Coronavirus : la loi de la rumeur, de la contestation au racisme

/coronavirus-chine-france-loi-rumeur-con

  • Coronavirus : la loi de la rumeur, de la contestation au racisme - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2020/02/08/coronavirus-chine-france-loi-rumeur-contestation-racisme

    En Chine, il est assez facile de constater qu’une information, dans la plus grande confusion, peut être jugée comme une rumeur ou une fake news, ce qui constitue une déformation et devient une désinformation. De ce fait, le gouvernement chinois décrète que l’inventeur d’une rumeur comme son diffuseur risquent d’être punis par la loi. Un exemple tout récent illustre bien l’application de cette politique de contrôle.
    Remontons la chronologie de cette épidémie de coronavirus :
    • Le 8 décembre 2019, le tout premier cas confirme une pneumonie aiguë provoquée par une infection inconnue à Wuhan.
    • Le 22 décembre, la municipalité organise une grande fête populaire au centre-ville avec plus de vingt mille participants.
    • Le 31 décembre, les autorités sanitaires de la capitale du Hubei confirment pour la première fois 27 cas d’infection avérée qui ont eu un contact direct avec le marché de fruits de mer de Huanan, dont 7 cas sévères. Selon les analyses biologiques, c’est une pneumonie virale.
    • Le 1er janvier 2020, le marché est fermé sur ordre municipal.
    • Dans la même journée, sur la plateforme de microblogs Weibo, le compte officiel de la police de Wuhan annonce l’arrestation de 8 personnes soupçonnées d’avoir diffusé des fausses informations. Ces personnes, dont on connaît l’identité aujourd’hui, ont écrit dans les différents groupes de discussion réservés aux chercheurs et aux médecins : « L’hôpital X a reçu une famille de 3 personnes qui ont les mêmes symptômes que ceux du SRAS » ; « 7 patients manifestent une infection semblable à celle du SRAS de 2003 dans l’Hôpital Y » ; « une autre épidémie de SRAS probable ».
    Ces 8 personnes sont toutes des médecins de formation. Certains exercent dans le service des maladies infectieuses à l’hôpital de Wuhan. Ces messages alarmants pourraient être interprétés comme la première analyse de ce nouveau virus dont à l’époque nul n’aurait osé imaginer une telle propagation : au moins 37 198 personnes contaminées et 811 morts pour la seule Chine ce 8 février – contre 348 morts et 5 900 cas de SRAS dans le pays en 2002-2003.

    Dans la ville de Wuhan, la transformation en rumeur des discussions privées entre les professionnels est un acte collectif signifiant le refus du silence du gouvernement et la colère contre l’absence d’intervention des autorités.

    L’OMS a attendu le 30 janvier pour qualifier l’épidémie de coronavirus d’urgence de santé publique de portée internationale. Mais bien avant cette décision très attendue par les Chinois, une autre décision, celle de mettre la ville de Wuhan en quarantaine à partir du 23 janvier, a suscité une méfiance envers les habitants ou les personnes originaires de la capitale provinciale du Hubei. Il faut même parler de diabolisation, le mot étant clairement utilisé sur les réseaux sociaux. Faciles à trouver, des photos prises par les habitants même des villes ou villages avoisinants montrent la construction de barricades en pierres ou en tronc d’arbre géant sur les grands axes routiers, comme si l’interruption totale de la circulation empêchait la propagation du virus. Plus encore, de nombreux témoignages attestent d’une méfiance croissante dans les autres grandes villes en Chine. Exemple à Pékin où un hôtel a refusé d’accueillir un client dont la carte d’identité indiquait son origine du Hubei. Il faut préciser que les internautes chinois sont révoltés de voir ces actes irrationnels dans leur pays, d’autant plus que la situation est analogue partout dans le monde.

    Les minorités ethniques sont souvent la cible de discrimination et de racisme. Depuis quelques années, les personnes originaires d’Asie vivant en France dénoncent un racisme sous-jacent au quotidien. Certains en font fi. Le vécu récent des Français issus de l’immigration montre clairement que le racisme y trouve un exutoire, et la crise sanitaire sa justification.

    #coronavirus #Chine #racisme #rumeur #censure