« Antiéconomie. André Gorz et la critique de la valeur » , par Franz Schandl

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  • Salariat ou revenu d’existence ? - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Salariat-ou-revenu-d-existence.html

    André Gorz a mesuré, avec justesse, les transformations du travail à partir des années 1970, devenant à ses yeux de plus en plus aliénant. Il en a conclu qu’afin de s’en libérer, il fallait promouvoir un revenu d’existence assurant pour tous des conditions de vie décentes. La proposition est séduisante, mais, comme le souligne Robert Castel dans ce texte posthume, elle est économiquement et historiquement contestable.

    Très bonne critique !

    #revenu_garanti

    • L’époque revenu d’existence de Gorz est avant celle où il radicalise jusqu’au bout sa critique du travail en tant que marchandise, à la toute fin de sa vie, lorsqu’il découvrit « bien trop tard » selon sa propre citation le courant de la critique de la valeur. Courant qui critiquait les positions de Gorz sur le revenu d’existence, mais sans défendre comme ici le capitalisme paternaliste où on s’occupe un peu moins mal des salarié⋅es grâce au contrôle du Droit.

      voire par l’ouverture de la capacité pour tous de consommer sur toute la planète

      Bé non, c’est justement un truc que Gorz et d’autres critiquent. Vouloir que tout le monde sur la planète puisse vivre dignement, ce n’est PAS synonyme de « pouvoir consommer » (= acheter des marchandises) qui est une activité spécifiquement capitaliste.

      C’est le texte très classiquement d’une personne qui défend le compromis droit/capitalisme, qui a aidé rendre moins dure l’exploitation (et donc à la prolonger plus longtemps, avec moins de rébellions de grande ampleur).

      « La relation entre travail et protections a constitué une grande conquête » non pas « de l’histoire sociale » mais uniquement de l’histoire d’une phase spécifique du capitalisme, lors de l’explosion de l’exploitation industrielle, durant laquelle la plupart des travailleureuses vivaient une condition moins bien et plus dure que dans d’autres périodes et sociétés, avec moins d’autonomie (alimentaire, d’habitat, etc). Il y a eu des périodes et des sociétés où les travailleureuses, sans du tout dire que c’était la vie de rêve, et il y avait d’autres problèmes, vivaient mieux qu’au XIXème siècle. D’autres façons que mettre des pansements de Droit sur le capitalisme existent, comme justement sortir du travail (en tant qu’activité spécifiquement capitaliste), cf les zapatistes même si eux c’est propre à leur contexte très très rural et montagnard (à chaque territoire de trouver sa manière propre suivant la nature et la densité de population).

      Ça ne sera jamais dans le travail (capitaliste) qu’on arrivera à restaurer la fierté de l’activité bien faite et de l’intégration sociale dans le fait de s’activer pour la communauté.

      Antiéconomie. André Gorz et la critique de la valeur, par Franz Schandl
      http://www.palim-psao.fr/article-antieconomie-andre-gorz-et-la-critique-de-la-valeur-par-franz-sch
      http://sd-1.archive-host.com/membres/up/4519779941507678/Gorz_expos_Franz_pdf.pdf

      Bien sûr, il ne s’agit pas d’assimiler maintenant Gorz à un courant particulier, voire de lui mettre une étiquette. Mais de montrer ce que furent ses préoccupations dans les dernières années

      (PS @la_vie_des_idees au passage j’ai réactivé votre RSS qui était désactivé depuis sept 2018, parce que c’est quand même bien de voir vos contenus ici, non ?)

    • À l’intérieur du compromis capital/travail (qui ne tient plus des masses, de nos jours les détenteurs de capital privé et d’État sont largement plus en position de force qu’à l’époque des luttes qui ont abouties aux avancées, cf l’article de Reporterre sur l’autonomie matérielle des grévistes), j’avoue que ça me parait plus pertinent et logique la vision salariat total de Friot, que le revenu d’existence. Mais n’empêche que ça reste une vision pourrie interne au capitalisme et qui peut plus tenir très longtemps. :p