• Ces salariés qui n’arrivent plus à faire valoir leurs droits
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/12/16/ces-salaries-qui-n-arrivent-plus-a-faire-valoir-leurs-droits_6063559_1698637

    Parmi les nombreuses conséquences de la crise sanitaire due au Covid-19 sur les travailleurs, celles des pratiques d’employeurs indélicats prospèrent tandis que les délais s’allongent du côté des prud’hommes.

    Si tout le monde est inquiet face au Covid-19, certains salariés ont, sur fond de crise sanitaire, le sentiment d’être livrés à eux-mêmes. C’est le cas pour certains collaborateurs de l’enseigne de vêtements et de chaussures La Halle (groupe Vivarte), qui a été placée en redressement judiciaire en juillet 2020 et est en liquidation depuis le 30 octobre.
    Près de 2 000 salariés sur les 5 800 ont été licenciés en août. « Depuis, ils sont pénalisés et maltraités, s’indigne Jean-Louis Alfred, délégué syndical central CFDT du groupe Vivarte. Certains licenciés n’ont rien pour vivre. Pas un euro ! Alors que 80 % sont des femmes, souvent isolées et à temps partiel. »

    Face à cette situation ubuesque, « nous avons juste reçu un courrier à communiquer à nos banques pour qu’aucun agio ne nous soit débité. Une honte ! On a été lâchés dans la nature », tempête une ex-salariée. Contactés, le liquidateur tout comme l’administrateur judiciaires n’ont pas donné suite. « Même si en octobre la plupart des salariés sont rentrés dans leurs droits, on se retrouve encore aujourd’hui avec des personnes qui n’ont pas leur solde de tout compte ni leur attestation pour Pôle emploi, » poursuit Jean-Louis Alfred. Un problème de retard plus ou moins récurrent dans ce type de procédure, mais aggravé par la crise.

    Licenciements sans cause réelle

    Même allongement des délais du côté des prud’hommes. « Entre la grève des avocats de début 2020 et la crise du Covid, les délais s’étirent. Nous sommes actuellement en train de traiter des affaires datant de fin 2018-début 2019, explique Carite Massot, conseillère prud’homale et présidente d’audience au conseil des prud’hommes de Paris. Alors qu’avant le Covid, nous traitions sept affaires par audience, depuis cet automne c’est plutôt une dizaine. Si une saisine est faite maintenant, l’affaire sera traitée à l’automne 2021. »

    Au conseil des prud’hommes de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui compte huit mille affaires en attente, la situation est bien pire. Ainsi, « le délai d’obtention du jugement varie de 19,2 mois pour la section industrie à 49,3 mois pour la section encadrement, qui est la plus importante de France », explique Jacques Toutain, président de la section activités diverses. Ce qui veut dire qu’en cas de saisine à ce jour dans la section encadrement, le jugement ne sera pas rendu avant 2024 !

    Et les choses ne devraient pas d’améliorer. « Le nombre de licenciements à venir va être important et le risque d’engorgement des tribunaux est bien là. Le fonctionnement n’est déjà pas satisfaisant en période normale, notamment par manque chronique de greffiers, alors en période de crise… », note Michel Miné, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), titulaire de la chaire Droit du travail et droits de la personne.

    Autre risque : que certaines #entreprises n’hésitent pas à pratiquer des licenciements sans cause réelle et sérieuse car, « avec le barème Macron des indemnités prud’homales pour licenciement abusif, instauré en 2017, le coût est peu élevé pour les collaborateurs ayant une faible ancienneté. Cela crée de l’insécurité pour les salariés », explique Michel Miné, qui craint que la crise n’encourage les employeurs « indélicats ».

    Jacques Toutain prédit « une multiplication de ruptures conventionnelles frauduleuses, c’est-à-dire imposées aux salariés, ainsi qu’un afflux de licenciements pour faute grave ». Cette dernière prive le salarié de préavis et de l’indemnité de licenciement. Matthieu Jantet-Hidalgo, avocat au cabinet Michel Henry & Associés, évoque « une période propice aux “fraudes à la loi” », c’est-à-dire à la manipulation d’une situation juridique dans le but de transgresser une loi.

    Car, à côté des plans de licenciements économiques qui font la « une » de l’actualité, certaines sociétés tentent de pousser des salariés vers la sortie en toute discrétion, sans avoir à mettre en place un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Selon Christophe Luis, délégué syndical Force ouvrière, « de mars à juin, il y a eu plus de cinquante licenciements déguisés », chez Astek, société de services en informatique qui emploie près de deux mille deux cents salariés. Certains d’entre eux ont été confrontés à une proposition un peu particulière.

