurent Bonelli (Cultures & Conflits) ; Manuel SchottĂ© (GenĂšses. Sciences sociales et histoire) ; Christophe Daum (L’Homme et la SociĂ©tĂ©) ; Julie Landour (Nouvelle revue du travail) ; Laure Bereni (Politix) ;François Sarfati (Sociologies pratiques) ; Fanny Gallot (Travail, genre et sociĂ©tĂ©s)

      La liste complĂšte des revues en lutte sur Universiteouverte.org

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/28/les-revues-scientifiques-fragilisees-par-les-projets-de-loi_6027462_3232.htm

    • GrĂšve Ă  l’UniversitĂ© ? A propos des dĂ©bats stratĂ©giques dans le mouvement

      Aujourd’hui, le monde acadĂ©mique semble loin d’ĂȘtre au diapason d’une grĂšve sans concession. La mobilisation universitaire ressemble, Ă  ce jour, davantage Ă  une mosaĂŻque de dĂ©brayages partiels qu’à une #grĂšve gĂ©nĂ©rale illimitĂ©e. Une grĂšve consĂ©quente aurait pourtant pour vertu d’ouvrir une brĂšche pour une mobilisation Ă©tudiante, cruciale pour redonner du souffle Ă  une rĂ©volte sociale dont la durĂ©e est inĂ©dite.

      À la rentrĂ©e 2018, les Gilets jaunes initiaient le soulĂšvement inĂ©dit des salariĂ©s les plus subalternisĂ©s. Les ronds-points voyaient alors la convergence des chĂŽmeurs, prĂ©caires, travailleurs pauvres, auto-entrepreneurs, artisans, retraitĂ©.e.s dĂ©muni.e.s, etc. À la faveur de la « rĂ©forme » des retraites, le mouvement social historique qui Ă©branle le gouvernement français depuis le 5 dĂ©cembre 2019 a pris le relais. La grĂšve interprofessionnelle mobilise une large base syndicale et les travailleurs statutaires de diffĂ©rents secteurs (transports, Ă©nergie, santĂ©, Ă©ducation, etc.), mais aussi des avocats, des mĂ©decins, des directeurs d’hĂŽpitaux, certains cadres et haut-fonctionnaires, des journalistes de l’audiovisuel, des chercheuses et chercheurs, ou encore des universitaires, bien que l’alma mater, notamment en rĂ©gion parisienne, soit entrĂ©e relativement tardivement dans cette grĂšve dont l’ampleur est inĂ©galĂ©e depuis 1968. Manifestement, l’inclination des diplĂŽmĂ©s urbains vers le conformisme, lequel s’est exprimĂ© dans leur vote massif pour Emmanuel Macron au premier et second tour de l’élection prĂ©sidentielle, est en voie d’effondrement. Le penchant petit-bourgeois Ă  lorgner vers la bourgeoisie parisienne plutĂŽt que de se solidariser avec les classes populaires, semble entrer en crise et le phĂ©nomĂšne de se propager Ă©galement au sein du milieu acadĂ©mique. Pour la premiĂšre fois, Ă  Paris (dont 12 des 15 dĂ©putĂ©s sont macronistes), les cortĂšges universitaires auto-organisĂ©s Ă©taient trĂšs visibles lors de la manifestation intersyndicale du 24 janvier 2020. Intellos, prolos : mĂȘme combat, alliĂ©s dans la grĂšve ?

      Pour certains, rien ne semble moins sĂ»r. Le 20 janvier dernier, Ronan de La Lande de Calan et Geoffroy de Lagasnerie publiaient, dans le blog des invitĂ©s de Mediapart, une tribune intitulĂ©e « Une mobilisation impossible ? Quand les universitaires confondent la lutte et l’autopunition » (https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/200120/une-mobilisation-impossible-quand-les-universitaires-confondent-la-l). Les deux signataires commencent par y saluer les divers secteurs en lutte contre la rĂ©forme des retraites qui « se sont appuyĂ©s sur des formes traditionnelles d’action dont l’efficacitĂ© n’est plus Ă  dĂ©montrer – dĂ©brayages, blocages du systĂšme productif et des moyens de transport, manifestations monstres ». Ils soulignent Ă©galement la crĂ©ativitĂ© du rĂ©pertoire d’action du mouvement de certaines corporations (avocats, mĂ©decins, pompiers, danseurs, etc.). Cet hommage est Ă  l’évidence un soutien au mouvement de grĂšve interprofessionnel, mais le positif du tribut sert surtout, ici, Ă  dĂ©noncer le supposĂ© manque d’imagination du champ universitaire, lequel se contenterait « par dĂ©faut » de rĂ©pliquer mĂ©caniquement des formes de mobilisation parmi les plus traditionnelles et les moins efficaces. Dans le domaine de la conflictualitĂ© sociale, ce qui semble utile et efficient pour certains serait donc, pour le monde universitaire, infertile. Au ban des accusĂ©s : les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, la grĂšve et les blocages. Pour nos deux philosophes, l’UniversitĂ© (personnels et usagers ?) se prendrait pour un secteur productif comme les autres, « comme si le pouvoir allait trembler parce que telle revue ne paraĂźtrait pas, ou tel sĂ©minaire serait annulĂ© ».

      Il y a, dans cette dĂ©nonciation, une part critique intĂ©ressante qui tient au fait de souligner qu’une partie du champ universitaire, peu encline Ă  sortir de sa zone de confort, continue sans aucun doute Ă  entretenir quelque illusion quant Ă  sa magnificence intellectuelle et se plaĂźt Ă  penser que ce sont le(ur)s idĂ©es qui mĂšnent le monde et, en l’espĂšce, feraient les mobilisations. Pourtant, il est patent que les sĂ©minaires, journĂ©es d’étude, colloques, revues, etc., n’ont pas pour prime vocation Ă  « saisir les masses » (ça se saurait !). Quand, de temps Ă  autre, ces lieux d’élaboration font lien avec d’autres espaces sociaux, il faut bien des mĂ©diations pour qu’ils en viennent Ă  participer Ă  des forces matĂ©rielles qui soient autre chose qu’un travail intellectuel. Cesser les diffĂ©rentes formes de production symbolique caractĂ©ristiques de l’acadĂ©misme ne dĂ©range guĂšre que l’entre-soi universitaire (et encore !). De mĂȘme, estimer que la multiplication des motions, tribunes, billets et pĂ©titions (pour le moins mesurĂ©es, voire carrĂ©ment frileuses) ne se diffusant que fort parcimonieusement dans l’espace public dominant puisse avoir quelque effet pratique est sans doute, encore, une concession Ă  un idĂ©alisme qui s’avĂšre d’autant plus vain que les cibles de ses adresses s’avĂšrent aussi sourdes qu’aveugles.

      Mais La Lande et Lagasnerie vont un cran plus loin. Ils estiment que la grĂšve « ordinaire » signe un renoncement Ă  produire des idĂ©es. C’est lĂ  que l’interpellation se transforme en leçon ; de celles que Lagasnerie, avec un certain sens du placement public, affectionne de dispenser assez rĂ©guliĂšrement Ă  ses « collĂšgues ». L’invective apparaĂźt alors d’une grande prĂ©tention, subsumant sous le chapeau de la routine et du suivisme, mille initiatives Ă  la base dont ils semblent tout ignorer. Car c’est bien, lĂ , mĂ©connaĂźtre la riche diversitĂ© des actions des personnels et des usagers de l’UniversitĂ©, dont la portĂ©e souvent assez modeste peut, nĂ©anmoins prendre quelque importance, notamment par des formes de rĂ©pĂ©tition persĂ©vĂ©rante qui ne sauraient seulement ĂȘtre vues comme un rabĂąchage paresseux et sans issue. Souvenons-nous, en 2009, de la ronde infinie des (universitaires) obstinĂ©.e.s, initiĂ©e et votĂ©e en AG par des personnels et usagers de l’universitĂ© Paris 8 qui se relayaient pour tourner jour et nuit devant l’HĂŽtel de ville (place de la grĂšve). Sans doute est-il utile de repenser « l’imaginaire de la lutte, [et d’]inventer de nouvelles formes de mobilisation et de prĂ©sence dans l’espace public », mais si tant est que la chose soit une nĂ©cessitĂ©, celle-ci n’est certainement pas une concession Ă  cette antienne de l’idĂ©ologie dominante faisant fatalement de la grĂšve un mode d’action contreproductif. Rien dans la sĂ©quence prĂ©sente ne permet de prendre au sĂ©rieux ce type d’anathĂšme, sauf Ă  condescendre Ă  l’éditocratisme crasse des chaĂźnes d’information continue ou au syndicalisme collaborationniste.

      Messieurs La Lande et Lagasnerie devraient savoir que tous les grands mouvements de grĂšve interprofessionnels en France (et ailleurs) ont produit des modes d’action crĂ©atifs qui ne furent nullement en contradiction avec le rĂ©pertoire d’action traditionnel du mouvement ouvrier (dolĂ©ances, pĂ©titions, manifestations de rue, assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, comitĂ©s et piquets de grĂšve, etc.). En mai 1968, l’une des plus flamboyantes affiches de l’atelier populaire (fabriquĂ©e au sein des Beaux-Arts de Paris en grĂšve) montre une manifestante lançant un pavĂ©. Elle est lĂ©gendĂ©e « La beautĂ© est dans la rue ». Quant Ă  la grĂšve gĂ©nĂ©rale de juin 1936, elle fut, par exemple, rythmĂ©e par des bals populaires dans les usines occupĂ©es, et accompagnĂ©e par de fort nombreuses Ɠuvres (photographies, chansons, peintures, etc.). À cette Ă©poque, les universitaires marxistes Ă©taient convaincus de la portĂ©e d’une alliance de classe entre l’intelligentsia de gauche et les classes populaires.

      Aujourd’hui, le monde acadĂ©mique semble loin d’ĂȘtre au diapason d’une grĂšve sans concession. La mobilisation universitaire ressemble, Ă  ce jour, davantage Ă  une mosaĂŻque de dĂ©brayages partiels qu’à une grĂšve gĂ©nĂ©rale illimitĂ©e. Peu de composantes des universitĂ©s sont concrĂštement en grĂšve. Si les responsabilitĂ©s administratives et d’évaluation, prenantes et peu/pas rĂ©munĂ©rĂ©es, sont des cibles toutes trouvĂ©es (et encore !) de ralentissement des missions, les mandats d’enseignement et de recherche font l’objet d’ñpres nĂ©gociations intĂ©rieures chez les enseignant.e.s-chercheur.e.s dont une part non nĂ©gligeable a tendance Ă  considĂ©rer que ne pas assurer les activitĂ©s au fondement de leur mĂ©tier serait une violence intolĂ©rable faite Ă  ce qu’ils sont ou croient ĂȘtre (les lieux de l’autopunition sont d’abord dans les tĂȘtes). D’aucun.e.s auraient ainsi l’impression de renoncer Ă  leur singularitĂ© sociale durement acquise et Ă  cette position symbolique Ă  laquelle ils.elles tiennent tout particuliĂšrement, parfois jusqu’à la nĂ©vrose narcissique. Aussi, la tribune de nos deux compĂšres ne s’avĂšre pas d’une grande originalitĂ© quand ils affirment que « la ‘‘grĂšve’’ Ă  l’UniversitĂ©, avec cessation de toute activitĂ© d’enseignement et de recherche [?], ne correspond qu’à [...] une condamnation des intellectuels au silence ». Comme si les lieux d’élaboration et d’analyse pouvaient n’émerger qu’au sein de l’alma mater. C’est, lĂ , faire montre d’une forme Ă©vidente d’épistĂ©mocentrisme scolastique. D’ailleurs, il n’est pas trĂšs Ă©tonnant de constater que le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) dont la vocation est de prĂ©cariser au maximum l’ESR et de le placer sous la coupe du privĂ©, semble mettre davantage le feu aux poudres acadĂ©miques que la rĂ©forme des retraites. Pourtant, l’un des enjeux majeurs pour le mouvement universitaire tient sans doute Ă  sa capacitĂ© Ă  dĂ©coller le nez du guidon corporatiste.

      MĂȘme au sein de ses espaces censĂ©ment les plus critiques, l’UniversitĂ© n’est pas ce lieu de rĂ©sistance dont ses oblats les plus dĂ©vouĂ©s (i.e. celles et ceux qui en tirent le plus d’avantages) produisent le mythe. Aussi faut-il admettre que les pilotis de la LPPR (Labex, Idex, EUR, etc.) ont Ă©tĂ© plantĂ©s depuis plusieurs annĂ©es avec l’assentiment du plus grand nombre, de certaines avant-gardes « radical chic » et des Janus Bifrons qui se vivent en pourfendeurs des dominations et en hĂ©rauts de l’empowerment, mais sont, dans les faits, les meilleurs suiveurs de l’ordinaire universitaire, prĂȘts Ă  accueillir et examiner toutes les propositions susceptibles de leur apporter quelque avantage. Se dĂ©clarant contre la prĂ©caritĂ© ou le dĂ©lire Ă©valuatif, certain.e.s n’ont pourtant pas hĂ©sitĂ© Ă  participer Ă  ces dispositifs « d’excellence ». On voudra bien pardonner ces petits dĂ©voiements « corpo » (la chaire universitaire est faible), s’ils n’étiolent pas, aujourd’hui, les nĂ©cessitĂ©s d’une mobilisation massive et de prendre une pleine part aux dynamiques interprofessionnelles. Car l’UniversitĂ© est frappĂ©e des mĂȘmes maux que les secteurs de la santĂ©, de la justice, des transports, de la culture, de l’enseignement, etc. Les « rĂ©formes » macronistes sont portĂ©es par un projet politique d’ensemble qui ne s’est jamais autant rĂ©vĂ©lĂ©, notamment quant Ă  sa nature butĂ©e et autoritaire.

      Dans cette perspective, ce sont les Ă©tudiant.e.s qui nous semblent devoir jouer un rĂŽle tout Ă  fait primordial. L’expĂ©rience montre que ce sont eux.elles – plus dĂ©gagĂ©.e.s de l’emprise des identitĂ©s professionnelles qui brident – qui sont les plus susceptibles d’étendre le mouvement social Ă  l’espace universitaire et qui ont la volontĂ© la plus affirmĂ©e de faire se conjoindre les luttes, seule maniĂšre d’instaurer, dans la longueur (car ça va durer), un rapport de force qui pourrait s’avĂ©rer gagnant. Aussi, considĂ©rons-nous qu’il n’y a pas trop de grĂšve, mais, a contrario, pas assez. Penser que la grĂšve est une « condamnation collective Ă  l’impuissance et un maintien de l’ordre universitaire » ; qu’elle est un renoncement aux « conditions de la production d’analyse, de critique et de contre-proposition », c’est faire, malgrĂ© soi, le jeu de la macronie et ne pas placer le curseur au bon endroit, surtout Ă  rajouter : « puisqu’à la fin ce sont les professeurs qui dĂ©cident des modalitĂ©s de rattrapage des examens et qui trĂšs souvent imposent la reprise aux Ă©tudiants ». On a, lĂ , un exemple caricatural de la difficultĂ© qu’ont nos intellectuels situĂ©s – croyant dĂ©tenir le seul brevet valable Ă  dire le sens politique – Ă  considĂ©rer le mouvement social dans sa globalitĂ© et de rabattre des enjeux politiques gĂ©nĂ©raux sur des problĂšmes de pouvoir internes au monde universitaire. Et mĂȘme Ă  vouloir se centrer pour l’essentiel sur les difficultĂ©s spĂ©cifiques Ă  l’universitĂ©, la grĂšve n’est-elle pas le moyen adĂ©quat pour prendre du temps, discuter franchement de la situation pesant sur l’institution, se donner les moyens de s’organiser en dehors des instances officielles ?

      La Lande et Lagasnerie affirment que « le premier point sur lequel la grĂšve pourrait avoir comme telle une rĂ©elle efficacitĂ©, serait de renoncer Ă  produire des diplĂŽmes, qui constituent l’unique produit sur ce qui est devenu un ‘‘marché’’ de l’enseignement supĂ©rieur, et l’unique levier d’action sur les pouvoirs publics ». S’agit-il de se mettre en grĂšve pour porter la revendication gĂ©nĂ©rale de ne plus avoir Ă  produire de diplĂŽmes (perspective radicale qui ne saurait tenir seule), ou bien est-ce, plus modestement, de configurer, pour l’heure, la « grĂšve universitaire » autour de la non dĂ©livrance des diplĂŽmes attendus (politiques de rĂ©tention en fĂ©vrier ?) ? On ne saisit pas trĂšs bien le sens de la proposition qui, dans un cas comme dans l’autre, nous semble, de toute maniĂšre, passer Ă  cĂŽtĂ© de l’utilitĂ© stratĂ©gique de la grĂšve. La production d’accrĂ©ditations et d’évaluations est, certes, un Ă©lĂ©ment important de l’économie politique et symbolique du secteur, Ă  repenser (avec bien d’autres points), mais elle n’est certainement pas la justification premiĂšre de la grĂšve dont la principale vocation est de dĂ©-cadencer et faire effraction dans les habitudes professionnelles.

      L’engagement politique des connaissances ne saurait notamment se rĂ©sumer Ă  une histoire de champ et ne tenir dans les connaissances elles-mĂȘmes, mais dĂ©pend des fonctions sociales que celles-ci sont susceptibles d’assurer, notamment dans le cadre de conflits sociaux. Aussi, les sciences s’engagent essentiellement quand elles sont articulĂ©es Ă  des espaces et des communautĂ©s d’action dont l’universitĂ© mobilisĂ©e n’est qu’une modique fraction. On sait notamment la force qui peut Ă©merger de la jonction du mouvement ouvrier et du mouvement Ă©tudiant. Une lecture intĂ©ressĂ©e avait voulu dĂ©peindre mai 1968 comme une fĂȘte Ă©tudiante plus ou moins folklorique qui se serait dĂ©roulĂ©e Ă  l’écart de la grĂšve gĂ©nĂ©rale ouvriĂšre de type cĂ©gĂ©tiste. Les sociologues qui ont dĂ©veloppĂ© cette vue culturaliste et gĂ©nĂ©rationnelle ont, ensuite, clairement Ă©voluĂ© vers la droite, Ă  l’instar d’Alain Touraine qui en est venu Ă  soutenir Alain JuppĂ© et, plus rĂ©cemment, Emmanuel Macron. En revanche, Henri Lefebvre a Ă©crit, dĂšs 1968, que les affiches colorĂ©es, les barricades improvisĂ©es et les drapeaux levĂ©s lors de l’insurrection Ă©tudiante dans le Quartier latin ont jouĂ© comme un fanal, comme un signal reçu par les travailleurs que le passage Ă  l’acte Ă©tait Ă  l’ordre du jour. C’est sans doute une question qui reste actuelle : comment concevoir le passage entre la rĂ©volte Ă©tudiante et les fonctionnaires en grĂšve qui font habituellement tourner l’UniversitĂ© ? La rĂ©volte est autant de nature matĂ©rielle (contre la prĂ©caritĂ©, les bullshit jobs, les stages trop peu rĂ©munĂ©rĂ©s, les bourses anĂ©miques, les logements pitoyables, la vie chĂšre, etc.) que symbolique (une autre vie doit ĂȘtre possible, plus joyeuse, pleine de sens) et mĂȘme morale ou Ă©thique (refuser l’inĂ©galitĂ©, la sĂ©lection, la discrimination des Ă©tudiants Ă©trangers, le saccage des droits et la destruction de la planĂšte). C’est en se ressourçant de cette « contre-culture » que les scholars pourront se dĂ©tourner de l’illusion narcissique qui les poussent Ă  penser qu’ils se doivent de jouer les conseillers du prince et des classes dirigeantes macronistes.

      À l’universitĂ©, une vraie grĂšve aurait notamment pour vertu de permettre une mobilisation d’ampleur des Ă©tudiant.e.s, cruciale pour redonner du souffle Ă  une rĂ©volte sociale dont la durĂ©e est inĂ©dite. Parce que son avenir est largement hypothĂ©quĂ© et la misĂšre Ă©tudiante renouvelĂ©e, la jeunesse a tout intĂ©rĂȘt – et ses raisons – Ă  entrer massivement dans la lutte ; mais encore faut-il lui faciliter la chose. Ouvrir une brĂšche pour le mouvement Ă©tudiant, lui donner les moyens de ses ambitions, est plus que jamais essentiel. À cet Ă©gard, la grĂšve apparaĂźt comme l’un des leviers essentiels du champ universitaire qui, contrairement Ă  d’autres secteurs pionniers, n’en a fait, jusqu’alors, qu’un usage pour le moins modĂ©rĂ©. Plus largement, la grĂšve est Ă©galement la condition de possibilitĂ© pratique pour que puisse prĂ©cisĂ©ment s’inventer un espace public oppositionnel porteur de propositions concrĂštes construites par la documentation, la rencontre, la discussion, l’auto-organisation et l’action. Le projet d’une « UniversitĂ© ouverte Ă  toutes et Ă  tous, tout le temps [...], foyer de la critique » ne doit pas participer Ă  la sanctuarisation de l’institution, mais inviter celle-ci Ă  « sortir sa science » en d’autres lieux et Ă  produire, avec/sur/pour eux, des communs de la connaissance politiques. Aussi, le retrait de la LPPR pour lequel il faut Ă©videmment se battre ne saurait ĂȘtre un but suffisant. La prĂ©sente sĂ©quence doit aussi ĂȘtre un moment d’éducation des Ă©ducateurs par l’ouverture aux diffĂ©rents secteurs mobilisĂ©s, afin de construire des intellectuels collectifs Ă  mĂȘme de porter, tant thĂ©oriquement que pratiquement, un projet alternatif de sociĂ©tĂ© : « Contre les impĂ©ratifs marchands et les contrĂŽles bureaucratiques, les forces critiques au sein de l’universitĂ© devraient chercher Ă  se liguer avec tous les foyers de production de connaissance [...] pour coopĂ©rer Ă  la reconfiguration d’un espace public laminĂ© par l’horreur Ă©conomique de la logique nĂ©olibĂ©rale » (Daniel BensaĂŻd : « Faut-il dĂ©fendre l’UniversitĂ© ? »), par la brutalitĂ© gouvernementale et par le mensonge institutionnel. Et Ă  prendre au sĂ©rieux cette nĂ©cessitĂ©, parions que se dire ni de droite ni de gauche, rĂ©pudier les classes populaires – prĂ©tendument incultes, sexistes et racistes –, ou encore rĂ©cuser les formes d’action traditionnelles du mouvement ouvrier, deviendra demain, au sein des universitĂ©s, aussi ringard que ne le fut, hier, la rĂ©fĂ©rence Ă  Marx.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Greve-a-l-Universite-A-propos-des-debats-strategiques-dans-le-m

    • #Nantes : les vƓux du prĂ©sident de l’universitĂ© annulĂ©s

      #Olivier_Laboux, le prĂ©sident de l’universitĂ© de Nantes, avait prĂ©vu de prĂ©senter ses vƓux aux personnels ce mardi midi mais une manifestation organisĂ©e par le syndicat Sud Éducation l’en a empĂȘchĂ©.

      La traditionnelle cĂ©rĂ©monie des vƓux devait se faire dans le ThĂ©Ăątre Universitaire. Olivier Laboux qui clos deux annĂ©es de mandat Ă  la prĂ©sidente de l’universitĂ© nantaise avait prĂ©vu d’y recevoir les personnels pour faire, comme il est de coutume, un bilan et Ă©voquer l’avenir de l’établissement.

      Mais, le rendez-vous a été finalement annulé, une manifestation ayant été organisée sur place.

      Le syndicat Sud Education avait mobilisĂ© une trentaine d’enseignants pour une « contre cĂ©rĂ©monie » symbolique et pour adresser au prĂ©sident ses « bons vƓux de retraite anticipĂ©e ».

      « On a organisĂ© cette cĂ©rĂ©monie, a dĂ©clarĂ© avec un certain humour ChristĂšle AllĂšs, enseignante et syndiquĂ©e Ă  Sud Education, pour remercier le prĂ©sident de toutes les actions qu’il a menĂ©es pendant ses deux annĂ©es de mandat. On a de plus en plus d’heures assurĂ©es par des vacataires, des prĂ©caires. On demande donc un plan de titularisation. ll y a eu des grands projets de rĂ©organisation sur lesquels on a Ă©tĂ© vaguement consultĂ©s mais pas de vraie dynamique de concertation. »

      Le syndicat a également critiqué la présence de la police à plusieurs reprises sur le campus, lors de différentes moblisations.

      Quant Ă  la succession d’Olivier Laboux : « La candidate qui se prĂ©sente pour le remplacer estime ChristĂšle AllĂšs, est issue de son Ă©quipe et devrait mener la mĂȘme politique. »

      https://www.youtube.com/watch?v=_ls9esYO6hM&feature=emb_logo

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/nantes/nantes-voeux-du-president-universite-annules-1780233.ht

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      Le texte de remerciements (sic) :

      Cher collÚgue, cher Président,

      Nous sommes venus vous adresser nos vƓux de dĂ©part en retraite anticipĂ©e et vous remercier nous aussi pour les temps forts de ces huit annĂ©es Ă©coulĂ©es. Cette liste de nos remerciements est longue et non-exhaustive :

      Merci pour tous vos grands succĂšs : la comue UBL, Next 1, la NU !

      Merci pour nous avoir consultĂ© pour le logo de la nouvelle universitĂ©, et de nous avoir Ă©pargnĂ© une consultation directe sur le fond !

      On est impatient de voir Next 2 et d’expĂ©rimenter collectivement la prĂ©caritĂ© Ă  la sauce LPPR.

      Merci pour la prĂ©servation des pĂŽles, au Nord et au Sud de la ville !

      Merci de lutter contre le rĂ©chauffement climatique en gelant tous ces postes de titulaires BIATSS et EC !

      Merci de prĂ©server le suspens pour le jour de paie des vacataires !

      Merci pour l’erreur de la banque en faveur des vacataires, et merci d’avoir partagĂ© la responsabilitĂ© de cette erreur avec tous les prĂ©caires !

      Merci d’ĂȘtre venu de si nombreuses fois sur le campus Tertre, comme aujourd’hui oĂč vous repartez avant d’ĂȘtre arrivĂ© !

      Merci d’avoir socialisĂ© votre prime annuelle de 28 000 euros avec les collĂšgues de catĂ©gorie C, un beau geste de team-building !

      Merci pour ces nombreuses fermetures administratives !

      Merci d’avoir permis Ă  nos Ă©tudiants de passer leurs partiels dans des conditions sereines et dans le confort de leur 9 mÂČ en « distanciel » !

      Merci pour votre sens innĂ© du dialogue social !

      Merci de nous donner un coup de main pour relire les mails syndicaux en ce moment, et merci de les faire modĂ©rer Ă  notre place !

      Merci de nous avoir fait l’honneur du titre de zadistes extrĂ©mistes !

      Merci d’avoir envoyĂ© vos seconds couteaux briefer les syndicalistes Ă©tudiants !

      Merci d’avoir collabourer avec la PrĂ©fecture pour complĂ©ter le trombinoscope des Ă©tudiants !

      Merci d’avoir Ă  de nombreuses reprises cultivĂ© la proximitĂ© de nos Ă©tudiants avec les forces de « l’ordre » !

      Merci d’avoir familiarisĂ© deux de nos collĂšgues aux instances du conseil disciplinaire !

      Et enfin, nous vous remercions de votre hospitalitĂ© envers les exilĂ©.e.s en pleine trĂȘve hivernale !

      Chanson 1 (sur l’air des gilets jaunes) : On est lĂ  / On est lĂ  ! / MĂȘme si Laboux ne veut pas / Nous on est lĂ  / Pour l’honneur des enseignants / Et celui des Ă©tudiants / 
 / Pour l’honneur des vacataires / Et pour celui des prĂ©caires / ...

      Chanson 2 (sur l’air de « merci patron ») : Merci Laboux merci Laboux / Quel plaisir de travailler avec vous / On est heureux comme des fous / Merci Laboux merci Laboux / Ce que vous faĂźtes ici-bas / Un jour Vidal vous l’rendra

    • Les enseignants chercheurs et les Ă©tudiants de l’UPV disent non Ă  la LPPR !

      https://www.youtube.com/watch?v=5LxnzmXQE6Y&feature=youtu.be

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      Montpellier. Grogne : les universitaires sont en colĂšre contre la loi sur la recherche

      A Montpellier, les chercheurs dénoncent la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) portée par le gouvernement qui, selon eux, condamne la recherche publique.


      https://actu.fr/occitanie/montpellier_34172/montpellier-grogne-universitaires-sont-colere-contre-loi-sur-recherche_31156179

    • #Balance_ton_rapport (photos et vidĂ©os) : tout le monde dĂ©teste l’HCERES
      Aujourd’hui 30 janvier 2020, j’ai participĂ© avec une centaine de collĂšgues universitaires, doctorant.e.s et Ă©tudiant.e.s, Ă  une action Ă  l’universitĂ© Paris Diderot en protestation contre la rĂ©forme des retraites, les rĂ©formes Blanquer (lycĂ©es) et le projet de loi de Programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) : toutes ces rĂ©formes sont en effet liĂ©es par leur caractĂšre systĂ©mique, autoritaire (aucun dĂ©bat n’est possible), et ultra-libĂ©ral. Il s’agit de mettre en coupe rĂ©glĂ©e l’ensemble des services publics au profit du seul marchĂ©, en cassant les principes de solidaritĂ© et de collĂ©gialitĂ© de nos mĂ©tiers. Ces rĂ©formes, issues de la radicalisation violente du libĂ©ralisme gouvernemental et entrepreneurial, sont toutes profondĂ©ment injustes et inĂ©galitaires. Elles vont accentuer la prĂ©caritĂ© et le centralisme bureaucratique partout oĂč elles s’appliqueront. C’est pourquoi nous les refusons toutes en bloc, et c’est aussi pourquoi nous revendiquons non pas l’immobilisme, mais un dĂ©bat authentique et un renforcement des solidaritĂ©s et des collĂ©gialitĂ©s contre la mise en concurrence de tous contre tous.

