Il est temps d’en finir avec Sciences Po !

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  • Il est temps d’en finir avec Sciences Po !
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/28/il-est-temps-d-en-finir-avec-sciences-po_1797068_3232.html

    Du rapport de la Cour des comptes sur l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et la fondation privée qui le parraine, alias « Sciences Po », on risque de ne retenir que les acrobaties de quelques notables destinées à « obésifier » leur portefeuille.

    Mais ce n’est qu’un à-côté, une espèce de dommage collatéral de la haute idée que les gestionnaires d’une telle institution se doivent d’avoir d’eux-mêmes. L’"arrogance" relevée par un député après avoir entendu Jean-Claude Casanova et Michel Pébereau n’est pas un vice accessoire.

    Elle est la contrepartie nécessaire d’un projet d’établissement qui, depuis cent quarante ans, sape l’égalité des chances pour reconduire une classe dirigeante.

    #sciences_po #enseignement_supérieur

    • Car c’est le second scandale : non seulement l’Etat républicain consacre les prétentions exorbitantes de l’IEP par un statut dérogatoire, mais il les remplume. Un étudiant y coûte 50% plus cher qu’un étudiant d’université, bien que les matières enseignées ne soient pas les plus coûteuses en équipement, et que 93 % des enseignements soient assurés par des vacataires.

      Malgré une vertigineuse augmentation des droits d’inscription au cours des dernières années, l’Etat débourse 20 % de plus pour un étudiant à l’IEP que pour un étudiant d’université (à disciplines comparables, l’écart est encore plus grand).

      Autrement dit, à travers une fiscalité qui, reposant sur la TVA, affecte d’abord les classes populaires et moyennes, on finance les études chères des classes déjà privilégiées.

      On pourrait s’amuser de cette obstination, encore, si l’entre-soi se tramait autour de la dégustation d’un cigare ou d’une chasse à la bécasse, comme y invitent certains clubs de l’association des anciens.

      Mais il s’agit de quelque chose d’autrement plus sérieux : le maintien d’une domination. En 1872, juste après la Commune de Paris et le rétablissement du suffrage universel masculin, Emile Boutmy (1835-1906) créait Sciences Po en lui donnant une claire mission : « Contraintes de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles-mêmes les classes élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable.

      Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorité dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie. »

      du coup j’ai aussi lu la tribune de #Latour en défense de l’institution : http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/28/richard-descoings-est-mort-pour-la-seconde-fois_1797069_3232.html