• « Etats généraux du numérique pour l’éducation : et après ? »
    https://www.lemonde.fr/education/article/2020/12/15/etats-generaux-du-numerique-pour-l-education-et-apres_6063419_1473685.html

    En revanche, nous ne connaissons aucune recherche qui aurait montré empiriquement l’efficacité en condition réaliste des deux exemples cités ensuite : « pratiques innovantes permises par les outils numériques (machine learning, intelligence artificielle, par exemple) ». Plus largement, l’association entre innovation pédagogique et innovation technologique n’est pas soutenue par des données probantes.

    Le texte des EGNE a bien raison de préciser qu’on parle « d’outils adaptés aux besoins de la communauté éducative et d’une analyse de leurs usages » : en effet, toutes les recherches dans le domaine montrent que l’efficacité d’un outil ne garantit pas son usage en classe. Pour cela, il faut que l’outil soit compatible avec l’organisation temporelle, spatiale et matérielle de la classe, et, surtout, avec les activités conçues par les enseignants pour que les élèves apprennent.

    La question de l’appropriation des ressources numériques par « tous » les élèves est vive sur le plan scientifique, particulièrement autour des distances vis-à-vis de la dimension culturelle des usages, au-delà des questions d’ergonomie physique ou cognitive.

  • La Réunion, un « crash test » pour la rentrée de métropole
    https://www.lemonde.fr/education/article/2020/08/26/la-reunion-un-crash-test-pour-la-rentree-de-metropole_6049972_1473685.html

    Si l’île a été jusqu’à présent peu touchée par l’épidémie, le nombre de cas de Covid-19 se multiplie. « Pour la première fois, La Réunion connaît une réelle circulation virale », a déclaré, le 21 août, le préfet Jacques Billant. Dimanche, le département a battu un record avec 92 tests positifs en une journée. Les nouveaux cas ne sont plus identifiés comme « importés » de métropole. Les chiffres de l’agence régionale de santé (ARS) montrent désormais une forte progression des « cas autochtones ». L’identification de deux clusters à Saint-Denis, liés à des fêtes familiales, a entraîné le report de la rentrée au 7 septembre dans 24 écoles de la commune sur 77 « pour la protection des enfants et de leurs familles », a indiqué la maire Ericka Bareigts (divers gauche). A Saint-André, une école privée ne rouvrira ses portes que le 31 août car un membre du personnel a été testé positif.
    Depuis la rentrée, les annonces de fermeture partielle ou totale d’écoles ou d’établissements scolaires se succèdent à un rythme soutenu.

    #Covid-19#migrant#migration#france#lareunion#sante#casimporte#cascontact#casautochtone#circulation

  • « L’éducation nationale n’était pas du tout prête à ce fait national total qu’a été le confinement »
    https://www.lemonde.fr/education/article/2020/06/16/l-education-nationale-n-etait-pas-du-tout-prete-a-ce-fait-national-total-qu-

    Les données qualitatives qui nous reviennent montrent encore une fois l’importance de la formation entre pairs. Parmi les 50 % d’enseignants qui ont fait du mieux qu’ils pouvaient, beaucoup se sont appuyés sur les compétences et conseils de leurs collègues déjà acculturés, ou sur ceux des référents « numérique » du premier ou du second degré qui existent dans chaque établissement. Encore faut-il que ceux-ci soient bien repérés comme personnes-ressources par les chefs d’établissement et les académies…

    Soyons clairs : l’éducation nationale en tant qu’institution n’était pas du tout préparée à ce fait social total qu’a été le confinement. Le monde numérique glisse depuis quarante ans sur le monde enseignant. Malgré la succession des plans numériques, il s’articule encore mal avec l’univers scolaire.

    Avec le déconfinement, le temps est venu de mettre des mots sur cette expérience inédite. La parole des élèves, qu’on a très peu entendus tant qu’ils étaient enfermés chez eux, se libère. Or ce qu’ils ont vu d’hésitations ou d’insuffisances chez leurs enseignants peut nourrir une mise en cause – voire une mise en accusation – qu’ils verbalisent souvent sans filtre.

    Ce sont des adolescents, ne l’oublions pas. Eux aussi ont entendu dire autour d’eux que « tout se passait au mieux ». Que l’enseignement était assuré « presque comme d’habitude ». Que le CNED [Centre national d’enseignement à distance] – qui était tout sauf un modèle avant la crise – les aiderait à surmonter l’épreuve. Ce discours volontariste, déconnecté de leurs difficultés quotidiennes, a pu être mal vécu.

    Résumer le décrochage des élèves de milieu populaire au manque d’équipement numérique, comme on l’entend parfois, c’est faire fi des autres problématiques – économique, sociale, immigration, etc. – qui touchent ces populations et qui expliquent, en grande partie, leur éloignement de l’institution scolaire. Autrement dit : on pouvait s’attendre à ce qu’ils décrochent.