      Lors de cette action interprofessionnelle, il y a eu jonction entre plusieurs cortĂšges sur l’Avenue de France : universitĂ©, personnels du rail, enseignant.e.s des lycĂ©es et collĂšges et personnels hospitalier. Enfin, l’action des universitaires et Ă©tudiant.e.s s’est terminĂ©e devant le bĂątiment de l’HCERES (Haut ComitĂ© Ă  l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement supĂ©rieur) par un jet symbolique de rapports de recherche et d’évaluation devant la porte fermĂ©e Ă  double tour de cette institution.

      Pour celles et ceux pas trĂšs au fait du volapuk universitaire, L’HCERES, pour reprendre l’expression ironique de pas mal de collĂšgues quand leur labo ou leur formation est Ă©valuĂ©e par cette bureaucratie, c’est les “bƓuf carottes” de l’universitĂ©. Alors que nous passons notre temps Ă  rendre des comptes et Ă  nous Ă©valuer constamment les un.e.s les autres, l’HCERES en rajoute une couche tous les 5 ans, sur la base de critĂšres que nous ne partageons pas et qui n’ont jamais Ă©tĂ© sĂ©rieusement dĂ©battus. Et ces Ă©valuations sont fantastiquement chronophages : pour chaque labo ou chaque formation, elles imposent Ă  des dizaines d’universitaires de travailler durant des mois pour justifier de leur mĂ©tier au lieu de le pratiquer
 L’HCERES n’a donc de cesse de nous empĂȘcher de faire notre travail d’enseignant.e.s et de chercheurs par son harcĂšlement bureaucratique, et par son adhĂ©sion aux dogmes de la compĂ©tition et de l’autoritarisme managĂ©rial.

      En tant que chercheurs et chercheuses, nous savons pourtant que c’est la collaboration et l’auto-organisation qui favorisent la crĂ©ativitĂ© dans la recherche et l’enseignement supĂ©rieur. De mĂȘme que nous savons toutes et tous que ces rĂ©formes vont Ă  l’encontre des urgences Ă©cologiques et de la prĂ©servation de la viabilitĂ© de la planĂšte. En effet, comme l’a rappelĂ© rĂ©cemment le RĂ©seau ThĂ©matique “Sociologie de l’environnement et des risques” (RT 38) de l’Association Française de Sociologie, “aucun progrĂšs sur le plan environnemental ne sera efficient sans vĂ©ritable progrĂšs social“. Et comme le soulignent Ă©galement les sociologues de l’environnement, on ne peut se satisfaire :

      Ni de la rĂ©forme des retraites actuellement induite par les fonds de pension – ce sont les mĂȘmes organisations, tournĂ©es vers le profit Ă  court terme, qui dĂ©truisent les conditions d’un monde viable.
      Ni de la Loi sur la programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) qui entrainerait des rĂ©gressions sociales importantes et limiterait de fait les contributions pourtant nĂ©cessaires des chercheurs.es Ă  l’analyse des enjeux sociaux et environnementaux.

      Fait symptomatique et assez comique, au retour de cette action qui se situait au siĂšge de l’HCERES, pas trĂšs loin du bĂątiment Olympe de Gouge de l’universitĂ© Paris Diderot, la prĂ©sidence de l’universitĂ© – ou peut-ĂȘtre les services de rĂ©pression
 pardon
 de sĂ©curitĂ© de l’universitĂ© – paniquĂ©e par la horde de vandales anarcho-punks au couteau entre les dents et au bĂąton de dynamite entre les mains qu’elle devait fantasmer Ă  notre sujet, avait verrouillĂ© toutes les grilles de l’entrĂ©e du bĂątiment, et bloquait donc elle-mĂȘme la circulation des Ă©tudiant.e.s et des collĂšgues. En fait, il y avait une majoritĂ© de bac + 10, de professeur.e.s et de maitre.sse.s de confĂ©rences, de doctorant.e.s et d’étudiant.e.s, dont on sait parfaitement qu’ils et elles ne sont pas des adeptes du cocktail Molotov, mais plutĂŽt de l’argumentation rationnelle et de la bonne vieille disputatio. Mais dans l’universitĂ© de Paris 2.0, trĂšs “disruptive”, “communicante”, “inclusive” et “win-win”, il n’est pas question d’argumenter avec les enseignant.e.s et les Ă©tudiant.e.s : on bloque les accĂšs de maniĂšre autoritaire et on appelle la sĂ©curitĂ©. C’est lamentable, et ça en dit long sur les conceptions de la dĂ©mocratie qui sĂ©vissent au sein de la prĂ©sidence de cette universitĂ© qui devient un lieu d’internement dĂšs qu’un dĂ©bat pourrait se mettre en place. Il est temps de dĂ©gager ces pompeux cornichons !

      Mais assez de texte ! Voici les photos de cette aprĂšs-midi festive et mobilisĂ©e. Cliquez sur les images pour accĂ©der Ă  la visionneuse plein Ă©cran. Plus bas, vous avez une vidĂ©o du lancer de rapports :


      http://igorbabou.fr/balance-ton-rapport-tout-le-monde-deteste-lhceres

    • Marche ou GrĂšve #25 : UniversitĂ©, la rĂ©bellion face au dĂ©sastre qui vient

      Dans le cadre de la mobilisation contre la rĂ©forme des retraites, un mouvement se massifie dans l’Enseignement SupĂ©rieur et la Recherche contre des mesures annoncĂ©es par le gouvernement (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche) qui amplifieront encore la prĂ©caritĂ© dĂ©jĂ  existante.

      Depuis dĂ©cembre, des Ă©tudiant-e-s et des personnels se mobilisent par la grĂšve ou la suspension de leurs activitĂ©s et l’implication dans des manifestations et des actions diverses. La table ronde d’aujourd’hui vise Ă  apprĂ©hender l’ensemble des enjeux de cette mobilisation avec des reprĂ©sentant-e-s des diffĂ©rents acteurs des facs et des labos en lutte tandis qu’une coordination nationale des universitĂ©s se tiendra ce week-end.

      https://www.lemediatv.fr/emissions/marche-ou-greve/marche-ou-greve-25-universite-la-rebellion-face-au-desastre-qui-vient-TRLc

    • #PrĂ©caires de l’enseignement et de la recherche : on ne soutient pas la grĂšve, on la fait ou on l’empĂȘche

      Un collectif de prĂ©caires de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche en Île-de-France, mobilisé·es depuis plusieurs semaines contre la rĂ©forme des retraites, appelle Ă  « la prise de risques pour sauver l’UniversitĂ© publique ». Il propose notamment aux enseignant·es titulaires un nouveau moyen d’action, en les appelant Ă  « une dĂ©mission collective des fonctions administratives ».

      Ces derniers jours, diffĂ©rents mĂ©dias, dont Mediapart, ont relayĂ© plusieurs textes relatifs Ă  la mobilisation en cours dans notre secteur, qui nous ont interpellé·es. Nous sommes un collectif de prĂ©caires de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche (ESR) en Île-de-France, mobilisé·es depuis plusieurs semaines pour protester tant contre la rĂ©forme des retraites que contre les transformations promises Ă  l’UniversitĂ© par le gouvernement actuel. Faisant ici particuliĂšrement rĂ©fĂ©rence Ă  la loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR) annoncĂ©e, nous n’en oublions pas pour autant les diffĂ©rentes mesures mises en place depuis plusieurs annĂ©es, visant Ă  rĂ©duire les possibilitĂ©s ouvertes aux chercheur·euses de produire et de diffuser le savoir. Force est de constater que l’accumulation rapide de rĂ©formes structurelles rĂ©duisent et rĂ©duiront encore comme peau de chagrin tant la qualitĂ© des travaux de recherche en France que les enseignements dispensĂ©s aux Ă©tudiant·es. Le cocktail des rĂ©formes s’avĂšre ainsi particuliĂšrement brutal, teintĂ© de mĂ©pris et deviendra sans aucun doute explosif si ces derniĂšres aboutissent. Si les revendications du secteur de l’ESR gagnent en visibilitĂ©, certains points brillent par leur absence, en tĂ©moignent les nombreuses tribunes de titulaires qui passent sous silence nos conditions de travail et nos luttes.

      Nous sommes d’abord touché·es par l’invisibilisation voire, parfois, la dĂ©considĂ©ration des prĂ©caires de l’ESR qui affleurent dans diffĂ©rents articles publiĂ©s, en dĂ©pit de nos nombreux comptes-rendus d’assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et communiquĂ©s largement relayĂ©s, notamment via le site de l’UniversitĂ© ouverte[1]. La condition spĂ©cifique des prĂ©caires de l’ESR, rĂ©sultat de politiques nĂ©olibĂ©rales engagĂ©es depuis au moins une quinzaine d’annĂ©es, est pourtant au cƓur de ce qui devrait constituer le refus de ces rĂ©formes. Les prĂ©caires constituent par ailleurs une masse de travailleurs·ses non nĂ©gligeable[2] qui participent Ă  l’effort de production intellectuelle et d’enseignement en France. Ces « oublis » renforcent une reprĂ©sentation tronquĂ©e de l’UniversitĂ©, oĂč notre travail de fourmi, nĂ©cessaire, est passĂ© sous silence : tout comme nous corrigeons l’immense majoritĂ© des partiels, rĂ©alisons la quasi-totalitĂ© des heures de travaux dirigĂ©s ou assurons une part cruciale de l’administration universitaire, nous — et en particulier des femmes — sommes des piliers de la mobilisation actuelle, dans ses diffĂ©rents foyers, oĂč nous peinons Ă  mobiliser nos pairs titulaires. Ces textes reflĂštent la nĂ©gation tant de notre existence en tant que collectif faisant partie intĂ©grante de la « communautĂ© universitaire », que de notre nĂ©cessaire voix pour mobiliser en son sein.

      Jusqu’ici, nous avons soit Ă©tĂ© englobé·es dans un groupe admonestĂ© sur un ton paternaliste quant aux modalitĂ©s de sa mobilisation, soit rĂ©duits Ă  une marge d’« excité·es ». Nous appelons au contraire la communautĂ© universitaire Ă  se saisir de l’opportunitĂ© de cette mobilisation pour remettre en cause les rapports de domination qui la gouvernent.

      Cette invisibilisation des prĂ©caires comme groupe et acteur important des mobilisations actuelles se rĂ©percute dans la critique politique. Nous ne contredisons pas les collĂšgues concernant la nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre inventif dans la lutte ni sur le diagnostic d’un manque d’indĂ©pendance de l’UniversitĂ© et d’une aggravation de la situation avec les rĂ©formes promises. Mais ces dernier·es Ă©cartent trop souvent toute une autre sĂ©rie de problĂšmes : les transformations Ă  venir de l’UniversitĂ© vont Ă©galement renforcer des logiques de prĂ©carisation[3]. Notoirement, l’accĂšs Ă  un poste pĂ©renne dans l’ESR arrive en moyenne Ă  l’ñge de 34 ans, soit 10 ans environ aprĂšs le dĂ©but d’une thĂšse. La mise en place d’un dispositif de « tenure track » — directement importĂ© du modĂšle amĂ©ricain, ou, plus concrĂštement, un CDD de 6 ans post-thĂšse avant l’obtention d’un poste — allongera sans aucun doute la durĂ©e de carriĂšres dĂ©jĂ  longues et chaotiques. Faut-il rappeler que les prĂ©caires de l’ESR rĂ©alisent la mĂȘme variĂ©tĂ© d’activitĂ©s que leurs collĂšgues titulaires[4], dans des conditions d’incertitude autrement plus difficiles ?

      L’enjeu de la titularisation colonise nos intimitĂ©s : comment prendre du repos quand il faut publier sans cesse pour espĂ©rer ĂȘtre recruté·e ? Est-il acceptable de devoir attendre la quarantaine pour savoir si et oĂč l’on va pouvoir s’installer ? Comment travailler sereinement, quand les vacations — des charges administratives ou d’enseignement ponctuelles — sont payĂ©es avec des mois, voire une annĂ©e de retard, et parfois assurĂ©es sans mĂȘme qu’un contrat de travail n’ait Ă©tĂ© signĂ© ? Comment survivre tandis que du travail gratuit nous est de plus en plus frĂ©quemment extorquĂ©, alors qu’entre corrections et prĂ©parations de cours nous touchons en majoritĂ© moins qu’un SMIC horaire ? Nous n’acceptons plus d’ĂȘtre rĂ©duit·es Ă  des pions interchangeables, Ă  une main-d’Ɠuvre anonyme et corvĂ©able Ă  merci. De telles conditions de travail dans un secteur dĂ©sinvesti par les financements publics conduisent Ă  considĂ©rer les non-titulaires de l’ESR comme des objets — y compris sexuels, comme le prouvent tristement les nombreuses rĂ©vĂ©lations de viols et d’agressions sexuelles Ă  l’encontre d’étudiant·es et de doctorant·es[5]. Pour autant, et en dĂ©pit des conditions objectives de travail qui nous atomisent (rares sont les prĂ©caires d’Île-de-France qui ont accĂšs Ă  un bureau) et nous placent dans un systĂšme de fĂ©roce compĂ©tition pour l’obtention d’un poste pĂ©renne, nous parvenons Ă  (nous) mobiliser, et nous attendons, sans tomber dans le corporatisme, un soutien effectif et bienveillant de la part de nos pairs titulaires et par-lĂ  bien mieux protĂ©gé·es.

      Nous rappelons que nous sommes en grĂšve et appelons Ă  l’arrĂȘt total des activitĂ©s administratives, d’enseignement et de recherche. On ne « soutient » pas la grĂšve : on la fait ou on l’empĂȘche. Ce mode d’action est prioritaire : la grĂšve rĂ©affirme notre statut de travailleurs·ses, et signifie Ă  nos collĂšgues, aux Ă©tudiant·es et Ă  l’ensemble de la sociĂ©tĂ© civile que l’universitĂ© publique et la recherche Ă©mancipĂ©e des intĂ©rĂȘts privĂ©s ne peuvent exister sans nous. La grĂšve est utile : elle dĂ©gage le temps nĂ©cessaire pour intervenir dans les universitĂ©s ouvertes, dans la construction de solidaritĂ©s entre Ă©tablissements et dans le blocage des autres secteurs au travers de coordinations interprofessionnelles. Par ailleurs, elle politise nos universitĂ©s, en suscitant des interactions avec et entre nos Ă©tudiant·es et permet de rendre compte des conditions indignes de travail et de rĂ©munĂ©ration dans lesquelles nous enseignons, ainsi que des consĂ©quences Ă  trĂšs court terme des rĂ©formes en cours. Du fait de notre position dominĂ©e, nous sommes au contact direct des Ă©tudiant·es les plus fragiles, et ne pouvons que constater qu’il serait indĂ©cent de continuer Ă  travailler eu Ă©gard Ă  cette prĂ©caritĂ© Ă©tudiante, qui, aujourd’hui, s’avĂšre mortelle, comme en tĂ©moigne la triste actualitĂ© d’un Ă©tudiant lyonnais qui s’est immolĂ© par le feu devant le siĂšge du Crous. Nous cĂŽtoyons quotidiennement les premiĂšres victimes d’une destruction accĂ©lĂ©rĂ©e de l’UniversitĂ© publique, mais aussi du systĂšme de solidaritĂ© français.

      Afin de nous montrer un rĂ©el soutien, nous proposons aux enseignant·es titulaires un nouveau moyen d’action, en les appelant Ă  une dĂ©mission collective des fonctions administratives. À l’instar des hospitaliers, il est temps pour les enseignant·es-chercheurs·ses de se mobiliser Ă  la hauteur de l’urgence. Il est dĂ©sormais l’heure pour ces enseignants·es de prouver leur solidaritĂ© avec l’ensemble des personnels de l’ESR, de considĂ©rer leur position privilĂ©giĂ©e et d’assumer pleinement les responsabilitĂ©s qu’une telle position implique. La prise de risques pour sauver l’UniversitĂ© publique et gratuite ne peut incomber uniquement aux Ă©tudiant·es, privĂ©.es de formation diplĂŽmante, et aux prĂ©caires.

      En bref, nous ne sommes ni angoissé·es ni excité·es. Nous sommes dĂ©terminé·es et en colĂšre. La revendication d’un plan de crĂ©ation massif de postes de titulaires (BIATSS, ITA, enseignant·e·s-chercheur·ses) constitue notre revendication centrale et doit devenir celle de l’ensemble de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche. Nous ne nous battrons pas pour d’autres revendications tant que celle-ci ne sera pas satisfaite. Nous exigeons de l’ensemble des titulaires qu’ils et elles nous rejoignent dans la grĂšve des activitĂ©s administratives, pĂ©dagogiques et scientifiques. Nous n’organiserons pas les diplĂŽmes, nous refuserons de prendre des postes de vacataires, nous ne ferons pas la rentrĂ©e. Nous appelons Ă  ce titre l’ensemble des acteurs·trices de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche Ă  nous rejoindre massivement dans l’effort de grĂšve. Nous enjoignons Ă©galement tous·tes les Ă©tudiant.es Ă  rejoindre cette mobilisation, en participant aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, en renforçant les piquets de grĂšve, en grossissant les rangs des manifestant.es, pour des conditions de travail et d’étude dĂ©centes, pour une universitĂ© gratuite et ouverte Ă  toutes et tous. Soyons collectivement Ă  la hauteur des enjeux : il en va de notre systĂšme de retraite, de notre avenir professionnel et de celui de l’UniversitĂ© publique.

      â–șhttps://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/300120/precaires-de-l-enseignement-et-de-la-recherche-ne-soutient-pas-la-gr

    • L’universitĂ© a besoin du soutien des #parents

      A vous, parents de nos étudiant·e·s,
      A vous, à nous tou·te·s mÚres, pÚres de tous nos enfants et de tous nos jeunes,
      A vous, Ă  nous, adultes qui participons Ă  faire grandir et Ă  former les jeunes

      Partout en France, dans les universités et les équipes de recherche, enseignant·e·schercheur·e·s, doctorant·e·s, jeunes chercheur·e·s et étudiant·e·s se mobilisent contre le projet
      de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR).

      D’autres mobilisations ont lieu en mĂȘme temps dans les secteur Ă©ducatif et culturel et dans les hĂŽpitaux. Et des millions de voix s’élĂšvent depuis plusieurs mois contre la rĂ©forme des retraites.
      Les institutions du service public en charge de la transmission, du soin et du souci des autres, celles qui sont au service des plus jeunes, des plus ùgés, ou des plus vulnérables, sont en
      colĂšre : elles connaissent depuis plusieurs annĂ©es une dĂ©gradation du service qu’elles sont censĂ©es rendre, Ă  cause d’un #sous-financement chronique que les rĂ©formes actuelles,
      conduites au nom de #mesures_d'Ă©conomies, de la #compĂ©titivitĂ©, et de l’#optimisation vont
      accentuer.

      Pourquoi ce mouvement contre la « LPPR » ? Et pourquoi est-il essentiel de partager avec vous les raisons de cette mobilisation ?

      Une mise en cause obstinĂ©e de la mission de partage et de transmission aux plus jeunes par un sous-financement chronique et organisĂ© de l’universitĂ© publique

      Comme le souligne le site Sauvons l’universitĂ© , une loi de Programmation 1 Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) serait en principe une bonne chose, s’il s’agissait d’un engagement
      financier de l’État sur plusieurs annĂ©es. La France en a besoin : la recherche publique et l’enseignement des savoirs issus de la recherche sont des activitĂ©s vitales pour les pays et les
      sociétés humaines.

      Or depuis quinze ans, et particuliĂšrement depuis le vote en 2007 de loi dite « ResponsabilitĂ© et autonomies des universitĂ©s » (LRU) dont les effets dĂ©lĂ©tĂšres avaient pourtant Ă©tĂ© annoncĂ©s,
      les postes Ă  l’universitĂ© ont Ă©normĂ©ment diminuĂ©, alors que les Ă©tudiant·e·s sont de plus en plus nombreux et nombreuses. Cela a entraĂźnĂ© une dĂ©gradation des conditions d’apprentissage et de travail Ă  l’universitĂ© que vos enfants, les jeunes de ce pays, subissent, Ă  nos cĂŽtĂ©s : locaux vĂ©tustes et parfois peu ou mal chauffĂ©s, intervenants peu ou pas payĂ©s et prĂ©carisĂ©s, difficultĂ©s croissantes Ă  mettre en oeuvre des pratiques pĂ©dagogiques originales et crĂ©atives en dĂ©pit du terme trompeur d’« autonomie » des universitĂ©s, qualitĂ© de l’encadrement fragilisĂ©e, etc.
      Malgré un engagement de tous les jours auprÚs des étudiants, nous avons de plus en plus
      de difficultĂ©s Ă  faire dignement notre mĂ©tier d’enseignant.
      Cette dĂ©gradation s’est accompagnĂ©e de la mise en place d’un systĂšme de #sĂ©lection et d’orientation ubuesque, et que vous connaissez toutes et tous : la plateforme #Parcoursup. Vous
      et vos enfants ĂȘtes dĂ©sormais pris dans un vĂ©ritable parcours du « combattant » (figure valorisĂ©e par un pouvoir obsĂ©dĂ© par la compĂ©tition), qui ne garantit pas aux Ă©tudiant·e·s de
      s’engager sereinement et intelligemment dans des Ă©tudes qui les mĂšneront Ă  leur vie professionnelle. De leur cĂŽtĂ©, les enseignant·e·s-chercheur·e·s se retrouvent chaque annĂ©e
      dans la situation absurde d’ĂȘtre obligĂ©s de « trier » des dossiers sans vĂ©ritables critĂšres justes.

      Au nom d’évidences indiscutables pour le pouvoir, et pourtant choquantes, il semble impossible d’accueillir plus d’étudiant·e·s. On nous dit qu’il faut faire barrage Ă  ceux qui « n’y auraient pas leur place ». Pourquoi une conquĂȘte des politiques Ă©ducatives des annĂ©es 1980 (amener 80% d’une classe d’ñge au baccalaurĂ©at) est-elle devenue aujourd’hui pour les hommes et les femmes politiques une sorte de scandale irrĂ©aliste ? Pourquoi des politiques publiques pensĂ©es et mises en oeuvre aprĂšs la seconde guerre mondiale, dans des conditions difficiles dans un pays appauvri et qui ont permis l’accĂšs de la population et notamment des plus jeunes Ă  la santĂ©, Ă  la justice, Ă  l’enseignement et la formation, deviennent-elles soudain impensables et dĂ©raisonnables ? Pourquoi enfin l’une des premiĂšres puissances Ă©conomiques mondiales, qui a Ă©tĂ© capable d’injecter en quelques jours des milliards dans son systĂšme bancaire quand celui-ci Ă©tait en
      difficultĂ©, qui a pu dĂ©gager des milliards de crĂ©dits d’impĂŽts au bĂ©nĂ©fice des entreprises, rechigne-elle tant dĂ©sormais Ă  utiliser sa richesse pour sa jeunesse, en finançant comme il se
      doit ses universitĂ©s et ses institutions Ă©ducatives et culturelles ?
      Le #mĂ©pris dans lequel le pouvoir actuel tient l’universitĂ© publique, et ce faisant une partie de nos jeunes, est extraordinairement choquant. Il est intolĂ©rable car il signifie que nous ne faisons plus sociĂ©tĂ© collectivement, et que nous sommes prĂȘt·e·s Ă  spolier certain·e·s au bĂ©nĂ©fice d’une petite partie. Une grande part de la richesse publique est dissipĂ©e dans des crĂ©dits d’impĂŽts qui ne servent plus fondamentalement les besoins essentiels des populations.
      Et l’accroissement des inĂ©galitĂ©s et les gains indĂ©cents des actionnaires sont devenus tels que des hauts fonctionnaires, des cadres, et certains millionnaires en viennent Ă  soutenir les
      mobilisations en cours, refusant d’ĂȘtre les bĂ©nĂ©ficiaires de politiques qui se font au prix du mensonge et de l’indignitĂ©.

      Les diagnostics des « experts » et le projet de rĂ©forme : ce qui ne va pas du tout !

      Les experts qui sont Ă  l’origine du projet de rĂ©forme font un diagnostic que les enseignant·e·s-chercheur·e·s partagent en partie : la recherche manque d’argent, et les enseignant·e·s-chercheur·e·s sont mal payé·e·s. Ils ajoutent Ă  cela un discours inquiĂ©tant, voire dĂ©cliniste, sur la position de la recherche française et des universitĂ©s Ă  l’international, parlant « d’#urgence Ă  agir » et de lutte contre « le #dĂ©crochage_scientifique ». Une telle situation exige Ă  leurs yeux la refonte de fond en comble de la recherche et des universitĂ©s, en conditionnant les financements Ă  des logiques productivistes, de compĂ©tition, et en obĂ©issant Ă  des principes « managĂ©riaux » permettant de « piloter » la recherche d’en haut, via de grands projets aux thĂ©matiques imposĂ©es.

      Pourquoi sommes-nous opposĂ©.e.s Ă  leurs propositions ?

      Contre les logiques productivistes et de compétition à tout va

      Les auteurs d’une tribune rĂ©cente dans Le Monde rappellent les rĂ©sultats indiscutables de l’évaluation statistique des politiques publiques : la quantitĂ© de publications scientifiques est proportionnelle Ă  l’argent investi dans la recherche, elle est pratiquement insensible aux rĂ©formes structurelles. Or pendant les quinze derniĂšres annĂ©es, l’effort financier s’est concentrĂ© sur une niche fiscale, le crĂ©dit d’impĂŽt recherche, destinĂ©e Ă  contourner l’interdiction europĂ©enne des aides publiques directes aux entreprises. L’évaluation officielle qui en a Ă©tĂ© faite montre que mĂȘme son effet sur l’investissement privĂ© est nĂ©gatif. On
      appauvrit pour rien l’institution publique universitaire.

      Nous savons par ailleurs que la logique productiviste et la compĂ©tition forcenĂ©e sont destructrices des coopĂ©rations, des collectifs et des individus, et n’ont plus de sens face Ă  l’imminence des transformations environnementales massives qui impacteront vos enfants, nos enfants.

      Nous ne cessons de lire et d’entendre que les mesures d’économies se font pour ne pas lĂ©guer des dettes aux gĂ©nĂ©rations futures. Mais nous privons la recherche et l’enseignement des moyens de s’adapter aux prioritĂ©s vitales, de crĂ©er, et d’expĂ©rimenter dans un monde abimĂ© qui doit rester habitable et riche d’avenirs possibles pour notre jeunesse. La recherche, rĂ©duite Ă  la vision qui inspire le projet de rĂ©forme, aveugle et enferme plus qu’elle n’éclaire et Ă©mancipe.

      Contre la logique managĂ©riale et le « #pilotage » d’en haut

      Nous l’avons dit : non seulement l’Etat ne donne pas les moyens aux enseignant·e·scherheur·e·s de mener Ă  bien leurs missions de service public, mais il les pointe du doigt, dĂ©nonçant leur manque de productivitĂ© et de compĂ©titivitĂ©.

      Nous tenons d’abord Ă  dĂ©noncer le procĂ©dĂ© qui est dĂ©sormais bien connu et qui s’applique aussi Ă  l’hĂŽpital : les institutions sont entravĂ©es, les dysfonctionnements sont dĂ©noncĂ©s, et les entreprises privĂ©es dĂ©signĂ©es comme Ă©tant plus efficaces. Une telle attitude repose sur une foi dĂ©raisonnable dans les vertus d’un management particuliĂšrement virulent quand il s’agit de « transformer » une organisation, toute opposition Ă©tant qualifiĂ©e de « rĂ©sistance au changement ». C’est ce qui s’est passĂ© Ă  #France_TĂ©lĂ©com, avec les effets humains dĂ©sastreux que vous connaissez. Nous refusons cette situation dans laquelle nous sommes placé·e·s, et tenons Ă  affirmer que nous « ne rĂ©sistons pas au changement » comme il est courant d’entendre dire. Nous rĂ©sistons Ă  ce changement et, en dĂ©pit de toutes les difficultĂ©s, ce que nous voulons c’est une universitĂ© ouverte Ă  l’ensemble des Ă©tudiant·e·s, autonome, gratuite et
      oĂč l’#esprit_critique se cultive ; une universitĂ© oĂč les Ă©tudiant.e.s se forment Ă  un mĂ©tier et trouvent ainsi leur place dans la sociĂ©tĂ©, oĂč ils et elles peuvent aussi transformer celle-ci Ă  partir de leurs aspirations ; une universitĂ© oĂč l’on apprend Ă  observer et Ă  analyser le monde et Ă  faire en sorte qu’il soit habitable et qu’il le redevienne pour celles et ceux qui en sont exclu·e·s ; une universitĂ©, enfin, qui rayonne.

      Les rapports prĂ©paratoires Ă  la loi proposent pour leur part un management de la recherche sur projets, ceux-ci dĂ©cidĂ©s « en haut », participant d’une concentration du pouvoir au niveau de l’État que l’on observe dans de nombreux domaines depuis plusieurs annĂ©es. Mais lĂ  encore, si notre gouvernement souhaite une recherche puissante, il doit laisser aux chercheur·e·s de
      l’autonomie et de la libertĂ©, une autonomie et une libertĂ© que le monde acadĂ©mique encadre lui-mĂȘme puisque nous ne cessons d’évaluer les travaux de nos confrĂšres et consoeurs, et d’ĂȘtre Ă©valuĂ©.e.s par eux et elles.

      Et nos Ă©tudiant·e·s dans tout ça ? Et l’enseignement ? Les grands absents
 Ă  moins que


      Les rapports prĂ©paratoires Ă  la loi ne se prĂ©occupent nullement de la qualitĂ© de l’enseignement dĂ©livrĂ© aux Ă©tudiant·e·s. Cela semble indiffĂ©rent aux experts qui les ont prĂ©parĂ©s, obnubilĂ©s par la productivitĂ© et la compĂ©tition internationale oĂč seule la recherche compterait.

      Pire encore, un Ă©lĂ©ment important de la rĂ©forme trahit une indiffĂ©rence Ă  la jeunesse : alors que les universitaires sont Ă  la fois chercheurs et enseignants, et qu’ils et elles ne conçoivent pas de sĂ©paration entre ces deux activitĂ©s, la rĂ©forme prĂ©voit d’alourdir les charges d’enseignements de certain·e·s, l’enseignement devenant une sorte de #punition, pour permettre aux « meilleur·e·s » de se consacrer Ă  leurs recherches. C’est lĂ  une vision de
      l’enseignement qui nous scandalise, et qui trahit une mĂ©connaissance totale de ce qui fait la force et la spĂ©cificitĂ© de l’universitĂ© : l’imbrication Ă©troite de la recherche et de l’enseignement qui permet d’enseigner des savoirs rĂ©guliĂšrement mis Ă  jour, et non des connaissances statiques, pĂ©rimĂ©es ou figĂ©es dans des programmes Ă©dictĂ©s par des bureaucrates.

