• Des Suisses dans les camps de la mort hitlériens

    Au moins 391 Suisses ont été incarcérés dans les camps de concentration nazis, dont bon nombre de Suisses de l’étranger. Trois journalistes ont enquêté à ce sujet et publié un livre qui raconte pour la première fois les destins des détenus suisses des camps.
    Le 10 février 1944, #Marcelle_Giudici-Foks, alors jeune maman, est déportée au camp de concentration d’#Auschwitz. En France occupée, la Gestapo l’entasse dans des wagons à bestiaux avec plus de mille autres juifs. Professeure de danse à Royan, sur la côte atlantique, Marcelle est mariée à Jean Giudici, un Suisse de l’étranger. En l’épousant, elle est devenue suisse à son tour. Les parents de Jean avaient fui la misère au Tessin pour tenter leur chance comme marchands de gaufres en France.

    À partir de 1942, début des déportations massives, la situation devient critique pour les juifs de France. Marcelle et Jean tentent de gagner la Suisse pour s’y mettre en sécurité. Mais la jeune femme étant sur le point d’accoucher, ils renoncent au dernier moment à se joindre au convoi ferroviaire de sauvetage des autorités suisses. Fin janvier 1943, la Confédération rapatrie enfin les juifs suisses vivant en France. Auparavant, elle a longtemps tergiversé, malgré les avertissements réitérés du directeur du consulat suisse à Paris, René Naville, sur le danger menaçant ses citoyens. Le rapatriement intervient trop tard pour Marcelle Giudici, qui mourra à Auschwitz.

    « Digne de notre intérêt »

    Le Suisse #René_Pilloud est lui aussi envoyé dans un camp de concentration. Né à Fribourg, il s’est installé avec ses parents à Bellegarde, en France. Le père travaille à l’usine, René suit un apprentissage d’outilleur. En février 1944, alors qu’il se rend à un tournoi sportif, le jeune homme de 17 ans se retrouve pris malgré lui dans une opération de la Wehrmacht contre la résistance française. Il est violenté et déporté à #Mauthausen. Les autorités suisses tentent de le faire libérer. Dans les dossiers de l’époque, elles notent que le jeune homme est « digne de [leur] intérêt particulier ».

    À un moment, un échange de prisonniers est envisagé, mais la Suisse y renonce. Elle ne veut pas troquer des Suisses innocents contre des criminels allemands légalement condamnés. Ces nobles principes de l’état de droit prolongent le martyre de René Pilloud. Début 1945, il est détaché au crématorium du camp, où il doit incinérer chaque jour des centaines de corps. Ce n’est que peu avant la fin de la guerre que la Croix-Rouge parvient à le ramener en Suisse. Il est amaigri, traumatisé, tuberculeux. La Suisse lui verse un dédommagement de 35 000 francs au titre de victime des nazis. Il mourra en 1985 à Genève.
    Des numéros qui reprennent visage humain

    René Pilloud et #Marcelle_Giudici : deux noms, deux destins terribles reconstitués en détail parmi d’autres dans le livre des journalistes Balz Spörri, René Staubli et Benno Tuchschmid. Pendant quatre ans, les auteurs ont passé au peigne fin les archives et les bases de données et se sont entretenus avec des descendants. Ils ont réussi à établir pour la première fois une liste de victimes avérées : 391 citoyens suisses ont été incarcérés dans les camps de concentration. 201 d’entre eux y ont péri. À ce nombre, s’ajoutent 328 détenus nés en Suisse, mais n’en ayant jamais possédé la citoyenneté. 255 n’ont pas survécu aux camps. Toutes les personnes concernées ont été arrêtées en Allemagne ou dans une zone occupée – essentiellement en France où vivait alors le plus grand nombre de Suisses de l’étranger – avant d’être déportées.