    Ce que la crise a mis en avant de manière plus surprenante, ce sont les fragilités numériques de tous les autres. L’envahissement du numérique par l’école à la maison et le télétravail a mis en difficulté nombre de familles traditionnelles, recomposées, monoparentales, des personnes modestes comme des « cadres sup » ayant fait de bonnes études. Et je ne parle pas que de ceux qui se sont aperçus que leur maison de campagne ne disposait pas d’assez de réseau… Si on exclut les jeunes adultes sans enfants des grands centres urbains, tous les Français ont été concernés.

    #Education #Confinement

  • Une réouverture des écoles et des collèges en trompe-l’œil depuis le déconfinement, Mattea Battaglia
    https://www.lemonde.fr/education/article/2020/05/28/une-reouverture-des-ecoles-et-des-colleges-en-trompe-l-il-depuis-le-deconfin


    Dans la cour de l’école Saint-Germain de Charonne, à Paris, le 14 mai. FRANCK FIFE / AFP

    A la veille de la deuxième phase du déconfinement, qui pourrait accroître la pression sur les établissements, 20 % des écoliers seulement ont pu reprendre le chemin de l’école.

    Ne leur parlez pas de « rentrée scolaire » . L’expression fait bondir la plupart des parents qui ne trouvent pas de place à l’école. « C’est un ersatz de rentrée , s’énerve Clara, trois enfants (de la maternelle au CM1), et aucun qui ne peut être accueilli dans leur petite école près d’Orléans. Pourquoi ne nous a-t-on pas dit, dès le départ, qu’il faudrait montrer patte blanche pour revenir en classe ? » « Parlons clair : c’est une réouverture au compte-gouttes » , témoigne aussi Philippe, papa d’une fillette en CE1 à Paris, qui confie « noyer de messages » sa directrice d’école dans l’espoir d’obtenir une place, « le Graal » .

    Avec le changement des règles d’attribution du chômage partiel, début mai, et l’annonce de la deuxième phase du déconfinement, les deux trentenaires, qui ont arrêté de travailler à la mi-mars − quand les écoles ont fermé –, voient s’approcher la « deadline du 1er juin » avec une certaine anxiété. Ils sont loin d’être les seuls.

    « La situation des parents risque de devenir explosive en juin » , affirme Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, fédération de parents d’élèves dont toutes les antennes départementales sont en alerte. Clara, avec un emploi dans la vente qui l’attend, envisage de confier la fratrie aux grands-parents : « C’est la première fois qu’ils reverront les enfants. » Philippe, lui, vient d’être rappelé par son école : sa fille devrait y être accueillie lundi. Une « heureuse surprise » pour ce journaliste qui ne s’estimait pourtant pas « prioritaire » .

    « Classes charnières »

    Qui l’est ? Qui ne l’est pas ? « On s’y perd un peu » , souffle-t-on au sein de la communauté éducative. Parce que les 40 000 écoles rouvertes n’ont pas toutes repris en même temps. Parce que certaines ferment d’un jour à l’autre au moindre cas de Covid suspecté (une centaine d’écoles, de source ministérielle), quand d’autres rouvrent. Parce que les élèves y sont convoqués « par roulement » , pour respecter un protocole sanitaire qui limite le nombre d’enfants par classe à quinze en élémentaire, à dix en maternelle, et n’autorise nulle part un accueil « comme avant » .

    Seule certitude : pour l’heure, 20 % des écoliers seulement, soit 1 350 000, ont pu reprendre le chemin de l’école, et 30 % des collégiens. « Nous voudrions que certains enfants aillent à l’école et nous n’y arrivons pas » , a reconnu le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ces derniers jours. Le gouvernement avait pourtant livré une feuille de route : reviendraient en priorité les écoliers des « classes charnières » (grande section, CP et CM2) et ceux identifiés comme en difficulté sociale et scolaire. Ces derniers ne se bousculent pas dans les classes, affirment les directeurs d’école, qui continuent de battre le rappel des troupes.
    20 % d’élèves raccrochés, est-ce un plafond ? Un palier ? Pour les associations d’élus, c’est d’abord une moyenne nationale qui ne dit pas grand-chose de la disparité des situations territoriales : d’une ville à l’autre, et même parfois d’une école à l’autre au sein d’une même ville, les ratios d’enfants rescolarisés varient du simple au double. Les grandes écoles de centre-ville, exigues, font souvent moins bien que les petites écoles rurales.