      Enfin, nous sommes en droit de nous demander si cette rĂ©forme, qui risque d’accentuer et d’encourager un monde universitaire Ă  plusieurs vitesses, ne mĂšnera pas au dĂ©veloppement de formations universitaires payantes (plus ou moins chĂšres selon le rang de l’universitĂ©) et au dĂ©veloppement du crĂ©dit aux Ă©tudiants.

      Réfléchir et assumer ce que nous voulons collectivement pour notre jeunesse
      Alors, que souhaitons-nous pour l’universitĂ© ? Nos propositions, constamment rĂ©itĂ©rĂ©es et jamais entendues par le gouvernement, nous voulons les partager avec vous, car nous avons l’espoir que nous pouvons tous et toutes agir en tant que parents de l’ensemble de la jeunesse.

      Signalons pour commencer que tout n’a pas Ă  ĂȘtre dĂ©truit dans notre systĂšme : en dĂ©pit d’un discours de dĂ©valorisation permanente de l’ensemble du systĂšme Ă©ducatif et universitaire français, fondĂ© sur la conviction idĂ©ologique absurde qu’un secteur public non compĂ©titif ne peut ĂȘtre de mĂȘme niveau qu’un secteur soumis Ă  la concurrence, le modĂšle universitaire français continue de fonctionner et d’attirer des jeunes du monde entier. De nombreux collĂšgues et Ă©tudiants de pays supposĂ©s ĂȘtre « en avance » dans la rĂ©forme nous demandent de rĂ©sister au dĂ©mantĂšlement de notre espace universitaire qui reste ouvert, mĂȘme s’il a Ă©tĂ© profondĂ©ment altĂ©rĂ© depuis 15 ans. Il conserve encore des potentialitĂ©s de rĂ©gĂ©nĂ©ration que nous avons le devoir de maintenir :

      1. L’universitĂ© accueille et doit continuer d’accueillir un public nombreux, aux caractĂ©ristiques socio-culturelles diverses. Il s’agit d’un service public d’enseignement ouvert Ă  toutes et tous, et gratuit et nous devons absolument aller vers un accĂšs encore plus ouvert mĂȘme si des formations ou filiĂšres sont plus sĂ©lectives que d’autres. L’universitĂ© soit s’enrichir de la diversitĂ© sociale et culturelle, et non courir le risque de s’aligner sur la mĂ©diocritĂ© dĂ©jĂ  souvent constatĂ©e d’une « Ă©lite » sociale internationale insensible, peu crĂ©ative, et nourrie par les idĂ©ologies du management et par des clichĂ©s dĂ©passĂ©s sur les
      sociĂ©tĂ©s et sur l’environnement. Nous souhaitons prĂ©server les valeurs d’un service public ouvert Ă  toutes et tous, combattant les inĂ©galitĂ©s au lieu de les exacerber.

      2. L’universitĂ© doit ĂȘtre pensĂ©e Ă  l’échelle des gĂ©nĂ©rations et non par rapport Ă  des impĂ©ratifs du seul marchĂ©. Aligner la dĂ©finition des thĂ©matiques prioritaires Ă  l’agenda industriel - notamment celui des industries amĂ©ricaines du Web qui posent de graves problĂšmes juridiques, Ă©thiques, environnementaux - ne permet pas Ă  la recherche d’ĂȘtre en phase avec ce qui se passe. La recherche ne peut pas se donner les moyens d’apprĂ©hender la sociĂ©tĂ© actuelle si elle est financĂ©e par des gens qui ne considĂšrent qu’une infime de partie de
      cette sociĂ©tĂ©. L’universitĂ© transmet des savoirs sur le long terme qui ne se laissent pas rĂ©duire Ă  des statistiques de rĂ©ussite. Les Ă©tudiant·e·s en ressentent les bĂ©nĂ©fices parfois des annĂ©es aprĂšs avoir reçu leur diplĂŽme et aprĂšs avoir intĂ©grĂ© le monde professionnel.

      3. L’universitĂ© est un lieu d’émancipation. La sociĂ©tĂ© doit se nourrir des aspirations de sa jeunesse et non lui demander de sacrifier celles-ci. Pour cela, l’universitĂ© doit se rĂ©former, surtout pas dans le sens d’un accroissement de la hiĂ©rarchie et de la bureaucratie managĂ©riale, mais dans le sens d’un accroissement des libertĂ©s d’expĂ©rimenter, car la pensĂ©e ne peut pas engendrer de nouvelles idĂ©es lorsqu’elle se trouve prise dans des carcans normatifs et idĂ©ologiques.

      4. Les Ă©tudes universitaires sont un temps de dĂ©couverte, d’ouverture sur le savoir et, plus largement, sur le monde, qui devrait bĂ©nĂ©ficier Ă  toutes et tous : Ă  celles et ceux qui font des Ă©tudes, Ă  celles et ceux qui contribuent Ă  la production des savoirs, Ă  celles et ceux qui comptent sur les savoirs. Ce que nous reconnaissons ĂȘtre essentiel pour les plus jeunes enfants vaut pour l’ensemble des Ă©tapes de la vie. Nous savons tous, en tant que parents et
      enseignants que le renforcement des inĂ©galitĂ©s par la mise en concurrence permanente ne donne rien de bon. C’est une volontĂ© commune d’aller vers la #coopĂ©ration qui est Ă  la base de nos efforts Ă©ducatifs Or, face aux crises que nous vivons, il est temps de prendre au sĂ©rieux, enfin, la coopĂ©ration, trop souvent relĂ©guĂ©e au monde domestique ou non productif.

      5. Les universitĂ©s sont ancrĂ©es dans des territoires. Elles dĂ©pendent non seulement des activitĂ©s des enseignant·e·s, des chercheur·e·s et des Ă©tudiant·e·s mais aussi de dizaines, de centaines, des milliers de personnes qui y interviennent : enseignant·e·s vacataires, ingĂ©nieur·e·s, technicien·ne·s, et personnels administratif, dont certains sont mal payĂ©s, et parfois mĂȘme ne sont pas payĂ©s. Ces personnels sont celles et ceux qui accueillent, nettoient,
      rĂ©parent, entretiennent nos Ă©tablissements publics. Il y a Ă©galement celles et ceux qui, par dizaines, par centaines, par milliers, aident d’une maniĂšre ou d’une autre Ă  la production des savoirs publics et Ă  leur diffusion, et contribuent aux milliers d’enquĂȘtes, Ă  des productions culturelles, Ă  la transmission, Ă  des expĂ©rimentations pĂ©dagogiques. Nous souhaitons que ces contributions, ces liens, ces partages, soient reconnus, et qu’ils soient structurants : ces liens et partages sont masquĂ©s au profit d’une reprĂ©sentation tronquĂ©e de la recherche et de l’universitĂ©, comme Ă©tant uniquement affaire de spĂ©cialistes.

      Chers membres de la communautĂ© des parents, chers adultes, nous sommes collectivement responsables des enfants et des jeunes. Les universitĂ©s peuvent vous sembler lointaines, elles peuvent vous sembler complexes, mais elles sont essentielles pour l’avenir de nos jeunes et elles sont publiques. Merci de les aider. Ne laissons pas la politique actuelle devenir une machine Ă  dĂ©sespĂ©rer et Ă  dĂ©pouiller les gĂ©nĂ©rations futures de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral du service public. Soutenez la mobilisation des universitĂ©s, soutenez la mobilisation de l’ensemble du
      systĂšme Ă©ducatif, soutenez la mobilisation de toutes les institutions de service public : Ă©ducation, recherche, culture, santĂ©, soin, justice. Nous en avons hĂ©ritĂ© collectivement, nous devons les transmettre. Manifestez avec nous, rejoignez les mouvements de parents en soutien aux enseignants et Ă  leurs enfants mobilisĂ©s. Ecrivez Ă  vos Ă©lus, prenez la parole et la plume pour dĂ©fendre une universitĂ© et une recherche au service de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, pour dĂ©fendre plus largement tout ce que nous devons transmettre Ă  nos jeunes : sans vous, sans le soutien du public, cet hĂ©ritage disparaĂźtra.

      Le 29 janvier 2020,
      Douze enseignants-chercheurs (Cergy, Université Polytechnique des Hauts de France, Lille,
      Paris-Diderot, Paris 13, Sorbonne Université - CELSA & INSPé, Paris 8, Sorbonne Nouvelle-
      Paris 3).

      https://aoc.media/opinion/2020/02/03/luniversite-a-besoin-du-soutien-des-parents
      https://aoc.media/opinion/2020/02/03/luniversite-a-besoin-du-soutien-des-parents

    • Motion de la coordination des facs et Labos en lutte - 2 fĂ©vrier 2020

      Calendrier votĂ© en AG :
      – 5 fĂ©vrier : journĂ©e d’anniversaire de la mobilisation + journĂ©e de la fonction publique
      – 6 fĂ©vrier : journĂ©e interpro
      – 11 fĂ©vrier : journĂ©e de mobilisation sur la prĂ©caritĂ© (a l’appel des prĂ©caires)
      – 17 fĂ©vrier : journĂ©e interpro
      Entre le 17 fĂ©vrier et le 5 mars : mobilisations sur toutes les journĂ©es interpro
      – 5 mars : premiĂšre journĂ©e "l’universitĂ© et la recherche s’arrĂȘtent"
      – 6 et 7 mars : coordination nationale
      – 8 mars : des cortĂšges ESR dans les mobilisations et les grĂšves fĂ©ministes

      La coordination nationale des facs et labos en lutte rĂ©unie les 1er et 2 fĂ©vrier 2020 Ă  Saint-Denis, aux cĂŽtĂ©s d’autres secteurs en lutte, a rassemblĂ© plus de 750 Ă©tudiant·es, enseignant·es et/ou chercheur·es appartenant Ă  82 disciplines, ingĂ©nieur·es, membres des personnels administratifs, techniques, sociaux, de santĂ© et des bibliothĂšques (BIAT.O.SS, IT.A), prĂ©caires ou titulaires, venu·es de nombreux Ă©tablissements d’Île-de-France et de 33 autres agglomĂ©rations, ainsi que de 5 pays Ă©trangers.

      Dans la continuitĂ© du mouvement interprofessionnel initiĂ© le 5 dĂ©cembre, la coordination appelle Ă  la grĂšve contre la casse des retraites, la rĂ©forme de l’assurance chĂŽmage, la sĂ©lection Ă  l’universitĂ© (ParcourSup), l’augmentation des frais d’inscription et en particulier pour les Ă©tudiant·es extra-europĂ©en·nes (Bienvenue en France), la rĂ©forme de formation des enseignant·es, et le projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), qui, dans l’esprit de la Loi de Transformation de la Fonction Publique de 2019, va achever la destruction du service public de l’enseignement et de la recherche. Nous savons que ces logiques nĂ©olibĂ©rales ne sont pas propres Ă  notre secteur. Elles frappent avec violence tous les secteurs publics et s’intensifient dans les secteurs privĂ©s : mise en concurrence systĂ©matique, sur-travail et travail gratuit, dĂ©rives managĂ©riale et autoritaire, perte de sens du mĂ©tier et de son utilitĂ© sociale, maltraitance et souffrances des agent·es comme des usager·es, course Ă  la rentabilitĂ©, recul de la solidaritĂ©, prĂ©carisation, bureaucratisation, rĂ©pression, division internationale inĂ©galitaire du travail scientifique, discrimination selon le genre, la classe, la race, le handicap, la nationalitĂ©, l’ñge, l’orientation sexuelle et l’identitĂ© de genre, etc. La prĂ©caritĂ© structurelle et la dĂ©gradation des conditions de travail, d’étude et de vie, qui touchent les acteurs et actrices du privĂ© comme du public, affectent d’ores et dĂ©jĂ  le monde universitaire.

      En effet, l’universitĂ© et la recherche reposent aujourd’hui sur le travail gratuit, l’exploitation et l’invisibilisation d’un ensemble de travailleur·ses : membres du personnel d’entretien, de sĂ©curitĂ©, de restauration, dont les tĂąches sont massivement sous-traitĂ©es ; membres du personnel technique et administratif ; soignant·es et travailleur·ses sociales·aux ; Ă©tudiant·es ; doctorant·es et post-doctorant·es, vacataires d’enseignement et de recherche. Ici comme ailleurs, cette prĂ©caritĂ©, qui touche prioritairement et plus durement les personnes appartenant Ă  des groupes discriminĂ©s, peut se traduire par le mal-logement et la malnutrition, le manque d’accĂšs aux soins et aux produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, la mobilitĂ© forcĂ©e, des souffrances psychiques (burn out, dĂ©pression, anxiĂ©tĂ©, etc.).

      MalgrĂ© les dĂ©clarations d’intention, cet ensemble de rĂ©formes n’offre aucune solution Ă  cette prĂ©caritĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e mais, bien au contraire, l’aggrave. La rĂ©forme des retraites, dans un milieu marquĂ© par des carriĂšres tardives et hachĂ©es, viendrait prolonger ces situations de prĂ©caritĂ© aprĂšs l’arrĂȘt de l’emploi. Avec la rĂ©forme de l’assurance-chĂŽmage, qui cible les contrats courts, les prĂ©caires de l’enseignement et de la recherche voient leur situation s’aggraver. La Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche (LPPR) en prĂ©paration dĂ©graderait les statuts et les conditions de travail (CDI-chantier, tenure track, gĂ©nĂ©ralisation du financement sur appel Ă  projets
). La sĂ©lection Ă  l’entrĂ©e et l’augmentation des frais d’inscription Ă  l’universitĂ© dĂ©tĂ©rioreraient encore davantage les conditions d’étude et de vie des Ă©tudiant·es, en particulier Ă©trangĂšr·es.

      Contre cette vision nĂ©olibĂ©rale et autoritaire, contre la marchandisation des savoirs, nous voulons un vĂ©ritable service public d’enseignement et de recherche, intĂ©grĂ© Ă  une Ă©ducation publique de qualitĂ© de la maternelle Ă  l’universitĂ©, financĂ© Ă  la hauteur de ses besoins grĂące Ă  un plan d’investissement massif jusqu’à 1% du PIB pour la recherche publique. Contre la prolifĂ©ration des emplois prĂ©caires, nous voulons un plan massif de titularisation et de crĂ©ation d’emplois statutaires. Contre la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante, nous voulons la mise en place d’un salaire Ă©tudiant. Contre l’extractivisme scientifique et la colonialitĂ© de la recherche et de l’enseignement, nous voulons des relations scientifiques et universitaires fondĂ©es sur le partage et la co-construction des savoirs ainsi que sur la libre circulation des personnes. Contre la compĂ©tition gĂ©nĂ©ralisĂ©e, les logiques d’exclusion et de discrimination, nous voulons une universitĂ© ouverte Ă  tout·es, fondĂ©e sur la coopĂ©ration, productrice d’émancipation collective et de justice sociale.

      Jusqu’au retrait de l’ensemble de ces rĂ©formes, nous continuerons la lutte aux cĂŽtĂ©s de nombreux autres secteurs, en nous mobilisant au sein de l’enseignement et de la recherche, comme dans les actions interprofessionnelles. Nous condamnons absolument les violences policiĂšres et la rĂ©pression qui s’abattent sur les mouvements sociaux, comme elles frappent dĂ©jĂ  constamment les personnes les plus prĂ©carisĂ©es et les plus discriminĂ©es. Face Ă  l’obstination et Ă  la violence du gouvernement, nous appelons Ă  poursuivre et Ă©tendre la grĂšve reconductible dans l’enseignement et la recherche !

      Cette motion est adoptĂ©e Ă  l’unanimitĂ© des votant·es, avec trois abstentions.

      La coordination nationale appelle Ă  la tenue d’assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales locales (de laboratoires, de dĂ©partements, d’UFR et d’universitĂ©s ; de catĂ©gories d’usager·es et de travailleur·ses) afin d’organiser la grĂšve notamment grĂące aux modalitĂ©s d’action suivantes.

      Voici la liste des diffĂ©rentes propositions d’action issues des assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et des ateliers de la coordination nationale des 1er et 2 fĂ©vrier 2020.
      Mise en place d’une grĂšve rĂ©elle et effective :

      – Bloquer et dĂ©noncer toutes les sanctions pĂ©dagogiques et disciplinaires ainsi que les pressions hiĂ©rarchiques contre les lycĂ©en·nes, Ă©tudiant·es et travailleur·ses mobilisé·es.
      – Mettre fin aux heures complĂ©mentaires pour tou·tes les travailleur·ses titulaires.
      – Se rĂ©unir en rencontres inter-catĂ©gorielles, inter-disciplinaires, inter-composantes, inter-labos pour discuter de la mobilisation.
      – Appeler les travailleur·ses de l’enseignement et de la recherche titulaires Ă  :
      ne plus donner cours pour libérer à tou·tes du temps pour la mobilisation
      refuser d’organiser les partiels en modifiant si nĂ©cessaire les rĂšgles de contrĂŽle des connaissances.
      pratiquer la rĂ©tention des notes et cesser toute forme d’évaluation.
      cesser la remontée des maquettes.
      refuser de participer aux jurys semestriels.
      cesser toute activité de recherche (terrains, expériences, traitements de données, rédactions
).
      interrompre l’activitĂ© des revues scientifiques.
      annuler l’organisation ou la participation Ă  tous les Ă©vĂ©nements et rĂ©unions scientifiques.
      suspendre jusqu’à nouvel ordre tout appel à communication ou à contribution.
      n’assurer le travail d’encadrement de la recherche qu’en rĂ©ponse Ă  des demandes explicites des Ă©tudiant·es ou des doctorant·es concerné·es.
      refuser de recruter des vacataires pour la prochaine rentrée.
      refuser tout contrat LRU, CDI chantier, contrat trop court et vacations abusives ; exiger Ă  la place des contrats de travail en bonne et due forme.
      participer Ă  l’alimentation des caisses de grĂšve, notamment en reversant des jours de salaire lorsqu’ils ne sont pas prĂ©levĂ©s.
      bloquer ParcourSup.
      refuser de participer aux corrections et aux jurys du baccalaurĂ©at et de tous les concours de l’Éducation Nationale.
      arrĂȘter de gĂ©rer les contrats.
      boycotter et dĂ©missionner des systĂšmes d’évaluation (HCERES, ANR, etc.).
      démissionner des responsabilités collectives.
      Actions de pression et de visibilisation :

      – Envoyer massivement des articles alĂ©atoires aux revues prĂ©datrices.
      – Fabriquer un mini-mĂ©mo avec les droits et l’explication des rĂ©formes.
      – Faire des sĂ©ances de mobilisation avec les Ă©tudiant·es.
      – Faire signer un contrat d’engagement individuel Ă  tout arrĂȘter.
      – Signer les publications « UniversitĂ© publique » ou « Service public de l’enseignement et de la recherche ».
      – Facturer le temps de travail pour l’ANR et l’envoyer à l’ANR.
      Pour une mobilisation interprofessionnelle :

      – Organiser et animer des universitĂ©s ouvertes et populaires permanentes.
      – Rejoindre et participer activement aux actions interprofessionnelles.
      Pour une mobilisation inclusive et solidaire :

      – Mener des actions juridiques et solidaires des travailleur·ses et Ă©tudiant·es Ă©trangĂšr·es de l’enseignement et de la recherche.
      – Mener des actions juridiques et solidaires des rĂ©primé·es du mouvement social.
      – S’opposer aux contrĂŽles des titres de sĂ©jours des Ă©tudiant·es dans les universitĂ©s.
      – DĂ©noncer toutes les discriminations dans les procĂ©dures de recrutement en France.

      La coordination nationale appelle également à ce que les assemblées générales locales se prononcent collectivement sur les revendications suivantes pour mandater sur ces points des délégué·es à la prochaine coordination nationale des Facs et Labos en Lutte qui se tiendra les 6 et 7 mars 2020.

      Voici la liste des différentes propositions de revendications issues des assemblées générales et des ateliers de la coordination nationale des 1er et 2 février 2020.
      Le retrait des rĂ©formes et des projets de rĂ©forme suivants :

      – RĂ©forme des retraites.
      – RĂ©forme de l’assurance chĂŽmage.
      – SĂ©lection Ă  l’universitĂ© (ParcourSup).
      – Augmentation des frais d’inscription, en particulier pour les Ă©tudiant·es extra-europĂ©en·nes (« Bienvenue en France »).
      – Projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR).
      – Loi de Transformation de la Fonction Publique.
      – RĂ©forme de la formation des enseignant·es.
      Pour un monde de la recherche et une universitĂ© Ă©galitaires et non-discriminantes :

      – Mettre un terme aux discriminations dans les recrutements et instaurer l’égalitĂ© dans les rĂ©munĂ©rations et les responsabilitĂ©s.
      – Abroger les critĂšres de nationalitĂ© dans l’accĂšs aux Ă©tudes, aux postes et aux financements.
      – Garantir Ă  tou·tes les Ă©tudiant·es Ă©trangĂšr·es le droit d’étudier en sĂ©curitĂ© administrative et juridique (renouvellement du titre de sĂ©jour pendant toute la durĂ©e des Ă©tudes).
      – Garantir Ă  tou·tes les chercheur·ses Ă©trangĂšr·es un visa.
      – Imposer le respect effectif du droit Ă  utiliser un prĂ©nom d’usage.
      – DĂ©velopper les programmes d’accueil des Ă©tudiant·es et chercheur·ses en danger dans leurs pays de rĂ©sidence.
      – Avoir dans toutes les instances de dĂ©cision des reprĂ©sentant·es de tou·tes les membres de l’enseignement et de la recherche (prĂ©caires, Ă©tudiant·es, etc.).
      – Appliquer des sanctions rĂ©elles contre les personnes coupables de harcĂšlement sexuel et/ou moral.
      – Mettre en place des crĂšches gratuites dans les universitĂ©s et les Ă©tablissements de recherche.
      – Recruter des soignant·es et des travailleur·ses sociales·aux.
      Pour l’amĂ©lioration des conditions de travail et d’étude dans l’enseignement et la recherche :

      – Une universitĂ© gratuite pour tou·tes et ouverte Ă  tou·tes.
      – Le respect du droit du travail.
      – La rĂ©munĂ©ration de toutes les activitĂ©s invisibles effectuĂ©es par les travailleur·ses administratif·ves, techniques et ingĂ©nieur·es (BIAT.O.SS et ITA), les enseignant·es et/ou chercheur·ses non-titulaires, les Ă©tudiant·es.
      – La revalorisation immĂ©diate des bourses Ă©tudiant·es et la mise en place d’un salaire Ă©tudiant pour toutes et tous.
      – L’arrĂȘt de la sous-traitance et la rĂ©intĂ©gration des services externalisĂ©s dans nos Ă©tablissements.
      – La revalorisation des grilles de salaires de toutes les catĂ©gories de travailleur·ses et l’augmentation du point d’indice (gelĂ© depuis 10 ans avec un retard de 17%).
      – L’alignement immĂ©diat des salaires des non-titulaires sur ceux des statutaires.
      – Un plan massif de recrutement et de titularisation dans toutes les catĂ©gories de travailleur·ses de l’enseignement et de la recherche, sur statut de fonctionnaire avec respect des grilles salariales.
      – La titularisation de tou·tes les contractuel·les et vacataires employé·es sur des fonctions pĂ©rennes.
      – L’alignement des primes sur le reste de la fonction publique pour toutes les catĂ©gories de travailleur·ses et la transformation des primes en rĂ©munĂ©rations pĂ©rennes.
      – La fin des primes au mĂ©rite.
      – Le dĂ©doublement systĂ©matique des TD Ă  partir de 30 Ă©tudiant·es.
      – Une vraie formation continue Ă  la pĂ©dagogie (avec un temps de travail rĂ©servĂ© Ă  cela) pour tou·tes les enseignant·es.
      – Le passage Ă  128h d’enseignement en prĂ©sentiel pour les enseignant·es, afin de dĂ©gager du temps pour l’encadrement des Ă©tudiant·es, la rĂ©flexion sur la pĂ©dagogie et la recherche ainsi que pour partager le travail entre plus de titulaires.
      Pour une redistribution Ă©galitaire des budgets de la recherche :

      – La suppression du CrĂ©dit impĂŽt recherche.
      – La suppression de l’ANR.
      – La suppression de l’HCERES.
      – La suppression de l’IUF.
      – L’arrĂȘt des Idex, Labex et autres structures « d’excellence ».
      – La garantie que chaque instance de financement soit composĂ©e Ă  majoritĂ© d’élu·es.
      – La redistribution Ă©galitaire des budgets des diffĂ©rentes agences, pour arriver Ă  14 000 euros par an et par travailleur·ses.
      – La gestion collective dans les laboratoires de l’ensemble des financements.
      – Le refus de la logique d’évaluation individuelle gĂ©nĂ©ralisĂ©e, notamment pour les BIAT.O.SS et ITA qui y sont dĂ©jĂ  soumis.e.s.
      Pour un service public de la publication de la recherche :

      – Refuser la bibliomĂ©trie comme outil d’évaluation.
      – DĂ©fendre la science ouverte et la libre diffusion des travaux de recherche.

      http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8631

    • « On ne peut pas rĂ©former la recherche sans les chercheurs »

      Le sĂ©nateur communiste #Pierre_Ouzoulias, chercheur de profession, porte un regard acĂ©rĂ© sur la politique du gouvernement pour la recherche. Il appelle la ministre FrĂ©dĂ©rique Vidal Ă  « sortir du bois ».

      Depuis un an maintenant, le milieu acadĂ©mique attend la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) promise par le gouvernement. Mais, Ă  part des prises de paroles polĂ©miques, les seules annonces concrĂštes pour le moment concerne le dĂ©blocage de 118 millions d’euros pour revaloriser les primes de tous et les salaires des derniers recrutĂ©s. La loi elle-mĂȘme devait ĂȘtre ambitieuse et prĂ©sentĂ©e en Conseil des ministres en fĂ©vrier. Elle risque d’ĂȘtre rĂ©duite (une dizaine d’articles) et repoussĂ©e au printemps.

      Pour le sĂ©nateur communiste et ancien chercheur Pierre Ouzoulias, ces atermoiements sont « une forme de mĂ©pris ». Il appelle la ministre FrĂ©dĂ©rique Vidal Ă  « sortir du bois ».

      Le contour de la LPPR reste trĂšs flou, alors qu’elle a Ă©tĂ© annoncĂ©e il y a un an. Aux derniĂšres nouvelles, elle devrait ĂȘtre repoussĂ©e. Que vous inspire cette sĂ©quence ?

      Je ne suis mĂȘme pas sĂ»r qu’il y ait une loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Le SĂ©nat n’a jamais Ă©tĂ© informĂ© qu’il serait susceptible de se saisir de ce texte avant la fin de la session parlementaire en juin. Cela repousse l’étude de ce texte Ă  l’automne. Or il me semble politiquement compliquĂ© de dĂ©battre en mĂȘme temps d’une loi de programmation et du budget pour 2021
 Tout ceci dĂ©montre de la prĂ©cipitation, de l’improvisation et, au final, une forme de mĂ©pris pour la communautĂ© scientifique et universitaire.
      Dans son avis trĂšs commentĂ© sur la rĂ©forme des retraites, le Conseil d’Etat a notamment critiquĂ© le fait de prĂ©voir une loi de programmation pour compenser la perte de retraite des fonctionnaires. Le salaire des chercheurs va-t-il est revalorisĂ© ?

      Cet Ă©pisode montre encore une forme d’improvisation totale. Le dossier n’est pas gĂ©rĂ©. Cela fait deux ans que l’on parle de revalorisation du salaire des chercheurs. Aujourd’hui, on parle aussi de compensation en raison du projet de rĂ©forme des retraites. Clairement, les collĂšgues craignent d’avoir une compensation mais jamais de revalorisation. Pourtant, tout le monde est d’accord pour dire que les salaires dans la recherche publique sont trop bas.

      La ministre a annoncĂ© une revalorisation des salaires des entrants. Que savez-vous d’autre sur le sujet ?

      Nous sommes dans le flou. Est-ce que c’est la grille des salaires qui va ĂȘtre revalorisĂ©e ? Ou bien cette hausse passera-t-elle par des primes ? Et si c’est le cas, seront-elles dĂ©pendantes de la future Ă©valuation que le gouvernement veut mettre en place ? Il faut que la ministre sorte du bois et donne Ă  lire son projet. La seule chose que nous savons au SĂ©nat, c’est que cette loi ferait une dizaine d’articles. Cinq pour la compensation des retraites et cinq autres pour le reste. Mais cela est faible et trĂšs loin des ambitions montrĂ©es au dĂ©but par le Premier ministre et le prĂ©sident de la RĂ©publique


      Le rĂ©el moment de vĂ©ritĂ© sera le budget 2021. En trois ans, le gouvernement n’a jamais fait un effort spĂ©cifique en direction de la recherche. Je ne crois pas que leur derniĂšre annĂ©e budgĂ©taire pleine soit suffisante pour rĂ©aliser un rattrapage budgĂ©taire consĂ©quent. Si le sujet Ă©tait vraiment primordial pour eux, ils s’y seraient pris plus tĂŽt.
      La politique du gouvernement sur la recherche ne passe pas uniquement par la LPPR. Que retenez-vous de son action ?

      Un dispositif mis en place par la loi Pacte est passĂ© un peu inaperçu. Il permet aux chercheurs de crĂ©er une entitĂ© privĂ©e pour abriter une partie de leurs activitĂ©s. Il s’agit d’une transformation des dispositifs mis en place par les lois AllĂšgre. J’ai lu les rapports de la Cour des comptes sur ces dispositifs. Ils sont peu utilisĂ©s par les chercheurs. Ils ne veulent pas Ă©chapper aux rĂšgles de la fonction publique, ils veulent du temps et des moyens pour mener leurs travaux.
      Ce n’est pas ce que dit le gouvernement qui veut contourner les concours de recrutement et crĂ©er des postes de chercheurs en CDI.