    Une partie des victimes suisses des camps nazis était juive, d’autres étaient des résistants ou des marginaux. Les auteurs du livre dressent la liste de leurs noms sous la forme d’un « mémorial », de Abegg, Frieda à Zumbach, Maurice. Des photos accompagnent parfois ces noms. « Dans les camps, ces personnes n’étaient que des numéros, et dans les archives fédérales, des cas d’indemnisation, écrivent les auteurs. Dans ce livre, nous voulons leur redonner un visage humain. »
    Lâcheté des autorités

    Il a fallu que 75 ans s’écoulent pour que le pays se préoccupe réellement de l’histoire des détenus suisses des camps nazis. Bien que des survivants comme René Pilloud aient raconté leur expérience après la guerre et que le Parlement ait approuvé des indemnisations, la Suisse ne s’y était guère intéressée jusqu’ici. On ne trouve aucune trace de ces biographies dans les ouvrages scientifiques de référence. En racontant ces destins, les journalistes font cependant plus qu’un travail de deuil. Ils posent aussi des questions délicates sur le rôle officiel du pays. Leur conclusion : « La Suisse aurait pu sauver des dizaines de vies si elle avait fait preuve de plus de courage et avait davantage insisté auprès des autorités allemandes. »

    Naturellement, il est « toujours plus aisé » d’émettre un tel jugement après coup, concède Balz Spörri dans un entretien accordé à la « Revue Suisse ». Pour juger des faits, il faut tenir compte de l’état des connaissances et de la marge de manœuvre des protagonistes de cette époque. L’ouvrage décrit en détail comment la politique et les médias suisses ont réagi à la mise en place des camps par le régime national-socialiste. En dépit des indices, pendant longtemps, les camps de concentration n’ont pas été perçus en Suisse comme des camps d’extermination.
    Des citoyens de seconde zone

    En 1942 encore, Heinrich Rothmund, chef de la Police fédérale des étrangers, dresse un rapport totalement inoffensif sur sa visite au camp de Sachsenhausen. Le Conseil fédéral s’empresse de le croire. Les trois journalistes n’ont trouvé aucune indication permettant de penser « que le Conseil fédéral se soit penché sur le sujet des camps ou des détenus suisses de ces camps avant 1944 ». Ce furent des diplomates courageux comme l’envoyé suisse à Berlin, Paul Dinichert, qui parvinrent à faire libérer des Suisses arrêtés. Après l’occupation de la France par l’Allemagne, Berne avait toutefois appelé à la prudence. Le successeur de Dinichert, Hans Frölicher, respecta scrupuleusement la consigne. Il craignait qu’en provoquant Hitler, celui-ci ne décide d’envahir son pays neutre. Mais il faut souligner qu’en Suisse, Frölicher était vu comme un opportuniste et un ami des nazis.

    Si les autorités suisses n’ont pas tout mis en œuvre pour protéger leurs citoyens à l’étranger, c’est aussi parce qu’elles ne tenaient pas au retour de certains, dont l’accueil aurait coûté trop cher aux caisses de l’État : criminels, « asociaux », handicapés. D’autres étaient aussi pourchassés en Suisse, comme les communistes, les Roms, les homosexuels et les marginaux. « On trouve des preuves de cela dans les dossiers de l’époque », indique Balz Spörri. Ainsi Pierre Bonna, chef de la Division des affaires étrangères à Berne, écrivit aux diplomates à Berlin : « La légation ne doit pas mettre en danger sa crédibilité, au détriment de tous les autres citoyens suisses dignes de protection, pour des éléments qui, par leur faute ou leur comportement anti-suisse et provocateur, sont eux-mêmes à l’origine des difficultés qu’ils connaissent. »
    « Une telle image de la femme »

    Ce credo scella le destin d’Anna Böhringer-Bürgi, de Bâle. Très tôt, les autorités avaient taxé sa vie de « licencieuse », et elle avait eu des démêlés avec la justice. En épousant un Allemand, cette mère de sept enfants avait perdu sa nationalité suisse. Peu après le début de la guerre, à 54 ans, elle cherche asile en Suisse et dépose une demande de réintégration. Demande rejetée. Un fonctionnaire écrit qu’Anna est « une prostituée et une délinquante notoire » et qu’il faut bien se garder « de redonner le droit de cité cantonal à une telle image de la femme ». Anna Böhringer doit quitter le territoire suisse. Elle meurt en 1945 à Ravensbrück. Plus tard, la Suisse rejettera également la demande d’indemnisation de sa fille, arguant du fait que sa mère n’était pas suisse lors de son arrestation.

