Une animation cartographique pour reconstituer les dynamiques de peuplement aux Etats-Unis sur la période 1790-2010

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  • Cartographie numérique : Une animation cartographique pour reconstituer les dynamiques de peuplement aux Etats-Unis sur la période 1790-2010
    https://cartonumerique.blogspot.com/2019/02/carte-animee-densites-usa.html
    https://www.youtube.com/watch?v=KYMtuo3MQ_Q

    - L’animation permet de mettre en évidence la lente conquête de l’Ouest au cours du XIXe siècle, à partir du foyer d’origine des 13 colonies anglaises au nord-est des Etats-Unis (voir la carte des densités en 1775 ou encore la carte de 1765 localisant les nations indiennes). Cette carte animée vient illustrer le mythe d’une nation conquise par de valeureux pionniers, d’une terre promise arrachée aux sauvages ("Go west, young man" même si on sait aujourd’hui que l’expression est un mythe). Il faut tout de même attendre 1850 (début de la « ruée vers l’or ») pour que le mouvement s’accélère véritablement. La « ruée vers l’Oklahoma », avant d’être le titre d’un album de Lucky Luke, est une course aux lopins de terres attribués aux colons avides de nouvelles contrées (cf le Land run de l’Oklahoma bien observable sur la carte à partir de 1889).

    – Au début du XXe, la Californie et la Floride ont encore de faibles densités (contrairement à la Louisiane peuplée depuis plus longtemps), mais elles deviennent plus attractives par la suite. Le Vieux Sud suit un schéma différent avec un peuplement plus précoce (plantations de canne à sucre), mais tout de même décalé par rapport aux comtés plus urbanisés des états du nord. A partir des années 1970-80, la densification s’opère surtout autour des grands centres urbains. Malgré tout, l’intérieur des Etats-Unis reste relativement moins peuplé. Certains comtés ruraux perdent même de la population dans la période récente, ainsi que certains comtés urbains de la Rust Belt.

    – Les données sont issues des recensements officiels qui, jusqu’en 1900, ne prenaient en compte que les citoyens, à l’exclusion des populations autochtones (amerindiens) et des esclaves noirs (inclus dans la clause des trois cinquièmes demandée par les états du Sud). Cela ne veut donc pas dire que le centre et l’ouest des Etats-Unis étaient vides de populations. Leur densité étant probablement assez faible (on estime qu’il y avait environ 600 000 Amerindiens sur le territoire actuel des États-Unis en 1800), elle peut éventuellement être comprise dans la catégorie 0-2 hab / km2 indiquée en légende.

    – La carte traduirait-elle un certain ethnocentrisme ? D’aucuns y voient une « animation politiquement correcte qui rassure les Américains mais qui occulte complètement les Amérindiens ». Le titre n’est pas tout-à-fait juste. Plus que les densités de population, la carte représente l’implantation et l’essor de la population d’origine européenne au sein d’un continent déjà peuplé d’autochtones.

    – Le seuillage de la légende mérite d’être discuté (mode de discrétisation par égal effectif ?). Le seuil maximum de 90 habitants par km2 est assez bas (à rapporter à des densités moins fortes dans le Nouveau Monde qu’en Europe). Il ne rend pas compte de l’urbanisation, mais plutôt de la colonisation progressive du territoire américain. Malgré tout, une analyse détaillée de la carte permet de voir le développement chaotique avec des « hauts » et des « bas » dans certains comtés liés aux cycles de conjoncture économique (arrivée du chemin de fer, fin de la ruée vers l’or, effets de la crise de 1929...)