La mystification des emplois vacants

/la-fiction-des-emplois-vacants.html

  • La mystification des emplois vacants | Actuchômage - Altermonde
    http://www.actuchomage.org/2012120323422/Mobilisations-luttes-et-solidarites/la-fiction-des-emplois-vacants.html

    « On ne peut créer des tuyaux de formation parfaitement ajustés aux besoins de tel ou tel secteur ou profession », explique Tristan Klein. D’autant plus que « les entreprises ne savent pas déterminer les compétences dont elles vont avoir besoin », souligne Jean-Louis Zanda. Et de conclure : « Rares sont les recrutements qui échouent faute de candidats. Lorsque le besoin est vraiment là, l’employeur assouplit ses critères ou encore crée des formations, y compris en interne ». Nécessité fait loi.

    • « C’est une idée tellement tentante… et puis elle paraît simple, évidente », note Jean-Louis Zanda, chercheur à Pôle Emploi. Pour la défendre, on trouve d’abord les pourfendeurs de l’État-providence et de l’assistanat. Bien des chômeurs, pensent-ils, sont des paresseux : ils préfèrent toucher leurs indemnités plutôt que d’accepter un boulot. Couplet souvent entonné au café du commerce mais aussi, à plusieurs reprises, par Jean-François Copé ou Nicolas Sarkozy et, aujourd’hui, encore repris par de nombreux politiques.

      Jean-Louis Zanda est un peu surpris de sa persistance : « Avec la montée du chômage, je ne pensais plus entendre ce genre de discours sur les difficultés de recrutement qui émane des fédérations professionnelles ». Car il en a déjà démonté les ressorts dans une étude publiée en 2010. « Cette idée repose sur un malentendu : un emploi vacant, c’est juste un recruteur qui exprime un besoin à un instant donné et non un poste bien défini durablement à pourvoir ». Et si le chiffre de 400.000 ou 600.000 paraît énorme, il s’agit, explique Jean-Louis Zanda, d’une illusion d’optique : « Il est normal qu’il existe un stock d’offres mécaniquement disponibles à un moment donné, toutes ne peuvent être pourvues le jour même ; 400.000, cela n’a rien de faramineux pour 13 millions de contrats de travail signés chaque année… »

      Oui c’est curieux, la persistance de ce lieu commun dans l’opinion, mais finalement pas tant que ça. C’est juste la concrétisation de la victoire idéologique du capitalisme dans son relifting néolibéral : convaincre l’opinion que dans une démocratie le peuple est responsable de ce qui lui arrive, et que si la démocratie n’arrive pas à résoudre le problème du chômage, le peuple ne peut s’en prendre qu’à lui même. C’est la grande force du néolibéralisme que de dissimuler les vrais leviers du pouvoir, et d’invoquer l’ordre mystique de la main invisible.
      C’est parce que l’organisation du monde la dépasse complètement que l’opinion attribue la causalité des problèmes aux faibles plutôt qu’aux forts. Quel syndrome de soumission intellectuelle..