• La longue marche de la féminisation des noms de métiers
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    1979 : le Québec est le premier espace francophone à recommander la féminisation.

    1980 : Marguerite Yourcenar devient la première académicienne. Depuis, huit autres femmes ont été élues, dont Danièle Sallenave et Dominique Bona, en pointe sur la féminisation. Actuellement le nombre de femmes qui siègent à l’Académie est de quatre, contre 31 hommes.

    1984 : le gouvernement socialiste crée une Commission « chargée d’étudier la féminisation des titres et des fonctions et, d’une manière générale, le vocabulaire concernant les activités des femmes ».

    L’Académie, qui n’a pas été associée à cette initiative, met en garde, dans une déclaration préparée par deux de ses grandes figures, Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, contre « une féminisation autoritaire et abusive ».

    1986 : sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme, le Premier ministre Laurent Fabius conseille l’application des règles de féminisation, recommandées par la Commission.

    Années 1990 : secrétaire perpétuel de l’Académie, Maurice Druon, entre autres, ferraille contre cette évolution : sur ce sujet, « tout le monde se couche, la droite se couche mais les académiciens ne se coucheront pas ». Il reproche à Alain Rey, patron des dictionnaires Le Robert et fervent défenseur de la féminisation, de « ramasser les mots dans le ruisseau ».

    1998 : le Premier ministre Lionel Jospin invite les administrations à recourir aux appellations féminines pour les noms de métiers, titres, grades et fonctions chaque fois que le féminin est d’usage courant.

    Le ministère de l’Éducation nationale, qui emploie alors 63% de personnel féminin, conseille de son côté de parler d’une professeur agrégée, d’une maîtresse de conférence etc.

    Le Robert qualifie de « malencontreuse » l’initiative prise par l’Académie « de refuser, au nom des règles du bon français, les féminins ’la’ ministre et ’la’ députée ». Il s’agit, dit-il, d’un « combat social d’arrière-garde ».

    « Madame le directeur »

    1999 : "Qu’une femme exerçant les fonctions de directeur d’école porte le titre de directrice alors que la femme directrice d’administration centrale était encore, il y a un an, appelée « Madame le directeur » atteste que cette question est symbolique et non linguistique", écrit M. Jospin, en préface du « Guide d’aide à la féminisation », publié sous la responsabilité du Conseil supérieur de la langue française.

    Alors que de plus en plus de femmes accèdent à des postes traditionnellement tenus par des hommes, Le Petit Robert intègre la féminisation de mots comme : amateur/amatrice, recteur/rectrice, sénateur/sénatrice etc. Le dictionnaire écrit au mot « ministre » : « Le féminin ’La ministre’, grammaticalement correct, commence à être employé ».

    Hélène Carrère d’Encausse, élue secrétaire perpétuel de l’Académie, dit qu’on doit l’appeler : « madame le secrétaire perpétuel ».

    2004 : Le Petit Larousse illustré, poursuivant une féminisation jusque là timidement engagée, admet dorénavant « agente », « auteure », « colonelle », « écrivaine », « inventrice », « luthière » ou « présidente-directrice-générale ».

    2014 : Face à l’accélération du processus de féminisation, notamment dans les médias et les manuels scolaires, l’Académie ne désarme pas : elle rejette « un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le voeu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure etc, (...) qui constituent de véritables barbarismes ».

    2017 : Le Premier ministre Édouard Philippe appelle à la féminisation dans les textes publiés au Journal officiel.

    « Madame la députée », « madame la présidente » : l’Assemblée nationale assure qu’elle continuera à appliquer la féminisation des titres et des fonctions, dans un rappel de cette règle aux députés réfractaires.