    Les 391 victimes des camps de concentration mentionnées dans le livre sont toutes décédées aujourd’hui. L’expérience des camps a cependant poursuivi les survivants jusqu’à la fin de leur vie. Albert Mülli, installateur sanitaire et social-démocrate zurichois, fut arrêté en 1938 à Vienne par la Gestapo, puis déporté au camp de Dachau comme prisonnier politique. On l’accusa de fréquenter les communistes. Albert Mülli survécut à six ans de détention. Il rentra en Suisse, refit sa vie, siégea au Parlement du canton. Avant sa mort, en 1997, son passé le rattrapa. Dans l’EMS où il vivait, atteint de démence, il était assailli par les cauchemars : jour et nuit, il revivait l’horreur du camp. Sa fille a confié aux auteurs du livre qu’assister à cela avait été extrêmement douloureux.
    Perpétuer le souvenir

    Ce livre n’est qu’un début, souligne Balz Spörri, en affirmant qu’une recherche systématique sur les victimes suisses de la terreur nazie est nécessaire. Tout comme une réparation morale passant par la reconnaissance de l’existence de ces victimes et du tort qui leur a été fait. Bon nombre d’entre elles ont lutté contre le régime nazi et l’ont payé de leur vie : « Nous pensons qu’il est temps qu’un jour, un conseiller fédéral aborde ce sujet. » Balz Spörri salue l’engagement de l’Organisation des Suisses de l’étranger en vue de l’érection d’un mémorial (voir page 9). Le Conseil fédéral est jusqu’ici resté vague à ce sujet.

    Pour parler aussi aux plus jeunes, ce mémorial pourrait être associé à des formes numériques de souvenir, lance Balz Spörri. Par exemple un site Internet relatant la vie des victimes, sorte de monument virtuel. Car une chose est sûre : les témoins de l’holocauste auront bientôt tous disparu. Il est par conséquent d’autant plus essentiel que leurs récits soient conservés dans la mémoire collective.
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    https://www.revue.ch/fr/editions/2020/01/detail/news/detail/News/des-suisses-dans-les-camps-de-la-mort-hitleriens-1

    #Suisse #camps_de_concentration #WWII #deuxième_guerre_mondiale #seconde_guerre_mondiale #nazisme #histoire #livre

    • Die Schweizer KZ-Häftlinge. Vergessene Opfer des Dritten Reichs

      Selbst unter Historikern ist kaum bekannt, dass während des Dritten Reichs Hunderte von Schweizerinnen und Schweizern in Konzentrationslagern inhaftiert waren. Viele von ihnen wurden umgebracht. Unter den Opfern waren Männer, Frauen und Kinder, Juden, Sozialisten, Homosexuelle, Sinti und Roma, Zeugen Jehovas, Widerstandskämpfer. Die Schweizer Behörden hätten viele vor dem Tod bewahren können. Warum taten sie es nicht?
      75 Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkriegs arbeiten die Autoren erstmals die Geschichte der Schweizer KZ-Häftlinge auf. Basierend auf Akten, Briefen, historischen Dokumenten und Gesprächen mit Angehörigen sind zudem zehn Porträts von Schweizer KZ-Häftlingen entstanden. Sie stehen stellvertretend für die vielen Schweizer Opfer nationalsozialistischer Verfolgung, die in diesem Buch erstmals in einer Liste namentlich aufgeführt werden.

      https://www.nzz-libro.ch/schweizer-kz-haeftlinge-opfer-des-dritten-reichs-namensliste

  • Le #village qui va devenir un #hôtel

    Avec seulement onze habitants, la commune tessinoise de #Corippo est extrêmement petite. Il s’agit même de la plus petite de #Suisse. Plus pour longtemps toutefois, car dans quelques mois, le #hameau fusionnera avec la commune du #Val_Verzasca. Mais la question centrale reste la suivante : quelles perspectives économiques possède un village de #montagne minuscule essentiellement peuplé de personnes âgées ?

