Nous refusons l’industrialisation de nos métiers, de nos sons, de nos oreilles.
Nous sommes très heureux·ses de voir combien ces univers sonores attirent de nouvelles personnes, toujours plus diverses. Quelles que soient leurs connaissances techniques ou esthétiques, nous ouvrons nos oreilles à ces nouveaux possibles qui surgissent et tentons d’en être les passeuses et les passeurs. Mais aujourd’hui, nous sommes inquiet·es face à la montée en puissance de ce que nous nommons le podcast industriel, à savoir les structures de production et de diffusion (au premier rang desquelles des studios privés et des radios publiques) qui se saisissent du son de façon comptable, pour en détruire tout ce qu’il fabrique de commun : modèle consumériste de la production sonore, réduction drastique des temps de captation comme de montage, recours massif à des banques de sons, centrage sur le discours efficace aux dépens de l’immense “reste” de la voix et du sonore, confusion entre formats publicitaires et journalistiques, quantification de l’écoute des auditeurs et des auditrices... Nous constatons dans ce milieu un appauvrissement de l’écriture sonore, ainsi qu’une récurrente méconnaissance de l’histoire de la #radio et des expressions sonores les plus diverses, comme de leurs acteurs et actrices. Sans parler de l’abandon manifeste du travail sonore, comme si un siècle de recherche sur la narration et la musicalité des sons n’avait pas existé.
Nous refusons de laisser s’installer sans honte l’ignorance volontaire, le mépris délibéré pour l’histoire et le désintérêt organisé pour un immense patrimoine sonore et une multiplicité de formes vivantes en construction depuis mille lieux distincts. Ce ne sont pas les salarié·es, les pigistes, les intermittent·es, les auteurs et autrices du #podcast industriel que nous désignons, mais les outils, les moyens, les cadres et les objectifs de production fixés par les structures qui les emploient ou par l’autoentreprenariat. Face à la standardisation de l’écoute qui en découle, nous affirmons et défendons une #culture sonore protéiforme.
(…) Nous faisons face à des personnes qui scandent des éléments de langage hors-sols, qui ne connaissent pas l’histoire de la radio et des expressions sonores dans leur multiplicité, qui organisent la coupure entre un monde fertile et vivant et un monde sans espace critique ni profondeur. C’est une volonté politique. Nous ne sommes pas dupes d’une telle négligence à notre égard et à l’égard du monde auquel nous tendons nos micros. Il s’agit d’une violence politique, institutionnelle et organisée. Nous en refusons la brutalité. Nous avons la ferme volonté de travailler, avec d’autres, à déterminer une politique culturelle de toutes les expressions sonores.
Je connaissais pas merci. Ft. @intempestive