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  • Idem 2020 : Didier Raoult et la chloroquine, ou les médias et les blogs en bons chiens de garde de l’industrie pharmaceutique Frustration : 31 mars 2020
    https://www.frustrationmagazine.fr/didier-raoult-chloroquine-medias-industrie-pharmaceutique

    Complètement fixés sur la personne de Didier Raoult et sur la polémique autour de l’utilisation de la chloroquine, les médias ont monté un véritable tribunal médiatique à l’encontre de ce médecin, et ont donné toute latitude, une fois de plus, aux soutiens de l’industrie pharmaceutique, qui se frotte les mains tant il y a d’argent à se faire dans cette crise.

    Ces derniers jours, on a pu lire toutes sortes de choses inintéressantes, du moins inutiles dans le contexte, au sujet de Didier Raoult, le médecin infectiologue marseillais qui a réalisé un essai clinique avec de l’hydroxychloroquine et un antibiotique appelé azithromycine pour tenter de guérir des malades du coronavirus. Entre autres : il était mauvais élève, il a passé son bac littéraire en candidat libre puis est parti deux ans travailler sur des navires de commerce. Il a un look peu commun pour un scientifique, les cheveux longs, la barbe. C’est une “star mondiale”, un “personnage”, écrit France Info.

    Les médias ne s’arrêtent pas là : ils nous apprennent aussi que l’essai clinique de Didier Raoult, qui a suscité de grands espoirs chez de nombreux patients, n’aurait pas été réalisé dans les règles de l’art, selon la méthodologie en vigueur dans le milieu scientifique. Des personnes se seraient intoxiquées, notamment aux Etats-Unis, en prenant de la chloroquine (comme nous l’apprend, par exemple, Le Figaro, avant de préciser, après un titre vendeur et mensonger, qu’il s’agissait… d’aliments pour poissons. Difficile de faire plus tendancieux). D’ailleurs, Didier Raoult serait même la nouvelle coqueluche des milieux conspirationnistes.

    L’article : https://www.frustrationmagazine.fr/didier-raoult-chloroquine-medias-industrie-pharmaceutique

    Un exemple parmi des dizaines d’autres : le portrait paru dans Le Monde le 25 mars https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/25/didier-raoult-le-trublion-du-covid-19_6034364_3244.html est particulièrement cruel (sous couvert d’objectivité) pour le médecin qui, rappelons-le tout de même, est un spécialiste reconnu mondialement pour ses travaux en microbiologie. Dès les premières lignes, les journalistes affirment, sans recontextualiser, que son essai clinique est “au mieux fragile, au pire bancal”, puis décrivent Didier Raoult comme “controversé, fort en gueule, haut en couleur et incontrôlable”. Sa reconnaissance mondiale et ses travaux ne sont qu’évoqués, en deux phrases, au milieu d’un amas d’histoires sans rapport les unes avec les autres : Didier Raoult s’est engueulé avec un collègue chercheur, il ne s’entend pas avec le milieu de la recherche parisien et ne pratique pas les courbettes (insulte suprême, sans aucun doute, aux yeux des médias), il a tenu des propos climatosceptiques, l’un de ses articles scientifiques a été invalidé pour fraude, il est soutenu par plusieurs hommes politiques, dont Christian Estrosi, le maire de Nice. Un autre chercheur interrogé dans le portrait se dit “choqué des attaques personnelles dont [Didier Raoult] est victime sur les plateaux de télévision, alors qu’il n’est pas là pour se défendre”. “Ses déclarations à l’emporte-pièce lui nuisent cependant bien plus que les attaques de ses nombreux adversaires”, juge Le Monde en conclusion de ce passage. Objectif, vraiment ?

    Didier Raoult est peut-être un personnage. Et alors ? Est-ce que cela justifie pour autant un tel tribunal médiatique ? On aurait même envie d’ajouter : quel niveau de médiocrité faut-il atteindre pour se croire le droit de descendre ainsi, avec une mauvaise foi évidente, quelqu’un qui oeuvre pour tenter de guérir des malades ?

    Créer un nouveau marché
    La chloroquine, commercialisée notamment sous le nom de Plaquenil, ne coûte quasiment rien, puisque son brevet est tombée dans le domaine public, et est très facile à fabriquer. Si les essais que poursuit Didier Raoult se montraient concluants à grande échelle, cela signifierait qu’il existe une solution facile et accessible pour guérir le coronavirus.

    Mais ce serait évidemment trop simple. Interrogé par Lundimatin, un “jeune retraité de la recherche pharmaceutique” explique : “L’industrie pharmaceutique qui non seulement a l’oreille de tous les ministres de la santé depuis des lustres mais détient aussi tous les moyens de développement n’est sûrement pas intéressée pour faire un plan de développement long et coûteux pour un produit peu cher et, qui plus est, « génériquable » (5 euros la boîte de 30 comprimés de Plaquenil)”. Il ajoute : “Tant que la recherche et le développement seront entre les mains d’intérêts privés eux-mêmes soumis aux cours boursiers, ce seront tendanciellement les opportunités de marché qui détermineront les axes de développement clinique”.

    Qu’il s’agisse de la chloroquine ou d’une autre molécule, il s’agit donc, avant tout, de créer un nouveau marché. Et dans le cas du coronavirus, il y a de quoi se faire de l’argent puisque le problème concerne l’ensemble de la population, y compris les pays riches. Dans le même entretien, le médecin retraité explique ainsi que les recherches sont en principe menées “par les milieux académiques plus que par l’industrie pharmaceutique, sauf lorsqu’une population occidentale est aussi atteinte”. Une telle industrie, ensuite, a tout loisir de créer artificiellement des pénuries, de jouer de l’offre et de la demande, bref, de faire du bon vieux capitalisme et un maximum de bénéfices, comme nous vous l’expliquions dans cette enquête de 2018.
    https://www.frustrationmagazine.fr/lindustrie-pharmaceutique-a-t-elle-interet-a-nous-soigner-enquet

    Avides de polémiques à deux francs six sous, les médias se sont défoulés avec une joie évidente sur la personne de Didier Raoult qui a le malheur, en plus de proposer un traitement peu cher et accessible, de se foutre complètement de “la capitale” et de “l’establishment”, comme le résume Le Monde dans son portrait, trahissant par la même le vrai problème que leur pose le médecin marseillais : il n’est pas soumis comme eux le sont aux intérêts des puissants.

    Car aveuglés par leur haine et complètement à côté de la plaque, ces mêmes médias ont laissé la porte grande ouverte aux soutiens de l’industrie pharmaceutique. Il suffit de constater l’omniprésence sur les plateaux et dans les articles, d’une personne comme Karine Lacombe, médecin-chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, en conflit d’intérêts évident puisqu’elle a touché de l’argent, a-t-elle elle-même déclaré dans sa déclaration publique d’intérêts en 2016, des groupes pharmaceutiques Gilead et Abbvie, respectivement détenteurs des brevets du remdesivir et du kaletra…. deux autres molécules testées en ce moment au niveau européen contre le coronavirus. Cette femme, qui s’en est pris violemment à Didier Raoult sur France 2, a eu les honneurs, entre autres, d’un portrait de Libération qui la décrit comme “impressionnante de solidité”, dans lequel le journaliste se dit “épaté”, la qualifie même d’”unique, exceptionnelle”, mais n’évoque pas un instant ses liens avec l’industrie. Idem dans Le Monde, où Karine Lacombe est citée parmi ces “médecins qui crèvent l’écran”. L’article se félicite d’ailleurs qu’elle ne touche pas d’argent pour ses interventions médiatiques. Encore heureux.

    La copie écran : https://www.frustrationmagazine.fr/didier-raoult-chloroquine-medias-industrie-pharmaceutique

    Acharnement sur la forme au détriment du fond
    La mécanique est si bien rodée que les médias se sont jetés dans la danse sans même y penser, croyant défendre leur sacro-sainte objectivité. Ainsi, les premiers constats de Didier Raoult, publiés dans une vidéo sur YouTube, ont été immédiatement qualifié de “partiellement faux” par la rubrique Décodeurs du Monde. Ont suivi les articles déjà évoqués plus hauts au sujet du médecin, portraits au vitriol et attaques personnelles lors de ses interventions télévisées.

    L’article : https://www.frustrationmagazine.fr/didier-raoult-chloroquine-medias-industrie-pharmaceutique
    Capture d’écran du module affilié à l’article du Monde sur Facebook.

    Quasiment inaudible pendant presque un mois, Didier Raoult a finalement été entendu par le gouvernement, et l’hydroxychloroquine fait désormais partie des molécules testées à grande échelle au niveau européen (parmi trois autres traitements) Le médecin marseillais a été inclus dans le conseil scientifique chargé de conseiller l’exécutif, duquel il a démissionné depuis (un “crime de lèse-majesté” qui explique aussi l’acharnement des médias), s’en expliquant dans une tribune dans Le Monde : “Je n’ai pas voulu continuer de participer au conseil scientifique, dans lequel on trouvait deux modélisateurs de l’avenir (qui pour moi représentent l’équivalent de l’astrologie), des maniaques de la méthodologie. Les médecins confrontés au problème du soin représentaient une minorité qui n’a pas nécessairement l’habitude de s’exprimer et qui se trouvaient noyés par cet habillage pseudoscientifique”. “Le médecin peut et doit réfléchir comme un médecin, et non pas comme un méthodologiste”, ajoute le chercheur.

    Le traitement médiatique réservé à Didier Roult n’est que le symptôme d’un problème plus large. Ce n’est pas Didier Raoult lui-même – bien que les médias se soient acharnés de façon complètement exagérée sur sa personne – mais la solution qu’il préconise qui dérange. Mais quand le doigt montre la lune… Les médias ont donc tapé allègrement sur Didier Raoult, trop heureux de montrer au gouvernement, et à l’industrie pharmaceutique embusquée derrière lui, à quel point ils les soutenaient dans leur quête du profit. Bons chiens de garde, on vous a dit.
    (Illustration par Elsa Klée)

    #karine_lacombe #médias #merdias #crise_sanitaire #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #variant #covid #pandémie #vaccins #santé_publique #raoult #didier_raoult #france #chloroquine #hydroxychloroquine #actualités_françaises

    • La 5 ieme vague : https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/231121/la-cinquieme-vague-nouvel-episode-d-un-feuilleton-qui-na-que-trop-du

      Extrait : En France, sur les 90 semaines depuis le commencement de la crise du Covid-19, la plus forte incidence a été observée entre le 23 et le 29 mars 2020, au tout début de la crise (cf. fig. 1). Lors de cette semaine paroxysmique, 140 nouveaux malades pour 100 000 habitants ont été estimés par le Réseau Sentinelles (premier réseau de surveillance de maladies transmissibles en France) ; les autres sources de médecins généralistes de terrain, dits de premier recours, sont concordantes. Pour fixer les idées, 100 000 habitants, c’est environ la population d’une préfecture importante (Caen, Nancy, Avignon…). À titre de comparaison, le même réseau de médecins estimait dans les mêmes conditions à plus de 600 malades de syndromes grippaux en une semaine pour 100 000 habitants en moyenne lors des pics épidémiques des années antérieures depuis 20 ans.

  • Finalement, le comportement « exemplaire » de Singapour (18 mars : pas de confinement), ça n’aura pas duré : confinement général à partir de mardi.

    Article du 18 mars : Singapour s’affiche en modèle de la lutte contre le coronavirus
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/18/singapour-s-affiche-en-modele-de-la-lutte-contre-le-coronavirus_6033600_3244

    « A Singapour, je me sens plus en sécurité que partout ailleurs. » Pour Manu Bhaskaran, économiste et expert en géopolitique d’un institut de conseil local, la cause est entendue : le régime semi-autoritaire de la cité-Etat, la plus riche nation de l’Asie du Sud-Est, a jusqu’à présent géré la crise du Covid-19 de façon exemplaire.

    Il est vrai que ce confetti territorial de l’Extrême-Orient, très tôt infecté par le virus venu de Chine, a su réagir à la menace avec rapidité et efficacité : dépistage systématique ; établissement du parcours précis des patients dans les jours et les heures qui ont précédé leur infection pour remonter la piste du virus ; suivi étroit, méthodes policières rigoureuses à l’appui, des personnes en quarantaine forcée.

    Article du 3 avril : Singapour se résout à fermer écoles et entreprises devant la résurgence du virus
    https://www.lepoint.fr/monde/singapour-se-resout-a-fermer-ecoles-et-entreprises-devant-la-resurgence-du-v

    Mais devant une hausse des cas d’infections ces derniers jours, le Premier ministre a dit vouloir « court-circuiter » la propagation du virus.

    Les entreprises seront fermées à partir de mardi, à l’exception de celles qui fournissent des services essentiels comme les supermarchés et les hôpitaux et celles des secteurs économiques clés.

    Les écoles seront fermées, sauf pour les enfants dont les parents doivent continuer à travailler et n’ont pas d’alternative.

    Les habitants devront rester chez eux, sauf en cas de nécessité, comme se ravitailler ou faire du sport.

    C’est aussi une raison pour laquelle, depuis le début, je pense qu’il faut faire très attention à notre propre enthousiasme pour les solutions miracles.

  • CONSEILS SANITAIRES

    Sommaire
    Confinez-vous
    Lavez-vous les mains
    Évitez de vous toucher les yeux, le nez et la bouche
    Toussez et éternuez dans votre coude ou dans un mouchoir et jetez-le de suite
    Désinfectez
    Privilégiez les aliments cuits
    Lavez vos vêtements idéalement à 60 degrés
    Faites attention aux médicaments que vous prenez
    Conseils : si vous devez quand même sortir (fabrication de masques, de gel hydro-alcoolique etc.)
    Conseils : si vous pensez être atteint.e par le covid19
    Conseils : si vous partagez un logement
    Conseils : si vous êtes une personne plus à risque

    Confinez-vous
    "Les mesures de confinement actuelles sont insuffisantes, face à l’impossibilité pour nombre de personnes de recevoir des soins vitaux en raison de la ruine des hôpitaux et du manque criant de personnel, les collectifs de soignants appellent - en date du 21 mars - au confinement total. S’il ne permettra pas d’endiguer le virus, il peut permettre au moins que l’afflux de patients graves vers les établissements de santé ne dépasse pas leurs capacités de prise en charge comme c’est actuellement le cas dans le Grand-Est et en Corse". https://static.mediapart.fr/files/2020/03/22/20200321-cdp-confinement-total-1-3.pdf
    #restecheztoi1.

    Lavez-vous les mains
    « Pour se laver les mains de façons efficace, il faut enlever ses bagues et autres bijoux, utiliser de l’eau et se mouiller complètement les mains. Prendre du savon (de 1 à 3 ml) et bien le faire mousser. Savonner les mains pendant au moins 15 secondes en prenant le soin de frotter entre les doigts, le dos de la main, les poignets et les avant-bras. »2

    Évitez de vous toucher les yeux, le nez et la bouche ou lavez-vous bien les mains avant de le faire.
    Le covid19 survit sur les mains et pénètre dans l’organisme par les muqueuses : "muqueuse conjonctivale3 (les yeux), muqueuse nasale (narines), lèvres ou muqueuse buccale et oro-pharyngéeces"4.
    Il est, à ce sujet, conseillé d’éviter le port de lentilles de contact et de mettre des lunettes.5

    Toussez et éternuez dans votre coude ou dans un mouchoir et jetez-le de suite

    Désinfectez
    Il n’y a pas encore d’étude sur le covid-19 à ce sujet, mais on sait que les autres coronavirus (ceux du Sras, du Mers et ceux qui provoquent de simples rhumes) survivent sur les surfaces inanimées : sur les objets (la vaisselle etc.), les tissus (serviettes de toilette, vêtements etc.), le papier (livres etc.), les surfaces (le bois, le plastique, le fer etc.). Il n’y a pas de raisons que le covid-19 diffère à ce sujet. Il "devrait, comme ses semblables, persister - sur ces surfaces - en moyenne entre 4 et 5 jours.6

    A savoir que :
    Cette persistance peut « être efficacement inactivés par des procédures de désinfection des surfaces". Notamment avec des solutions à base d’alcool (entre 62 et 72 %), d’eau oxygénée ou d’hypochlorite de sodium (de l’eau de javel)7. Il est donc plus que conseillé de désinfectez régulièrement : les poignets (de porte, de frigo), les robinets, la chasse d’eau, les interrupteurs, la télécommande, le clavier de votre ordinateur etc.
    Cette persistance diminue de manière importante à des températures dépassant les 30 °C. Et au contraire, les températures plus basses favorisent sa persistance qui peut aller jusqu’à neuf jours.

    Privilégiez les aliments cuits
    Par prudence, vous pouvez privilégier le cuit au cru (la cuisson faisant perdre son potentiel infectieux au virus)
    Certains (comme le Pr Gayet CHRU de Strasbourg) conseillent d’éviter notamment les fruits et les légumes crus qui ne s’épluchent pas ou qu’on mange avec la peau8
    Des avertissements circulent, de même, au sujet des aliments d’origine animal peu ou pas cuits.9

    Lavez-vos vêtements : idéalement à 60 degrés
    Plusieurs médecins (la virologue Anne Goffard, Gilles Pialoux médecin du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon) attestent de la perte du potentiel infectieux du Covid 19 à partir d’une exposition à 56 °C pendant vingt à trente minutes ou à 65°C pendant cinq à dix minutes. En bref, si vous avez la possibilité d’accéder à une machine à laver, lavez vos vêtements à 60 degrés.

    Faites attention aux médicaments que vous prenez
    Surtout ne prenez AUCUN anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS) , c’est valable pour les comprimés comme pour les pommades (aspirine, indometacine, diclofenac, ketoprofene, flubiprofene, celecoxib... tout ce qui finit par metacine, profene , coxib ...),
    Les AINS sont prescrits dans le traitement au long cours des douleurs de l’arthrose et des rhumatismes chroniques, ou en cure courte pour passer un cap douloureux et aigu en cas de douleurs articulaires (causées par l’arthrose, l’arthrite, le mal de dos, etc.) ; mais aussi pour les douleurs de règles, de dents, les maux de tête, les coliques néphrétiques, les traumatismes, les suites d’opération.
    En voici une liste non-exhaustive :
    acéclofénac (Cartrex), acide méfénamique (Ponstyl), acide niflumique (Nifluril), acide tiaprofénique (Flanid, Surgam), alminoprofène (Minalfène), célécoxib (Celebrex), dexkétoprofène (Enantyum), diclofénac (Flector, Voltarène), étodolac (Lodine), étoricoxib (Arcoxia), fénoprofène (Nalgésic), flurbiprofène (Antadys, Cebutid), ibuprofène (Advil, Antarène, Brufen, Hémagène, Ibupradoll, Intralgis, Nurofen, Nureflex, Spedifen, Spifen, Upfen), indométacine (Indocid), kétoprofène (Profénid, Ketum, Toprec), méloxicam (Mobic), nabumétone (Nabucox), naproxène (Alevetabs, Antalnox, Apranax, Naprosyne), piroxicam (Brexin, Cycladol, Feldène, Zofora), sulindac (Arthrocine)- ténoxicam (Tilcotil)10
    ni aucun corticoïde :
    Altim, Betamethasone, Betnesol, Celestene, Cortancyl, Decadron, Dectancyl, Depo-Medrol, Dexamethasone, Diprostene, Hexatrione, Hydrocortancyl, Kenacort Retard, Medrol, Methylprednisolone, Neodex, Neofordex, Prednisolone, Solumedriol, Solupred
    Prendre uniquement du Paracétamol ( Dafalgan, Doliprane).
    Limiter cependant la prise de ces derniers, car ils ont tendance à diminuer la réponse immunitaire.
    Pour les asthmatiques cependant, le consensus médical semble aussi s’établir pour le maintien des prises de corticoïdes inhalées (donc en très petites quantités), éventuellement complétées par des inhalations à l’eau chaude seule et/ou par une augmentation maîtrisée de traitements bronchodilatateur (ventoline).
    Pour les malades chroniques, prenant des corticoïdes, ne pas interrompre le traitement. Demandez conseil rapidement si symptômes grippaux, difficultés. Le professeur Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Saint-Antoine avance toutefois dans un Tweet : « Vous pouvez poursuivre [votre traitement], mais vous devez l’arrêter en cas de fièvre ou de syndrome grippal. » 11
    Si vous ne pouvez pas vous passer de ces médicaments, il est nécessaire de consulter son médecin traitant afin qu’il vous indique la marche à suivre.