    « Un peu partout, on essaie de trouver un compromis entre les règles sanitaires, les besoins des familles, le nombre d’enseignants et d’agents présents…, explique Agnès Le Brun, porte-parole de l’Association des maires de France. Mais, en dépit de tous nos efforts, on n’a jamais connu une aussi longue période où les enfants sont privés d’école. »

    « J’ai des demandes tous les jours »

    A Morlaix (Finistère), la ville dont Agnès Le Brun est la maire, 60 % des écoliers ont pu renouer avec leur classe. Un joli score rapporté à ce qu’annoncent d’autres municipalités. A Bourg-en-Bresse, les écoliers rescolarisés ne sont que 450 sur 3 500.
    A Paris, où Mairie et rectorat s’étaient préparés à prendre en charge près d’un quart des 130 000 élèves du primaire, seulement 12 % étaient en classe deux semaines après la reprise officielle, 17 % en cette troisième semaine. Il y a aussi les 450 à 500 communes qui, selon le ministère de l’éducation, ont décidé d’un report pur et simple de la rentrée à septembre. Celles qui parviennent à rouvrir les écoles élémentaires mais pas leurs maternelles…

    « Le paysage scolaire se recompose au fil des jours » , dit-on dans les écoles concernées. Mi-mai, les familles disaient « attendre de voir » . Leur posture est en train de changer, racontent les enseignants. « Depuis mardi, j’ai des demandes tous les jours, témoigne Delphine, professeure en Sologne qui a requis l’anonymat. Ce ne sont pas de nouveaux enfants qui veulent revenir, ce sont les parents qui souhaiteraient que je prenne leur enfant à plein temps au lieu d’un mi-temps. Je n’ai pas la place et ils ont du mal à l’entendre. » Sa petite école de deux classes s’est rouverte à 35 enfants depuis le déconfinement, contre 70 habituellement.
    Elle n’est pas la seule à témoigner d’une « organisation qui ne tient qu’à un fil ». « Nous allons accueillir six élèves supplémentaires mais nous touchons nos limites », note Katia Philippe, enseignante dans l’arrière-pays niçois. Sa maternelle a pu rouvrir deux classes sur trois. « Cela me désole de ne pas pouvoir accéder aux demandes des parents faute de moyens humains », dit-elle. Echos identiques à Paris, où les parents éconduits font entendre leur voix. Un peu plus d’un professeur sur deux, de source ministérielle, a recommencé à faire cours « en présentiel » .
    « Pas d’allégement du protocole à court terme »

    « Les collègues donnent tout, pour une reprise tout à fait partielle, sans réussir à satisfaire les familles et sans visibilité sur la semaine d’après » , observe Stéphane Crochet, du syndicat SE-UNSA. « Ils sont pris en étau entre les besoins des parents et un protocole sanitaire qui ne leur permet pas d’y répondre favorablement » , résume Francette Popineau, du SNUipp-FSU.

    Faut-il alors alléger ce protocole, comme le réclament déjà de nombreux édiles ? « Si les indicateurs [sanitaires] restent bien orientés, alors nous pourrons sans doute organiser une ouverture un peu plus vaste des écoles, faire en sorte que les règles sanitaires puissent s’adapter toujours avec prudence » , a déclaré Edouard Philippe, le 26 mai, à l’Assemblée. Ce même jour, sur le plateau de LCI, le ministre de l’éducation affirmait pourtant qu’il « n’y aurait pas d’allégement du protocole à court terme, pas au mois de juin » .

    « La cacophonie, on s’y est habitués ces derniers temps » , réagit-on dans les cercles enseignants, tout en espérant une clarification sur cet enjeu-là aussi, jeudi, à l’occasion du discours du premier ministre.

    #école #crise_sanitaire #trompe-l’œil

  • Epreuves du #bac perturbées : des menaces de sanctions contre les enseignants
    https://www.lemonde.fr/education/article/2020/02/03/epreuves-du-bac-perturbees-des-menaces-de-sanctions-contre-les-enseignants_6

    Ailleurs, les procédures laissent des traces, comme à Montbrison (Loire), où la proviseure du lycée Beauregard a porté plainte pour vol contre treize enseignants qui avaient organisé une « #rétention_de_copies » à l’issue des #E3C. La plainte a été classée sans suite, le 31 janvier, mais les professeurs sont sous le choc.

    « Vous imaginez, pour un enseignant, ce que ça signifie d’être accusé de vol ?, témoigne l’une d’entre eux, la gorge nouée. On a voulu marquer le coup, symboliquement, en gardant les copies quelques heures, justement pour ne pas pénaliser les élèves en faisant grève le jour de leurs épreuves. La réponse est disproportionnée. »

    Le rectorat de Lyon a confirmé qu’il étudiait pour sa part la possibilité de sanctions, avançant que la « rétention des copies est constitutive d’une faute professionnelle ».

    Dans un communiqué de presse publié le 28 janvier, une intersyndicale enseignante CGT-FO-SNES-SUD dénonce des « pressions » et des « menaces » à l’encontre des enseignants et lycéens opposés à la tenue des E3C, et souligne une « #criminalisation de l’#action_syndicale ».

    Ces différents rappels à l’ordre interviennent au moment où le ministère de l’éducation nationale confirme des retenues sur salaire pour 4 000 enseignants qui avaient participé à la « grève des notes » du bac 2019, en refusant, par exemple, de corriger les copies ou de faire remonter les notes. Une cinquantaine de blâmes et d’avertissements ont également été prononcés.