Manque d’hygiène, insécurité… le scandale des toilettes scolaires en Ile-de-France

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    Vétustes, dégradés, pas propres... De la maternelle au lycée, l’état déplorable des sanitaires est pointé du doigt par les élèves. Un tiers d’entre eux craignent d’y aller et préfèrent se retenir, avec des conséquences sur leur santé et leur apprentissage.

    « Aller aux toilettes ici ? Jamais ! » Sarah (le prénom a été modifié) est en première au lycée Newton à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Dès son arrivée, elle a évité les sanitaires de son établissement. Elle est loin d’être la seule. A tous les niveaux de la scolarité, partout en Ile-de-France et dans l’Oise, les élèves trouvent ces lieux trop sales, vandalisés, source d’insécurité.

    Selon un rapport du conseil national d’étude du système scolaire (Cnesco) - en charge d’évaluer les politiques scolaires-, de 2017, ils étaient « un tiers à craindre d’aller aux toilettes à l’école et au collège ». En charge de 465 lycées publics qui accueillent quelque 514 000 élèves, la région Ile-de-France, veut s’occuper du problème à coups de millions et de travaux. Elle vient de voter, un « plan d’urgence » pour la rénovation de ces lieux pour un montant de… « 55 millions d’euros », sur un budget global dédié aux lycées de 1,27 milliard.

    Vétusté. D’ici 2022, 120 lycées devraient donc bénéficier de toilettes remis aux normes.Comprendre : « Remplacer les sanitaires les plus vétustes et les adapter en terme d’accessibilité ». C’est un sujet de taille. « On était régulièrement interpellés par les chefs d’établissements, compte tenu de la détérioration constatée, dans 200 lycées, des blocs sanitaires, des vestiaires et des douches », précise Marie-Carole Ciuntu, vice-présidente déléguée aux lycées. Dès cette année, « 80 chantiers devraient être lancés ». La liste complète devrait être dévoilée ce lundi 24 février. Pour l’heure, seuls 113 établissements sont connus.
    Manque d’hygiène, insécurité… le scandale des toilettes scolaires en Ile-de-France

    Les premiers devraient être achevés cet été, comme à Newton. « On est en 2020 et on a encore des toilettes turques », plaisantent, amers, Youssef, Nordine et Paul. Si la question des toilettes les a d’abord fait sourire, ils ont ensuite tenu à répondre. « En vrai c’est un problème, insistent-ils. Ce n’est pas accueillant et ça sent mauvais. » Le sujet n’est pas nouveau, « il revient même tout le temps » confirment les fédérations de parents d’élèves FCPE et PEEP.

    « C’est tabou, ça génère de la moquerie alors qu’il y a des conséquences sur la santé, l’hygiène, la sécurité mais aussi l’apprentissage », énumère Laurent Zaneczkowski de la Peep 92. Que se passe-t-il donc dans les toilettes des collèges et lycées, pourquoi sont-ils boudés ?

    Une toilette pour 50 élèves. Cette moyenne, professeurs, parents et étudiants s’accordent à dire que « c’est insuffisant ». « Près de 4 collèges et lycées publics sur 10 (39 %) déclarent ne pas avoir suffisamment de sanitaires dans leurs locaux », écrit le Cnesco. Impossible de dire combien il en faudrait par étudiant, il n’existe aucune norme scolaire contrairement aux entreprises.

    Dans une société de plus de 20 salariés, le Code du travail impose un cabinet et un urinoir pour 20 hommes et deux cabinets pour 20 femmes. « Pourquoi ne ferions-nous pas la même chose ?, interroge un enseignant du lycée Angela-Davis à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où les 1 200 élèves se partagent une petite trentaine de WC. A la Tourelle à Sarcelles (Val-d’Oise), les 1 409 lycéens ont « seulement 19 cabinets », déplore un professeur. « L’idéal serait d’avoir une toilette pour 30 élèves », estime Radouane M’Hamdi, représentant du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (Snpden).

    Mal équipés, hygiène douteuse. C’est l’un des principaux griefs évoqués par les élèves. « Il n’y a ni papier toilette, ni savon !, s’agace Nora*, 17 ans, en première au lycée Suger (Seine-Saint-Denis). On fait comment pour s’essuyer, se laver les mains ? Bah on ne fait pas, on se retient », lâche-t-elle provoquant le rire de ses amis. Sofia, 17 ans, prend ses dispositions : « Je mets trois serviettes hygiéniques en espérant ne pas avoir de fuite… »

    De nombreux lycéens franciliens rencontrés au cours de cette enquête, estiment les toilettes « mal équipés ». « Je n’ai vu que les vis du distributeur de papier et des crachats dans le savon », s’amuse presque un élève du collège des Touleuses à Cergy (Val-d’Oise).

