• Violences sexuelles : la bataille juridique de plusieurs hommes contre un policier haut gradé
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020320/violences-sexuelles-la-bataille-juridique-de-plusieurs-hommes-contre-un-po


    Quatre hommes ont accusé un commandant divisionnaire de la Vienne de les avoir agressés sexuellement entre 2006 et 2011. Malgré un non-lieu rendu l’an dernier, ils espèrent obtenir un procès. L’audience d’appel est prévue le 3 mars.

    Ensemble, ils dénoncent un déni de justice. Dix ans après la première plainte de l’un d’entre eux, trois hommes attendent fébrilement l’appel du non-lieu dont a bénéficié celui qu’ils accusent d’attouchements, et qui n’a même jamais été mis en examen. L’audience est prévue le 3 mars devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Poitiers (Vienne).

    En attendant, ils questionnent la procédure, les choix des juges, et le rôle joué par le métier du mis en cause qui nie tout comportement répréhensible, ce que la justice a en l’état reconnu. Jean-Christophe M., 55 ans, est commandant divisionnaire, chef d’état-major, et donc très haut placé dans la hiérarchie policière du département où il exerce, la Vienne.

    Les parties civiles – deux frères Maxime et Julien Q., et deux autres hommes, Daniel M. et un quatrième qui a renoncé à faire appel « ayant perdu tout espoir en la justice » – ont en commun d’avoir eu Jean-Christophe M. comme chef scout au cours de leur adolescence. Ils le considéraient comme un ami de confiance, un « modèle », avant les faits – que ce dernier conteste – qui se seraient produits entre 2006 et 2011, alors qu’ils étaient devenus adultes.

    L’ordonnance de non-lieu, consultée par Mediapart, a fait droit à l’argumentation du policier relative au « caractère involontaire des attouchements rapportés par les plaignants », dans trois cas sur quatre. Pour le dernier cas, celui de Maxime Q., il dément avoir jamais dormi avec lui.

    Maxime Q., 34 ans, accuse Jean-Christophe M., âgé de 21 ans de plus que lui, qu’il considérait comme un « grand frère », selon les termes de son audition, de lui avoir, lors d’une soirée en région parisienne en 2006, pris son « sexe sans brutalité pour le masturber » alors qu’ils partageaient le même lit.

    « Nous sommes choqués de constater que la justice n’est pas la même pour tous les citoyens », affirme Maxime Q. Il est convaincu que le métier de policier du mis en cause et son grade peuvent avoir une influence sur les débats. « Nous ne souhaitons qu’une seule chose depuis le début : un procès équitable, indique-t-il à Mediapart. Malheureusement, la justice ne semble pas décidée. »

    En larmes, la sœur de Daniel M. précise à Mediapart : « C’est dix ans de souffrance pour ne même pas avoir un procès. Ce sentiment d’injustice rajoute de la peine à la peine. Daniel a eu le courage de parler et rien ne se passe. Cette descente aux enfers a changé nos vies. »

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