      Je pense que ce gouvernement ne s’est pas posĂ© certaines questions essentielles. Le concours de recrutement au CNRS est un concours hautement international. Des personnes du monde entier postulent, alors mĂȘme que les salaires ne sont pas mirobolants et les conditions de travail se dĂ©gradent. Pourquoi ? J’ai demandĂ© Ă  des chercheurs Ă©trangers pourquoi ils Ă©taient venus en France. Ils viennent chercher la stabilitĂ© de l’emploi et la libertĂ© acadĂ©mique. Ils veulent un cadre stable pour pouvoir prendre des risques. C’est quelque chose que le systĂšme anglo-saxon ne permet pas car tout est remis en cause tous les cinq ans pour chercher de nouveaux financements. Ce qui rend la France attractive, ce n’est pas le salaire, c’est le cadre.
      MĂȘme si le projet n’est pas complĂštement prĂ©sentĂ©, on voit des rĂ©actions fortes de la communautĂ© universitaire contre cette loi (lire ici ou ici). Est-ce que le gouvernement a peur, avec cette loi, d’ajouter un conflit universitaire au front social ?

      Oui je pense. Le projet esquissĂ© par ce gouvernement est dans la droite ligne de ce qui se fait depuis dix ans avec ValĂ©rie PĂ©cresse et GeneviĂšve Fioraso. Si les collĂšgues rĂ©agissent fortement, c’est parce qu’ils voient bien cette continuitĂ©. ContinuitĂ© dans la prĂ©caritĂ©, continuitĂ© dans l’idĂ©e que l’excellence naĂźt de la concurrence. Tout ceci est dĂ©lĂ©tĂšre pour la recherche. Les rĂ©cents prix Nobels et mĂ©daille Fields que la France a reçus, comme celle de CĂ©cric Villani, sont les fruits du systĂšme mis en place dans les annĂ©es 80. C’est ce systĂšme que l’on veut casser.
      On a entendu aux 80 ans du CNRS Emmanuel Macron parler de l’évaluation des chercheurs


      Les chercheurs crĂšvent sous les Ă©valuations. C’est sans fin ! Ce qui est vĂ©cu comme une injustice, c’est l’écart entre les Ă©valuations auxquelles sont soumis les chercheurs et la faiblesse de l’évaluation du CrĂ©dit impĂŽt recherche, qui s’élĂšve tout de mĂȘme Ă  6,5 milliards d’euros.

      Ceci dit, on voit une fronde s’élever contre l’évaluation. On ne peut pas rĂ©former la recherche sans les chercheurs. Une rĂšgle d’or acadĂ©mique postule que l’on soit Ă©valuĂ© par ses pairs. S’ils dĂ©cident de ne pas participer aux Ă©valuations, le systĂšme s’effondre.

      Quelles sont vos propositions pour la recherche française ?

      Je pense qu’il existe un consensus autour de quelques points. La science française est en danger. Les salaires sont trop bas et les conditions de travail ne sont pas bonnes. Il faut augmenter la part du PIB consacrĂ©e Ă  la recherche. Si nous ne le faisons pas, nous allons dĂ©crocher par rapport Ă  nos voisins allemands notamment. Nous sommes un des rares pays oĂč le nombre de doctorant diminue alors mĂȘme que le nombre de bacheliers augmente. C’est un trĂšs mauvais signe. Il faut un engagement budgĂ©taire fort.

      ▻https://www.liberation.fr/france/2020/01/31/on-ne-peut-pas-reformer-la-recherche-sans-les-chercheurs_1776027

    • La PrĂ©sidente de l’UT2J #Toulouse, porte-parole de la mobilisation

      Lundi 3 février, 17h24

      Cher·Úre·s collÚgues,
      Cher·Úre·s étudiant·e·s,

      Le texte du projet de Loi de programmation pluriannuelle de programmation de la recherche, annoncĂ©e par le gouvernement, n’est pas encore connu, mais les rapports prĂ©paratoires ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© publiĂ©s, soulevant des interrogations et des inquiĂ©tudes fortes chez l’ensemble des acteurs de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche au niveau national. Au sein de notre universitĂ©, des rĂ©actions nombreuses se sont exprimĂ©es, dans diffĂ©rents cadres, unanimes dans leur rejet d’un grand nombre de propositions contenues dans les rapports.

      En tant que prĂ©sidence, nous rĂ©affirmons que la vision de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche que nous portons et que nous dĂ©ployons au sein des instances de l’UT2J ne correspond pas aux perspectives tracĂ©es par les rapports prĂ©paratoires au projet de loi.

      Notre vision de la recherche ne cherche pas Ă  accĂ©lĂ©rer la concurrence entre unitĂ©s de recherche ou entre chercheur·e·s ; elle n’a pas pour objectif d’allouer les ressources sur la base d’une Ă©valuation surplombante et discriminante ; elle ne vise pas Ă  affaiblir le statut des enseignant·e·s chercheur·e·s et Ă  accentuer la prĂ©caritĂ©. Dans un contexte budgĂ©taire et d’emploi de plus en plus contraint, nous cherchons Ă  prĂ©server et soutenir les collectifs de recherche que sont les unitĂ©s de recherche qui constituent le terreau des activitĂ©s scientifiques, Ă  leur apporter des moyens (dotations rĂ©currentes, services mutualisĂ©s dĂ©veloppĂ©s par la DAR, personnels d’appui, accompagnement des Ă©tudes doctorales, etc.), Ă  veiller, autant que possible, Ă  l’équilibre entre les aspirations et projets individuels et la nĂ©cessaire implication dans la formation et les responsabilitĂ©s administratives collectives. Nous partageons le refus exprimĂ© par les communautĂ©s scientifiques de dispositions qui viendraient aggraver la prĂ©carisation et l’insĂ©curisation, remettre en question le statut des enseignant·e·s chercheur·e·s, accentuer la mise en concurrence par une allocation des ressources financiĂšres faisant prĂ©valoir la logique des appels Ă  projets au dĂ©triment des dotations pĂ©rennes.

      Concernant la prĂ©caritĂ©, l’UT2J travaille depuis plusieurs annĂ©es Ă  amĂ©liorer ce qui relĂšve de son pouvoir, particuliĂšrement l’amĂ©lioration du processus de traitement des rĂ©munĂ©rations. Nous entendons poursuivre cet effort pour sĂ©curiser davantage les conditions de vie et de travail des personnels concernĂ©s. Cela suppose que nous engagions aussi une rĂ©flexion avec l’ensemble des parties prenantes pour rĂ©flĂ©chir Ă  nos pratiques et Ă  nos modes d’organisation et pour explorer les pistes qui permettraient de limiter la prĂ©caritĂ© de certains emplois dans l’ensemble de nos activitĂ©s.

      Dans l’attente que soit rendu public le texte de loi, nous relaierons, tant auprĂšs du ministĂšre que de la CPU, les diffĂ©rentes prises de position afin que soient entendues les craintes exprimĂ©es, mais aussi l’attachement de notre communautĂ© aux principes qui fondent le service public d’enseignement et de recherche. Par ailleurs, notre universitĂ© prendra part, selon des modalitĂ©s qui restent Ă  dĂ©finir, Ă  la journĂ©e « L’universitĂ© et la recherche s’arrĂȘtent » prĂ©vue le 5 mars prochain.

      Cordialement,

      Pour la Présidence,
      #Emmanuelle_Garnier

      https://academia.hypotheses.org/10895
      #Université_Toulouse_Jean_JaurÚs #Université_de_Toulouse

    • MisĂšre des universitĂ©s et universitĂ©s de la misĂšre

      La Loi de programmation pluriannuelle de la recherche dĂ©fendue par le gouvernement ne concerne pas seulement les membres de l’enseignement supĂ©rieur. Parents, ce sont vos espoirs, vos efforts individuels et financiers, et l’avenir de vos enfants qui sont en jeu et qui risquent d’ĂȘtre plus encore mis Ă  mal si ce projet liberticide et inĂ©galitaire est adoptĂ©. De mĂȘme pour les lycĂ©en·ne·s et les Ă©tudiant·e·s.

      Novembre 1997. L’Association de rĂ©flexion sur les enseignements supĂ©rieurs et la recherche (ARESER) publie un ouvrage auquel de nombreux universitaires et chercheur-e-s-ont participĂ©[1]. Parmi eux, Pierre Bourdieu qui, avec l’historien Christophe Charle et le sociologue Bernard Lacroix, a coordonnĂ© cette publication. Les diagnostics Ă©tablis sont graves et, dĂ©jĂ , rĂ©vĂ©lateurs de la situation alarmante des universitĂ©s Sous-investissement chronique de la puissance publique, manque d’encadrement des Ă©tudiant-e-s en particulier en sciences humaines et en droit ce qui a notamment pour consĂ©quence un taux d’échec Ă©levĂ© en premier cycle dont sont victimes les personnes socialement et culturellement les plus fragiles, dĂ©moralisation des enseignants toujours plus absorbĂ©s par des tĂąches administratives multiples[2] et incapables d’accomplir dans de bonnes conditions les missions d’enseignement et de recherche qui sont les leurs, opacitĂ© des mĂ©canismes de recrutement des enseignants-chercheurs et « poids croissant du localisme » auxquels s’ajoute une « concurrence » exacerbĂ©e « pour des postes rarĂ©fiĂ©s » en raison de restrictions budgĂ©taires et d’une politique malthusienne qui ne s’est jamais dĂ©mentie.

      Et les auteurs de rappeler ce paradoxe singulier. Alors que l’éducation et la scolaritĂ© des enfants sont des prĂ©occupations majeures des familles dans un contexte de chĂŽmage de masse et de longue durĂ©e, de mĂȘme la poursuite des Ă©tudes supĂ©rieures aprĂšs l’obtention du baccalaurĂ©at, les responsables politiques ne s’inquiĂštent de l’état des universitĂ©s, de la situation des Ă©tudiant-e-s, de celle des personnel-le-s administratifs et des enseignant-e-s qu’à l’occasion de mobilisations significatives et/ou de difficultĂ©s financiĂšres d’une particuliĂšre gravitĂ© en alternant mesurettes Ă©laborĂ©es dans la prĂ©cipitation pour rĂ©tablir le calme et poursuite des politiques de « rigueur. »

      Vingt-trois ans plus tard, la situation n’a cessĂ© d’empirer et ce quels que soient les majoritĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e nationale, les gouvernements en place et les prĂ©sidents. Le quinquennat de François Hollande l’a confirmĂ©. Qui se souvient des diaphanes secrĂ©taires d’Etat Ă  l’enseignement supĂ©rieur, GeneviĂšve Fioraso d’abord, Thierry Mandon ensuite, et de leurs actions significatives en faveur des universitĂ©s ? AprĂšs avoir servi avec docilitĂ© le fossoyeur en chef de la majoritĂ© prĂ©sidentielle et du Parti socialiste, ils ont, comme beaucoup d’autres, disparu corps et bien avec la dĂ©bĂącle politique que l’on sait. A droite comme au sein de la dĂ©funte gauche gouvernementale, nonobstant de menues oppositions rhĂ©toriques sans grandes consĂ©quences pratiques, le budget de l’enseignement supĂ©rieur est depuis longtemps une variable d’ajustement toujours conçue comme une dĂ©pense, jamais comme un investissement Ă  long terme exigeant une constance certaine dans l’allocation des ressources financiĂšres et humaines afin de bĂątir des universitĂ©s capables d’assurer de façon optimale leurs missions d’enseignement et de recherche.

      Aujourd’hui, les communicants affairĂ©s ont trouvĂ© d’autres termes que celui de rigueur pour qualifier les orientations mises en Ɠuvre. « Modernisation », « rationalisation » et dĂ©sormais « Loi de programmation pluriannuelle de la recherche » (LPPR) prĂ©sentĂ©e par le Premier ministre, Édouard Philippe pour, dixit les Ă©lĂ©ments de langage utilisĂ©s, « redonner Ă  la recherche de la visibilitĂ©, de la libertĂ© et des moyens. » A charge pour FrĂ©dĂ©rique Vidal, la transparente ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation, de mettre en place « une vaste consultation de la communautĂ© scientifique française » qui, selon elle, a dĂ©jĂ  « imprimĂ© en partie sa marque » sur ce projet. AprĂšs le soi-disant « Grand dĂ©bat national » et la prĂ©paration de la loi sur les retraites, on sait ce qu’il en est des consultations prĂ©sidentielles et gouvernementales : de grossiĂšres et bruyantes machineries prĂ©tendument dĂ©mocratiques au service de l’imposition autoritaire des orientations dĂ©cidĂ©es en haut lieu. Faire diversion, alimenter les medias et les bavards radiophoniques et tĂ©lĂ©visuels qui se pressent sur les plateaux, diviser autant qu’il est possible les forces en prĂ©sence, tels sont les ressorts principaux de ces coĂ»teuses mises en scĂšne.

      Merci au prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral du CNRS, Antoine Petit, d’avoir rĂ©vĂ©lĂ© ce que cache le ronflement sonore des formules prĂ©citĂ©es, et ce que trament Matignon et de Bercy, en se prononçant haut et fort en faveur d’une « loi ambitieuse, inĂ©galitaire » et « darwinienne » (26 novembre 2019). Lumineux mais trĂšs inquiĂ©tant. De tels propos permettent de comprendre ceci : pour les nĂ©o-libĂ©raux engagĂ©s dans la destruction des services publics en gĂ©nĂ©ral et dans celle de l’enseignement supĂ©rieur en particulier, la libertĂ© signifie lutte de tous contre tous pour obtenir des fonds publics et privĂ©s afin de financer la recherche, et renforcement des liens universitĂ©s/entreprises pour les Ă©tablissements qui le pourront et qui bĂ©nĂ©ficieront ainsi de sommes trĂšs substantielles. En tĂ©moigne l’implantation souhaitĂ©e du groupe pĂ©trolier Total sur le campus de l’Ecole polytechnique oĂč il finance dĂ©jĂ , Ă  hauteur de 3,8 millions d’euros, une chaire d’enseignement intitulĂ©e : « DĂ©fis technologiques pour une Ă©nergie responsable. » Il n’est pas besoin d’ĂȘtre grand clerc pour savoir que ceux qui tiennent les cordons de la bourse dĂ©terminent Ă©galement le contenu des recherches et les usages qui en seront fait. Les ministres et les bĂ©ni-oui-oui de la majoritĂ© prĂ©sidentielle chantent les louanges de la « modernisation » et de la libertĂ© retrouvĂ©e, il faut comprendre vassalisation et privatisation rampantes des activitĂ©s de recherches, et paupĂ©risation pour le plus grand nombre.

      Indignations subjectives ? VĂ©ritĂ©s objectives. A preuve. Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer la dĂ©gradation continue des universitĂ©s de ce pays qui se trouve en huitiĂšme position pour les sommes consacrĂ©es Ă  l’enseignement supĂ©rieur ? Rappelons que « la dĂ©pense intĂ©rieure d’éducation rapportĂ©e Ă  la richesse a baissĂ© de 7,7% Ă  6,7% entre 1996 et 2016. Cela veut dire que chaque annĂ©e », la France « consacre une part moindre de sa richesse Ă  la formation de la jeunesse. » (Sources Observatoire des inĂ©galitĂ©s et OCDE) Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer que 20 % les Ă©tudiant-e-s- et des jeunes de 18 Ă  24 ans vivent sous le seuil de pauvretĂ© soit 3,6% de plus qu’en 2002 ? Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer que de 30 000 Ă©tudiant-e-s frĂ©quentent les Restos du cƓur faute de moyens financiers suffisants ? Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer que 13,5% des Ă©tudiant-e-s renoncent Ă  des soins mĂ©dicaux pour ne pas grever davantage leur budget ? Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer les ravages de la sĂ©lection sociale dans les Ă©tablissements d’enseignements supĂ©rieurs auxquels accĂšdent seulement 11% des enfants d’ouvriers alors qu’ils reprĂ©sentent 30% des jeunes ĂągĂ©s de 18 Ă  23 ans ? Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer que 46% des Ă©tudiant-e-s travaillent pendant l’annĂ©e universitaire au risque de compromettre sĂ©rieusement leurs Ă©tudes [3] ? Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer des amphithĂ©Ăątres surchargĂ©s et des taux d’encadrement des Ă©tudiant-e-s qui dĂ©couragent les plus faibles et sont les causes des nombreux Ă©checs en premier cycle ?

      Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer l’obscĂ©nitĂ© ajoutĂ©e Ă  l’horreur lorsque la ministre FrĂ©dĂ©rique Vidal, Ă  la suite de l’immolation d’un Ă©tudiant de 22 ans devant le Centre rĂ©gional des Ɠuvres universitaires (Crous) de Lyon le 8 novembre 2019, propose comme solution, pour celles et ceux qui sont confrontĂ©s Ă  de graves difficultĂ©s financiĂšres, la mise en place d’un numĂ©ro d’appel, payant qui plus est ? L’auteur du prĂ©sent article a donc tĂ©lĂ©phonĂ© pour savoir ce qu’il en Ă©tait et il a dĂ©couvert ceci : les Ă©tudiant-e-s concernĂ©s sont renvoyĂ©s aux services sociaux dĂ©jĂ  existants et simplement informĂ©s de leurs droits. Telle est donc la rĂ©ponse de ce gouvernement au 130 000 Ă©tudiants en situation de grande prĂ©caritĂ©. Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer l’augmentation constante des prĂ©caires parmi le personnel administratif et enseignant, et la baisse continue du nombre de postes de titulaires pour les seconds (3650 postes ont ainsi Ă©tĂ© perdus entre 2012 et 2018) ? Combien de temps encore allons-nous tolĂ©rer que des doctorants, au terme de leur contrat, utilisent leur allocation chĂŽmage pour achever leur thĂšse dans des conditions toujours plus difficiles ?

      Chacun-e- est libre de complĂ©ter cette liste qui n’est pas exhaustive, tant s’en faut. DerriĂšre ces chiffres, il y a des dizaines de milliers de jeunes femmes et de jeunes hommes dont les espĂ©rances sont ruinĂ©es par cette politique qui transforme en destin social l’existence de ceux qui sont les moins prĂ©parĂ©s Ă  affronter la massification et Ă  la paupĂ©risation de l’enseignement supĂ©rieur. Sordide et insupportable violence sociale et symbolique infligĂ©e aux plus dĂ©munis.

      La Loi de programmation pluriannuelle de la recherche dĂ©fendue par le gouvernement ne concerne pas seulement les membres de l’enseignement supĂ©rieur. Parents, ce sont vos espoirs, vos efforts individuels et financiers, et l’avenir de vos enfants qui sont en jeu et qui risquent d’ĂȘtre plus encore mis Ă  mal si ce projet liberticide et inĂ©galitaire est adoptĂ©. De mĂȘme pour les lycĂ©en-ne-s et les Ă©tudiant-e-s. Ce sont de vos aspirations personnelles, universitaires et professionnelles dont il est question. La coordination des universitĂ©s et des laboratoires en lutte a dĂ©cidĂ© de faire du 5 mars 2020 une journĂ©e de mobilisation nationale. Il est urgent de faire reculer ce gouvernement et le chef de l’Etat.

      O. Le Cour Grandmaison, universitĂ© Paris-Saclay-Evry-Val-d’Essonne.

      [1]. ARESER, Quelques diagnostics et remĂšdes urgents pour une universitĂ© en pĂ©ril, Paris, Liber-Raisons d’Agir, 1997. Furent Ă©galement associĂ©s F. Balibar (Paris-VII), C. Baudelot (ENS Ulm) et D. Roche ( Paris-I), notamment.

      [2]. En 1964, dĂ©jĂ , Paul RicƓur Ă©crivait : « Il faut mettre fin Ă  l’écrasement stupide des universitaires sous les tĂąches administratives, sinon ancillaires, Ă  la monumentale bĂȘtise du gaspillage d’énergie que le manque de moyens entraĂźne. » « Faire l’universitĂ©. » In Lectures 1. Autour du politique, Paris, Seuil, 1991, p. 375. Le chef de l’Etat, qui a rĂ©ussi Ă  faire croire qu’il est un disciple de ce philosophe, serait bien inspirĂ© de le lire au plus vite.

      [3]. « S’ils ne travaillaient pas les Ă©tudiants salariĂ©s auraient une probabilitĂ© plus Ă©levĂ©e de 43 points de rĂ©ussir leur annĂ©e. » EnquĂȘte Insee du 19 novembre 2009. « L’impact du travail salariĂ© des Ă©tudiants sur la rĂ©ussite et la poursuite des Ă©tudes universitaires. » M. Beffy, D. FougĂšre et A. Maurel. ▻https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwi554241rf

      ▻https://blogs.mediapart.fr/olivier-le-cour-grandmaison/blog/040220/misere-des-universites-et-universites-de-la-misere

    • PremiĂšre cĂ©rĂ©monie populaire des contre-vƓux d’#UniversitĂ©_de_Paris

      Nous, les personnels administratifs et enseignant·e·s, ainsi que les Ă©tudiant·e·s de l’UP, sommes mobilisé·e·s contre la rĂ©forme des retraites et la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Si nous tenions Ă  ĂȘtre lĂ , c’est parce que nous trouvons votre silence assourdissant sur les sujets qui nous sont chers.

      Nous aurions aimĂ© des vƓux qui apportent le soutien de l’UniversitĂ© de Paris aux personnels, administratif comme enseignant, dont une grande partie, comme vous le savez, sont dĂ©jĂ  prĂ©caires, et dont les pensions ne manqueront pas d’ĂȘtre laminĂ©es la rĂ©forme des retraites. Nous aurions aimĂ© des vƓux qui apportent un soutien aux Ă©tudiant·e·s de l’UniversitĂ© de Paris, futur·e·s salarié·e·s, et premier·e·s concerné·e·s. Madame la prĂ©sidence, la mobilisation est lĂ  sous vos yeux : cours non assurĂ©s, examens annulĂ©s ou reportĂ©s, revues et sĂ©minaires arrĂȘtĂ©s, bibliothĂšques fermĂ©es, assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales, UFR en lutte et enseignant·e·s en grĂšve


      Puisque notre universitĂ© forme de futurs mĂ©decins, nous aurions aimĂ© des vƓux qui expriment la solidaritĂ© de l’UniversitĂ© de Paris avec les services hospitaliers qui se mobilisent depuis des mois contre le dĂ©mantĂšlement de l’hĂŽpital public, alors que l’AP-HP menace aujourd’hui le personnel grĂ©viste de sanctions.

      Et plus largement, pour prendre de la hauteur, nous aurions aimĂ© des vƓux qui dĂ©noncent le projet de loi pour la recherche qui va accentuer la compĂ©tition entre les Ă©tablissements, la compĂ©titions entre les laboratoires, la compĂ©tition entre collĂšgues, et qui va gĂ©nĂ©raliser la prĂ©caritĂ©, fragiliser les emplois, crĂ©er quelques chaires d’excellence et beaucoup de vacataires, distribuer toujours plus de de crĂ©dits Ă  quelques-uns et rien aux autres, selon le modĂšle aberrant d’Antoine Petit, non pas darwinien mais bassement capitaliste
 Bref une loi qui va abĂźmer encore plus le service public de l’Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche. Mais tous vos discours et ceux de la CPU viennent en soutien de cette politique que nous combattons.

      Nous aurions aimĂ© que ces vƓux soient l’occasion d’annoncer publiquement la reconduction de l’exonĂ©ration systĂ©matique des frais d’inscription pour les Ă©tudiant·e·s Ă©tranger·e·s, et que s’appuyant sur la dĂ©cision du conseil constitutionnel, l’UniversitĂ© de Paris interpelle enfin le ministĂšre pour mettre fin Ă  cette procĂ©dure indigne. A l’inverse, certaines de vos dĂ©clarations se prononcent en faveur de cette hausse.

      Ce ne sont que quelques sujets ; la liste est longue. Dans vos vƓux, vous parlez gouvernance et classement, mais vous vous trompez de perspective. L’universitĂ© n’est pas une entreprise. Le savoir n’est pas une marchandise.

      Alors, nos vƓux pour 2020 sont que l’UP mette en Ɠuvre concrĂštement, et dĂ©fende fermement auprĂšs des tutelles, une universitĂ© de service public, une universitĂ© ouverte Ă  toutes et tous, oĂč il fasse bon enseigner, travailler, chercher et Ă©tudier.

      Les personnels et étudiant·e·s en lutte de Paris-Diderot

      Reçu via mail, le 07.02.2020

    • UniversitĂ© : la « #Sorbonne en lutte » contre la prĂ©caritĂ©

      MobilisĂ©s depuis dĂ©but dĂ©cembre contre la rĂ©forme des retraites et la loi de programmation de la recherche, enseignants-chercheurs, doctorants et Ă©tudiants se sont rassemblĂ©s sur la place de la Sorbonne Ă  Paris pour une « veillĂ©e des idĂ©es ».

      C’est incognito sous leurs masques blancs que les enseignants et Ă©tudiants de la Sorbonne lancent leur performance pour mettre en scĂšne « le vide » crĂ©Ă© par la loi de programmation de la recherche et « la destruction des infrastructures publiques ». Depuis le 5 dĂ©cembre, le dĂ©partement de science politique de l’universitĂ© parisienne (PanthĂ©on-Sorbonne) est en grĂšve. Deux mois plus tard, en ce vendredi 7 fĂ©vrier, ils organisent un « happening », pour se mobiliser autrement.

      DĂšs 17 h 30, professeurs et Ă©tudiants arrivent au compte-gouttes. Quelques-uns discutent devant une banderole flambant neuve portant leur nom de leur mouvement Sorbonne en lutte. D’autres tentent d’accrocher, avec les moyens du bord, un drap blanc oĂč sont dessinĂ©es des fourmis entre les inscriptions « enseignement » et « prĂ©caire ».

      Un peu avant 18 heures, une enseignante-chercheuse dĂ©marre la performance et liste tout ce qu’ils incarnent ce soir. Une trentaine de personnes masquĂ©es sont postĂ©es derriĂšre elle. « Nous sommes vidĂ©s
 Nos corps sont vidĂ©s, nos cerveaux sont vidĂ©s
 Ce soir, nous incarnons l’angoisse de la page blanche, les tĂȘtes creuses, le vide vertigineux de la connaissance qui ne sera pas produite, qui ne sera pas transmise, du fait des coups de boutoir de politiques qui tuent l’universitĂ© Ă  petit feu, que la LPPR [loi de programmation pluriannuelle de la recherche – ndlr] viendrait couronner. »

      L’universitaire prĂ©cise ensuite que ces politiques fragilisent en particulier les doctorants, les jeunes chercheurs, sans oublier de mentionner « les petites mains de la recherche » que sont les prĂ©caires, Ă  savoir les techniciens et personnels administratifs, et tous ceux qui ne sont pas fonctionnaires, ou « titulaires » dans leur jargon.

      Puis elle formule leurs inquiétudes concernant les libertés académiques.

      Le projet de loi de programmation de la recherche est toujours en cours de rĂ©daction. Mais les propositions des groupes de travail, dĂ©signĂ©s en amont par le ministĂšre de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche, ont dĂ©jĂ  rĂ©ussi Ă  mettre les facs et les labos en Ă©bullition.

      Parmi les sujets d’inquiĂ©tude : le renforcement du financement par projet et de la recherche sur des temps courts, des changements dans l’évaluation, l’arrivĂ©e de nouvelles formes de contrats de travail Ă  l’amĂ©ricaine
 Chercheurs des labos et enseignants-chercheurs des universitĂ©s craignent une prĂ©carisation accrue de leurs mĂ©tiers et de voir des Ă©tudiants « fatiguĂ©s » et « angoissĂ©s ».

      En ce vendredi de fĂ©vrier, une dizaine de prises de paroles s’enchaĂźnent, sans le masque cette fois-ci. Trois Ă©tudiants racontent leurs conditions de vie prĂ©caires et appellent leurs professeurs Ă  faire grĂšve, pour qu’eux-mĂȘmes puissent continuer Ă  se mobiliser.

      Emma, Ă©tudiante Ă  Paris-Sorbonne en gĂ©ographie, rappelle la motion votĂ©e le 2 fĂ©vrier par la coordination nationale des facs et labos en lutte. « Il est temps de joindre nos forces », clame la jeune Ă©tudiante, qui mentionne aussi la rĂ©pression du mouvement des lycĂ©ens. Tout comme Pierre, en L2 science politique Ă  PanthĂ©on-Sorbonne, remontĂ© contre les violences policiĂšres, la casse du code du travail, la LPPR, la prĂ©caritĂ© des Ă©tudiants – parfois obligĂ©s de travailler, la baisse des aides au logement (APL), les conditions d’accueil des Ă©tudiants Ă©trangers.

      Pierre Ă©voque Anas, l’étudiant prĂ©caire qui s’est immolĂ© Ă  Lyon dĂ©but novembre, toujours dans le coma, avant de dĂ©noncer la rĂ©ponse apportĂ©e par le gouvernement : une ligne tĂ©lĂ©phonique
 payante.

      InterrogĂ© aprĂšs son intervention, il regrette que les cours reprennent, tout simplement parce qu’on peut perdre sa bourse si on ne va pas en TD. Déçu que les problĂ©matiques des Ă©tudiants soient peu comprises, il profite de cette tribune pour les rappeler aux enseignants.

      Avec d’autres Ă©tudiants de Paris-I, ils se sont rapprochĂ©s des doctorants, « qui sont dans une prĂ©caritĂ© scandaleuse, qui peuvent comprendre aussi notre situation ». Mais connaĂźtre les galĂšres de ses « aĂźnĂ©s » n’est pas sans consĂ©quence : « Je rĂȘve d’étudier et de pouvoir faire avancer la recherche. Aujourd’hui, je me dis juste que c’est impossible. Donc je suis juste triste, dĂ©semparĂ© de me dire qu’on ne donne plus la possibilitĂ© aux Ă©tudiants de croire Ă  cette perspective d’avenir. C’est dĂ©moralisant. »

      Tous comme les Ă©tudiants, les doctorants appellent les enseignants Ă  « prendre leurs responsabilitĂ©s ». Membres de l’AG des prĂ©caires, trois femmes ont troquĂ© le masque blanc contre un bout de tissu noir sur le haut de leur visage. Elles rapportent les inquiĂ©tudes sur la retraite Ă  points, ou encore le durcissement des conditions d’indemnisation chĂŽmage – qui, jusque-lĂ , permettait Ă  de certains doctorants de terminer leur thĂšse.