    Conseils : si vous devez quand même sortir
    Conservez une distance physique
    Maintenez une distance avec les personnes que vous croisez d’au moins un mètre et demi.
    Saluez les personnes que vous rencontrez sans contact physique (bannir les poignées de main, la bise, le check etc.)

    Portez un masque
    Le port d’un masque anti-projection (de type masque chirurgical qui protège les personnes que vous croisez) est recommandé par l’académie nationale de médecine : http://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-pandemie-de-covid-19-mesures-barrieres-ren
    Il existe des tutos pour fabriquer ses propres masques.
    Des masques en tissus lavables : 12 : https://www.infirmiers.com/pdf/masque-tissu.pdf
    ou des masques en papier jetables ici : https://www.youtube.com/watch?v=7Lg0jnJ3hEo

    Ne pas confondre ces masques avec les masques jetables FFP2 susceptibles de protéger d’une contamination. Les FFP2 sont désormais réservés aux soignant.e.s. Si vous en avez en stock, voir ici des conseils pour bien vous en servir et notamment vérifier leur étanchéité par un fit-check : https://www.youtube.com/watch?v=YJ3hqLPXsNg).13

    Préparer son gel hydralcoolique : https://www.who.int/gpsc/5may/tools/system_change/guide_production_locale_produit_hydro_alcoolique.pdf?ua=1

    De retour chez vous
    Il est conseillé de retirer à l’entrée de votre logement et de les y laisser : vos chaussures, votre manteaux, votre sac. Bref, tout ce qui a pu être contaminé dehors.
    Soyez attentifs de même aux objets que vous ramenez de l’extérieur. Il est, par exemple, plus prudent de vous débarrasser des emballages des produits alimentaires avant de les ranger dans votre cuisine.
    Pensez à désinfecter les objets que vous avez touchés dehors : clé, téléphone etc.
    Et puis, bien sûr, dès votre retour : lavez-vous les mains

    Conseils : si vous pensez être atteint.e par le covid19
    Il est conseillé d’appeler votre médecin traitant.
    Et uniquement en cas de symptômes très graves le SAMU au 15 (ou au 114 pour les personnes sourdes ou malentendantes)
    Par ailleurs, un numéro vert d’informations sur le coronavirus fonctionne 24h/24 et 7j/7 pour obtenir des renseignements : 0800 130 000

    Conseils : si vous partagez un logement
    Si vous partagez votre logement, il est important de se donner des règles communes concernant les règles d’hygiène (nettoyage des parties communes, règles de vie, etc) et surtout des règles à adopter quand vous rentrez chez vous après une sortie à l’extérieur.
    Si vous pensez être atteint.e par le Covid-19, le mieux (mais c’est rarement possible !) c’est « de rester dans une pièce spécifique, en évitant les contacts avec les autres occupants du domicile, d’aérer régulièrement14. Et si possible, une salle de bain et des toilettes spécifiques sont à privilégier. »
    Si ça n’est pas possible, « il est recommandé de se laver les mains fréquemment, de ne pas toucher d’objets communs et de laver quotidiennement les surfaces fréquemment touchées (poignées, téléphones mobiles, etc.) »15

    Conseils : si vous êtes une personne plus à risque
    Dans de nombreux quartiers des groupes de soutien et d’auto-support se mettent en place, n’hésitez pas à vous faire connaître pour que d’autres puissent faire vos courses et se rendre pour vous à la pharmacie.
    Notons qu’il est conseillé dans ce cas que vos courses, médicaments etc. soient déposés sur votre pallier. Il n’est pas judicieux dans une perspective de réduction des risques que les aidant.e.s rentrent chez vous.
    Liste des personnes considérées comme particulièrement à risque
    Selon le Haut conseil de la santé publique HCSP16, vous êtes considérées à risque si :
    – vous êtes âgé.e.s de 70 ans et plus ;
    – vous êtes enceintes à partir du 3ème trimestre ;
    – vous présentez une obésité morbide (indice de masse corporelle > 40kg/m2 : par analogie avec la grippe A(H1N1) ;
    – vous souffrez d’une insuffisance rénale chronique dialysée, d’une insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV ;
    – vous êtes atteint.e.s de cirrhose au stade B au moins ;
    – vous avez des antécédents (ATCD) cardiovasculaires : hypertension artérielle, ATCD d’accident vasculaire cérébral ou de coronaropathie, chirurgie cardiaque ;
    – vous êtes diabétique insulinodépendant.e ou si vous présentez des complications secondaires à une pathologie (micro ou macro angiopathie) ;
    – vous souffrez d’insuffisances respiratoires chroniques, si vous êtes sous oxygénothérapie, asthmatique, si vous souffrez de mucoviscidose ou de toute autre pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale ;
    – vous souffrez d’une immunodépression

    Notes de fin
    1https://twitter.com/CollectInterHop?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E123856
    2 https://www.cchst.ca/oshanswers/diseases/washing_hands.html
    3 Cheng-weiLu, Xiu-fenLiu, Zhi-fangJia "2019-nCoV transmission through the ocular surface must not be ignored" The Lancet, Volume 395, Issue 10224, 22–28 February 2020, Page 39
    4 https://www.medisite.fr/pneumonie-bronchite-coronavirus-peut-on-etre-contamine-par-les-aliments.555
    5 http://www.ordre.pharmacien.fr/content/download/495594/2238442/version/1/file/Conseils-pharmaciens_stade3-VDEF.pdf
    6 Voir à ce sujet ici : une étude allemande qui fait référence : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195670120300463,
    Le résumé en français :https://sciencepost.fr/combien-de-temps-le-coronavirus-covid-19-peut-il-survivre-sur-differente
    Un article de vulgarisation ici : https://fr.wikihow.com/pr%C3%A9venir-le-coronavirus
    7 Des conseils nettoyages ici : https://www.topsante.com/medecine/maladies-infectieuses/zoonoses/coronavirus-comment-laver-et-produits-nettoyants-635710
    8 https://www.medisite.fr/pneumonie-bronchite-coronavirus-peut-on-etre-contamine-par-les-aliments.555
    9 https://lemedecin.fr/teleconsultation/coronavirus.php
    10 Source : https://www.lefigaro.fr/sciences/coronavirus-la-liste-des-medicaments-contenant-des-anti-inflammatoires-non-
    11 Sources : Cf Ministre de la santé sur la prise d’anti-inflammatoires : https://twitter.com/olivierveran/status/1238776545398923264
    Cf Odile Le Nais, infectiologue Cochin (4min10s), https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-samedi-14-mars-2020


    Cf https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/16/coronavirus-mise-en-garde-contre-l-ibuprofene_6033233_3244.html
    Informations relues par des médecins et praticiens hospitaliers sur le fil telegram Infos médicales et scientifiques - Covid19 ENTRAIDE/INFOS https://t.me/joinchat/C9clbVWaiJ6A8Qy45lvLZA
    Un article du Lancet du 11 mars évoquait le fait que l’ibuprofène augmentait le nombre de récepteurs ACE2 sur lesquels se fixe le coronavirus. Sans en dire plus sur la dose prise par les patients concernés.
    12 Ou ici : https://www.youtube.com/watch?time_continue=1090&v=1748ttJEP-I&feature=emb_logo

    13 A ce sujet notons que la barbe compromettrait l’étanchéité des masques. Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=TEjk4SfMkF8
    - Société de Réanimation de Langue française, "Comprendre et appliquer les mesures d’isolement" , 12 mars).
    14 La ventilation de la pièce aidera à évacuer l’air, ce qui peut minimiser les risques de contamination de ceux/celles susceptibles d’y entrer https://fr.wikihow.com/pr%C3%A9venir-le-coronavirus
    15 Ministère des solidarités et de la santé : https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/coronavirus-PS
    16 https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus#xtor=SEC-3-GOO-[{adgroup}]-[425080454107]-search-[corona%20virus]

  • Les mensonges de Didier Raoult pour promouvoir la chloroquine et faire oublier le reste
    https://www.les-crises.fr/les-mensonges-de-didier-raoult-pour-promouvoir-la-chloroquine-et-faire-ou

    [28 mars] Suite à cette vidéo, la journaliste scientifique Cécile Thiebert, du Figaro, a alors appelé Raoult pour vérifier les données chinoises (qu’elle ne trouvait évidemment pas) à l’appui des propos de Raoult. Elle vient tout juste de raconter sa conversation sur une chaîne Youtube (merci à elle, c’est si rare cette transparence) :

    https://www.dailymotion.com/video/kGHxfoEGL41oFRvWyR4

    Mathieu Rouault : Lorsque cette molécule [la chloroquine], cette solution est apparue sur la table, comment vous en avez discuté au Figaro ?

    Cécile Thibert : Alors, je me souviens bien, c’était fin février, donc ça correspond à la sortie de la vidéo sur YouTube du professeur Didier Raoult, qui a sorti une vidéo qui s’appelait « Fin de partie contre le covid », etc. Où il annonçait une excellente nouvelle, une équipe chinoise a découvert que la chloroquine était très efficace sur une centaine de patients, etc. Et donc il finissait la vidéo en disant : « eh bien, d’ici quelques semaines il n’y aura plus de chloroquine dans les pharmacies. » Voilà, donc c’était un peu prophétique.

    Je connais un petit peu le professeur Raoult, je suis un peu ce qu’il fait, il est assez médiatique parce qu’il a une chronique au Point, je crois. Donc, je décide de l’appeler, et je lui demande : « Bon bah voilà, c’est super, vous faites cette annonce, est-ce que vous pouvez m’envoyer les données brutes, en fait ? », parce que j’ai trouvé effectivement une feuille de cette équipe chinoise, une petite note où il n’y a aucune donnée brute, donc je me dis, je ne vais quand même pas écrire un papier qui dit que la chloroquine ça marche alors que je n’ai accès à aucune donnée.

    Donc je lui demande les données, et il me répond, « non je ne les ai pas, j’ai comme vous l’étude machin truc« . Donc je lui dis : « mais attendez, vous faites une annonce sur la base de cette chose-là sans avoir la méthodo ni rien ? » Il me dit : « oui, mais il faut faire confiance aux Chinois, c’est les meilleurs virologues, etc. »

    Je vous passe la suite de l’échange, ça s’est très mal passé, on s’est complètement engueulé en fait parce que je ne comprenais pas en fait comment il pouvait avancer telle chose sans aucune piste, donc on a fait un papier. En parallèle, j’avais lancé des contacts pour savoir un peu plus qui était ce chercheur, etc. Donc on travaille dessus depuis un mois et puis on a une position modérée, je crois que pour le moment il n’y a pas de consensus scientifique, il n’y a pas de données très probantes donc on reste très très modéré vis-à-vis de cette molécule qui, en plus, a déjà fait pleins de faux espoirs sur d’autres virus et notamment des coronavirus. »

    Extrait de cette longue vidéo :
    https://www.youtube.com/watch?v=h3z_UA-6ncg

    • Il y a un certain nombre de choses assez ahurissantes rappelées dans ce billet.

      Il est donc à noter que, suivant cette source, la Chine refuserait désormais d’administrer la Chloroquine aux plus de 65 ans – alors qu’ils représentent par exemple 90 % des décès en Italie…
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/24/coronavirus-la-chloroquine-testee-avec-prudence-en-chine_6034215_3244.html

      Et en effet, le 3 mars, la Chine a sorti une 7e version de ses recommandations (les 5 mêmes médicaments sont toujours là – source : eng / cn) :
      https://www.chinalawtranslate.com/wp-content/uploads/2020/03/Who-translation.pdf

      Et en effet, les plus de 65 ans ne se voient plus proposer de chloroquine – c’est trop dangereux, comme le rappelle le médecin-réanimateur Damien Barraud :

      « J’entends bien l’argumentaire de Didier Raoult et de ceux qui le suivent, qui consiste à dire que la chloroquine est un médicament qu’on prescrit depuis des dizaines d’années et que l’on connaît bien. Sauf que son indication principale, la raison pour laquelle il a fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché, c’était la prophylaxie contre le paludisme. Les gens qui l’ont pris partaient à l’étranger, ils étaient plutôt en bonne santé. Les gens que j’ai sous les yeux ne sont pas en bonne santé. Ce sont des personnes âgées, polypathologiques, polymédicamentées. Certes, si une personne jeune et en bonne santé venait à prendre un petit peu de chloroquine, il ne se passerait probablement pas grand-chose. Mais quand on est âgé, qu’on a des problèmes cardiaques pour lesquels on prend un traitement, prendre de la chloroquine peut être hasardeux. » [source, 30/03/2020]

    • Ce qui est le plus stupéfiant dans cette affaire, c’est que beaucoup de personnes pensent qu’il y aurait une volonté de ne pas utiliser la chloroquine (pardon « le protocole du Dr Raoult »™) dans une sorte de complot des élites.

      Or, bien évidemment, notre corps médical cherche des solutions face à cette épidémie. Donc les molécules utilisées par la Chine ont aussi été utilisées en France.

      Voici d’ailleurs un extrait du document des recommandations d’experts suivies par les centres de référence Covid-19 de la région parisienne, qui émane des sociétés médicales :

      https://sfar.org/download/recommandations-dexperts-portant-sur-la-prise-en-charge-en-reanimation-des-patients-en-periode-depidemie-a-sars-cov2/?wpdmdl=25387&refresh=5e83096543da41585645925

      Ainsi, après vérification, nous vous confirmons que l’hydroxy-chloroquine est administrée dans la plupart des hôpitaux « Centres de Référence Covid » depuis le DÉBUT de l’épidémie en France aux patients hospitalisés sous oxygène – sauf contre indication (il y en a de nombreuses, notamment l’insuffisance rénale).

    • @arno
      La chloroquine a davantage d’effets secondaires problématiques que l’hydroxychloroquine (qui en a tout de même, notamment cardiaques). Et parfois on emploie le nom de l’une des molécules pour l’autre, ce qui ne clarifie pas les textes ...

    • Elle l’est désormais, donc je ne vois pas bien pourquoi tu serais troublée. Les deux grandes études européennes (Discovery et Solidarity) sont définies comme étant souples sur les produits et méthodologies testés (justement à cause de l’urgence et de la nouveauté de la crise), il me semble bien qu’il est explicitement indiqué qu’un produit peut être ajouté ou supprimé en fonction des évolutions du moment.

    • Il est troublant que l’hydroxychloroquine n’ait pas été d’emblée mise en test avec les autres molécules testées par Discovery.

      Il a fallu la pression de l’opinion publique sur le gouvernement français, et la pression de l’OMS, pour qu’elle le soit.

      Les conflits de personnes (notamment Direction de l’Inserm - Raoult) et les enjeux financiers pour les labos, me paraissent avoir trop de poids dans des décisions qui ne devraient relever que du souci de la santé publique.

    • @mad_meg
      Oui
      Mais le cas du Mediator est particulièrement grave : il n’aurait jamais du être employé pour un usage futile alors qu’il avait des effets secondaires graves connus.

      Face au Coronavirus, on cherche des molécules pour sauver la vie de gens qui, lorsqu’ils ont une santé faible, ou bien sont âgés, ont un risque important de mourir. Donc il est justifié de faire des essais un peu empiriques dans l’urgence, et d’essayer en premier des molécules déjà utilisées pour d’autres indications (d’autres maladies) parce qu’on en connait déjà les effets secondaires (donc on contrôle ces effets secondaires, ou bien on exclut les personnes trop exposées par leurs problèmes de santé à ces effets secondaires).

    • La grossophobie et l’obésité ne sont pas des problèmes futiles.
      Ce que je veux dire c’est que le fait de détourné un médicament de son utilisation est dangereux et nécessite des testes sérieux. Et encore plus dans l’urgence car c’est pas le moment d’aggravé les choses.

    • Dans la longue vidéo de Grand Labo, dont les Crises a tiré un extrait, Cécile Thibert fait une autre remarque étonnante : à la 21e minute, elle explique qu’elle n’a jamais de difficulté à faire témoigner des scientifiques, mais que dans le cas de la chloroquine, certains scientifiques refusaient de lui parler, même anonymement, parce « Didier Raoult semblait faire peur à certains chercheurs ».

      M’enfin c’est tout de même invraisemblable.

    • Donc il est justifié de faire des essais un peu empiriques dans l’urgence, et d’essayer en premier des molécules déjà utilisées pour d’autres indications (d’autres maladies) parce qu’on en connait déjà les effets secondaires (donc on contrôle ces effets secondaires, ou bien on exclut les personnes trop exposées par leurs problèmes de santé à ces effets secondaires).

      Oui mais si tu lis autre chose que les vidéos de propagande du docteur Pilule, tu te rendrais compte que c’est exactement ce qu’il se passe. C’est notamment une bonne partie ce que rappelle le texte de Les Crises ci-dessus.

      Par exemple, il y a ce passage que j’ai extrait ici-même :
      https://seenthis.net/messages/837122#message837125

    • Je regarde la video et je trouve que le viel homme blanc boomeur qui parle à 27 mins est à la masse, il ferait mieux de laisser sa place - il dit : « Il faut expliquer plusieurs fois que contrairement à la grippe de Hong-kong pour la première fois on a décidé de pas payé l’impôt à la nature »
      Je sais pas qui est « on » mais c’est pas Macron, pas Buysin, pas trump, pas le gouv britannique... J’ai plutot l’impression que pour la première fois les moyens d’information et de communication permettent d’évité une décimation de la population car tout le monde voit en direct les conséquences des choix politiques. Du temps de la grippe de hong-kong c’etait facil de faire la surprise aux gens alors qu’en 2020 on attendre pas la voix de l’ORTF pour se bouger le séant. D’ailleur c’est pas le miniver qui m’a dit de me confiné mais un ami de seenthis qui m’a telephoné pour m’informé et me conseillé l’autoconfinement.

