Camarades cartographes, il est de bon ton aujourd’hui de dire qu’il faudrait fermer les frontières pour se protéger du Coronavirus et ainsi sauver des vies. C’est bien vite oublier que les frontières sont elles aussi responsables de la mort de milliers d’êtres humains à traverses le Monde. Aux frontières de l’Union européenne, c’est 50 000 hommes, femmes et enfants qui y ont péri depuis le début des années 1990.
Cette carte repose sur 3 bases de données :
United for Intercultural Action (1993 – 1999)
United for Intercultural Action est un réseau européen de lutte contre le nationalisme, le racisme et le fascisme et de soutien aux migrants, aux réfugiés et aux minorités. United coordonne des campagnes, organise des conférences, prend part à des projets, produit des publications et entreprend des actions de sensibilisation pour protester contre la discrimination et promouvoir notre vision commune d’une société diverse et inclusive. Dans ce cadre de leurs actions, ils publient sur des affiches ou de grandes bandes de papier déroulées dans l’espace public, la liste des migrants morts aux frontières de l’UE [voir : ▻http://unitedagainstrefugeedeaths.eu/wp-content/uploads/2017/10/14560203_922995141178763_2129785937357597720_o.jpg]. Il s’agit donc d’une base de donnée militante qui a été longtemps la seule disponible et c’est elle qui a permis de lancer l’alerte à un moment où personne n’avait idée de l’ampleur du phénomène [voir : ▻http://www.unitedagainstracism.org/campaigns/refugee-campaign/fortress-europe/].
The Migrant’s file (2000 – 2013)
The Migrant’s file est une base de donnée créée par un consortium de journalistes provenant de 15 pays européens. Leur travail à consisté à vérifier toutes les données pour tenter de donner une image juste de la mortalité à nos frontières. Surprise, ce travail a démontré que toutes les données disponibles jusqu’ici sous estimaient largement la réalité. Ce travail de recensement et de fact checking ont été abandonnés le 24 juin 2016. Il a été récompensé par plusieurs prix [voir].
OIM (à partir de 2014)
Le projet “Missing Migrants” de l’Organisation internationale pour les migrations recense les incidents impliquant des migrants, y compris des réfugiés et des demandeurs d’asile, qui sont morts ou ont disparu au cours du processus de migration vers une destination internationale. C’est à ce jour la base de donnée sur le sujet la plus utilisée. Elle est quotidiennement mise à jour [voir : ▻https://www.themigrantsfiles.com/].
Au final, cette carte est dans la lignée des différentes cartes produites depuis des années sous l’impulsion d’Olivier Clochard et Philippe Rekacewitz [voir : ▻http://icmigrations.fr/2020/02/04/defacto-015-04/] et mises à jour abondamment notamment par le réseau Migreurop [voir : ▻https://neocarto.hypotheses.org/1370]. Elle s’inscrit dans la continuité de ces cartes radicales destinées à alerter sur les drames qui se produisent à nos frontières. Elles sont un appel politique à l’ouverture et la démocratisation des frontières pour que toute personne, qu’elle soit riche ou pauvre, puisse circuler librement en toute sécurité.
L’application cartographique est ici [voir : ▻https://analytics.huma-num.fr/Nicolas.Lambert/theborderkills/]. Merci de me pardonner les quelques bugs qui subsistent encore.
Le code source est ici [voir : ▻https://gitlab.huma-num.fr/nlambert/theborderkills]