    La route grimpe sérieusement. Elle passe à côté du barrage de la Verzasca – 220 mètres de haut –, rendu mondialement célèbre par le saut de James Bond dans « GoldenEye ». Puis elle longe le lac artificiel avant que Corippo, enfin, se dessine à l’horizon. Le hameau est accroché comme un nid d’oiseau au flanc droit de la vallée, ses petites maisons de pierre et leurs toits d’ardoise se fondant dans le paysage en terrasses. Le clocher de l’église se dresse au milieu du village. Un petit cimetière accueille les visiteurs à l’entrée de la localité. Mais les bougies de la Toussaint sont consumées, et les fleurs, fanées.

    Le lieu serait romantique, mais sous la pluie mêlée de neige il semble, en cet après-midi d’hiver, morose et peu accueillant. « Chiuso – fermé depuis le 30 octobre », annonce une pancarte devant l’unique auberge du village, relais apprécié des randonneurs en été. D’après l’Office fédéral de la statistique, la commune ne compte que onze habitants pour une moyenne d’âge de plus de 70 ans. C’est la plus petite de Suisse. Mais plus pour très longtemps, car en avril, Corippo fusionnera avec la commune de Verzasca.

    Aujourd’hui, à Corippo, bon nombre de maisons sont vides ou ne sont plus utilisées que comme résidences de vacances en été. À son époque la plus faste, en 1850, le village comptait près de 300 âmes. Un nombre qui n’a cessé de dégringoler. Corippo a connu le même destin que tout le Val Verzasca et d’autres régions de montagne du nord du Tessin. La pauvreté, conjuguée avec le manque d’emploi et de revenus, a poussé les gens à quitter le village.

    Pour l’instant, Corippo mérite toujours son superlatif de plus petite commune de Suisse. Sur place, cependant, on semble en faire peu de cas, et encore moins vouloir en parler. On ne répond pas, ou seulement sur un ton grincheux, aux questions des étrangers sur la situation de la localité. « Tout le monde est parti en plaine », marmonne un vieil homme en se hâtant de refermer le portail de son jardin derrière lui.

    Voilà des années déjà que le village n’a plus d’administration communale. Claudio Scettrini, 55 ans, forestier et plus jeune habitant de Corippo, a été son dernier maire. Le conseil communal comptait trois personnes : lui, sa tante et sa belle-sœur. « Mais nous devions toujours tout demander au canton, et à la fin il ne se passait jamais rien », expliquait-il au moment de jeter l’éponge, à bout de nerfs, en 2017. Depuis lors, la commune est administrée de l’extérieur.

    L’incapacité des toutes petites communes à assurer le bon fonctionnement de l’administration prouve, pour le conseiller d’État tessinois Norman Gobbi, qu’une politique de fusion ciblée est incontournable. D’après lui, les services importants qu’attendent aujourd’hui les citoyens ne peuvent plus être fournis de manière autonome par une commune de la taille de Corippo. L’approvisionnement en eau et les canalisations coûtent très cher. « Comme beaucoup d’autres communes, Corippo a dû se rendre à l’évidence », souligne le politique.

    C’est la raison pour laquelle la fusion de communes va bon train depuis plusieurs dizaines d’années. En 25 ans, le nombre de communes du Tessin est passé de 245 à 115. « Le plan de fusion cantonal vise une réduction à 27 communes à long terme », explique Norman Gobbi. Le même processus est à l’œuvre au niveau fédéral : à l’échelle du pays, le nombre de communes est passé de 2899 à 2255 entre 2000 et le printemps 2017. Certains cantons, comme Glaris, ont fait tabula rasa : de 25 communes, il est passé à trois en 2011. Cette évolution n’est pas que positive. Les sceptiques disent qu’avec la création de ces supercommunes, l’identité propre de chaque lieu s’effrite toujours davantage.

    Retour à Corippo : dans l’ancienne cure, près de l’église, une habitante met les points sur les « i » : « Les gens ne veulent plus parler aux journalistes, car ceux-ci ont déformé tous nos propos. » En effet, ces dernières années, un nombre considérable de médias ont déboulé dans ce hameau du Val Verzasca après avoir appris qu’il allait se transformer en hôtel. Des reportages ont même paru dans le « New York Times ». Et une équipe de la chaîne de TV BBC est venue tourner dans les ruelles de Corippo.