    • Pour info la partie de la video sur la chlorotruc c’est à partir de 43 mins

      Au passage le jeune journaliste mâle de libé attribut au vieux journaliste mâle l’idée qu’il qualifie de brillante, sauf que c’est la jeune journaliste femelle qui viens de la prononcé. C’est la magie de la fraternité. Autre tic de mâle insupportable, le vieux commence son intervention juste après la prise de parole de la journaliste par « le vrai sujet c’est blabla bla... » comme si elle parlait du faux sujet avant qu’il ne vienne donner sa petite graine de #grand_homme

    • C’est une toubib qui m’a signalé que ce médicament pouvait être efficace contre le Covid-19. La chloroquine a fait l’objet de pas mal de prescriptions, parmi les médecins eux-mêmes et pour leur patients, avant même le raout Raoult, phénomène qui a pris l’ampleur que l’on sait ensuite.

    • Il y a des toubib qui prescrivent de l’homéopathie ca en fait pas un médicament pour autant. Et il semble que le chlorotruc soient connu comme ayant une efficacité possible contre les corona-virus d’ou la note des chinois. Dans la video il en est un peu question vite fait.
      Il me semble que tout le problème est dans le pouvait dont se dispense Raoult et pas cette toubib que tu mentionne.

    • Elle l’est désormais, donc je ne vois pas bien pourquoi tu serais troublée.

      Raoult va quand même dénigrer vu qu’il explique que ce qui fonctionne c’est l’association avec l’azithromycine, et que la chloroquine seule ne suffit pas…

      (En l’occurence il le fait déjà)

    • Raoult, même en faisant des études par dessus la jambe, à la limite de la fraude scientifique, n’a pas réussi à prouver la moindre efficacité de son protocole miracle. Attendons de voir les vraies études mais les données parcellaires qu’on voit ici et là ne semblent vraiment pas jouer en la faveur de ce traitement.

    • La directrice du centre hospitalier mosellan a lancé un cri d’alarme, lundi soir, après un week-end noir dans son établissement, submergé par l’afflux de malades du Covid-19.

      « J’ai besoin d’aide. Nous sommes au bout de ce que nous pouvons faire. Si Paris ne prend pas conscience de ce que nous vivons ici, ce sera un nouveau Mulhouse. Il nous faut impérativement du matériel et des moyens supplémentaires tout de suite. Ou de nouvelles évacuations de patients. » Le cri d’alarme est lancé, lundi 30 mars au soir, après un week-end noir, par Marie-Odile Saillard, la directrice générale du centre hospitalier régional (CHR) de Metz-Thionville, un établissement de 2 000 lits situé au cœur d’une région Grand-Est qui subit depuis plusieurs jours le « tsunami » du Covid-19. L’épidémie a fait, au 30 mars, 919 morts dans la région, majoritairement en Alsace. Vendredi, la directrice pensait encore pouvoir entretenir la petite avance que son établissement avait réussi à prendre sur le virus au terme d’un effort de transformation sans précédent. Lundi, le centre hospitalier annonce le décès d’un de ses praticiens, le sixième médecin à mourir du Covid-19 en France. Quarante soignants de l’hôpital sont aujourd’hui infectés, dont trois médecins dans un état grave.

      Tout commence pendant les vacances scolaires de février. « Avant, comme tout le monde, on suivait ce qui se passait en Chine avec une certaine distance, en appliquant avec sérieux les recommandations des autorités, mais sans trop d’inquiétude, raconte Marie-Odile Saillard. Mais en quelques jours, tout bascule. On reçoit des informations très inquiétantes sur la situation en Italie et sur les difficultés des hôpitaux transalpins à faire face. » La Moselle compte une importante communauté d’origine italienne, des enfants ou petits-enfants d’immigrés venus faire tourner les mines et la sidérurgie française au XXe siècle. Beaucoup ont passé les vacances en Lombardie. A leur retour, ils inondent le 15 d’appels pour se signaler.

      Le 25 février, Marie-Odile Saillard organise la première cellule de crise au sein de l’hôpital. Le plan blanc est activé, on ressort les protocoles, les simulations, on réquisitionne les internes pour faire de la régulation téléphonique. Et surtout, on essaye déjà d’anticiper les difficultés : « Lorsqu’il y a une crise sanitaire majeure, on sait que l’hôpital a deux points de fragilité sur lesquels on peut subir des saturations : les urgences et les plateaux techniques. »

      « Il fallait accélérer »

      Le principal défi est d’ouvrir des lits de réanimation supplémentaires. L’urgence s’impose, car début mars, un second front s’ouvre à proximité de la Moselle : « Je me souviens encore du coup de fil de Christophe Lannelongue, le directeur de l’agence régionale de santé du Grand-Est, se remémore Marie-Odile Saillard. Il m’a parlé d’un deuxième foyer épidémique probable à Mulhouse. J’ai raccroché et immédiatement appelé le docteur François Braun, le chef des urgences. Il fallait accélérer. »

      Ouvrir un lit de réanimation réservé aux patients atteints de Covid-19 nécessite des locaux adaptés (avec de l’oxygène, de l’air, du vide et des sas d’entrée et sortie), du personnel formé et du matériel. Des locaux, l’hôpital en a, à Thionville, mais aussi à Metz, sur le site de l’hôpital de Mercy, qui a moins de dix ans. Du personnel ? « La réanimation nécessite des gestes et des connaissances particulières, explique le docteur Khalifé Khalifé, cardiologue et président de la commission médicale d’établissement du CHR. Nous avons mobilisé des médecins, des infirmiers, des aides-soignants qui ont été formés en interne par des réanimateurs. » Restait la question du matériel : les monitorings, les passe-seringues, mais surtout les respirateurs. « On a fait un état du stock, raconte la directrice. Et dès le début de la crise, j’ai passé commande de trente appareils supplémentaires. A ce jour, je n’en ai reçu que dix. »

      L’aide des vétérinaires

      Les premiers patients arrivent en réanimation. Vite, trop vite. Alors que l’hôpital compte habituellement une trentaine de lits de réanimation sur ses deux sites, il monte à 40, puis 50, 60, 70. Des salles de réveil, un service de néphrologie, un service de chirurgie cardiaque, des lits pour grands brûlés ont ainsi été convertis. « Nous avons récupéré des respirateurs partout, dans les ambulances, dans les blocs, dit Mme Saillard. Les cliniques privées dans l’incapacité de monter des services de réanimation nous ont prêté les leurs. J’en ai reçu d’hôpitaux d’autres régions moins touchées. » Même les vétérinaires du département ont mis à disposition les respirateurs pour animaux. Sept machines de ce type permettent aujourd’hui à des patients atteints du Covid-19 de respirer encore. « Nous avons complètement transformé notre hôpital, dit Mme Saillard. Il ne ressemble en rien à ce qu’il était il y a deux semaines. C’est un effort qui a mobilisé tous les services. »

      Longtemps, cet effort a suffi. Chaque soir, la directrice fait le point avec Le Républicain lorrain. Alors que les hôpitaux alsaciens saturent déjà, celui de Metz compte 15 lits d’avance, 10 lits d’avance, puis de nouveau 20 lits d’avance. L’hôpital arrive à suivre le rythme du virus en ouvrant plus de lits qu’il n’y a d’admissions en réanimation. « La difficulté, c’est qu’un patient qui est intubé va rester en moyenne trois semaines en réa, souffle le docteur Khalifé. Donc on n’arrive pas à libérer les lits assez rapidement. » Une majorité des patients guérit, comme ce jeune homme de 17 ans que les soignants de l’hôpital de Thionville viennent de sauver. Une partie est transférée vers d’autres hôpitaux, comme ce fut le cas samedi matin grâce à un hélicoptère militaire qui a pris la direction de l’Allemagne, ou dimanche, à bord du TGV sanitaire vers Bordeaux. Quelques-uns meurent. Le CHR de Metz-Thionville a enregistré 58 décès depuis le début de l’épidémie.

      Et puis il y a eu ce week-end noir. Celui au cours duquel l’hôpital a ouvert le centième lit de réanimation. Lundi soir, 93 lits étaient occupés et la directrice s’attendait à ce que tout soit plein quelques heures plus tard. D’où son appel au secours. « Je ne peux pas ouvrir plus de #lits. Je n’ai ni les #respirateurs ni le #personnel pour cela. Soit on m’envoie du #matériel et des médecins, soit on procède à une #évacuation massive de patients des hôpitaux mosellans. » Selon elle, pour absorber la vague qui ne faiblit pas, il faudrait évacuer du département en moyenne 12 patients par jour. Soit un #TGV_sanitaire tous les trois jours. Sinon, quoi ? « Sinon, c’est l’#inconnu. »

      #Metz #hôpital #hôpitaux #coronavirus

    • Ça veut dire que c’était une bonne idée de partager l’article. (Le « +1 » est juste une sale manie qu’on chope assez facilement sur d’autres réseaux et je crois me souvenir que cela était fort peu goûté sur le Rézo des réseaux).

      D’où le « si je puis me permettre ».

  • Médicaments : neuf grands hôpitaux européens lancent un appel à l’aide
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/31/medicaments-neuf-grands-hopitaux-europeens-lancent-un-appel-a-l-aide_6035030

    Médicaments : neuf grands hôpitaux européens lancent un appel à l’aide
    « Nous serons bientôt à court de médicaments essentiels » contre le coronavirus, préviennent les plus grands établissements hospitaliers d’Europe dans une lettre à leurs gouvernements.

    L’alerte vient des neuf plus grands hôpitaux d’Europe. Dans une lettre adressée à leurs gouvernements respectifs, les médecins appellent à des mesures d’urgence pour faire face à la #pénurie de #médicaments. « Les hôpitaux seront bientôt à court de médicaments essentiels pour traiter les patients atteints du Covid-19 hospitalisés en unités de réanimation. Faute d’une collaboration européenne pour garantir un approvisionnement continu en médicaments, ils risquent de ne plus pouvoir fournir des soins intensifs adéquats d’ici une à deux semaines », expliquent les signataires, des médecins et des directeurs d’établissements membres de l’Alliance européenne des hôpitaux universitaires.

    Tous sont en première ligne face à l’épidémie de Covid-19, qui a déjà fait plus de 23 000 morts en Europe. Parmi eux : l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), San Raffaele à Milan, Vall d’Hebron à Barcelone, le King’s Health Partners à Londres ou encore la Charité à Berlin. En France, la lettre devait être adressée dans la matinée de mardi 31 mars, au président de la République, au premier ministre ainsi qu’au ministre de la santé.

    « A ce rythme de consommation, les stocks des hôpitaux les plus touchés seront vides dans quelques jours et dans deux semaines pour ceux qui disposent de stocks plus importants. […] Cela a déjà conduit certains hôpitaux à acheter des médicaments ou des dosages différents de ceux auxquels ils sont habitués. Il est extrêmement inquiétant de voir des infirmiers et des étudiants en médecine surchargés de travail et souvent moins expérimentés (…) utiliser des produits et des dosages dont ils ne sont pas familiers. »

    Pour prendre en charge les cas les plus sévères, les réanimateurs doivent plonger les patients dans un coma artificiel, et les intuber. Ils ont pour cela recours à de puissants médicaments, comme les curares, qui paralysent les muscles respiratoires ; le propofol, qui endort profondément ; le midazolam ; ou encore la morphine. Ils administrent aussi très souvent des antibiotiques, afin de limiter le risque d’infection. Problème, dans les régions les plus touchées par l’épidémie, la consommation de ces molécules a augmenté « jusqu’à 2 000 % » , a expliqué le premier ministre, Edouard Philippe, dans son intervention, samedi 28 mars. Au point que les stocks français sont désormais dangereusement bas.

    « La pêche à l’ampoule »

    Dans de nombreux hôpitaux, les médecins travaillent l’œil rivé sur le compteur. « C’est la pêche à l’ampoule », lâche Jean-Louis Dubost, chef du service de réanimation de l’hôpital de Pontoise. Dans cet établissement du nord de l’Ile-de-France, 44 patients atteints de Covid-19 sont hospitalisés, soit plus du double de la capacité habituelle du service. La quasi-totalité du stock de curare y est passée. « Ces patients ne s’endorment pas bien, ce qui nous oblige à leur administrer des doses bien plus élevées qu’à l’accoutumée », témoigne le médecin. « Et comme ils sont aussi difficiles à réveiller, les quantités de médicaments requises sont très importantes », ajoute-t-il. Son expérience montre qu’il faut attendre au moins huit jours avant de désintuber les patients.

    « Depuis jeudi, nous sommes submergés de demandes : une cinquantaine d’hôpitaux à la recherche d’ampoules de #curare nous ont contactés », Luc Lamirault, patron d’un laboratoire pharmaceutique
    Voyant leurs stocks s’effondrer, les pharmaciens hospitaliers se sont empressés de multiplier les commandes auprès des industriels spécialisés dans les médicaments de réanimation. « Depuis jeudi, nous sommes submergés de demandes : une cinquantaine d’hôpitaux à la recherche d’ampoules de curare nous ont contactés », témoigne Luc Lamirault, le fondateur de Medipha Santé, un laboratoire pharmaceutique situé dans l’Essonne. « Il nous en reste encore, mais plus tous les dosages », précise le chef d’entreprise.

    Contacté par des établissements inquiets de ne pas pouvoir tenir jusqu’au lundi, il a rouvert ses entrepôts au cours du week-end afin de les livrer en urgence. « Pour les prochaines semaines, nous avons peu de visibilité », déclare Luc Lamirault. Comme tous les fabricants, il transmet tous les deux jours l’état de ses stocks à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Il échange aussi quotidiennement avec la cellule de crise chargée d’évaluer les stocks nationaux et estimer les besoins à venir.

    Dans ce contexte d’urgence, le premier ministre, Edouard Philippe, a jugé samedi « envisageable » la réquisition des moyens de production de médicaments, tout en soulignant qu’elle ne constituait pas une « baguette magique » et était à utiliser « avec prudence ». « Aucun pays européen ne dispose à lui seul des installations de production nécessaires pour fournir tous les médicaments nécessaires », soulignent les signataires de la lettre, qui plaident pour une gestion à l’échelle européenne des stocks et des échanges.

    Faible marge de manœuvre

    Quelle que soit la solution retenue, il faudra des semaines avant que les médicaments soient disponibles . « Nous avons commencé à augmenter la production, mais le délai de fabrication pour des ampoules de curare est d’un mois et demi à deux mois en incluant tous les contrôles qualité », souligne Luc Lamirault, qui fait appel à deux façonniers en Slovaquie et en Lettonie pour ses médicaments.

    « Nos matières premières, qui viennent d’Espagne et d’Italie, sont aussi longues à fabriquer », précise le chef d’entreprise.

    Le défi est d’autant plus grand que l’épidémie de Covid-19 n’épargne pas les usines. « Pour nos employés le message n’était pas clair : faut-il aller travailler ou non ? Résultat, nous avons 15 % d’absentéisme, et les lignes tournent au ralenti », constate un façonnier qui produit pour de grands groupes pharmaceutiques. Selon lui, la marge de manœuvre est faible. « Pour ces médicaments peu chers, personne n’a de stocks et la production est en flux tendu », explique ce responsable, qui souligne aussi l’impact de l’épidémie sur les usines chinoises et indiennes, d’où viennent la moitié des principes actifs pharmaceutiques utilisés pour la fabrication de médicaments en Europe.

    « Je crains qu’il n’y ait pas beaucoup d’anticipation sur ces questions d’approvisionnement. Or c’est vital », s’inquiète Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, qui fait partie des signataires de la lettre. Pour éviter une rupture totale des stocks, de nouvelles recommandations ont été transmises le 27 mars aux médecins. Elles visent à économiser les médicaments de réanimation, en diminuant les doses et la durée d’utilisation. Sous réserve que les patients puissent être « réveillés » sans danger.

  • #Coronavirus : « Il est dangereux de faire endosser aux #soignants le costume du #héros »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/26/coronavirus-il-est-dangereux-de-faire-endosser-aux-soignants-le-costume-du-h

    Bernard Granger : Les applaudissements sont appréciés comme une juste reconnaissance des efforts fournis actuellement par le personnel hospitalier. Mais si ces élans ne débouchent pas sur la décision, mais sur la seule promesse, de redonner des moyens à l’#hôpital une fois l’épidémie passée, ce sentiment de réconfort pourrait se muer en colère. En effet, le travail exceptionnel fourni aujourd’hui par les personnels ne doit pas faire oublier celui accompli le reste de l’année, dans une #pénurie et un dénuement ignorés depuis trop longtemps.

    Marie-José Del Volgo : Il est dangereux de faire endosser aux soignants le costume du héros. Etre un héros, cela signifie se sacrifier, souffrir en silence. Le héros ne demande ni aide ni moyens. Le héros est un surhomme. Cette approche fait peser sur les épaules des soignants une immense responsabilité, tout en leur interdisant de reconnaître leur propre #vulnérabilité. Or, comme tout être humain aux prises avec des circonstances aussi difficiles, les soignants auront besoin de faire appel à une écoute extérieure pour sortir de cette catastrophe et du confinement auquel ils sont, ne l’oublions pas, aussi contraints. Pour eux, c’est au moins la double #peine.

  • Coronavirus : la réserve sanitaire, des renforts attendus mais encore sous-employés
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/27/coronavirus-la-reserve-sanitaire-des-renforts-attendus-mais-encore-sous-empl

    Le vivier de ces réservistes est aujourd’hui de 40 000 soignants. Mais seuls 130 infirmiers, aides-soignants et médecins sont actuellement en mission.

    Perpignan. C’est la destination à traiter en urgence : trouver et y envoyer des personnels soignants, les acheminer, finaliser leur hébergement… La priorité du jour, ce mercredi 25 mars, et un casse-tête pour Catherine Lemorton, la responsable de la réserve sanitaire depuis le 1er mars, qui intervient sous l’autorité du ministère de la santé, « en renfort, en France ou à l’étranger, en cas de situation sanitaire exceptionnelle (catastrophe naturelle, attentat, épidémie, etc.) ».

    La « situation sanitaire exceptionnelle » est bien là et, depuis le début de l’épidémie en France, fin janvier, cette réserve de professionnels de santé, dont la majorité sont en activité – infirmiers, aides-soignants, médecins, agents hospitaliers, secrétaires médicaux, épidémiologistes, psychologues… –, est mise à contribution. « On travaille jusqu’à cent vingt heures par semaine, c’est de la folie. Je ne sais pas jusqu’à quand on pourra tenir », confie Catherine Lemorton, pharmacienne de profession, qui fut, jusqu’en 2017, députée (PS) de Haute-Garonne.

