Le wali de Mostaganem, un blâme et tournons la page ?

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    Ils ne changeront pas. Ils se croient tout permis. Ils prennent toujours une fois assis sur le piédestal de la wilaya une autre posture que celle qui les caractérisait quand ils n’étaient que quantité insignifiante. Le ministre de l’Intérieur actuel était un chef de daïra à Ain Arnat alors petite agglomération à la périphérie de Sétif. Le reste est le fruit d’une association d’hommes et de circonstances. L’irrespect qu’avait entretenu le wali de Mostaganem envers un citoyen zoné à l’ombre est d’abord un signe de totale insouciance quant à l’angoisse rugie pourfendant ce citoyen et cette femme encore crédules en l’écoute salvatrice du premier représentant de l’Etat. Ensuite c’est un reflexe méprisant acquis du mépris déjà subi. Pour ces citoyens, la République, ses assemblées, sa rectitude, ses charités sont toutes incarnées dans ce bonhomme qui arrive sous trompette. Ils croient y trouver refuge. Un bon secours. Il en est autrement.

    Vite la toile s’est attisée de répréhension et de grande colère. La riposte des pouvoirs s’attendait à ce qu’elle se fasse immédiatement comme celles qui avaient suivi certains walis impliqués presque dans le même sac d’ignominie, d’écart de langage ou de frontal dédain. Le wali de Msila à cause d’un puits, le wali de Blida pour la mise en quarantaine du choléra, le wali de Skikda pour exécrable verbiage, entre autres. Le limogeage. L’évincement et non un simple communiqué clamant le mécontentement du ministre de l’Intérieur en soulignant l’infliction d’un blâme. A ce rang de la responsabilité, le blâme ou les sanctions édictées dans la fonction publique n’ont pas de place. Il ne s’agit pas d’un administrateur à réprimander pour faute professionnelle. Là, nous sommes en face d’un déni de citoyenneté. D’une immoralité sociopolitique. A ce niveau de responsabilité, on n’avertit pas, on ne siège pas en commission de discipline. On sévit. A la limite on se fait démissionner.

    C’est dire que cette fournée de récents walis made in Bedoui accuse un manque criard dans l’instinct de pouvoir rallier prestance et élégance. Elle était promue juste par esprit d’obédience, de copinage et de plate mesquinerie. Pour combler ce déficit et bien d’autres en termes d’aptitudes, de punch, recourir à la démonstration de l’habit de la puissance publique reste un moyen de sournoise apparence. Alors qu’une fois out, ils raseront les murs et n’oseront même pas affronter cette société qu’ils fustigent maintenant. Pour les autres, voulant paraitre plus dociles, excessivement gentils, très ouverts à l’écoute, ils tombent dans le pire populisme, la farce, les fausses promesses, les longs discours lénifiants et émotionnels. Ils pensent en rendant visite à une localité avoir réglé tous ses problèmes ou tenant des centaines de réunions d’exécutif ou d’élus en vociférant avoir réalisé des prouesses. Rien. Walou.

    Le médiateur de la République s’est aussi introduit dans l’affaire et « condamne les agissements du wali ». Pas plus. Ca nous rappelle ces fameuses déclarations humoristiques de telle kasma du FLN qui à l’époque disait « condamner l’impérialisme américain ». Ya si Karim, ce n’est pas de ton ressort, tu n’es pas une cellule de veille citoyenne, tu n’es pas une alarme. On ne sait pas entre qui et qui ta médiation est à se faire. Penser à concevoir une charte de moralisation publique administrateur/administré serait un bon plan de charge pour cette structure.

    Est-il enfin temps que ces walis cessent d’agir comme ils ont vu le faire par leurs anciens chefs ? Ni les gabarits des uns et des autres, ni les époques, ni la maturation des citoyens ne sont identiques. Le monde bouge. L’Algérie et ses habitants aussi. Sourire avec sincérité au lieu de grogner est la vertu des grands. La modestie, un signe de seigneurie. Gérer n’est pas pouvoir gueuler ou savoir faire la gueule. Encore loin d’imposer son avis décoloré et trop administratif le plus souvent obsolète et irradié par la nouveauté et la technologie urbaine et l’exigence des jeunes.

    Si le wali de Mostaganem ne sera pas débarqué et sa tutelle se suffira au blâme infligé, ça sera un dangereux précédent pour l’Etat et un durcissement de méfiance citoyenne. Et si jamais un autre et un autre ou le même wali auraient à commettre les mêmes attitudes, va-t-on leur produire encore et encore les mêmes admonestations ? Un blâme et tournons la page ? L’Etat que veut le citoyen est un Etat debout.

    Par El_Yazid_Dib

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