      Elles rappellent Ă©galement que « l’universitĂ© tourne grĂące Ă  [leur] exploitation », et que « les conditions matĂ©rielles sont indignes, mĂȘme dans les universitĂ©s dites d’excellence ». Applaudies par la centaine de personnes prĂ©sentes sur la place, elles concluent par leur slogan « prĂ©caires, prĂ©caires et en colĂšre », repris en chƓur.

      L’une d’elles, doctorante, nous explique que les doctorants ne se mobilisent plus, car moins prĂ©caires parmi les prĂ©caires. Sa consƓur, doctorante en science politique, termine pourtant sa thĂšse sans aucune entrĂ©e d’argent : elle n’a plus de financement et plus de droit au chĂŽmage. « On a des amis vacataires, qui peinent Ă  survivre avec un petit job alimentaire Ă  cĂŽtĂ©, qui se logent Ă  droite Ă  gauche quand ils doivent donner leurs cours Ă  Paris. Ils n’ont pas l’énergie et le temps d’ĂȘtre lĂ  en AG et de construire une mobilisation. »

      Et la doctorante d’ajouter qu’elles ont pris la parole pour se faire connaĂźtre mais aussi pour faire passer le message : « On aimerait que les titulaires aussi prennent leurs responsabilitĂ©s parce qu’ils sont encore plus protĂ©gĂ©s que nous. [...] Quand eux ne se mettent pas vraiment en grĂšve, ils maintiennent une pression sur les Ă©tudiants qui doivent rendre des devoirs, les prĂ©caires qui doivent continuer Ă  rendre des articles et pareil pour les personnels administratifs. »

      Les chercheurs qui prennent la parole en sont conscients, ils n’oublient pas les Ă©tudiants, les doctorants et jeunes chercheurs. Johanna SimĂ©ant, politologue Ă  Paris-I, a enseignĂ© vingt-deux ans Ă  l’universitĂ© qu’elle voit se dĂ©grader depuis de nombreuses annĂ©es. Elle Ă©voque « tous ses anciens Ă©lĂšves qui pensaient que ça valait la peine » de se lancer dans la recherche avant de dĂ©chanter. Elle mentionne aussi ce doctorant qui a atterri aux urgences psychiatriques, qui ne sera pas remboursĂ© faute de mutuelle.

      Membre du comitĂ© Ă©ditorial de la revue GenĂšses – la premiĂšre Ă  s’ĂȘtre mise en grĂšve –, elle revient avec nostalgie sur leur joie d’ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans les revues, les Ă©changes dans les rĂ©unions, « ce temps qu’on pouvait se permettre de prendre ». Depuis quinze-vingt ans, ils perçoivent une baisse de la qualitĂ© des articles envoyĂ©s, « formatĂ©s pour le marchĂ© de la bibliomĂ©trie, dĂ©bitĂ©s pour qu’il n’y ait pas trop d’idĂ©es dans un article », et ainsi pouvoir en publier plus.

      Le site de la revue GenĂšses, en grĂšve © capture d’écran du 8 fĂ©vrier Le site de la revue GenĂšses, en grĂšve © capture d’écran du 8 fĂ©vrier

      Cette course Ă  la publication risque de s’accĂ©lĂ©rer. Pour doper la compĂ©tition entre les chercheurs, le gouvernement souhaite adosser le financement aux rĂ©sultats. Il est aussi envisagĂ© de financer davantage via les appels Ă  projets. Gilles Dorronsoro, enseignant-chercheur en science politique, regrette qu’« on ne calcule pas le temps passĂ© collectivement Ă  chercher de l’argent » ni « le temps passĂ© Ă  monter des projets qui ne verront jamais le jour ».

      Chercheurs et gouvernement sont au moins d’accord sur le dĂ©crochage de la recherche française. Idem sur la nĂ©cessitĂ© d’augmenter son budget. Pierre Ouzoulias, sĂ©nateur PCF des Hauts-de-Seine, lui-mĂȘme chercheur de profession, n’y croit pas une seule seconde. Il pense plutĂŽt qu’il va continuer Ă  baisser et qu’il n’y aura peut-ĂȘtre mĂȘme pas de loi de programmation. Au micro, il appuie ses dires en rappelant les propos de son prĂ©sident, GĂ©rard Larcher (LR) : « Il faut d’abord trouver un agenda, un contenu et des moyens mais peut-ĂȘtre aussi une mĂ©thode d’approche. »

      InterrogĂ© par Mediapart, le sĂ©nateur venu « tĂ©moigner sa solidaritĂ© aux Ă©tudiants, aux prĂ©caires, aux chercheurs », plaide lui aussi pour une convergence entre les Ă©tudiants, trĂšs mobilisĂ©s Ă  l’arrivĂ©e de Parcoursup (admission postbac), et les enseignants, aujourd’hui en pointe contre les projets du gouvernement.

      « Mais c’est toute la stratĂ©gie du gouvernement, rĂ©sume-t-il, ne jamais attaquer l’ensemble du corps en mĂȘme temps et faire porter les rĂ©formes uniquement sur des petits secteurs parfaitement dĂ©limitĂ©s. [...] Sur la durĂ©e, c’est Ă©videmment trĂšs efficace. »

      Dans les interventions suivantes, un chercheur revient sur la mobilisation contre la rĂ©forme des retraites. Un autre dĂ©nonce « la clique bureaucratique » et le management qui seront sans doute exacerbĂ©s par la future loi de programmation de la recherche.

      Pour finir, le philosophe camerounais Achille Mbembe, enseignant Ă  Johannesburg, Ă©voque les luttes dans les universitĂ©s sud-africaines, « pour dĂ©coloniser les institutions et refaire de l’institution universitaire un bien commun, Ă  l’heure oĂč tout concourt Ă  privatiser cette ressource ». L’ancien Ă©tudiant de la Sorbonne souligne que la mobilisation qui a lieu ici entre en rĂ©sonance « avec un moment global, un moment de brutalisation des sociĂ©tĂ©s ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/080220/universite-la-sorbonne-en-lutte-contre-la-precarite?onglet=full

    • #DroitsDansLeMur

      Jeudi 6 fĂ©vrier 2020, journĂ©e de mobilisation nationale, des universitaires, titulaires et prĂ©caires, des facultĂ©s de droit et de science politique (entre autres Nanterre, Paris 1, Paris 2, Paris 12, Paris 13, Sceaux, Rennes, Lyon 2, Valenciennes, Angers) ont Ă©rigĂ© un mur de codes - de la sĂ©curitĂ© sociale, de la fonction publique, de l’éducation, du travail... - devant le MinistĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur et de la recherche, pour dire leur opposition aux projets de rĂ©forme des retraites et de l’enseignement supĂ©rieur qui mĂšnent dans le mur le service public de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche, ainsi que le contrat social entre les gĂ©nĂ©rations.

      Ces enseignant.e.s-chercheur.e.s ont lu Ă  voix haute, solennellement, des extraits des articles les plus prĂ©cieux, aujourd’hui malmenĂ©s, comme l’article L111-2-1 du code de la sĂ©curitĂ© sociale : « La Nation rĂ©affirme solennellement le choix de la retraite par rĂ©partition au cƓur du pacte social qui unit les gĂ©nĂ©rations. (...) La Nation assigne Ă©galement au systĂšme de retraite par rĂ©partition un objectif de solidaritĂ© entre les gĂ©nĂ©rations et au sein de chaque gĂ©nĂ©ration, notamment par l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes, par la prise en compte des pĂ©riodes Ă©ventuelles de privation involontaire d’emploi, totale ou partielle, et par la garantie d’un niveau de vie satisfaisant pour tous les retraitĂ©s. La pĂ©rennitĂ© financiĂšre du systĂšme de retraite par rĂ©partition est assurĂ©e par des contributions rĂ©parties Ă©quitablement entre les gĂ©nĂ©rations et, au sein de chaque gĂ©nĂ©ration, entre les diffĂ©rents niveaux de revenus et entre les revenus tirĂ©s du travail et du capital. »

      https://www.youtube.com/watch?v=8akUZp2OoaU&feature=youtu.be


      #Droits_dans_le_mur

    • Lettre que les Ă©tudiantes et Ă©tudiants mobilisĂ©s de l’UFR LAC (Paris 7) ont lue le 4 fĂ©vrier en ouverture du Conseil d’UFR, Ă  l’issue duquel la grĂšve a Ă©tĂ© votĂ©e.

      Cher·Úre·s professeur·e·s,

      Nous nous permettons de prendre la parole quelques minutes avant le début
      de ce Conseil d’UFR au nom des Ă©tudiantes et Ă©tudiants mobilisé·e·s depuis
      maintenant deux mois contre la réforme des retraites et, plus récemment,
      contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche.

      Nous sommes lĂ  aujourd’hui parce qu’à l’échelle nationale comme Ă  l’échelle
      de l’universitĂ©, la mobilisation se trouve confrontĂ©e Ă  un pallier dĂ©cisif
      que nous voulons nous donner les moyens de franchir. Si la grÚve a été
      incontestablement suivie dans les secteurs des transports, si les sondages
      ont été plus favorables que jamais, si les manifestations ont été parmi les
      plus massives jamais enregistrées depuis ces derniÚres années, force est de
      constater la raideur et l’autoritarisme du gouvernement, qui se mesure à
      l’aune de la rĂ©pression s’abattant sur toutes celles et tous ceux qui lui
      opposent rĂ©sistance. Nous sommes donc Ă  un point de bascule : le mouvement
      doit s’amplifier, sinon se radicaliser, ou alors il mourra à petit feu.
      Progressivement, de nombreux secteurs entrent en lutte, et en premier lieu
      les universitĂ©s, tant attendues dans ce mouvement. Ce n’est donc pas le
      moment de rentrer dans les rangs, puisque nous venons de commencer la
      bataille, tant sur les retraites que sur la LPPR.

      À l’échelle de Paris-7, nous pouvons dĂ©sormais affirmer qu’il existe une
      base Ă©tudiante prĂȘte Ă  se mobiliser. Mais cela ne s’est pas fait tout seul.
      Il nous aura fallu deux mois de discussions, d’initiatives — Ă  l’image de
      cette « formidable universitĂ© populaire » que tant d’universitĂ©s mobilisĂ©es
      nous ont enviĂ©e... Nous sommes mobilisé·e·s sur l’universitĂ© populaire
      depuis deux mois, nous participons, avec les doctorant·e·s et le soutien de
      certains professeur·e·s, à mettre en place un programme dont les
      interventions, les Ă©changes et les ateliers sont tous plus enrichissants et
      instructifs les uns que les autres. Car ce qu’il faut Ă  tout prix Ă©viter,
      c’est que la fac soit dĂ©sertĂ©e et nous considĂ©rons, comme vous, qu’il est
      primordial qu’elle reste un lieu de savoir et de stimulation
      intellectuelle. Mais considĂ©rer que le maintien des cours n’est pas
      incompatible avec la mobilisation, c’est ne pas avoir conscience de notre
      situation car la mobilisation, tout comme la recherche, a ses petites
      mains. Bloquer des dépÎts, écrire et maquetter des tracts, organiser des
      rĂ©unions d’information, remplir la caisse de grĂšve, tenir le stand,
      organiser des assemblées générales, rédiger des comptes-rendus en tous
      genres, créer des outils informatiques, centraliser les outils de synthÚse,
      faire des ateliers de banderoles ou de chorale, de l’affichage, des tours
      de service, des dĂ©brayages d’amphis, ce sont des actions qui demandent du
      temps et nous mobilisent intensément depuis deux mois. Faire vivre la grÚve
      est devenu notre activité à temps plein.

      Nous avons pleinement conscience des enjeux qu’un tel engagement implique.
      Nous sommes pour la plupart des élÚves passionné·e·s, et les cours nous
      manquent. Mais c’est prĂ©cisĂ©ment parce que nous avons suivi vos cours et lu
      Aristote, Rawls mais aussi RanciĂšre ou Camus que nous osons Ă  notre tour « 
      dire non ». C’est prĂ©cisĂ©ment Ă  force de dĂ©velopper notre esprit critique
      que nous nous rendons compte de l’urgence de la situation. Et plus nous y
      réfléchissons, plus nous nous en effrayons. Plus nous lisons, plus nous
      nous radicalisons. Non, il n’est pas « incongru » « Ă  (n)otre Ăąge et dans
      les Ă©tudes que (n)ous avons choisies (
) de se passionner pour la question
      des retraites », pas plus que de s’inquiĂ©ter de la dĂ©rive autoritaire du
      gouvernement, ou de la crise Ă©cologique. C’est prĂ©cisĂ©ment parce que nous
      Ă©tudions avec diligence en vue d’un futur meilleur que nous ne pouvons plus
      supporter de voir notre avenir confisquĂ© par l’inaction climatique, par des
      dérives autoritaires toujours plus violentes, et par un gouvernement qui
      nous mĂ©prise. Nous avons ratĂ© trop de coches — pour ne citer que cela, et
      pĂȘle-mĂȘle : la fusion en 2016, la loi Travail bien sĂ»r, Parcoursup, la
      hausse des frais d’inscription pour les Ă©tudiants Ă©trangers, les gilets
      jaunes, la rĂ©forme de l’assurance chĂŽmage... Autant de dĂ©faites qui nous
      donnent aujourd’hui la dĂ©termination de lutter plus fort. Il va donc de soi
      pour nous que dans le combat des retraites se trouve la somme des Ă©nergies
      et des liens accumulés au fil de ces années dans un combat pour un modÚle
      de sociĂ©tĂ© plus juste, plus humain, plus Ă©galitaire, oĂč il fasse bon se
      projeter. Nous voyons les métiers auxquels nous aspirons se défaire sous
      nos yeux ; nous voyons notre dĂ©mocratie prendre les traits de
      l’autoritarisme le plus abject — Ă  coups de surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e, LBD,
      et autres États d’urgence devenus constitutionnels ; nous voyons enfin la
      société capitaliste courir à sa perte, foncer droit dans le mur, et si les
      choses continuent ainsi, nous ne pourrons pas descendre du train Ă  temps.

      La vĂ©ritĂ©, c’est que nous sommes Ă  la fois Ă©puisé·e·s, paniqué·e·s et
      rĂ©volté·e·s. Certaines et certains trouveront peut-ĂȘtre que nous en faisons
      trop, d’autres que c’est l’excitation inconsidĂ©rĂ©e et irrĂ©flĂ©chie de la
      jeunesse qui parle, et à ceux-là nous répondons au contraire que ce refus
      de continuer Ă  exercer normalement notre rĂŽle d’étudiant·e montre plutĂŽt Ă 
      quel point nous avons compris, Ă  quel point nous avons conscience de ce qui
      se joue aujourd’hui. Face Ă  ces considĂ©rations, un semestre de perdu,
      quoiqu’il nous en coĂ»te, ne nous fera pas hĂ©siter, car c’est maintenant ou
      jamais. Plus le gouvernement et le capitalisme néolibéral piétinent nos
      espoirs, moins nous avons Ă  perdre. Mais parce que nous ne voulons pas ĂȘtre
      acculé·e·s Ă  de telles extrĂ©mitĂ©s, nous nous tournons vers vous : la grĂšve
      des titulaires peut crĂ©er les conditions matĂ©rielles de la naissance d’un
      mouvement Ă©tudiant massif. Comment s’engager Ă  temps plein si l’on craint
      les partiels de fin de semestre, ou pire, les partiels de mi-semestre ? si
      l’on est boursier et que l’on dĂ©pend de la bienveillance des professeurs
      pour ne pas comptabiliser les absences, au risque de perdre sa bourse ? si
      l’on anticipe une fin d’annĂ©e faite de montagnes de validations ? En
      faisant cours normalement, vous croyez nous aider mais vous nous condamnez.
      C’est cette posture en demi-teinte, cette posture de compromis mou qui nous
      paralyse. Et comme l’expriment les prĂ©caires de l’ESR dans leur appel : « 
      on ne soutient pas la grĂšve, on la fait ou on l’empĂȘche. » Vous avez,
      aujourd’hui, pour ce conseil d’UFR, une responsabilitĂ© lourde : celle de
      décider de la suite de ce mouvement social historique. Que nous ne soyons
      pas dupé·e·s par l’échelle de notre UFR, face aux milliers de personnes qui
      manifestent chaque semaine : une UFR en grĂšve, c’est mille Ă©tudiant·e·s
      libres d’aller mener des actions coup de poing et de s’engager dans le
      mouvement social, cinquante enseignant·e·s mettant du temps à disposition
      pour s’organiser, et un modĂšle Ă  suivre, pour toutes les universitĂ©s de
      France. C’est pourquoi nous rĂ©itĂ©rons, aux cĂŽtĂ©s des prĂ©caires de l’ESR,
      notre appel Ă  la grĂšve totale : la grĂšve des enseignements, Ă  la grĂšve des
      activités de recherche, à la grÚve administrative, à la rétention des
      notes, au boycott de Parcoursup. Autant de temps libéré pour lutter.

      Aujourd’hui, la situation fait que nous n’arrivons plus à exercer
      normalement notre fonction d’étudiant·e·s. Nous n’y arrivons plus, parce
      que franchir le seuil de la salle de classe, s’y asseoir quelques heures
      pour Ă©couter parler de Chateaubriand ou Balzac nous est insupportable, tant
      c’est nier la violence et la gravitĂ© de ce qui est en train de se produire
      dans notre pays. Reprendre le fonctionnement normal de l’universitĂ©, dans
      le contexte actuel, pour nous, cela signifie se voiler la face et se murer
      dans une logique court-termiste qui Ă©quivaut Ă  jouer le jeu du
      gouvernement. Car face à cet avenir sinistre qu’on nous impose, comment
      faire comme si « tout allait bien se passer » et continuer Ă  Ă©tudier
      sereinement ? Tout ce que nous revendiquons, c’est une chance concrĂšte de
      prendre en main notre avenir, dans un moment politique oĂč, plus que jamais,
      le gouvernement tente de nous le confisquer.

      –-> reçue par email via la mailing-llist de mobilisation, le 10.02.2020

    • Message du PrĂ©sident de l’UniversitĂ© Sorbonne Nouvelle - Paris 3

      « Cher.e.s collĂšgue.s,

      Cher.e.s Ă©tudiant.e.s,

      Les propositions prĂ©sentĂ©es dans les trois rapports prĂ©paratoires Ă  la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et les informations ayant filtrĂ© des rencontres entre la Ministre de l’Enseignement SupĂ©rieur et les organisations syndicales provoquent une inquiĂ©tude lĂ©gitime au sein de notre communautĂ©. Cette inquiĂ©tude, en tant que PrĂ©sident de la Sorbonne Nouvelle, je la partage car je m’oppose fermement Ă  toute remise en cause des fondements du systĂšme de financement de la recherche publique en France.

      En pareil contexte, et Ă  l’encontre de plusieurs des prĂ©conisations contenues dans ces trois rapports, je tiens Ă  vous redire mon attachement Ă  une universitĂ© de service public, et Ă  vous confirmer mon opposition Ă  toute mise en concurrence des Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur, des unitĂ©s de recherche et des chercheur.e.s.

      Si l’objectif est d’augmenter la part de notre PIB consacrĂ©e Ă  nos activitĂ©s scientifiques, au delĂ  des effets d’annonce, de renforcer durablement celle-ci, les solutions prĂ©sentĂ©es, au cas oĂč elles seraient retenues, iraient Ă  l’encontre de l’effet escomptĂ©. Depuis trop longtemps, la recherche fondamentale est nĂ©gligĂ©e au profit d’une logique de performance immĂ©diate. Depuis trop longtemps, les modĂšles et les temporalitĂ©s qui rĂ©gissent les sciences exactes et expĂ©rimentales sont artificiellement plaquĂ©s sur les ALL-SHS.

      LĂ  oĂč les mesures envisagĂ©es consistent Ă  concentrer les moyens, renforcer une logique d’appels Ă  projets et introduire un nouveau dispositif d’entrĂ©e dans la carriĂšre universitaire avec les tenure tracks, il me semble Ă  l’inverse nĂ©cessaire de donner la part belle aux crĂ©dits rĂ©currents et de rĂ©habiliter le temps long d’une recherche prise en charge, dans des conditions plus sereines, par des enseignants-chercheurs fonctionnaires.

      En tant que PrĂ©sident d’universitĂ©, je considĂšre que ma mission est de combattre sans relĂąche toutes les formes de prĂ©carisation qui frappent les mĂ©tiers et les carriĂšres de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche ainsi que nos Ă©tudiant.e.s.

      Afin qu’un dĂ©bat le plus ouvert et constructif possible puisse s’engager au sein de notre communautĂ©, je souhaite, en accord avec toute l’équipe prĂ©sidentielle, organiser deux temps forts, de rĂ©flexion et d’échanges : une journĂ©e banalisĂ©e le jeudi 5 mars prochain ainsi qu’une demi-journĂ©e d’étude sur les enjeux des rĂ©formes en cours. Et vous pouvez compter sur moi pour relayer nos prĂ©occupations auprĂšs de la CPU et de nos tutelles.

      Bien cordialement,

      Jamil Jean-Marc DAKHLIA

      PrĂ©sident de l’UniversitĂ© Sorbonne Nouvelle - Paris 3 »

    • PrĂ©caritĂ©, financement : les enseignants-chercheurs mobilisĂ©s contre la future loi Vidal

      Les enseignants-chercheurs dĂ©noncent les consĂ©quences du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Ils craignent que leurs conditions de travail, dĂ©jĂ  dĂ©gradĂ©es par la prĂ©caritĂ©, empirent. Les opposants pointent « une transformation nĂ©olibĂ©rale de l’universitĂ© » qui fait place Ă  « la figure du chercheur-entrepreneur ».

      Sur le campus de Pont-de-bois, de l’universitĂ© de Lille, « aujourd’hui, c’est journĂ©e spĂ©cial prĂ©caritĂ© ». C’est le thĂšme du jour, raconte GrĂ©gory Salle. Ce chargĂ© de recherche en sociologie du CNRS est « un mobilisĂ© parmi d’autres ». D’autres enseignants-chercheurs qui, partout en France, craignent l’arrivĂ©e du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche. AnnoncĂ© en fĂ©vrier 2019 par le premier ministre, il se fait attendre. L’objectif est d’atteindre un budget Ă©quivalent Ă  3% du PIB pour la recherche. Il est aujourd’hui de 2,2%. Si ses contours exacts sont encore inconnus, trois rapports prĂ©paratoires, et les Ă©changes entre syndicats et ministĂšre ont amorcĂ© le mouvement.

      C’est surtout une tribune du PDG du CNRS, Antoine Petit, qui « met le feu au poudre » se souvient GrĂ©gory Salle. « Il faut une loi ambitieuse, inĂ©galitaire - oui, inĂ©galitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, Ă©quipes, laboratoires, Ă©tablissements les plus performants Ă  l’échelle internationale, une loi qui mobilise les Ă©nergies » Ă©crit le 26 novembre, dans Les Echos, le patron du CNRS. « Ă‡a a eu un effet de cristallisation » explique Christophe Voilliot, co-secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNESUP-FSU, premier syndicat de l’enseignement supĂ©rieur. « C’était particuliĂšrement maladroit. Ça a remuĂ© mĂȘme les plus modĂ©rĂ©s » constate GrĂ©gory Salle.
      Manifs et flashmob

      Depuis quelques semaines, le mouvement se dĂ©veloppe, mĂȘlĂ© de contestation contre la rĂ©forme des retraites, qui touche particuliĂšrement le monde des fonctionnaires et de l’enseignement. Les manifestants et opposants multiplient les actions et innovent : aux traditionnelles AG, affiches et manifestations, grĂšves de l’enseignement et grĂšves des fonctions administratives, s’ajoutent les rĂ©tentions de notes ou, comme la semaine derniĂšre, un flashmob fĂ©ministe devant la gare de Lille Flandres, au petit matin. Quand de fait, on est relativement peu nombreux, il faut se faire remarquer. On parle aussi de dĂ©missions de fonctions. Maintenant, ce sont les revues universitaires qui se joignent au mouvement. Une journĂ©e fac morte se prĂ©pare pour le 5 mars.

      https://twitter.com/websaison/status/1225316989872361475?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

      Les questions sont nombreuses. Pour le SNESUP-FSU, « il y a des problĂšmes qui tiennent au mode de financement de la recherche et au statut des personnels ». Alors que le nombre d’étudiant augmente, « avec 30.000 de plus ces derniĂšres annĂ©es », le nombre d’enseignants-chercheurs recule, « de l’ordre de 2.500 enseignants en moins, c’est considĂ©rable » alerte Christophe Voilliot. « MĂ©caniquement, soit on embauche sur des statuts prĂ©caires, soit on augmente le temps de travail » pointe le responsable syndical, par ailleurs maĂźtre de confĂ©rences en Sciences politiques Ă  l’universitĂ© de Nanterre. Il « demande un plan de recrutement ».
      « On leur renvoie l’image qu’ils ne servent Ă  rien pour la sociĂ©tĂ©. C’est terrible »

      Le sĂ©nateur PCF Pierre Ouzoulias connaĂźt bien le sujet pour ĂȘtre lui-mĂȘme chargĂ© de recherche du CNRS en archĂ©ologie. « Il y a une dĂ©gradation constante depuis 10 ans des conditions de travail des enseignants-chercheurs » souligne le sĂ©nateur des Hauts-de-Seine. RĂ©sultat de ce malaise, le sentiment d’un mĂ©tier dĂ©valorisĂ©. « On leur renvoie l’image qu’ils ne servent Ă  rien pour la sociĂ©tĂ©. C’est terrible » dit Pierre Ouzoulias.

      GrĂ©gory Salle « n’aime pas trop ce terme de malaise » pour sa part, car il renvoie au « registre psychologique ». Or le problĂšme vient avant tout « des conditions sociologiques, Ă©conomiques et matĂ©rielles, qui sont intenables ». « Si on met ensemble la surcharge de travail, le fait d’ĂȘtre sous-payĂ©, soumis Ă  une bureaucratie de plus en plus dĂ©mente, ça met les gens matĂ©riellement sous pression » explique le sociologue.

      Selon GrĂ©gory Salle, « la prĂ©caritĂ© professionnelle, vraiment mĂ©connue du plus grand nombre », joue beaucoup dans la mobilisation. Il ajoute :

      Pour les Ă©tudiants, on doit passer pour des notables. Devant eux, il y a de vrais professeurs d’universitĂ© qui ont des positions tout Ă  fait stables, mais aussi de vrais prĂ©caires qui ne vivent pas forcĂ©ment avec plus de 1.000 euros par mois.

      ConsĂ©quence : les jeunes docteurs ne trouvent pas de poste. Et face Ă  un secteur bouchĂ©, les vocations s’en trouvent dĂ©couragĂ©es. « Le nombre d’étudiants inscrits en thĂšse diminue » constate Christophe Voilliot.
      La ministre Frédérique Vidal promet de revaloriser le salaire des jeunes chercheurs

      Face Ă  la fronde, la ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation, FrĂ©dĂ©rique Vidal, tente de dĂ©samorcer et de rassurer. InvitĂ©e de Public SĂ©nat le 31 janvier, elle expliquait ne pas vouloir « du tout » toucher au temps de travail des chercheurs – l’une des craintes – assurant qu’« il ne faut pas prendre Ă  la lettre tout ce qui est Ă©crit dans les rapports » (voir Ă  47 min dans la vidĂ©o). La cĂąlinothĂ©rapie continue via une tribune, publiĂ©e lundi 10 fĂ©vrier dans Le Monde. La ministre dit avoir « entendu leur appel Ă  rĂ©investir massivement dans la recherche ».

      Plus concret, en janvier, lors de ses vƓux, FrĂ©dĂ©rique Vidal annonce l’augmentation des jeunes chercheurs Ă  l’embauche, avec 2 Smic dĂšs 2021, contre des salaires d’environ 2.200 Ă  2.500 euros brut aujourd’hui (soit 1,3 Ă  1,4 Smic). « Une bonne idĂ©e » reconnaĂźt Christophe Voilliot, « sauf que vous risquez d’embaucher des gens mieux payĂ©s que des enseignants qui ont 6 ou mĂȘme 9 ans d’anciennetĂ©. Il faut donc revoir toutes les grilles ».

      Ce mardi, dĂ©nonçant « les rumeurs », lors des questions d’actualitĂ© au gouvernement, FrĂ©dĂ©rique Vidal en a remis une couche et assure que « chaque discipline trouvera sa place dans cette loi programmation de la recherche ». Une prĂ©cision qui n’est pas anodine. Car les sciences humaines et sociales mobilisent plus qu’en physique, chimie ou mathĂ©matique.
      « Une vision catastrophique de la science »

      Une situation en partie liĂ©e Ă  la question du financement. « Il est proposĂ© d’accroĂźtre les financements par appels Ă  projet, et non plus par laboratoire ou Ă©quipe. (
) On est dans un marchĂ© de la recherche, qui renvoie au darwinisme » explique le co-secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNESUP-FSU. Le tout mĂȘlĂ© Ă  une Ă©valuation renforcĂ©e, oĂč la publication devient le critĂšre.

      DerriĂšre ça, « il y a une vision utilitariste de la recherche. Je mets l’argent, je veux des rĂ©sultats. Et Ă©videmment, tout ce qui est sciences humaines n’a plus de raison d’ĂȘtre. Pourquoi travailler sur l’aramĂ©en, le latin, l’archĂ©ologie ? ça ne sert Ă  rien, il n’y a pas d’innovation. C’est une vision catastrophique de la science » dĂ©nonce le sĂ©nateur Pierre Ouzoulias. Pour Gregory Salle, « on est en plein dans la figure du chercheur-entrepreneur », mĂątinĂ© d’une « novlangue managĂ©riale oĂč on parle d’innovation et de synergie. Mais en rĂ©alitĂ©, cela dĂ©bouche sur une standardisation de la recherche. Tout le monde essaie d’ĂȘtre dans les clous ».
      « Ce qui compte, c’est l’individu seul et plus l’esprit d’équipe. Or depuis le XVIIIe siĂšcle, la recherche, c’est d’abord une recherche d’équipe »

      Autre consĂ©quence : une individualisation de la recherche. « Ce qui compte, c’est l’individu seul et plus l’esprit d’équipe. Or depuis le XVIIIe siĂšcle, la recherche, c’est d’abord une recherche d’équipe » explique Pierre Ouzoulias. « Les grandes rĂ©ussites scientifiques sont faites de coopĂ©rations trĂšs larges, comme le GIEC, sur le climat » ajoute Christophe Voilliot.