    « Ce n’est pas acceptable, réagit Radouane M’Hamdi. Un budget est alloué aux dépenses hygiène. » Pour un collège de 700 élèves, par exemple, « 1000 € par an pour le papier et la même somme pour les produits d’entretien ». Des chefs d’établissement se défendent en expliquant que des élèves gaspillent, bouchent les WC avec le papier. « C’est vrai, rétorque une enseignante. Mais ce n’est pas une raison pour les en priver, il faut trouver d’autres solutions et celle de distribuer deux feuilles de papier toilette aux élèves chaque fois qu’ils vont au cabinet n’en n’est pas une, c’est humiliant. »

    Quant au manque d’entretien, il est confirmé par le Cnesco. « Le nettoyage des sanitaires n’est pas réalisé de manière régulière. La moitié des établissements (53 %), le pratique une seule fois par jour. » Les agents nettoient, mais ce n’est pas suffisant. « Il faudrait plus de passages, comme dans une station-service mais pour cela il faut plus d’agents et revaloriser leur métier », souffle le professeur d’Angela Davis. « Du coup, on va aux toilettes chez nous avant le collège puis en rentrant, détaillent Britany*, Sophie* et Louane*, en 6e à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). On se retient 9 heures, mais parfois on a du mal à rester concentrées ».

    Des risques pour la santé. Et pour la santé, c’est un mauvais plan. « Des élèves viennent nous voir juste pour profiter de nos sanitaires, concède-t-on au Syndicat national des infirmiers(e) s (Snics Fsu). Pour ceux qui se retiennent, il y a un risque d’infection urinaire, de maux de ventre. » Jessica*, mère de Britany, redoute les conséquences pour sa fille. « Elle rentre souvent avec des douleurs abdominales. Elle refuse d’aller aux toilettes de son collège. » A l’école élémentaire déjà où, selon l’étude Essity « 63 % des enfants se plaignent de maux de ventre à cause d’une mauvaise hygiène des toilettes », Britany esquivait les lieux.

    Dégradations. Portes cassées, éclairages défaillants, murs tagués… Selon le Cnesco, « dans 72 % des établissements [sondés], les interpellations, d’élèves, de parents et du personnel, portent avant tout sur les dégradations dans les sanitaires ». Pourtant, la région débourse chaque année « plusieurs dizaines de milliers d’euros », pour ces lieux d’aisance. « On a beau surveiller, dès qu’on a le dos tourné il y a de la casse », souffle une surveillante. Certains principaux et proviseurs ouvrent les toilettes qu’aux heures de récréation et du déjeuner comme au lycée Clément-Ader à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne).

    Sexe, insécurité. « Je demande à une copine de m’accompagner pour rester devant la porte, ça me rassure », témoigne Fatima du lycée Newton. Lilou*, scolarisée à René-Auffray à Clichy (Hauts-de-Seine), ne « se sent pas en sécurité parce que ça fume ». Brahim, lui évoque, gêné, « les relations sexuelles qu’il y a dans [son] lycée d’Ivry ». « 16 % des établissements ont été interpellés sur des problèmes de sécurité dans les sanitaires », d’après l’étude du Cnesco.

    Si les équipes pédagogiques interviewées insistent pour ne pas faire des toilettes le lieu de tous les fantasmes, elles n’en restent pas moins réalistes sur ce qui s’y déroule. « Il se passe des choses que nous ignorons, abonde Radouane M’Hamdi. Il y a aussi des histoires de sexe, ce n’est pas la majorité des cas mais ça existe. »

    Katia Baudry, chargée de mission à l’association Astheriia, intervenante dans des établissements scolaires le constate : « c’est le meilleur endroit pour coincer quelqu’un à l’abri des regards, le filmer ». « C’est là que des fellations sont parfois faites. » A la Tourelle, la situation n’est pas simple. « Il a fallu fermer les sanitaires aux étages et près des ascenseurs suite à des incidents : racket avec déjà deux conseils de discipline, agression, et départ de feu pendant des manifestations et mardi (une semaine avant les vacances d’hiver) », détaille un prof.

