Erreur 404

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  • Comment le coronavirus est devenu un terrain fertile pour le théories du complot
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/28/le-coronavirus-terrain-fertile-pour-le-conspirationnisme_6034764_823448.html

    Seuls 32 % des électeurs ayant voté pour Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2017 estiment que le coronavirus est apparu de manière naturelle, soit 25 points de moins que la moyenne des sondés (57 %), 30 points de moins que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (62 %) et même 43 points de moins que ceux d’Emmanuel Macron (75 %). A l’inverse, les électeurs lepénistes sont 38 % à penser que le coronavirus a été intentionnellement fabriqué dans un laboratoire, soit plus du double de la moyenne des Français (17 %), contre à peine 6 % chez les électeurs macronistes.

    « Les électeurs du RN sont les plus réceptifs aux théories complotistes en général, c’était déjà le cas l’an dernier, et cela perdure », analyse l’historienne spécialiste de l’extrême droite Valérie Igounet, ajoutant que depuis le début de la crise sanitaire « les instances du RN surfent sans cesse sur la thématique du mensonge d’Etat ».

    Jérôme Fourquet et Rudy Reichstadt ajoutent une explication dans leur note : le terreau idéologique et culturel d’une extrême droite qui, historiquement, joue depuis longtemps sur « les registres sémantiques de l’épidémie, de la dissémination et de la propagation (des idées “antinationales”, des “immigrés”, de l’“islamisme”, etc.) (...) Le recours à des métaphores médicales ou biologisantes fait ainsi partie du répertoire traditionnel de la droite nationaliste depuis Drumont et Maurras, en passant par Vichy. »

    • Entendu Le Pen sur France Inter il y a deux semaines, elle relaie à fond les théories complotistes avec un minimum de diplomatie et de conditionnels. Et la théorie du virus fabriqué lui permet comme à d’autres d’éviter de causer d’écologie. Remarque, tant mieux...

  • APPEL AUX COUTURIER(e)S VOLONTAIRES !
    10 000 blouses pour le CHU de Dijon
    https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdIA-cQWDL8PHtsNPuNxdZ6s487ca9ECzoXK4KbHfFbpoUXZg/viewform?usp=sf_link&usp=embed_facebook

    La disponibilité des équipements individuels de protection est un enjeu majeur pour les professionnels de santé dans le contexte de l’épidémie de Covid-19.

    Actuellement, le CHU de Dijon utilise 30 blouses jetables par jour et par soignant. Pour palier les tensions sur l’approvisionnement, le CHU de Dijon a développé et testé un modèle de #blouse en tissu, lavable et réutilisable. Ce modèle a été mis au point par les équipes du CHU de Dijon, en partenariat avec des entreprises privées, avec l’aide de personnes volontaires et bénévoles. Pour répondre aux critères techniques et assurer la sécurité et l’hygiène, permettant aux soignants et aux patients d’être protégés, les blouses seront lavées à très haute température.

    Pour permettre une production rapide de 10 000 blouses, voici un appel à couturier(e)s bénévoles.

    Le nombre de #soignants morts en raison du manque de #matériel_de_protection sera difficile à établir. Mais l’heure de commencer à faire les comptes sonne chaque jour de façon répétée et avec insistance.

    #hôpital #on_en_est_là

  • Coronavirus : comment Emmanuel Macron s’appuie sur les experts pour gouverner en temps de crise sanitaire
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/26/coronavirus-comment-macron-s-appuie-sur-les-experts-pour-gouverner-en-temps-

    Le conseil scientifique mis en place le 12 mars cohabite désormais avec un comité « analyse, recherche et expertise ». Mais l’Elysée se défend d’avoir installé une « République des experts ».
    Emmanuel Macron, et le ministre de la santé Olivier Véran recoivent chercheurs et scientifiques au palais de l’Elysée, le 5 mars, avant la mise en place du conseil scientifique Covid-19. Yoan Valat / AP
    « La politique n’a pas sa place dans la salle de cours d’une université », écrivait le sociologue Max Weber, mais rien n’empêche les experts d’investir le champ politique.
    Depuis le début de la crise du coronavirus, Emmanuel Macron n’a d’ailleurs de cesse que de convoquer leur parole pour appuyer ses décisions. « Un principe nous guide pour définir nos actions, il nous guide depuis le début pour anticiper cette crise puis pour la gérer depuis plusieurs semaines, et il doit continuer de le faire : c’est la confiance dans la science. C’est d’écouter celles et ceux qui savent », a déclaré le président de la République, le 12 mars, lors de sa première allocution télévisée consacrée à l’épidémie.
    Un peu plus tôt dans la journée, le locataire de l’Elysée avait réuni pour la première fois un conseil scientifique, nommé par ses soins, pour l’épauler dans sa prise de décision. Onze universitaires sélectionnés pour leur expertise, que le chef de l’Etat écoute attentivement. Fermeture des écoles, confinement de la population, maintien des élections municipales… Leur avis, suivi à la lettre ou presque, pèse lourd. « Nous, tous seuls, ne sommes pas capables d’être audibles sur des choses qui sont contre-intuitives, justifie une ministre. Il faut un rationnel scientifique. »

    Les prémices de cette collaboration remontent au jeudi 5 mars. Ce jour-là, ils sont encore une vingtaine à se serrer les uns contre les autres autour d’Emmanuel Macron et du ministre de la santé, Olivier Véran, dans le salon des ambassadeurs de l’Elysée. Le mètre d’écart réglementaire appartient à la science-fiction pour encore quelques jours. Le chef de l’Etat a convoqué médecins, scientifiques et responsables de laboratoires pharmaceutiques engagés dans la lutte contre le Covid-19. L’épidémie, juge-t-il devant eux, est « inexorable ».

    Delfraissy, clé de voûte de la réponse scientifique
    Jean-François Delfraissy, déjà, se trouve en face de lui, de l’autre côté de la table. Cet immunologiste de 71 ans, qui porte beau avec son teint hâlé et ses chemises déboutonnées, a été, en 2014, le coordinateur interministériel de la réponse à l’épidémie d’Ebola. Depuis 2016, il préside le Comité consultatif national d’éthique. Il représente la clé de voûte de la réponse scientifique dans cette crise. C’est lui dont Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a suggéré le nom pour présider le conseil scientifique que le chef de l’Etat va mettre en place, le 10 mars. Lui encore qui soufflera la majorité des profils appelés à siéger à ses côtés.
    Le monde scientifique étant petit, la plupart des membres ne sont pas inconnus les uns des autres. Mais personne ne sait pourquoi il a été choisi. « On m’a demandé d’en faire partie et j’ai accepté », rapporte, laconique, Bruno Lina, virologue à l’université à Lyon-I, coauteur avec Jérôme Salomon, cependant, d’un essai sur « la gestion de l’épidémie de grippe H1N1 », La Vérité sur la grippe A H1N1, (Frison-Roche, 2009). Ancien « pasteurien », le directeur général de la santé a aussi travaillé avec l’épidémiologiste Arnaud Fontanet et le mathématicien Simon Cauchemez, dont les modélisations de l’épidémie servent aujourd’hui de socle aux décisions de l’exécutif.

    Lila Bouadma, réanimatrice à l’hôpital Bichat – l’un des deux centres de référence pour le Covid-19 – explique simplement avoir « été contactée la veille de la première réunion ». Son nom aurait été soufflé par Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’établissement, et pilier du Conseil.
    « Je n’ai pas été informé des critères de choix. Mon profil correspondait sans doute à un besoin, celui d’un clinicien exerçant en région avec une expérience dans le domaine des maladies émergentes », avance pour sa part Denis Malvy, infectiologue au centre hospitalier universitaire Pellegrin à Bordeaux, qui a travaillé avec Jean-François Delfraissy sur Ebola en 2014-2015, tout comme Yazdan Yazdanpanah.

    « Ce comité a son indépendance »
    Selon l’Elysée, l’équilibre Paris-province a joué, en effet : « pluridisciplinarité, genre, équilibres institutionnels, territoriaux », énumère un conseiller pour expliquer la diversité des profils retenus. Outre des médecins, une anthropologue, Laëtitia Atlani-Duault, et un sociologue, Daniel Benamouzig, ont été intégrés pour appréhender la dimension « humaine » de l’épidémie.
    Depuis qu’il est mis en place, le conseil se réunit tous les jours, sauf le dimanche, de 12 heures à 14 heures, pour une conférence téléphonique. « Il y a des questions qui nous sont posées par le ministère de la santé ou directement par l’Elysée. Et puis il y a des sujets dont on s’autosaisit. Ce comité a son indépendance », rapporte un participant. Aucun représentant de l’exécutif ne participe aux échanges, assure-t-on.

    Il n’y a pas plus de vote, que ce soit à main levée ou par bulletins secrets : toutes les délibérations – quatre avis ont été rédigés jusqu’à présent – se font « de façon collégiale », selon un membre. « Nous essayons de construire dans un phénomène d’intelligence collective, dans la difficulté, avec beaucoup d’humilité sur une situation extrêmement mouvante », assure un autre, pour qui « la discussion est très libre ».
    Un conseiller de l’exécutif s’amuse : « Le jour où vous verrez deux professeurs de médecine d’accord entre eux, vous m’appellerez. »
    « Mise en route informelle »
    Preuve en est, Didier Raoult, l’infectiologue marseillais qui promeut l’utilisation de l’hydroxychloroquine comme remède au Covid-19, s’est bien vite déporté de cette structure (il a été remplacé par Franck Chauvin, membre du Haut Conseil de la santé publique). « Je suis en contact avec le ministère et avec le président de la République pour leur dire ce que je pense. Je reste en contact avec eux directement, car le conseil ne correspond pas à ce que je pense devoir être un conseil stratégique », a-t-il précisé, mardi, sur Twitter.
    L’Elysée reconnaît ces échanges directs avec le chef de l’Etat, qui consulte également Philippe Klein, le médecin français installé à Wuhan, l’épicentre chinois de l’épidémie. Selon un proche, Emmanuel Macron échange par ailleurs en ligne directe, « pas tous les jours, mais régulièrement », avec Jean-François Delfraissy.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : Didier Raoult, l’infectiologue marseillais derrière la folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine
    Ce conseil scientifique, note un conseiller du pouvoir, « n’a pas de base légale ». « La mise en route est informelle. Comme souvent dans les conseils scientifiques de ce type, on structure le travail en marchant, reconnaît un proche d’Emmanuel Macron. Comme le Conseil national de la résistance, qui se réunit rue du Four par hasard, et qui quelque temps plus tard devient une institution. »
    Dimanche, dans le cadre du projet de loi sur les mesures d’urgence en réponse à la crise, les parlementaires ont entériné la création d’un « comité scientifique » qui se réunit en cas d’état d’urgence sanitaire. Ses membres, est-il précisé, sont nommés par le président de la République, celui de l’Assemblée nationale et celui du Sénat. Ces deux derniers, assurent l’Elysée et Matignon, doivent nommer prochainement chacun un nouveau membre pour le conseil.

    Pas de « République des experts »
    En parallèle, Emmanuel Macron a décidé de s’entourer de douze nouveaux chercheurs et médecins au sein d’un « comité analyse, recherche et expertise » (CARE), officiellement installé le 24 mars et présidé par la Prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi. « Ce virus donne lieu à tout un tas d’emballements médiatiques, on l’a vu avec l’hydroxychloroquine à Marseille. L’exécutif a besoin d’être encadré sur les suites à donner à toutes les innovations qui émergent. Il faut que les décideurs puissent s’appuyer sur des expertises », plaide l’entourage d’Olivier Véran, le ministre de la santé.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Françoise Barré-Sinoussi : « Ne donnons pas de faux espoirs, c’est une question d’éthique »
    L’omniprésence de ces experts interroge, cependant. « Ce qu’il faut éviter, c’est que le politique dans la crise sanitaire transfère sa responsabilité morale sur le médecin en disant “l’expert a dit donc on fait” », estime Julien Aubert, député (Les Républicains) de Vaucluse.
    « Le président a été très clair, ces comités ne doivent pas conduire à la République des experts », répond un proche du chef de l’Etat. « Comme Clemenceau, le président pense que la guerre est une chose trop grave pour être confiée aux seuls militaires. Il assume d’être celui qui prend les décisions », abonde un conseiller d’Emmanuel Macron.
    Selon plusieurs sources, l’exécutif a par exemple recadré, le 12 mars, les membres du conseil scientifique qui s’étaient interrogés sur le bien-fondé politique du maintien ou non du premier tour des élections municipales. Une véritable ligne de crête.
    « La politique, c’est l’art de décider collectivement de notre avenir, rappelle Chloé Morin, experte associée à la Fondation Jean-Jaurès. Si l’on explique aux gens qu’il existe un seul horizon possible parce que la science – ici médicale, mais bien plus souvent économique – l’aurait dit, on ouvre la voie soit au désengagement, c’est-à-dire “cet horizon ne m’intéresse pas”, ou au populisme, c’est-à-dire à la volonté d’aller chercher “en dehors du système” le changement espéré. »

  • Coronavirus : le sommet de l’Etat redoute de devoir « rendre des comptes »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/coronavirus-le-sommet-de-l-etat-redoute-de-devoir-rendre-des-comptes_6034430

    Par Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié et Olivier Faye

    Accusant l’exécutif d’« impréparation » ou de « manque de réaction » face à la crise, responsables de l’opposition et membres du milieu sanitaire annoncent le lancement d’enquêtes parlementaires ou de procédures pénales.