    Mais qu’est-ce qui est prévu, au fond ? L’idée est que certaines des vieilles maisons de pierre, les rustici, deviennent des chambres d’hôtel. La réception serait installée dans l’auberge, où les clients pourraient aussi prendre leurs repas. Le concept se nomme « Albergo diffuso », ou « hôtel disséminé », et a déjà été mis en œuvre dans plusieurs vieux villages d’Italie. En Suisse, Corippo ferait figure de pionnier.

    Fabio Giacomazzi est architecte, urbaniste et président de la Fondation Corippo, qui gère le projet d’hôtel et a racheté à cet effet une douzaine de maisons il y a quelques années. L’objectif est de préserver « la magie des lieux », mais aussi de donner un nouveau souffle au hameau. Fabio Giacomazzi a déjà fait visiter à plusieurs personnes le village et ses maisons abandonnées, où le temps semble s’être arrêté. Dans certaines, de vieilles chaussures traînent encore sur le sol, et l’on trouve du bric-à-brac dans les coins. Des toiles d’araignée ornent les fenêtres. Cela dit, un appartement de vacances a déjà été aménagé dans l’une des maisons de la fondation, et le moulin a lui aussi été remis en état. Début 2020, la rénovation des autres rustici devrait enfin commencer. Au village, on se méfie : « On nous promet tellement de choses depuis des années… », souffle une habitante.

    Fabio Giacomazzi comprend cette méfiance, mais il souligne aussi que les travaux ne pourront commencer que quand tous les fonds auront été réunis. Le budget global s’élève à 3,6 millions de francs. « Près de 600 000 francs manquent encore », indique l’architecte. Il a bon espoir de réussir à réunir bientôt cette somme, et compte pour cela sur des donateurs privés.

    Claire Amstutz soutient le projet. C’est elle qui gère l’auberge de Corippo. En hiver, elle n’y vient cependant que rarement. Nous la rencontrons presque par hasard, tandis qu’elle prépare le repas du dimanche pour ses fidèles clients : un plat bernois à base de haricots secs, pommes de terre, choucroute, lard et saucisse. Cette Suisse allemande d’origine ne sait pas encore, elle non plus, comment les choses évolueront ; elle attend son nouveau contrat pour la saison 2020.

    Fait curieux : au mur de l’auberge pend déjà un certificat de l’« Hotel Innovations Award », décerné par la Société Suisse de Crédit Hôtelier et Gastrosuisse en 2017 au projet « Albergo diffuso ». En raison de ce prix, un grand nombre de personnes ont déjà appelé pour réserver une chambre. « Ce qui n’est pas encore possible à ce jour », rigole Claire Amstutz.

    Thomas Egger trouve le projet de Corippo « exemplaire ». Le conseiller national PDC valaisan est président du Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB). « L’idée d’un hôtel décentralisé est excellente pour mieux exploiter le patrimoine architectural existant », ajoute-t-il. Et de citer des initiatives similaires à Grengiols (VS), sous le nom de « Poort a Poort » et à Albinen (VS), sous la désignation d’« Albijou ».

    D’après Thomas Egger, il est hors de question d’abandonner des communes ou des parties des régions de montagne. Et il sait que le Conseil fédéral est sur la même longueur d’ondes. À la mi-novembre, ce dernier a approuvé un rapport indiquant comment assurer la pérennité des régions de montagne et contrer l’exode rural. Par exemple par l’extension des infrastructures numériques, en particulier avec le haut et très haut débit.

    https://www.revue.ch/fr/editions/2020/01/detail/news/detail/News/le-village-qui-va-devenir-un-hotel-1
    #Tessin #la_plus_petite_commune_de_Suisse #small_is_beautiful

  • L’#aide_au_développement peut-elle réguler l’immigration ?

    Moins de pays, davantage de financements privés et un accent plus fort mis sur la migration : le débat politique sur la réorientation de l’aide suisse au #développement commence en mai. #Fritz_Brugger, maître de conférences et conseiller en matière d’aide au développement, évoque les risques et les opportunités.

    swissinfo.ch : Le Conseil fédéral souhaite obtenir le soutien le plus large possible à l’orientation de l’aide suisse au développement au cours des quatre prochaines années. Pour la première fois, les politiciens et les groupes d’intérêt pourront s’exprimer à l’avance. L’aide au développement va-t-elle à l’avenir moins fâcher les esprits ?

