Ecrivains publics, ce ne sont pas des lettres d’amour qu’on rédige

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  • Ecrivains publics, ce ne sont pas des lettres d’amour qu’on rédige | Rue89
    http://www.rue89.com/2012/12/02/ecrivains-publics-ce-ne-sont-pas-des-lettres-damour-quon-redige-237489

    Elle est aux abois. Ils le sont tous, d’ailleurs : depuis que nous avons ouvert cette permanence hebdomadaire d’écrivain public, nous qui nous étions préparées à nous faire dicter des lettres d’amour, nous ne recevons que des gens à bout de forces, de solutions, de portes où frapper.

    #misère

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    Ce qui me frappe le plus chez tous ces gens et bien d’autres, c’est plus encore que la fracture sociale. C’est la fracture sémantique doublée de la fracture numérique. Dans les problèmes qu’ils rencontrent, on peut tous se reconnaître.

    La différence entre eux et moi peut résider dans la taille des ennuis, mais elle réside surtout dans la différence de moyens. Je sais lire, je sais écrire, j’en ai même fait mon métier. Je sais faire la voix douce ou la voix fâchée au téléphone parce que je n’ai pas à me préoccuper de la syntaxe des phrases qui sortent de ma bouche, cela vient tout seul.

    Les rendez-vous avec la sécu, les allocations familiales, toutes les administrations, je règle ça en un coup de fil, parfois deux ou trois, ou en quelques clics. Je rouspète et vitupère quand exceptionnellement il faut que je finisse par me déplacer.

    Pour eux que l’école a laissés illettrés, ni le clavier ni le stylo ne peuvent porter leur voix, laquelle cherche déjà tellement ses mots. Ils sont ballottés d’administrations en administrations, qui croulent sous tellement de misère qu’elles parent au plus pressé faute de temps et de moyens humains et financiers. Je n’ai jamais rencontré, dans tous les interlocuteurs sociaux que j’ai eus au téléphone pour ces personnes, de fonctionnaires flemmards, méchants ou je-m’en-foutistes. Des gens submergés, ça, oui.