    C’est un sujet tabou, qui représente pourtant une source d’inquiétude majeure au sommet de l’Etat : la peur d’éventuelles poursuites judiciaires contre des membres du gouvernement suite à la gestion de la crise du coronavirus. Selon nos informations, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué le sujet pour la première fois, mardi 24 mars, lors du petit déjeuner de la majorité, qui se déroulait en visioconférence.

    Le locataire de Matignon a notamment regretté, selon un participant à la réunion, que les oppositions, Les Républicains (LR) en tête, aient annoncé leur volonté de lancer plusieurs commissions d’enquêtes parlementaires. En parallèle, des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles poursuites pénales. Une véritable épée de Damoclès pour le pouvoir.

    Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et une partie des milieux sanitaires ont ainsi accusé l’exécutif d’« impréparation » face à la crise du coronavirus ou de « manque de réaction », pointant notamment du doigt le déficit de masques, de tests ou de lits dans les services de réanimation. Avec un mot d’ordre : le sommet de l’Etat devra « rendre des comptes ».

    « Pression supplémentaire »
    Le 22 mars, le président des députés LR, Damien Abad, a été le premier à lancer l’offensive, en annonçant au Journal du dimanche (JDD) que son groupe allait créer à l’automne une commission d’enquête parlementaire afin de « tirer toutes les leçons de l’épidémie ». Avec l’objectif « d’identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements » de la part du gouvernement « pour les corriger et en tirer des leçons ».

    Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête au Palais du Luxembourg, « quand le moment sera venu », a indiqué le même jour leur chef de file, Bruno Retailleau. Mardi, enfin, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, a annoncé à son tour « avoir demandé », au nom de son groupe, la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, « une fois la crise passée ». « La transparence devra être faite car des questions se posent », a-t-il expliqué au JDD.

    Autant de déclarations qui agacent dans les coulisses du pouvoir. « Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité. Avant de souligner : « Les menaces sont évidentes. Une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales. »

    • Coronavirus : le sommet de l’Etat redoute de devoir « rendre des comptes », Jean-Baptiste Jacquin, Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié et Olivier Faye
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/25/coronavirus-le-sommet-de-l-etat-redoute-de-devoir-rendre-des-comptes_6034430

      Accusant l’exécutif d’« impréparation » ou de « manque de réaction » face à la crise, responsables de l’opposition et membres du milieu sanitaire annoncent le lancement d’enquêtes parlementaires ou de procédures pénales.

      C’est un sujet tabou, qui représente pourtant une source d’inquiétude majeure au sommet de l’Etat : la peur d’éventuelles poursuites judiciaires contre des membres du gouvernement suite à la gestion de la crise du #coronavirus. Selon nos informations, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué le sujet pour la première fois, mardi 24 mars, lors du petit déjeuner de la majorité, qui se déroulait en visioconférence.

      Le locataire de Matignon a notamment regretté, selon un participant à la réunion, que les oppositions, Les Républicains (LR) en tête, aient annoncé leur volonté de lancer plusieurs #commissions_d’enquêtes parlementaires. En parallèle, des médecins et des malades menacent le gouvernement d’éventuelles #poursuites_pénales. Une véritable épée de Damoclès pour le pouvoir.
      Ces derniers jours, plusieurs responsables de l’opposition et une partie des milieux sanitaires ont ainsi accusé l’exécutif d’« impréparation » face à la crise du coronavirus ou de « manque de réaction », pointant notamment du doigt le déficit de #masques, de #tests ou de lits dans les services de #réanimation. Avec un mot d’ordre : le sommet de l’Etat devra « rendre des comptes ».

      « Pression supplémentaire »
      Le 22 mars, le président des députés LR, Damien Abad, a été le premier à lancer l’offensive, en annonçant au Journal du dimanche (JDD) que son groupe allait créer à l’automne une commission d’enquête parlementaire afin de « tirer toutes les leçons de l’épidémie ». Avec l’objectif « d’identifier les éventuelles défaillances et dysfonctionnements » de la part du gouvernement « pour les corriger et en tirer des leçons ».
      Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête au Palais du Luxembourg, « quand le moment sera venu » , a indiqué le même jour leur chef de file, Bruno Retailleau. Mardi, enfin, le vice-président du groupe socialiste au Sénat, Rachid Temal, a annoncé à son tour « avoir demandé », au nom de son groupe, la création d’une commission d’enquête sur la gestion de la pandémie, « une fois la crise passée » . « La transparence devra être faite car des questions se posent », a-t-il expliqué au JDD.

      Autant de déclarations qui agacent dans les coulisses du pouvoir. « Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité. Avant de souligner : « Les menaces sont évidentes. Une commission d’enquête peut déboucher sur des sanctions pénales. »
      Pour cadrer les différentes enquêtes parlementaires annoncées, l’Assemblée nationale a annoncé, mardi 24 mars, la création d’une #mission_d’information sur la gestion de l’épidémie, qui devrait être présidée par le président de l’institution, Richard Ferrand, proche d’Emmanuel Macron. Cette mission, qui va contrôler chaque semaine les mesures prises par le gouvernement, pourrait se doter des prérogatives d’une commission d’enquête. Ce travail ne se fera pas « dans une optique à charge, ni contre cette majorité ni contre la précédente », a prévenu le patron des députés La République en marche (LRM), Gilles Le Gendre. Une manière de couper l’herbe sous le pied à l’offensive des oppositions.

      Plusieurs plaintes envoyées à la CJR
      Déjà, les premières poursuites se profilent. Mardi 24 mars, un patient atteint du Covid-19 a porté plainte contre X pour « entrave aux mesures d’assistance » devant la #Cour_de_justice_de_la_République (CJR), seule instance habilitée à juger des actes commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, a révélé BFM-TV. En cause : la supposée « inaction » du gouvernement à mesure que les avertissements de la communauté scientifique se multipliaient.
      En fin de semaine dernière, un collectif de médecins appelé C19 a également annoncé son intention de porter plainte contre l’ex-ministre de la santé, Agnès Buzyn, et le premier ministre, Edouard Philippe, devant la CJR, estimant que ces derniers « avaient conscience du péril et disposaient des moyens d’action, qu’ils ont toutefois choisi de ne pas exercer » . Leur initiative est appuyée par une pétition en ligne, qui a déjà recueilli près de 200 000 signatures en quatre jours.

      Selon une source judiciaire, la CJR a déjà reçu cinq plaintes – quatre contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn, et une contre le premier ministre et l’actuel ministre de la santé, Olivier Véran. Les motifs ? Blessures involontaires, homicides involontaires ou mise en danger de la vie d’autrui. La commission des requêtes de la CJR doit désormais se prononcer sur leur recevabilité.
      Ces différents plaignants s’appuient notamment sur les déclarations d’Agnès Buzyn au Monde, qui a affirmé avoir alerté dès janvier le premier ministre sur la gravité de l’épidémie. Au sein de l’appareil d’Etat, certains voient d’ailleurs dans les confidences de l’ex-ministre de la santé une volonté de se couvrir en amont. « L’interview de Buzyn est une bombe atomique car elle prépare l’étape d’après sur les commissions d’enquête à venir et les éventuels procès », analyse un haut fonctionnaire, au fait de ces sujets.

      « Rendez-vous au procès »
      La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a tenté d’instrumentaliser cette polémique en estimant que « Mme Buzyn sera probablement amenée à donner des explications à la Cour de justice ». « Se rend-elle compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues ? », a commenté pour sa part le chef de file des « insoumis », Jean-Luc Mélenchon.

      D’autres plaignants préfèrent se tourner vers le #Conseil_d’Etat, qui a été saisi à plusieurs reprises par des soignants pour obliger l’exécutif à prendre certaines décisions. Lundi, le juge des référés de l’institution a donné 48 heures au gouvernement pour durcir les conditions de confinement, ce qui a poussé Edouard Philippe à annoncer la fermeture des marchés ouverts ou à limiter les sorties à une heure par jour. Jeudi, le Conseil d’Etat devait de nouveau examiner une demande de syndicats d’infirmiers et de médecins sur l’approvisionnement en masques et en matériel pour les soignants, ainsi que la mise en place d’un dépistage massif.

      Sur les réseaux sociaux, les menaces de poursuites se multiplient également, de la part de particuliers mais pas seulement. « Rendez-vous au procès », a ainsi tweeté le 24 mars Jérôme Marty, président du syndicat de médecins UFML, en exergue d’un article où la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, disait ne pas craindre de rendre des comptes sur l’épidémie. « L’imprévoyance du gouvernement et de l’administration française a été totale » et les autorités « auront des comptes à rendre », avait déclaré deux jours plus tôt Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF).
      « Il faut s’attendre à une déferlante de #plaintes contre l’Etat », reconnaît un membre du Conseil national des barreaux. « Etant donné les polémiques sur l’absence de protection des personnels soignants et l’impréparation de l’Etat et des hôpitaux, les familles de victime voudront demander des comptes », poursuit-il. De fait, un site Internet proposant des modèles de plainte pour les particuliers a déjà vu le jour. Selon que l’on est personnel soignant, personne malade ou non malade, trois types de plaintes contre X à adresser au procureur de la République peuvent être téléchargées. Il s’agit de plainte pour homicide volontaire, violences volontaires, mise en danger de la vie d’autrui, etc.

      « Prêts à répondre »
      Pour l’heure, aucune plainte de ce type n’est arrivée au parquet de Paris, explique Rémy Heitz, le procureur de la République. Au ministère de la justice, la direction des affaires criminelles et des grâces n’a pas non plus fait remonter d’information sur de telles procédures. Elle en serait immédiatement informée car derrière ces plaintes contre X, ce sont des ministres et des responsables d’administrations qui seraient visés.
      Face à ces menaces, la sérénité est officiellement de mise au sein de l’exécutif. Le gouvernement « a pris ses responsabilités » et ne craint pas de « rendre des comptes » sur sa gestion de la crise du coronavirus devant une commission d’enquête parlementaire, a assuré, le 23 mars, sa porte-parole, Sibeth NDiaye. « Cela ne m’inquiète pas parce que je crois que nous avons, avec beaucoup de professionnalisme, de détermination et de gravité regardé cette crise en face (…) et nous avons pris nos responsabilités », a-t-elle estimé sur CNews. Avant d’ajouter : « C’est normal qu’on puisse rendre des comptes et c’est normal qu’une commission parlementaire interroge le processus de cette crise. » « Nous serons évidemment prêts à y répondre, ça fait partie du jeu démocratique », a poursuivi la secrétaire d’Etat.
      A l’Elysée, on réfute également par avance le procès en inaction. « Le président a été le premier à mobiliser nos partenaires étrangers, il a été le premier dirigeant au monde à appeler à la mobilisation internationale, c’est lui qui a provoqué le sursaut européen, énumère l’entourage d’Emmanuel Macron. Dès janvier, on a rapatrié nos compatriotes. Dès janvier, on a mis en place des instances de suivi de l’épidémie. Les faits et la chronologie sont là, il n’y a pas de polémique à avoir. »

      Sur le fond, l’exécutif appelle néanmoins à une forme d’indulgence, pointant les nombreuses inconnues autour du virus. « Le président n’a jamais dit qu’il avait toutes les solutions, au contraire. Cette crise nous met dans une position de grande humilité », reconnaît un proche du chef de l’Etat. Mais, ajoute cette source, « le président met tout en œuvre pour répondre à la crise. Il est transparent, réactif, sur tous les fronts. L’heure des comptes viendra mais plus tard. Le temps est aujourd’hui à l’action. Certains veulent nous punir alors que nous devons agir. Ce n’est pas responsable. »
      En attendant, pas question de se défiler. Le moment venu, l’exécutif assumera ses choix, dit-on au sommet de l’Etat. « Les décisions ne sont pas prises par le conseil scientifique mais par le gouvernement, qui par nature est responsable », estime un proche d’Edouard Philippe. « Le comité scientifique va être responsable des avis qu’il émet. Ceux qui prennent des décisions, c’est le gouvernement, à la lumière des avis du comité scientifique », abonde la députée LRM Marie Guévenoux, rapporteuse du projet de loi sur les mesures d’urgence.

