• #Livre-blanc - Prendre au sérieux la société de la #connaissance

    Ce Livre Blanc est le fruit de quatre années de rencontres, de séminaires préparatoires, de colloques, d’auditions, de focus groups. Plus de 1.500 personnes y ont contribué depuis 2012. Il est représentatif de ce que l’on nomme « la #société_de_la_connaissance_par_le_bas ». Il se justifie d’autant plus que la confiance de tous nos interlocuteurs dans l’apport des démarches scientifiques comme de la #formation_supérieure dans la construction de notre futur commun est avérée. Ce Livre Blanc est une contribution à l’analyse. Il propose des pistes d’amélioration des politiques publiques. Il vise à définir l’horizon d’actions pour les acteurs concernés : le législateur, l’exécutif, les acteurs de la société civile, les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et les collectivités

    https://inra-dam-front-resources-cdn.wedia-group.com/ressources/afile/397900-528c0-resource-livre-blanc-alliss-prendre-au-serieux-la-societe-de-la-connaissance.pdf
    #capacitation #savoir #université #innovation_élargie #recherche #société_civile

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    Ce Livre Blanc a été envoyé par email dans une des listes militantes contre la réforme retraites et contre la LPPR, le 25.01.2020. Avec ce commentaire :

    Dans le cadre de l’#OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a pour mission d’informer le Parlement), en mars 2017, cette association avait présenté son Livre Blanc « Prendre au sérieux la société de la connaissance »

    https://inra-dam-front-resources-cdn.wedia-group.com/ressources/afile/397900-528c0-resource-livre-blanc-alliss-prendre-au-serieux-la-societe-de-la-connaissance.pdf
    Livre blanc envoyé ensuite à tous les candidats à la présidentielle

    https://usbeketrica.com/article/le-tiers-etat-de-la-recherche-envoie-ses-doleances-aux-candidats

    L’idée est simple : les #associations seraient devenues un acteur incontournable de la recherche mais souffrent d’un manque de #reconnaissance, et surtout d’un manque de #moyens !

    Le SNCS-FSU avait réalisé une lecture critique de ce Livre Blanc de 2017, à laquelle j’avais participée, que je vous transmets ci-dessous (le secrétaire général du SNCS-FSU avait réussi à se faire inviter à l’ OPECST, pour soulever, depuis la salle - et non à la tribune - nos inquiétudes) :

    1/ Ce document intègre une vision limitée des acteurs qui produisent de la #recherche_publique, comme en témoigne la définition de "Recherche" p. 8 : "les chercheurs professionnels, aussi appelés les scientifiques" = or pour faire fonctionner l’appareil public de recherche, on a besoin d’entre un tiers et de la moitié d’Ingénieurs, Techniciens et Administratifs (#ITA), qui ici sont totalement négligés, voire considérés comme remplaçables par des citoyens bénévoles ou des doctorants salariés par ces associations.

    Il repose aussi sur une vision très stigmatisée de la recherche publique, avec des termes péjoratifs répétés de manière régulière comme "confinée en laboratoire", "approches académiques surplombantes", "la République des savants", "silos disciplinaires"...

    C’est à se demander s’ils veulent travailler avec des scientifiques...

    2/ Ce document repose à l’inverse sur une vision idéalisée des gentils citoyens, qui seraient animés d’un même but, faire progresser la recherche fondamentale, d’un souci du bien commun, liée à leur curiosité et à leur engagement, sur des « causes communes ».

    Or, si des « amateurs » éclairés peuvent participer à l’observation de faits naturels (les oiseaux, la flore, ou les patients à l’égard de leur maladie et traitement), ou éventuellement certains faits sociaux avec les personnes concernées (pauvreté comme ATD-QuartMonde, transport), ce n’est pas réplicable dans tous les domaines.

    Sur d’autres « #causes_communes » plus discutées (égalité femmes-hommes et LGBT, avortement, racisme et immigration, origine du monde, OGM…), des amateurs éclairés avec des valeurs politiques ou religieuses pourraient même s’investir « contre » le développement de la recherche publique fondamentale.

    Loin de l’angélisme de ce document, des associations peuvent aussi détournées de leur but original par des organisations marchandes (les multinationales adorent les fondations) pour faire du #lobbying et influencer sur les problématiques « importantes », ou privilégier leur pérennité à la #vérité_scientifique (notamment quand les emplois en dépendent).