    Fritz Brugger : Je crains que non... Jusqu’à présent, la discussion s’est principalement concentrée sur la question du niveau d’engagement de la Suisse, c’est-à-dire combien d’argent devrait aller à la coopération au développement. Cette situation est en train de changer avec la consultation prévue, qui se concentrera davantage sur des questions de contenu et d’instruments, qui étaient auparavant laissées aux experts.

    swissinfo.ch : Cela semble plutôt positif…

    F.B. : Un débat public sur le mandat actuel de la coopération suisse au développement est souhaitable, oui. Mais il y a un risque que des questions techniques soient politisées. En pleine année électorale, ce risque pourrait se confirmer. La coopération au développement est un effet un thème sur lequel les politiciens aiment bien s’écharper.

    swissinfo.ch : La coopération suisse au développement se concentre désormais sur quatre régions. Les intérêts de l’économie suisse devraient également être davantage pris en compte et l’aide au développement plus étroitement liée aux migrations. Ces mesures ont-elles un dénominateur commun ?

    F.B. : On peut constater que la coopération au développement se concentre davantage sur les intérêts à #court_terme de la Suisse. Jusqu’à présent, tout le monde reconnaissait qu’il était dans l’intérêt à long terme de la Suisse de lutter contre la #pauvreté. L’intérêt à court terme de la Suisse est désormais de limiter l’immigration. L’aide au développement doit ainsi être transformée en un instrument de gestion des migrations.

    swissinfo.ch : Qu’y a-t-il de mal à cela ?

    F.B. : Les recherches montrent que la coopération au développement ne réduit pas la migration à court terme. On ne peut pas se contenter de regarder les Syriens et les Érythréens qui viennent en ce moment en Suisse et orienter toute l’aide au développement en conséquence. Les raisons qui influencent la migration sont multiples.

    Cette approche, qui est axée sur l’intérêt personnel à court terme, comporte également le risque de passer d’une approche de long terme et fiable de la réduction de la pauvreté à des interventions à court terme. Selon le nombre de réfugiés et de migrants qui arrivent dans notre pays, la Suisse pourrait ainsi décider d’abandonner ou de poursuivre sa coopération au développement dans la région d’origine.

    swissinfo.ch : Quelles en seraient les conséquences ?

    F.B. : Le risque est de créer une contradiction interne, car l’argent investi pourrait ne pas avoir d’effet à long terme. En termes d’#efficacité, l’argent ne serait donc pas dépensé de manière optimale, ce qui donnerait lieu à des critiques justifiées. Les mesures de coopération au développement devraient surtout être examinées en fonction de leur impact.

    Le choix des acteurs et des instruments devrait également être fondé sur l’impact. Prenons l’appel en faveur d’un rôle accru pour le secteur privé : le secteur privé doit jouer un rôle dans tous les cas. L’ampleur de ce rôle devrait toutefois dépendre de comment et avec quel acteur il est possible d’obtenir l’impact le plus important.

    swissinfo.ch : Estimez-vous que la réduction de la pauvreté est l’objectif le plus menacé ?

    F.B. : Il y a un risque que certains instruments ou certaines questions dominent, sans tenir compte des tendances et des défis à long terme.

    Par exemple, on ne peut fondamentalement pas reprocher à la Suisse de vouloir réduire le nombre de pays qu’elle aide pour rassembler les forces. Cependant, il est important de garder à l’esprit que la géographie de la pauvreté – qui comprend non seulement le manque d’argent, mais qui se mesure aussi en termes de santé, de nutrition, d’accès à l’eau ou à l’éducation – a changé. Il y a de moins en moins de « pays pauvres », mais de nombreux pays dans lesquels des groupes de population de certaines régions vivent dans la pauvreté ou dans lesquelles la pauvreté est aggravée par une urbanisation rapide. De telles #inégalités présentent également un grand potentiel de tensions sociales.

    swissinfo.ch : La Suisse est-elle le seul pays à réorganiser sa coopération au développement et à se concentrer sur ses propres intérêts à court terme ?

    F.B. : Actuellement, les États servent de plus en plus leurs propres intérêts. Et la question des migrations domine le débat politique interne dans de nombreux pays. De ce point de vue, la discussion en Suisse s’inscrit dans une tendance générale.