      Au sein de l’exécutif, on assure d’ailleurs que la perspective de devoir rendre des comptes est présente dans les esprits depuis le départ. « Sang contaminé, amiante : le grand public a reproché le manque de transparence à chaque fois. Nous, nous avons ouvert le capot, vantait une ministre, début mars. Nous donnons à voir comment se passe la gestion d’une crise épidémiologique. » Il y a dix jours, une secrétaire d’Etat soupirait, plus sceptique : « C’est sûr qu’on se fera engueuler sur la gestion de la crise, quoiqu’on fasse. Ça finira par arriver. »

      Rémy Heitz, procureur de Paris, explique au « Monde » avoir relevé en une semaine près de 10 000 infractions au confinement et une quinzaine de trafics de masques.

      Rémy Heitz : « Je réfléchis à des peines de travail d’intérêt général en milieu hospitalier après la fin de l’état d’urgence sanitaire »
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/03/25/remy-heitz-je-reflechis-a-des-peines-de-travail-d-interet-general-en-milieu-

      Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, songe à des alternatives aux amendes pour les personnes, souvent jeunes, qui violent les règles du confinement, notamment des #travaux_d’intérêt_général. Il détaille la politique du parquet pendant l’état d’urgence sanitaire.

      Quelle réponse pénale apportez-vous aux violations des règles du confinement ?
      Mardi 24 mars, nous étions à Paris juste en dessous de 10 000 #infractions constatées depuis le début du confinement. Jusqu’ici, il s’agissait d’une amende forfaitaire de catégorie 4, de 135 euros. Mais depuis la promulgation de la loi d’urgence, les peines sont alourdies en cas de #récidive. Je vais donner des directives pour adapter les mesures pénales, notamment en privilégiant le travail d’intérêt général (#TIG). Ces infractions concernent souvent une population jeune pour qui une amende de 3 750 euros est sans doute trop élevée, et une peine de prison n’est pas vraiment d’actualité [la troisième récidive en trente jours est punissable de six mois de prison et 3 750 euros d’amende]. Une peine de TIG, même si elle ne sera exécutée qu’après la sortie de l’état d’urgence sanitaire, aura plus de sens. Je réfléchis d’ailleurs à la possibilité de les faire exécuter en milieu hospitalier. De même, plutôt qu’une amende de cinquième catégorie [1 500 euros pour la première récidive], je compte privilégier la sanction de travail non rémunéré [qui est aux contraventions ce que le TIG est aux délits].

      Quelle évolution de la délinquance observez-vous dans la capitale en lien avec la crise sanitaire ?
      Nous avons une quinzaine d’affaires de trafics de masques. Souvent, il s’agit de petits trafics, faits par des pharmacies ou parapharmacies qui n’ont pas répondu aux demandes de réquisition de masques par le gouvernement et en vendaient sous le manteau. Il y a quelques trafics plus importants. Au total, nous avons déjà saisi plusieurs dizaines de milliers de masques, que nous faisons porter aux hôpitaux. Par ailleurs, nous commençons à voir des dossiers de violences conjugales ou intrafamiliales. Le fait nouveau est qu’il y a des auteurs primo-itérants, inconnus jusqu’ici. Mais soyons prudents dans l’interprétation de ce phénomène plus visible alors que le reste de la délinquance baisse et que, contrairement à certaines atteintes aux biens dont nous retardons les procédures, les violences conjugales font partie des infractions que nous continuons de traiter en priorité.

      Comment le parquet de Paris est-il organisé pour travailler ?
      Nous sommes en dessous du plan de continuité d’activité, qui prévoit de tourner à près de trente magistrats. Nous sommes à moins de vingt [sur 125 magistrats au parquet de Paris]. L’activité en comparutions immédiates est fortement réduite et tient beaucoup aux conséquences de la grève des avocats du début d’année. Cet après-midi, par exemple, sur les sept dossiers de l’audience des comparutions immédiates où je vais requérir, six sont des renvois qui avaient été demandés lors de la grève, un seul est nouveau. Il s’agit d’une affaire de violences conjugales.
      Jean-Baptiste Jacquin

    • Sous le vernis de l’unité nationale affichée, ces annonces sont ressenties clairement comme des menaces – elles en sont d’ailleurs – et nuisent au bon fonctionnement de l’Etat dans la lutte contre la crise, en mettant aux ministres et aux services une pression supplémentaire en plus de celle, déjà lourde, qu’ils supportent », explique un responsable de la majorité.

      A propos du « vernis de l’unité nationale » que penser de l’attitude d’Édouard Philippe qui est rappelée ici :
      https://seenthis.net/messages/834069

      Le 28 février est publié le rapport crucial de l’OMS sur ce qui a été fait en Chine. Il montre que seule une mobilisation de « tout le gouvernement » (all-of-government) et « toute la société » (all-of-society) permet de vaincre l’épidémie. On se souviendra sans doute longtemps du fait que le lendemain, le samedi 29 février d’une année bissextile, le premier ministre Édouard Philippe a décidé de détourner un conseil des ministres « exceptionnel dédié au Covid-19 » pour annoncer l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution afin d’adopter sans vote la réforme des retraites. Alors que l’OMS démontrait l’urgence de l’action collective et solidaire face à une pandémie bientôt incontrôlable, le gouvernement s’est dit que le plus urgent était de profiter de la dernière fenêtre de tir pour faire passer son projet de loi tant décrié.

      Le « vernis » est abondamment étalé par le gouvernement lui-même.

    • Du vernis sur une belle grosse merde !

      « Je réfléchis à des peines de travail d’intérêt général en milieu hospitalier après la fin de l’état d’urgence sanitaire »

      Il faudrait confiner ce con fini ! J’espère qu’on va pas attendre 150 ans pour les mettre dans nos indulgentes prisons et sans masques (illes ne savent pas s’en servir de toute façon).

    • Pour cacher les défaillance, à l’instar de Mme Buzyn, l’ensemble du gouvernement a préféré la dissimulation à la planification. Selon les prises de paroles officielles, les masques étaient inutiles, difficiles d’utilisation, ou réservés aux seuls soignants. Tout cela à l’encontre des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique qui recommandait en 2013 des masques pour toutes les professions de contact. Tout a été dit ou presque pour minimiser le virus du Covid-19 et rassurer les Français, pendant que la Chine et la Corée prenaient des mesures drastiques.

      Un guide sur mesure, sans masques, sans confinement

      Le gouvernement a édité dès le 20 janvier 2020 un guide méthodologique Covid-19. Ce plan a été déroulé au mot près par Jérôme Salomon et le gouvernement. Ne figure pas dans ce guide les termes de confinement, de quarantaine et le stade 2 renforcé n’existe pas. Les masques ne sont destinés qu’aux malades et personnels de santé.

      Il a été dit que ce plan était une déclinaison du plan 2011 contre la grippe H1N1

      On peut se demander pourquoi le gouvernement a crée un mini plan COVD 19 plutôt qu’une mise à jour du plan pandémie grippal 2011 est particulièrement complet. Contrairement au guide méthodologique de 2020, le plan pandémie grippale prévoit à chaque phase de l’épidémie l’utilisation des Masque FFP, notamment FFP2, en phase avec la doctrine de 2013 sur la protection des travailleurs.

      D’ailleurs on peut constater la cohérence de tous les acteurs publics concernant la protection de la population en cas de pandémie grippale ainsi par exemple on trouvera nombre d’information sur les port des masques avec les liens suivant :

      https://gouvernement.fr/risques/pandemie-grippale

      https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Que_faire_si_je_pense_avoir_la_grippe_030210.pdf

      https://ansm.sante.fr/Dossiers/Pandemie-grippale/Les-masques-medicaux/(offset)/7

      Les mesures et les explications de port de masques sont donc nombreuses dans la réponse à une pandémie, mais devant la pénurie et l’absence de préparation, le gouvernement a préféré mentir aux populations concernant la réel protection des masques.

      Ceci est d’autant plus grave que le gouvernement a encouragé à la continuité économique du pays, sans organiser ou superviser la protection des salariés, notamment dans les métiers de contacts.

      https://www.lemondemoderne.media/labsence-de-masques-met-en-danger-les-travailleurs

      https://reflets.info/articles/il-faut-une-enquete-penale-sur-la-gestion-de-la-pandemie-covid19

    • Coronavirus : l’impossible communication de crise d’Emmanuel Macron

      « La gestion des masques et des tests , on dirait Coluche qui disait : “dites-moi quel est votre besoin, je vous expliquerai comment vous en passer”_
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/29/coronavirus-l-impossible-communication-de-crise-d-emmanuel-macron_6034796_82


      Le président Emmanuel Macron porte un masque lors de sa visite de l’hôpital militaire à Mulhouse (Haut-Rhin), le 25 mars. MATHIEU CUGNOT / AFP

      Pour répondre à la crise sanitaire, le chef de l’Etat doit à la fois rassurer et effrayer. Un paradoxe qu’il tente de résoudre en saturant l’espace et en adoptant un ton martial.

      C’est le cauchemar de tous les conseillers en communication : vivre une crise où chaque événement du jour peut remettre en cause ce que vous aviez décidé la veille.
      C’est pourtant ce qu’affronte Emmanuel Macron depuis l’apparition du SARS-CoV-2, un virus qui oblige l’exécutif à adapter sa #communication tout autant à l’avancée de l’#épidémie qu’à celle des connaissances scientifiques. « Cette crise est inédite, il est normal de tâtonner », estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande.

      Pour affronter la #crise_sanitaire, « la plus grave qu’ait connue la France depuis un siècle », comme l’a qualifiée le chef de l’Etat dès le 12 mars, l’exécutif avait au départ fait le pari de placer en première ligne le ministre de la santé, Olivier Véran, fraîchement nommé à ce poste après le départ d’Agnès Buzyn, et le directeur général de la santé, l’infectiologue Jérôme Salomon. « Ils doivent devenir les “François Molins” du coronavirus », entendait-on alors dans les rangs de la majorité, en référence à l’ancien procureur de la République de Paris, qui avait incarné la lutte contre le terrorisme après les attentats de 2015.

      Hyperprésence d’Emmanuel Macron

      Las ! Depuis son premier déplacement lié au Covid-19, le 27 février, à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière, le chef de l’Etat s’impose par son hyperprésence.
      Un jour dans une maison de retraite, un autre dans un centre de régulation du SAMU, le suivant dans un laboratoire de l’Institut Pasteur ou dans un hôtel réquisitionné pour les SDF… En un mois, Emmanuel Macron s’est déplacé ou s’est exprimé une dizaine de fois sur le Covid-19. Sans parler de ses trois allocutions solennelles, les 12 et 16 mars depuis l’Elysée et le 25 mars à Mulhouse (Haut-Rhin). Des interventions suivies massivement : le 16 mars, son annonce du confinement a été regardée par 35 millions de Français, du jamais vu.

      « Emmanuel Macron n’a pas le choix. Dans une période comme celle que nous vivons, le président doit se déplacer, aller sur le terrain, comme les généraux vont sur le front , approuve Gaspard Gantzer. Il faut remettre de l’humain, montrer une forme de courage physique, ça fait du bien aux gens. »
      C’est cette ligne qu’avait choisie François Hollande après l’attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 ou les attentats de novembre 2015. « En période de crise, le pouvoir politique doit parler très souvent à son peuple, il doit s’exprimer », abonde Arnaud Dupui-Castérès, directeur général du cabinet Vae Solis et spécialiste de la communication de crise.

      « Prendre de la hauteur »
      « A partir du moment où le pouvoir fait le choix de la pédagogie et de la transparence, il doit prendre la parole quotidiennement. Dans une crise comme celle que nous vivons, il n’y a jamais assez de communication » , confirme Clément Léonarduzzi, président de Publicis Consultants. Pour l’ex-bras droit de Marie-France Lavarini, ancienne communicante de Lionel Jospin à Matignon, le gouvernement devrait d’ailleurs instaurer un point quotidien sur la situation économique du pays, comme il le fait pour la situation sanitaire avec Jérôme Salomon. « Quand il y a des questionnements, il faut y répondre », estime le consultant.