    Risques de blocage

    C’est le cas de Laurent (le prénom a été changé). « J’ai été convoqué en juin par mon N + 2. Il m’a expliqué que la situation financière était difficile. Il m’a proposé de me licencier en invoquant une faute grave fictive. Comme ça, je pourrais toucher le chômage. Il suffisait ensuite que je conteste et on signait une transaction. » Il refuse. Michel (le prénom a été changé) s’est vu proposer des missions à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui, avant de recevoir la même proposition. Il a accepté, en négociant néanmoins plus du double de la somme offerte par l’entreprise.

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    Les chiffres
    34 165, c’est le nombre de défaillances d’entreprises en France en octobre 2020, en baisse de prés de 35 % sur 12 mois glissant selon l’Observatoire consulaire des entreprises en difficulté (OCED). Une « baisse artificielle qui s’explique tant par le confinement du printemps que par les dispositifs d’aide aux entreprises et pourrait s’inverser dès l’arrêt des mesures », commente l’OCED.
    64 000 défaillances d’entreprises sont attendues en 2021, en conséquence de la crise due au Covid, selon la société d’assurance-crédit Euler Hermes.
    11,1 %, c’est la prévision de la Banque de France pour le taux de chômage en 2021, après 9,1 % en 2020.

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    Selon Christophe Luis, le montant proposé varie de 1,5 à 5 mois de #salaire, le chèque moyen étant de 8 000 euros. La direction s’explique : « Face à la crise sanitaire, nous avons adopté une stratégie de réaffectation des interventions dans les régions et les secteurs les plus porteurs. Conformément à leurs clauses contractuelles, nous avons demandé à nos consultants de se rendre disponibles dans le cadre de mobilités géographiques ou sectorielles. La très grande majorité d’entre eux y ont répondu favorablement. »

    En matière de transaction, Matthieu Jantet-Hidalgo met en garde les salariés : « #Pôle_emploi appliquera un différé d’indemnisation. De plus, le salarié ne bénéficiera pas de la prise en charge d’un licenciement pour motif économique. Donc il n’aura pas droit au contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ou au congé de reclassement, deux dispositifs qui offrent formations et accompagnement, le tout en étant mieux indemnisé que le #chômage classique. » De plus, la signature d’une transaction bloque toute procédure ultérieure contre l’entreprise.
    Dommage, car « les #prud’hommes aident à tourner la page psychologiquement : la justice a été rendue et le salarié est rentré dans ses droits, » estime Carite Massot. Une réparation qui a toute son importance dans cette période de crise où, conclut Michel Miné, « s’il existe des contagions de bonnes pratiques, il en est, hélas, de même pour les mauvaises ».

    #emploi #droits_sociaux #licenciements

  • Les extraits du compte privé de Facebook peuvent servir de preuve contre le salarié
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/10/02/les-extraits-du-compte-prive-de-facebook-peuvent-servir-de-preuve-contre-le-

    Le droit à la preuve peut-il justifier la production en justice d’éléments extraits du compte privé Facebook du salarié ? Dans un arrêt du 30 septembre, la Cour de cassation répond oui. Une manageuse de la société Petit Bateau est licenciée pour faute grave, pour avoir manqué à son obligation contractuelle de confidentialité, en publiant en avril 2014 sur son compte Facebook une photographie de la nouvelle collection Petit Bateau printemps-été 2015 qui avait été présentée exclusivement aux commerciaux (...)

    #procès #législation #travail

  • « Les Nouveaux Cobayes » : le rôle de la Silicon Valley dans l’infantilisation au travail
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/03/25/les-nouveaux-cobayes-le-role-de-la-silicon-valley-dans-l-infantilisation-au-

    Pourquoi le lieu de travail est-il devenu un mixte de jardin d’enfants et de centre de tests de personnalité ? Inutiles, ces exercices sont aussi un facteur de stress, explique le journaliste américain Dan Lyons dans son dernier ouvrage. Le livre. Un matin de juin 2017, Dan Lyons se retrouve à Menlo Park, en Californie, attablé avec Julia, une femme qui anime des ateliers en entreprise. Depuis deux ans, le journaliste américain tente de comprendre le monde du travail moderne et pourquoi il (...)