    Dans leurs uniformes bleu et blanc, soulignés de discrets liserés rouges, avec leur sac à dos siglé du drapeau national accompagné du logo « Réserve sanitaire » sur fond violet, ils ont l’habitude des théâtres d’opérations d’urgence, comme en Afrique de l’Ouest lors de la fièvre épidémique Ebola ou après le passage de l’ouragan Irma sur l’île de Saint-Martin. Aujourd’hui, ces hommes et ces femmes sont là pour épauler les soignants de métropole.
    Pour gérer les quelque 40 000 inscrits, huit permanents seulement. Les infirmiers et aides-soignants représentent 62 % de l’effectif, contre près de 30 % de professionnels médicaux, pharmaceutiques et scientifiques, le reste étant composé de professionnels administratifs et techniques. Avant le début de la crise, le vivier était de 21 000 personnes, soit un doublement des effectifs en deux mois. A tel point que le site de la réserve a buggé face à l’affluence de connections. Mais seuls 3 800 de ces inscrits sont effectivement des réservistes sanitaires, avec un dossier complet et un contrat d’engagement signé pour trois ans.

    Explosion de la demande
    « Avant de signer un contrat avec chacun d’entre eux, il faut vérifier leur parcours professionnel, envoyer de nombreux documents à remplir. On ne peut pas prendre le risque de missionner des gens dont on ne sait rien. Des petits malins se font passer pour des professionnels, on a aussi des médecins qui ne sont plus autorisés à exercer », explique Catherine Lemorton, tout en se félicitant de ce formidable « élan de solidarité ».
    Le résultat final est assez déconcertant. Car, si les inscrits sont nombreux et la demande en personnels explose, la réserve ne comptait que 130 actifs sur le terrain mercredi 25 mars. Depuis le déclenchement de l’épidémie de Covid-19, 630 réservistes ont été déployés dans les régions françaises, dont la plus touchée après l’Ile-de-France, le Grand-Est.
    « Mais, quand la demande de cette ARS [agence régionale de santé] est de 200 aides-soignants, 270 infirmières et 30 médecins anesthésistes-réanimateurs, nous n’avons pu envoyer que 34 personnes. Entre le vivier réel et l’opérationnel, il y a un fossé difficile à expliquer. Entre le moment où les personnes s’inscrivent et celui où on fait appel à elles, il arrive que certains ne soient plus libres », avance Mme Lemorton.
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    Ces professionnels, même en nombre limité, n’en sont pas moins des renforts appréciés. « La réserve a été d’un grand secours au centre hospitalier universitaire [CHU] de Besançon, l’un des deux établissements régionaux en première ligne, qui est entré dans le vif du sujet de manière brutale. La réserve lui a permis d’encaisser, de ne pas être déstabilisé. Elle a été une force décisive et a constitué une bouffée d’oxygène psychologique », témoigne Pierre Pribile, directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté.

    Une députée en mission
    C’est dans cet établissement que la députée (LRM) des Alpes-de-Haute-Provence Emmanuelle Fontaine-Domeizel a effectué sa première mission pour la réserve à laquelle elle est inscrite depuis 2014. « Je travaillais au service des maladies infectieuses et tropicales, au cœur du réacteur de l’épidémie de Covid-19. Quand on arrive, on doit s’adapter à des services, à leur organisation. On soulage, on soutient. Les soignants ont besoin de parler, ils ont vu des décès, ont été choqués. Quand je leur ai dit que je ne serais pas là la semaine prochaine, ils m’ont demandé : “comment va-t-on faire ?” », témoigne cette infirmière de 46 ans.

    Mme Fontaine-Domeizel raconte aussi l’hôtel quasi désert dans lequel elle logeait avec les autres réservistes, 30 la semaine précédant son arrivée et une douzaine avec elle du 16 au 22 mars – les missions étant de deux semaines maximum –, les sardines et les repas froids vite avalés. « Je serai disponible pour une autre mission tant qu’il y aura besoin. J’ai écrit à Richard Ferrand [le président LRM de l’Assemblée nationale] en disant que j’étais volontaire pendant la crise sanitaire. L’Assemblée tourne à faible régime. Plutôt que confinée, je suis largement plus utile en tant qu’infirmière », explique-t-elle. Depuis la fin de sa mission, retournée à Manosque, la députée s’étonne du manque de sollicitation de la part de l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté. En fait, si le circuit d’appel est simple, la réponse peut parfois être un peu longue à arriver.
    « On a parfois des demandes précises, comme cet exemple de deux sages-femmes que l’on a eu du mal à trouver. Il y a aussi parfois, sur le terrain, des problèmes de calage, mais, en général, cela se passe bien », assure Catherine Lemorton.

    Vivier de jeunes retraités
    Les ARS font remonter leurs besoins au ministère, à l’agence Santé publique France (SPF) plus précisément, qui centralise et contacte alors la réserve sanitaire. « Les réservistes peuvent aussi intervenir au profit direct d’un établissement de santé », précise-t-on au ministère. Ce qui fait dire à Catherine Lemorton, qui fut elle-même réserviste à Mayotte en 2018, que les circuits se révèlent plus rapides quand les hôpitaux font appel directement à leur vivier de jeunes retraités.
    « La réserve est arrivée tôt, dès le déclenchement du plan blanc. On n’en avait alors pas vraiment besoin. Les réservistes se demandent parfois s’ils sont de trop. Ils se sentent un peu dépassés par les événements et ont parfois du mal à trouver leur place », témoigne Marc Paulin, infirmier en réanimation au CHU de Besançon.

    Et il arrive que leur présence inquiète. « Si on parle d’anciens de 65-70 ans, plus fragiles et qui doivent se remettre à jour sur le plan technologique, c’est une faute grave et une erreur stratégique du ministère de les envoyer en première ligne. Il faut mettre ces réservistes en dernier rideau » , juge ainsi Laurent Thines, neurochirurgien dans le même établissement. Même si, en réalité, la réserve sanitaire, qui a succédé à l’Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus, de 2007 à 2016), est composée à 66 % d’actifs (10 % sont des retraités depuis moins de cinq ans).

    Une souplesse précieuse
    Leur intégration se fait en général plutôt facilement. Jean-Pierre Pigault, 72 ans, médecin généraliste, a exercé pendant une quarantaine d’années en Seine-Maritime puis à Saint-Emilion (Gironde). Inscrit à la réserve depuis trois ans, il a été envoyé à l’hôpital de Vannes le 16 février. « En ce moment, on a besoin de nous, alors on est plutôt bien accueillis. A Vannes, on était une bande de “vieux”, c’était très sympa. Mais, parfois, cela peut être plus compliqué. » Et de se rappeler une mission à l’hôpital de Troyes, dans un service de pédiatrie. « Il y avait des problèmes humains, les internes ne voulaient plus y travailler et quand on est arrivés, on est passés pour des “briseurs de grève”. »
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    A Vannes, le médecin a côtoyé François Dain, 67 ans, médecin généraliste retraité, qui a exercé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), puis à Nouméa. Inscrit à la réserve depuis 2016, ce dernier a effectué diverses missions, à Mayotte ou encore sur l’île de Saint-Martin. « Sur le Covid-19, j’ai d’abord fait l’aéroport Charles-de-Gaulle pour accueillir les voyageurs revenant de Chine. Puis j’ai été envoyé à Vannes, du 9 au 23 mars, pour faire de l’accueil et du dépistage », dit-il.
    Lui aussi témoigne de l’excellent accueil : « Notre présence permet de libérer des personnes qui peuvent prendre un peu de repos ou aller renforcer d’autres services. » Une souplesse précieuse pour une crise sanitaire qui s’annonce longue.

    Sûr que sans masques ni matos adéquat, c’est pas facile de faire bosser les retraité.e.s...
    Si on sagouinait le taff comme les gouvernement savent si bien le faire, les licenciements pour faute grave et les procès seraient légion.

    #abandon

  • Coronavirus : les ambulanciers soumis à rude épreuve
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/27/coronavirus-les-ambulanciers-soumis-a-rude-epreuve_6034626_3244.html

    Depuis le début de la crise sanitaire, les ambulanciers privés mandatés par le SAMU dénoncent la pénurie de matériel et font face à une baisse drastique de leurs activités.
    Ce sont les premiers maillons de la chaîne des urgences préhospitalières, les premiers à arriver au chevet des malades infectés ou suspectés de l’être. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les ambulanciers du secteur privé sont mandatés par le SAMU pour acheminer des patients vers les centres d’urgences et effectuer des transferts interhospitaliers. Eux ont plutôt l’impression d’être les derniers de cordée.
    Chaque transport à risque nécessite masques FFP2, charlottes, surblouses, surchaussures, paires de gants et lunettes de protection de façon à ne pas être exposé. Mais n’étant pas reconnus comme des professionnels de santé, les ambulanciers ne sont pas prioritaires dans la distribution du matériel commandé par l’Etat et les services publics.

    « On est des laissés-pour-compte. On essaie de rationner et on n’applique absolument pas le protocole : comme on n’a pas de masques FFP2, on utilise des masques chirurgicaux qui ont une utilité limitée. Au ministère, ils m’ont expliqué que les masques chirurgicaux étaient aussi efficaces que les FFP2 et que les 250 millions de masques commandés allaient être distribués dans les prochaines semaines sauf qu’on arrive au pic », constate, résigné, Rachid Soukhmani, président de l’Association pour la défense des transporteurs sanitaires (ADTS), et patron d’une entreprise de neuf salariés. Jeudi 26 mars, l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France lui a fait savoir que des masques chirurgicaux allaient être distribués au compte-gouttes, à hauteur d’une boîte de 50 par semaine et par société.

    « Mendier des masques »
    Le Collectif des ambulanciers parisiens et d’Ile-de-France dénonce également ce principe du « premier arrivé, dernier servi » : « L’ambulance est l’un des premiers vecteurs de germes, on transporte des patients qui sont immunodépressifs », rappelle l’un de ses responsables désireux de garder l’anonymat. Lui-même, dont la société est mandatée par le SAMU de Paris et l’AP-HP, a été contraint de « mendier des masques » à la société qui lui fournit de l’oxygène.
    En Ile-de-France, les transporteurs sanitaires privés sont davantage sollicités par le SAMU qu’en temps normal. « Lundi, on leur a attribué deux cents missions pour le seul Val-de-Marne », précise Charlotte Chollet-Xémard, directrice médicale adjointe du SAMU 94, qui dispose en outre de quatorze véhicules d’associations agréées de sécurité civile (Croix-Blanche, Croix-Rouge…).
    Pour le moment, l’agence régionale de santé n’a procédé à aucune réquisition. « Ça simplifierait les choses, car j’ai pu constater qu’un certain nombre d’ambulanciers ont peur de transporter ces patients-là et refusent des interventions », estime Frédéric Adnet, directeur du SAMU 93, qui reçoit 7 000 appels par jour, quatre fois plus que le nombre habituel.

    Si en raison du plan blanc déclenché dans les hôpitaux et les cliniques, les consultations et les opérations non urgentes ont été reportées, les ambulances privées continuent d’assurer le transport de patients nécessitant des dialyses ou suivant une chimiothérapie, par exemple. Mais ces transports ne compensent généralement pas la perte globale d’activité.
    « On n’a pas plus d’activité urgente qu’en temps normal car il y a beaucoup moins de gens qui vont à l’hôpital du fait du confinement. Par contre, on a chuté de 70 % en activité programmée du fait des fermetures des cliniques, des soins de kinésithérapie et tous ceux non urgents », explique Jean-Jacques Hézard, cogérant du groupe Hézard, adhérent au réseau Jussieu secours. Ses sept sociétés de transports sanitaires, qui desservent le Doubs, le Territoire de Belfort et la Haute-Saône, assurent, en temps normal, entre 400 et 500 missions par jour. « Financièrement, on ne sait pas comment on va passer le cap. On réglera les comptes après la crise. »

    « Désinfection complète »
    Fabrice Jeannerod, gérant d’une société d’ambulances à Pontarlier et président de l’Association pour les transports sanitaires urgents du Doubs, reçoit depuis lundi 23 mars de nombreux appels de confrères désemparés : « C’est catastrophique. On est déjà une profession en grande difficulté économique, il y a des entreprises qui vont s’écrouler, dont peut-être la mienne. » Son activité a déjà baissé de 65 %.
    Certains soulèvent un autre problème auquel ils font face depuis le début de la crise sanitaire provoquée par la pandémie : les protocoles sont beaucoup plus chronophages. Pour respecter les procédures de désinfection, les véhicules sont immobilisés « au minimum trente minutes et une bonne heure en cas de désinfection complète », explique Jean-Jacques Hézard.
    Mardi 24 mars, l’Union fédérale route FGTE-CFDT a publié un communiqué demandant que soient appliqués aux 55 000 salariés que représente la profession « les mêmes protocoles et sources d’approvisionnement que toutes les corporations en contact avec des patients potentiellement infectés », menaçant, en l’absence de mesures immédiates des pouvoirs publics, d’exercer leur droit de retrait.
    Les salariés du secteur se disent inquiets pour leur santé et celle de leur famille. Les chefs d’entreprise s’interrogent, eux, sur leur responsabilité en cas de conséquences d’exposition au coronavirus lors d’interventions dans des zones à risque. Faute de matériel, certaines sociétés ont dû se résoudre à baisser le rideau pour ne pas mettre en péril la vie de leurs employés.
    Malgré toutes les précautions prises, deux salariés de Fabrice Jeannerod ont été contaminés par le coronavirus. En Italie, un ambulancier originaire de la province de Bergame est décédé le 14 mars. « Il ne faudrait pas que cela se produise en France, chaque jour on a cette crainte, confie Rachid Soukhmani. Il y avait déjà des problèmes pour recruter du personnel dans le transport sanitaire, là, ça va devenir extrêmement compliqué… »

  • « Il n’y a plus une seule place de #réanimation dans le 93 »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/26/il-n-y-a-plus-une-seule-place-de-reanimation-dans-le-93_6034502_3244.html

    Romain Dufau, chef du service des urgences de l’hôpital Jean-Verdier de Bondy, décrit la saturation des services hospitaliers en Seine-Saint-Denis.

    Romain Dufau est le chef du service des urgences de l’#hôpital Jean-Verdier à Bondy, l’un des trois établissements de l’AP-HP en Seine-Saint-Denis. Il s’inquiète de l’afflux important de cas graves, dans ce département où le confinement n’est pas strictement appliqué.

    Pourquoi la situation en Seine-Saint-Denis est-elle préoccupante ?

    Le confinement y est plus complexe, et donc le risque de contamination plus élevé. Il n’est pas rare de voir des familles de six dans des appartements de 45 mètres carrés. Très vite, les plus jeunes n’y tiennent plus et se retrouvent dehors.

    Toutes les personnes qui ont un emploi non déclaré sont aussi obligées de se déplacer pour travailler et garder un revenu. La police ferme sans doute les yeux, sinon cela exploserait.

    Une partie de la population ne parle pas très bien français. Les « gestes barrières » ou la « distanciation sociale », ce n’est pas forcément très parlant. Quand je circule dans Paris, je m’aperçois que l’écart d’un mètre est bien respecté dans les files d’attente. Mais, à Bondy, c’est plus difficile de s’y tenir : la population est plus dense et n’a pas d’alternative, les services de livraison ne s’aventurent pas dans les cités.

    Le nombre de cas graves ne cesse d’augmenter en Ile-de-France. Comment anticipez-vous les prochains jours ?

    Une centaine de patients sont déjà hospitalisés sur nos deux sites, Jean-Verdier, à Bondy, et Avicenne, à Bobigny. Aux urgences, nous intubons trois à quatre patients par jour, contre un tous les trois à quatre jours en temps normal. Nous ne pouvons pas continuer à ce rythme, car il n’y a plus une seule place de réanimation disponible pour nos patients dans le 93. Hier, nous avons dû envoyer un patient à Orléans, et d’autres pourraient être envoyés à Rouen.

    Pouvez-vous encore « pousser les murs » ?

    Nous avons prévu d’ouvrir huit lits supplémentaires à Avicenne et quatorze à Jean-Verdier, mais nous n’avons pas l’équipe pour les faire tourner. Nous manquons cruellement d’#infirmières_spécialisées. En réanimation, les patients doivent être surveillés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et il faut au minimum une infirmière pour trois patients. Nous sommes à des années-lumière de pouvoir en recruter autant.

    Les autres hôpitaux d’Ile-de-France sont-ils en mesure de vous prêter main-forte ?

    J’ai de grosses craintes. Ce n’est que le début de la vague, et les autres hôpitaux nous répondent déjà : « Oh là là, je préfère garder de la place pour mes urgences. » Tous les hôpitaux vont devoir s’organiser sans trop compter sur leurs voisins. Les hôpitaux pédiatriques commencent cependant à se mobiliser : à Robert-Debré, vingt lits ont été ouverts mardi pour accueillir des adultes. Nous y avons envoyé deux patients, mais il ne reste déjà plus que deux places.

    Quel est le profil des patients atteints de #Covid-19 hospitalisés ?

    Nous voyons arriver beaucoup de jeunes, entre 25 et 45 ans, ce qui n’est pas étonnant compte tenu de la démographie du département. Ils arrivent une semaine après le début des symptômes, avec une capacité respiratoire qui s’effondre. Leur état peut se dégrader très rapidement : hier, nous avons dû placer deux jeunes hommes de 28 et 32 ans en coma artificiel.

    Quel est le pronostic pour ces patients jeunes ?

    Ils sont intubés et ventilés pendant une à deux semaines mais s’en sortent avec une convalescence qui peut prendre six mois à un an . Les décès interviennent plutôt chez les plus de 65 ans, qui souffrent déjà d’autres pathologies comme le diabète, l’hypertension ou l’obésité.

    Craignez-vous de ne pas pouvoir prendre en charge tous les patients ?

    Nous n’en sommes pas du tout à limiter les soins, mais, dans dix jours, on pourrait en arriver là. C’est notre crainte. Les patients atteints de Covid-19 de plus de 80 ans ne sont presque jamais pris en réanimation, car le taux de mortalité avoisine 100 %. C’est compliqué à gérer pour des soignants, en particulier pour ceux venus en renfort. Il est toujours difficile d’annoncer aux familles qu’on n’ira pas plus loin.

    Comment sont pris en charge les patients pour lesquels la réanimation n’est pas possible ?

    Les morts du Covid-19 sont des morts douloureuses, par asphyxie. Cela n’a rien à voir avec un malade qui s’en va paisiblement. Pour accompagner les malades et améliorer leur confort, nous donnons aux malades des médicaments. Au début, nous imaginions que les personnes âgées pourraient retourner en maison de retraite, mais ce serait de la maltraitance. Ces établissements sont incapables de gérer une fin de vie comme celle-ci.

  • Des stocks de médicaments sous tension dans les services de réanimation
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/26/des-stocks-de-medicaments-sous-tension-dans-les-services-de-reanimation_6034

    L’inquiétude porte principalement sur l’approvisionnement en curares, qui permettent de pratiquer une intubation.

