Il y a un papier de complément aussi très intéressant, le témoignage de deux anciennes employées de Ryanair en Norvège qui expliquent le système Ryanair.
En gros, tout est illégal dans le contrat de travail : le salaire (117 000 couronnes soit 15 000 euros pour dix mois) totalement inadapté dans le contexte norvégien ; pas de couverture maladie (bien qu’elle soit obligatoire en Norvège) le contrat précise qu’à la, place de la couverture maladie, les employés ont la possibilité de consulter... un médecin de la compagnie !! Bonjour la confidentialité.
Mais le plus étonnant dans cette affaire, c’est le laxisme des autorités norvégiennes qui ne font rien alors que maintes fois des employés et les syndicats ont prouvés que ces contrats de travail sont totalement illégaux.
Deux anciennes hôtesses témoignent :
« Mais ça n’a rien à voir avec du dumping social, c’est bien pire : c’est purement et simplement de l’esclavage »
« Un jour, alors que j’aidais un passager à ranger son sac dans un coffre à bagages, on est venu me dire que je n’étais pas assez efficace, trop gentille avec les passagers qui pouvaient bien ranger leurs affaires tout seuls, et que moi, j’avais d’autres tâches imposées »
Elle décrivent un régime de travail effrayant, des horaires impossibles, des contrôles et une surveillance en permanence. Les employés travaillent dans la peur d’être licenciés à tout moment « parce qu’ils sentent l’alcool, qu’ils n’ont pas pu ou su utiliser les micros, qu’ils n’ont pas assez vendu de produits pendant le vol ou qu’ils ne sont pas assez rapides » par exemple (souvent des motifs futiles).
« La majorité du personnel est recruté dans des pays très brutalement touché par la crie économique (Slovaquie, Hongrie, Pologne, Pays baltes, Portugal, Espagne,...). Un travail pour eux est un espoir, ils n’ont pas le choix et sont obligés d’accepter ces conditions. Pour beaucoup, c’est une question de survie ».
« Il ne fait aucun doute que ceux qui travaillent ici à la base de Ryanair à Rygge [petit aéroport près d’Oslo] doivent être couverts par les lois et règlements de la Norvège. Or, ce n’est pas le cas. »
« On a l’impression que Ryanair à l’aéroport de Rygge est une espèce d’ambassade d’un pays étranger : ils violent la loi en toute impunité, et ils ne sont même pas inquiétés par les autorités norvégienne comme si ils avaient une immunité diplomatique ! »
Ces hôtesses attaquent Ryanair en justice, l’affaire devrait être traitée dans les semaines qui viennent. Elles sont conscientes que Ryanair en retour pourrait aussi les attaquer pour n’avoir pas respecter leur « obligation de confidentialité absolue » sur ce qui se passe dans l’entreprise ! (c’est une clause du contrat que les employés signent).
Le porte parole de Ryanair répond :
« Aucun des employés de Ryanair ne sont obligés de rester avec nous, et tout le monde a la possibilité de quitter l’entreprise si bon leur semble. Pour le salaire, nous sommes obligé de le fixer à un taux qui nous permet d’employer 8 500 personnes » dit-il.
« Ryanair est une société irlandaise, tous les employés reçoivent un salaire irlandais, et payent des impôts irlandais et sont soumis au droit du travail irlandais, un point c’est tout ».
« Cela fait partie du principe de la libre circulation des travailleurs que la Norvège est obligé de respecter : il y a une législation européenne claire en ce sens (UE/EEE). Il existe aussi une convention fiscale entre la Norvège et l’Irlande qui montre que nous sommes dans la loi ».
Source : NRK, le 10 avril 2013
Kabinansatt saksøker Ryanair
▻http://www.nrk.no/nyheter/distrikt/ostfold/1.10979931