L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes,
organe fédéral chargé de la coordination des politiques de lutte
contre les violences faites aux femmes, publie en 2015 une étude
avec l’Institut Scientifique de Santé Publique sur la violence conjugale
et intrafamiliale (Drieskens & Demarest 2015). Ainsi, on peut lire
dedans qu’«
il n’existe à ce propos aucune différence significative
entre les hommes et les femmes
», bien que, dans la même enquête,
les femmes soient quatre fois plus souvent victimes de violence
conjugale et intrafamiliale que les hommes. Que les violences
contre les femmes soient plus répétitives et plus graves ne semble
pas effleurer les auteur.e.s, alors que les effets sur la santé doivent
pourtant s’en ressentir. Dans la même période, la secrétaire d’État
pour l’égalité Elke Sleurs lance une campagne de sensibilisation
aux violences sexuelles, avec un des messages clés : « Chaque jour,
100 hommes, femmes et enfants sont violés. »
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L’ordre des victimes de viol insinue que les hommes seraient le groupe le plus à
risque. Du côté de la police fédérale, une autre campagne cherche
à encourager les victimes de violence sexuelle, indépendamment
de leur genre, à porter plainte. Slogan : « Le viol n’a pas de sexe. »
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#Belgique #déni #viol
Ici, la violence conjugale dépendrait uniquement de la
manière individuelle de gérer ses problèmes et émotions.
Pour le répertoire interprétatif systémique, l’étude cite la
remarque suivante :
« Les hommes sont éduqués à être plus
agressifs et compétitifs dans tout. »
Dans la pratique, le
répertoire individuel n’est jamais contredit, tandis que le
répertoire systémique rencontre souvent de la résistance.
De nouveau, cela ferme l’espace communicatif pour la
déconstruction des inégalités qui mènent aux violences
conjugales.
#anti-sociologisme
À ces difficultés de parler des femmes victimes de violences s’ajoute
l’invisibilité des hommes auteurs. Phillips et Henderson (1999)
ont démontré par une analyse discursive de la littérature scien-
tifique sur les violences faites aux femmes que ces violences sont
nommées selon leurs victimes (par exemple « wife abuse », c’est-
à-dire abus d’épouse) ou leurs contextes (par exemple violences
conjugales), mais rarement selon leurs auteurs (par exemple violences
masculines). Ce n’est pas un détail insignifiant : cela permet aux
hommes en tant que groupe social de se distancier de ces
violences et efface leur responsabilité de mettre un terme aux
violences.
Les violences deviennent ainsi un problème des
femmes
.
Si tout le monde peut reconnaître
que les voitures ont plus de pouvoir dans la circulation que les
cyclistes, c’est parce que l’on peut être cycliste un jour, conducteur.trice un autre.
C’est un peu vrai mais pas tout à fait. Un jour la goutte d’eau qui m’a fait quitter Seenthis, c’est ce mec qui dit à propos d’un récit d’agression que les cyclistes roulent n’importe comment (ce n’est pas une raison et c’est faux).
Les violences n’ont pas lieu dans un vacuum, mais s’inscrivent dans cette structure sociale inégalitaire. C’est pourquoi une gifle ou une insulte d’un homme envers une femme n’a pas la même fonction, signification ni conséquence qu’une gifle ou une insulte d’une femme envers un homme. La présente étude explore ces différences de genre et cherche à comprendre les ressorts du discours de la neutralité de genre, ainsi que ses conséquences, afin de faciliter un positionnement féministe.
#backlash #féminisme