• Une vraie femme | Agnès Maillard (Le Monolecte)
    http://blog.monolecte.fr/post/2012/12/03/Une-vraie-femme

    La première fois que j’ai vu Renée Bajelet, elle n’était même pas là. C’était pourtant déjà une rencontre. L’histoire peu commune d’une femme qui force le respect. Une paysanne, dure à la tâche, qui jure comme un charretier et qui emmerde le reste du monde quand on se permet de juger son mode de vie. Cette rencontre, c’était d’abord une histoire de cinéma ou comment René Duranton, lui aussi une sorte d’anarchiste dans notre monde tellement consensuel, avait décidé de faire du cinéma à sa façon : autoproduit, autodistribué, loin des circuits commerciaux et des aides à la culture, le bonhomme trace son sillon et montre des gens d’exception qui font vivre une certaine forme de tradition dans les campagnes. (...) Source : Le Monolecte

  • Une vraie femme - Le Monolecte
    http://blog.monolecte.fr/post/2012/12/03/Une-vraie-femme

    L’originale. Il faut avoir vécu dans certains cercles pour bien comprendre ce qu’il y a de péjoratif et condescendant dans ce simple mot. Et puis surtout, il faut imaginer quelle force et quel courage il a fallu à Renée pour prendre son destin en main. Imaginer ce que signifie pour une jeune mère de 23 ans, dans la cambrousse de 1953, pour refuser le joug d’un bonhomme pas très vaillant, comme elle dit. Elle m’a fait penser à ma grand-mère, avec le même corps meurtri par des années de labeur, l’amertume en moins. Parce que ma grand-mère, elle aussi, avait eu un sale bonhomme comme mari, mais comme beaucoup trop d’autres femmes, elle l’avait subi toute sa vie durant. Toute sa vie à servir un parfait égoïste, seulement soucieux de son petit confort et de son bon plaisir, laissant à la femme le soin de faire tourner le ménage et de nourrir les gosses quand il préfère aller s’amuser avec les potes ou courir la gueuse.

    • Généralement, je ne m’en sors pas trop mal pour tenir le crachoir et distraire les invités.

      Je crois que de ce point de vue, y’a pas de souci à se faire :)

      Elle m’a fait penser à ma grand-mère, avec le même corps meurtri par des années de labeur, l’amertume en moins. Parce que ma grand-mère, elle aussi, avait eu un sale bonhomme comme mari, mais comme beaucoup trop d’autres femmes, elle l’avait subi toute sa vie durant.

      La mienne, pareil. Et comme pour Renée, ma tante est arrivée un peu après son mariage. Puis mon oncle et enfin mon père. Mon grand-père était alcolo et coureur de jupons et ma grand-mère se prenait des coups quand il rentrait bourré. Un jour il est parti avec une copine, ça lui a fait de l’air. Son entourage la pressait de divorcer mais elle ne voulait pas, tout simplement parce que, selon elle, ça ne se faisait pas. Il est revenu deux ans plus tard et elle l’a de nouveau supporté sans moufeter. Pourtant elle aurait pu, elle avait des revenus, elle travaillait comme cuisinière à l’école de pilote d’Air France. Elle avait un potager et quelques poules. C’était une bosseuse et une dure à cuire mais elle a du attendre que son mari soit emporté par la cirrhose pour en être débarrassée.

    • Oui, ma grand-mère aussi a l’air d’avoir un peu pris sur la gueule. Mon grand père s’est tiré au STO... oui, faut le faire : il a devancé l’appel ! Je n’ai jamais trop su pourquoi : ne plus être emmerdé avec les histoires de gosses et de guerre, peut-être aussi échapper à une histoire de contrebande dans laquelle il revendait au black des trucs qu’il piquait à la très moribonde armée française et puis aussi aller repeupler la Teutonnie de plein de petits bâtards à la gueule de Titi parisien. Mais lui, aussi, il a fini par rentrer et a fait chier ma grand-mère jusqu’au bout.
      Je pense aussi que ses excuses de logement, c’était pour cacher le fait que les femmes avaient bien intégré que se taper un connard toute sa vie sous prétexte qu’il lui avait filé son nom de famille était normal et que de prétendre à autre chose était un truc de pute. D’ailleurs, les femmes qui refusaient la domination patriarcale étaient globalement pour elle des putes.
      Je pense qu’elle a dû se demander longtemps ce qu’elle avait raté dans mon éducation...