    #Johnson&Johnson #Google #Unilever #GAFAM #GigEconomy #travail

    ##Johnson&Johnson

  • Chez Engie, polémique autour d’une application « anti-Covid » destinée à ses salariés
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/07/14/chez-engie-polemique-autour-d-une-application-anti-covid_6046118_1698637.htm

    Le fournisseur d’énergie envisage le déploiement d’une application recueillant les données de santé de ses employés. Une étude d’impact mentionne qu’elle pourrait être imposée aux collaborateurs. Alors que le risque d’une résurgence de la pandémie occupe tous les esprits, certains employeurs ont recours à des dispositifs qui promettent d’évaluer en quelques secondes l’état de santé des collaborateurs, afin de limiter les risques de contagion sur leur site. Mais le déploiement de telles solutions, qui mettent (...)

    #Engie #algorithme #contactTracing #consentement #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #COVID-19 #santé #travail (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##santé ##QRcode

  • Pour les voyageurs d’affaires, la reprise ne s’annonce pas de tout repos
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/07/15/pour-les-voyageurs-d-affaires-la-reprise-ne-s-annonce-pas-de-tout-repos_6046

    Qui plus est, le risque sanitaire demeure dans de nombreux pays. « Ce n’est pas le moment d’aller en Amérique du Sud… », pointe Michel Dieleman. Un risque d’autant moins à négliger par les employeurs que, selon la jurisprudence, tout accident survenu lors d’un déplacement professionnel est présumé être un accident du travail. « L’employeur qui envoie un salarié en voyage d’affaires a une obligation de résultats en matière de santé et de sécurité, pas seulement de moyens, martèle Jean-Jacques Richard. Si, malheureusement, un salarié en déplacement décède du fait de la maladie, l’employeur s’expose à des poursuites judiciaires ».
    Pour rassurer les voyageurs et leurs employeurs sur la gestion du risque sanitaire, les hôteliers, les transporteurs et les autres acteurs du tourisme d’affaires ont mis en œuvre les grands moyens. Nettoyage renforcé des poignées de portes ou des ascenseurs, port du masque par le personnel… Une initiative parmi d’autres : afin d’informer les voyageurs d’affaires sur le respect des protocoles sanitaires par les hôteliers, la centrale d’achat CDS Groupe a déployé un « indice Covid-19 » dans son outil de réservation. Dans l’aérien, Emirates va jusqu’à faire passer des tests Covid-19 à ses passagers. Au-delà du risque sanitaire, International SOS interpelle sur l’émergence de nouveaux dangers consécutifs à la crise du Covid-19, comme la « poussée de mouvements populistes et nationalistes ». (...)
    « Il convient de faire une analyse précise de la situation et des conditions sécuritaires dans chaque pays, met en garde Jean-Jacques Richard. S’assurer aussi que le salarié est bien couvert par les assurances rapatriement, et bien le sensibiliser au respect des règles sanitaires. »

    #Covid-19#migrant#migration#risquesanitaire#rapatriement#indicecovid#voyagedaffaire#droit#protocolesanitaire

  • S’expatrier en 2020 reste possible
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/07/15/s-expatrier-en-2020-reste-possible_6046215_1698637.html

    Les expatriés suivent la croissance comme le tournesol le soleil, c’est bien connu. Ils sont aussi sensibles au risque de guerre ou de pollution, mais comment réagissent-ils au Covid ? « Environ 90 % des salariés expatriés sont restés en poste pendant la crise, indique Alix Carnot, directrice associée d’Expat communication, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises. Quant aux départs, ils sont extrêmement ralentis, mais pas totalement interrompus ».« Dans l’industrie automobile, on a ralenti l’expatriation en Chine et en Inde dès le début de l’année à titre sanitaire », témoigne Olivier Angotti, avocat associé chez FTMS. Mais les expatriés dont la mobilité est prévue de longue date ne se désistent pas. A l’Agence française de développement (AFD), « tous les départs sont maintenus, sauf en Guyane. En 2020, on avait entre 60 et 70 salariés prévus en mobilité, dont plus de la moitié partant de France. Après le black-out de mi-mars à mi-juin, une dizaine de personnes sont parties, on a même réussi à expatrier quelques volontaires internationaux qui étaient jusqu’alors en télétravail, mais on est contraints par les programmations de vol », témoigne Stéphane Hlusko, responsable expatriation et protection sociale de l’AFD.