    Au sein de l’Union Européenne (#UE), par exemple, il y a une pression considérable pour gérer la migration avec les fonds de la coopération au développement. Et en #Angleterre, le discours sur les intérêts de la politique nationale et étrangère comme celui du rôle de l’industrie dans la coopération au développement se poursuit également depuis plusieurs années.

    swissinfo.ch : L’aide suisse au développement est appréciée pour sa neutralité et sa fiabilité. Voyez-vous cette réputation menacée par la réorientation ?

    F.B. : La réputation de partenaire sincère que s’est forgé la Suisse n’est pas menacée. Le pays est trop petit pour apparaître comme un acteur politique de pouvoir. En ce qui concerne la fiabilité, je suis moins optimiste. Les pays partenaires de la Suisse apprécient notre pays parce qu’il tient ses promesses sur le long terme. Si l’allocation des fonds de coopération au développement dépend à l’avenir des mouvements migratoires actuels, nous compromettrons cette réputation. La fiabilité est indispensable dans les questions de développement si nous voulons avoir un impact. Elle ferait ainsi défaut.

    swissinfo.ch : Par rapport aux Etats-Unis ou à l’UE, par exemple, la Suisse n’est de toute façon qu’un acteur insignifiant de l’aide au développement…

    F. B. : Bien que la Suisse soit financièrement un petit acteur, elle sait se positionner. Jusqu’à présent, elle a réussi à trouver des niches dans lesquelles elle peut avoir un impact important par rapport à l’argent investi. Il ne serait pas prudent de mettre en péril ce rôle d’acteur de niche avec une orientation à plus long terme basée sur un prétendu intérêt personnel à court terme.

    https://www.swissinfo.ch/fre/politique/politique-de-d%C3%A9veloppement_l-aide-au-d%C3%A9veloppement-peut-elle-r%C3%A9guler-l-immigration--/44866002
    #migrations #asile #réfugiés #coopération_au_développement #Suisse #flux_migratoires #gestion_des_flux_migratoires #Europe #EU #UK

    Le changement de cap pour Brugger :

    Jusqu’à présent, tout le monde reconnaissait qu’il était dans l’intérêt à long terme de la Suisse de lutter contre la #pauvreté. L’intérêt à court terme de la Suisse est désormais de limiter l’immigration. L’aide au développement doit ainsi être transformée en un instrument de #gestion_des_migrations.

    voir métaliste :
    https://seenthis.net/messages/733358

    • Il nuovo aiuto allo sviluppo fa litigare Berna

      La consultazione facoltativa fa emergere tutti i punti controversi, dal ritiro dal Sudamerica al budget ’insufficiente’

      Legami tra aiuto allo sviluppo e migrazione, ammontare dei fondi investiti, ritiro dall’America latina: sono alcuni dei punti che hanno fatto maggiormente discutere nel corso della procedura di consultazione sull’orientamento da dare all’aiuto allo sviluppo elvetico nei prossimi anni.

      È la prima volta che le grandi linee della cooperazione internazionale vengono sottoposte a procedura di consultazione facoltativa. Il progetto prevede che gli aiuti tengano maggiormente conto degli interessi della Svizzera, in particolare in materia di politica migratoria.

      Per il PLR, è positivo che venga dato maggior peso alla migrazione. Il partito si aspetta ora che queste intenzioni si concretizzino. Oltre a rafforzare il dialogo e i partenariati in materia, occorre adoperarsi per concludere nuovi accordi di riammissione, ha sottolineato.

      PS e Caritas apprezzano dal canto loro il fatto che il legame tra aiuti e migrazione non sia soggetto a condizioni rigorose. I socialisti deplorano però che collegando questi due aspetti venga ridotta l’interazione complessa tra cooperazione e migrazione con il solo scopo di ridurre gli arrivi.

      Analogo il punto di vista della Croce Rossa Svizzera, per la quale la Confederazione deve utilizzare l’aiuto umanitario e i meccanismi di cooperazione allo sviluppo per ridurre la povertà, non per promuovere la politica migratoria.

