• Adèle Haenel : « La France a complètement raté le coche » de #MeToo - The New York Times
    https://www.nytimes.com/fr/2020/02/24/movies/adele-haenel-metoo-francais.html

    Certaines personnalités politiques ont regretté que vous vous soyez initialement exprimée dans les médias plutôt que de porter plainte. Pourquoi ce choix ?

    Parce qu’on a un système judiciaire qui ne fait pas des violences faites aux femmes sa priorité. Des personnalités politiques ont exprimé leur surprise, mais savent-ils ce que c’est, aujourd’hui, pour une femme, de se retrouver dans le système judiciaire en France ? Est-ce qu’on prend en compte les grandes difficultés qui jalonnent le parcours d’une femme victime de violences sexuelles ?

    Mon dossier est maintenant traité de manière idéale, avec des gendarmes et des policiers attentifs et bienveillants. Je souhaite ce traitement à toutes les victimes.

    Quel regard portez-vous sur la façon dont ces dossiers sont habituellement traités en France ?

    La loi française définit le viol comme un acte sexuel commis au moyen de violence, de surprise, ou de contrainte : elle est centrée sur la technique employée par l’agresseur, pas l’absence de consentement de la victime. Or, si une victime est sidérée pendant l’agression, comment fait-on pour obtenir justice ?

    On doit aussi croire toutes les femmes qui parlent. Dès qu’une femme a moins de pouvoir qu’un homme, on la soupçonne de vouloir se venger. On n’a rien à gagner à se dire victime et les conséquences sur la vie privée sont très négatives.

    Emmanuel Macron a évoqué une société française « malade du sexisme » et s’est engagé à combattre les violences faites aux femmes et de faire de l’égalité hommes-femmes la « grande cause du quinquennat ». Quel est votre avis sur l’action du gouvernment à cet égard ?

    Il n’y a pas assez de moyens alloués pour changer la situation, et on a dans le gouvernement actuel un représentant qui a été accusé par différentes femmes d’agressions sexuelles et d’abus de faiblesse.

    La lenteur de la réactivité du gouvernement face au phénomène #MeToo laisse penser que les pouvoirs publics tolèrent une marge de violence sur les femmes. Cela reste dans une certaine mesure encore accepté.