Ah, plus détaillé, en français… avec précisions croustillantes, puisque, comme c’est la règle quand ça part en sucette, l’US Air Force a évidemment développé ses propres logiciels pour pallier ALIS,…
En effet, sur un plan strictement opérationnel, certains, y compris au sein même du Pentagone, se sont inquiétés de la vulnérabité d’un tel système en cas d’attaque informatique. Qui plus est, avec le logiciel JRE [Joint Reprogramming Entreprise], qui est une base de données partagés sur les systèmes d’armes mis en oeuvre par des adversaires potentiels, un escadron de F-35 doit disposer de 13 serveurs ; ce qui suppose une logistique lourde, dans des environnements « dégradés ».
En outre, chaque information relative aux vols effectués par les F-35 est envoyé vers les serveurs de Lockheed-Martin, à Fort Worth [Texas]. Ce qui n’est pas au goût des clients étrangers de cet appareil, qui n’ont pas forcément envie de voir leurs données sensibles ainsi collectées par Lockheed-Martin, souvent à leur insu ?
Mais au-delà de ces aspects, et en plus d’être coûteux [16,7 milliards de dollars durant son cycle de vie « pluriannuel », selon le Government Accountability Office, l’équivalent américain de la Cour des comptes], le système ALIS n’a jamais vraiment tenu ses promesses en termes de maintenance. Pire : il aurait même compliqué ce qu’il était censé simplifier.
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Le logiciel « ALIS ne reflète pas toujours la réalité, ce qui entraîne occasionnellement des annulations de mission. Et ce problème persiste, même avec la version 3.0.1 d’ALIS » et il « ne permet pas aux opérateurs étrangers d’empêcher que leurs données confidentielles soient envoyées aux États-Unis », avait résumé Defense News, en juin dernier.
Finalement, la situation étant intenable et les critiques nombreuses, Lockheed-Martin va arrêter les frais avec ALIS… et développer un nouveau logiciel qui, appelé ODIN [Operational Data Integrated Network], prendra en compte les observations et surtout les exigences des pilotes et des techniciens.
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Le système ODIN devrait être disponible en 2022 pour les F-35A [la version classique, le F-35B et F-35C, déployés à bord de navires, devant attendre], ce qui laisse supposer que les ingénieurs de Lockheed-Martin ne partiront pas d’une feuille blanche et qu’ils reprendront sans doute des applications d’ALIS.
Cependant, sans atteindre cette échéance, l’US Air Force a déjà entrepris de développer une suite logicielle visant à remédier aux problèmes d’ALIS.
Appelé « Mad Hatter », il propose plusieurs applications « distinctes qui aident les responsables de la maintenance à faire ce qu’ils faisaient sans ALIS », avait expliqué Steve Wert, directeur des programmes numériques de l’Air Force, en mai 2019.