      A l’Elysée, on assume en tout cas cette posture jupitérienne retrouvée du chef de l’Etat, alors qu’Emmanuel Macron avait tenté de la gommer après la crise des « gilets jaunes ». « Le président est transparent, réactif et sur tous les fronts », résume son entourage.
      Au point d’inquiéter certains soutiens, qui le trouvent exagérément exposé. « Macron est trop seul. A part [Olivier] Véran et [Jérôme] Salomon, qui s’occupent du sanitaire, personne n’imprime. Ce devrait être le rôle du premier ministre [Edouard Philippe] ou du [ministre de l’intérieur Christophe] Castaner de gérer l’opérationnel, mais ils n’y arrivent pas, il manque un échelon », estime un communicant réputé proche de l’Elysée.

      « Dans une crise, on est souvent obsédé par la gestion opérationnelle. C’est une erreur. Un président ou un premier ministre doivent prendre de la hauteur et de la distance, pas s’occuper de la fermeture des marchés », abonde Arnaud Dupui-Castérès.
      Sur la forme, l’exécutif a fait le choix d’une communication au ton très martial. « Nous sommes en guerre », a répété à six reprises Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 16 mars, évoquant un « ennemi (…) invisible, insaisissable » contre lequel il faut sonner « la mobilisation générale ».

      « Le président s’inspire beaucoup de Clemenceau »
      Le 25 mars, le chef de l’Etat s’est volontairement mis en scène devant l’hôpital de campagne installé par l’armée sur le parking du centre hospitalier de Mulhouse, y annonçant même le lancement d’une opération militaire baptisée « Résilience ». « Le président s’inspire beaucoup de Clemenceau, qui fait partie de son panthéon personnel. Son appel à la mobilisation vient de là » , explique un proche.
      Mais certains s’interrogent sur la durabilité de ce ton martial. S’il a permis de mobiliser les Français et d’obtenir une forme d’union nationale contre le virus, poursuivre sur la même tonalité comporte aussi des risques, estiment les professionnels de la communication.

      « Le vocabulaire guerrier peut s’user très vite , met en garde Gaspard Gantzer. Les gens voient bien qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens classique. » « C’est une sémantique qui met immédiatement dans une position de #chef_de_guerre. Cela provoque un choc utile et nécessaire. Mais comme dans une guerre, il faut ensuite donner une perspective sur les batailles et la victoire à venir », abonde Clément Léonarduzzi.

      D’autres se montrent aussi sceptiques sur le choix de médiatiser les #experts du conseil scientifique ou du comité analyse, recherche et expertise (CARE), deux instances installées ces dernières semaines par l’exécutif pour le conseiller sur la crise sanitaire.

      « Cela donne un sentiment de fébrilité, que le pouvoir cherche à s’abriter derrière les scientifiques. C’est une ligne Maginot illusoire » , tance un conseiller de l’ombre. Des réserves balayées par l’Elysée. « Le président a mis en place ces conseils pour créer un lien de confiance avec les Français, pas pour se défausser », explique un membre du cabinet de M. Macron. « Le président s’entoure beaucoup mais il n’est pas prisonnier. Il ne veut pas d’un gouvernement d’experts. C’est lui qui prend les décisions et il l’assume », ajoute un autre conseiller.

      Trouver un chemin de crête

      N’empêche, l’exécutif a donné le sentiment de ne pas toujours savoir quelle stratégie tenir, notamment en matière de #masques ou de #tests, ce qui a provoqué le trouble.
      « Ce type de crise nécessite des décisions quotidiennes, mais il faut choisir une ligne et éviter de se dédire. On ne peut pas être sur la face nord et sur la face sud en même temps, sinon plus personne n’y comprend rien », met en garde M. Dupui-Castérès. « La gestion des masques et des tests , on dirait Coluche qui disait : “dites-moi quel est votre besoin, je vous expliquerai comment vous en passer”. Cela va revenir comme un boomerang pour l’exécutif » , craint un communicant ayant ses entrées à l’Elysée.
      « Nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter, les scientifiques eux-mêmes changent d’avis ! Il y a encore quinze jours, l’OMS [l’Organisation mondiale de la santé] disait que généraliser les tests ne servait à rien ! », se défend-on à Matignon.

      Reste à savoir combien de temps Emmanuel Macron pourra tenir ce rythme et maintenir ce ton. Depuis le début de la crise, l’exécutif est confronté à deux écueils, entre lesquels il tente de trouver un chemin de crête : celui d’en faire trop et celui de ne pas en faire assez.
      « La plus grosse difficulté est ce paradoxe à gérer : il faut faire #peur pour que les gens se confinent, mais aussi rassurer pour qu’ils gardent le moral. Cela n’a rien d’évident sur le long terme » , reconnaît M. Gantzer.

      « Montrer le bout du tunnel »

      Pour éviter de tomber de ce fil d’équilibriste, tous les communicants s’accordent à dire que le chef de l’Etat n’a qu’une solution : ouvrir rapidement la séquence de #l’après. « Pour garder la confiance de ses troupes, un chef de guerre doit aussi se projeter dans la victoire , estime Mayada Boulos, directrice générale adjointe de Havas Paris et ancienne conseillère de Marisol Touraine au ministère de la santé. Le temps est aujourd’hui comme suspendu, il faut montrer le bout du tunnel. Expliquer qu’il y aura un stade 4 après le stade 3 de l’épidémie. »

      Un changement de discours qui passe aussi par des symboles, estiment d’autres conseillers. « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. Ou annoncer dès maintenant que des soignants de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet, propose M. Gantzer, qui avait été de ceux à imaginer le grand défilé parisien après l’attaque contre Charlie Hebdo, qui avait réuni 1,5 million de personnes en janvier 2015. Les Français vivent des moments difficiles, ils ont aussi besoin d’être flattés, d’être considérés, de se sentir comme des résistants… »

      #communication_de_crise

    • L’article du Monde est vraiment mauvais. La vérité, c’est que l’ensemble de nos gouvernants est franchement mauvais, mauvais et incompétents et même pas capables d’une bonne communication.

      La seule bonne option, violemment rejetée par Macron, serait de reconnaitre qu’ils (il…) se sont (s’est) trompé(s) au lieu de ramer derrière les pitoyables justifications sur le manque de masques, de tests, d’organisation a minima de l’outil industriel pour le réorganiser en urgence sur ces manques,…

      Dans leur bulle, ils ne perçoivent pas le discrédit profond qui les atteint, sans parler de l’immense colère qu’ils déclenchent. Pour museler toute critique, Monsieur le Premier ministre, il faudrait commencer par reconnaître qu’il y a eu lacune (grave !) et agir avec détermination et non pas le nez fixé sur la (mauvaise) comm’. Annoncer 15 jours de prolongation du confinement pour, le lendemain, laisser entendre que c’est (très) grave et donc, que ça sera certainement nettement plus, un seul mot, c’est minable.

      Ouvrir la séquence de l’après, non mais c’est quoi ces communicants de m… ! On n’y est pas !
      Pour garder la confiance de ses troupes, un chef de guerre doit être à la hauteur de la situation. On n’y est pas !

    • Même Léa Salamé, relayée par Gala, exprime ses doutes. et suggère de reconnaître l’erreur (voilà où on en est, Léa Salamé est meilleure conseillère que la batterie d’experts en comm’ de crise…)

      VIDEO – Olivier Véran “challengé” par Léa Salamé : tension sur le plateau de France 2 - Gala
      https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/video-olivier-veran-challenge-par-lea-salame-tension-sur-le-plateau-de-france-2

      UN ÉCHANGE TENDU
      Olivier Véran fait partie des ministres en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Alors qu’il multiplie les interventions télévisées depuis des semaines et sa nomination au ministère de la Santé, il était une nouvelle fois présent sur France 2, dans l’émission Vous avez la parole, présentée par Thomas Sotto et Léa Salamé. Lors de sa prise de parole, le ministre de la Santé a évoqué plusieurs sujets, notamment les tests, en s’appuyant sur des chiffres. « Nous étions à 4.000 tests, nous sommes ensuite montés à 5.000 tests, nous sommes aujourd’hui à 10.000 tests. Il y a dix plateformes haut-débit qui sont capables chacune de réaliser 2.000 tests par jour qui sont en train d’arriver en France », a-t-il déclaré en préambule. Avant de se faire interrompre par Thomas Sotto : « Mais l’Allemagne est à 500 000 tests par semaine », a noté le journaliste de _France 2. Un brin agacé, Olivier Véran a alors rétorqué : « Vous voyez, j’essaie de vous donner un certain nombre d’informations et vous êtes déjà en train de me challenger par rapport à la situation de l’Allemagne », a-t-il réagi.

      La passe d’armes ne s’est pas arrêtée là. Le ministre de la Santé a tenté de poursuivre son raisonnement et de conclure : « Ces tests, ils peuvent venir de Corée, d’Europe, de France ou des Etats-Unis, à mesure qu’ils arrivent, nous les achetons et nous les mettons en disponibilité pour les Français. Plus de 2 millions de tests le mois prochain, si vous faites le calcul avec l’Allemagne, vous aurez votre réponse », a-t-il déclaré. Léa Salamé a alors pris à son tour la parole afin de faire une mise au point qu’elle jugeait nécessaire : « Monsieur le ministre, on n’essaie pas de vous challenger, on essaie de comprendre et de vous faire passer les questions des Français », a-t-elle précisé. Et d’ajouter : « Au début de la crise, il y a trois semaines encore, les messages du gouvernement, c’était de dire : ’n’achetez pas forcément des masques, c’est inutile » ou ’les tests, ce n’est pas l’alpha et l’oméga’. Vous nous avez dit ça dans un premier temps (...) Est-ce qu’au fond, il ne fallait pas dire la vérité plus simplement ?", s’est-elle interrogée.

    • A mon avis il n’y a pas d’experts en communication à l’Elysée (à moins que Sibeth puisse etre considéré comme telle !), Jupiter n’écoute que lui, et peut être Brigitte à la limite, mais c’est tout. Les autres sont simplement des exécutant·es minables et viles qui se sont rabaisser au service d’un pur dictateur pour se faire du fric. Et c’est pas un problème de communication, choisir le conseil des ministres spécial coronavirus pour imposer le 49.3 c’est pas un problème de conseillés en marketing. Choisir de contracté 45 millliards d’euros de dettes sur notre dos pour les patrons du cac40 et dire aux soignants « la meilleur prime pour les soignants c’est de respecté les gestes sanitaires » c’est pas non plus une erreur c’est de la provocation. Dire que les soignant·es contractent le virus non sur leur lieu de travail mais dans les transports c’est pas une erreur non plus c’est juste pour que les soignant·es sachent qu’illes vont crevé sans que ca soit considéré comme relavant du code du travail.
      Quelle urgence y a-t il à supprimer le code du travail, les droits des prévenu·es à une défense, les droits à une retraite.... En fait Macron utilise la stratégie du choc, et il se venge sur les soignant·es, avocat·es et toutes celles et ceux qui ne sont rien.
      Il promet une prime aux soignant·es pour après mais il donne de suite une prime au cac40. Pourquoi ne pas donné immédiatement cette prime plutot que de parler d’un après qui n’adviendra pas... Il a peur d’avoir à rendre des comptes mais si on est en guerre comme il dit, alors il doit être arrêté pour haute trahison et fraternité avec le virus.

    • « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. Ou annoncer dès maintenant que des soignants de l’AP-HP [Assistance publique-Hôpitaux de Paris] défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet, propose M. #Gantzer, qui avait été de ceux à imaginer le grand défilé parisien après l’attaque contre Charlie Hebdo …

      #sérieux ?
      Ben quand tu vois qu’ils en sont là face à une pandémie prévisible où ils sont au mieux des criminels, au pire des criminels, il faut se dépêcher de mettre nos masques, dès aujourd’hui. Et de les recycler pour les manifs qui viendront. Puisque la loi devrait changer maintenant sur les masques auparavant interdits pour cause d’identification biométrique. (je dis ça, je dis rien)

    • Oui, @simplicissimus l’article est mauvais. L’ai publié pour la formule Coluche utilisé par un conseiller (ils savent qu’on sait), et pour mémoire quant aux circonvolutions empapaoutées de L’imMonde, voix de la France. Non @mad_meg il y a évidemment des conseillers en communication ! Et ils sont géniaux. Voir un autre article du Monde avec le même Gantzer (ex PS-CAC40 et Ville de Paris)

      https://seenthis.net/messages/835629#message835632

      « S’il veut garder le soutien de l’opinion, Emmanuel Macron ne pourra pas se contenter d’appeler à la mobilisation générale. Il faut aussi qu’il donne de l’espoir, qu’il montre le bout du tunnel, qu’il réintroduise de la joie de vivre » , estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande, qui suggère par exemple d’ « annoncer dès maintenant que des soignants défileront sur les Champs-Elysées le 14 juillet » . Où ils pourront crier : « On l’a eu ! » (fuckin’ sic, ndc)_

    • Brio et inventivité, probité, libre arbitre, efficacité, faut peut-être pas se faire une trop haute idée de ce que sont les communicants ou les journalistes, ou les avocats ou les professeurs, et tous les professionnels de la profession du monde.
      "Plus le mensonge est gros, plus il passe" était le mot d’un #communicant nommé Goebbels, et il a fait école, y compris banalement dans la pub.
      Sibeth Ndiaye assure : « J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président ». De là à inventer des mensonges qui soient beaux, fassent envie, donnent confiance, agrège, des mensonges qui fonctionnent vraiment....
      Parce que ce qui structure tout le champ, le souci actuel des militants de l’économie, c’est qu’ils n’ont rigoureusement aucune #perspective à offrir, à part le transhumanisme, mais c’est une promesse de niche qui largue tout le monde, au lieu d’intégrer. Un capitalisme vert ou moralisé ? On rigole (ou bien on est à EELV, Attac et d’autres). C’est ce qui rend difficile l’exercice, au de-là du déni actif. "Il n’y pas de violences policières" nous dit-on depuis 4 ans. "L’épidémie ne passera pas par la France car nous sommes prêts à la combattre efficacement", façon Buzyn en janvier. Certes, on continue à nous dire "enrichissez-vous" et avec le chômage de masse on y a ajouté "intégrez-vous" à la société ("mieux vaut être Uber que cassos", etc), sans avoir rien à proposer qui soit réellement partageable. D’où "la guerre" : nous partageons au moins une chose, un ennemi. Mais est ce que ces ennemis de notre ennemi - ici la mort en masse et dépit du possible - sont bien nos amis ?

      À cette limite, l’absence totale d’horizon impliquée par leur propre position, ils sont bien adaptés. Le regard braqué sur des "perspectives" et indicateurs de profit, d’une part, l’audimat, les sondages, et ce qui reste d’électeurs d’autre part, il sont devenus incapables d’incarner le capitaliste collectif, l’État. Ce dernier étant d’ailleurs devenu nébuleux en prenant une dimension transnationale et globale, entre multinationales, organisations et instances internationales, tou en étant arrimé à des institutions vues comme infra étatiques (villes, régions, syndicats, institutions diverses).
      Ils communiquent sans cesse, mais ils ont perdu la consistance (Hollande n’aime pas la littérature, un autre dira que la sociologie sert d’excuse sans arriver à rien en tirer pour son compte) et l’intelligence nécessaires pour faire une job devenue infaisable. Ça ne veut pas dire que ça va tomber de soi même (façon Lundi matin).

      Si leur communication est en crise au point qu’une communication de crise soit difficile à mettre au point, c’est aussi sur un fond de montée exponentielle du contrôle dans un contexte de crise de la société de contrôle.
      Là dessous, il y le désir, qui reste n’importe quoi, puissant. L’histoire Raoult me semble en témoigner. Porté par divers appuis et le buzz des réseaux sociaux, il s’est imposé à un gouvernement qui n’a rien pour l’instant rien trouvé d’autre pour répondre à une demande, à des affects de masse qui se sont cristallisés sur cette "solution", dans la peur et la méfiance des institutions (ça manière de jouer l’outsider).

      Voilà, je résiste pas à citer pour finir ce que tu risques je le crains de prendre comme un argument d’autorité, pris dans

      Gilles Deleuze : « L’information, c’est la société de contrôle »
      https://iphilo.fr/2018/01/12/gilles-deleuze-linformation-cest-la-societe-de-controle

      Les déclarations de police sont dites, à juste titre, des communiqués. On nous communique de l’information, c’est-à-dire on nous dit ce que nous sommes tenus de croire, ou même pas de croire mais de faire comme si l’on croyait. On ne nous demande pas de croire, on nous demande de nous comporter comme si l’on croyait. C’est cela l’information, la communication – et indépendamment de ces mots d’ordre et de la transmission de ces mots d’ordre, il n’y a pas de communication, il n’y a pas d’information.

      Indulgence pour le vrac, svp. Ça manque de points d’interrogation et de développement. Rien n’est trop clair dans le changement épocal en cours. Avec ces semaines confinées je trouverais peut-être moyen de scriber autrement et ailleurs.

      #horizon

    • Ne t’inquiète pas @colporteur l’autorité de Deleuze ne vaut pas tripette à mes yeux et le vrac ne me dérange pas. J’ai été un peu vite aussi , car il est vrai que je ne sais pas bien distingué les communiquants des politiques. Heureusement qu’à ce niveau d’incompétence illes (les communiquant·es) ne peuvent pas rattraper le coup. Il serait temps qu’on contemple enfin la grosse dégueulasserie capitaliste en face.

  • RTT, congés payés… La loi « état d’urgence sanitaire » assouplit provisoirement le code du travail
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/23/loi-etat-d-urgence-sanitaire-des-amenagements-par-nature-provisoires-au-droi

    Le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 adopté dimanche habilite le gouvernement à prendre par ordonnance des mesures visant à aider les entreprises et les salariés pendant la crise liée au coronavirus.

    Le code du travail va être momentanément assoupli afin d’aider les entreprises et les salariés à traverser la crise. Définitivement adopté, dimanche 22 mars, par le Parlement, le projet de loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 contient plusieurs mesures d’exception, qui ont un double objectif : limiter les réductions d’effectifs en facilitant le recours au chômage partiel et permettre aux employeurs de disposer plus librement de leurs salariés. Il s’agit de changements « par nature provisoires », a assuré, samedi, Muriel Pénicaud, la ministre du travail, lors des débats à l’Assemblée nationale. Les syndicats, tout comme les partis de gauche, regrettent que plusieurs de ces dérogations soient dictées par le législateur alors qu’elles auraient pu être le fruit de tractations entre patrons et représentants du personnel.

    Le texte voté dimanche habilite le gouvernement à prendre des ordonnances pour aménager – temporairement – le droit du travail. Le contenu exact de toutes ces dispositions n’est pas encore connu, les ordonnances en question ne devant être publiées que dans les prochains jours. Elles abordent plusieurs dimensions dans la relation entre chefs d’entreprise et salariés. Désormais, l’employeur aura la faculté d’imposer ou de modifier « les dates de prise d’une partie des congés payés, dans la limite de six jours ouvrables », en s’affranchissant des délais dits « de prévenance » pour informer les personnes concernées. Mais il ne pourra le faire que si un accord d’entreprise ou de branche l’y autorise, ce qui n’était pas prévu au départ. L’exécutif a, en effet, accepté d’ajouter cette condition en présentant un amendement lors des débats à l’Assemblée nationale. « Cela montre notre confiance dans le dialogue social de terrain », a déclaré, samedi, Mme Pénicaud, dans l’Hémicycle.

    Les RTT pourront être imposées
    La ministre du travail a ainsi tenu compte d’une doléance portée, en particulier, par les centrales syndicales. « La CFDT est satisfaite d’avoir obtenu la modification demandée », a réagi, dimanche, Laurent Berger, sur Twitter. Quelques jours auparavant, le secrétaire général de la CFDT avait exprimé au Monde son « désaccord » avec la première mouture du texte, qui permettait à l’employeur d’imposer unilatéralement les dates de congés : il faut « du cousu main », estimait-il, en insistant sur le « besoin d’apaiser » dans la période.

    Reste que la concession de l’exécutif est partielle, car elle ne vaut que pour les congés payés. En revanche, les « dates des jours de réduction du temps de travail, des jours de repos prévus par les conventions de forfait et des jours de repos affectés sur le compte épargne-temps du salarié » pourront être imposées ou modifiées « unilatéralement » par le patron, sans qu’un accord collectif soit requis. Idem pour les dérogations en matière de durée du travail, de repos hebdomadaire et de repos dominical, dans les « entreprises particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale ».

    « C’est un peu dommage, même si on peut comprendre que des efforts soient demandés aux salariés – sous réserve qu’ils soient équitables », confie Cyril Chabanier, le président de la CFTC. Pour lui, il aurait été préférable de s’appuyer sur les discussions entre partenaires sociaux, à l’échelon local ou dans les branches. « Le gouvernement résiste à la négociation collective », déplore Yves Veyrier, le numéro un de FO, tout en disant ne pas bien comprendre « le sens » de toutes ces mesures d’exception : à ses yeux, il vaudrait mieux se concentrer sur le redéploiement temporaire de notre économie, en ne faisant tourner que les « activités essentielles » à la vie du pays et en mettant en sommeil les autres, le temps que l’épidémie reflue.

    Un fonds de solidarité pour les indépendants
    Un avis partagé par la CGT, qui plaide en ce sens depuis plusieurs jours. « Le gouvernement anticipe très mal et on va le payer très cher, critique Céline Verzeletti, dirigeante confédérale. Et je ne vois pas en quoi le fait de déroger au code du travail permet de faire face à une pandémie. » C’est d’autant plus regrettable que ces nouvelles dispositions ne sont, selon elle, pas strictement bornées dans le temps, malgré les garanties apportées par Mme Pénicaud. « Il y a un vrai risque que cet état d’urgence sanitaire soit maintenu pendant quelques mois, au-delà de la période de confinement, et tout ce qui sera dérogatoire pourra continuer à s’appliquer », juge-t-elle.

    Parmi les autres dispositions adoptées dimanche sur le plan social, il y a la mise en place d’un fonds de solidarité pour épauler les indépendants, l’assouplissement de l’activité partielle pour toutes les entreprises « quelle que soit leur taille » ou encore un recours facilité à la visioconférence ou aux « réunions dématérialisées » pour les instances représentatives du personnel.
    L’exécutif a par ailleurs fait un autre geste envers les syndicats : les dispositifs de jours de carence – c’est-à-dire la non-indemnisation de jours d’arrêt maladie – sont suspendus, dans le public comme dans le privé. Une mesure qui ne vaut que « pour la seule période de l’urgence sanitaire ».

    • LE RECUL DES DROITS SOCIAUX MET EN DANGER LA MOBILISATION SANITAIRE

      Conseil des ministres. Trois jours après le vote de la loi d’urgence sanitaire, le gouvernement a présenté ses ordonnances. Aucune réquisition du secteur textile ni mécanique pour la production des masques et des respirateurs. Aucune nationalisation des entreprises défaillantes utiles dans la lutte comme Luxfer. Aucune méthode de planification de la mobilisation sanitaire n’est mise en place. Pourquoi alors que c’est la condition pour produire en masse les moyens de lutte dont le pays a besoin ?

      Nous avons eu raison de voter contre la loi d’état d’urgence sanitaire. Car une fois de plus c’est un prétexte à un nouveau recul des droits sociaux. Ainsi, les employeurs pourront désormais faire passer les jours de confinement forcé en congés payés, s’il y a un accord d’entreprise. Le moyen de refuser ? Et les employeurs pourront décider tout seuls pour les RTT et les jours de repos. Faut-il rappeler que le confinement, ce n’est pas des vacances : c’est une période imposée et souvent difficile à vivre matériellement et psychologiquement ?

      Dans les transports, la logistique, l’agroalimentaire, l’agriculture, l’énergie ou les télécommunications, il sera désormais possible de faire travailler un salarié jusqu’à 60 heures par semaine. Le temps minimal de repos entre deux journées de travail sera abaissé de deux heures.

      Le gouvernement fait payer aux salariés la crise sanitaire qu’il a contribué à renforcer par son impréparation. Il le fait alors même qu’il a refusé toute mesure mettant à contribution les ultra-riches. Notre proposition de rétablir l’impôt sur la fortune (ISF), même à titre provisoire, a été repoussée du revers d’une main. Mais la confiscation des droits sociaux se fait de l’autre en un jour !

      Nous lançons l’alerte. Car d’ores et déjà « La République en Marche » à l’assemblée a Annoncé qu’il faudrait passer dans le droit commun ces mesures anti-sociales exceptionnelles.