      Reste Ă  savoir quand sortira le projet de loi. FrĂ©dĂ©ric Vidal Ă©voquait sur notre antenne « fin mars, dĂ©but avril ». Mais selon Pierre Ouzoulias, il ne verra peut-ĂȘtre jamais le jour. Entre la rĂ©forme des retraites et le budget 2021, Ă  l’automne, le calendrier n’est pas Ă©vident. Pour le sĂ©nateur communiste, ce ne sera pas pour autant une victoire : « Le gouvernement n’a pas besoin de cette loi pour mener une transformation nĂ©olibĂ©rale de l’universitĂ© » Ce mardi, devant les dĂ©putĂ©s, FrĂ©dĂ©rique Vidal parlait pourtant bien au futur. Sa loi « rĂ©armera notre pays et mettra la science au cƓur du dĂ©bat public ».

      https://www.publicsenat.fr/article/politique/precarite-financement-les-enseignants-chercheurs-mobilises-contre-la-fut

    • Liste des personnes qui ont signĂ© une lettre de #dĂ©mission_collective des responsabilitĂ©s :

      Contre la LPPR et l’état actuel de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche :
      démission collective de nos responsabilités administratives

      Madame la Ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la recherche et de l’innovation,

      Nous sommes enseignant·es, enseignant·es chercheur·es et chercheur·es : maĂźtres·ses de confĂ©rences, professeur·es d’universitĂ©, chargé·es de recherche ou directeur·rices de recherche. Nous tenons par ce courrier Ă  vous faire part de notre profonde indignation et de notre opposition rĂ©solue au projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) que vous portez.

      Si le projet de loi venait Ă  ĂȘtre adoptĂ©, il conduirait inĂ©vitablement Ă  une dĂ©gradation accrue des conditions d’enseignement et de recherche ainsi qu’à une amplification inacceptable de la prĂ©carisation, pourtant dĂ©jĂ  si rĂ©pandue dans l’enseignement supĂ©rieur et la recherche. Au-delĂ  de la modulation des services (sans l’accord des intĂ©ressé·es, sans plafond d’heures et sans paiement d’heures complĂ©mentaires), qui rĂ©duirait drastiquement le temps de recherche des universitaires, la remise en cause du statut mĂȘme d’enseignant·e-chercheur·e (systĂšme de « tenure tracks », « CDI de chantier » n’ayant de CDI que le nom, etc.) constitue une faute morale grave, particuliĂšrement Ă  l’encontre de nos collĂšgues les plus exposé·es Ă  la prĂ©caritĂ©. Pour ces dernier·es, la perspective d’obtenir un poste de titulaire s’amenuise dramatiquement. Nous, titulaires de l’ESR, nous sentons particuliĂšrement responsables vis-Ă -vis des doctorant·es et docteur·es sans poste qui se consacrent Ă  des Ă©tudes longues et exigeantes, prennent au sĂ©rieux la qualitĂ© de la recherche et la dimension Ă©mancipatrice des savoirs. Elles et ils participent au dynamisme de la recherche et assurent une part consĂ©quente des enseignements dispensĂ©s dans le supĂ©rieur. En ce sens, elles et ils fournissent, dans des conditions difficiles, un travail (parfois) gratuit ou (souvent) mal rĂ©munĂ©rĂ© sans lequel l’UniversitĂ© cesserait de fonctionner. Nous refusons de nous rĂ©signer Ă  nous faire gestionnaires de la prĂ©caritĂ© et demandons Ă  votre gouvernement de rĂ©pondre Ă  l’urgence de la situation en crĂ©ant des postes de titulaires.

      Nous alertons Ă©galement sur les dangers que constitue le dĂ©veloppement de la recherche sur projets flĂ©chĂ©s au dĂ©triment de financements pĂ©rennes, pourtant seuls Ă  mĂȘme de garantir l’autonomie de la recherche, d’accompagner la recherche fondamentale et de permettre des expĂ©rimentations indispensables Ă  l’émergence de savoirs nouveaux. Nous rappelons que l’histoire devrait nous inciter Ă  la plus grande prudence face aux prĂ©tentions Ă  mettre la main sur le pilotage de la production des savoirs. La course aux brevets et Ă  la propriĂ©tĂ© intellectuelle, ainsi que le dĂ©veloppement de financement sur fonds privĂ©s sont antinomiques avec une recherche au service de l’intĂ©rĂȘt public et du bien commun. Nous nous Ă©levons contre l’esprit inĂ©galitaire et « darwinien » de la LPPR qui renforce la mise en concurrence gĂ©nĂ©ralisĂ©e des Ă©tablissements, des unitĂ©s de recherche, des disciplines et des personnels, alors mĂȘme que nous savons Ă  quel point celle-ci est contre-productive en termes de crĂ©ation de savoirs, rĂ©duisant le partage et la coopĂ©ration et accroissant considĂ©rablement les risques de fraudes et les dĂ©rives Ă©thiques.

      La rĂ©duction de la part des financements pĂ©rennes est allĂ©e de pair avec un accroissement de la logique Ă©valuatrice. La recherche de financements dans laquelle nous a prĂ©cipitĂ© cette politique scientifique dĂ©plorable affecte profondĂ©ment les missions de recherche et d’enseignement, qui sont pourtant le cƓur de notre mĂ©tier. Combien de temps perdu Ă  rĂ©pondre aux appels Ă  projet, Ă  monter des dossiers en s’adaptant aux critĂšres de tel ou tel organe de financement, et Ă  Ă©valuer nous-mĂȘmes la conformitĂ© des projets dĂ©posĂ©s par nos collĂšgues ou futurs collĂšgues Ă  ces critĂšres souvent arbitraires qui relĂšvent d’une logique externe Ă  celle du champ scientifique. Ces activitĂ©s se font au dĂ©triment du temps et de l’attention que nous devrions consacrer Ă  former et encadrer nos Ă©tudiant·es, Ă  mener et diffuser nos recherches et Ă  faire vivre la communautĂ© scientifique.

      Nous sommes attaché·es Ă  l’idĂ©al de la science ouverte et au principe de libertĂ© acadĂ©mique, inhĂ©rente Ă  la fonction de chercheur·e. C’est le sens mĂȘme des mobilisations en cours dans l’ESR. De nombreuses propositions ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© faites, et continuent de l’ĂȘtre, pour inventer un autre modĂšle de gouvernance de la recherche : par exemple par la « Coordination nationale des facs et des labos en lutte », qui a poursuivi cet important travail lors d’une rĂ©union nationale les 1er et 2 fĂ©vrier 2020. Nous constatons que vos rapports n’en tiennent aucunement compte : l’absence d’écoute de votre MinistĂšre vis-Ă -vis de nos revendications lĂ©gitimes est proprement sidĂ©rante.

      L’état actuel de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche rend impossible la poursuite de nos missions et activitĂ©s ordinaires. Il est impensable de faire comme si de rien n’était en participant au fonctionnement habituel de l’UniversitĂ© et des institutions de recherche. C’est pourquoi, en tant que :

      membre des commissions d’évaluation de l’HcĂ©res, membres des conseils centraux d’universitĂ©s (CAC, CA, CFVU, CR), directeur·trices d’écoles doctorales, directeur·trices de laboratoires (UP ou UMR), directeur·trices d’UFR, responsables de mentions, de parcours ou de spĂ©cialitĂ©s de Licence et de Master, prĂ©sident·es de jury de diplĂŽme, membres de conseils d’UFR et de conseils de laboratoire, responsables de commissions pĂ©dagogiques, des relations internationales, des Ă©quivalences, des mineures externes, des stages, membres de conseils de perfectionnement, etc.

      nous dĂ©cidons collectivement de dĂ©missionner de nos fonctions et mandats de responsabilitĂ©s administratives si nous n’obtenons pas le retrait du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche ou que vous optez pour un passage en force Ă  travers des cavaliers lĂ©gislatifs ou des dĂ©crets.

      Aucun programme d’excellence ne pourra prospĂ©rer sur les ruines de l’UniversitĂ©.

      Veuillez croire, madame la Ministre, à notre attachement véritable au service public et à ses valeurs.

      https://framaforms.org/demission-collective-de-nos-responsabilites-administratives-esr-15808983

      J’en fait partie...

    • « La Loi de programmation pluriannuelle pour la recherche ne doit pas consacrer une seule forme d’excellence »

      Si une rĂ©flexion sur le financement de la recherche est nĂ©cessaire, la concentration de moyens sur certaines universitĂ©s risquerait d’appauvrir davantage les autres Ă©tablissements, estime la sociologue Christine Musselin dans une tribune au « Monde »

      Une loi de programmation pluriannuelle pour la recherche (LPPR) est forcĂ©ment une excellente nouvelle alors que les dĂ©penses dans ce domaine sont loin de l’objectif de 3 % du PIB. Mais fallait-il une loi pour la recherche et l’innovation plutĂŽt que pour l’enseignement supĂ©rieur et la recherche ?

      Certes, une rĂ©flexion sur le financement de la recherche est utile, et un des groupes de travail installĂ©s par la ministre, FrĂ©dĂ©rique Vidal, au printemps 2019, a Ă©tĂ© chargĂ© de la mener. Il a proposĂ© des mesures qui conforteraient les effets des trois prĂ©cĂ©dents PIA (Programmes d’investissements d’avenir) : renforcement de la diffĂ©renciation entre les universitĂ©s et entre les Ă©quipes ; concentration des moyens sur les Ă©tablissements les plus scientifiquement reconnus. La loi reprendrait donc le modĂšle de la « Grande universitĂ© de recherche ». Mais il ne concerne ni tous les Ă©tablissements ni toutes leurs missions !
      Prendre en compte la diversité des profils

      Une loi qui ne consacre qu’une forme « d’excellence » risque d’appauvrir un peu plus ceux et celles qui ne rentrent pas dans ce cadre et de rendre moins attractives les autres missions de l’universitĂ© – notamment celle d’enseignement –, pourtant tout aussi indispensables.
      Le ministĂšre rĂ©pondra que le dialogue de gestion qu’il veut instaurer avec chaque Ă©tablissement permettra de pallier ce manque. Mais quels budgets significatifs pourront y ĂȘtre consacrĂ©s une fois la LPPR financĂ©e ? Comment ce dialogue de gestion, trĂšs cadrĂ©, pourrait-il prendre en considĂ©ration la diversitĂ© des profils ? Seuls des contrats pluriannuels globaux le permettraient.

      Le second enjeu est celui de la gestion des personnels scientifiques. La question Ă©tait posĂ©e Ă  un autre groupe de travail. Parmi les propositions, celle de la revalorisation des rĂ©munĂ©rations semble acquise, ne serait-ce que pour amortir la possible rĂ©forme des retraites. EspĂ©rons toutefois que les propositions iront au-delĂ  et qu’elles permettront, enfin, d’atteindre des niveaux de salaires proches de ceux de nos voisins europĂ©ens. D’autres mesures avancĂ©es par ce groupe sont urgentes : revalorisation du doctorat, allongement de la durĂ©e des contrats doctoraux, amĂ©lioration des conditions d’entrĂ©e dans la carriĂšre
 Mais certaines sont inquiĂ©tantes et leur juxtaposition problĂ©matique.

      Un « CDI de plusieurs annĂ©es », et aprĂšs ?

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/10/la-loi-de-programmation-pluriannuelle-pour-la-recherche-ne-doit-pas-consacre
      #paywall

    • Loi de programmation pluriannuelle de la recherche : « Une rĂ©forme nĂ©olibĂ©rale contre la #science et les #femmes »

      Un collectif de chercheuses et d’universitaires spĂ©cialistes du genre dĂ©nonce, dans une tribune au « Monde », la loi de programmation pluriannuelle de la recherche, car elle accroĂźtra les inĂ©galitĂ©s au sein de la science française en concentrant les ressources dans les mains de quelques-uns.

      Depuis quelques semaines, les protestations grondent dans le monde universitaire contre le projet gouvernemental annoncĂ© d’une loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Cette rĂ©forme, inscrite dans le sillage de politiques nĂ©olibĂ©rales engagĂ©es au milieu des annĂ©es 2000, prĂ©voit de diminuer encore davantage le nombre d’emplois publics stables au profit d’emplois prĂ©caires, de concentrer les moyens sur une minoritĂ© d’établissements, de subordonner la production scientifique Ă  des prioritĂ©s politiques de courte vue, d’accroĂźtre les inĂ©galitĂ©s de rĂ©munĂ©ration et de soumettre les universitaires et chercheurs Ă  une Ă©valuation gestionnaire plutĂŽt qu’à celle de leurs pairs.

      On connaĂźt les effets dĂ©lĂ©tĂšres que ces politiques vont continuer d’engendrer sur la diversitĂ©, l’originalitĂ© et l’excellence des savoirs produits, sur la qualitĂ© de la formation dispensĂ©e aux jeunes gĂ©nĂ©rations et, in fine, sur la capacitĂ© de la France Ă  rĂ©pondre Ă  de grands dĂ©fis de sociĂ©tĂ©, comme l’urgence environnementale, les problĂšmes de santĂ© publique, ou encore la montĂ©e des rĂ©gimes autoritaires.

      « #Gestionnarisation » Ă  outrance de l’universitĂ©

      Les technocrates qui font ces rĂ©formes, coupĂ©s de nos mĂ©tiers, ne voient pas que la « gestionnarisation » Ă  outrance de l’universitĂ©, comme celle de l’hĂŽpital, est « contre-performante », pour reprendre leurs termes. Mais ces projets contiennent une autre menace, plus rarement dĂ©noncĂ©e : ils vont accroĂźtre les inĂ©galitĂ©s liĂ©es Ă  la classe, Ă  l’assignation ethnoraciale, Ă  la nationalitĂ©, au handicap, Ă  l’ñge, ainsi que les inĂ©galitĂ©s entre les femmes et les hommes.

      Le monde acadĂ©mique, qui fut jusqu’aux annĂ©es 1970 un bastion masculin, ne diffĂšre pas d’autres univers de travail : les hommes y occupent la plupart des positions dominantes. Alors que les femmes reprĂ©sentent 44 % des docteurs, elles sont 45 % des maĂźtres de confĂ©rences mais 25 % des professeurs des universitĂ©s.

      ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/10/loi-de-programmation-pluriannuelle-de-la-recherche-une-reforme-neoliberale-c

    • « A l’universitĂ©, la destruction des collectifs de travail est Ă  l’Ɠuvre »

      Des chercheurs et des enseignants-chercheurs, membres du collectif Sauvons l’universitĂ©, estiment, dans une tribune au « Monde », que la rĂ©forme annoncĂ©e pour la recherche affaiblira encore davantage le service public, Ă  l’image de ce qui s’est fait pour l’hĂŽpital.

      L’hĂŽpital public est en crise absolue, le grand public en a dĂ©sormais pleinement conscience. Ce qu’il sait moins, c’est que la recherche et l’enseignement supĂ©rieur le sont aussi. Si leurs « usagers » ne sont pas dans la mĂȘme urgence vitale que les malades des hĂŽpitaux – encore que la pauvretĂ© d’un jeune Ă©tudiant lyonnais l’ait poussĂ© Ă  s’immoler par le feu le 8 novembre –, leur formation intellectuelle est plus que jamais en pĂ©ril, leur avenir professionnel plus que jamais compromis. Si la dĂ©tĂ©rioration des conditions d’exercice des personnels de la recherche et de l’enseignement supĂ©rieur reste sans comparaison possible avec celle des hospitaliers, c’est la mĂȘme destruction du service public qui est Ă  l’Ɠuvre ici et lĂ .

      Comme Ă  l’hĂŽpital, les professionnels de l’enseignement supĂ©rieur travaillent dĂ©sormais au sein d’une institution totalement dĂ©sorganisĂ©e, Ă©puisĂ©e par quinze annĂ©es de rĂ©formes successives. RĂ©pondant Ă  l’injonction de se hisser dans des classements internationaux aux critĂšres absurdes, des laboratoires d’excellence, des Ă©quipements d’excellence, des formations d’excellence ont surgi dans le paysage universitaire. Tel un rat de laboratoire, le chercheur erre dans un labyrinthe de guichets Ă  la recherche de financements. Il rĂ©dige des projets, des rapports de projets en cours, des Ă©valuations de projets, des bilans de projets. Il recommence quand il a terminĂ©. VissĂ© derriĂšre son ordinateur, sur lequel il cherche dans quelle fenĂȘtre « innovante » il pourrait s’inscrire, il rĂ©duit de jour en jour le temps consacrĂ© Ă  la recherche et Ă  ses Ă©tudiants.

      Comme Ă  l’hĂŽpital oĂč, Ă  cĂŽtĂ© de plateaux techniques coĂ»teux, on manque de simples compresses, ces nouvelles structures concentrent l’essentiel des moyens financiers, au dĂ©triment de la plupart des unitĂ©s de recherche et d’enseignement dont les dotations ont diminuĂ©, dont les locaux sont dĂ©labrĂ©s, dont les fournitures les plus Ă©lĂ©mentaires se tarissent. Comme Ă  l’hĂŽpital, la destruction des collectifs de travail est Ă  l’Ɠuvre dans la mise en concurrence gĂ©nĂ©ralisĂ©e des personnes et des Ă©quipes, dans la course au projet innovant, dans une rĂ©organisation institutionnelle incessante.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/10/a-l-universite-la-destruction-des-collectifs-de-travail-est-a-l-uvre_6029014

    • Il faut dĂ©fendre le Conseil national des universitĂ©s

      Nombreux sont ceux qui aujourd’hui regardent le #Conseil_national_des_universitĂ©s comme un organe obsolĂšte. Ils ajoutent que sa suppression serait toutefois vĂ©cue par les enseignants comme une « hĂ©rĂ©sie ». Le choix des mots n’est pas anodin : dĂ©fendre le #CNU n’est pas ĂȘtre un censeur orthodoxe, rĂ©affirmant une foi doctrinale qui se passerait d’arguments – en voici quelques-uns, qui ne sont pas des moindres.

      https://aoc.media/opinion/2020/02/11/il-faut-defendre-conseil-national-des-universites

    • La ministre de la recherche FrĂ©dĂ©rique Vidal reçue sous les huĂ©es de chercheurs du CNRS de Grenoble

      FrĂ©dĂ©rique Vidal, ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation, Ă©tait au CNRS de Grenoble ce jeudi 13 fĂ©vrier. L’objet de sa visite ? Un temps d’échange avec des directeurs de laboratoires dans le cadre de la prĂ©paration de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche. La ministre a essuyĂ© les huĂ©es d’un comitĂ© d’accueil rĂ©fractaire aux futures dispositions de ladite loi, ainsi qu’au projet de rĂ©forme des retraites.

      C’est sous les huĂ©es d’un groupe d’une cinquantaine de chercheurs que FrĂ©dĂ©rique Vidal, ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche et de l’Innovation est arrivĂ©e au CNRS de Grenoble, ce jeudi 13 fĂ©vrier. L’objet de cette visite, annoncĂ©e au dernier moment et placĂ©e sous haute protection policiĂšre ? Un temps d’échange avec des directeurs de laboratoires et des chercheurs, dans le cadre de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) initiĂ©e il y a tout juste un an.

      Un dispositif encore en cours d’élaboration mais qui suscite nombre d’inquiĂ©tudes dans les rangs des chercheurs et syndicats FO, Sud et FSU du CNRS. Que lui reprochent-ils entre autres griefs ? Notamment « de mettre la recherche au service du fric » et de crĂ©er les conditions d’une mise en concurrence des chercheurs « en ne gardant que les meilleurs ». Et, en filigrane, un autre projet gouvernemental, celui de la rĂ©forme des retraites dont ils rĂ©clament en bloc le retrait.

      La LPPR « creuse la tombe de la recherche publique en France » selon les syndicats

      « La LPPR c’est une loi contre la recherche qui va dans le sens des prĂ©cĂ©dentes lois », affirme Pierre Giroux, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du SNTRS CGT. Son constat ? « Les personnels sont de plus en plus isolĂ©s. Il n’y a plus de travail d’équipe et nous sommes obligĂ©s de faire des demandes de contrats pour faire avancer nos recherches », dĂ©plore le syndicaliste.

      Le texte en prĂ©paration « creuse la tombe de la recherche publique en France », selon ce dernier, qui concĂšde toutefois ne pas en connaĂźtre tous les dĂ©tails. « Nous nous prononçons contre cette loi. Et demandons l’ouverture de nĂ©gociations pour qu’une autre loi et un autre financement de la recherche soient possibles », appuie Pierre Giroux.

      MĂȘmes Ă©chos nĂ©gatifs de la part de Benjamin TrocmĂ©, directeur de recherche au CNRS et conseiller dĂ©partemental. Ce dernier brocarde « une ministre qui arrive en catimini et sans vraiment rencontrer les personnels ». Lui aussi reconnaĂźt ne pas exactement savoir Ă  quelle sauce les chercheurs vont ĂȘtre mangĂ©s.

      « Des rumeurs commencent Ă  circuler. Il y a toute une philosophie tendant Ă  mettre les labos en compĂ©tition », s’inquiĂšte-t-il. « Jusqu’à prĂ©sent, la recherche ça a toujours Ă©tĂ© de la coopĂ©ration et de l’émulation. Cette loi est incompatible avec le principe mĂȘme de la recherche », tranche Benjamin TrocmĂ©.

      Les manifestants ont refusé de dialoguer avec Frédérique Vidal

      Cette rĂ©action Ă©pidermique, tant sur la LPPR que sur les retraites, n’a pas manquĂ© d’étonner Émilie Chalas, dĂ©putĂ©e de la conscription sur laquelle se situe le CNRS. « C’est surprenant parce que les textes sont toujours en cours de discussion Ă  l’AssemblĂ©e nationale. [
] On sent bien lĂ  une instrumentalisation politique des inquiĂ©tudes », juge-t-elle. « FrĂ©dĂ©rique Vidal est une ministre qui a le contact plutĂŽt facile. Peut-ĂȘtre s’arrĂȘtera-t-elle pour Ă©changer avec les manifestants ? », a-t-elle envisagĂ©.

      Mais non. Les manifestants ont catĂ©goriquement refusĂ© le dialogue, pourtant proposĂ© par le directeur de cabinet du prĂ©fet de l’IsĂšre. En cause ? La prĂ©sence d’un contingent de gendarmes mobiles ayant pris position dans l’enceinte du CNRS et qui les avaient prĂ©venus qu’ils feraient usage de la force s’ils ne se dĂ©plaçaient pas au-delĂ  d’une ligne imaginaire.

      « En quarante ans de prĂ©sence, on n’a jamais vu ça au CNRS ! », s’indignent des chercheurs, remontĂ©s comme des coucous. Mais ce n’est pas tout. Un peu plus tĂŽt, bien qu’ils soient en possession d’une invitation officielle, plusieurs enseignants et syndicalistes de l’UniversitĂ© Grenoble-Alpes (UGA) n’avaient pas pu pĂ©nĂ©trer sur le site.

      « Il y avait clairement une volontĂ© de ne pas nous faire rentrer », estime Nicolas Sieffert, enseignant-chercheur au DĂ©partement de la licence sciences et technologies (DLST). « Nous sommes juste des chercheurs. Il n’y avait aucune volontĂ© de bloquer, sinon celle de protester », plaide-t-il.

      « Cette loi va nous donner la trajectoire des investissements dans la recherche »

      « Cette loi de programmation est une loi budgĂ©taire qui va nous donner la trajectoire des investissements dans la recherche sur les sept Ă  dix prochaines annĂ©es », explique, quant Ă  elle, FrĂ©dĂ©rique Vidal. Le challenge ? Trouver comment utiliser au mieux cet argent « qui viendra en plus de ce qui est fait actuellement » pour rĂ©pondre Ă  trois questions fondamentales. À savoir : « rendre la recherche attractive, continuer Ă  faire de la France un grand pays de recherche, et mieux articuler les recherches fondamentales publiques et privĂ©es », Ă©numĂšre la ministre.

      « La loi sera une loi budgĂ©taire mais il faudra ensuite la dĂ©cliner en circulaires ou rĂšglements. S’il y a quelques modifications Ă  y apporter, il faudra le faire dans les semaines qui viennent », prĂ©cise FrĂ©dĂ©rique Vidal. « C’est tout l’objet des rencontres d’aujourd’hui », a-t-elle expliquĂ©.

      Pour autant, si l’on en croit la fraĂźcheur du comitĂ© d’accueil, la pilule risque bien de ne pas passer aussi facilement.

      FrĂ©dĂ©rique Vidal dĂ©clare entendre les inquiĂ©tudes des chercheurs. Cependant, et sans surprise, la ministre n’en dĂ©fend pas moins pied Ă  pied la future loi, en vantant une initiative gouvernementale inĂ©dite.

    • Interpellation du PrĂ©sident #Michel_Deneken par l’AG des personnels de l’#UniversitĂ©_de_Strasbourg

      Lors de la prĂ©sentation Ă  la presse du projet Cap 2030 de notre universitĂ©, vous avez prononcĂ© cette phrase, rapportĂ©e par les DNA (https://www.dna.fr/edition-strasbourg/2020/02/13/une-vision-commune-et-des-priorites-a-l-horizon-2030) ce 13 fĂ©vrier dans un article intitulĂ© « Une vision commune et des prioritĂ©s Ă  l’horizon 2030 » :

      "Nous sommes une #entreprise qui a du mal Ă  ĂȘtre heureuse d’avoir plus de #clients".

      En tant qu’universitaire, vous connaissez la valeur des mots. Ces mots ne sont pas les nîtres.

      Non, Monsieur le PrĂ©sident, nous ne sommes pas une « entreprise », mais un Service public.

      Les Ă©tudiants ne sont pas des « clients » : nous leur offrons une formation publique, des savoirs publics et une recherche publique. Nous vous prions instamment de dĂ©fendre les valeurs de la Fonction publique de l’Enseignement SupĂ©rieur et de la Recherche, et non celles du secteur privĂ©, auquel nous n’appartenons pas et auquel nous ne voulons en aucun cas
      appartenir.

      L’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des personnels de l’UniversitĂ© rĂ©sistante de Strasbourg.

      #Deneken

      –-----

      L’article paru dans le journal DNA (DerniĂšres Nouvelles d’Alsace) :

      UniversitĂ© de Strasbourg : une vision commune et des prioritĂ©s Ă  l’horizon 2030

      L’Unistra a Ă©laborĂ© un document d’orientation stratĂ©gique afin de dĂ©finir ses prioritĂ©s d’ici 2030. Avec l’objectif de dĂ©terminer des grands axes d’actions pour l’enseignement supĂ©rieur et la recherche mais aussi de rĂ©pondre Ă  court terme aux prĂ©occupations actuelles.

      ‱ Cap 2030 : plus de 600 propositions

      « Autrefois les stratĂ©gies des universitĂ©s Ă©taient dĂ©cidĂ©es par les ministĂšres. Nous nous sommes emparĂ©s des marges d’autonomie. Nous avons le devoir de donner une perspective, une stratĂ©gie Ă  notre universitĂ©. L’immĂ©diat ne doit pas nous faire oublier de tracer un cap », explique Michel Deneken, prĂ©sident de l’Unistra. Avant de poser cette question : « Quels sont les grands dĂ©fis, dans les 10 ans, qui peuvent nous mobiliser ? »

      Pour y rĂ©pondre, l’universitĂ© avait lancĂ©, l’an dernier, auprĂšs des plus de 60 000 membres de sa communautĂ© – composĂ©e de 52 000 Ă©tudiants, plus de 5 500 enseignants, enseignants-chercheurs et personnels, et plus de 4 500 intervenants professionnels extĂ©rieurs – une consultation inĂ©dite nommĂ©e Cap 2030.

      Plus de 6 000 rĂ©ponses ont Ă©tĂ© apportĂ©es et prĂšs de 620 propositions ont Ă©tĂ© faites, « dont 30 % sont dĂ©jĂ  mises en Ɠuvre », note Christelle Roy, vice-prĂ©sidente chargĂ©e des StratĂ©gies et dĂ©veloppements. Avec deux prĂ©occupations majeures : la qualitĂ© de vie et le dĂ©veloppement durable.

      ‱ Un document de rĂ©fĂ©rence

      L’idĂ©e de l’Unistra de dĂ©finir sa vision et ses grandes prioritĂ©s Ă  l’horizon 2030 remonte Ă  la fin 2018.

      La consultation de sa communautĂ© avait Ă©tĂ© organisĂ©e en mars et avril 2019, l’annĂ©e de ses 10 ans d’existence (depuis la rĂ©unification).

      Le document d’orientation stratĂ©gique a Ă©tĂ© adoptĂ©, le 28 janvier 2020, par le congrĂšs de l’universitĂ©. Ce document de cinq pages n’est pas un document dĂ©cisionnel, ne prĂ©voit pas de financements particuliers, mais constitue un document de rĂ©fĂ©rence, explique Christelle Roy.

      Chaque composante, chaque unitĂ© de recherche, chaque service, chaque personne pourra s’en saisir, pour s’en inspirer, Ă©laborer ou participer Ă  des projets, formuler de nouvelles actions concrĂštes. Il servira Ă©galement de document d’appui pour consolider des grands appels Ă  projets nationaux ou europĂ©ens. Prochaine Ă©tape, la rĂ©alisation en mars d’un livret de rĂ©fĂ©rence qui permet « d’acter et de partager une vision commune ».

      ‱ « Quel est notre ADN ? »

      Ce travail de prospective « nous a permis de prendre la mesure de ce que nous sommes », remarque Michel Deneken. « Il existe 80 universitĂ©s en France, chacune est insĂ©rĂ©e dans un territoire et tributaire d’une histoire diffĂ©rente. Quel est notre ADN ? Qui sommes-nous dans le paysage français et europĂ©en ? Nous sommes une grande universitĂ© de recherche. Nous sommes insĂ©rĂ©s dans Eucor et labellisĂ©s europĂ©enne avec Epicur. Comme le fait le CNRS, cette diffĂ©renciation nous permet de mettre les moyens lĂ  oĂč la diffĂ©rence est la plus grande. »

      ‱ Une vision rĂ©aliste

      Plusieurs propositions pourront ĂȘtre rapidement mises en Ɠuvre, notamment pour amĂ©liorer le dĂ©veloppement durable, une demande qualifiĂ©e de « lame de fond » par Michel Deneken.

