L’armée Rouge entre dans Auschwitz

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  • L’Armée Rouge à mis fin à l’holocauste et au nazisme - ...
    http://www.librairie-tropiques.fr/2015/02/l-armee-rouge-a-mis-fin-a-l-holocauste-et-au-nazisme.html

    « Il faut aujourd’hui se souvenir que sans les efforts de l’Armée rouge, les nazis auraient pu mener a terme leur tentative de génocide des Juifs d’Europe. »

    L’armée Rouge entre dans Auschwitz - Libération
    https://www.liberation.fr/societe/1995/01/25/l-armee-rouge-entre-dans-auschwitz_118557

    ENVER ALIMBEKOV Responsable d’un canon d’artillerie dans la 60e armée soviétique, le jeune sergent Alimbekov a terminé « sa » guerre à Prague. Quelques mois avant Auschwitz, il était entré

    – « C’était il y a cinquante ans. Un demi-siècle, c’est long pour ma mémoire. J’avais 21 ans, j’étais au front depuis 1942, dans le 472e régiment d’artillerie. A Babitz, à douze kilomètres du camp, les villageois nous ont parlé de cet endroit « où on brûlait les gens ». Nous sommes arrivés à proximité le 27 janvier au soir. La bataille aux portes du camp a été dure. Nous avons perdu 69 hommes. Semion Besprozvanny, le chef du régiment, est mort ce jour-là en libérant Auschwitz.

    Les prisonniers attendaient derrière les portes. Lorsque nous sommes entrés, il faisait déjà nuit. Une vilaine pluie mêlée à de la neige nous transperçait. La route qui menait à Auschwitz était mauvaise. On pataugeait dans la bouillie. Aux abords du camp, l’air était différent, lourd et puant. Les portes étaient ouvertes. Devant moi, je voyais une rangée de baraquements. Quelques prisonniers se sont immédiatement approchés de nous. « Les gardiens se sont enfuis il y a quelques heures », nous ont-ils expliqué. Les fascistes avaient laissé leurs réserves de nourriture, alors les prisonniers épuisés par la faim sont allés chercher des galettes et des harengs. Nous nous sommes éparpillés dans le camp, pour voir. Je crois que je suis parti en avant. J’ai ouvert la porte d’un baraquement en bois gris, délabré. L’entrée donnait sur une pièce très longue. J’ai regardé : des enfants, des enfants partout, là et là et là. Des restes de vêtements pendaient sur leurs corps tout maigres. Ils s’approchaient de moi, se dandinaient, rampaient, en gazouillant dans leur langue. Leurs petites mains sales et osseuses s’accrochaient à mes jambes. Il y avait une jeune fille plus âgée avec eux. Je lui ai demandé : « Mais d’où viennent ces petits ? » Elle était polonaise mais elle parlait russe. « Ce sont les enfants de Varsovie, du soulèvement, ils ont été raflés par les nazis. » « Moi, me dit-elle, j’ai combattu dans une organisation clandestine polonaise. La Gestapo m’a attrapée. Je suis ici depuis plusieurs années. » J’étais épuisé. La Polonaise me dit : « Restez ici avec nous. » Alors j’ai dormi dans le baraquement. Juste trois-quatre heures. Ensuite, je suis sorti dans la cour. Il était encore très tôt mais tout le camp le savait : les Russes sont là ! On entendait parler dans tous les sens, dans toutes les langues. Les Français se tapaient sur la poitrine en criant « Paris, Paris ». « Rome », ceux-là, visiblement, étaient italiens. Les Hollandais disaient « La Haye ». 27 nationalités en tout. Puis j’ai entendu parler ma langue. J’étais étonné qu’il y ait des Russes. La Polonaise, celle qui s’occupait des enfants, m’a répondu : « Monsieur, le monde entier est réuni ici. » Les prisonniers étaient horribles. Ils étaient épuisés. Ils pouvaient à peine marcher mais s’approchaient de moi quand même et pleuraient, m’attrapaient par la manche. Ils me tenaient. Impossible de me dégager. Tout le camp était comme ça. Le camp était libre : plus de Ge-stapo, plus de gardiens ni de chiens. La triple rangée de barbelés avait été arrachée. Les détenus me racontaient que tous les jours une commission les passait en revue. Quand ils mettaient une petite croix en face d’un nom, ça voulait dire que le lendemain la personne n’existerait plus. On emmenait les prisonniers par un chemin étroit vers des bâtisses qu’on remplissait de gaz. Et ils en mouraient. Ensuite on les brûlait. Des prisonniers tziganes éparpillaient les cendres pour que le vent les emporte. Quand je suis arrivé, les fours fonctionnaient encore. On dit que les Allemands ont tout dynamité en quittant le camp. Mais ce n’est pas vrai ; ils n’ont pas eu le temps de détruire toutes les installations. Je me souviens aussi d’un baraquement en bois. Il était rempli de pantalons, de manteaux et de chapeaux de femmes. Ensuite, je suis reparti pour rejoindre la batterie d’artillerie dont j’avais la charge. Il fallait poursuivre notre avancée vers l’Ouest. »

    Recueilli par Sophie Lambroschini

    « Camp de la mort affreux » : la libération du camp d’Auschwitz dans les souvenirs de l’Armée rouge - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/international/202001231042952426-camp-de-la-mort-affreux-la-liberation-du-camp-dau

    Conscience de la catastrophe
    Les documents de l’époque reflètent en outre comment les Soviétiques ont progressivement réalisé l’envergure de la catastrophe humanitaire à Auschwitz. Si les premiers rapports ne font état que des détails militaires, suivent très vite ceux sur l’état des personnes détenues et la libération des enfants.

    « La zone des camps de concentration d’Auschwitz est libérée. Un camp de la mort affreux. […] Des foules infinies libérées par l’Armée rouge sortent de ce camp de la mort. Parmi eux des Hongrois, des Italiens, des Français, des Tchécoslovaques, des Grecs, des Yougoslaves, des Roumains, des Danois, des Belges. Tous ont l’air extrêmement épuisés, des vieillards aux cheveaux blancs et des jeunes hommes, des mères avec des nourrissons et des ados. Pratiquement tous sont à moitié déshabillés », rédigeait le 19 janvier 1945 dans son télégramme au futur Président du Conseil des ministres d’URSS Gueorgui Malenkov le général-lieutenant Konstantin Kraïnioukov, membre du conseil militaire du Ier Front ukrainien. Ce texte et bien d’autres portant sur la libération du camp ont été rendus publics il y a quelques années et des documents relatifs à la libération de ce camp ne cessent d’être déclassifiés.