      Pour nous, le recul des droits sociaux met en danger la mobilisation sanitaire. Il faut au contraire que tout le monde contribue à l’effort collectif. Et il faut mettre chacun en sécurité sociale pour qu’il puisse participer à la mobilisation.

      Il est urgent de changer de méthode. Il y a un autre chemin, celui de l’entraide et de la planification de la mobilisation sanitaire.

      JLM

  • Coronavirus : la mission impossible de Jérôme Salomon, directeur général de la santé
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/20/coronavirus-la-mission-impossible-de-jerome-salomon-directeur-general-de-la-

    Dès 2016, l’actuel directeur général de la santé s’inquiétait des insuffisances du système de santé français. Confronté aujourd’hui à la pandémie causée par le coronavirus, il se voit obligé de les justifier.

    Après Buzyn, encore un portrait de « bon petit soldat du macronisme » qui craque, entre son devoir de médecin et celui de porter le chapeau et avaler les couleuvres de son chef.

    #in_retrospect

  • Le premier tour des municipales n’a pas eu lieu - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/18/le-premier-tour-des-municipales-n-a-pas-eu-lieu_1782174
    https://medias.liberation.fr/photo/1300846-prodlibe-2020-0387.jpg?modified_at=1584534337&picto=fb

    [le maintien] résulte d’un pacte « faustien » entre le pouvoir en place d’Emmanuel Macron et les représentant.e.s des principales associations d’élus locaux qui ont poussé en ce sens. Un pacte dont les termes sont aujourd’hui transparents : la formation d’une union sacrée et la mise en sourdine de la critique, si l’exécutif cédait à la demande des élus en place et des principaux partis politiques de maintenir les élections, et de préserver ainsi les intérêts des sortants (et du Sénat). La pression des élus, des intérêts corporatistes de leurs associations et des partis les plus municipalisés (Les Républicains au premier chef), anticipant dans ce contexte troublé une « surprime » aux sortants, a été méthodique et cynique.

    #in_retrospect

  • Coronavirus : la confession d’Agnès Buzyn suscite une double polémique
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/18/coronavirus-la-confession-d-agnes-buzyn-suscite-une-double-polemique_6033469

    « Si nous n’avions pas pris au sérieux cet événement sanitaire, je n’aurais pas organisé une réunion dès le mois de janvier » ni « pris des décisions lourdes », a fait valoir M. Philippe sur France 2. Quant à l’alerte d’Agnès Buzyn sur la tenue des élections, il convient qu’elle a eu lieu le 30 janvier. Mais précise habilement qu’« à l’époque, beaucoup de médecins n’étaient pas d’accord avec elle ».

    #in_retrospect

    (Par décisions « lourdes » je suppose qu’il parle du poids de la matraque ?)

    « Qu’Agnès Buzyn ait alerté sur les dangers du coronavirus quand elle était ministre, c’est faux, assure de son côté une source gouvernementale. En public et en privé, elle tenait les mêmes propos. Elle disait qu’il n’y avait pas de risques. »

    En effet c’est la panique à bord !

    PS :

    Un cadre local [de LREM] envoie un SOS aux dirigeants : « Peut-on avoir d’urgence des éléments de langage sur cet article ? Vu la violence des réactions sur nos boucles et les réseaux sociaux, c’est une bombe si on n’arrête pas ça tout de suite. »

    (ici insultes censurées)

    • Ce que j’aime bien, c’est que dès le chapeau, la préoccupation est de savoir si la REM va devoir « changer à nouveau de candidat à Paris » (c’est ça leur « double polémique » ?) :

      Les regrets de l’ancienne ministre de la santé provoquent un débat sur la gestion de la crise du coronavirus, et sèment le trouble sur la suite des municipales. Le parti présidentiel pourrait devoir changer à nouveau de candidat à Paris.

      Manière de noyer le poisson : est-ce qu’on s’interroge sur la responsabilité criminelle d’un gouvernement d’abrutis incompétents (appelons ça une « débat sur la gestion de la crise », ou est-ce qu’on se lance dans d’interminables digressions sur la candidature à la mairie de Paris d’un parti qui de toute façon n’a aucune chance de remporter l’élection ?

      (Accessoirement, au Monde on te merde l’écriture inclusive, parce qu’on a tout de même des choses plus importantes à faire en ce moment – comme savoir si on va limoger la candidate du parti.)

    • Je suis d’accord avec Fil sur la question des injures bien que j’avoue qu’il est extrêmement difficile de ne pas les en couvrir jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans les poubelles nauséabondes de l’histoire (c’est mon défi quotidien mais j’ai des progrès à faire, je passe encore le point Godwin au bout de trois secondes, je pense pouvoir mieux faire).

      Mais je pense vraiment utile de références les comportement de ces crapules et de leurs ânes pour quand on en fera l’archéologies (novlangue, comportements, « éléments de langage », collaboration au sens propre du terme, mépris, mensonge, mode de gouvernement, violence, etc...).

    • J’écrivais ceci au soir du dernier discours de TdQ1er. Le confinement ne nous protégera pas d’une épidémie de cette maladie là...

      Nous sommes en guerre ! (si je vous dis que ça y est, je suis malade, je suis atteint. Par le syndrome de la tourette. J’ai écouté le discours. Et paf. Syndrome Gilles de la tourette. « Je veux remercier les soignants et les pompiers et toutes les professions essentielles... » qui se sont mangées des tirs de LBD pendant des semaines... Je vous dis. J’arrête pas. Gilles de la tourette...

    • Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que le personnel « non-politique » de LREM, pseudo-parti qui a abusé de la volonté d’un paquet de gens de se payer un trip de pouvoir ou d’être utile, cette société civile bourgeoise qui constitue la moitié des députés et de ses recrues, est très indisciplinée. Elle ne comprend visiblement pas qu’on réussit en politique en réservant ses coups de poignards pour les coins sombres. Et d’une certaine manière, c’est rassurant, cette candeur !

      La tribune de Maxime Combes est parfaite au sujet de l’incurie du gouvernement et de son incurie et de la nécessité de faire le contraire du programme de LREM pour s’en sortir...

      https://seenthis.net/messages/831616

    • "On aurait dû tout arrêter" : les confidences lunaires d’Agnès Buzyn
      https://www.marianne.net/politique/aurait-du-tout-arreter-les-confidences-lunaires-d-agnes-buzyn


      Interrogée par Le Monde, l’ex-ministre de la Santé a affirmé qu’elle était devenue candidate macroniste à la mairie de Paris « en sachant que les élections n’auraient pas lieu ».
      JULIEN DE ROSA/POOL/SIPA

      Interrogée par Le Monde, l’ex-ministre de la Santé a affirmé qu’elle était devenue candidate macroniste à la mairie de Paris « en sachant que les élections n’auraient pas lieu ». Des déclarations qui pourraient entacher l’action de tout le gouvernement.

      Agnès Buzyn vient de lâcher une nouvelle bombe dans un contexte déjà rendu fortement anxiogène par l’épidémie de coronavirus qui sévit dans le pays, et les mesures de confinement décidées en conséquence par le gouvernement. Le 16 février dernier, la ministre de la Santé créait une première polémique en lâchant son poste pour succéder à Benjamin Griveaux comme candidate de La République en marche à Paris : était-ce le moment, alors que le COVID-19 progressait en France ? Toujours est-il que ce choix controversé n’a pas payé dans les urnes : avec seulement 17,26% des voix au premier tour des municipales, Agnès Buzyn a fini en troisième position loin derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati.

      Ce mardi 17 mars, la stupeur a succédé à l’agacement. En cause, un article publié par Le Monde dans lequel l’ancienne hématologue se livre à de stupéfiantes confidences : relatant s’être effondrée en larmes chez elle à l’issue du premier tour, Agnès Buzyn explique : « Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu. » Un peu plus loin, l’éphémère candidate affirme n’avoir jamais été pleinement investie dans la campagne électorale : « Depuis le début, je ne pensais qu’à une chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. » Dans un autre passage, Agnès Buzyn relate avoir lancé l’alerte très tôt au sujet du coronavirus, le 11 janvier auprès d’Emmanuel Macron, le 30 du même mois auprès d’Edouard Philippe.

      GRAVES IMPLICATIONS
      Ces déclarations laissent interdit, et entraînent de nombreuses implications. Si l’ancienne ministre ment, c’est une bien piètre technique de communication pour tenter de justifier l’abandon de son poste au gouvernement dans une circonstance critique, puis son échec aux municipales. Si elle dit vrai, au contraire, cela pourrait signifier que l’exécutif, alerté à plusieurs reprises sur la gravité de la crise, a sous-estimé le danger, et qu’Agnès Buzyn elle-même a joué double-jeu : le 24 janvier, elle déclarait publiquement que « le risque de propagation du coronavirus dans la population [était] très faible ». Puis elle a accepté de participer aux élections. Quant à Emmanuel Macron, il s’était rendu au théâtre avec son épouse le 6 mars pour inciter les Français à ne pas « modifier [leurs] habitudes de sortie ».

      Au sein de la Macronie, les premiers échos relatent une réelle colère des fidèles de l’exécutif à l’encontre d’Agnès Buzyn après ce qui ressemble à un "lâchage" en bonne et due forme. Dans l’opposition, on tonne : « Y a-t-il eu dissimulation de la véritable gravité de la situation aux Français ? Nous sommes peut-être à l’aube d’un scandale sanitaire majeur », a déclaré Marine Le Pen. Jean-Luc Mélenchon se demande de son côté si Agnès Buzyn « se rend compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues. »

      Devant le tollé provoqué par ses déclarations, l’ex-ministre de la Santé a réagi dans un communiqué précisant que « les formulations employées relèvent de perceptions et d’intuitions personnelles ». « Ces propos, recueillis en pleine crise, doivent être pris dans leur contexte. La formulation de ’mascarade’ traduit en particulier le ressenti à posteriori d’Agnes Buzyn face au décalage de la campagne menée et de l’enjeu sanitaire présent », précise le texte, qui ajoute : « Agnès Buzyn regrette la tonalité de cet article et l’utilisation qui en est fait en cette actualité où tout le pays doit être tourné vers la gestion de crise. Elle considère que le gouvernement a été pleinement à la hauteur des défis pour affronter ce virus. »

      Invité du journal de 20 heures sur France 2, le Premier ministre Edouard Philippe pourrait réagir aux propos de son ancienne ministre.

    • tiens c’est marrant, au détour de cet article sur le comité scientifique on apprend que

      « Le président a été très clair, ces comités ne doivent pas conduire à la République des experts » (…)
      Selon plusieurs sources, l’exécutif a par exemple recadré, le 12 mars, les membres du conseil scientifique qui s’étaient interrogés sur le bien-fondé politique du maintien ou non du premier tour des élections municipales. Une véritable ligne de crête.

      Source : Coronavirus : comment Emmanuel Macron s’appuie sur les experts pour gouverner en temps de crise sanitaire
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/26/coronavirus-comment-macron-s-appuie-sur-les-experts-pour-gouverner-en-temps-

      alors qu’à la télé il nous a bien dit qu’il suivait l’avis des experts et qu’on pouvait aller voter sans aucun risque…

    • Conseil scientifique 12 mars

      Elections : Le conseil scientifique a été questionné sur un éventuel report des élections. Il a souligné que cette décision, éminemment politique, ne pouvait lui incomber. Il a considéré que si les élections se tenaient elles devaient être organisées dans des conditions sanitaires appropriées (notamment respect des distances entre votants, désinfection des surfaces, mise à disposition de gels hydro-alcooliques, étalement des votes sur la journée, absence de meeting post-électoraux, etc....). Dans ces conditions, il n’identifiait pas d’argument scientifique indiquant que l’exposition des personnes serait plus importante que celle liée aux activités essentielles (faire ses courses). Le conseil scientifique a alerté le gouvernement sur le fait que d’un point de vue de santé publique, il était important pour la crédibilité de l’ensemble des mesures proposées qu’elles apparaissent dénuées de tout calcul politique.

      (je mets deux passages en gras et un en italiques)

      Macron (12 mars) :

      « J’ai interrogé les scientifiques sur nos élections municipales », a indiqué le chef de l’Etat et ceux-ci lui ont expliqué que « rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes ».

      Conseil scientifique (14 mars) :

      Questionné par le Ministre de la santé à propos de la tenue du premier tour des élections municipales, le Conseil scientifique a réexaminé l’avis qu’il avait formulé à ce dernier et au Premier ministre après un échange avec le Président de la République le jeudi 12 mars.