      Per il periodo dal 2021 al 2024, il progetto prevede un budget di 11,37 miliardi, una somma ritenuta «insufficiente» dalle organizzazioni attive nell’aiuto allo sviluppo e dal PS. Ciò corrisponde allo 0,45% del reddito nazionale lordo (RNL) della Svizzera. Il Parlamento ha fissato quale obiettivo di dedicare lo 0,5% del RNL e il Consiglio federale si è impegnato ad aumentare questa quota allo 0,7%, come previsto dall’Agenda 2030, ricorda in particolare Swissaid.

      Il PLR indica dal canto suo che si pronuncerà ulteriormente sulla percentuale da destinare all’aiuto allo sviluppo, quando il messaggio sarà definitivo. Il partito del consigliere federale Ignazio Cassis sottolinea tuttavia che, oltre a un rigido obiettivo, è determinante l’efficacia con la quale i mezzi sono utilizzati.

      Diversi attori consultati ritengono che gli obiettivi siano formulati in modo troppo vago. La creazione della crescita economica sul posto deve essere la principale priorità, rileva il PLR.

      Per Unione sindacale svizzera, Alliance Sud, Swissaid, PS, Croce Rossa Svizzera e Accademia svizzera delle scienze naturali, gli obiettivi della cooperazione elvetica dovrebbero allinearsi a quelli dell’Agenda 2030 delle Nazioni Unite, ciò che implica in primis la riduzione della povertà.

      Per raggiungere tali scopi, non basta limitarsi alla cooperazione internazionale. La politica svizzera deve migliorare la sua coerenza in ogni dipartimento, in particolare nei settori della politica commerciale, fiscale e finanziaria. Tale esigenza deve essere esplicitamente menzionata, chiedono Alliance Sud, PS e USS.

      Il progetto prevede un riorientamento dell’aiuto internazionale elvetico su quattro regioni e 34 Paesi prioritari anziché su sei e 46 come avviene attualmente. Di conseguenza, la Svizzera si disimpegnerà progressivamente dall’America latina entro il 2024.

      Secondo il DFAE, tale concentrazione è necessaria. La politica in materia di sviluppo deve essere realistica e, affinché abbia un effetto tangibile, i fondi devono essere utilizzati in maniera mirata, scrive il PLR.

      Swissaid ritiene invece che viste le difficoltà politiche in questa regione, una partenza pura e semplice dell’aiuto svizzero «avrebbe conseguenze disastrose per le popolazioni locali».

      Caritas si mostra dal canto suo preoccupata per le sorti di Haiti. Tale Paese «dovrebbe essere considerato come un caso particolare».

      https://www.laregione.ch/svizzera/svizzera/1387562/il-nuovo-aiuto-allo-sviluppo-fa-litigare-berna

    • Une coopération au développement recentrée sur la Suisse

      En Suisse, le Conseil fédéral définit tous les quatre ans sa stratégie de coopération internationale. Pour la période 2021–2024, il souhaite fixer de nouvelles priorités. Ainsi, outre la lutte contre la pauvreté, les intérêts de l’économie et ceux liés à la politique migratoire et sécuritaire de la Suisse devront être davantage pris en considération lors du choix des pays et des programmes. « En vertu de son économie ouverte et très mondialisée, la Suisse dépend d’un ordre international stable », explique le ministre des Affaires étrangères, #Ignazio_Cassis (PLR), à la « Revue Suisse ». La Confédération a intérêt à ce que les principes de l’état de droit se renforcent dans les pays en voie de développement, d’une part pour la population locale, « d’autre part parce que ces pays constituent de futurs marchés ». Le conseiller fédéral poursuit en disant que la Suisse a intérêt « à s’attaquer aux causes de la migration irrégulière et forcée ».

      Concernant la politique migratoire, le Conseil fédéral veut cependant renoncer à faire dépendre l’aide au développement de la coopération d’un pays – par exemple pour le retour de refugiés renvoyés – comme l’exige l’UDC. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ainsi que les œuvres d’entraide ont pris position contre cette conditionnalité. Au printemps 2019, le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a insisté sur le fait que l’aide suisse au développement devait se focaliser sur les besoins des pays partenaires, et non se mettre au service de la lutte contre la migration irrégulière.

      https://www.revue.ch/fr/editions/2020/01/detail/news/detail/News/une-cooperation-au-developpement-recentree-sur-la-suisse-1

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