    « Depuis 10 jours, c’est la bataille pour obtenir des boîtes », lâche un pharmacien hospitalier. Avec l’afflux de cas graves de #Covid-19 dans les services de #réanimation, la consommation d’#anesthésiques et d’#hypnotiques s’est envolée dans son établissement, et ses stocks sont au plus bas. « Nous frappons à toutes les portes pour en trouver, mais nous ne sommes pas les seuls », soupire-t-il. Et pour cause : avec l’afflux de patients Covid-19, le recours à ces molécules a été multiplié par 5 ou 10. « Il faut anticiper, sinon l’histoire des masques risque de se décliner dans d’autres domaines », craint Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, en référence à la #pénurie de masques respiratoires.

    L’inquiétude porte en premier lieu sur les #curares, utilisés pour relaxer les muscles au moment de l’intubation. Depuis un an, les ruptures de stocks se sont multipliées et les pharmaciens craignent que les laboratoires pharmaceutiques ne soient plus en mesure d’honorer toutes les commandes. « Il ne suffit pas d’augmenter la production, encore faut-il avoir accès à la matière première », souligne Nathalie Pons-Kerjean, chef du service de pharmacie à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine), rappelant que le curare est extrait d’une plante exotique.

    Limitation des exportations
    Elle s’interroge aussi sur les mesures de réquisition que certains Etats pourraient prendre en cas de pénurie mondiale. « Que se passera-t-il si les Américains décident de bloquer les exportations de curare ? », demande-t-elle, en précisant que le laboratoire américain Pfizer est l’un de ses premiers fournisseurs. L’Inde a déjà pris une telle mesure : le 4 mars, le pays a interdit l’exportation de 26 principes actifs jugés stratégiques, dont plusieurs antibiotiques et le paracétamol, utilisé pour lutter contre les fièvres et les douleurs caractéristiques des formes légères de Covid-19.

    Pour épargner leurs stocks de curare, les médecins réfléchissent déjà à l’adaptation de leurs protocoles. « Nous essayons de réduire les doses et les durées d’utilisation, car nous ne voulons pas que cela compromette notre capacité à traiter les futurs patients », explique Djillali Annane, chef du service de réanimation de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), en rappelant qu’il n’existe pas d’alternative pour les curares. « Si nous devons nous en passer, nous ne serons plus dans une prise en charge optimale », prévient-il. Pour l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, l’accès aux médicaments de réanimation est devenu un sujet majeur, car cela pourrait très vite devenir un facteur limitant dans la prise en charge des patients, indique-t-on.

    Un suivi hebdomadaire des stocks
    Les tensions d’approvisionnement concernent aussi d’autres molécules, comme le #midazolam – un sédatif puissant utilisé aussi bien en réanimation qu’en #soins_palliatifs – ou le propofol – un anesthésique qui a fait l’objet d’une alerte le 10 mars par l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) à la suite de la défaillance d’un fabricant. « La Suisse a bien voulu mobiliser des stocks pour nous », précise Mélanie Cachet, directrice adjointe de l’inspection au sein de l’agence.
    Depuis 2016 et la loi de modernisation du système de santé, les industriels sont tenus d’élaborer des « plans de gestion des pénuries » pour tous les médicaments dont la rupture représente « un risque grave et immédiat » pour les patients. « C’est à eux de trouver des solutions, par des importations ou une augmentation de la production », insiste Mélanie Cachet.

    Compte tenu de l’enjeu pour la prise en charge des patients Covid-19, l’ANSM a mis en place un suivi hebdomadaire des stocks pour une centaine de molécules essentielles, et les commandes sont désormais contingentées. Dans un tel contexte, « les laboratoires doivent réguler les flux », indique l’inspectrice. L’un des enjeux est d’assurer une bonne répartition des ressources sur l’ensemble du territoire, en fonction de la progression de l’épidémie. « Un pilotage national est très important pour garantir une équité dans les prises en charge des patients », estime une pharmacienne du CHU de Strasbourg.
    Le #propofol est à ce stade le seul médicament pour lequel un risque de rupture a été formellement identifié, mais « des investigations sont en cours » pour les curares et le midazolam, à la suite des signalements des médecins et des hôpitaux. La réglementation ne permet pas à la France de limiter les exportations des molécules à risques. « Mais il n’est pas interdit de penser que, compte tenu de la situation exceptionnelle, l’ANSM soit amenée à prendre des mesures également exceptionnelles », indique Mélanie Cachet. Selon nos informations, des discussions sont aussi en cours avec des industriels pour réorienter en urgence les chaînes de production françaises. A condition de disposer des matières premières nécessaires.

    • Rappelons que les #pharmabarons ont pratiquement stoppé toute la production sur notre territoire pour augmenter leurs marges en sous-traitant en Inde ou en Chine.

      Il a toujours été évident que c’est de la connerie que d’externaliser les activités stratégiques.

      Et l’on se rend compte que la #mondialisation, ça tourne court quand on passe en mode « chacun pour soi et sauve qui peut ».

      https://www.usinenouvelle.com/article/sanofi-et-le-jeu-subtil-de-l-ancrage-francais-dans-une-competition-in

    • Et surtout, on ne change rien → 24/02/2020 :
      Sanofi va externaliser son activité de principes actifs pour tiers, deux usines sont concernées en France
      https://www.usinenouvelle.com/article/sanofi-va-externaliser-son-activite-de-principes-actifs-pour-tiers-de

      Le géant pharmaceutique français va se désengager partiellement de la production de principes actifs. Sanofi veut regrouper une division commerciale et six usines européennes, dont deux en France, dans une entité indépendante pour la production d’ingrédients pharmaceutiques. Le projet vise une introduction en bourse en 2022, avec maintien de Sanofi à hauteur de 30% dans le capital et comme principal client. Une annonce qui intervient dans un contexte international de trop grande dépendance vis-à-vis de l’Asie, comme le rappelle la crise liée au coronavirus Covid-19.

    • Sanofi revoit sa carte industrielle européenne
      https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/sanofi-veut-externaliser-la-fabrication-de-ses-principes-actifs-en-europe-1

      Mais, derrière cette louable préoccupation, il y a aussi pour Sanofi la nécessité de réduire le nombre de ses usines en Europe, héritage des fusions successives qui ont construit le groupe mais aussi de rééquilibrer son parc industriel en faveur de la production biotechnologique puisque ses nouveaux ou futurs produits sont essentiellement des médicaments biologiques. Avec les cinq sites de synthèse chimiques qui lui restent, il estime avoir assez de capacité.

    • COVID-19 : Interpellation du gouvernement sur les risques de ruptures de médicaments, Communiqué de presse – Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament – vendredi 27 mars 2020
      https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/270320/covid-19-interpellation-du-gouvernement-sur-les-risqu

      Alerté.es par plusieurs responsables de services hospitaliers parisiens, qui évoquent la diminution inquiétante des stocks de certains médicaments, nous avons interpellé hier le gouvernement, ainsi que Jean-François Delfraissy et Jérôme Salomon, pour qu’ils détaillent leur action pour anticiper de probables pénuries. Il devient crucial et urgent qu’ils nous répondent. (...)

      Nous leur avons notamment demandé si des moyens sont recensés au niveau national pour voir quelle ligne de production de #médicament pourrait être utilisée ou réquisitionnée pour réorienter au plus vite la production vers ces médicaments de première nécessité dont nous allons manquer. Car chaque jour compte, notamment dans la mesure où la demande mondiale pour ces médicaments est en train d’exploser.

      Nous n’avons toujours pas de réponses.

      Nous avions alerté dès juillet dernier et l’annonce d’un plan dédié par Mme Agnès Buzyn sur l’insuffisance des mesures proposées par le gouvernement contre les pénuries de médicaments, ainsi que sur le manque de transparence quant à l’origine de la matière première. Nous avions souligné l’importance de lister l’origine de la matière première pour anticiper ce type de rupture.

      L’exemple du manque de matières premières pour les réactifs du dépistage montre que nos alertes n’ont pas été prises au sérieux, avec pour conséquence de retarder dramatiquement l’extension du dépistage recommandée par l’Organisation mondiale de la santé. De même, les manques de #matériel_de_prévention ont révélé des dysfonctionnements majeurs dans la réponse à la crise autant que les failles des politiques de santé menées depuis vingt ans.

      Nous espérons qu’il n’en sera pas de même pour cette alerte et que le silence du gouvernement à nos questions est le signe qu’il est au travail pour éviter ces pénuries. Nous l’appelons à rompre ce silence : seule une communication transparente sur ce qu’il fait peut éviter la panique face à une situation angoissante pour les patient-es et leur famille.

    • Médicaments pour soigner le Covid-19 : des hôpitaux au bord de la pénurie, par
      https://www.mediapart.fr/journal/france/270320/medicaments-pour-soigner-le-covid-19-des-hopitaux-au-bord-de-la-penurie?on

      Les médicaments anesthésiques, qui permettent de placer sous respirateur artificiel les malades Covid-19, sont en tension en Île-de-France. Le corps médical tente de rationner leur utilisation. D’autres médicaments essentiels pour faire face à l’épidémie pourraient très vite venir à manquer.

      Les hôpitaux franciliens sont lancés dans une course folle pour ouvrir, dans les 48 heures, mille nouveaux lits de réanimation, et porter leur nombre à deux mille en tout. Mais les patients Covid dans un état critique ont d’autres besoins essentiels qui pourraient venir à manquer : les médicaments. Selon le point de situation du ministère de l’intérieur du 25 mars, que nous nous sommes procuré, « les hôpitaux civils n’ont qu’une semaine d’approvisionnement, tandis que les hôpitaux militaires n’ont plus que 2,5 jours de stock, contre quinze jours en temps normal ». Le point de situation de l’Agence régionale de santé, au 26 mars, évoque même une « rupture en fin de semaine » de curare, ces anesthésiques essentiels.

      Sans entrer dans le détail des chiffres, lors d’un point presse de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ce 27 mars, le directeur général Martin Hirsch a aussi reconnu que « les stocks sont très courts sur certains médicaments ». Son adjoint, François Crémieux les a énumérés : « Les produits en forte tension sont les curares, les hypnotiques, les corticoïdes et les antibiotiques. »

      Il faut dire que de nouveaux malades du Covid arrivent sans cesse : 172 au cours des dernières 24 heures, selon le dernier bilan dressé le 26 mars au soir par l’Agence de régionale de santé d’Île-de-France. Or, pour réussir à absorber ce flot de malades qui s’étouffent littéralement, « on a plusieurs préoccupations, explique le réanimateur Antoine Vieillard-Baron, de l’hôpital Ambroise-Paré, à Paris. On doit ouvrir des lits, trouver du personnel suffisamment qualifié, des respirateurs. Mais on est aussi préoccupés par les médicaments ».

      Dans les services de réanimation, déjà sous très forte tension, c’est « un énorme poids supplémentaire », raconte, anonymement, un réanimateur francilien. « Nous sauvons la vie des patients Covid les plus critiques en les endormant profondément, et en les faisant respirer grâce à des machines, explique-t-il. Pour cela, on a recours à des médicaments anesthésiques puissants, notamment le curare, pour que l’organisme oppose le moins de résistance possible. Ce sont des médicaments quotidiens, anciens, de première nécessité. Dans mon hôpital, nous avons trois jours de stock. Pour s’en sortir, on fait appel à la débrouille, on appelle des collègues pour trouver des lots ici et là. Et on réfléchit à avoir recours à d’autres médicaments, parfois abandonnés depuis longtemps. On s’éloigne des standards de soins, à l’aveugle. C’est vrai, on doit choisir les patients admis dans notre service, en fonction de leur probabilité de s’en sortir. Mais si on en venait à ne plus soigner ou à mal soigner ceux qui peuvent s’en sortir, ce serait vraiment terrible. »

      À l’AP-HP, le directeur médical de crise Bruno Riou assure qu’un texte sur « les bons principes d’administration de ces médicaments » est en cours de diffusion dans les 39 hôpitaux de l’AP-HP, dans le but de « rationaliser » leur utilisation. Autrement dit, les économiser. Il assure que la qualité de la prise en charge des malades ne sera pas affectée : « On a par exemple des appareils qui mesurent la profondeur de la sédation, le degré de curarisation, pour ajuster la dose. On peut ainsi diminuer de 20 % la quantité de produits utilisés. »

      Est-ce que cela sera suffisant pour gérer la tension, et éviter une pénurie, mortelle pour les patients ? Les laboratoires pharmaceutiques sont-ils en capacité de livrer les hôpitaux au plus vite ? François Crémieux, le directeur général adjoint de l’AP-HP, n’est pas très précis : « Nous sommes en lien direct avec certains laboratoires, qui sont rassurants sur les capacités de production de curare. Sanofi, par exemple, est très mobilisé. Mais le contexte de la pénurie est européen. Il y a des enjeux de juste répartition entre les différents pays européens. »

      Des bénévoles de la protection civile transfèrent des patients infectés par le COVID 19 et ayant des problèmes respiratoires dans les hôpitaux parisien © AFP
      Des bénévoles de la protection civile transfèrent des patients infectés par le COVID 19 et ayant des problèmes respiratoires dans les hôpitaux parisien © AFP
      Encore une fois, l’Allemagne semble la mieux positionnée, puisqu’« une partie de ces médicaments vient d’Allemagne », relève le ministère de l’intérieur dans sa note Covid-19 du 26 mars.

      Le président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP, Rémi Salomon, ne cache pas son affolement : « J’essaie de faire remonter l’information depuis plusieurs jours, en interne, auprès du ministère de la santé, jusqu’à l’Élysée. Je parle aussi à des dirigeants de l’industrie pharmaceutique. Je constate qu’il n’y a pas de plan de crise général. » À croire, après le manque de masques et de tests de dépistage, que le gouvernement a toujours un temps de retard.

      L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) n’a par exemple pas mis à jour les tensions d’approvisionnement pour le Cisatracurium. Cet anesthésique figure aujourd’hui sur sa liste des médicaments en rupture de stock, mais est indiqué comme « remis à disposition » depuis fin janvier 2019… Alors qu’il est en tension actuellement.

      Contactée à de multiples reprises, l’ANSM n’a pas répondu à nos sollicitations. Pour toute réponse à nos demandes, Aspen Pharma, le fabricant de plusieurs curares a répondu par courriel : « La période actuelle nous amène à nous concentrer sur des priorités de gestion d’entreprise à distance tout comme les approvisionnements de nos clients. »

      Comme l’épidémie, le manque de médicaments se fait sentir par vagues, avec quelques jours de décalage en fonction de l’arrivée de la déferlante de patients dans chaque région. Le 20 mars, les pharmacies d’hôpitaux de Bretagne ne signalaient pas de tension d’approvisionnement sur les anesthésiques. Mais dès le 23 mars, les inquiétudes montent à Lorient, Pontivy, Vannes, Rennes… Et le 26 mars, l’anesthésique propofol est officiellement en rupture de stock dans un hôpital breton, et même l’éphédrine, de l’adrénaline. Autant de produits essentiels pour ranimer les patients.

      L’autre grande inquiétude concerne les ruptures de stock d’antibiotiques comme l’Augmentin indiqué « en tension d’approvisionnement » sur le site de l’Agence du médicament depuis le 6 février 2020 déjà. Or « l’Augmentin ou ses génériques sont donnés à tous les patients Covid-19 pour éviter les surinfections bactériennes, notamment pulmonaires », s’alarme Alain Astier, chef de pôle honoraire de la pharmacie de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne). Car on ne meurt pas directement du virus, mais de la surinfection qu’il provoque en affaiblissant notre corps.

      Bientôt un outil numérique pour cartographier les stocks de médicaments

      Un pharmacien d’un CHU qui préfère ne pas être identifié a même confié à Mediapart la liste des 95 médicaments en rupture de stock dans son établissement au 26 mars. Le générique d’un antibiotique primordial, l’Amoxicilline/acide clavulanique en sachet y figure : le laboratoire Sandoz, filiale du géant pharmaceutique suisse Novartis, annonce un réapprovisionnement théorique… à compter du mois d’août.

      Interrogé , Novartis répond « disposer de stocks suffisants »… Sauf que la molécule est disponible, mais pas en sachet, seulement en comprimé. « Ce sont des gros comprimés très difficiles à avaler. On ne peut pas les écraser, ils sont impossibles à prendre pour les patients sous sonde naso-gastrique, typiquement, les patients Covid-19 en réanimation, dénonce un pharmacien d’hôpital. C’est un vieux médicament qui ne se vend pas cher, génériqué depuis longtemps, ce n’est pas la priorité des laboratoires d’en assurer l’approvisionnement. Mais aujourd’hui, il est nécessaire qu’ils le fabriquent en très grande quantité compte tenu du nombre de patients Covid-19 dans le monde ! »

      Si Novartis annonce à Mediapart que l’Amoxicilline est façonnée en Autriche, c’est-à-dire mis en comprimé ou en sachet, l’entreprise refuse d’indiquer où elle se procure la matière première en invoquant la « confidentialité de l’information ». Or les tensions d’approvisionnement des médicaments, qui se font encore plus ressentir en cette période de crise et de flambée mondiale de la demande, s’expliquent en partie par la dépendance des laboratoires pharmaceutiques vis-à-vis de l’Asie.

      Entre 60 et 80 % des principes actifs, les moteurs des médicaments, sont issus d’un pays hors de l’Union européenne, selon l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), et essentiellement de Chine et d’Inde où les coûts de production sont moindres. La proportion était seulement de 20 % il y a trente ans (Lire aussi Pénurie de médicaments : le dangereux business de l’industrie pharmaceutique).

      Le ralentissement, voire l’arrêt des chaînes de production des usines de fabrication chinoises des matières premières de médicaments du fait du confinement a réduit l’offre à mesure que la demande locale, puis mondiale, s’est embrasée. La prise de conscience du médicament comme produit stratégique est le reflet de la perte de la souveraineté française du fait du choix des industriels. Elle s’est accentuée avec cette crise sanitaire mondiale.

      Même le Doliprane, le médicament le plus vendu dans l’Hexagone, que Sanofi présente comme un pur produit « made in France », est dépendant de la production de sa matière première hors d’Europe. « Sanofi se procure son principe actif dans différents continents », admet le porte-parole du laboratoire.

      Or le paracétamol est recommandé en cas de fièvre liée au Covid-19, à l’inverse des anti-inflammatoires tels que l’ibuprofène ou la cortisone, comme l’a annoncé Olivier Véran, ministre de la santé, le 14 mars. La demande a encore augmenté en officine de ville au point que son achat devient rationné le 18 mars, mais aussi en hôpital. Dans une des pharmacies hospitalières interrogées, il sera de nouveau disponible, mais seulement à partir du 20 avril. « Cette situation de tension est seulement une question de jours », tente de rassurer le porte-parole de Sanofi.

      « Le manque de médicaments vitaux à venir pour lutter contre le Covid-19 serait insupportable. Nous importons de l’étranger beaucoup de médicaments de sédation profonde, or des solutions françaises sont envisageables », assure Pauline Londeix, confondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.

      L’Observatoire a publié un communiqué de presse le 27 mars, devant l’absence de réponse du gouvernement à son courrier envoyé la veille. « Nous avons notamment demandé si des moyens sont recensés au niveau national pour voir quelle ligne de production de médicament pourrait être utilisée ou réquisitionnée pour réorienter au plus vite la production vers ces médicaments de première nécessité dont nous allons manquer. Car chaque jour compte, notamment dans la mesure où la demande mondiale pour ces médicaments est en train d’exploser », explicite le communiqué.