    #Covid-19#migrant#migration#france#expatrie#sante#economie#crisesanitaire

  • Hausse inédite du chômage en avril : 840 000 demandeurs d’emploi supplémentaires, Bertrand Bissuel
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/05/28/hausse-considerable-du-chomage-en-avril-22-6-de-demandeurs-d-emploi-de-categ


    Dans une agence Pôle emploi, le 18 mai. ÉRIC GAILLARD / REUTERS

    Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité s’est accru de 22,6 % en avril dans l’ensemble du territoire. Il s’agit, depuis la mise en place en 1996 de ces séries statistiques, d’une hausse sans aucun équivalent.

    Le marché du travail n’en finit pas de souffrir. En avril, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’est accru dans des proportions sidérantes : + 843 000 par rapport au mois précédent, sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), d’après les données publiées jeudi par Pôle emploi et par la Dares – la direction des études du ministère du travail.

    Il s’agit, depuis la mise en place en 1996 de ces séries statistiques, d’une hausse sans aucun équivalent : elle s’avère bien plus forte (+ 22,6 %) que celle relevée en mars – laquelle dépassait déjà tous les records (+ 7,1 %). En trois mois, les personnes à la recherche d’un poste ont vu leurs effectifs s’envoler de 1,065 million (+ 30,3 % depuis la fin de janvier) : elles sont désormais un peu plus de 4,575 millions dans cette situation – un niveau, là encore, inédit, puisque la barre des 4 millions n’avait jamais été franchie.

    Toutes les tranches d’âge sont concernées, à commencer par les moins de 25 ans (+ 29,4 %). La progression est moindre pour les personnes plus âgées, tout en restant considérable : + 24 % pour les 25-49 ans et + 16,1 % chez ceux ayant au moins 50 ans. L’augmentation touche également toutes les régions, avec une intensité un peu moins marquée dans les territoires d’outre-mer.

    Commerce, services à la personne, hôtellerie…

    La tendance est portée par les personnes « qui recherchent un métier » dans de multiples secteurs, selon la Dares : commerce, services à la personne, hôtellerie et tourisme, transport et logistique, construction, travaux publics, industrie du spectacle…

    A l’inverse, les demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite (catégories B et C) sont nettement moins nombreux (− 3 % par rapport à mars), car les opportunités d’embauche se sont évaporées. Ils sont venus grossir les rangs des personnes sans aucun travail, ce phénomène de vases communicants étant à l’origine des trois quarts de la hausse des effectifs dans la catégorie A. Le nombre d’individus dans les catégories A, B et C fait ainsi un bond de 209 000 en avril (+ 3,6 %).

    Les entrées à Pôle emploi ont pourtant baissé en avril (− 19,1 % pour les catégories A, B et C). Mais dans le même temps, les sorties du dispositif se sont écroulées (− 35 %) : autrement dit, les personnes concernées restent inscrites dans les fichiers, notamment parce qu’elles ne trouvent pas de poste ou de stage de formation.

    Pour ce qui est des « entrées à Pôle emploi », elles vont suivre la décrue des CDD et missions d’intérim, comme de coutume les #licenciements viennent après, les restructurations et fermetures de boites (automobile, commerce de l’habillement, ...), vont cette fois venir après la décrue du dispositif de chômage partiel, l’arrivée des scolarisés va s’échelonner entre juin et octobre.

    #chômage #chômeurs_en_activité_à_temps_réduit #travailleurs_précaires

  • Deliveroo condamné en France aux prud’hommes pour travail dissimulé
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2020/02/06/deliveroo-condamne-en-france-aux-prud-hommes-pour-travail-dissimule_6028697_

    La plateforme de livraison de repas Deliveroo a été condamnée pour travail dissimulé à la suite de la requalification du contrat de prestation de service d’un de ses coursiers en contrat de travail.

    Un livreur à vélo ayant travaillé pour Deliveroo à partir de 2015 demandait la requalification de son contrat de prestation de service en contrat de travail. « Cela a été un très long combat, engagé en 2016 », a affirmé son avocat Me Kevin Mention.

    Un juge départiteur du conseil des prud’hommes de Paris a condamné Deliveroo pour travail dissimulé, selon la décision consultée. La justice a « reconnu que le fait d’obliger le coursier à avoir un contrat de prestation de service était une volonté de frauder le code du travail de la part de Deliveroo et condamné l’entreprise à verser 30 000 euros au livreur », selon Me Mention.

    #travail #plate-forme