      D’un point de vue de santé publique, il avait considéré que si les pouvoirs publics décidaient de maintenir le premier tour des élections, elles devraient être organisées dans des conditions d’hygiène renforcées (notamment respect des distances entre votants, désinfection des surfaces, mise à disposition de gels hydro-alcooliques, étalement des votes sur la journée, absence de meeting post-électoraux, etc…). Dans ces conditions, il n’identifiait pas d’argument scientifique permettant d’associer une annulation du premier tour des élections à la réduction de la progression prévisible de l’épidémie, ni à une réduction du risque infectieux auquel sont exposées les personnes, notamment par comparaison avec, d’une part, les activités quotidiennes essentielles auxquelles elles participent, comme faire ses courses, et d’autre part les conséquences sanitaires délétères de possibles débordements, imprévisibles après une annulation impromptue du processus électoral, potentiellement mal comprise par une partie de la population.

      Macron (16 mars) :

      Dans la journée de jeudi, un consensus scientifique et politique s’est formé pour maintenir le premier tour des élections municipales

      #hiatus #in_retrospect

    • Edouard Philippe, 17 mars
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/17/coronavirus-les-capacites-de-reanimation-saturees-dans-le-haut-rhin_6033369_

      Interrogé sur les déclarations d’Agnès Buzyn, l’ancienne ministre de la santé, qui affirme dans Le Monde n’avoir pas été entendue quand elle alertait sur le maintien des municipales, le premier ministre affirme avoir pris « toutes les décisions nécessaires » en fonction des avis des scientifiques.

      concave ou convexe, la fonction, ce n’est pas clair

    • L’avis du 23 mars s’inquiète beaucoup des inégalités face au confinement

      auprès de personnes disposant de conditions d’habitat moins propices que d’autres au confinement (peu d’accès à l’air libre, surface domestique réduite, difficulté d’isolement individuel…), souvent conjuguées à des conditions sanitaires,
      sociales voire familiales moins favorables. L’application stricte du confinement dans ses modalités actuelles, constituant en tout état de cause une priorité, doit être conduit dans un esprit d’équité attentif à la situation des plus vulnérables.

      (…) Le Conseil scientifique souligne la nécessité de mesures d’accompagnement spécifiques pour les personnes en situation de précarité ou sans domicile ainsi que pour des personnes particulièrement susceptibles de faire l’objet de discrimination, comme les gens du voyage. A cet égard, les stratégies de regroupement (type gymnase) posent d’importants risques d’émergence de nouveaux foyers de contamination et une prise en charge plus individualisée
      est souhaitable. En l’absence de nombreuses mesures spécifiques, la diffusion de l’épidémie parmi ces personnes pourrait être responsable d’une morbidité et d’une mortalité élevées.

      Autres sujets : la pénurie de matériels, le maintien des soins pour les autres pathologies, la logistique, la recherche en sciences sociales (sur els conséquences du confinement), l’implication des ONG, des cultes, la gestion des obsèques, etc.

    • Hou le petit classisme au passage...

      souvent conjuguées à des conditions sanitaires, sociales voire familiales moins favorables

      Envie de signaler ça à ATD Quart-Monde qui lutte contre les préjugés contre les pauvres. Celles qui viennent de familles bourgeoises toxiques apprécieront que les « conditions familiales moins favorables » soient réservées aux pauvres dans le discours public.

  • « On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade » : les regrets d’Agnès Buzyn
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/17/entre-campagne-municipale-et-crise-du-coronavirus-le-chemin-de-croix-d-agnes

    Agnès Buzyn n’est arrivée qu’en troisième position à Paris et sans attendre les directives de La République en marche (LRM) ou l’annonce du report du second tour, a annoncé ce lundi qu’« en raison de la situation sanitaire et dans les hôpitaux », elle se retirait du jeu. « C’est ma part de liberté, de citoyenne et de médecin. » L’avait-elle donc perdu, ce libre arbitre, durant son aventure électorale ? Ses propos le laissent deviner. « Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée. » Le mot dit tout. A-t-on jamais gagné une élection en affichant pareille dualité ?

    • #paywall, la suite ici.

      Tragédie intime
      En politique aussi, l’inconscient parle. Dimanche 15 mars, Agnès Buzyn est allée voter dans le 5 e
      arrondissement, près de chez elle. Essayer de voter, plutôt. La tête de liste de LRM avait d’abord oublié
      sa carte d’identité chez elle, dans un autre sac. Le temps que son équipe s’active, elle a fait le pied de
      grue devant le bureau de vote. Au moment de glisser son bulletin, impossible de débloquer la pompe
      du acon de gel hydroalcoolique... Mauvais karma, mauvais signal.
      Le soir, elle a été distancée par la maire socialiste sortante, Anne Hidalgo, et par Rachida Dati.
      Benjamin Griveaux aurait-il fait mieux ? « Sûrement pas, tranche-t-elle. Quand je suis arrivée, il était à
      13 %. » Par tempérament, Agnès Buzyn n’est pas du genre à jouer les supplétifs. Si elle s’est présentée,
      c’est avec la conviction qu’elle pouvait bousculer le jeu. C’était son moment, pensait-elle. Ou son
      calvaire, vues les circonstances. Aujourd’hui, c’est toute cette séquence qui lui revient, jusqu’à faire de
      sa confession l’expression d’une tragédie intime.
      Tout commence le 14 février. A l’époque, l’OMS ne parle pas encore de pandémie, les épidémiologistes
      comparent la mortalité du virus à celle de la grippe. Seule la province chinoise de Hubei est con née.
      Invitée sur France Inter, ce matin-là, Agnès Buzyn fait le point sur ses dossiers et la situation sanitaire.
      Elle n’a pas encore vu la vidéo intime de Benjamin Griveaux, qui tourne depuis peu sur les réseaux
      sociaux. Toujours pas candidate dans un arrondissement de la capitale ?, lui demande-t-on à
      l’antenne. Ce même Griveaux ne lui avait proposé qu’« une troisième position, dans le 15 e », précise-t-
      elle aujourd’hui. Pas forcément de son niveau. Elle n’entre pas dans ces détails et répète : « Je ne
      pourrai pas être candidate. J’avais déjà un agenda très chargé, j’ai beaucoup de réformes dans le
      ministère et s’est rajouté un surcroît de travail inattendu malheureusement, qui est cette crise du
      coronavirus. » L’a aire semble tranchée.
      « Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président pour
      lui dire que j’y allais »
      Que se passe-t-il entre ce vendredi matin et le samedi soir suivant, qui la voit s’avancer sur le devant
      de la scène parisienne, alors que Griveaux jette l’éponge ? A l’entendre, elle devine déjà ce qui se
      pro le. « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone
      détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé
      un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne
      pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein. » Dès lors, pourquoi tout lâcher pour
      remplacer Griveaux ? « Ni Emmanuel Macron ni Edouard Philippe ne m’ont mis la pression. Mais je
      recevais des milliers de textos me disant : “Il n’y a que toi...” Je me suis dit que je n’allais pas laisser La
      République en marche dans la difficulté... Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président
      pour lui dire que j’y allais. »

      Un bref moment de bonheur
      Lucide sur la crise sanitaire et pourtant décidée à s’engager : nous sommes là au cœur du mystère
      Buzyn. La politique, cette hématologue réputée, entrée au gouvernement en 2017, en rêvait. « Depuis
      toujours, dit-elle. C’était aussi l’ ADN de la famille Veil », celui de Simone, son ex-belle-mère, qu’elle
      admire. Elle avait déjà manqué de sauter le pas lors du précédent quinquennat, quand François
      Hollande avait songé à la nommer ministre, sans nalement donner suite. Auparavant, François
      Fillon l’avait, lui aussi, remarquée, alors qu’elle présidait l’Institut de radioprotection et de sûreté
      nucléaire, et lui avait proposé de devenir sa suppléante à Paris, aux législatives de 2012. Par conviction
      de gauche – peut-être aussi parce que c’était un début trop modeste –, elle avait refusé.
      Agnès Buzyn se dit que ce dé parisien est une aubaine. La capitale, sa ville natale, semble lui tendre
      les bras. Elle le croit d’autant plus volontiers qu’au gouvernement, ses marges se sont rétrécies. Le
      corps hospitalier la voue aux gémonies, la réforme des retraites est un loupé, la future loi sur la
      dépendance n’aura pas les crédits exigés... Si elle est encore à ce poste en 2022 et que Macron échoue,
      con e-t-elle à des proches, que restera-t-il de sa réputation ? Agnès Buzyn n’aime pas perdre et une
      nouvelle carrière, politique celle-là, s’ouvre à elle. Olivier Véran, un ex-socialiste de 39 ans, neurologue
      et député, paraît taillé pour lui succéder.

      L’entrée en campagne est un bref moment de bonheur. La Macronie parisienne, sonnée par l’a aire
      Griveaux, se reprend à rêver. La candidate a les coudées franches. Elle enterre les projets-phares de
      son prédécesseur et pousse la promesse qui fait sa marque : l’aide aux personnes âgées à domicile.
      Bienveillance, proximité, mais aussi sécurité et propreté. Qu’apporte-t-elle de plus ? Son passé
      précisément, soit un sérieux, une compétence, une légitimité.
      Pendant quelques jours, elle croit à sa bonne étoile. Les sondages frémissent. On l’engueulait
      toujours, et désormais on l’aborde gentiment. « J’aime les gens, dit-elle, et quoi qu’on en dise, dans un
      ministère, il y a une distance qui se crée. » La candidate s’enhardit et commet la faute de critiquer le
      manque de préparation de la Mairie de Paris face à l’épidémie, alors qu’elle l’a félicitée un peu plus tôt
      – et par écrit – de sa mobilisation. A moins que ces critiques ne trahissent un sentiment de culpabilité
      personnel ? Le satané virus envahit tout et, à la télévision, c’est Olivier Véran qui prend la lumière.
      Précis, rassurant, il est jugé excellent. La révélation n’est plus là où on l’imaginait...
      Commence alors le chemin de croix. Sur le terrain, dans les débats, Agnès Buzyn montre un vrai
      savoir-faire mais elle stagne dans les sondages. Comment rassembler largement au second tour,
      comme promis, si elle arrive derrière Hidalgo et Dati ? « Je ne suis pas une politicienne mais une
      professionnelle de l’intérêt général », affirme le message audio qu’elle laisse sur 500 000 téléphones.
      La crise sanitaire la ramène sans cesse à son passé de ministre. Les réseaux sociaux reprennent ainsi
      cette petite phrase, lâchée le 24 janvier : « Le risque de propagation du coronavirus dans la population
      est très faible. »
      « Bien sûr, je n’aurais pas dû prononcer ces mots. Mais avant de partir du ministère, j’avais tout préparé,
      malgré une inertie... » Les quelques reproches qu’elle s’adresse se mêlent au désir de convaincre qu’elle
      n’a pas failli. « Je n’ai plus de boulot », glisse-t-elle, avant de se reprendre : « Je dis toujours : “Ministre
      un jour, médecin toujours”. L’hôpital va avoir besoin de moi. Il va y avoir des milliers de morts. »
      Ariane Chemin

      https://framadrop.org/r/R4WUtxqIqM#/cBYLp/Brzkn3cI7jqClDzWhS/CenIvLpTNf5jwdgvA

      #élections #coronavirus

  • Municipales, le probable report du second tour en raison du coronavirus promet un casse-tête juridique
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/16/le-report-du-second-tour-des-municipales-est-il-possible_6033245_823448.html

    Le code électoral est clair : le mandat des conseillers municipaux dure six ans. Il indique également que le second tour doit intervenir « le dimanche suivant le premier tour ».
    […]
    Reporter le second tour conduira de toute façon l’exécutif « à la marge de la légalité, prévient le professeur Rambaud. Faire adopter une loi électorale entre les deux tours d’une élection pourrait conduire le Conseil constitutionnel à considérer que l’on porte atteinte à la sincérité du scrutin. » Mais, de toute façon, note M. Daugeron, avec l’épidémie, « on s’achemine vers une suspension progressive de la légalité normale ».