      D’autant que des mesures de protectionnisme sont envisageables sur les médicaments vitaux de la part des pays étrangers producteurs de remèdes. Exactement comme l’a fait le gouvernement français le 25 mars. Il a interdit l’exportation de médicaments à base d’hydroxychloroquine, expérimenté comme traitement du Covid-19 (lire aussi Chloroquine : itinéraire d’un traitement qui suscite espoir et controverse), par décret. Et ce, pour répondre aux inquiétudes montantes concernant les tensions d’approvisionnement naissantes du Plaquenil, le médicament à base d’hydroxychloroquine fabriqué par Sanofi – cette fois uniquement dans l’Hexagone – avec « une capacité de production qui évitera à la France toute rupture de stock », assure le porte-parole du laboratoire.

      Autre explication des difficultés d’approvisionnement dans les pharmacies des hôpitaux : les établissements des régions touchées à retardement tentent de faire des stocks pour se prémunir des pénuries à venir sur les produits vitaux face au Covid-19, ce qui alimente les tensions. « Depuis trois semaines, les pharmacies d’hôpitaux ont fait des stocks : habituellement, elles ont trente jours de réserves de médicaments, là elles en ont plutôt pour 45 jours », explique Jacques Trevidic, président du syndicat Action praticiens hôpital.

      « À Mulhouse, nos collègues ont utilisé en trois, quatre jours l’équivalent des produits dont ils ont besoin en un mois en réanimation habituellement », rapporte Cyril Boronad, pharmacien cannois. Pour répondre à ces pics de demandes, « souvent les laboratoires contingentent les livraisons en calculant ce qu’ils distribuent en fonction des consommations antérieures. Sauf que quand des services d’hôpitaux sont réquisitionnés pour soigner les patients Covid-19, le stock de produits vitaux pour soigner le coronavirus est réduit à zéro rapidement, explique Patrick Léglise, vice-président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé). Nous essayons de trouver des médicaments alternatifs quand c’est possible, mais rapidement, eux aussi se retrouvent en tension en cascade. » Comble de la désolation de la situation sanitaire, il rapporte même des difficultés à s’approvisionner à présent en housses funéraires.

      Selon nos informations, l’agence régionale de santé d’Île-de-France a conclu un contrat avec la start-up MaPUI Labs le 27 mars qui sera opérationnel dans les prochains jours : son outil numérique cartographie les stocks de médicaments de ses hôpitaux et facilite les échanges de médicaments entre les établissements de la région en cas de ruptures de stock et de besoins imminents dans certains d’entre eux. D’autres régions ont montré leur intérêt. Un traçage instantané et national faciliterait les trocs de traitements en urgence… À condition que l’industrie pharmaceutique en fabrique suffisamment.

  • C’est quand même pas simple de suivre ce qu’il se passe dans leurs têtes....

    D’une part :

    « Y a pas d’argent magique », répond Emmanuel Macron à une soignante qui déplore le manque de moyens des hôpitaux - Libération
    https://www.liberation.fr/direct/element/y-a-pas-dargent-magique-repond-emmanuel-macron-a-une-soignante-qui-deplor

    D’autre part :
    Coronavirus : Emmanuel Macron promet « un plan massif » pour l’hôpital
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/26/coronavirus-emmanuel-macron-promet-un-plan-massif-pour-l-hopital_6034492_324

    Un an presque jour pour jour après le début du mouvement de grève dans les services d’urgences, le chef de l’Etat a assuré qu’« à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital ». Sans détailler à ce stade ni le montant ni les modalités, il a pris l’engagement que « cette réponse sera profonde et dans la durée », promettant notamment de « majorer les heures supplémentaires effectuées sous forme d’une prime exceptionnelle ».

    Et maintenant :
    De l’argent "par hélicoptère" pour relancer la croissance après le coronavirus ? - Boursorama
    https://www.boursorama.com/bourse/actualites/de-l-argent-par-helicoptere-pour-relancer-la-croissance-apres-le-coronav

    Comment cet argent serait-il distribué ?

    Il existe deux options principales. Les banques centrales pourraient tout d’abord verser directement cet argent sur le compte des consommateurs. L’Etat pourrait aussi remettre des chèques à ses concitoyens, sous la forme de primes, par exemple, ou en adoptant des mesures fiscales. Il se refinancerait par la suite auprès de sa banque centrale, afin que son endettement ne soit pas aggravé par la mesure, comme le prévoit le concept élaboré par Friedman.

  • Coronavirus : pourquoi la France ne dépiste pas davantage
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/25/coronavirus-pourquoi-la-france-ne-depiste-pas-davantage_6034367_3244.html


    Des pompiers désinfectent du matériel après une intervention sur un patient atteint du Covid-19, le 24 mars à Paris.
    FRANCK FIFE / AFP

    Outil majeur de lutte contre l’épidémie de Covid-19, le dépistage a été jusqu’à présent pratiqué à petite échelle dans la population, en raison de difficultés techniques et logistiques présentes à toutes les étapes du processus.

    « Testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19. » La recommandation en forme de supplique du directeur général de l’OMS est-elle tombée dans l’oreille d’un gouvernement français sourd ? « Nous ne pourrons pas stopper cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté », ajoutait le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. C’était le 16 mars.

    Déjà asséné depuis plusieurs semaines, le message ne semblait pas jusqu’à présent avoir affecté le choix du gouvernement : ne tester que les cas sévères et les publics considérés prioritaires, comme les membres du personnel de santé présentant des symptômes ou des personnes déjà atteintes d’une pathologie. A raison de 5 000 tests par jour.

    Mais était-ce réellement un choix ou un pis-aller ? Difficile d’y voir clair, d’une déclaration à l’autre du ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, ou du directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Mardi 24 mars, l’avis du conseil scientifique sur le Covid-19, fort attendu sur ce point, n’a apporté ni indice ni éclaircissement. « L’alternative d’une politique de dépistage à grande échelle et d’isolement des personnes détectées [n’est] pas pour l’instant réalisable à l’échelle nationale », s’est-il borné à déclarer.

    Dans les pays et les régions où il a été réalisé, le testing systématique a montré qu’une proportion importante d’individus qui contractent le virus ne manifeste pas de symptômes ou des symptômes légers. Or ces contaminés invisibles contribuent massivement à la dispersion du virus. Alors pourquoi ne fait-on pas ces tests pour contenir la progression du Covid-19 ? La question figure dans nombre de critiques adressées aux pouvoirs publics, mais aussi dans les esprits des Français confinés. Le gouvernement semble désormais envisager une politique de dépistage massif, afin de préparer la sortie du confinement d’ici à quelques semaines et d’éviter un rebond de l’épidémie. Encore faut-il qu’il s’en donne les moyens.

    #encore_faut_il_s'en_donner_les_moyens
    Le Monde serait-il prêt à demander des comptes,…
    la suite derrière le #paywall

    • Entre complications dans la chaîne logistique, reproches d’impréparation et rumeurs de pénurie de produits nécessaires aux tests, Le Monde a tenté d’identifier les obstacles à une montée en puissance des capacités de tests en France, en explorant chacune des étapes de leur réalisation.

      Effet ramonage
      La première est le prélèvement. Un technicien de santé recueille un échantillon de mucus – plus connu sous l’appellation familière de morve – dans lequel est tapi le virus. Pour cela, il se sert d’un écouvillon, cet objet qui ressemble à un coton-tige, mais en beaucoup plus long et beaucoup plus fin : il faut pouvoir le glisser dans l’arrière du nez et le faire remonter sur plusieurs centimètres jusqu’au nasopharynx. L’effet ramonage, notoirement désagréable, peut entraîner projections et crises d’éternuements et, donc, une contamination. Le technicien doit ainsi être muni d’un équipement de protection individuelle : masque, surblouse, charlotte et lunettes.

      Deux problèmes se présentent dès ce stade. D’abord la pénurie de masques, qui a eu un effet ralentisseur certain sur le nombre de tests pratiqués dans les hôpitaux. Mais aussi en ville. Dans le pays, en effet, entre 400 et 500 laboratoires d’analyse médicale privés seraient théoriquement à même d’effectuer ces prélèvements. Mais « on a été oubliés dans tous les arrêtés listant les professionnels prioritaires » pour se voir distribuer des masques, s’indigne François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, lesquels ne figurent pas dans le dernier arrêté pris le 23 mars par Olivier Véran. « On en a marre de se battre contre du vent. On en a trouvé en demandant dans les entreprises, les mairies, au Rotary. C’est la démerde. »

      L’écouvillon, ensuite. Si les laboratoires privés disent ne plus en avoir et si de nombreux hôpitaux ont rapporté des pénuries ponctuelles, ce problème semble plus ou moins résolu aujourd’hui. Les usines des principaux fabricants tourneraient désormais jour et nuit pour répondre à la demande, selon le réseau de soins américain Kaiser Permanente. Le numéro un, Copan, possédait une capacité de production de 720 000 écouvillons par jour… avant de se retrouver en plein épicentre du drame italien, à Brescia, en Lombardie.
      Cet écouvillon est ensuite inséré dans un tube fermé et envoyé à un laboratoire. Là, trois phases attendent l’échantillon : inactivation, extraction, amplification. C’est alors qu’entrent en scène les tests de dépistage du SARS-CoV-2 à proprement parler. Mais d’abord l’inactivation. Une opération, appelée lyse, détruit la couronne de lipides qui rend le virus contagieux et dont il tient son nom de « corona ». Le processus présentant un danger, seuls les laboratoires médicaux de sécurité biologique de niveau 2 y sont habilités, ce qui n’est pas le cas de tous.

      Vient ensuite l’extraction du matériel génétique du virus, son ARN en l’occurrence. Comme tous les coronavirus en effet, le SARS-CoV-2 est un virus à ARN (acide ribonucléique), une version inversée de l’ADN (acide désoxyribonucléique), à la manière du négatif d’une photo sur pellicule. Cette opération est réalisée de manière groupée par des automates appelés des extracteurs. Les échantillons n’y sont insérés qu’après avoir reçu, un à un, une petite onction de produits chimiques – les « réactifs ».

      Manque de moyens humains
      Une fois isolé, à l’issue de ce processus, l’ARN est plongé dans un autre mix de produits, puis enfourné dans un thermocycleur, ou machine PCR (pour polymerase chain reaction). Cet appareil fonctionne grâce à un phénomène chimique reposant sur un principe connu de tous : le bain-marie. C’est ici que le négatif de l’ARN est « développé » par une enzyme, appelée transcriptase inverse, et transformé en ADN. Plusieurs copies sont réalisées, d’où le terme « amplification » pour nommer cette ultime étape. Si le virus se multiplie, c’est que l’échantillon est positif au SARS-CoV-2. A noter que, pour diverses raisons, au fil de tout le processus depuis le moment du prélèvement, on peut rater le virus. Ainsi, des patients pourtant contaminés présentent un résultat négatif : ce sont des « faux négatifs ».

      Qui dit multiplicité d’étapes, de produits et de systèmes dit aussi multiplicité de goulots d’étranglement possibles. La plupart d’entre eux tournent autour des machines. Certains automates réalisent les deux opérations – extraction et amplification – en même temps. Le laboratoire suisse Roche propose ainsi deux modèles de sa Cobas, une machine « aussi grande qu’une voiture », avance un porte-parole du fabricant pour justifier le mystère autour de son prix, que l’on dit prohibitif (entre 100 000 et 400 000 euros, selon les sources et les « ristournes » accordées), mais sur lequel il refuse de communiquer.

      Le service de presse de Roche vante des capacités théoriques – bien moins en pratique – allant jusqu’à 1 000 tests en huit heures. Mais ces plates-formes sont des systèmes « fermés » : elles ne fonctionnent qu’avec les tests estampillés Roche. Or, le fabricant n’a obtenu l’autorisation de commercialiser son test « Cobas SARS-CoV-2 » dans l’Union européenne que le 13 mars. Les Cobas sont donc restées inactives sur le front des tests Covid-19 jusqu’alors. « Quarante-huit CHU et laboratoires de recherche ont des plates-formes ouvertes, c’est ce qui nous a sauvés », explique Pauline Londeix, cofondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Combien de laboratoires publics et privés sont-ils équipés de ces machines fermées – également fournies par Abbott, engagé dans une joint-venture avec Roche ? Personne à ce jour ne dispose de ces informations, pourtant cruciales, pour déterminer la capacité de tests en France.

      Seul acteur français présent sur les tests Covid-19, bioMérieux est un des derniers à proposer deux tests, l’un pour ses plates-formes fermées, l’autre pour les plates-formes ouvertes. Ce dernier, qui n’a pas encore obtenu l’autorisation européenne, bénéficie d’une autorisation dérogatoire de l’ANSM depuis le 19 mars. Assez pour faire s’envoler son cours en Bourse mardi 25 mars au matin.

      Professeur de virologie émérite de l’université Paris-Descartes, Christine Rouzioux a fait basculer l’activité de son laboratoire de recherche à l’hôpital Necker du HIV vers les tests SARS-CoV-2. Avec ses machines ouvertes, le labo réalise « 4 × 80 tests par jour minimum ». Mais « tout ne se résume pas à des problèmes de machines et de réactifs », ajoute-t-elle. Chaque échantillon doit être dûment enregistré « pour qu’on ne rende pas le résultat de Dupont à Durand ». Rentrer 300 à 600 noms dans un ordinateur, voilà qui mange aussi des moyens. Ces moyens humains qui manquent par endroits autant que les enzymes…

      « Du temps, on n’en a pas »
      Autre problème majeur : celui des réactifs, ces « kits » de produits chimiques utilisés pour traiter le virus, que l’on dit en rupture de stock. En particulier la SuperScript III, une enzyme commercialisée par le groupe américain Thermo Fisher. D’après nos informations, il ne s’agirait pas, malgré l’explosion de la demande, d’un problème de production, mais plutôt de tensions sur l’acheminement à travers le monde. Fabriquée aux Etats-Unis, en Chine, mais aussi en Europe, à Vilnius (Lituanie), vendue sous la forme de kits de 100 (604 euros) ou 500 (2 590 euros) réactions, l’enzyme est d’ordinaire livrée sous vingt-quatre ou quarante-huit heures. Les délais atteignent désormais plusieurs jours, dus aux transporteurs, dont le travail est affecté par la pandémie, et à des priorités déterminées en fonction des zones les plus touchées.

      Si la SuperScript manque, pourquoi ne pas la remplacer par une autre enzyme ? Lorsqu’on emploie des technologies aussi sophistiquées et que les enjeux sont aussi vitaux, le bricolage rencontre vite ses limites. Directeur du laboratoire Production et analyse des données en sciences de la vie et en santé (Sorbonne Université-Inserm), Stéphane Le Crom compare le protocole d’un test à une recette. « Prenez la mousse au chocolat de Cyril Lignac. On peut faire une mousse au caramel s’il n’y a plus de chocolat, mais encore faut-il adapter la recette pour que la mousse soit bonne. » Cela demande un peu de temps. « Et du temps, on n’en a pas. »
      Pour Christine Rouzioux, « le gouvernement doit créer un accès plus fluide aux réactifs et passer à une échelle supérieure ». Cette impréparation à des pénuries prévisibles laisse perplexe Pauline Londeix, ancienne vice-présidente d’Act Up. « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de réflexion à partir de janvier [au moment de l’émergence du virus en Chine] au gouvernement pour fabriquer ces réactifs, qui ne sont protégés par aucun brevet ? »

      Au sein des organismes de recherche publique, c’est le branle-bas de combat pour recenser « matériels et réactifs que les unités peuvent mettre à disposition pour les tests Covid-19 en dehors de leurs besoins à court et à moyen terme » – des masques aux machines PCR. Dans un courriel envoyé dimanche 22 mars, les directeurs des cinq organismes de recherche publique français (CNRS, Inserm, Inrae, Inria, CEA) demandent aux équipes de relever moyens matériels et humains. D’après nos informations, il s’agit de leur initiative propre, et non d’une demande du gouvernement.

      « Entre l’état de l’hôpital et celui de la recherche publique, on n’arrivait déjà plus à faire le travail normalement, ironise Christine Rouzioux. Alors ça ne sert à rien de dire qu’on n’était pas prêts pour une pandémie, on n’était prêts à rien ! »
      Au soir du 24 mars, le directeur de la santé, Jérôme Salomon, annonçait que la France avait désormais une capacité de 9 000 tests par jour, et que l’achat d’automates allait permettre de grimper à 29 000 tests d’ici à la fin de la semaine prochaine.

  • 3 mars 2020

    « Face au coronavirus, il est préférable d’être en Chine » : l’inquiétude des Français de retour des « zones à risques »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/03/face-au-coronavirus-il-est-preferable-d-etre-en-chine-l-inquietude-des-franc

    Revenus en France après des séjours en Chine ou en Italie, des Français ont témoigné au « Monde » des conditions peu contraignantes de leur retour face au risque de transmission du coronavirus.

    Sur le site Internet du gouvernement dédié au coronavirus SARS-CoV-2, les consignes des autorités ne demandent plus, comme c’était le cas avant le 1er mars, aux voyageurs de retour d’une zone considérée comme « à risque » de respecter un confinement pendant quatorze jours, considérant cette mesure inutile dès lors que le virus circule désormais en France.

    1er mars 2020 : assouplissement des règles

    #in_retrospect #surfusion_libérale

  • Françoise Barré-Sinoussi : « Ne donnons pas de faux espoirs, c’est une question d’éthique »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/24/francoise-barre-sinoussi-ne-donnons-pas-de-faux-espoirs-c-est-une-question-d

    Je réagis aussi à la vue, ces dernières heures, des files d’attente devant l’Institut hospitalo-universtaire de Marseille pour bénéficier d’un traitement, l’hydroxychloroquine, dont l’efficacité n’a pas été prouvée de façon rigoureuse. Certains peuvent être contaminés et risquent de diffuser le virus. C’est n’importe quoi. J’ai connu ce genre de situation dans les années 1980, ce qui peut semer la confusion auprès du grand public, déjà sidéré par l’ampleur de cette épidémie.

    Que pensez-vous de l’hydroxychloroquine (Plaquenil) et des attentes suscitées par ce médicament ?

    Pour l’instant, pas grand-chose, j’attends les résultats de l’essai Discovery, conçu dans le cadre du consortium « Reacting », qui vient de démarrer et qui portera sur 3 200 personnes, dont 800 en France. Un premier groupe recevra des soins standards sans médicament ; un deuxième se verra administrer l’antiviral remdesivir ; puis dans le groupe 3, les patients recevront une association lopinavir-ritonavir ; la même association sera administrée dans le quatrième groupe en combinaison avec un autre médicament, l’interféron bêta, et un cinquième avec l’hydroxicholoroquine [seul], qui a été ajouté récemment. Tous ces groupes de patients sont bien sûr traités avec en plus des soins standards. De premières analyses fiables devraient être connues dans une quinzaine de jours. Cet essai est fait dans les règles de l’art. Soyons patients.

