• Dix femmes tuées par année- Les visages de la violence conjugale
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    Au Québec, le quart des crimes contre la personne sont commis dans un contexte de violence conjugale. Pourtant, c’est encore un véritable parcours de combattantes pour les femmes de prouver qu’elles en sont réellement victimes. Le Devoir dressera dans les prochains jours un portrait de la violence conjugale au Québec à travers une série de reportages que vous pourrez lire dès aujourd’hui dans le cahier Perspectives.

    « Chaque fois que j’entends qu’une femme a été tuée par son ex, je me dis que ça aurait pu être moi. » Cette phrase, toutes les victimes rencontrées par Le Devoir l’ont prononcée pratiquement sur le même ton. C’est que les femmes sont les principales victimes de la violence conjugale.

    De 2013 à 2017, ce sont 47 Québécoises qui ont été tuées par leur conjoint, ex-conjoint ou « ami intime », rapporte le ministère de la Sécurité publique. Elles sont 136 à avoir survécu à une tentative de meurtre durant cette même période. Quant aux hommes, 4 ont été tués et 30 ont été victimes d’une tentative de meurtre.

    À l’inverse du mouvement de dénonciation #MoiAussi pour les agressions sexuelles, les intervenantes auprès des femmes violentées par leur conjoint ne constatent pas de réveil collectif.

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    Constante augmentation

    Si le nombre de meurtres s’est maintenu autour de 10 par année, le nombre d’infractions commises dans un contexte de violence conjugale est en constante augmentation. Les récentes données du ministère ne précisent toutefois pas la proportion par sexe.

    Ce que l’on sait, c’est qu’en 2015, les femmes représentaient 78 % des victimes des actes violents perpétrés par leur conjoint. Par rapport aux enlèvements, elles représentaient 100 % des victimes. Dans des proportions tout aussi considérables, elles étaient 97 % des victimes d’agressions sexuelles, 97 % des victimes de séquestration, 88 % des victimes de voies de fait de niveau 3 et 87 % des victimes de harcèlement.

    Le taux d’infractions commises dans un contexte conjugal à l’égard de victimes âgées de 12 à 17 ans a augmenté de 21,9 % de 2008 à 2015, selon les données policières.

    La prévalence de la violence conjugale est beaucoup plus élevée chez les femmes autochtones. Selon une enquête de Statistique Canada menée en 2014, 10 % des femmes autochtones ont dit avoir subi de la violence physique ou sexuelle provenant d’un conjoint ou d’un ex-conjoint au cours des cinq dernières années. Cette proportion était de 3 % chez les femmes non autochtones.