      Le document d’orientation propose « une vision rĂ©aliste », dans un contexte oĂč
      « nous avons du mal Ă  ĂȘtre financĂ©s de maniĂšre pĂ©renne », remarque le prĂ©sident de l’Unistra. « Nous sommes une entreprise qui a du mal Ă  ĂȘtre heureuse d’avoir plus de clients. Nous n’avons pas le droit d’augmenter le nombre de m2, pas de crĂ©ation d’emplois depuis plusieurs annĂ©es. Nous avons plus d’étudiants et moins de professeurs. À un moment... » Puis de finir sur une bonne note : « Nous sommes victimes de notre attractivitĂ©. »

      https://www.dna.fr/edition-strasbourg/2020/02/13/une-vision-commune-et-des-priorites-a-l-horizon-2030

    • Pourquoi je dĂ©missionne de toutes mes fonctions (administratives) Ă  l’universitĂ© de Nantes.

      Ne pas cĂ©der sur son dĂ©sir. Depuis 7 ans je suis responsable pĂ©dagogique et administratif d’une licence professionnelle en Community Management. Je l’étais. Car Ă  compter d’aujourd’hui, je dĂ©missionne. Rien ne permet d’indiquer aujourd’hui si celle licence pourra ouvrir l’annĂ©e prochaine. Il faudra assurer son recrutement, le suivi des inscriptions et des nĂ©gociations estivales d’étudiants en recherche de contrats ou simplement en demande d’information. Il faudra aussi recruter de nouveaux vacataires. Il faudra faire les emplois du temps en jonglant avec d’innombrables contraintes. Je ne le ferai pas. Je dĂ©missionne. Je dĂ©missionne de toutes mes fonctions administratives.

      En 7 ans, je pense avoir explorĂ© toutes les principales failles d’une universitĂ© qui achĂšve de se renier dans chacune de ses valeurs fondamentales et qui ne tient plus que par la curiositĂ© et l’envie de ses Ă©tudiants et le dĂ©vouement, hĂ©las souvent mortifĂšre, d’une partie de son personnel enseignant, technique et administratif.

      Quand j’ai voulu monter cette licence professionnelle je suis passĂ© par toutes les phases au mieux ubuesques et au pire kafkaĂŻennes. On m’a fait remplir d’innombrables dossiers et formulaires sans cesse recommencĂ©s, qui n’avaient aucun autre sens que celui de m’habituer Ă  vivre dans un monde oĂč chaque dĂ©cision, chaque choix, chaque envie et chaque idĂ©e ne vaut que si elle peut ĂȘtre dĂ©clinĂ©e en autant de procĂ©dures cherchant l’épuisement de la (bonne) volontĂ©. J’ai avalĂ© toutes les couleuvres possibles, j’ai commencĂ©, dĂ©jĂ , Ă  m’asseoir sur un certain nombre de mes principes, parce que je pensais qu’il demeurerait une possibilitĂ© de les retrouver plus tard. Que ce renoncement n’était que provisoire. J’avais tort. Je vous avais racontĂ© tout cela ici.

      Pendant des annĂ©es, j’ai du dĂ©fendre une formation qui n’était jamais « assez rentable » au regard d’autres formations, en tout cas pour certains collĂšgues et responsables de site, de pĂŽle ou de toute autre entitĂ© managĂ©riale superfĂ©tatoire. Pendant des annĂ©es Ă  l’échelle globale de l’universitĂ© comme Ă  celle de chacune de ses composantes, des formations ont Ă©tĂ© « mises en concurrence », non sur le plan pĂ©dagogique mais uniquement sur des paramĂštres et des critĂšres financiers. Cette folie a conduit Ă  d’innombrables tensions entre collĂšgues, jusqu’à l’annĂ©e derniĂšre et cette scĂšne surrĂ©aliste oĂč le directeur de ma composante m’a demandĂ©, sous peine de fermer la formation, de m’engager personnellement Ă  trouver 5 ou 6 contrats. On nageait dĂ©jĂ  en plein dĂ©lire. Je vous avais racontĂ© tout cela ici (sautez directement au passage « Mes chers collĂšgues, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-ĂȘtre ... »).

      Et puis il y a eu, cette rentrĂ©e Ă  l’universitĂ© de Nantes, l’affaire du trop-perçu des vacataires. Une erreur initiale de la direction des finances publiques, et quelques strates logicielles et administratives plus tard, des vacataires sommĂ©s de rembourser des sommes allant de quelques dizaines et plus d’un millier d’euros. Des vacataires qui reprĂ©sentent, rappelons-le prĂšs de 30% des heures d’enseignement dans les universitĂ©s françaises. A l’universitĂ© de Nantes, comme en atteste l’extrait du bilan social ci-dessous, ces vacataires assurent 127 000 heures d’enseignement. Pour vous donner un point de comparaison relatif, une formation de licence professionnelle c’est 450 heures d’enseignement en moyenne. Je vous laisse faire le produit en croix.

      Vacataires que l’on a donc, matĂ©riellement et symboliquement, traitĂ© comme du bĂ©tail. Depuis le mois de Septembre, nombre d’entre eux ont dĂ©missionnĂ©, mettant en pĂ©ril l’existence mĂȘme de certaines formations. Nombre d’entre eux sont Ă©galement restĂ©s. Parce qu’ils n’avaient pas le choix (financier). Parce qu’ils Ă©taient sincĂšrement attachĂ©s aux Ă©tudiants et aux formations. Et aussi parce que la possibilitĂ© de faire figurer « enseignant Ă  l’universitĂ© » sur son CV reste une reconnaissance symbolique importante. La licence dont je m’occupe emploie chaque annĂ©e une quinzaine de vacataires intervenant pour deux ou trois heures et parfois pour assurer des enseignements complets autour d’une quarantaine d’heures. A ces gens-lĂ  on a envoyĂ© diffĂ©rents courriers les sommant de payer sans mĂȘme leur offrir la possibilitĂ© d’étalonner les paiements. Et sans que je ne sois, comme responsable de formation, jamais informĂ© ni des sommes en jeu ni mĂȘme de la nature desdits courriers. Puis devant le tollĂ© du premier courrier tant la forme Ă©tait violente, mĂ©prisante et humiliante, un courrier « d’excuse » fut envoyĂ© aux mĂȘmes pour dĂ©plorer la violence formelle du premier. Et puis ... et puis tout Ă  continuĂ©. Les relances incessantes dont celles en guise de voeu de bonne annĂ©e. Les demandes d’étalement pour lesquelles on vous somme de produire un dossier digne des services sociaux de l’Angleterre Thatcherienne. Vous sollicitez une exonĂ©ration ou un Ă©talement et vous avez dĂ©jĂ  rempli 2 dossiers diffĂ©rents ? Merci de nous envoyer « un Ă©tat de vos ressources actuelles selon votre situation familiale, un Ă©tat de vos dĂ©penses (loyer, Ă©lectricitĂ©, tĂ©lĂ©phone, taxe habitation, impĂŽts sur le revenu, crĂ©dit), les justificatifs d’une situation de difficultĂ© financiĂšre importante (incident bancaire...). » Tout cela est bien sĂ»r authentique.

      C’était lĂ  ma limite. La plupart de ces gens, de ces « vacataires », je les connais depuis plus de 10 ans. Pour nombre d’entre eux c’est moi qui les ai « recrutĂ©s » ou plus exactement « embarquĂ©s » dans cette histoire. Ils viennent pour une paie de misĂšre. Ils n’ont mĂȘme pas le droit d’ĂȘtre dĂ©frayĂ©s parce que l’universitĂ© ne le permet pas. Alors bien sĂ»r on triche. On fait des faux. Oui. Des faux. Dix ans que je fais des faux. Je rajoute ici ou lĂ  des fausses heures de cours parce que j’ai honte de ne pas pouvoir faire autrement pour pouvoir au moins dĂ©frayer un petit peu les vacataires qui sont Ă  nos cĂŽtĂ©s et devant nos Ă©tudiants. Chaque annĂ©e je « pose » les emplois du temps de ces vacataires. On finit par pĂ©nĂ©trer dans des zones d’intimitĂ©. Pas de cours le mercredi parce qu’il est divorcĂ© et a la garde de ses enfants. Pas de cours pour elle les semaines impaires, pour la mĂȘme raison. Que des cours le vendredi aprĂšs-midi en Janvier parce qu’il en profite pour visiter des clients dans le coin le vendredi matin. Pour elle, pas de cours le lundi matin de Septembre Ă  DĂ©cembre parce qu’elle suit un traitement mĂ©dical un peu « lourd ». Et tout le reste. La famille. Les enfants. Les loisirs. Les opinions politiques. Depuis 10 ans. 10 ans qu’on les connaĂźt ces vacataires. Qu’on prend le cafĂ© avec eux. Elle c’est sans sucre. Et lui c’est plutĂŽt du thĂ©. Il y en a qu’on accueille Ă  la maison pour leur Ă©viter de payer l’hĂŽtel. Car certains viennent de loin. Il y en a qui nous amĂšnent des chocolats Ă  NoĂ«l. Il y en a qui prennent nos Ă©tudiants en stage. Ou en contrat. Il y en a qui versent chaque annĂ©e de la taxe d’apprentissage Ă  nos formations. A l’universitĂ© de Nantes. Celle-lĂ  mĂȘme qui leur rĂ©clame ce « trop-perçu ». Il y en a tellement. Qui passent. Qui restent. Qui reviennent. Certains sont devenus des copains. Le resteront quoi qu’il arrive.

      Dans l’affaire du trop-perçu des vacataires j’ai averti et alertĂ© tous les services centraux de l’universitĂ©. PrĂ©sidence, DGS, DRH, directions concernĂ©es de l’IUT. J’ai arrosĂ© large. Je n’ai pas du ĂȘtre le seul. J’ai demandĂ© et j’ai expliquĂ©. J’ai dit que nous ne pourrions pas supporter ces dĂ©missions. J’ai dit que des formations allaient ĂȘtre en (grand) danger. J’ai dit que sur le fond comme sur la forme rien de ce qui Ă©tait fait n’était ni normal, ni digne, ni respectueux. J’ai mĂȘme proposĂ© un protocole pour en sortir. Un « tuto » de sortie de crise. Qui consistait par exemple Ă  prioriser avec les responsables de formation, les sommes Ă  recouvrer dans l’immĂ©diat, celles Ă  recouvrer plus tard, et enfin un volet de cas particuliers pour lesquels une exonĂ©ration partielle ou totale, immĂ©diate ou diffĂ©rĂ©e, Ă©tait Ă  la fois envisageable et justifiĂ©e, soit au regard de la situation des personnes, soit au regard des exigences et nĂ©cessitĂ©s de service des formations. Mais rien. Nombre de vacataires ayant finalement payĂ©, nombre d’entre eux ayant Ă©galement dĂ©missionnĂ©, et Ă©tant toujours en contact Ă©troit avec chacun d’entre eux, j’ai fini par demander une exonĂ©ration totale des sommes qu’il restait Ă  payer pour 4 d’entre eux. Il y avait Ă  chaque fois une bonne raison : l’entreprise de l’un nous versait rĂ©guliĂšrement de la taxe d’apprentissage, une autre s’était tapĂ©e le trajet Bordeaux - La Roche sur Yon 4 fois par an pendant 7 ans, et un autre traversait un moment personnel compliquĂ©. C’était bien sĂ»r inĂ©quitable. Mais dans un systĂšme Ă  ce point dysfonctionnel il ne peut plus y avoir de point d’équilibre ou d’équitĂ©, seulement des points de rupture. Et j’ai mis ma dĂ©mission dans la balance.

      Pendant que l’universitĂ© continuait de rĂ©clamer quelques centaines d’euros « d’argent public » Ă  de rĂ©calcitrants vacataires, le prĂ©sident sortant de l’universitĂ©, Olivier Laboux, nous livrait son « bilan de mandat », sur les pages web de l’universitĂ©, en version .pdf et ... avec un document imprimĂ© de 32 pages sur papier glacĂ© diffusĂ© Ă  ... je n’ose imaginer combien d’exemplaires. Avec cet argent Ă©galement public d’une impression tout Ă  fait inutile, combien de vacataires aurait-il Ă©tĂ© possible d’épargner et de soulager ? J’ai posĂ© cette question par mail au prĂ©sident. J’attends toujours sa rĂ©ponse.

      Parmi les gens auxquels j’ai Ă©crit, il y a quelques managers venus du privĂ© et il y a surtout beaucoup, beaucoup d’universitaires. Mais non. Rien. La seule rĂ©ponse que j’obtins fut celle du « je partage votre exaspĂ©ration » mais « il s’agit d’argent public » suivi d’un inĂ©narrable « mais on va apprendre de cet Ă©chec pour s’amĂ©liorer, pour allĂ©ger les procĂ©dures ». MalgrĂ© tout cela et depuis dĂ©sormais presque 6 mois que cette affaire a Ă©clatĂ©, jamais ces gens n’ont agi en universitaires. Pourtant beaucoup d’entre eux sont universitaires. Jamais ils n’ont pris de contact direct avec les responsables de formation. Jamais ils n’ont envisagĂ© de prendre en compte l’impact de leurs dĂ©cisions de recouvrement sur le contenu des formations. Jamais ils n’ont pris en compte l’aspect humain et la relation de sens qui unit l’immense majoritĂ© de ces « vacataires » Ă  l’universitĂ©. Tous ces gens n’ont Ă©tĂ© que comptables, et en plus de cela de mauvais comptables, tristement incapables d’une quelconque forme d’expertise. Je crois que c’est cela qui est le plus navrant. Que des universitaires puissent Ă  ce point ĂȘtre oublieux de ce qu’ils sont.
      Nous sommes devenus indignes de ce(ux) que nous représentons.

      Parce qu’il faut que les formations soient toujours plus « rentables », l’universitĂ© dĂ©ploie des trĂ©sors d’ingĂ©niositĂ© budgĂ©taire pour accompagner les Ă©tudiants dans la recherche de contrats (contrats pro ou contrat d’apprentissage) qui vont lui rapporter de l’argent, des « ressources propres » comme l’on dit dans la novlangue managĂ©riale. Et pourquoi pas.

      Mais Ă  l’heure oĂč la prĂ©caritĂ© Ă©tudiante (matĂ©rielle et psychologique) progresse, la mĂ©decine universitaire du 21Ăšme siĂšcle est indigente, les services sociaux sur les campus sont soit inexistants soit totalement saturĂ©s, et - expĂ©rience vĂ©cue - quand nous sommes confrontĂ©s Ă  des cas extrĂȘmement difficiles de harcĂšlement sur un lieu de stage les services juridiques sont absents, surchargĂ©s ou se dĂ©clarent eux-mĂȘmes incompĂ©tents et d’autres services (la DEVU en l’occurence, merci Ă  eux d’ailleurs) font ... ce qu’ils peuvent. J’en suis arrivĂ©, cette annĂ©e, Ă  faire intervenir une inspectrice du travail Ă  la retraite pour sensibiliser les Ă©tudiants Ă  ces questions, intervention que je dois bien entendu payer « sur les crĂ©dits de ma formation », grĂące Ă  l’argent que me rapportent ... les contrats. Je n’ai mĂȘme pas cherchĂ© Ă  discuter quand on me l’a annoncĂ©. Pour ĂȘtre sincĂšre, sur le moment, cela m’a d’ailleurs presque paru ... normal. La formation est dĂ©sormais rentable. Je paie donc certains intervenants sur mes propres crĂ©dits. Tout cela est un non-sens absolu. Et occupe l’essentiel de nos agendas qui ne sont faits que de fausses urgences alimentĂ©es par d’imbĂ©ciles procĂ©dures nĂ©cessitant d’improbables et toujours plus complexes dossiers soumis Ă  d’alĂ©atoires et aveugles arbitrages budgĂ©taires.

      Je ne pense pas, en l’état actuel de la gestion des universitĂ©s françaises, qu’il soit encore possible de faire avancer les choses. En tout cas par des formes de nĂ©gociation qui postulent ou prĂ©supposent une acceptation de l’environnement managĂ©rial actuel de l’universitĂ©. MĂȘme les gens intelligents sont pris dans un environnement auto-rĂ©fĂ©rentiel qui les aveugle et les abrutit. Ils dansent comme des lapins dans des phares. Quand l’universitĂ© leur annonce qu’ils vont devenir des « prĂ©figurateurs de la vision » (lĂ  encore c’est authentique) ils trouvent ça normal et se prĂ©cipitent aux rĂ©unions pour en ĂȘtre. Quand le ministĂšre baptise « Bienvenue en France » un plan visant Ă  multiplier par 16 les frais d’inscription pour les Ă©tudiants Ă©trangers, ils trouvent ça cohĂ©rent. Eux-mĂȘmes, dans leur propre universitĂ©, font voter une baisse de 20% du budget des bibliothĂšques universitaires. De leur bibliothĂšque universitaire. Quand on les interpelle sur la violence systĂ©mique et symbolique de leurs courriers et de leur mode de management ils disent n’y voir « aucune intentionnalitĂ© ». Si demain on leur annonçait le remplacement du ministĂšre de l’enseignement et de la recherche par celui des dĂ©marches ridicules ils se mettraient Ă  marcher en canard ou en crabe.

      J’avais jusqu’à maintenant « rĂ©sistĂ© » parce qu’à chaque fois c’est moi qui prenait la dĂ©cision finale. Et cette dĂ©cision Ă©tait prise conformĂ©ment Ă  un certain nombre de mes valeurs. Et me permettait, du moins le pensais-je, de protĂ©ger et d’accompagner au mieux les Ă©tudiants et parfois les collĂšgues. Juste un exemple parmi tant d’autres : on m’expliquait (avec force) qu’il ne fallait prendre que des Ă©tudiants « financĂ©s » par un contrat en licence pro ? Je maintenais un accĂšs de droit en formation initiale pour des Ă©tudiants avec de bons dossiers et continuais de refuser des Ă©tudiants avec des contrats mais de mauvais dossiers. Parce que je ne suis pas lĂ  pour faire du chiffre. Mais pour former des Ă©tudiants qui ont un projet cohĂ©rent. Cela peut vous paraĂźtre fou mais voilĂ  contre quoi nous sommes nombreux Ă  lutter, pied Ă  pied, chaque jour, depuis des annĂ©es.

      Aujourd’hui la plupart des digues qui me permettaient de protĂ©ger et d’accompagner efficacement les Ă©tudiants sautent les unes aprĂšs les autres. Et celles qui me permettaient, pour une formation dont j’ai la charge, de rester (vaguement) responsable parce que dĂ©cisionnaire du sort qui Ă©tait fait aux collĂšgues, titulaires, prĂ©caires et vacataires, ces digues lĂ  ont donc Ă©galement sautĂ©. Je n’ai donc plus aucune raison de continuer. Le systĂšme en lui-mĂȘme ne semble plus capable d’une forme, mĂȘme vague, mĂȘme lointaine, de rĂ©silience. Si mon seul rĂŽle consiste Ă  accompagner des collĂšgues sur le chemin de l’humiliation administrative, financiĂšre et symbolique sans pouvoir de quelque maniĂšre que ce soit l’empĂȘcher, l’éviter ou la combattre, alors c’est que je ne suis plus Ă  ma place, ou que ma place est celle d’un alliĂ© de ce systĂšme. Ce n’est bien sĂ»r pas envisageable.

      Mais derriĂšre tout « systĂšme » il y a des gens, dĂ©cisionnaires, responsables devant la communautĂ© qu’ils sont supposĂ©s reprĂ©senter. A chaque Ă©tage franchi dans l’échelle des responsabilitĂ©s universitaires - et mĂȘme en laissant de cĂŽtĂ© les simples arrivistes dĂ©jĂ  nombreux - j’ai l’impression que l’on ne fait que grandir en aveuglement et dans l’acceptation cynique et rĂ©flĂ©chie de formes douces d’inhumanitĂ©. Jusqu’à l’étage ministĂ©riel et l’immonde plan « Bienvenue en France » contre lequel la communautĂ© universitaire dans son ensemble n’a mĂȘme plus Ă©tĂ© en capacitĂ© de rĂ©unir les formes de rĂ©sistance nĂ©cessaires Ă  son abolition immĂ©diate.

      TrĂšs sincĂšrement je ne sais plus comment me comporter avec ces gens lĂ . Les ignorer est coupable. Leur parler semble vain. Les insulter soulage Ă  peine.

      Il (me) faut trouver d’autres terrains de lutte. Peut-ĂȘtre plus essentiels. Probablement moins universitaires. Car ce qui reste Ă  sauver de l’universitĂ© semble se jouer dĂ©sormais principalement en dehors d’elle-mĂȘme.

      « Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner » Ă©crivait Saint-ExupĂ©ry. Alors soyons exigeants :-)

      Je remercie sincĂšrement, les collĂšgues, titulaires, vacataires, prĂ©caires, grĂ©gaires, mais aussi, et leur part est immense, les secrĂ©tariats et services administratifs, services de formation continue, qui ont fait vivre et portĂ© Ă  bout de bras cette formation pendant 7 annĂ©es Ă  mes cĂŽtĂ©s. Que nous ayons Ă©tĂ© d’accord ou pas, pendant 7 annĂ©es cette licence a aussi Ă©tĂ© la votre et ce que chaque diplĂŽmĂ© est devenu, il vous le doit aussi un peu. Chaque parcours aura Ă©tĂ© unique et chaque rencontre prĂ©cieuse. Ce que vous avez apportĂ© aux Ă©tudiants n’a pas vraiment de prix. Vous le savez. La vie continue.

      La vie continue mais il va falloir que quelque chose change. Pour que nous retrouvions du sens Ă  faire ce que nous faisons chaque jour. Nous le devons Ă  nos Ă©tudiants. A nos collĂšgues. Surtout prĂ©caires. D’abord prĂ©caires. Et un peu Ă  nous-mĂȘmes.

      « Ne pas cĂ©der sur son dĂ©sir » disait Lacan, pour que la personne devienne sujet. Il ne nous reste que nos dĂ©sirs Ă  opposer aux ratiocinations faussement rationnelles du New Public Management dans les derniĂšres strates encore capables de prendre collectivement soin des ĂȘtres et de ces choses bizarres que l’on trouve notamment dans les bibliothĂšques universitaires et que l’on appelle des connaissances. Ne pas cĂ©der sur son dĂ©sir. Celui de prendre soin. A l’universitĂ© comme Ă  l’hĂŽpital. Alors ne cĂ©dons pas sur nos dĂ©sirs.

      Le 5 Mars l’universitĂ© et la recherche s’arrĂȘtent. C’est Ă©crit sur les murs.

      ▻https://www.affordance.info/mon_weblog/2020/02/pourquoi-je-demissione-universite-nantes.html
      #démission #violence #résilience #humiliation_administrative #aveuglement #inhumanité #désirs #new_public_management #connaissances #prendre_soin

    • #Montpellier : des manifestants perturbent l’inauguration du #village_des_sciences pour interpeller les Ă©lus

      PrĂšs de 150 personnes se sont invitĂ©es Ă  l’inauguration du village des sciences de Montpellier, ce 11 fĂ©vrier, pour protester contre la prĂ©caritĂ© des Ă©tudiants, mais aussi protester contre la loi de programmation de la recherche et la rĂ©forme des retraites (LPPR).

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/montpellier/montpellier-manifestants-perturbent-inauguration-du-vil

    • #Campus_Triolet : des manifestants perturbent l’inauguration du Village des sciences

      Une centaine de manifestants ont perturbĂ© l’inauguration des nouveaux bĂątiments du village des Sciences sur le Campus Triolet, ce mardi matin.

      Le cortĂšge, composĂ© de syndicats, d’enseignants et de personnels de l’universitĂ©, a envahi le bĂątiment 35, en dĂ©but de visite puis le bĂątiment dĂ©diĂ© Ă  l’enseignement, jusqu’à la cĂ©rĂ©monie de coupure de ruban.

      La visite s’est ensuite poursuivie avec les manifestants, dans un amphithĂ©Ăątre oĂč une prise de parole des officiels, dont la nouvelle rectrice Sophie BĂ©jean, Ă©tait prĂ©vue et a Ă©tĂ© perturbĂ©e.

      L’inauguration a finalement Ă©tĂ© Ă©courtĂ©e par les organisateurs.

      https://www.lagazettedemontpellier.fr/live/5e4284a6be881b00305f7478/campus-triolet-des-manifestants-perturbent-l-inauguration-du-

    • Doctorants et docteurs prĂ©caires : « On n’est jamais assez bien, alors qu’on se tue au travail »

      Sous-payĂ©s, sous pression, les prĂ©caires de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche sont en lutte depuis deux mois. Ils racontent leur quotidien pour « LibĂ©ration ».

      « On est exploitĂ©s alors que sans nous, l’universitĂ© ne tourne pas ! » soupire Juliette (1), en deuxiĂšme annĂ©e de thĂšse. Assise sur un banc place de la Sorbonne, elle jette un regard dĂ©sabusĂ© vers l’universitĂ© Paris-1, oĂč elle est vacataire. Depuis deux mois, comme elle, de nombreux prĂ©caires sont mobilisĂ©s pour dĂ©noncer leur situation : grĂšves, tribunes, manifestations, la parole se dĂ©lie. « Ă‡a fait des annĂ©es qu’on est maltraitĂ©s, mais personne n’en parlait, par peur de perdre nos contrats », marmonne la doctorante de 24 ans derriĂšre son Ă©charpe.

      En France, 24% des enseignants du supĂ©rieur sont prĂ©caires (sans compter les vacataires). Ils peuvent aussi bien ĂȘtre doctorants ou docteurs enchaĂźnant les contrats courts, et travaillent sous diffĂ©rents statuts : doctorants, thĂšse financĂ©e ou non, avec une mission d’enseignement, Ater (attachĂ© temporaire d’enseignement et de recherche), avec un CDD d’un an renouvelable une fois
 C’est encore plus compliquĂ© pour les quelque 130 000 vacataires. Ils sont payĂ©s Ă  l’heure de cours donnĂ©e et ne cotisent pas. Docteure en arts, EugĂ©nie (1) va bientĂŽt fĂȘter ses 45 ans mais n’a toujours pas de poste fixe. Depuis dix ans, elle enchaĂźne les vacations avec un deuxiĂšme emploi pour s’en sortir.

      Un salaire de misĂšre

      Sans le savoir, on voit leurs noms partout sur les emplois du temps des facs : les TD (travaux dirigĂ©s) sont assurĂ©s par des prĂ©caires. Les vacataires, « ceux pour qui c’est le pire », comme le souligne Juliette, touchent 41,41 euros brut de l’heure. « Sauf qu’on est payĂ©s uniquement Ă  l’heure de cours donnĂ©e ! » rappelle Paula, exaspĂ©rĂ©e. Elle a Ă©tĂ© vacataire pendant sa thĂšse Ă  Montpellier et se souvient des heures de travail Ă  rallonge, non rĂ©munĂ©rĂ©es : « J’avais dĂ» prĂ©parer un concours blanc d’agrĂ©gation. L’écriture m’a pris une semaine, la surveillance sept heures, la correction huit heures. Et j’ai Ă©tĂ© payĂ©e uniquement pour une heure de cours. »

      Juliette, vacataire en science politique, enchaĂźne elle aussi les heures de cours pour Ă  peine 200 euros par mois. Et encore, quand elle touche son salaire. Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e scolaire, elle n’a pas reçu le moindre centime alors qu’elle enseigne toutes les semaines : « Les vacataires sont toujours rĂ©munĂ©rĂ©s Ă  la fin du semestre. L’annĂ©e derniĂšre, j’ai Ă©tĂ© payĂ©e fin aoĂ»t pour des TD donnĂ©s en janvier. »

      A Paris-1, Juliette et les autres vacataires ont mĂȘme fait une rĂ©tention de notes entre avril et juin 2019 pour rĂ©clamer la mensualisation de leur salaire. La fac a acceptĂ©, mais rien n’a changĂ©. MĂȘme son de cloche du cĂŽtĂ© de Lille, oĂč William est vacataire : « Depuis des annĂ©es, on nous promet partout qu’on va ĂȘtre payĂ©s mensuellement, mais ce n’est jamais mis en place. »
      « J’aurais dĂ» faire un CAP soudure »

      Bien sĂ»r, Juliette n’a pas les moyens de se payer un loyer Ă  Paris. Coup de chance, des amis l’hĂ©bergent gratuitement dans leur appartement, et ses parents lui font parfois des pleins de courses. Mais ce n’est toujours pas assez pour s’en sortir financiĂšrement. Alors Ă  cĂŽtĂ©, elle est ouvreuse dans un thĂ©Ăątre les soirs et week-ends, pour 200 euros par mois. Le reste du temps, elle jongle entre sa thĂšse et ses cours. « Je suis jeune, donc ça va, mais je ne vais pas pouvoir continuer comme ça toute ma vie », confie la jeune femme, honteuse de devoir constamment se reposer sur les autres : « Je suis toujours celle qui n’a pas d’argent, qui demande Ă  aller dans un bar moins cher
 »

      EugĂ©nie, elle, a soutenu sa thĂšse il y a prĂšs de dix ans et n’a toujours pas Ă©tĂ© titularisĂ©e. Amoureuse de l’enseignement, elle ne veut pas lĂącher la fac pour autant et donne des vacations dans une universitĂ© parisienne. En parallĂšle, elle est rĂ©dactrice Ă  temps partiel, pour toucher un revenu dĂ©cent. Elle a supportĂ© ce cumul pendant prĂšs d’une dĂ©cennie, en espĂ©rant que la prĂ©caritĂ© n’était qu’une Ă©tape. Mais aujourd’hui, l’épuisement n’est plus surmontable : « Je prĂ©vois enfin de me reconvertir, bien malgrĂ© moi. Franchement, j’aurais dĂ» faire un CAP soudure. »
      Une réponse positive sur trente candidatures

      Pour Suzanne (1) aussi, la question de la reconversion commence Ă  se poser. Pourtant, elle s’estime presque chanceuse : elle a obtenu un poste d’Ater avec un salaire de 1 657,87 euros net par mois. A 34 ans, elle n’a jamais gagnĂ© autant d’argent, mais reste anxieuse : « Je vais savoir en juin si mon CDD est renouvelĂ© en septembre
 »

      Pour obtenir une place d’Ater, il faut postuler via la plateforme en ligne Galaxie. Suzanne a tentĂ© l’expĂ©rience Ă  cinq reprises, avec une trentaine de candidatures chaque fois partout en France. Elle n’a reçu qu’une seule rĂ©ponse positive : Ă  Tours, alors qu’elle vit Ă  Nancy avec son conjoint, en CDI. Pas le choix, elle a dĂ©mĂ©nagĂ© seule dans un studio et essaie de le voir quand elle peut, en Ă©conomisant pour se payer des billets de train. « Etudiante, j’étais dĂ©jĂ  trĂšs prĂ©caire. Ça n’a jamais changĂ©. Sauf que maintenant, il y a la dĂ©prime de se dire que mĂȘme en Ă©tant surdiplĂŽmĂ©e et hyperqualifiĂ©e, je ne dĂ©croche pas de contrat », admet-elle.
      « Deux de mes amis se sont suicidĂ©s »

      Paula, doctorante en gĂ©ographie, a elle aussi dĂ©crochĂ© un poste d’Ater en septembre, Ă  Rouen. Un « miracle » : sur cinquante candidatures, elle n’a eu que trois rĂ©ponses positives, « et c’est considĂ©rĂ© comme un super score ».