  • Comment ne pas apprendre les leçons sanitaires asiatiques

    Jean-François Delfraissy : « Nous avons une vision à quatre semaines » - ce monsieur est le président du conseil scientifique du gouvernement sur le COVIS-19
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/20/jean-francois-delfraissy-nous-avons-une-vision-a-quatre-semaines_6033854_324

    Parmi les stratégies envisageables, il y a celle qu’a appliquée la Corée du Sud. Elle associe une très large quantité de tests et un suivi des personnes testées positives en ayant recours à une application numérique permettant de tracer les individus, ce qui représente une atteinte aux libertés.
    [...]
    Pourquoi ne pas avoir mis en œuvre sans attendre cette stratégie ?

    Parce que nous en sommes incapables et que ce n’est pas l’enjeu dans la phase de montée de l’épidémie. Nous ne possédons pas les capacités de tester à la même échelle que la Corée du Sud. En France, environ 8 000 tests sont réalisés chaque jour. Les laboratoires privés vont s’y ajouter mais nous avons un énorme problème avec les réactifs utilisés dans les tests. Ces réactifs de base proviennent de Chine et des Etats-Unis. La machine de production s’est arrêtée en Chine et les Etats-Unis les gardent pour eux.

    Quand avez-vous perçu que notre système de soins aurait des difficultés à faire face à l’épidémie ?
    Au début de la crise sanitaire italienne. Des discussions avec des collègues scientifiques et des modélisations que j’ai pu consulter fin février-début mars m’ont convaincu des difficultés à venir.

    Autrement dit, les responsables sanitaires de notre pays ont mis un mois à comprendre ce qui se passait en Chine, et ont complètement ignoré les réponses mises en oeuvre en Asie, avec une efficacité certaine.
    Par ailleurs, notre système sanitaire se révèle totalement dépendant de fournisseurs qui, en tant de crises, sont eux mêmes à l’arrêt ou mettent en oeuvre une stratégie de réquisition - ce que la France a d’ailleurs décidé il y a quelques jours pour les masques.

    Et les masques justement ?
    Le dénigrement du masque en Europe suscite la consternation en Asie, par Brice Pedroletti, correspondant du Monde en Chine
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/21/le-denigrement-du-masque-en-europe-suscite-la-consternation-en-asie_6033926_

    Le port préventif du masque a contribué à juguler les contaminations dans les pays développés d’Extrême-Orient, où l’appel à ne pas en porter en France si l’on n’est pas malade est vu comme une grave erreur.
    Le confinement généralisé de la population en France, après l’Italie et l’Espagne, rend perplexes les pays développés d’Asie. Ceux-ci voient tout à coup des sociétés aux économies sophistiquées n’avoir comme seule solution pour contrer l’explosion des contaminations que de recourir à une méthode primitive, au coût économique immense, que seule la Chine autoritaire, la première touchée par l’épidémie, a dû mettre en œuvre.

    En serions-nous arrivés là si nous n’avions pas regardé de haut les mesures prophylactiques mises en place par les tigres asiatiques ? Celles-là même qui ont permis à Taïwan, Hongkong, la Corée du Sud et Singapour, et aussi, jusqu’à aujourd’hui le Japon, de se protéger d’une propagation exponentielle du virus. Voire, comme pour la Corée du Sud, de la juguler.

    Une telle riposte, aux allures de ratage, laisse aujourd’hui un goût amer à ces pays qui doivent désormais se barricader contre l’arrivée de personnes infectées, venues non plus de Chine directement, mais de pays contaminés dans un deuxième temps.

    Tous ces Etats asiatiques ont tiré des leçons de l’épisode de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) survenu en 2003, du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2015 et de plusieurs accès de grippe aviaire. Les aéroports de la région s’étaient alors dotés de caméras infrarouges mesurant la température des passagers, une mesure écartée en France au prétexte que « son efficacité n’est pas prouvée ». Les voyageurs ont pris l’habitude de remplir des formulaires de santé pour les remettre à des préposés en blouse blanche.

    Face à l’épidémie de Covid-19, ces protocoles ont été très vite activés et enrichis de nouveaux dispositifs, afin d’établir la traçabilité des personnes déclarées plus tard infectées. Des mises en quarantaine ont ciblé les individus venant de zones infectées, ainsi que des restrictions à l’entrée du territoire – du moins à Taïwan, Hongkong et Singapour.

    La mise à disposition de gels hydroalcooliques dans les lieux publics et la désinfection régulière des surfaces ont été la règle depuis le début. Enfin, les gouvernements se sont vite assurés que des masques étaient disponibles – tout en en réservant suffisamment, et de qualité supérieure, au personnel médical. Certains pays comme la Corée du Sud ont misé sur le dépistage massif, avec succès.

    Mode de confinement ambulant
    En France, comme dans le reste du Vieux Continent, cette chaîne prophylactique est largement incomplète, du moins vue d’Asie. Ainsi du port préventif du masque, qui n’est autre qu’un mode de confinement ambulant et individuel très largement présent dans la panoplie de la région.

    A Hongkong, le microbiologiste Yuen Kwok-yung qui conseille le gouvernement de la région autonome et a fait partie de la délégation de scientifiques qui a visité la ville chinoise de Wuhan en janvier, épicentre de l’épidémie, a immédiatement préconisé le port « universel » du masque du fait des caractéristiques du virus, très présent dans la salive : pour se protéger soi, mais aussi les autres, en raison de la contagiosité de personnes asymptomatiques ou ressentant peu de symptômes.

    Le masque relève en Asie du « bon sens » : une rame de métro bondée où des gens discutent entre eux, soupirent et toussent est le scénario idéal de propagation de l’infection. Dans les villes chinoises, il est ainsi devenu au plus fort de l’épidémie interdit de se déplacer sans masque – ce qui a permis d’autoriser les sorties, tout en régulant leur fréquence au niveau de chaque immeuble. « Vous voulez stopper l’épidémie ? Mettez un masque ! », a lancé Hu Shuli, la fondatrice du site d’information chinois Caixin, dans un édito daté du 19 mars à l’attention des Occidentaux.

    Née il y a des décennies au Japon, où c’est une politesse pour les gens se sentant malades d’en porter, la culture du masque s’est généralisée lors de la crise du SRAS dans toute l’Asie du Nord-Est. En Chine, la pollution de l’air en a fait un attribut normal du citadin, qui en fait des réserves chez lui.

    Aussi, les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), reprises par les pouvoirs publics en France, de n’en porter que si l’on est « malade » ont dérouté en Asie, tout comme l’argument selon lequel les différentes normes de masques rendent compliquée son utilisation.

    Résultat du déni initial
    Cela a nourri une culture du déni, et du dénigrement : des vidéos d’incidents montrant des Asiatiques conspués précisément parce qu’ils portaient des masques dans le métro à Paris ont profondément choqué en Asie. Comme le fait que le personnel en contact avec le public français – les policiers, les caissières, les serveurs et le personnel médical non urgentiste – susceptible de propager le virus n’en porte pas. Le port de masque est même parfois proscrit pour le personnel de vente en France par crainte de « faire fuir le client » – l’inverse de l’Asie où un vendeur sans masque indispose.

    L’autre argument mis en avant en Europe est de prévenir la pénurie de masques pour le personnel médical. Or, celle-ci a bien lieu, alors que la Chine a rétabli ses stocks et souhaite en livrer aux Etats européens. Les pays d’Asie ont connu des difficultés d’approvisionnement en masques en janvier. La Corée du Sud a mis en place des mesures de rationnement. D’autres ont dopé leurs productions face à la demande.

    A Hongkong, des fabriques ont surgi pour en confectionner. A Taïwan, des associations industrielles ont uni leurs forces pour monter soixante lignes de production en un mois. En Chine, General Motors et le constructeur de voitures électriques BYD ont décidé d’en fabriquer en masse. Une réponse dans l’urgence en forme de leçon pour l’Europe.

    Je pense qu’il faudra à un moment donné s’interroger sur les préjugés anti-chinois et anti-asiatiques qui sont derrière ce déni, où les habitants de ce continent sont vus comme sales, crachant partout, et mangeant des animaux sauvages, comme le pointe Anna Moï, écrivaine franco-vietnamienne, qui relate comment, à l’inverse, ce sont les touristes occidentaux comme porteurs insouciants du virus qui sont stigmatisés au Vietnam :

    Coronavirus : « Cela n’arrive qu’aux autres, aux pauvres, aux consommateurs de chauve-souris et autres animaux dégoûtants »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/22/coronavirus-cela-n-arrive-qu-aux-autres-aux-pauvres-aux-consommateurs-de-cha

    Nous ignorons les avertissements. Le fait de vivre en France nous immunise. Cela n’arrive qu’aux autres, aux pauvres, aux consommateurs de chauve-souris et autres animaux dégoûtants.
    [...]
    Après la patiente n° 17, on passe aux cas n° 39 puis n° 76, un Français de 52 ans. Sur l’ensemble des malades, vingt-deux sont des étrangers. La presse parle de progression exponentielle. La plupart des nouvelles contaminations ont pour origine des voyageurs venus du vieux continent.

    Sur la route du delta du Mékong, aux aires de repos, des vigiles armés de drapeaux rouges frénétiquement agités s’opposent au stationnement des cars de touristes occidentaux. Les hôtels et restaurants ferment les uns après les autres. Les bateaux de tourisme de la baie d’Halong sont interdits de croisière après que des passagers anglais ont été testés positifs au coronavirus sur une jonque. A Hanoï, les visiteurs d’origine caucasienne font profil bas.

    La discrimination a changé de visage.

    En France, pendant la même période, la contamination est également exponentielle. Neuf mille individus sont infectés par le virus. Tous ne sont pas des croqueurs de chauve-souris.

    #coronavirus #Asie #masques #tests #distance_sanitaire

  • Comment ont fait l’#Allemagne et la #Corée_du_Sud pour éviter le cadenassage de la population et par conséquent l’effondrement productif ?

    D’abord ce sont deux pays où le nombre de #lits de soin intensif est très élevé.


    https://www.latribune.fr/economie/france/covid-19-la-france-n-a-que-trois-lits-en-soins-intensifs-pour-1-000-habita

    Probablement parce que les élites françaises (les hauts fonctionnaires, les corps) n’ont aucune #formation_scientifique (merci les Grandes Ecoles), l’#urgence de produire des #tests en masse n’est pas apparue ici. En Allemagne oui :

    https://www.welt.de/vermischtes/article206504969/Coronavirus-Fast-20-000-Infektionen-in-Deutschland.html

    Pendant que la France lisait dans les entrailles de poulet, l’Allemagne pariait sur des tests en grand nombre permettant de conserver l’activité sociale du pays…

    Elle pariait aussi sur la #réquisition d’un palais des congrès pour isoler les malades :
    https://www.berlin.de/special/gesundheit-und-beauty/nachrichten/berlin/6114250-5504681-coronavirus-krankenhaus-auf-messegelaend.html

    A nouveau, on ne peut que constater la pertinence de la politique de prévention opérée et la capacité de production qui va avec, et une recherche qui tourne. Or leur système idéologique est identique.

    La médiocrité du personnel politique et de la haute fonction publique ?

    « L’école, la caste, la tradition, avaient bâti autour d’eux un mur d’ignorance et d’erreur. » (L’Etrange Défaite, Marc Bloch).

    La France paye le vieil héritage technocratique napoléonien qui tient les #élites éloignées de la #science et du #raisonnement.

    https://twitter.com/Gjpvernant/status/1241136586454155264
    #soins_intensifs #système_de_santé #hôpitaux #France #dépistage

    ping @reka @fil @simplicissimus

    • En gardant l’esprit :

      – l’évolution en Allemagne suit apparemment une courbe exponentielle comme ailleurs, mais peut-être avec plusieurs jours de retard. Comme il est difficile de comparer le nombre de cas positifs entre un pays qui teste et un pays qui ne teste presque pas, au moins on peut regarder le nombre de décès :

      I y a eu 68 morts en Allemagne hier, contre 78 en France (et, certes, 108 le jour précédent).

      – aujourd’hui même un article avertissant que le système hospitalier allemand risquait d’être submergé d’ici 10 à 15 jours :

      Germany : The Big Wave of Corona Cases Will Hit Hospitals in 10 to 14 Days
      https://www.spiegel.de/international/germany/the-big-wave-of-corona-cases-will-hit-german-hospitals-in-10-to-14-days-a-45

      The bad news is that large parts of this system are already overwhelmed. Depending on how fast the number of infections increases in the days and weeks to come, we could experience a collapse and failure of the system. And it will be deemed to have failed if people have to die because of a shortage in staff, beds and equipment — and not because this illness is incurable.

      […]

      In recent days, a chief physician from the Rhineland had to admit to a colleague that he only has seven ventilators at his hospital. He said he needs 13 in order to get through a major wave of serious infections.

      And that wave will come - that much is certain. “We expect that things will really heat up in the next two weeks, also here in Germany,” says Axel Fischer, managing director of the München Klinik, a Munich-based chain of hospitals. His hospital treated the first patients infected with the coronavirus in January. He fears the crisis will have a "massive impact.”

      The coronavirus is mercilessly exposing the problems that have been burdening the German health-care system for years: the pitfalls of profit-driven hospital financing. The pressure to cut spending. The chronic shortage of nursing staff. The often poor equipping of public health departments. The lag in digitalization.

      "We are preparing for imminent catastrophe,” says Rudolf Mintrop, head of the Dortmund Klinikum, the city’s main hospital. He calculates that the wave of sick will hit hospitals at full force in 10 to 14 days. The chancellor has warned that German hospitals will be “completely overwhelmed” if too many patients with serious coronavirus infections have to be admitted within a very short period.

    • #Coronavirus : en #Allemagne, le faible taux de mortalité interroge
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/21/en-allemagne-le-faible-taux-de-mortalite-interroge_6033957_3244.html

      Dans un premier temps, il est possible que le grand nombre de tests pratiqués ait introduit un biais statistique. Par rapport à l’Italie, où la plupart des personnes détectées positives sont âgées et présentent déjà des problèmes de santé, l’Allemagne compte davantage d’individus plus jeunes et moins vulnérables parmi ceux qui se sont fait tester. En Italie, l’âge moyen des malades est de 63 ans. En Allemagne, il est de 47 ans. Le virus tuant très majoritairement les personnes âgées, le fait qu’il ait été détecté chez nombre de personnes assez jeunes explique pourquoi le taux de létalité enregistré jusqu’à présent outre-Rhin est si faible.

      #paywall

    • Le Financial Times évoque « une anomalie du coronavirus » en Allemagne - Sputnik France
      https://fr.sputniknews.com/sante/202003211043347643-le-financial-times-evoque-une-anomalie-du-coronav

      « C’est difficile à démêler (...) Nous n’avons pas de vraie réponse et c’est probablement une combinaison de différents facteurs », a indiqué Richard Pebody, responsable à l’OMS.

    • En Allemagne, le faible taux de mortalité interroge

      Outre-Rhin, un grand nombre de tests a été pratiqué de manière précoce par rapport au degré d’avancement de l’épidémie.

      Chaque matin, quand l’institut de santé publique Robert-Koch publie les chiffres de l’épidémie de Covid-19 en Allemagne, le constat est à la fois alarmant, rassurant et intrigant. Alarmant car le nombre de malades augmente tous les jours un peu plus vite outre-Rhin. Rassurant car celui des morts y est toujours particulièrement bas. Intrigant car l’écart considérable entre les deux courbes pose la question d’une singularité allemande qui reste en partie énigmatique.

      Avec 13 957 cas de coronavirus répertoriés par l’institut Robert-Koch, l’Allemagne était, vendredi 20 mars, le cinquième pays le plus touché après la Chine, l’Italie, l’Espagne et l’Iran. Avec 31 décès, en revanche, elle restait loin derrière plusieurs autres comptant pourtant moins de personnes détectées, comme la Corée du Sud (8 652 cas, 94 morts) ou le Royaume-Uni (4 014 cas, 177 décès). Le taux de létalité au Covid-19, calculé en divisant le nombre de morts par celui des malades repérés, est actuellement de 0,3 % en Allemagne, contre 3,6 % en France, 4 % en Chine et 8,5 % en Italie.

      Pourquoi un taux si faible ? L’explication tiendrait au grand nombre de tests ainsi qu’à leur précocité par rapport au degré d’avancement de l’épidémie. Selon la Fédération allemande des médecins conventionnés, 35 000 personnes ont été testées dans la semaine du 2 mars, alors qu’aucun mort n’avait encore été répertorié outre-Rhin, et 100 000 pendant la suivante, lors de laquelle ont été enregistrés les premiers décès. A ces chiffres s’ajoutent ceux des tests réalisés dans les hôpitaux et cliniques, qui ne sont pas connus.

      Lors de son point-presse quotidien, mercredi, le président de l’institut Robert-Koch, Lothar Wieler, a annoncé que l’Allemagne pouvait dépister désormais 160 000 personnes par semaine, soit presque autant que celles testées en Italie jusqu’à présent. « Depuis le début, nous avons encouragé les médecins à tester les personnes présentant des symptômes, ce qui nous a permis d’intervenir alors que l’épidémie était encore dans une phase peu avancée en Allemagne », avait expliqué M. Wieler, le 11 mars. Seuls trois décès liés au Covid-19 avaient alors été répertoriés en Allemagne.

      Dans un premier temps, il est possible que le grand nombre de tests pratiqués ait introduit un biais statistique. Par rapport à l’Italie, où la plupart des personnes détectées positives sont âgées et présentent déjà des problèmes de santé, l’Allemagne compte davantage d’individus plus jeunes et moins vulnérables parmi ceux qui se sont fait tester. En Italie, l’âge moyen des malades est de 63 ans. En Allemagne, il est de 47 ans. Le virus tuant très majoritairement les personnes âgées, le fait qu’il ait été détecté chez nombre de personnes assez jeunes explique pourquoi le taux de létalité enregistré jusqu’à présent outre-Rhin est si faible.

      Même s’ils espèrent que cette détection à grande échelle a incité ceux qui se savaient porteurs du virus de s’isoler pour éviter d’en contaminer d’autres, les spécialistes ne se font guère d’illusion dans un pays où les écoles et la plupart des commerces ont été fermés cette semaine mais où la population n’est pas encore confinée, sauf en Bavière et dans la Sarre depuis samedi 21 mars. Or, la vitesse de progression de l’épidémie s’accélère rapidement en Allemagne, où le nombre de cas double tous les deux jours, une croissance qualifiée d’ « exponentielle » par le président de l’institut Robert-Koch.

