Arié Alimi : « Il ne reste plus à ce pouvoir que la violence »

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  • Arié Alimi : « Il ne reste plus à ce pouvoir que la violence »
    https://www.revue-ballast.fr/arie-alimi-il-ne-reste-plus-a-ce-pouvoir-que-la-violence

    Aux oppo­sants à ses contre-réformes libé­rales, Emmanuel Macron rétorque qu’ils n’ont qu’à « essayer la dic­ta­ture ». De l’Élysée à la place Beauvau, on exalte l’usage « légi­time » de la vio­lence contre les mani­fes­tants et l’on nie vigou­reu­se­ment le carac­tère sys­té­mique des vio­lences poli­cières. Pendant ce temps, les avo­cats jettent leurs robes dans les tri­bu­naux, aux pieds de la garde des Sceaux. Arié Alimi n’a pas choi­si le droit par voca­tion : cet avo­cat de 42 ans s’est pour­tant impo­sé comme une figure de la défense des liber­tés publiques et du com­bat contre l’impunité des auteurs de vio­lences poli­cières. C’est ain­si qu’il a défen­du la famille de l’é­tu­diant éco­lo­giste Rémi Fraisse — tué en 2014 par un tir de gre­nade —, les lycéens moles­tés durant la loi Travail, une ving­taine de gilets (...)

    • « Nous sommes au-delà de la coercition »
      http://acontretemps.org/spip.php?article755

      ■ Posté sur Ballast, cet entretien avec l’avocat #Arié_Halimi, datant de début février, a retenu notre attention. D’abord, parce qu’il est éclairant et argumenté sur la #dérive_ultralibérale_autoritaire d’un pouvoir qui, faisant de la #police son dernier rempart face à la détestation générale qu’il inspire, s’est totalement soumis à elle. Ensuite, parce qu’il permet de remonter le temps de l’abjection policière et de se rendre compte que rien de ce qui apparaît comme nouveau ne l’est jamais tout à fait.– À contretemps.

      Dans les circonstances actuelles, la population, dites-vous, est fondée à se défendre contre les violences policières. Dans un tweet qui a suscité la polémique, vous affirmiez même récemment : « Le moment où user de la légitime défense contre des milices est peut être venu. » Qu’entendiez-vous par là ?

      Peut-être ce tweet était-il trop précoce. En parlant de « milice », je ne désignais pas le corps policier en général. Historiquement, les #milices désignent un phénomène précis : il s’agit de groupes exerçant hors du cadre légal une violence dirigée contre des communautés politiques, contre des manifestants, contre des personnes à raison de leur origine, de leur religion. Ce phénomène, hélas, existe. Lorsqu’un diplomate s’associe à des fonctionnaires de police en retraite et à d’anciens militaires pour fomenter des actes terroristes [4], comment nommer cela ? On pense au SAC, à la Cagoule… Quand vous voyez des individus en groupe, cagoulés, munis de matraques, sans RIO donc sans identification possible, qui frappent des manifestants, comment les qualifier ? C’est une question que je me pose, si ces personnes ne donnent pas à voir qu’elles appartiennent à un service public, à la police… Ces phénomènes ne sont pas sans lien avec l’idéologie fascisante qui gagne du terrain au sein de la police, ils doivent être dénoncés. On peut renvoyer ces affaires à la justice, se dire qu’il n’appartient pas aux citoyens, aux manifestants de résister à ces violences. Oui. Mais lorsque vous êtes en situation de légitime défense, avec un péril imminent, avec, face à vous, la violence illégitime d’un individu sans identifiant qui vient vous frapper avec une matraque, vous avez le droit de vous défendre… Dans ce cadre précis. Je ne parle pas de légitime défense telle que la conçoivent certains groupes politiques, avec la possibilité d’aller frapper, de lancer des pavés : pas du tout. Je parle d’un cadre légal. Quand des personnes non identifiées vous frappent, vous violentent alors qu’elles n’ont pas le droit de le faire, oui, vous avez le droit de vous défendre.

      #État_policier