    Surtout, la production de connaissances ne doit pas être orientée que sur des « causes », même louables, pour poursuivre sa propre logique de #découverte_scientifique, on est bien là sur une #recherche_orientée, même sur des buts nobles.

    3/ Ce document intègre un parti-pris totalement idéologique selon lequel seules les associations (donc le privé non lucratif) seraient mieux à même de jouer le rôle de #médiation entre recherche et sociétés, notamment les #collectivités_territoriales, que des structures publiques. Et ces associations seraient le « tiers-Etat » de la recherche, au sens surtout de « pas assez financée » et ayant besoin de #subventions_publiques.

    Or la plus-value des associations en matière de production de savoirs, par rapport à la fonction publique de recherche, reste à démontrer, car les associations sont des petites structures de moyen terme, moins pérennes, très dépendantes de leurs financeurs, qui peuvent difficilement porter des infrastructures de long terme comme des bases de données ou des appareillages coûteux, ou des bibliothèques spécialisées. Une association soutenue par une Région peut être fragilisée en cas de changement de majorité politique.

    Le document signale d’ailleurs lui-même cette fragilité :

    En 2015, les élections régionales ont mis un terme aux initiatives locales pour se concentrer sur le #transfert_technologique (p. 55) Dans les exemples développés, des associations, comme #TelaBonica, ont pris le relais d’activités de recherche désinvesties par la recherche publique. Ces "associations" reposent d’ailleurs sur de larges financements publics, comme TelaBonica :

    http://www.tela-botanica.org/page:partenaires_financiers?langue=fr

    D’autres exemples cités, comme les #FabLab, ne produisent pas de la recherche, même s’ils peuvent réaliser de l’#innovation et faire de la transmission des savoirs scientifiques.

    Nombre d’exemples cités auraient pu tout autant être développés dans des structures publiques de recherche, sous la forme de projets participatifs. Le passage concernant les collectivités territoriales est très problématique : pour l’instant, les universités et EPST, implantés dans toutes les régions, avaient construit des liens avec les collectivités territoriales, via des financements des structures publiques, de colloques ou de doctorants en #CIFRE ou post-docs financés. D’où sort l’idée, qui ne s’appuie sur aucun chiffre, que le lien entre recherche et collectivités territoriales est inexistant ? A part que dans certaines régions, les laboratoires publics et les universités ont été progressivement fragilisés et sous-financés !

    Il faut donc que ce modèle, qui s’est développé à petite échelle et sous certaines conditions "bonnes", voire "idéales", notamment dans le champ de l’#éducation_populaire_scientifique ne soit pas étendu sans réflexion, sur les effets pervers encore non anticipés, surtout quand ils demandent que leur soient ouverts de nouveaux droits collectifs :

    – demande d’avoir des sièges dans les conseils scientifiques et instances scientifiques des EPST et universités (avec effet sur les problématiques légitimes ou pas, financées ou pas) : de quelles instances précisément ? et à quelle association précisément ?

    – demande de reconnaissance du travail scientifique "bénévole" de collecte de données (qui peut à terme justifier de ne pas remplacer des postes d’Ingénieurs et de techniciens dans les laboratoires publics et donc que le travail associatif se fasse en substitution du travail des fonctionnaires), qui serait validée par des seules "normes qualité" ; or le contrôle doit se faire par les pairs, dans la proximité, pour éviter toute dérive de données fausses, bidonnées et non vérifiables !

    – demande d’un budget de l’ESR de 110 M€ ciblé sur des associations à but scientifique, ce qui donne des emplois dérivés vers ces structures, avec 1.000 thèses en CIFRE, un programme ANR, une extension du Crédit Impôt Recherche aux associations, un service civique étudiant scientifique... Et puis quoi encore ?

    Ce Livre blanc n’a jamais été discuté largement avec la communauté scientifique et ses instances représentatives. On ne peut pas plaider pour des sciences participatives et citoyennes, sans demander l’avis aux scientifiques, ça ne marche pas que dans un sens !

    5/ Enfin, on peut se demander pourquoi la coordination du Libre Blanc de 2017 n’était portée que par certains acteurs de l’ESR, alors que #Alliss se présente comme une « plateforme de travail et de coopération » entre établissements d’enseignement supérieur et de recherche et acteurs de la société civile, associations, syndicats, entreprises.

    #RAP #PAR