      Ces rejets sont difficiles Ă  encaisser : « Qu’est-ce qu’il faut faire pour ĂȘtre pris ? On n’est jamais assez bien, alors qu’on se tue au travail ! » Pour « amĂ©liorer » leur dossier, les doctorants et docteurs doivent multiplier les activitĂ©s : participer Ă  des colloques, publier dans des revues acadĂ©miques, donner des cours
 Tout ça pour espĂ©rer ĂȘtre titularisĂ© tĂŽt ou tard, alors que les postes sont de plus en plus rares. William, vacataire Ă  Lille, a Ă©tĂ© tĂ©moin des consĂ©quences dramatiques que peut avoir une telle pression : « Deux de mes amis se sont suicidĂ©s parce qu’ils n’arrivaient plus Ă  tenir. »

      « C’est une angoisse terrible. Ça te bouffe de l’intĂ©rieur
 » confirme Paula. Pour ne pas se laisser sombrer, elle a dĂ©cidĂ© de prendre plus de temps pour elle cette annĂ©e : pour la premiĂšre fois, elle ne travaille pas les week-ends : « Ce que j’aime, c’est l’universitĂ©, mais je prĂ©fĂšre me reconvertir plutĂŽt que supporter ce stress permanent. »
      Des collectifs de précaires pour lutter

      Quelque chose rassure encore Juliette : dans cette prĂ©caritĂ©, elle a rencontrĂ© d’autres personnes qui vivent la mĂȘme chose et sont prĂȘtes Ă  lutter pour leurs droits. Depuis deux mois, les collectifs de prĂ©caires se multiplient : Ă  Rouen, Tours, Lille, Paris
 Des actions ont lieu rĂ©guliĂšrement pour faire connaĂźtre leur situation. « La rĂ©forme des retraites, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR)
 Ce sont des rĂ©formes qui vont avoir un impact encore pire sur nous ! explique William, en grĂšve depuis le 5 dĂ©cembre. En n’assurant plus nos cours, on a enfin pu se rencontrer et crĂ©er un mouvement collectif. »
      Leurs revendications : des titularisations plus nombreuses, une revalorisation des salaires, le retrait des projets de rĂ©formes
 Face Ă  tant de mobilisation, EugĂ©nie croise les doigts, mais ne veut pas se faire d’illusions : « Si ces rĂ©formes passent, j’espĂšre presque mourir de mon tabagisme avant la retraite. Car plus jamais ce niveau de prĂ©caritĂ© ! »

      https://www.liberation.fr/france/2020/02/12/doctorants-et-docteurs-precaires-on-n-est-jamais-assez-bien-alors-qu-on-s

    • Recherche : « Notre politique de recherche serait-elle faite par et pour 1 % des scientifiques ? »

      Plus de 700 directrices et directeurs de laboratoires de recherche contestent, dans une tribune au « Monde », les critĂšres qui prĂ©sident Ă  l’élaboration de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche. Ils prĂ©conisent de « renforcer les collectifs » plutĂŽt que de promouvoir « une infime Ă©lite Ɠuvrant au profit d’une infime partie des savoirs ».
      « A l’universitĂ©, la population Ă©tudiante augmente quand les recrutements chutent (de prĂšs de 40 % pour les enseignants-chercheurs entre 2012 et 2018. »
      Faute de tenir les engagements budgĂ©taires pris par l’Etat Ă  l’occasion de l’agenda de Lisbonne (2000), le service public de recherche et d’enseignement supĂ©rieur dĂ©croche. Son indĂ©pendance et sa stabilitĂ© sont Ă©branlĂ©es par des pratiques d’évaluation, de management et de gestion empruntĂ©es au secteur privĂ©. Les politiques publiques favorisent ainsi les contrats courts et prĂ©caires au dĂ©triment des emplois pĂ©rennes, elles promeuvent la compĂ©tition contre la coopĂ©ration et enjoignent de trouver des rĂ©sultats rentables aux dĂ©pens de la libertĂ© de chercher et de son incertitude radicale.

      Le 1er fĂ©vrier, confirmant le projet d’élaboration d’une loi de programmation pluriannuelle de la recherche, le premier ministre dĂ©clarait : « Gouverner, c’est choisir, et choisir, c’est renoncer ; nous devons donc faire des choix et dĂ©cider ce qui est le plus important. » On comprend qu’il ne faudra garder que les « meilleurs » d’entre nous. Mais selon quels critĂšres ? Ceux qui obtiennent des prix internationaux ou des labellisations d’« excellence », dĂ©posent des brevets, obtiennent de trĂšs gros financements europĂ©ens et font des recherches Ă  haut « facteur d’impact » ?
      Soumettant la recherche Ă  une pensĂ©e utilitariste et comptable, le management public mesure aujourd’hui la performance Ă  court terme et ne considĂšre le fruit du travail scientifique que par les seuls travaux Ă  haute visibilitĂ© et Ă  rentabilitĂ© immĂ©diate. Pourtant chacun sait que la recherche ne peut ĂȘtre que le fait d’une vaste communautĂ©, « stars » comprises : aucun « gĂ©nie » n’existe sans un collectif stable, compĂ©tent et Ă  l’abri de la prĂ©caritĂ©.

      Des postes précaires de compensation de plus en plus nombreux

      L’application gĂ©nĂ©ralisĂ©e et systĂ©matique des critĂšres de la « performance », dont on connaĂźt pourtant bien les dĂ©fauts et les travers, constitue un danger majeur qui met notamment en pĂ©ril notre indĂ©pendance vis-Ă -vis des financements privĂ©s et internationaux. Que se passera-t-il quand les chercheuses et les chercheurs travaillant dans les domaines de l’énergie, de l’économie, de l’agriculture ou de la pharmacie ne seront plus financĂ©s que par le secteur privĂ© ou des intĂ©rĂȘts sectoriels ? Les sciences oĂč les brevets sont rares, qui ne nĂ©cessitent pas de gros Ă©quipements et dont les travaux profitent davantage Ă  l’intelligence collective et au progrĂšs social sont-elles amenĂ©es Ă  disparaĂźtre ?

      Nous nous sommes engagĂ©s dans la direction de laboratoires pour animer des collectifs, soutenir des recherches diversifiĂ©es (fondamentales, appliquĂ©es, critiques, participatives, etc.) et leur valorisation au profit de l’ensemble de la sociĂ©tĂ©. Cependant notre activitĂ© consiste de plus en plus Ă  contenir les effets dĂ©lĂ©tĂšres d’une politique qui entrave les raisons de notre engagement et rĂ©duit le pluralisme de la pensĂ©e. Les organismes publics de recherche ont vu leur personnel fondre. A l’universitĂ©, la population Ă©tudiante augmente quand les recrutements chutent (de prĂšs de 40 % pour les enseignants-chercheurs entre 2012 et 2018).

      Les postes prĂ©caires de compensation sont dĂ©sormais partout lĂ©gion. La recherche dite « sur projet » se substitue aux crĂ©dits rĂ©currents, pourtant seuls Ă  mĂȘme de crĂ©er les conditions propices Ă  l’élaboration de l’intelligence collective qui fait notre force. La ministre de l’enseignement supĂ©rieur, de la recherche et de l’innovation, FrĂ©dĂ©rique Vidal, nous a invitĂ©s Ă  faire connaĂźtre nos besoins et Ă  formuler des propositions concrĂštes dans le but affichĂ© de nous associer Ă  l’élaboration de cette loi.

      La vocation de toute la science n’est pas de crĂ©er des start-up

      En juillet 2019, les personnels issus de l’ensemble de la communautĂ© scientifique, regroupĂ©s au sein du ComitĂ© national de la recherche scientifique (CoNRS), ont Ă  cette occasion affirmĂ© la nĂ©cessitĂ© d’inflĂ©chir les orientations actuelles : « Il importe que la loi rĂ©affirme le caractĂšre de bien commun de la connaissance scientifique, [
] qu’elle permette la rĂ©alisation des conditions les plus propices Ă  l’expression de la crĂ©ativitĂ© des chercheurs et des chercheuses qui nĂ©cessite stabilitĂ©, sĂ©rĂ©nitĂ© et libertĂ© de recherche ; qu’elle fixe des perspectives pluriannuelles en termes de croissance de l’emploi scientifique et du financement public de la recherche publique. »
      Ces propositions qui permettraient de renforcer l’attractivitĂ© et l’efficacitĂ© de la recherche française ont reçu l’assentiment de prĂšs de 96 % de 467 votants issus des instances qui nous reprĂ©sentent ; 3 % se sont abstenus, 1 % a votĂ© contre
 Notre politique de recherche serait-elle faite par et pour 1 % des scientifiques ?

      La vocation de toute la science n’est pas de crĂ©er des start-up, d’obtenir des mĂ©dailles ou de mener des recherches qui satisfassent le calendrier politique et le secteur privĂ©. Nous tous savons que l’existence d’une science plurielle et indĂ©pendante, reposant sur des collectifs sereins et des recherches menĂ©es dans le temps long, est un pilier indispensable Ă  la stabilitĂ© de toute sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique.

      Contre la dégradation du service public de recherche

      En dĂ©gradant son service public de recherche, la France s’apprĂȘte Ă  se priver des moyens qui permettraient de surmonter l’ampleur de l’actuelle crise Ă©cologique, sociale, Ă©conomique et environnementale. Naturellement, nous nous y opposons. Nous refusons de devoir subir davantage de compĂ©tition, de perdre plus de temps Ă  nous battre les uns contre les autres et d’ĂȘtre Ă©valuĂ©s suivant des critĂšres utilitaristes au profit d’intĂ©rĂȘts particuliers.
      Nous dĂ©fendrons une loi de programmation pluriannuelle de la recherche si elle se fonde sur les propositions mĂ»rement rĂ©flĂ©chies par notre communautĂ©, sur la volontĂ© de renforcer les collectifs et non sur la promotion d’une infime Ă©lite Ɠuvrant au profit d’une infime partie des savoirs.

      Cette loi doit rĂ©affirmer la nĂ©cessitĂ© du statut particulier et l’indĂ©pendance de celles et ceux qui font la richesse du service public de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche. Il y a maintenant quinze ans, notre communautĂ© dĂ©nonçait la politique dangereuse qui s’impose aujourd’hui. Notre position est identique et nous restons dĂ©terminĂ©s Ă  agir pour sauver les universitĂ©s et la recherche.

      ▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/10/recherche-notre-politique-de-recherche-serait-elle-faite-par-et-pour-1-des-s

    • #Revendications syndicat SNESUP :

      Le dernier congrĂšs de la FSU, en dĂ©cembre dernier, a rappelĂ© que nous demandons depuis plus de 15 ans un plan pluriannuel pour la recherche avec : une augmentation du budget de la recherche publique de 1 milliard d’euros par an pendant dix ans pour atteindre 1 % du produit intĂ©rieur brut (PIB) de dĂ©penses publiques de Recherche et dĂ©veloppement ; un plan pluriannuel pour l’emploi scientifique avec la crĂ©ation de 6000 postes de titulaires (enseignant·es-chercheur·es, chercheur·es, ingĂ©nieur·es, technicien·nes et administratif/ve·s) par an pendant dix ans ; des dotations de base des laboratoires de Recherche qui permettent de financer leur programme de Recherche ; une revalorisation des rĂ©munĂ©rations de tous les personnels. La FSU demande que ce plan pluriannuel soit engagĂ© dĂšs 2020. Elle s’opposera Ă  toutes les mesures qui pourraient ĂȘtre introduites dans la LPPR conduisant vers plus de prĂ©caritĂ© dans la Recherche publique (contrats dits « de mission » ou les « tenure track ») et vers un renforcement du pilotage de la Recherche publique, du systĂšme d’appels Ă  projets, de la compĂ©tition et des inĂ©galitĂ©s.

      60 000 postes titulaires (enseignant·es-chercheur·es, chercheur·es, ingĂ©nieur·es, technicien·nes et administratif/ve·s) d’ici 10 ans ;

      Budget : 3,5 milliards par an soit 1 milliard pour l’immobilier, 1.5 milliards pour l’Enseignement supĂ©rieur soit (2 % du PIB en 2030), 1 milliard pour la Recherche publique (1 % PIB en 2030) avec relĂšvement significatif des financements de base des laboratoires Ă  la hauteur des ⅔ du budget ;

      Revalorisation indiciaire pour toutes et tous et non par des primes discriminatoires et ne concernant qu’une minoritĂ© de collĂšgues ;

      Revalorisation de la grille indiciaire des MCF par prise en compte du doctorat (soit l’équivalent de 90 points d’indice ou environ 450 euros net par mois, du dĂ©but Ă  la fin de carriĂšre) et augmentation de l’indice maximal des PR (50 points d’indice) ;

      Augmentation du nombre des contrats doctoraux et allongement d’un an de la durĂ©e des contrats ;

      PossibilitĂ© offerte à tous les enseignant·es-chercheur·es de bĂ©nĂ©ficier plusieurs fois dans leur carriĂšre d’un congĂ© : CongĂ© Recherche Conversion ThĂ©matique (CRCT), congĂ© pour projet pĂ©dagogique (CPP), dĂ©lĂ©gations CNRS ;

      Fin de la logique des politiques de sites qui concentrent l’essentiel des moyens, via les PIA notamment, sur les seuls territoires où le tissu socio-économique est le plus dense ;

      Remise Ă  plat du CrĂ©dit ImpĂŽt Recherche vers l’embauche de docteurs (vers les PME et ETI) et promotion du dispositif Cifre auprĂšs des entreprises.

      https://www.snesup.fr/article/retraites-lppr-tenons-tous-les-fronts-lettre-flash-ndeg1

    • La recherche publique en France en 2019 : Diagnostic et propositions du ComitĂ© national

      Extrait des propositions du ComitĂ© National (p. 20) :
      Pour le seul CNRS, et s’il l’on veut seulement revenir aux effectifs de personnels scientifiques permanents de 2005, campagnes de recrutement de 400 chercheur·se·s et 700 ingĂ©nieur·e·s et technicien·ne·s par an pendant au moins trois ans.

      Pour les universitĂ©s publiques, si l’on veut augmenter les effectifs d’enseignants-chercheurs dans la mĂȘme proportion que les effectifs Ă©tudiants sur la mĂȘme pĂ©riode (+ 16%), il faudra environ 3000 recrutements supplĂ©mentaires par an pendant (au moins) trois ans, auxquels il convient d’ajouter, en proportion, le recrutement de 2000 personnels BIATSS supplĂ©mentaires par an.

      â–șhttps://www.c3n-cn.fr/sites/www.c3n-cn.fr/files/u88/Propositions_Comite-national_Juillet-2019.pdf

    • Chercheurs et enseignants se mobilisent contre une future « #prĂ©caritĂ©_institutionnalisĂ©e » Ă  l’UniversitĂ©

      Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2020, les personnels de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche se mobilisent en amont de la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Ils dĂ©noncent un financement insuffisant de la recherche publique et un recours croissant Ă  la #contractualisation des effectifs.

      https://www.rue89strasbourg.com/mobilisation-des-chercheurs-et-enseignants-la-precarite-a-luniversi

      #Strasbourg

    • RĂ©ponse au PrĂ©sident de l’universitĂ© de Strasbourg, Michel Deneken, qui a dĂ©clarĂ© :

      « Nous sommes une entreprise qui a du mal Ă  ĂȘtre heureuse d’avoir plus de clients ».

      ▻https://seenthis.net/messages/820393#message825801

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      La rĂ©ponse sur Mediapart :
      Nous ne sommes pas une entreprise, nous sommes l’UniversitĂ©

      Dans une lettre ouverte Ă  Michel Deneken, prĂ©sident de l’UniversitĂ© de Strasbourg, cent membres du personnel de l’UniversitĂ© de Strasbourg fustigent l’assimilation de leur universitĂ© Ă  une « entreprise » et la « lente dĂ©formation de notre idĂ©al que signale la diffusion d’un langage managĂ©rial » qui accompagne la destruction mĂ©thodique de leur service public.

      Monsieur le Président,

      En une seule phrase, envoyĂ©e tel un camouflet Ă  l’ensemble des personnels et Ă©tudiants de l’UniversitĂ© de Strasbourg, vous avez trahi notre idĂ©al humaniste et les valeurs du Service public. Lors d’une confĂ©rence de presse sur « l’orientation stratĂ©gique » que vous voulez imprimer Ă  notre Ă©tablissement pour la dĂ©cennie Ă  venir, vous avez dit ceci, rapportĂ© par les DNA du 13 fĂ©vrier :

      « Nous sommes une entreprise qui a du mal Ă  ĂȘtre heureuse d’avoir plus de clients. »

      Non, Monsieur le prĂ©sident, notre universitĂ© n’est pas une « entreprise », ses Ă©tudiants ne sont pas des « clients », et leur nombre important ne nous empĂȘche en rien d’ĂȘtre heureux. Nous ne sommes pas une entreprise : nous sommes l’UniversitĂ©. Faut-il vous rappeler le sens de ce mot ? Il dit l’universalitĂ© des savoirs que nous devons faire fructifier et transmettre au profit de toutes et tous. Il dit une communautĂ© de recherche et d’enseignement unie par la construction et la transmission de la connaissance, au service de la sociĂ©tĂ©. Il dit encore : Ă©galitĂ© dans l’accĂšs au savoir, collĂ©gialitĂ© et libertĂ© acadĂ©mique, recherche collective de la vĂ©ritĂ©, imagination scientifique.

      Nous ne sommes pas une entreprise, nous ne sommes pas des « opĂ©rateurs » et vous n’ĂȘtes pas notre patron. Depuis de trop longues annĂ©es, nous devons subir la lente dĂ©formation de notre idĂ©al que signale la diffusion d’un langage managĂ©rial devenu aussi incomprĂ©hensible et ridicule que le globish. Vous vous en ĂȘtes fait le hĂ©raut, alors que, premier parmi vos pairs, vous devriez dĂ©fendre l’honneur, la joie de faire vivre et de transmettre l’idĂ©al de l’humanisme rhĂ©nan dont vous vous targuez pour mieux le bafouer.

      Nous ne voulons plus entendre ce langage qui accompagne la destruction mĂ©thodique de notre service public. Nous voulons continuer Ă  ĂȘtre l’universitĂ©, caractĂ©risĂ©e par la production et la transmission des connaissances Ă  tous et toutes, une universitĂ© ouverte sur le monde et accessible Ă  tous ceux en recherche de connaissances. Nous ne voulons plus de managers et technocrates de la recherche et de l’enseignement supĂ©rieur qui, au lieu de soutenir le dĂ©veloppement de notre activitĂ©, l’entravent en rĂ©duisant le nombre de personnels permanents et en rendant alĂ©atoires les financements.

      Nous ne sommes pas une entreprise, nous sommes l’universitĂ©.

      Et vous, Monsieur le PrĂ©sident, ĂȘtes-vous aussi l’UniversitĂ© ?

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/210220/nous-ne-sommes-pas-une-entreprise-nous-sommes-luniversite

    • Tué·es par le #Vidalovirus...

      Jeudi 20 fĂ©vrier Ă  10 H 30, au MusĂ©um national d’histoire naturelle, les chercheur.es, Ă©tudiant.es, biatoss sont tombĂ©.es sur leur lieu de travail touchĂ©.es par la LPPR, la rĂ©forme des retraites, la loi de transformation de la Fonction Publique et autres virus macroniens...

      (reçu via une mailing-list de lutte)

    • La licence d’informatique de Paris-8 n’ouvrira pas l’an prochain

      Motion du Conseil des enseignant·es de la licence informatique, 4 février 2020

      À l’UniversitĂ© Paris 8, le Conseil des enseignant·es de la licence informatique((instance crĂ©Ă©e par le conseil de l’UFR MITSIC du 19 novembre 2019 pour s’occuper de la licence informatique, et regroupant l’ensemble des enseignant·es intervenant dans la licence, quelque soit leur statut, y compris les Ă©tudiant·es tuteurices.)) s’est rĂ©uni le 4 fĂ©vrier 2020 et a pris la dĂ©cision de ne pas ouvrir la premiĂšre annĂ©e de licence Ă  la rentrĂ©e 2020.

      Cette dĂ©cision, lourde de consĂ©quences et difficile Ă  prendre, est la conclusion inĂ©vitable d’une situation catastrophique. Depuis des annĂ©es, l’équipe pĂ©dagogique n’est plus en mesure d’assurer correctement sa mission de service public d’enseignement supĂ©rieur. Les groupes d’étudiant·es sont de plus en plus surchargĂ©s alors que le nombre d’enseignant·es diminue (non-remplacement des dĂ©parts en retraite, etc).

      Cela fait plusieurs annĂ©es que les sĂ©ances de travaux pratiques ne sont plus assurĂ©es en demi-groupe comme c’est censĂ© ĂȘtre le cas, que chaque cours de premiĂšre et deuxiĂšme annĂ©e est amputĂ© d’une dizaine d’heures, que plus aucune option n’est ouverte en troisiĂšme annĂ©e, et depuis l’an dernier, des cours obligatoires de deuxiĂšme annĂ©e ne sont plus dispensĂ©s. Tout cela malgrĂ© une Ă©quipe pĂ©dagogique dĂ©vouĂ©e qui assurait jusque lĂ  en moyenne une centaine d’heures de service complĂ©mentaire (au-delĂ  du service rĂ©glementaire de 192h) par enseignant·e titulaire, en plus du recrutement de plusieurs chargé·es de cours vacataires.

      La situation n’est plus tenable, et il ne serait pas correct d’accueillir dans ces conditions de jeunes Ă©tudiant·es en demande lĂ©gitime d’une formation de qualitĂ© : celle-lĂ  mĂȘme que nous voudrions pouvoir leur offrir, celle pour laquelle nous avons choisi d’exercer ce mĂ©tier.

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      InterrogĂ© par Academia, Pablo Rauzy, maĂźtre de confĂ©rences au DĂ©partement informatique de l’UniversitĂ© Paris-8 et syndiquĂ© Ă  la CGT Ferc-Sup, explique :

      « Comme le dit notre motion, la situation est alarmante depuis trop longtemps. Nos tutelles le savent, aussi bien la prĂ©sidence de notre universitĂ© que le rectorat. Avec la LPPR qui arrive et promet une aggravation de la situation, dans la continuitĂ© logique de la managĂ©rialisation et la privatisation de l’enseignement supĂ©rieur (Bologne, LMD, LRU, ORE, 
), l’équipe pĂ©dagogique qui tenait jusque lĂ  la formation Ă  bout de bras ne s’en sent plus la force ».

      Chronique d’une destruction annoncĂ©e ? Il faut espĂ©rer que cette dĂ©cision terrible Ă  prendre permette d’une part de protĂ©ger les personnels Ă  bout, et d’autre part — dans une vision optimiste — de repenser correctement la formation des Ă©tudiant-es et le travail des personnels dĂ©diĂ©s Ă  l’enseignement et Ă  la recherche.

      https://academia.hypotheses.org/11100

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      Ouverture de la licence d’informatique : bluff de la prĂ©sidence de Paris-8 ?

      La prĂ©sidence de l’universitĂ© Paris 8, en accord avec la direction de l’UFR dont dĂ©pend la licence informatique tient Ă  informer que, contrairement Ă  des informations qui peuvent circuler, la licence d’informatique est ouverte, comme on peut le vĂ©rifier sur Parcoursup avec une capacitĂ© de 90 places, et sera en mesure d’accueillir, comme prĂ©vu, les nouveaux bacheliers Ă  la rentrĂ©e 2020. Celles et ceux qui feront le choix de cette formation peuvent ĂȘtre assurĂ©s que tous les moyens sont mis en Ɠuvre, comme chaque annĂ©e et comme pour toutes les autres formations, pour garantir l’accueil des Ă©tudiants et leur accĂšs Ă  l’ensemble des cours.

      La prĂ©sidence s’avance sur des bases lĂ©gales assez faibles, puisque seuls les Conseils centraux, notamment le Conseil de la formation et de la vie Ă©tudiante (CFVU), peuvent dĂ©cider de l’ouverture ou non d’une licence. Or, lorsque la lourde dĂ©cision a Ă©tĂ© prise le 4 fĂ©vrier 2020 par le Collectif des enseignant·es de la licence d’informatique ((instance crĂ©Ă©e par le conseil de l’UFR MITSIC du 19 novembre 2019 pour s’occuper de la licence informatique, et regroupant l’ensemble des enseignant·es intervenant dans la licence, quelque soit leur statut, y compris les Ă©tudiant·es tuteurices.)), le personnel titulaire n’était pas en nombre suffisant pour assurer l’encadrement de 90 Ă©tudiant·es et les Ă©ventuelles vacations nĂ©cessaires pour couvrir la maquette. La prĂ©sidente dĂ©terminant les services, mais ne pouvant imposer d’heures complĂ©mentaires, il reste Ă  savoir si la prĂ©sidente Annick Allaire a bien comptabilisĂ© les heures de service des enseignant·es affecté·es Ă  la licence. Les enseignant·es n’étant pas obligé·es d’accepter des heures complĂ©mentaires, qui, payĂ©es 23 centimes en dessous du SMIC, pĂ©nalise fortement les activitĂ©s de recherche qui sont non seulement indispensables Ă  l’évaluation de leur carriĂšre mais surtout Ă  leur maintien Ă  niveau comme enseignant·e.

      EspĂ©rons que l’UniversitĂ© de Paris-8 prendra rapidement conscience des besoins de recrutement pĂ©rennes d’enseignants et d’enseignantes-chercheuses compĂ©tent·es et ouvrira, dĂšs 2021, des emplois de maĂźtres·es de confĂ©rences et de professeurs des universitĂ©s, pour suivre les recommandations du CNESER, qui le 5 fĂ©vrier 2020, dĂ©nonçait « une insuffisance de dotation rĂ©currente de l’État » et insistait sur la nĂ©cessitĂ©

      de poursuivre et d’amplifier l’accompagnement budgĂ©taire pĂ©renne de l’État pour dĂ©geler et ouvrir de nouveaux postes de titulaires (en particulier en L1 pour diminuer les effectifs en TD et aussi Ă  l’IUT de Tremblay ), amĂ©liorer les conditions d’étude et de travail et maintenir la qualitĂ© de l’enseignement.
      Le maintien d’une universitĂ© de qualitĂ© est essentiel pour le dĂ©partement de Seine-Saint-Denis et le CNESER ne saurait accepter sa mise en danger.

      https://academia.hypotheses.org/16090
      #Paris_8

    • #François_MĂ©tivier sur le systĂšme de #production_scientifique optimale :
      « Dans un systĂšme Ă  productivitĂ© marginale dĂ©croissante (= oĂč ça coĂ»te de + en + cher de faire publier un chercheur), l’optimum c’est de diviser le budget Ă©galement entre tous les chercheurs »

      Deux leçons Ă  tirer :
      1. Fermons l’#ANR
      2. Il faudrait faire confiance aux chercheurs sans s’embĂȘter avec des #appels_Ă _projets

      Vers la minute 36’
      ▻https://www.youtube.com/watch?v=MuOCfASFp7M

    • #François_MĂ©tivier sur le systĂšme de #production_scientifique optimale :
      « Dans un systĂšme Ă  productivitĂ© marginale dĂ©croissante (= oĂč ça coĂ»te de + en + cher de faire publier un chercheur), l’optimum c’est de diviser le budget Ă©galement entre tous les chercheurs »

      Deux leçons Ă  tirer :
      1. Fermons l’#ANR
      2. Il faudrait faire confiance aux chercheurs sans s’embĂȘter avec des #appels_Ă _projets

      Vers la minute 36’

      Et #FrançoisMĂ©tivier conclut : « L’allocation de ressources sur la base d’une mise en #compĂ©tition ne conduit pas Ă  l’optimum ».
      Voilà, c’est dit. Sur la base d’une analyse statistique...


      ▻https://www.youtube.com/watch?v=MuOCfASFp7M

    • #François_MĂ©tivier sur le systĂšme de #production_scientifique optimale :
      « Dans un systĂšme Ă  productivitĂ© marginale dĂ©croissante (= oĂč ça coĂ»te de + en + cher de faire publier un chercheur), l’optimum c’est de diviser le budget Ă©galement entre tous les chercheurs »

      Deux leçons Ă  tirer :
      1. Fermons l’#ANR
      2. Il faudrait faire confiance aux chercheurs sans s’embĂȘter avec des #appels_Ă _projets

      Vers la minute 36’

      Et #FrançoisMĂ©tivier conclut : « L’allocation de ressources sur la base d’une mise en #compĂ©tition ne conduit pas Ă  l’optimum ».
      Voilà, c’est dit. Sur la base d’une analyse statistique...


      ▻https://www.youtube.com/watch?v=MuOCfASFp7M