  • Elections municipales 2020 : les principaux résultats par commune d’un scrutin chamboulé par le coronavirus
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/15/municipales-2020-les-premiers-resultats-d-un-scrutin-chamboule-par-le-corona

    A Levallois-Perret, fief de Patrick Balkany élu pour la première fois en 1983 pour douze ans, puis en 2001, et démis de ses fonctions le 6 mars après avoir été condamné à trois ans de prison ferme et dix ans d’inéligibilité pour fraude fiscale, Agnès Pottier-Dumas arrive en tête. Avec 34,6 % des suffrages exprimés, la candidate de la majorité municipale et ancienne directrice de cabinet de M. Balkany, devance Arnaud De Courson (DVD) qui compte 20,8% des voix et la candidate LRM Maud Bregeon (15,03 %).

    Et voilà. Quand on te dit que l’électeur friqué, il ne réclame jamais « la loi et l’ordre », la « bonne gestion » et la lutte contre la « fraude » pour lui-même. Seulement pour les pauvres. La possibilité de déroger à la loi commune, c’est au contraire très fondamental pour lui.

    (Sinon, vous avez remarqué que c’est la droite, suivie de la droite, et après c’est la droite. C’est pas totalement surprenant, mais c’est toujours impressionnant.)

  • Municipales 2020 : appelé à un report du premier tour, l’exécutif tient sa ligne
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/14/des-voix-s-elevent-pour-demander-le-report-du-premier-tour-des-municipales_6

    Le président a pris sa décision jeudi après avoir consulté l’ensemble des responsables politiques et après avoir eu l’assurance, par le comité scientifique, que ce scrutin pouvait se dérouler sans risques pour les Français.

    (...)

    poignées de porte, tables, isoloirs… tout doit être nettoyé avant le vote

    #aberration #culte_républicain

  • C’est assez étonnant : si tu lis la presse locale, tu t’attends à ce que ce soit la couvre-feu à #Montpellier… on te raconte que les supermarchés ont été pris d’assaut, il n’y aurait plus ni pâtes, ni riz, ni PQ, des articles titrent sur ce que tu peux « encore » faire en ville avec tes enfants, les trucs culturels et sportifs passent en accès réglementé, les transports en commun sont « tout de même maintenus », mais en horaires de vacances, parce que c’est indispensable pour secourir les gens, les élections sont maintenues malgré le danger parce qu’il faut bien sauver la démocratie, les commerçants qui se demandent comment ils vont survivre… À la lecture des internets locaux, je me dis qu’on a déjà basculé dans une économie de survie et qu’il faudra que je me procure le deuxième tome des œuvres complètes de Pablo Servigne.

    Bref, je vais quand même en centre-ville, parce que je veux acheter des cahiers de révision pour les petits ; et là, surprise : le jardin du Peyrou est toujours aussi empli de jeunes agglutinés les uns sur les autres sur l’herbe, les rues sont bondées, les gens se collent les uns aux autres pour regarder les spectacles de rue de la Comédie, ils font la queue à chaque comptoir qui vend de la bouffe à emporter, le centre commercial Polygone est rempli comme toujours, chez Sauramps tu fais la queue avec la famille derrière toi qui te respire dans le cou…

    (C’est un peu le problème, ici : le réchauffement climatique ou l’apocalypse zombie, tant qu’on a le beau temps, tout le monde s’en fout.)

    • Ah ben zut, j’avais pas l’impression de faire la communication du gouvernement, là…

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/14/edouard-philippe-annonce-la-fermeture-de-tous-les-lieux-publics-non-indispen

      M. Philippe a notamment déploré avoir « vu trop de gens dans les cafés, les restaurants ». « Cela me réjouirait en temps normal, mais pour quelques semaines ce n’est pas ce que nous devons faire », a-t-il renchéri, notant que « les premières mesures prises de limitation des rassemblements étaient imparfaitement appliquées ».

      […]

      « Les gens ne respectent pas l’esprit de ce qui a été suggéré par le président jeudi, c’est un facteur d’accélération important du virus », explique-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron, qui a consulté samedi matin le conseil scientifique mis en place pour lutter contre l’épidémie.

  • Emmanuel Macron amorce un virage pour « reprendre le contrôle » de son quinquennat
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/14/emmanuel-macron-amorce-un-virage-a-gauche-pour-reprendre-le-controle-de-son-


    Emmanuel Macron lors de sa déclaration télévisée à propos de l’épidémie de Covid-19, au palais de l’Elysée à Paris, le 12 mars.
    JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE

    « Quoi qu’il en coûte », Emmanuel Macron a décidé d’amorcer un virage à l’occasion de l’épidémie due au coronavirus, pour reprendre la main sur son quinquennat.
    Jeudi 12 mars au soir, lors d’une allocution télévisée suivie par près de 25 millions de Français, le président de la République ne s’est pas contenté d’égrainer les mesures prises pour lutter contre ce qu’il qualifie de « plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle ». Il a aussi dessiné l’architecture des réflexions qui devraient animer, selon lui, la société française et européenne au lendemain de la pandémie.
    {…]
    Inflexion vers un discours plus protecteur
    Avec sa déclaration de jeudi, Emmanuel Macron assume une inflexion vers un discours plus protecteur, de « capitaine de crise », selon le mot d’un proche. Un tournant revendiqué. « Comme on disait jadis place du Colonel-Fabien [le siège du Parti communiste français], c’est une clarification de la ligne, sourit un interlocuteur régulier du chef de l’Etat. C’est porteur et annonciateur de changements, d’un positionnement nouveau du président. »

    « Il a réaffirmé des convictions qu’il avait déjà dites et écrites, notamment dans son livre Révolution [XO Editions, 2016], avec des pages très fortes sur les dérives du capitalisme et de la financiarisation, pondère Gilles Le Gendre, président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale. Mais le fait qu’il s’appuie sur cette crise sanitaire pour replacer ces thèmes dans le débat n’est pas anodin. C’est aussi une manière de dissiper les doutes qui avaient pu se faire jour depuis quelque temps sur le cap et l’originalité de l’offre politique que nous incarnons et qui, aux yeux de certains, s’étaient dilués dans notre gestion quotidienne. »

    énième virage, virage à gauche, …

    on assiste à la renaissance d’une discipline autrefois florissante : les macronologues, comme autrefois les kremlinologues, commentent les moindres inflexions du logos présidentiel et y pressentent avec délices, la #reprise_de_contrôle de son quinquennat …

    En plus direct : il rame et ça se voit !…

  • Via fb de #guillaume_Duval alternatives économique

    Via Marie-Laure Basilien-Gainche :

    Témoignage de Bruno Canard, chercheur du #CNRS spécialiste des #Corona #virus, lu au moment du départ de la manifestation #facsetlabosenlutte

    "Je suis Bruno Canard, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille. Mon équipe travaille sur les virus à ARN (acide ribonucléique), dont font partie les coronavirus. En 2002, notre jeune équipe travaillait sur la dengue, ce qui m’a valu d’être invité à une conférence internationale où il a été question des coronavirus, une grande famille de virus que je ne connaissais pas. C’est à ce moment-là, en 2003, qu’a émergé l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et que l’Union européenne a lancé des grands programmes de recherche pour essayer de ne pas être pris au dépourvu en cas d’émergence. La démarche est très simple : comment anticiper le comportement d’un virus que l’on ne connaît pas ? Eh bien, simplement en étudiant l’ensemble des virus connus pour disposer de connaissances transposables aux nouveaux virus, notamment sur leur mode de réplication. Cette recherche est incertaine, les résultats non planifiables, et elle prend beaucoup de temps, d’énergie, de patience.
    C’est une recherche fondamentale patiemment validée, sur des programmes de long terme, qui peuvent éventuellement avoir des débouchés thérapeutiques. Elle est aussi indépendante : c’est le meilleur vaccin contre un scandale Mediator-bis.
    Dans mon équipe, nous avons participé à des réseaux collaboratifs européens, ce qui nous a conduits à trouver des résultats dès 2004. Mais, en recherche virale, en Europe comme en France, la tendance est plutôt à mettre le paquet en cas d’épidémie et, ensuite, on oublie. Dès 2006, l’intérêt des politiques pour le SARS-CoV avait disparu ; on ignorait s’il allait revenir. L’Europe s’est désengagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheur·ses de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Avec des collègues belges et hollandais·es, nous avions envoyé il y a cinq ans deux lettres d’intention à la Commission européenne pour dire qu’il fallait anticiper. Entre ces deux courriers, Zika est apparu…
    La science ne marche pas dans l’urgence et la réponse immédiate.
    Avec mon équipe, nous avons continué à travailler sur les coronavirus, mais avec des financements maigres et dans des conditions de travail que l’on a vu peu à peu se dégrader. Quand il m’arrivait de me plaindre, on m’a souvent rétorqué : « Oui, mais vous, les chercheur·ses, ce que vous faites est utile pour la société… Et vous êtes passionnés ».
    Et j’ai pensé à tous les dossiers que j’ai évalués.
    J’ai pensé à tous les papiers que j’ai revus pour publication.
    J’ai pensé au rapport annuel, au rapport à 2 ans, et au rapport à 4 ans.
    Je me suis demandé si quelqu’un lisait mes rapports, et si cette même personne lisait aussi mes publications.
    J’ai pensé aux deux congés maternité et aux deux congés maladie non remplacés dans notre équipe de 22 personnes.
    J’ai pensé aux pots de départs, pour retraite ou promotion ailleurs, et aux postes perdus qui n’avaient pas été remplacés.
    J’ai pensé aux 11 ans de CDD de Sophia, ingénieure de recherche, qui ne pouvait pas louer un appart sans CDI, ni faire un emprunt à la banque.
    J’ai pensé au courage de Pedro, qui a démissionné de son poste CR1 au CNRS pour aller faire de l’agriculture bio.
    J’ai pensé aux dizaines de milliers d’euros que j’ai avancé de ma poche pour m’inscrire à des congrès internationaux très coûteux.
    Je me suis souvenu d’avoir mangé une pomme et un sandwich en dehors du congrès pendant que nos collègues de l’industrie pharmaceutique allaient au banquet.
    J’ai pensé au Crédit Impôt Recherche, passé de 1.5 milliards à 6 milliards annuels (soit deux fois le budget du CNRS) sous la présidence Sarkozy.
    J’ai pensé au Président Hollande, puis au Président Macron qui ont continué sciemment ce hold-up qui fait que je passe mon temps à écrire des projets ANR.
    J’ai pensé à tou·tes mes collègues à qui l’ont fait gérer la pénurie issue du hold-up.J’ai pensé à tous les projets ANR que j’ai écrits, et qui n’ont pas été sélectionnés.
    J’ai pensé à ce projet ANR Franco-Allemande, qui n’a eu aucune critique négative, mais dont l’évaluation a tellement duré qu’on m’a dit de la re-déposer telle quelle un an après, et qu’on m’a finalement refusé faute de crédits.
    J’ai pensé à l’appel Flash de l’ANR sur le coronavirus, qui vient juste d’être publié.
    J’ai pensé que je pourrais arrêter d’écrire des projets #ANR.
    Mais j’ai pensé ensuite aux précaires qui travaillent sur ces projets dans notre équipe.
    J’ai pensé que dans tout ça, je n’avais plus le temps de faire de la #recherche comme je le souhaitais, ce pour quoi j’avais signé.
    J’ai pensé que nous avions momentanément perdu la partie.
    Je me suis demandé si tout cela était vraiment utile pour la société, et si j’étais toujours passionné par ce métier ?
    Je me suis souvent demandé si j’allais changer pour un boulot inintéressant, nuisible pour la société et pour lequel on me paierait cher ?
    Non, en fait.
    J’espère par ma voix avoir fait entendre la colère légitime très présente dans le milieu universitaire et de la recherche publique en général."

  • Réforme des retraites : fin du marathon à l’Assemblée avec l’adoption du volet organique
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/03/05/l-assemblee-nationale-adopte-le-deuxieme-volet-de-la-reforme-des-retraites_6


    (pas de crédits dans l’article…)

    Le projet de loi organique, qui impose l’équilibre financier du futur système, a été voté sans les oppositions de gauche, puis sans LR, qui avaient quitté l’Hémicycle.

    Le symbole est fort et le vote inhabituel. Jeudi 5 mars, l’examen en première lecture de la réforme des retraites s’est achevé à l’Assemblée nationale, en l’absence de la plupart des oppositions. Le deuxième volet de ce vaste chantier – le projet de loi organique – a été adopté par 98 voix pour et 1 contre, celle de la députée non inscrite d’extrême droite Emmanuelle Ménard. A quelques heures d’intervalle, les élus de gauche puis ceux étiquetés Les Républicains (LR) avaient quitté l’Hémicycle pour dénoncer les conditions dégradées du débat – synonyme, à leurs yeux, de « mascarade » et de « bal masqué ».