    Un budget colossal. Face à ces constats récurrents, « il faut du personnel affecté aux toilettes pour les entretenir et surveiller », propose Laurent Zaneczkowski. Mais le coût serait énorme. Par an, la région, qui compte 8500 agents « dont 20 % sont affectées au nettoyage des classes, toilettes… », dépense « 30 millions d’euros en masse salariale pour la propreté ».

    Conscient de la problématique, le conseil départemental (CD) de Seine-Saint-Denis a voté un plan de 2015 à 2020, de 640 millions d’euros pour ses 130 collèges, dont 9 millions dévolus aux sanitaires. Et a lancé en 2019, un projet expérimental au collège Fabien de Saint-Denis. Après avoir recueilli les témoignages des collégiens pendant un an, « des travaux ont été menés par les élèves et des miroirs ont été installés », détaille le CD 93. Depuis, « il n’y a plus de dégradation. Il semble que les élèves aient moins d’appréhension à se rendre aux sanitaires. » L’expérimentation « pourrait être généralisée progressivement dès l’année prochaine ». Une initiative à suivre ?

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    « Il faut répéter aux élèves qu’il ne faut pas se retenir »

    Des enfants qui ont un problème de santé faute d’être aller aux toilettes à l’école, le Docteur Patrick Simonelli, président de SOS Médecins dans le Val-d’Oise, en voit souvent. La structure réalise 95 000 consultations et 30 000 visites par an.

    Le problème des toilettes à l’école est-il préoccupant ?

    Patrick Simonelli. C’est un souci, et un sujet important pour les familles. Ça nous arrive d’en parler en consultation. On est par ailleurs assez vite sollicités car les symptômes provoqués par le fait de ne pas aller aux toilettes sont assez aigus. C’est un acte de soins non programmés que l’on voit très régulièrement.

    Quelles sont les conséquences sur la santé ?

    Il y a des risques d’infections urinaires. On s’empêche de boire, d’aller uriner, c’est un vrai problème de santé. Outre le désagrément local de la cystite avec ses brûlures, ses douleurs etc., le risque quand ça se propage et que ce n’est pas traité à temps, c’est la pyélonéphrite. C’est-à-dire une infection qui va se propager au niveau du rein et qui demande des traitements antibiotiques plus longs avec un risque sur le bon fonctionnement du rein.

    Qu’en est-il du manque de propreté des cabinets, souvent évoqué par les élèves ?

    Il y a le risque de gastro-entérite qui se transmet quand on va à la selle et si on ne se lave pas bien les mains. Si les toilettes ne sont pas bien nettoyées, c’est un réservoir à germes pour la gastro. Le fait qu’il n’y ait pas de savon, c’est dramatique. On avait vu une baisse importante des gastro-entérites quand il y avait eu cette campagne contre le virus H1N1 [grippe A] où tout le monde se servait de liquides hydroalcooliques. Comme tout le monde se lavait les mains en permanence, il y a eu beaucoup moins de gastros dans les écoles.

    Que préconisez-vous ?

    Il y a un discours qui doit être mis en place. Il faut répéter aux élèves qu’il ne faut pas se retenir d’aller aux toilettes. En fait, il faudrait qu’ils y aillent à chaque récréation puisque c’est préconisé de s’y rendre en moyenne toutes les trois heures. Et donc il faut que les toilettes soient propices à ne pas dégoûter les enfants, c’est indispensable. Plus largement, dès la maternelle, il faudrait une plus grande fluidité dans l’accès aux sanitaires.

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    La liste des lycées concernés par les travaux dans les toilettes

    Paris : Turgot (IIIe) Charlemagne (IVe), Abbé-Grégoire-Saint-Jaqcues à Paris, Henri-IV (Ve), Chaptal, Racine (VIIIe), Jacques-Decour, Condorcet, Edgar-Quinet (IXe), Jules-Siegfried (Xe), Dorian (XIe), Paul-Valéry (XIIe), Nicolas-Louis-Vauquelin (XIIIe), Roger- Verlomme (XVe), Janson-de-Sailly (XVIe), Carnot, Honoré-de-Balzac (XVIIe), Henri-Bergson, Jacquard (XIXe), Hélène-Boucher (XXe).

    Hauts-de-Seine : Emmanuel-Mounier à Châtenay-Malabry, René-Auffray à Clichy Guy-de-Maupassant à Colombes, La Tournelle à La Garenne-Colombes, Pasteur à Neuilly-sur-Seine, L’Agora à Puteaux, Paul Langevin à Suresnes, Michelet à Vanves, Charles-Petiet à Villeneuve-la-Garenne, Albert Camus à Bois-Colombes, Daniel Balavoine à Bois-Colombes, Jacques Monod à Clamart, Marie-Curie à Sceaux, Newton à Clichy.