      « Nous n’allons pas pouvoir augmenter notre capacité en tests aussi vite que l’épidémie progresse, explique Christian Drosten, chef du département de virologie à l’hôpital de la Charité, à Berlin, dans entretien à Die Zeit, paru vendredi. Une partie de ceux qui sont déjà malades vont mourir du Covid-19. Ensuite, puisque nous ne pourrons plus tester tout le monde, nous n’aurons plus tout le monde dans les statistiques. Le taux de létalité va alors augmenter. On aura l’impression que le virus est devenu plus dangereux (...). Cela va seulement refléter ce qui se passe déjà, à savoir que nous passons à côté de plus en plus de cas d’infections. »

      Respirateurs artificiels

      Si les spécialistes s’accordent pour dire que le très faible taux de létalité au Covid-19 va bientôt augmenter en Allemagne, nul ne sait, en revanche, jusqu’où il augmentera. La réponse dépendra de la capacité du système de santé à résister à la vague de nouveaux cas qui s’annonce. Pour cela, l’Allemagne mise d’abord sur ses 28 000 lits de soins intensifs, soit 6 pour 1 000 habitants, ce qui la classe au 3e rang mondial derrière le Japon et la Corée du Sud, très loin devant la France (3,1 pour 1 000, 19e rang) ou l’Italie (2,6 pour 1 000, 24e).

      Le deuxième facteur-clé est le nombre de respirateurs artificiels. Le gouvernement allemand vient d’en commander 10 000 à l’entreprise Dräger, mais ce n’est qu’à la fin de l’année que la plupart seront livrés. Sur ce point, le virologue Christian Drosten, qui s’est imposé comme l’expert de référence sur le Covid-19 grâce à son podcast vidéo quotidien, est plus sceptique.

      S’il salue le plan d’urgence annoncé, mercredi, par le gouvernement, qui prévoit notamment l’installation d’unités de soins intensifs dans des hôtels et des centres de congrès, il craint qu’il n’arrive bien tard alors que l’Allemagne, selon lui, « devra au moins doubler ses capacités pour pouvoir ventiler tous ceux qui en auront besoin .

      @kassem : j’ai trouvé ce texte dans la base de données mise à disposition par mon université... le titre est le même, mais le contenu un peu différent...

    • l’Allemagne mise d’abord sur ses 28 000 lits de soins intensifs, soit 6 pour 1 000 habitants,

      6 pour mille pour 83 millions d’habitants ça fait 498000 lits de soins intensifs.

      « Le Monde » confond lits de soins intensifs (6 pour 1 000 habitants ) et lits de réanimation (28000 lits).

    • L’Allemagne frappe par le nombre plutôt faible de décès liés au Covid-19

      Depuis le début de la crise du nouveau coronavirus, une chose est frappante en Allemagne : le nombre de décès dus à la pandémie est extrêmement bas. Plusieurs explications sont avancées, dont le nombre de tests réalisés.

      Le nombre de cas confirmés de contamination atteint 36’508 jeudi en Allemagne, selon les chiffres annoncés par l’institut Robert-Koch (autorité fédérale de la Santé). Le nombre de morts s’élève désormais à 198 pour une population d’environ 83 millions d’habitants.

      La pandémie progresse donc dans le pays, mais moins qu’ailleurs. Le ministère allemand de la Santé dit qu’il ne faut pas surinterpréter cette situation, mais le phénomène peut s’expliquer par plusieurs facteurs.
      Politique de tests précoce

      En premier lieu, l’Allemagne teste beaucoup de monde. Avec désormais 500’000 tests par semaine, c’est le deuxième pays derrière la Corée du Sud à pratiquer cette politique. Et Berlin l’a fait très tôt dans l’épidémie, ce qui a permis d’imposer plus de quarantaines, donc de barrières au virus.

      Une deuxième explication avancée est liée aux capacités d’accueil dans les hôpitaux : il y a plus de lits en soins intensifs avec assistance respiratoire qu’en France ou en Italie, et le système sanitaire n’est pas encore débordé. Tous les patients peuvent donc être correctement soignés.

      Troisième facteur qui semble jouer un rôle : les personnes atteintes sont en majorité des jeunes entre 20 et 50 ans. Il y a eu un nombre important de contaminations en février dans les régions de ski, en Autriche et dans le nord de l’Italie où vont beaucoup d’Allemands. Cela concernait donc des gens plutôt jeunes et en bonne santé, qui ont sans doute mieux résisté au virus.
      Juste un calendrier décalé ?

      Mais tout cela ne fait pas pour autant de l’Allemagne une exception. Le calendrier de l’épidémie a quelques jours de retard par rapport à la Suisse, l’Italie, l’Espagne et même la France. La vague se prépare ici aussi. Il y a également beaucoup de personnes âgées en Allemagne qui risquent d’être touchées dans les semaines qui viennent. Donc la situation pourrait bien s’aggraver.

      https://www.rts.ch/info/monde/11197940-lallemagne-frappe-par-le-nombre-plutot-faible-de-deces-lies-au-covid19.

    • A German Exception? Why the Country’s Coronavirus Death Rate Is Low

      The pandemic has hit Germany hard, with more than 92,000 people infected. But the percentage of fatal cases has been remarkably low compared to those in many neighboring countries.

      They call them corona taxis: Medics outfitted in protective gear, driving around the empty streets of Heidelberg to check on patients who are at home, five or six days into being sick with the coronavirus.

      They take a blood test, looking for signs that a patient is about to go into a steep decline. They might suggest hospitalization, even to a patient who has only mild symptoms; the chances of surviving that decline are vastly improved by being in a hospital when it begins.

      “There is this tipping point at the end of the first week,” said Prof. Hans-Georg Kräusslich, the head of virology at University Hospital in Heidelberg, one of Germany’s leading research hospitals. “If you are a person whose lungs might fail, that’s when you will start deteriorating.”

      Heidelberg’s corona taxis are only one initiative in one city. But they illustrate a level of engagement and a commitment of public resources in fighting the epidemic that help explain one of the most intriguing puzzles of the pandemic: Why is Germany’s death rate so low?

      The virus and the resulting disease, Covid-19, have hit Germany with force: According to Johns Hopkins University, the country had more than 92,000 laboratory-confirmed infections as of midday Saturday, more than any other country except the United States, Italy and Spain.

      But with 1,295 deaths, Germany’s fatality rate stood at 1.4 percent, compared with 12 percent in Italy, around 10 percent in Spain, France and Britain, 4 percent in China and 2.5 percent in the United States. Even South Korea, a model of flattening the curve, has a higher fatality rate, 1.7 percent.

      “There has been talk of a German anomaly,” said Hendrik Streeck, director of the Institute of virology at the University Hospital Bonn. Professor Streeck has been getting calls from colleagues in the United States and elsewhere.

      “‘What are you doing differently?’ they ask me,” he said. “‘Why is your death rate so low?’”

      There are several answers experts say, a mix of statistical distortions and very real differences in how the country has taken on the epidemic.

      The average age of those infected is lower in Germany than in many other countries. Many of the early patients caught the virus in Austrian and Italian ski resorts and were relatively young and healthy, Professor Kräusslich said.

      “It started as an epidemic of skiers,” he said.

      As infections have spread, more older people have been hit and the death rate, only 0.2 percent two weeks ago, has risen, too. But the average age of contracting the disease remains relatively low, at 49. In France, it is 62.5 and in Italy 62, according to their latest national reports.

      Another explanation for the low fatality rate is that Germany has been testing far more people than most nations. That means it catches more people with few or no symptoms, increasing the number of known cases, but not the number of fatalities.

      “That automatically lowers the death rate on paper,” said Professor Kräusslich.

      But there are also significant medical factors that have kept the number of deaths in Germany relatively low, epidemiologists and virologists say, chief among them early and widespread testing and treatment, plenty of intensive care beds and a trusted government whose social distancing guidelines are widely observed.

      Testing

      In mid-January, long before most Germans had given the virus much thought, Charité hospital in Berlin had already developed a test and posted the formula online.

      By the time Germany recorded its first case of Covid-19 in February, laboratories across the country had built up a stock of test kits.

      “The reason why we in Germany have so few deaths at the moment compared to the number of infected can be largely explained by the fact that we are doing an extremely large number of lab diagnoses,” said Dr. Christian Drosten, chief virologist at Charité, whose team developed the first test.

      By now, Germany is conducting around 350,000 coronavirus tests a week, far more than any other European country. Early and widespread testing has allowed the authorities to slow the spread of the pandemic by isolating known cases while they are infectious. It has also enabled lifesaving treatment to be administered in a more timely way.

      “When I have an early diagnosis and can treat patients early — for example put them on a ventilator before they deteriorate — the chance of survival is much higher,” Professor Kräusslich said.

      Medical staff, at particular risk of contracting and spreading the virus, are regularly tested. To streamline the procedure, some hospitals have started doing block tests, using the swabs of 10 employees, and following up with individual tests only if there is a positive result.

      At the end of April, health authorities also plan to roll out a large-scale antibody study, testing random samples of 100,000 people across Germany every week to gauge where immunity is building up.

      One key to ensuring broad-based testing is that patients pay nothing for it, said Professor Streeck. This, he said, was one notable difference with the United States in the first several weeks of the outbreak. The coronavirus relief bill passed by Congress last month does provide for free testing.

      “A young person with no health insurance and an itchy throat is unlikely to go to the doctor and therefore risks infecting more people,” he said.

      Tracking

      On a Friday in late February, Professor Streeck received news that for the first time, a patient at his hospital in Bonn had tested positive for the coronavirus: A 22-year-old man who had no symptoms but whose employer — a school — had asked him to take a test after learning that he had taken part in a carnival event where someone else had tested positive.

      In most countries, including the United States, testing is largely limited to the sickest patients, so the man probably would have been refused a test.

      Not in Germany. As soon as the test results were in, the school was shut, and all children and staff were ordered to stay at home with their families for two weeks. Some 235 people were tested.

      “Testing and tracking is the strategy that was successful in South Korea and we have tried to learn from that,” Professor Streeck said.

      Germany also learned from getting it wrong early on: The strategy of contact tracing should have been used even more aggressively, he said.

      All those who had returned to Germany from Ischgl, an Austrian ski resort that had an outbreak, for example, should have been tracked down and tested, Professor Streeck said.

      A Robust Public Health Care System

      Before the coronavirus pandemic swept across Germany, University Hospital in Giessen had 173 intensive care beds equipped with ventilators. In recent weeks, the hospital scrambled to create an additional 40 beds and increased the staff that was on standby to work in intensive care by as much as 50 percent.

      “We have so much capacity now we are accepting patients from Italy, Spain and France,” said Prof. Susanne Herold, the head of infectiology and a lung specialist at the hospital who has overseen the restructuring. “We are very strong in the intensive care area.”

      All across Germany, hospitals have expanded their intensive care capacities. And they started from a high level. In January, Germany had some 28,000 intensive care beds equipped with ventilators, or 34 per 100,000 people. By comparison, that rate is 12 in Italy and 7 in the Netherlands.

      By now, there are 40,000 intensive care beds available in Germany.

      Some experts are cautiously optimistic that social distancing measures might be flattening the curve enough for Germany’s health care system to weather the pandemic without producing a scarcity of lifesaving equipment like ventilators.

      “It is important that we have guidelines for doctors on how to practice triage between patients if they have to,” Professor Streeck said. “But I hope we will never need to use them.”

      The time it takes for the number of infections to double has slowed to about eight days. If it slows a little more, to between 12 and 14 days, Professor Herold said, the models suggest that triage could be avoided.

      “The curve is beginning to flatten,” she said.

      Trust in Government

      Beyond mass testing and the preparedness of the health care system, many also see Chancellor Angela Merkel’s leadership as one reason the fatality rate has been kept low.

      Ms. Merkel has communicated clearly, calmly and regularly throughout the crisis, as she imposed ever-stricter social distancing measures on the country. The restrictions, which have been crucial to slowing the spread of the pandemic, met with little political opposition and are broadly followed.

      The chancellor’s approval ratings have soared.

      “Maybe our biggest strength in Germany,” said Professor Kräusslich, “is the rational decision-making at the highest level of government combined with the trust the government enjoys in the population.”

      https://www.nytimes.com/2020/04/04/world/europe/germany-coronavirus-death-rate.html?action=click&module=Top%20Stories&pgtyp

      via @fil

  • « En l’absence de vaccin, le coronavirus pourrait à terme faire plusieurs centaines de milliers de morts » [et ici, 11 000 morts d’ici mi-avril]
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/20/coronavirus-les-capacites-de-reanimation-vont-tres-vite-etre-debordees_60337

    Entre le 10 mars et le 14 avril, le nombre de cas graves pourrait s’élever à 40 000 dans toute la France, estime Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes.

    Pascal Crépey est enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes. Son équipe a modélisé le nombre de lits de réanimation qu’il faudrait dans chaque région française pour prendre en charge tous les cas graves de Covid-19.

    Comment avez-vous construit votre modèle ?
    Nous sommes partis d’un modèle « classique » utilisé pour évaluer l’impact de la vaccination ou de la fermeture d’école sur la diffusion de la grippe. Nous l’avons reparamétré avec les caractéristiques du Covid-19 : son taux de transmission, sa létalité, sa durée d’incubation, et la période de contagiosité. La maladie ayant des manifestations différentes selon l’âge, nous avons utilisé les données démographiques de l’Insee pour pouvoir affiner nos projections.

    Quels sont vos scénarios pour l’évolution de l’épidémie ?
    Nous en avons élaboré trois, avec des taux de transmission différents. Dans la version « optimiste », qui correspond au cas de figure où la population est confinée, chaque malade contamine une personne et demie. Dans le scénario « médian », ce nombre de transmissions passe à 2,25 et dans le scénario « pessimiste », il grimpe à trois. La France, avant que ne soient prises des mesures de « distanciation sociale », se situait certainement dans un entre-deux, avec un « nombre de reproductions » de 2,6, si l’on se base sur les études faites en Chine. C’est cependant difficile à estimer, car les cas sont de moins en moins bien comptés. Les personnes qui ne présentent pas de symptômes spécifiques ne rentrent pas dans le compteur général, et parmi les patients symptomatiques, seuls les plus graves sont maintenant testés.

    Quelles sont les principales conclusions de votre modélisation ?
    Nous nous sommes rendu compte que, sans mesure de contrôle, les capacités de réanimation allaient très vite être débordées, avec un nombre de décès importants à la clé. Entre le 10 mars et le 14 avril, le nombre de cas grave pourrait s’élever à 40 000 dans toute la France et le nombre de décès à plus de 11 000 en un mois.

    Que se passera-t-il après ?
    L’arrivée des beaux jours pourrait stopper la circulation du virus. Si ce n’est pas le cas, et que les mesures de confinement sont levées trop tôt, il faut s’attendre à un rebond de l’épidémie . En l’absence de vaccin, nous estimons que le Covid-19 pourrait à terme faire plusieurs centaines de milliers de morts, ce qui est en ligne avec les projections réalisées par d’autres équipes d’épidémiologistes.

    Quelles sont les régions les plus « à risque » sur cette période d’un mois ?
    Notre modèle prédit que la région la plus touchée sera le Grand-Est avec 10 000 cas graves et plus de 2 800 morts dès le premier mois dans le pire des scénarios. L’Ile-de-France et la région Auvergne-Rhône-Alpes arrivent juste derrière avec respectivement 2 000 et 1 300 décès.

    Les résultats sont assez éloignés des projections réalisées par Santé Publique France…
    Leurs épidémiologistes ont établi leurs scénarios sur la base de ce qui a été observé en Chine, dans différentes régions : Wuhan, en tant qu’épicentre de l’épidémie, le Hubei, en tant que région la plus touchée et le pays tout entier. Ils envisagent donc un scénario dans lequel la France serait soumise à des mesures aussi drastiques que la Chine, ce qui paraît peu probable. Ils prennent par ailleurs pour hypothèse que tous les cas et décès ont été comptabilisés. Or, quand les hôpitaux ont été débordés, il est très probable que de très nombreux malades soient morts chez eux, sans avoir été testés, ce qui fausse les chiffres.

    A quel moment avez-vous compris que l’épidémie pourrait être aussi grave ?
    Ce qui se passe en Italie a été un déclencheur pour les autorités et les épidémiologistes. Nous avons eu confirmation qu’il y avait sans doute un problème avec les données chinoises.

    Quelles sont les applications concrètes de votre modèle ?
    Nous avons partagé nos résultats en début de semaine avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et certaines agences régionales de santé (ARS) pour les aider à calculer le nombre de lits nécessaires pour faire face à l’épidémie. En Ile-de-France, par exemple, nos calculs montrent que, dans le scénario « pessimiste », plus de 4 000 patients pourraient être hospitalisés simultanément en réanimation, pour une capacité d’un peu plus de 1 100 lits. Dans le scénario médian, cela s’équilibre à peu près. Mais ce n’est que théorique : notre modèle part du principe que 100 % des lits sont disponibles pour les patients Covid-19. Or, en temps normal, leur taux d’occupation est de 80 à 90 %. Nous avons cependant considéré que les hôpitaux allaient s’organiser pour augmenter le nombre de lits disponibles, en déprogrammant des opérations chirurgicales par exemple.

    Quelles sont les limites de ces projections ?
    Il y a encore beaucoup d’éléments inconnus dans la dynamique de l’épidémie. Les données viennent principalement de Chine, mais ne sont pas complètement transposables. Les habitudes de vie, l’intensité des contacts, sont différentes d’un pays à l’autre. Nous ne savons pas non plus quel impact aura l’arrivée des beaux jours, or la saisonnalité peut avoir un impact très important pour la circulation du virus.

    Pour quelles raisons ces courbes d’hospitalisations diffèrent-elles autant de la grippe ?
    La grippe revient chaque année, donc au moins 30 à 40 % de la population a une certaine immunité. Et il existe un vaccin. Il est certes peu utilisé, mais les personnes âgées et une partie des soignants sont vaccinés. Pour les patients fragiles, avec des pathologies préexistantes, le virus est un tueur indirect : c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le Covid-19 est beaucoup plus violent, avec une dégradation rapide de l’état de santé des patients. Les durées d’hospitalisation en réanimation sont aussi beaucoup plus longues, en moyenne deux semaines.

    A quel moment verra-t-on l’effet du confinement ?
    Le délai moyen d’incubation est de 5 à 6 jours, donc on ne verra l’impact sur le nombre de nouveaux cas qu’au bout d’une semaine. Les malades qui arrivent en ce moment dans les services de réanimation ont été contaminés avant l’entrée en vigueur de cette mesure. La durée maximale d’incubation étant de 15 jours, il suffirait en théorie de confiner toute la population pendant deux semaines pour réduire le taux de transmission à zéro. Dans la réalité, il est impossible de supprimer tous les contacts, car il faut bien que les gens aillent faire des courses, se rendent chez le médecin, que les parents s’occupent de leurs enfants, etc. Nous sommes en train d’actualiser notre modèle pour intégrer au mieux l’impact du confinement.

    La fermeture des écoles n’aurait-elle pas pu suffire ?
    Les enfants jouent classiquement un rôle important dans la diffusion de virus comme la grippe. Parce qu’ils ont beaucoup de contacts entre eux, avec leurs parents, leurs grands-parents. La fermeture des écoles a donc un impact direct sur la diffusion de l’épidémie. Dans le cas du Covid-19, cela semble être beaucoup moins le cas, comme le montre la modélisation réalisée par l’équipe de Neil Ferguson au Royaume-Uni.