    Seine-Saint-Denis : Aristide-Briand au Blanc-Mesnil, Lycée d’horticulture et du paysage à Montreuil, Condorcet à Montreuil, Paul-Eluard à Saint-Denis, Georges Clémenceau à Villemomble, Jean-Baptiste-Clément à Gagny, Simone Weil à Pantin, Liberté à Romainville, Blaise-Cendrars à Sevran, Suger à Saint-Denis, Paul-le-Rolland à Drancy, Arthur-Rimbaud à La Courneuve, Jacques Brel à La Courneuve, Mozart au Blanc-Mesnil, André-Boulloche à Livry-Gargan, Olympe-de-Gouges à Noisy-le-Sec.

    Val-de-Marne : Hector Berlioz à Vincennes, Louise Michel à Champigny-sur-Marne, Darius Mlhaud à Kremlin-Bicêtre, François Arago à Villeneuve-Saint-Georges, Stendhal à Bonneuil-sur-Marne.

    Essonne : Edmond-Michelet à Arpajon, L’Essouriau aux Ulis, Jacques-Prévert à Longjumeau, Les Frères Moreau à Quincy-sous-Sénart, Château-des-Coudraies à Etiolles, Clément-Ader à Athis-Mons, Talma à Brunoy, Alexandre Denis à Cerny, Robert Doisneau à Corbeil-Essonne, Nadar à Draveil, Pärc-de-Vilgenis à Massy, Gaspard Monge à Savigny-sur-Orge, Nikola Tesla à Dourdan.

    Yvelines : Simone Weil à Conflans-Sainte-Honorine, Lucien -René-Duchesne à La Celle-Saint-Cloud, Ecole ERPD Hériot à La Boissière, François-Villon aux Mureaux, Vaucanson aux Mureaux, Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie, Jean-Rostand à Mantes-la-Jolie, Adrienne-Bolland à Poissy, Jeanne-d’Albret à Saint-Germain-en-Laye, Ecariste-Galois à Sartrouville, La Plaine-de-Neauphle à Trappes, Louis-Blériot à Trappes, Jules-Ferry à Versailles, Les Pierres Vives à Carrières-sur-Seine, Louise-Weiss à Achères, Marie-Curie à Versailles, Lavoisier à Porcheville.

    Val-d’Oise : Françoise-Dolto à Beaumont-sur-Oise, Georges- Sand à Domont, Vincent Van-Gogh à Ermont, Charles-Baudelaire à Fosses, Arthur-Rimbaud à Garges-lès-Gonesse, Gustave-Monod à Saint-Gratien, Jean-Jacques-Rousseau à Sarcelles.

    Seine-et-Marne : La Bretonnière à Chailly-en-Brie, Léopold-Bellan à Chamigny, René-Descartes à Champs-sur-Marne, Gaston-Bachelard à Chelles, Louis-Lumière à Chelles, Georges-Cormier à Coulommiers, Frédéric Joliot-Curie à Dammarie-Les-Lys, Charles-de-Gaulle à Longperrier, Henri-Moissan à Meaux, Jean-Vilar à Meaux, Léonard-de-Vinci à Meaux, Pierre-de-Coubertin à Nanteuil-les-Meaux, René-Cassin à Noisiel, Gérard-de-Nerval à Noisiel, Charles-le-Chauve à Roissy-en-Brie, Sonia-Delaunay à Ver-Saint-Denis, Henri Becquerel à Nangis, François-Couperin à Fontainebleau, Campus Coulommiers, Clément-Ader à Tournan-en-Brie.

    L’article est bien hypocrite sur l’aspect sexiste du problème. Il y aurait pourtant une solution simple et bénéfique à toutes et tous. Selon la théorie de F.Héritier de la différence de valence des sexe, si les garçons se mettent à faire une activité, par la magie de leurs couilles et celle de la haine du féminin, l’activité deviens sacrée, divine, et l’occasion de compétition phallique. Si les garçons sont astreint au nettoyage les toilettes cela deviendra un sacrement et une discipline olympique. Sachant ceci, pendant que les filles feront de l’autodéfense pour apprendre à casser les genoux en cas d’agression, les garçons aurons des TD de travaux ménagers dans les toilettes.

    #toilettes #école #sexisme #éducation #violence